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Des chiffres et des lettres 

Shabbat dernier, dans toutes les synagogues, nous avons entamé la  lecture du quatrième livre du Pentateuque, le livre des Nombres. Manitou nous explique que le livre des Nombres (Bemidbar) débute par  un dénombrement très circonstancié des tribus d’Israël. L’assemblée (Eda), pour être capable et digne d’être le véhicule de la révélation de  Dieu et de sa Présence, doit atteindre un seuil minimum de personnes  dénombrées, en quantité et en qualité. C’est ce qu’indique l’expression  bemispar chemot, « par le nombre des noms » 

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Aux indignés de la planète

Le samedi 7 octobre 2023, pendant le Shabbat et fête de Simhat Torah, qui célèbre la réception de la Torah par le peuple juif, Israël a été la cible d’une attaque terroriste éclaire, préparée dans le plus grand secret par l’organisation terroriste du Hamas. Cette attaque, d’une ampleur historique, d’une violence et d’une barbarie sans précédent, durant laquelle des personnes humaines ont été pourchassées et massacrées comme du gibier, laisse la planète dans un état de choc et de sidération. Le bilan de cette attaque est cataclysmique : Plus de 1200 morts. Des familles traumatisées, endeuillées, des personnes humaines massacrées. 240 otages sont entre les mains du Hamas et de certains palestiniens. L’atrocité à son paroxysme, le mal à l’état pur, la barbarie commise par des êtres vivants dont on peut raisonnablement se demander si ce sont des personnes humaines. Au lieu de donner un coup d’arrêt aux violences commises envers les juifs, comme témoignage de respect pour les victimes, parce que nous suffoquions tous, pour mettre une pause à la barbarie, il semble, qu’au contraire elles aient agi comme un détonateur, un catalyseur, un point de bascule et ont désinhibés les agitateurs antisémites de tous bords. On pensait en avoir fini avec la haine des juifs, en fait elle était toujours là, tapie, cachée et attendait un moment opportun pour pouvoir refaire surface et faire entendre à nouveau sa triste musique.  Avec la riposte de l’Etat d’Israël à Gaza, ces antisémites ont trouvé un argument supplémentaire pour pouvoir manifester leur haine, au nom de l’esprit « colonialiste » d’Israël, au nom de l’antiracisme, au nom de l’islamophobie.  Aux quatre coins de la planète, les juifs sont de nouveau stigmatisés, montrés du doigt, mis à l’index, mais aussi menacés, mis en danger, et une vague de la honte parcours l’ensemble de la planète.  Mais la haine a changé de visage, le camp du mal s’est déplacé, la bête a muté. Alors que la parenthèse raciste de l’antisémitisme continue de se fermer, ce n’est pas la peine de regarder du côté de Hitler et de ses vieux démons, elle est remplacée par un antisémitisme viscéral de musulmans radicaux, rejoints par une extrême gauche clientéliste, totalement décomplexée, et une jeunesse radicalisée, instrumentalisée, endoctrinée, qui affiche avec fierté un soutien partisan à l’islam radical et exprime sans tabou sa haine d’Israël, seul état au monde où l’ensemble des juifs devraient pouvoir vivre en sécurité. Dans ce climat insurrectionnel, il me parait aujourd’hui important d’interpeller ces indignés de tous bords  : À ceux qui n’auraient pas bien suivi ce qu’il s’est passé le 7 octobre, à ceux qui n’ont pas de problème à dépasser les limites de