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RE CONFINEMENT : QUAND LA FORCE DE L’INSTANT A DISPARU, IL NE RESTE QUE L’HABITUDE

par Olivier COHEN, le 09/11/20

Si dans les premiers temps de l’émergence du virus, le saisissement général a figé l’instant, l’a immobilisé, capturé et a interrompu le mouvement incessant de notre monde, pour laisser une place, au retrait, à la délicatesse, au scrupule, et nous a permis d’imaginer un instant que l’humanité avait d’un seul coup réalisé qu’il fallait cesser de se répandre sur le monde sans précaution particulière, que le moment du « Chabbat de l’humanité » était arrivé, pour nous laisser entrevoir les prémices d’un monde meilleur basé sur le souci de l’autre, et qui reposerait sur le respect des valeurs morales. Il faut croire que tout cela n’a été que très provisoire. C’est la force de l’instant qui fait que lorsqu’il est loin et que le moment finit par être familier que l’on revient aux habitudes de pensées antérieures.

 

C’est ce qu’il se passe en Egypte avec le Pharaon juste après les 10 plaies. La force de l’instant a contraint le Pharaon à laisser sortir les hébreux d’Egypte après la dernière plaie, la plus terrible, celle des premiers nés. C’est la force de l’instant qui l’a amené à un acte de contrition et de retrait, acceptant de voir sa souveraineté amoindrie par une force qui lui était infiniment supérieure et qui gère le monde d’après la loi morale. Mais trois jours après, lorsque la force de l’instant s’est dissipée et que les conditions de vie ont repris leurs cours habituels alors le Pharaon est revenue aux habitudes de pensée antérieures et a décidé de poursuivre le peuple des hébreux pour aller l’exterminer. C’est ce qui a provoqué sa perte.

 

C’est aussi ce que nous vivons aujourd’hui ou la coexistence avec le virus commence à s’installer durablement et à devenir une habitude que l’on intègre à notre manière de vivre. Il semble que nous soyons désormais contraints d’inscrire notre cohabitation avec le virus sur du long terme, et comme toujours l’homme a su s’adapter et désormais nous nous habituons progressivement à vivre avec. La force de l’instant a disparu pour laisser la place à une forme d’habitude à cohabiter avec le virus

 

Alors que le surgissement du virus dans notre monde a suscité un saisissement qui a pu se lire à travers l’étrangeté de nos villes désertée au moment du premier confinement qui s’est imposé pratiquement partout sur la planète, et ou l’homme avait accepté de se retirer partiellement du monde pour laisser une place pour autre que lui, notre habitude de vivre avec le virus peut aussi se lire à travers la nouvelle façon dont nous appréhendons ce re confinement qui a été imposé en France depuis quelques jours.

 

La légèreté avec laquelle le re confinement est mise en œuvre par les français eux-mêmes illustre de façon saisissante que la stupeur, l’appréhension, l’angoisse qui s’étaient imposées à tous, ont laissé place à une vague habitude qui a transformé les réflexions, qui ont émergé avec le jaillissement du virus dans notre monde, en une forme de résignation.

 

La force de l’instant s’est dissipée et a laissé la place à une accoutumance, une habitude et une lassitude à force de cohabiter avec ce virus et d’envisager d’avoir à le faire pendant un long moment encore.

 

La transcendance s’est faite immanence, le saisissement habitude, le jaillissement s’est transformé en débit tranquille et insonore. 

 

Et les rues de Paris sont pleines pendant ce nouveau confinement, comme témoignage de cette habitude que nous avons acquise à vivre avec le virus.

 

Les grandes surfaces ont eu l’autorisation de rester ouvertes, ces temples modernes qui nous permettent de nous divertir, de passer le temps, de répondre à notre instinct désormais le plus élémentaire, celui de consommer, si possible des choses totalement inutiles et qui vient désormais au même niveau que de celui de se nourrir. Soyons rassurés le petit commerce de première nécessité absolue, la boutique Apple, sur les champs Elysées est resté ouvert pendant cette période de confinement…. Tout un programme.

