Shabbat dernier, dans toutes les synagogues, nous avons entamé la lecture du quatrième livre du Pentateuque, le livre des Nombres. Manitou nous explique que le livre des Nombres (Bemidbar) débute par un dénombrement très circonstancié des tribus d’Israël. L’assemblée (Eda), pour être capable et digne d’être le véhicule de la révélation de Dieu et de sa Présence, doit atteindre un seuil minimum de personnes dénombrées, en quantité et en qualité. C’est ce qu’indique l’expression bemispar chemot, « par le nombre des noms »
Dans l’aspect du nombre, chacun participe de façon identique à la généralité anonyme de la collectivité, le klal. Mais dans l’aspect du nom, chacun représente une identité irremplaçable, géniale pour elle-même, ou se dévoile le mystère infini de chaque âme en Israël. Ce sont les corps qui sont des nombres et les âmes qui sont nommées. (Ki Mitsion, p.267)
Alors que notre quotidien est jonché de pensées, de prières, de souhaits et d’espoir envers nos otages, nos soldats, nos familles de victimes; soudain, sans aucun signe prémonitoire, à la sortie de Shabbat, les noms et les nombres ont fait irruption. Samedi soir, le nombre des otages est passé de 124 à 120! Parallèlement, nous avons assisté avec une profonde émotion à la libération de 4 âmes qui furent nommées: Noa Argamani Elmoz Meir jan, Andrei Koslov et Shlomi Ziv, qui ont été libérés lors d’une opération de sauvetage complexe et dangereuse.
Une autre âme a été nommée également, celle du commandant Arnon Zamora, officier de la marine, qui a été grièvement blessé lors de cette intervention et a succombé à ses blessures, en laissant une femme et deux enfants.
A la sortie du Shabbat, l’annonce de la libération des 4 otages a été source d’une allégresse et d’un soulagement intense. La nouvelle a suscité un souffle nouveau, un espoir renaissant et une bouffée d’oxygène au sein du peuple d’Israël, où qu’il soit.
Pour certains, cette sortie de Shabbat et la connexion aux médias, les a ramenés 33 ans en arrière lors de l’opération Shlomo (‘Mivtsa Shlomo’), qui débuta dans le plus grand secret le 24 mai 1991, et permit d’amener 14 400 juifs Éthiopiens en Israël, en l’espace de 33 heures, grâce à une
opération militaire aérienne spéciale dirigée par le vice-chef d’état-major de l’époque, Amnon Lipkin-Shahak. D’autres sont même retournés 48 ans en arrière, en se remémorant la prodigieuse opération Entebbe de 1976.
Samedi soir, en nous séparant de la sérénité du Shabbat, nous avons sans transition, entamé une nouvelle semaine imprégnée d’émotion à couper le souffle, ce fut un moment de fierté, de gratitude, accompagné de larmes de bonheur pour ces otages libérés et ces familles enfin réunies, mais ce fut également un moment d’affliction, accompagné de larmes de tristesse à la pensée du soldat tombé et de cette nouvelle famille endeuillée. Malheureusement, la réalité d’Israël fait que chaque joie ne peut atteindre son paroxysme, sans être voilée par un nuage de tristesse.
Nous sommes fiers de notre peuple et sommes tous en admiration face à nos conjoints, nos voisins, nos familles, nos enfants, petits-enfants qui constituent l’armée d’Israël et n’hésitent pas à faire preuve de bravoure face à ce combat justifié, que nous n’avons pas choisi, mais auquel nous devons faire face.
Actuellement, la majorité du monde, au lieu de féliciter notre gouvernement et notre armée pour cette opération remarquable, reste fidèle à ses positions et s’acharne à condamner encore une fois Israël, cette fois-ci pour les victimes civiles de cette intervention, ce qui est évidemment bien regrettable.
Et pourtant, en 2014, personne n’a condamné les répressions en Syrie, qui ont fait plus de 140.000 morts .En 2015, les pays du monde ainsi que les médias n’ont pas condamné les moyens mis en œuvre par les Américains,
lors de la libération des 70 otages retenus par le groupe Etat islamique. Pendant cette intervention, le comportement des soldats américains était loin d’être aussi moral que celui des soldats israéliens. Les nations ne condamnent pas non plus l’invasion de l’Ukraine par la Russie depuis 2022. Les combats continuent et la liste des victimes s’allonge chaque jour.
Mais par contre, quoi qu’il fasse, le pays d’Israël est toujours montré du doigt, condamné et jugé, même lorsqu’il est attaqué et agit pour sa légitime défense. Les instituts internationaux qui ont été érigés pour défendre les droits des hommes et des pays, falsifient l’histoire et leurs rôles en condamnant Israël. Israël, qui a été attaqué, est passé du statut de victime au statut de bourreau de part cette condamnation.
Et si les pays du monde jetaient un autre regard sur l’actualité? Supposons qu’au lieu de faire pression sur Israël, le monde condamnait tout simplement le Hamas, en réclamant justice et exigeant purement et simplement qu’il libère immédiatement ces otages innocents? Cela pourrait peut-être mettre fin au conflit actuel…tout en ouvrant une ère nouvelle qui ne laissera pas de place à la cruauté et à la barbarie.
N’était-ce pas le but initial de la Cour internationale de justice et de l’ONU?