l’obscène et qualifient ces attaques de mouvement de résistance, à ceux qui ne voient pas ce qu’ils ont vu et qui n’entendent pas ce qu’ils ont entendu, à ceux qui ne veulent pas qualifier le Hamas d’organisation terroriste, à ceux aussi qui justifient l’injustifiable du fait de l’intensification de la politique d’occupation par Israël, et qui nous disent qu’Israël l’a bien cherché. À la rue arabe où les scènes de joie, de fêtes, et de liesses, ce sont tenues le 7 octobre 2023, dans un climat de détestation absolue de l’Etat d’Israël.  À ces associations, aux ONG, aux salariés et aux professeurs de l’UNRAW qui se sont réjouis que le rapport de force se soit inversé depuis le 7 octobre, et qui ont célébré « une première vraie victoire » sur la voie de la libération de la Palestine. À ceux qui manifestent leur soutien à la cause palestinienne en ne craignant plus de dire « mort aux juifs » ou « de la mer au Jourdain, la « Palestine » sera libre », et révèle leur simple objectif de manière décomplexée : supprimer les juifs de la planète. A ceux de la France Insoumise, à la gauche en France, défigurés par la haine, qui ont disparu, dissouts dans l’univers islamique de l’entrisme des frères musulmans. Aux étudiants des universités, en France aux Etats Unis ou ailleurs dans le monde qui, désœuvrés, essayent comme ils peuvent de donner du sens au vide, ont perdu tout sens critique et se laissent instrumentaliser et endoctriner par des idéologies qui rappellent les heures les plus noires de l’histoire de l’Homme.  À l’ONU qui en est à sa 9ème résolution pour condamner Israël depuis le 7 octobre, alors que pas une n’a été déposée pour condamner les attaques du 7 octobres et la prise des otages. À Monsieur Antonio Guterres, le secrétaire de l’ONU qui a déclaré le 7 octobre ou peu après, que l’attaque du Hamas « si hideuse fut-elle ne s’était pas produit dans le vide , et devait être appréciée en fonction du contexte de l’occupation par Israël ». À ces femmes qui refusent de dénoncer les violences faites aux israéliennes ce 7 octobre, et interdisent aux mouvements censés les représenter de pouvoir défiler dans les manifestations contre les violences faites aux femmes. À l’organisation ONU Femmes qui attend deux mois, comme nombre d’organisations féministes aux Etats-Unis, pour dénoncer avec fermeté les féminicides et les viols commis dans les kibboutz et ne s’émeut pas, dans l’intervalle, de voir sa responsable adjointe, Sarah Douglas, poser devant un drapeau palestinien et relayer des dizaines de tweets pro-Hamas. À Francesca Albanese rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés qui évoque à peine le massacre et se concentre sur la riposte qu’elle qualifie de « monstruosité de notre siècle ». À judith Butler la philosophe, figure emblématique des études de genre et professeure émérite à l’université de Californie à Berkley qui a elle aussi qualifié les attaques du Hamas en Israël, d’« acte de résistance ». (on a aussi appris dans notre longue histoire que l’ennemi pouvait aussi venir de l’intérieur) À tous ces indignés qui prennent comme prétexte la riposte d’Israël aux attaques du 7 octobre, et le conflit dans la région dont ils ne tirent que des arguments partisans  pour manifester leur haine d’Israël et leur détestation des juifs. Je souhaite vous dire à quel point votre indignation sélective et votre haine nous est précieuse car elles nous rappellent que

