Aux indignés de la planète

Olivier Cohen

Le samedi 7 octobre 2023, pendant le Shabbat et fête de Simhat Torah, qui célèbre la réception de la Torah par le peuple juif, Israël a été la cible d’une attaque terroriste éclaire, préparée dans le plus grand secret par l’organisation terroriste du Hamas. Cette attaque, d’une ampleur historique, d’une violence et d’une barbarie sans précédent, durant laquelle des personnes humaines ont été pourchassées et massacrées comme du gibier, laisse la planète dans un état de choc et de sidération.

Le bilan de cette attaque est cataclysmique : Plus de 1200 morts. Des familles traumatisées, endeuillées, des personnes humaines massacrées. 240 otages sont entre les mains du Hamas et de certains palestiniens. L’atrocité à son paroxysme, le mal à l’état pur, la barbarie commise par des êtres vivants dont on peut raisonnablement se demander si ce sont des personnes humaines.

Au lieu de donner un coup d’arrêt aux violences commises envers les juifs, comme témoignage de respect pour les victimes, parce que nous suffoquions tous, pour mettre une pause à la barbarie, il semble, qu’au contraire elles aient agi comme un détonateur, un catalyseur, un point de bascule et ont désinhibés les agitateurs antisémites de tous bords. On pensait en avoir fini avec la haine des juifs, en fait elle était toujours là, tapie, cachée et attendait un moment opportun pour pouvoir refaire surface et faire entendre à nouveau sa triste musique. 

Avec la riposte de l’Etat d’Israël à Gaza, ces antisémites ont trouvé un argument supplémentaire pour pouvoir manifester leur haine, au nom de l’esprit « colonialiste » d’Israël, au nom de l’antiracisme, au nom de l’islamophobie.  Aux quatre coins de la planète, les juifs sont de nouveau stigmatisés, montrés du doigt, mis à l’index, mais aussi menacés, mis en danger, et une vague de la honte parcours l’ensemble de la planète. 

Mais la haine a changé de visage, le camp du mal s’est déplacé, la bête a muté. Alors que la parenthèse raciste de l’antisémitisme continue de se fermer, ce n’est pas la peine de regarder du côté de Hitler et de ses vieux démons, elle est remplacée par un antisémitisme viscéral de musulmans radicaux, rejoints par une extrême gauche clientéliste, totalement décomplexée, et une jeunesse radicalisée, instrumentalisée, endoctrinée, qui affiche avec fierté un soutien partisan à l’islam radical et exprime sans tabou sa haine d’Israël, seul état au monde où l’ensemble des juifs devraient pouvoir vivre en sécurité.

Dans ce climat insurrectionnel, il me parait aujourd’hui important d’interpeller ces indignés de tous bords  :

À ceux qui n’auraient pas bien suivi ce qu’il s’est passé le 7 octobre, à ceux qui n’ont pas de problème à dépasser les limites de l’obscène et qualifient ces attaques de mouvement de résistance, à ceux qui ne voient pas ce qu’ils ont vu et qui n’entendent pas ce qu’ils ont entendu, à ceux qui ne veulent pas qualifier le Hamas d’organisation terroriste, à ceux aussi qui justifient l’injustifiable du fait de l’intensification de la politique d’occupation par Israël, et qui nous disent qu’Israël l’a bien cherché.

À la rue arabe où les scènes de joie, de fêtes, et de liesses, ce sont tenues le 7 octobre 2023, dans un climat de détestation absolue de l’Etat d’Israël. 

À ces associations, aux ONG, aux salariés et aux professeurs de l’UNRAW qui se sont réjouis que le rapport de force se soit inversé depuis le 7 octobre, et qui ont célébré « une première vraie victoire » sur la voie de la libération de la Palestine.

À ceux qui manifestent leur soutien à la cause palestinienne en ne craignant plus de dire « mort aux juifs » ou « de la mer au Jourdain, la « Palestine » sera libre », et révèle leur simple objectif de manière décomplexée : supprimer les juifs de la planète.

A ceux de la France Insoumise, à la gauche en France, défigurés par la haine, qui ont disparu, dissouts dans l’univers islamique de l’entrisme des frères musulmans.