 

Non seulement l’accès aux grandes surfaces est autorisé en cette période de confinement mais cela permet en plus de lever le dernier obstacle (s’il existait encore) en déculpabilisant la population et en lui indiquant qu’en ces temps difficiles consommer est utile, l’endroit est protégé, préservé et à l’abri du virus, un lieu de résistance à la propagation du virus….Et dans le même temps les librairies, ces petits commerces qui apportent la nourriture de l’esprit, elle sont fermées.

 

Il y a eu certes une merveilleuse résistance sur Internet, et les réseaux sociaux pour soutenir les libraires, pour crier cette injustice effrayante ou certain peuvent ouvrir alors que d’autres ont ordre de fermer, ou dans les rues de la ville se déversent un flot incessant de personnes auto de confinées et que dans le même temps les petits commerces « non essentiels » eux seraient condamner à fermer. Tout cela n’a plus de sens. Et puis il y a cette petite musique qui commence à gêner un peu, celle qui nous fait prendre conscience que l’on est en train de nous imposer, à tous, ce qui est essentiel pour nous et ce qui ne l’est pas. On est en train d’uniformiser la notion de « choses essentielles » et la vision d’un monde qu’on aurait aimé ne plus jamais revoir remontent à la surface de manière un peu nauséabonde.

 

Quelle décadence, quelle tristesse, quelle image renvoyons-nous de nos sociétés contemporaines qui ne reposent désormais plus que sur la satisfaction de l’individu. Il faut épancher les désirs les plus immédiats. Or qu’est ce qui est vitale ? Par définition, c’est lorsque l’homme n’a pas la liberté. Par exemple l’homme n’a pas la liberté de manger ou de ne pas manger, s’il ne mange pas, il disparait. Aujourd’hui l’homme a perdu la liberté par rapport à la consommation. Quelle déception, Quelle désillusion, quelle douche froide pour tous ceux qui avaient imaginé un instant que la propagation du virus allait permettre à l’humanité de réaliser que d’autres voix étaient possibles, et voyaient dans cet événement un moyen de revenir à des choses plus essentielles et de permettre à la femme et à l’homme de devenir de véritables être humains, dans le sens le plus noble du terme.

 

Mais ce qui transparait de cette période si particulière, c’est que La France comme tous les pays de la civilisation occidentale n’a plus la capacité de lutter contre un ennemi quel qu’il soit. Une fois la force de l’instant dissipée, une fois la frayeur passée, lorsque l’habitude s’est substituée au saisissement alors on s’adapte on fait avec. Mais nous ne sommes disposés à renoncer à rien de notre confort, de nos petits privilèges, de nos loisirs et de nos divertissements, pour être réellement engagés et entrer en lutte avec un ennemi.

 

Nous sommes tous devenus pour reprendre la formule chère à Benny Levy « des petits soldats de l’empire du rien », prêts à juger avec violence notre voisin, à porter un regard dur et irréconciliable sur notre prochain, mais incapable de renoncer à quoi que ce soit de ce à quoi nous avons accès, à nos plaisirs de la vie de tous les jours, pour mener une guerre, lorsqu’elle s’impose à nous.

 

Que l’ennemi soit un ennemi qu’on aurait pu nommer « extra-terrestre » comme ce virus, même si ici ce n’est pas tout à fait le cas, ou que l’ennemi soit à l’intérieur, nous sommes désormais incapables de savoir où sont nos valeurs et d’engager une véritable guerre pour les défendre.

 

Alors qu’on attendait l’émergence d’un homme, un vrai, qui serait passé de l’être en devenir à l’être devenu, pour réussir son histoire, qui ressemblait à la façon dont les enfants en rêvent, voici que notre humanité, passé la force de l’instant, pour ne plus vouloir renoncer à ce qui est « essentiel », préfère s’acclimater à l’ennemi que de le combattre, préfère laisser l’habitude faire son chemin et se laisse aller à une sorte de fatalité dont l’issue lui est inconnue et incertaine.

 

C’est le reflexe du pharaon qui après avoir laissé retomber la force de l’instant, et qu’il est revenu aux habitudes de penser antérieures a souhaité poursuivre les hébreux sortis d’Egypte. C’est ce qui a finalement provoqué la disparition de l’Egypte de ce temps là. Espérons un sursaut de notre civilisation pour ne pas en arriver là.

 

Olivier Cohen





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