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PESSAH 2024 … UN COUVERT DRESSÉ, UNE CHAISE VIDE, UN BANC EN ATTENTE

Chacun de ces symboles s’adresse à nos otages: « Nous vous attendons, vous ne pouvez demeurer loin de nous plus longtemps »… Conformément à la tradition, le soir du Seder de Pessah, chaque famille s’est attablée pour raconter la sortie d’Egypte. Mais cette année, le cœur était bien lourd et triste a la pensée que beaucoup de familles ne seraient pas au complet…   Il s’avère que le récit historique ne se rapporte pas uniquement au passé, mais également au présent. Le soir du Seder, un des rôles des enfants est de poser la question suivante: » En quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits? »  Que répondre à cette question, alors que nous avons encore 133 otages entre les mains du Hamas. 133 otages en captivité! Le grand Rabbin d’Israël, le Rav David Lau a rédigé une prière spéciale qui a été lue dans chaque foyer le soir du Seder, afin de réclamer la libération prochaine de nos otages. Chaque famille, a également ressenti le besoin de symboliser concrètement l’absence des otages, en ajoutant à leur intention, un couvert à table, un siège vide, ou encore un banc à l’entrée de leur domicile, et cela accompagné d’une pancarte où il est inscrit: « nous vous attendons ». Dans tout le pays, il n’y a pas un endroit qui n’a pas rappelé les otages, d’une manière ou d’une autre.   Le cœur empreint de tristesse, nous avons raconté la sortie d’Egypte. Le cœur plein d’espoir, nous avons énuméré les miracles des 10 plaies d’Egypte. Le cœur plein de reconnaissance, nous avons rappelé la déchirure de la mer morte. Avec beaucoup de conviction et de foi, nous avons ouvert la porte au Prophète Elie et lui avons rempli sa coupe de vin, tout en accompagnant le rituel de chants imprégnés d’espérance, de souhaits et de prières, qui présagent des jours meilleurs. Mais ces jours meilleurs seront-ils uniquement le fruit de la Providence, tel que cela est rappelé dans la Haggadah de Pessah? Les hommes du 21ème siècle n’ont-ils pas atteint un degré de maturité et de moralité suffisants pour s’insurger  contre le mal et dénoncer l’injustice lorsque femmes, enfants, personnes âgées sont violés, violentés et pris en captivité? Pourquoi ce silence actuel du monde? Pourquoi certains pays se portent-ils volontaires pour mener les pourparlers d’un marché ignoble, au lieu de le condamner? Sommes-nous encore au moyen-âge ou à une période d’esclavage  pour négocier un marché humain d’hommes, de femmes et d’enfants? Pourquoi ce silence perçant et fracassant? Est-ce un signe de complicité tel que l’affirme le dicton français: « qui ne dit mot, consent »? Six mois se sont écoulés depuis ce massacre, cet enlèvement barbare… Et le monde, incapable de condamner les faits, encourage Israël à négocier et marchander avec de vils terroristes, comme si Israël était coupable, comme s’il avait favorisé et était à l’origine de ce pogrom du 7 Octobre. Pourtant, ce n’est pas ce qui s’est passé il y a tout juste10 ans, en l’année 2014, lorsque 223 lycéennes nigériennes ont été enlevées. Après 15 jours de silence, est venue l’indignation, un peu tardive certes, mais qui a entrainé la mobilisation et le combat de la planète pour une cause morale.  C’est alors que nous avons pu assister à une grande manifestation à Abuja, capitale du Nigeria, le 30 avril pour la libération des lycéennes. Il aura fallu plus de deux semaines pour que l’opinion internationale se réveille. Mais depuis le début du mois de mai, le sort des 223 lycéennes nigérianes enlevées le 14 avril par le groupe islamiste Boko Haram est devenu « la » cause à soutenir. Le rapt avait d’abord laissé indifférents la plupart des médias, tous tournés vers le naufrage du ferry en Corée du Sud ou les recherches du vol MH370. Jusqu’à ce que la campagne de soutien devienne virale sur Internet, forçant la communauté internationale à réagir. Grâce aux réseaux sociaux, ce qui n’était au départ que des manifestations réunissant plusieurs centaines de personnes à Lagos et Abuja, la capitale du Nigeria, s’est en quelques jours transformé en un phénomène planétaire. Dans un premier temps, la mobilisation n’a eu que très peu d’impact à l’international comme au sein du gouvernement nigérian. Jusqu’à ce que les manifestants et les familles des victimes s’emparent de Twitter pour se faire entendre, avec un seul signe de ralliement : Bring Back Our Girls (« rendez-nous nos filles »). Le hashtag – à l’origine un slogan employé par l’ancienne vice-présidente de la Banque mondiale pour l’Afrique, Obiageli Ezekwesili, lors d’un discours prononcé le 23 avril à Port Harcourt (Nigeria) – a rapidement conquis la Toile et a été tweeté près de 2 millions de fois depuis le 1er mai, avec une moyenne de 2 500 mentions à l’heure. Les internautes, et très vite les personnalités, se sont alors subitement senties concernées par le rapt orchestré par Boko Haram. Du rappeur Chris Brown à la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, en passant par l’actrice Angelina Jolie ou la starlette Kim Kardashian, désormais fidèle à son message. Partout dans le monde, on est choqué, outré par l’enlèvement des lycéennes. Et la France n’est pas en reste : les politiques aussi s’en donnent à cœur joie sur les réseaux sociaux. Avec plus ou moins de tact. Sur Twitter, quand la ministre des droits des femmes, Najat Vallaut-Belkacem, affirme que la France « ne les laissera pas tomber », la garde des sceaux, Christiane Taubira, brandit à son tour la petite pancarte contre les « obscurantistes ». Même Michelle Obama, l’épouse du président des Etats-Unis, a rejoint la campagne de soutien, s’affichant elle aussi sur Twitter, pancarte à la main, provoquant une pluie de retweets.  A la vue de cette mobilisation et de cette campagne, on est en droit de se demander pourquoi ce silence et cette indifférence aujourd’hui? Doit-on faire appel à une stratégie commerciale pour mettre à l’ordre du jour la vérité, la moralité, la justice et condamner l’inconcevable? Comment le monde peut-il garder un silence complice face aux vagues d’antisémitisme à travers le monde, face aux manifestations dans les universités telles que celle de Columbia, face à