Aux étudiants des universités, en France aux Etats Unis ou ailleurs dans le monde qui, désœuvrés, essayent comme ils peuvent de donner du sens au vide, ont perdu tout sens critique et se laissent instrumentaliser et endoctriner par des idéologies qui rappellent les heures les plus noires de l’histoire de l’Homme. 

À l’ONU qui en est à sa 9ème résolution pour condamner Israël depuis le 7 octobre, alors que pas une n’a été déposée pour condamner les attaques du 7 octobres et la prise des otages.

À Monsieur Antonio Guterres, le secrétaire de l’ONU qui a déclaré le 7 octobre ou peu après, que l’attaque du Hamas « si hideuse fut-elle ne s’était pas produit dans le vide , et devait être appréciée en fonction du contexte de l’occupation par Israël ».

À ces femmes qui refusent de dénoncer les violences faites aux israéliennes ce 7 octobre, et interdisent aux mouvements censés les représenter de pouvoir défiler dans les manifestations contre les violences faites aux femmes.

À l’organisation ONU Femmes qui attend deux mois, comme nombre d’organisations féministes aux Etats-Unis, pour dénoncer avec fermeté les féminicides et les viols commis dans les kibboutz et ne s’émeut pas, dans l’intervalle, de voir sa responsable adjointe, Sarah Douglas, poser devant un drapeau palestinien et relayer des dizaines de tweets pro-Hamas.

À Francesca Albanese rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés qui évoque à peine le massacre et se concentre sur la riposte qu’elle qualifie de « monstruosité de notre siècle ».

À judith Butler la philosophe, figure emblématique des études de genre et professeure émérite à l’université de Californie à Berkley qui a elle aussi qualifié les attaques du Hamas en Israël, d’« acte de résistance ». (on a aussi appris dans notre longue histoire que l’ennemi pouvait aussi venir de l’intérieur)

À tous ces indignés qui prennent comme prétexte la riposte d’Israël aux attaques du 7 octobre, et le conflit dans la région dont ils ne tirent que des arguments partisans  pour manifester leur haine d’Israël et leur détestation des juifs.

Je souhaite vous dire à quel point votre indignation sélective et votre haine nous est précieuse car elles nous rappellent que le passé n’est jamais très loin et qu’il lui arrive de frapper à la porte pour réapparaitre.

Indignation sélective en effet. 

Il y a beaucoup de nobles causes à défendre aujourd’hui, beaucoup de personnes qui attendent votre soutien. Curieusement on ne vous entend pas sur ces autres sujets.

Le Soudan connaît une guerre civile à l’impact humanitaire sans précédent. Pendant que deux généraux se disputent le pouvoir depuis avril, 25 millions de personnes dépendent de l’aide extérieure, plus de dix mille personnes ont été tués et les déplacés se comptent par millions. Un nettoyage ethnique à l’encontre des populations non musulmans est en cours.

Pourtant le Soudan ne semble pas suscité votre indignation ?

La guerre civile en Birmanie est également particulièrement intense. La junte au pouvoir a déplacé des populations et fait plus de cinquante mille morts.

Cela ne semble pas vous gêner  non plus?

La guerre civile au Yemen est dramatique notamment pour les enfants, qui lorsqu’ils ne sont pas enrôlés et instrumentalisés par les belligérants, sont tués. La situation est désormais dramatique pour 12 millions d’enfants. 

Des dizaines de millions de personnes meurent de faim, pendant que les Houthis tirent avec des drones et des missiles sur des navires marchands en Mer Rouge.

On aimerait entendre aussi votre indignation sur ces sujets ? 

Pourquoi un tel silence ?

Au Pakistan où le régime radical des Talibans est en train de déplacer plus d’1.300.000 Afghans, sous un régime de terreur totale. 

Avez-vous dénoncé cela ?

Le régime des ayatollah en Iran est particulièrement sévère, notamment vis-à-vis des femmes qu’il emprisonne ou qu’il tue pour un voile retiré de la tête.

Toutes ces causes vous paraissent-elles insignifiantes ? Elles ne méritent pas un engagement, des manifestations, des déclarations, une mobilisations ? Mais où est donc passée votre indignation ?