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Permanence

Après la shoah, après l’indicible, après l’effroyable, les analyses ce sont multipliées. « Hitler a déshonoré l’antisémitisme » pensait-on. Comment justifier d’être antisémite après les horreurs de la shoah ? Les commentaires ont été nombreux sur cette période noire de notre histoire, et refont surface inévitablement à l’époque que nous traversons. J’aimerais réfléchir ici sur un aspect de ces analyses, celui qui nous interroge sur nous même en tant que personne. Qu’aurions nous fait à cette époque ? Qui aurions nous été, un juste, un mauvais, entre les deux ?  On pensait qu’il nous serait collectivement impossible de répondre à cette question puisque l’histoire est passée et que nous ne l’avons pas vécue. C’est le dos au mur, confrontée aux épreuves les plus difficiles et les plus extrêmes que l’âme se dévoile, qu’elle révèle toute sa dimension, toute sa grandeur ou toute sa petitesse et qu’elle dit en réalité qui elle est, et surtout qui elle n’est pas. Car s’il y a bien une leçon que nous enseigne les turpitudes de l’histoire passée, du fin fond de l’abime et des ténèbres, c’est que le moment ou les événements se vivent chacun pense être du bon côté de l’histoire, chacun se voit défendant un idéal de lui-même qui doit se transmettre à l’échelle collective, et qui a sa place dans la grande Histoire de l’homme comme valeur, comme conquête. Qui aurions nous été au moment de la deuxième guerre mondiale ? Comment nous serions nous comportés ? Quels auraient été les actes qui nous auraient définis ? Mais les interrogations peuvent être encore un peu plus profondes que cela. Car en effet vivant au moment de l’événement, la loupe collée au tableau, au coeur de l’histoire, il est bien difficile, en dehors de certaines personnes éclairées, d’avoir une vision objective et juste des choses, et les choix que l’on va opérer dans ces moments vont nous définir de manière souvent définitive.  Chacun de nos choix nous engage, en mérite ou en démérite. Il n’y a pas d’écart à l’abri duquel nos actes peuvent être révisés. Il faut apprendre cela et l’oublier très vite car il est impossible de vivre avec le poids d’une telle rigueur.  C’est aussi la leçon que nous devons tirer de la période de la seconde guerre mondiale. Les choix qui ont été faits sur le moment par les individus,  les idées qui ont été défendues, ou pas, ont engagé ceux qui les ont décidées de manière permanente et définitive et les ont enfermés dans une identité dont il leur sera impossible de se débarrasser. Ce n’est qu’avec le recul de l’histoire, du temps qui nous sépare des événements qui se sont réalisés, en bien ou en mal, que l’on peut avoir cette lecture claire de l’histoire. Ceux qui vivaient l’histoire en 39-45 n’avaient évidemment pas la même lecture de leurs actes que celle que nous en avons désormais.  Même si les choses sont souvent bien plus complexes, les actes de chacun, à l’échelle individuelle et à l’échelle collective, nous ont permis aujourd’hui de déterminer deux camps. Celui du bien et celui du mal. Une frontière est aujourd’hui apparue à la lecture des événements qui se sont passés à l’époque, qui sépare les bons des méchants. Le camp du mal a fait son irruption de manière spectaculaire et fracassante dans l’histoire sans qu’il soit possible de le contester ou de le relativiser. Pourtant ceux qui désormais sont attachés à ce camp de manière définitive pour la suite des générations, ceux qui incarnent désormais le mal absolu, dans toute sa cruauté, dans toute sa banalité, pensaient-ils réellement que l’histoire les jugerait ainsi ? Ne se voyaient-ils pas au contraire comme les détenteurs d’une réalité qu’ils souhaitaient mettre au service de l’humanité ? Mais ils n’ont pas pris la mesure de l’envergure de l’histoire, il n’ont pas réalisé qu’ils étaient en train d’écrire l’histoire, la grande histoire, ils n’ont pas vu la trace qu’ils allaient laisser, ils n’ont pas perçu non plus qu’ils incarneraient le mal absolu, qu’ils basculeraient dans les abimes de l’histoire, celles dont on ne revient pas. Ils n’ont pas su que du fin fond de leur cruauté, du fin fond de leur sauvagerie, du fin fond de leur banalité ils allaient perdre à jamais tout espoir de retrouver un semblant de dignité humaine. S’ils avaient compris cela, la façon dont l’histoire allait les juger, auraient-ils malgré leur haine poursuivis dans leur voie d’une façon aussi déterminée et aveugle ? Evidemment ces réflexions déjà anciennes nous interpellent et nous rappellent de manière récurrente que le présent c’est un passé qui recommence, que l’histoire bégaye, et que nous vivons actuellement un moment charnière dans l’histoire pour lequel les générations suivantes, qui bénéficieront à leur tour du recul de l’histoire, n’auront assurément plus aucun doute sur ce qui se passe aujourd’hui. Après les atrocités dont Israël a fait l’objet le 7 Octobre dernier, le mal qui était logé, tapi à l’intérieur du bien comme pour se cacher, se protéger, passer inaperçu, s’est d’un coup et subitement séparé du bien, il s’est dévoilé, s’est révélé au grand jour. Il apparait maintenant à découvert, n’est plus protégé par le bien à côté duquel il avait pris l’habitude de se placer, de se cacher et il est possible de lui donner un contour, une physionomie, un visage, et donc de s’attaquer à lui. Mais Israël doit évidemment agir en ayant en tête cette idée que l’histoire est en marche et que la façon dont les générations futures liront l’histoire telle qu’elle se déroule actuellement sous nos yeux, ne mettra pas en péril le rayonnement dont le pays témoigne depuis sa récente création. Et il me semble que c’est précisément à travers ce prisme qu’Israël a toujours agit, alors même que le pays est confronté depuis son existence à des tensions particulièrement sévères avec tous ses voisins qui ne cherchent qu’une seule chose : son élimination, sa destruction, son éradication. En face, à travers la planète, indifférents à cette condition à laquelle Israël est contrainte de se soumettre pour pouvoir exister, les témoignages

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Temps de guerre

TEMPS DE GUERRE Rav Yossef Attoun mars 12, 2024 Le Rabbi de Munkacs a écrit que prier pour la paix prolonge l’exil, mais il faut prier pour la rédemption (Darkei Haim veChalom, p.213). Il se base sur les paroles du Hatam Sofer selon lesquelles prier pour la paix retarde la délivrance, comme le disent nos Sages : « la guerre est aussi le début de la délivrance » (Méguila 17 b). C’est pourquoi il faut prier pour la rédemption et ne pas craindre du tout la guerre » (Sefer Hazikaron du Hatam Sofer). En effet, le début de délivrance comprend la construction du pays, le retour à Sion, la création de l’État, l’unité de la nation – mais aussi la guerre. Malheureusement, de nos jours, il n’existe pas de peuple libre dans le monde sans guerre. Et ce n’est pas sans raison que Maïmonide a intitulé son livre : Lois sur les rois et leurs guerres. Et il y décrit également le Messie comme un homme (chap. 11). Nous n’aimons pas les guerres, nous aimons la paix, mais parfois la guerre est inévitable. Notre armée n’est pas une armée d’agression, mais comme son nom l’indique, elle est une armée de défense pour Israël. Même Isaïe, qui écrivait pourtant : « Et ils forgeront de leurs glaives des socs de charrue et de leurs lances des serpettes; une nation ne lèvera pas l’épée contre une autre nation » (Isaïe 2,4) – reconnaissait que s’ils n’ont pas le choix, ils devront se  battre (id. 63,5). Il est vrai que dans la guerre, des soldats tombent, des frères tombent, des amis tombent, des pères tombent et des fils également. Mais même à ce sujet, il n’y a pas le choix. À un étudiant qui se tournait vers le Rav Tsvi Yehuda Kook en exprimant sa tristesse pour les morts de la guerre de Kippour, le Rav répondit : Où est le contrat signé par Dieu, où il est stipulé que la guerre ne fera aucune victime ? Au contraire, celui qui a épousé une femme, ou construit une maison, ou encore planté une vigne, ne partira pas à la guerre de peur d’y laisser sa vie. Et pourtant, dans une guerre de mitsva, tout le monde est mobilisé. Bien sûr, il est triste que des soldats soient tués à la guerre, triste que depuis le début du retour à Sion, environ 20 000 Juifs aient été tués dans le terrorisme et les guerres. Mais dans le même temps, environ 30 000 Juifs ont également été tués dans des accidents de la route, ce qui est plus difficile à comprendre. Et 10 000 personnes meurent chaque année à cause du tabagisme, ce qui est également difficile à comprendre. Mais ceux qui tombent pour le salut du peuple et de la nation, on en comprend à tout le moins la raison. En exil, nous étions angoissés, la peur est la malédiction de l’exil : Et vous vous êtes enfuis au bruit d’une feuille qui vole, vous vous êtes enfuis alors qu’il n’y avait pas de poursuivant. Maintenant, nous sommes revenus, par la grâce de Dieu, à notre vertu d’héroïsme. Grâce à Dieu, nous ne sommes pas vulnérables, nous ne sommes pas des lavettes, nous ne sommes pas des pleurnichards. Nous sommes à nouveau des héros. Bien sûr, il faut aussi être un héros dans la guerre pour la moralité, dans la guerre des vertus, dans la guerre pour l’observance des commandements, et dans la guerre pour l’amour des créatures. Alors nous pourrons prier la bénédiction, Béni Tu es, … sauveur d’Israël (dans la amida), bénédiction qui inclut aussi la guerre (Traité Meguila). Et cela s’accomplira en notre faveur :    « On n’entendra plus parler de violence en ton pays, de ravages ni de ruine en ton territoire, et tu appelleras Salut tes murailles et tes portes Louange » (Isaïe 60-18).   Rav Chlomo Aviner Traduction de Machiv Harouah Rav Yossef Attoun Tous les cours PrevPrécédentTitre exemple de la vidéo A voir également Actualités Vayikra : entre la philosophie et la Torah Ephraim Herrera19 mars 2023 Load More Blog Temps de guerre Rav Yossef Attoun12 mars 2024 Load More Paracha de la semaine Vayikra : entre la philosophie et la Torah Ephraim Herrera19 mars 2023 Load More Fêtes et calendrier Fêtes de Pourim 5784 : Quand l’actualité rejoint l’histoire Manitou l’Hébreu16 mars 2024

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Notre heure de gloire

Vous pouvez dire ce que vous voulez, c’est la plus belle heure de gloire du sionisme religieux en Israël, ces individus, avec les kippot crochetées, qui depuis des années, dans les médias et sur les réseaux sociaux sont montrés du doigt avec mépris; se dévoilent dans cette guerre avec toute leur grandeur et leur splendeur. Gaza est bondée de Kippot crochetées, combattants vaillants et déterminés. Les listes des victimes au combat sont accompagnées d’anecdotes qui reflètent la motivation exemplaire de ce secteur de la population.

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Manifestation contre l’antisémitisme : Savoir qui on est pour pouvoir nommer ses ennemis