La cause palestinienne vous importe, nous dites-vous. Mais alors pourquoi ne pas parler des palestiniens au Liban ou en Syrie, qui vivent, eux, dans un véritable régime d’apartheid, qui sont déplacés ou assassinés au gré des forces en présence ? Vous n’êtes pas au courant de cela ?

Pourquoi ces indignations sélectives en faveurs de certains palestiniens et pas d’autres ?

Enfin en ce qui concerne la situation à Gaza dont il y aurait beaucoup de chose à dire, mais vous l’aurez compris, ce n’est pas le sujet ici. Alors que les objectifs de guerre ont été déterminés face au terrorisme, nous n’avons pas non plus entendu vos indignations après la riposte de la coalition suite aux attentats du bataclan en 2015 à Raqqa en Syrie et à Mossoul en Iraq. Pourtant la riposte a fait plus de 50.000 morts. Cela n’a pas suscité à l’époque votre contestation, ni votre indignation.

Ce que je comprends donc de vos indignations, c’est que vous ne vous souciez pas des palestiniens, puisque le sort d’une partie d’entre eux ne vous intéresse pas. 

Vous ne vous souciez pas non plus de protéger celui qui est « autre » et à qui il faut venir en aide parce qu’il souffre, puisque vous ne vous souciez pas des « autres » sur cette planète.

Votre indignation est également muette lorsqu’il s’agit de dénoncer les dictateurs, les tyrans, et les régimes qui reposent sur la terreur.

Vous ne vous souciez pas non plus de savoir si la guerre est juste.

Votre indignation est sélective, elle est ciblée, ce qui la rend dérisoire. Ce qui vous pose un problème c’est l’existence de l’Etat d’Israël. Alors, pour vous, chaque juif devient un problème et chaque Israélien devient un ennemi.

Je veux vous dire que votre haine est précieuse car non seulement elle nous rappelle que le passé n’est jamais très loin, mais elle répond aussi aux interrogations que nous sommes nombreux à nous poser sur ce qu’il s’est passé en 39-45. Comment ces millions de juifs ont pu être identifiés, stigmatisés, calomniés, mis à l’écart, arrêtés, déplacés puis exterminés, sans que personne ou presque ne s’y oppose ? Comment les populations en Europe ont pu laisser ce crime de masse se produire ?

Grâce à vous aujourd’hui on commence à comprendre un peu mieux comment le processus d’extermination s’est mis en place dans nos sociétés le siècle passé.

L’histoire se répète, je vous disais, et vous n’êtes cette fois-ci pas du bon côté de la barrière. Votre fanatisme, votre endoctrinement, votre haine, votre souci clientéliste, votre aveuglement parfois, parce que je veux aussi accorder quelques circonstances atténuantes à certains, font de vous aujourd’hui des personnes qui détestent Israël, non pas pour ce qu’il fait mais pour ce qu’il est, et n’aiment pas les juifs parce qu’ils sont juifs. 

Et ça c’est un vrai problème lorsqu’on se dit « indigné ».

Mais la différence avec ce passé effrayant, c’est que les juifs ont leur état désormais, l’état d’Israël existe, et offre une sécurité à tous les juifs du monde, malgré ce que nous venons de traverser. 

Et Israël fête le 5 Yiar (le 13 Mai cette année) ses 76 ans, la fête de Yom Ha’atsmaout, la fête de l’indépendance nationale qui contribue à renforcer la nation, année après année, depuis Mai 1948.

Mais vous les indignés, vous qui criez votre haine, il vous reste peut-être un motif de réjouissance : c’est que dans cette période particulière, de vulnérabilité, entre Pessah ou Chavouot, dans cette période délicate qui peut confirmer les acquis de ce que nous avons célébré à Pessah, et nous faire progresser vers notre histoire ou au contraire les remettre en cause, le peuple des enfants d’Israël n’est pas encore parvenu à réaliser l’unité de la nation, et les divisions émaillent encore notre peuple.

C’est peut-être la raison pour laquelle on entend encore le son de votre voix et celui de votre haine.

J’espère que dans cette période du Omer, si importante pour l’avenir du pays d’Israël, le peuple parviendra à restaurer son unité et à éteindre définitivement cette force du mal que les atrocités du 7 octobre ont fait étonnamment réapparaitre d’un passé que le monde entier pourtant, espérait ne plus jamais revoir 

Olivier Cohen

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