Dimanche 12 novembre s’est tenue en France la manifestation contre l’antisémitisme. 200.000 personnes ont défilé dans les rue de France. Pour une fois il y a un progrès ; cette manifestation n’est pas associée à celle contre le racisme, où défilent généralement, avec beaucoup de décontraction diront les uns, pour refuser de nommer clairement les choses diront les autres, ceux qui sont victimes de racisme, et en même temps, souvent les mêmes qui sont susceptibles d’être taxés d’antisémitisme  Les débats politiques qui ont précédé cette manifestation n’étaient pas dignes, et l’ensemble de la classe politique française doit se ressaisir. Alors qu’elle ne se gêne pas pour donner en permanence des leçons de morale à Israël dans son combat contre le Hamas et le terrorisme islamique qui sont à sa porte, à ses frontières ; elle a montré à quel point elle n’était pas à la hauteur de ce qui se jouait actuellement, mais a également fait preuve de prétention et d’arrogance. Le peuple français parviendra, sans aucun doute, à témoigner de l’unité du pays face au fléau de l’antisémitisme et à montrer à la classe politique toute entière à quel point elle doit se remettre profondément en cause et cesser ces positionnements tactiques et clientélistes qui polarisent le pays et finissent par nous rendre tous très irritables. Mais aujourd’hui l’antisémitisme a muté de manière évidente. Celui qui fait des victimes, celui qui tue, celui dont les juifs pourraient avoir peur à travers le pays… ce n’est plus l’antisémitisme d’extrême droite ! L’antisémitisme a changé de visage et ne se tient plus derrière la figure du fanatisme d’extrême droite mais il se tient bien droit, sous les traits de l’islamisme. « A mal nommer les choses on rajoute de la confusion dans le monde » disait Albert Camus. Alors essayons de ne pas rajouter de confusion à une période déjà très confuse. Parallèlement au judaïsme qui a muté depuis la restauration de l’Etat d’Israël, en 1948, et qui a permis à l’identité juive de retrouver la racine de son identité qui n’est pas juive mais hébraïque ; l’antisémitisme s’adapte, mute à son tour, et se trouve caché, tapis, derrière la figure de l’ennemi d’Israël, désormais la figure du mal : L’islamisme. L’identité juive a toujours été vécue comme une identité provisoire entre deux temps hébreux. Il y a deux mille ans, les hébreux sont devenus des juifs. D’une nation vivant sur sa terre, les hébreux sont devenus un peuple, dispersé, resté fidèle à un projet d’identité, avec une longue parenthèse de survie, qu’est l’identité juive, rattachée du point de vue du passé à la nostalgie de l’identité hébraïque, détruite en fin de compte par Rome, mais les yeux rivés vers l’espérance d’une restauration de l’identité hébraïque qu’on a appelé dans la plus pure tradition le messianisme et qui est devenu le sionisme. Autrement dit, il y a deux mille ans les hébreux ont basculé en exil et sont devenus juifs, identité de camouflage, de maquis, avec une écorce de protection, qui a permis à l’identité hébraïque de se survivre à elle-même pendant tout le temps de l’exil. De notre temps, le juif a la possibilité de redevenir hébreu grâce à la matrice d’engendrement qu’est Israël. Nous avons été tellement familiers avec cette identité juive que nous l’avons pensée définitive alors qu’elle a toujours eu un caractère provisoire entre deux temps hébreux. Mais le provisoire a duré tellement longtemps qu’on a fini par inverser les évidences d’identité. Aujourd’hui grâce à la restauration de l’Etat d’Israël, le juif a la possibilité de retrouver son identité originelle qui est l’identité hébraïque. Les ennemis d’Israël ont parfaitement compris cette mutation en cours. Ce qui a conduit dans le même temps l’antisémitisme à muter avec l’identité hébraïque, et à devenir antisioniste. Lorsqu’un juif est attaqué dans les rues de Paris, de Brooklyn ou de Tel Aviv, c’est désormais Israël qui est visé. C’est ce que représente en potentiel ce juif, à travers qui, l’identité Israël est visée. Les ennemis d’Israël sont bien conscients de ce phénomène de la mutation de l’identité hébraïque qui est à l’œuvre aujourd’hui. Le juif n’est plus une cible en tant que juif car l’avenir du judaïsme en dehors d’Israël n’est plus ce que l’humanité peut être désormais à même de détester. L’avenir du juif c’est Israël et c’est donc désormais Israël qui est visée à chaque fois qu’un juif est agressé. Cette marche était importante, digne avec un ton de gravité et de solennité, prétendait s’ériger contre la détestation de l’autre et l’obscurantisme, elle comprenait de nombreux français qui n’étaient pas de confession juive et qui souhaitaient montrer leur solidarité à l’égard des juifs français et réaliser l’unité du pays. Et c’est tant mieux. Mais la destinée du juif est désormais intimement mêlée, scellée à celle d’Israël. L’avenir du juif passe par Israël et l’identité juive en dehors de l’Etat d’Israël est en train de disparaitre progressivement. Cette marche ne pouvait donc pas se constituer en rempart contre l’antisémitisme qui est à l’œuvre aujourd’hui, car désormais l’antisémite est devenu l’antisionisme, et combattre l’antisémitisme c’est combattre ceux qui veulent la destruction d’Israël. Une marche contre l’antisémitisme qui ne serait pas une marche qui place au cœur de sa démarche la protection des valeurs que défend Israël et qui serait un rempart contre tous ceux qui voudrait la détruire, n’est pas une marche contre l’antisémitisme. Parmi ce nouveau camp de la haine il y a ceux qui veulent directement détruire Israël, ceux-là mêmes qui ont perpétré ces massacres abjectes et qui nous ont laissé dans un état de sidération totale, et puis il y a tous ceux qui se taisent, qui ne veulent pas dire les choses ou qui les nomment mal et « qui rajoutent de la confusion dans le monde ». Enfin il y a ceux qui accompagnent le mouvement et qui malgré les atrocités dont Israël a été la victime par ces barbares, tranquillement, parfois avec une prétention et une arrogance inouïe, sans se douter un seul instant qu’ils peuvent être du mauvais côté de l’histoire,

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Manifestation contre l’antisémitisme : savoir qui on est pour pouvoir nommer ses ennemis

Dimanche 12 novembre s’est tenue en France la manifestation contre l’antisémitisme. 200.000 personnes ont défilé dans les rue de France. Pour une fois il y a un progrès ; cette manifestation n’est pas associée à celle contre le racisme, où défilent généralement, avec beaucoup de décontraction diront les uns, pour refuser de nommer clairement les choses diront les autres, ceux qui sont victimes de racisme, et en même temps, souvent les mêmes qui sont susceptibles d’être taxés d’antisémitisme

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QUI EST COMME TON PEUPLE UN PEUPLE UN SUR LA TERRE

L’arrivée en Israël ce jeudi 26 octobre s’est faite dans une ambiance particulière et inédite Personne ou presque dans l’aéroport qui n’est pourtant pas à l’arrêt. Deux personnes attendent à la douane où tous les guichets sont vides. Du jamais vu. Personne ou presque sur les routes. Des alertes aux roquettes régulières.Sur le chemin vers Jérusalem une alerte nous informe qu’une roquette a été tirée en direction de l’aéroport… elle n’atteindra pas son but. La ville de Jérusalem paraît vidée de sa population, de son dynamisme, de son énergie. Les boutiques, les cafés, les hôtels sont presque tous fermés. Les rues sont vides ou presque, quelques femmes marchent dans les allées avec des enfants ou accompagnées d’amies. Un jeune homme en tenue de l’armée accompagne sa copine le temps d’une pause dans sa mission. Des familles entières et nombreuses déplacées du nord et du sud et hébergées dans des hôtels de Jérusalem font de courtes apparitions dans les rues adjacentes à leur hôtel. Quand vient la nuit une impression de fin du monde nous gagne. Plus personne, pas un bruit. Seules quelques sirènes de police retentissent de temps à autre. Disparus les habitants du pays, l’ambiance pleine de vie, le souffle et le dynamisme, les discussions et les rires des jeunes qui échangent, s’amusent et donnent à la ville toute sa vigueur. Cela ressemble un peu à l’époque du Covid nous disent beaucoup d’Israéliens mais à une nuance près, c’est que cette fois ci le pays est réellement en guerre et la jeunesse a enfilé sa tenue militaire, a vidé le cœur des villes pour servir son pays. On a la sensation étrange que la pays entier est en attente, retient son souffle, est suspendu au déclenchement de la bataille qu’il s’apprête à livrer et dont on ne connaît ni l’issue, ni la fin. L’existence même de l’Etat hébreu est menacée. Au-delà de cela, on ressent, quand on discute avec les Israéliens, le sentiment incroyable d’unité et de solidarité qui ont gagné le pays. Le pays paraît plus soudé que jamais. Inévitablement cela fait penser aux études avec Manitou et à son idée de l’universalisme Israélien.  Cette idée qu’Israël est un pays laboratoire dans lequel les hommes et les femmes venus de tous horizons différents, de tous les pays du monde, vont pouvoir vivre ensemble en harmonie dans une relation de fraternité au sein même de cette terre. Certes pour l’instant le pays est divisé, plus que jamais. Les nombreuses manifestations de ces derniers temps ont montré à quel point les fractures sont profondes. Pourtant l’impression qui se dégage désormais après les horreurs du 7 octobre, dans ce pays où le temps semble s’être suspendu, est qu’une unité nationale est en cours de construction. Les personnes se parlent beaucoup, en hébreu évidemment, des personnes qui proviennent de pays très différents, souvent bien éloignés. Les échanges sont vifs, bruyants, parfois peut être véhéments. Ces personnes sont tellement différentes, la langue d’origine n’est pas la même, l’accent hébreu différent, les coutumes et la culture parfois presque incompatibles, cet échange est un défi à la nature. Comment peuvent-elles se parler ? Comment peuvent-elles vivre ensemble ? Dans les discussions, personne n’a les même idées, les uns veulent une paix durable avec les palestiniens et deux états, les autres pensent que c’est impossible, certains considèrent tous les « pauvres palestiniens » aussi dangereux que les membres du Hamas et souhaitent l’éradication de la population de la bande de Gaza, d’autres encore et c’est probablement aujourd’hui l’avis majoritaire au sein de la population, estiment qu’il faut clairement dire que nous sommes le peuple de la Bible qui revient sur sa terre, point. Les uns stigmatisent les erreurs du gouvernement dans les événements et demandent la démission du premier ministre, les autres enfin disent que le problème remonte à bien plus loin. Il y a presque autant d’avis que de personnes qui échangent. On dit que quand deux juifs se parlent il y a trois avis et cet adage se vérifie plus que jamais dans la situation que traverse Israël. Et pourtant tous se parlent, s’écoutent, se mettent en colère parfois, mais essayent de parvenir à se comprendre, de trouver les conditions qui leurs permettraient de parler d’une seule voix, celle du pays. Et soudain on se dit que ce qu’il faut regarder ce n’est pas l’instant présent, le moment figé, mais la trajectoire, la direction, vers ou on va. Alors que dans l’ensemble des pays du monde la trajectoire générale est une sorte d’antagonisme qui est à l’œuvre avec d’un côté la volonté de chaque peuple de retrouver son identité propre et de l’autre une volonté de chaque communauté présente au sein du pays d’affirmer et de revendiquer ses différences, de témoigner de ses particularités et vivre parfois comme une communauté repliée, séparée, de manière plus ou moins autonome. Les peuples de chacun de ces pays pour tenter de préserver la manière d’être qui est la sienne est polarisé entre une volonté de repli nationaliste d’un côté et le souci d’offrir à chaque communauté la possibilité de préserver une partie de sa culture et de son identité. Dans le même temps, on observe que l’inverse est à l’œuvre en Israël. Le pays est divisé, fracturé à travers les différentes communautés qui le composent, et elles sont nombreuses évidemment, puisque provenant du monde entier. De 150 nations, nous dit-on. Mais on sent à l’intérieur de ce pays que la trajectoire est celle de l’unité, de la mise à disposition partielle et progressive des différentes tendances qui composent le pays pour permettre que se réalise l’unité du pays. Chacune des tendances apportant sa singularité à l’ensemble. Ce travail est à l’œuvre actuellement au sein de la société Israélienne de manière profonde. Et depuis le 7 octobre cette tendance semble s’accélérer. Ce double mouvement travaille au sein de l’humanité. Un premier mouvement au sein des nations où l’antagonisme se révèle entre la tentation du repli identitaire d’un côté et la tendance à laisser chaque communauté à l’intérieur du pays

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NOMMER LA GUERRE

Cette guerre n’a pas encore de nom. On sait où, quand et comment elle a commencé. On ne sait pas où elle finira. Plusieurs références historiques ont été suggérées pour tenter de la qualifier : Les pogroms, la shoah par balle, Pearl Harbour, la guerre de Kippour, le 11 sept d’Israël, le bataclan où d’autres attaques terroristes de masse. Mais on pressent qu’aucune de ces qualifications ne permet de prendre la mesure d’un événement aussi bouleversant. Ce qui semble déjà s’être produit de nouveau, c’est l’unité d’un peuple qui, quelques jours avant encore, se déchirait sur la définition de sa vocation. Deux conceptions d’Israël s’opposaient : fallait-il renforcer la spécificité juive ou se fondre dans l’universalité ? La brutale et cruelle attaque du Hamas à donner une réponse évidente pour tous : Israël n’a pas vraiment le loisir de se poser de question identitaire. Qui doit-il être ? Il est. Que doit-il faire ? D’abord assurer sa survie. Où doit-il aller ? Là où sa vocation le conduit.  Et c’est ainsi qu’au lendemain du massacre du 7 octobre, les Israéliens se retrouvèrent tous – ou presque – sur la même ligne : La valeur de justice qu’ils défendent ardemment impliquait que l’agresseur soit éradiqué. Et les valeurs morales qu’ils portent au-dessus de tout exigeaient d’entrer en guerre et d’en accepter les risques. Tous convaincus que selon la loi juive, c’est un devoir de tuer celui qui cherche à vous exterminer.  Qu’en pensent les autres Nations ? L’événement joue, ici aussi, le rôle de révélateur. Les pays musulmans, au mieux, ne condamnent pas ces violences, au pire ils les soutiennent en parole et en acte. A l’inverse, les pays occidentaux font part de leur indignation et assurent Israël de leur soutien. Mais c’est pour bien vite se reprendre en instrumentalisant les nécessaires exigences humanitaires afin de brouiller la justesse de la cause.  Si bien qu’au total, Israël se retrouve seul avec sa conscience pour défendre le bien, autrement dit l’humanité de homme. Le fait nouveau, c’est qu’aujourd’hui, le pays ne semble pas prêt, malgré les pressions, à céder sur ses valeurs. Le peuple en tout cas n’entend plus laisser de place aux traditionnelles tentations des dirigeants de tergiverser.   Il montre ainsi sa bonne santé et trouve de facto la place et le rôle qu’il se cherchait parmi les Nations : montrer que l’histoire et l’éthique se peuvent concilier. Aux pays islamistes, il réaffirme qu’Israël ne saurait être détruit et remplacé. Aux pays occidentaux, il révèle l’évidence des enjeux de civilisations que porte la période actuelle dans l’espoir de les sortir de leur torpeur et de les convaincre de l’idée que les concessions faites à un ennemi radical n’ont jamais d’effets pacificateurs.   Voilà qui fait sans doute de la situation actuelle un moment unique, inédit. Un moment de basculement qui, une fois nommé, devrait faire avancer d’un pas l’histoire de l’humanité vers son accomplissement.  Antoine Mercier

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