L’OEUVRE DE LA CRÉATION
LES ENGENDREMENTS
JUIFS OU HÉBREUX
ISRAËL ET LES NATIONS
MESSIANISME
THÈMES FONDAMENTAUX

LA VENGEANCE D’ISRAËL

par Rav Kastiel - Traduction de Machiv Harouah, le 01/01/24

Ces jours-ci, après que nos ennemis nous ont massacrés et tués avec une terrible cruauté, un sentiment de vengeance surgit en nous. Une envie de leur rendre justice pour tout ce qu’ils nous ont fait, de les tuer et de les détruire. Nous devons cependant nous demander si ce sentiment est un sentiment positif ou négatif ? Ce sentiment doit-il être développé et intensifié, ou doit-il être surmonté ?

Dans de nombreux versets, il est mentionné que le Tout-Puissant se venge : "Dieu des vengeances, Eternel ! Dieu des vengeances, parais !" (Psaumes 94, 1), " L'Eternel se venge, il est plein de fureur" (Nahum 1, 2), etc. Si c’est ainsi, il est évident que l’attribut de la vengeance est une mesure appropriée et correcte, issue des attributs de Dieu, et nous devons suivre Ses voies et en être fortifié. D'un autre côté, il nous est ordonné dans la Torah : "Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune", et si c'est le cas, il semble que ce comportement soit interdit. Ces choses ne sont-elles pas contradictoires ?

Le Midrash (Bereshit Rabah 55, 3) déclare qu'Israël a posé cette question à Dieu :

Israël a dit devant le Saint béni soit-Il : « Seigneur des mondes, tu as écrit dans la Thora "Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point rancune" (Lévitique 19, 18) et pourtant toi tu venges et tu gardes rancune, comme il est écrit "L'Eternel se venge, il est plein de fureur ; L'Eternel se venge de ses adversaires, Il garde rancune à ses ennemis". Le Saint béni soit-Il leur répondit : « J'ai écrit dans la Torah : "Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point  rancune envers les enfants de ton peuple", mais je vengerai et je garderai rancune envers les idolâtres : "Venge les enfants d'Israël" (Nombres 31, 2).

Selon les paroles du Midrash, la vengeance contre une personne d'Israël n'est pas appropriée et même interdite par la loi de la Thora, alors que la vengeance contre les nations est juste et appropriée. Nous devons tenter de comprendre d'où provient cette inégalité. En effet, si ce trait de caractère est approprié et bon à l'âme humaine, alors quelle différence y a t'il selon qu'il est dirigé vers telle ou telle personne ? Et si c'est un trait de caractère vil et inférieur, alors il faut de toute façon l'arrêter et le surmonter ? Comment est-il possible qu’un même trait soit négatif envers les Juifs et positif envers les non Juifs ?

Nous pouvons clarifier les choses selon les propos du Rav Yehiel de Safrin (l'Admor de Komarna) dans son livre Heichal HaBrakha sur la Torah, à propos de l'interdiction de la vengeance. Rav Yehiel explique ce qu'est la vengeance appropriée :

"Les commandements de vengeance et de rancune ... Mon frère, sache bien qu'il n'y a ni vengeance ni rancune devant Dieu, pas même contre un mécréant ... et dans toutes les voies de Dieu, il n'y a de vengeance et de rancune que pour débarrasser le bon de ses impuretés... et tous les châtiments ne sont destinés qu'à éradiquer le mal. Tout sage et juste qui est vengeur et rancunier à l'extrême, mais sans avoir d'autre intention que de faire le bien, pour éloigner son prochain de la mauvaise voie et l'amener à la vie dans le monde futur, afin que le nom de Dieu soit sanctifié... un tel érudit juste et saint, dont le cœur est brisé par le repentir, humble, patient, plein d'amour pour tout Israël, dont la personne est pure dans toutes les catégories de la vertu, et à plus forte raison pure de tout esprit de vengeance ou de  rancune - il est clair que ce sera pour lui un commandement positif que de sanctifier le nom de Dieu par la vengeance. Car pour lui, l’objectif de la vengeance n'est que le bien d'autrui, et son cœur est rempli de compassion et d'amour pour tous ses ennemis. La vengeance d'une personne sage et juste est destinée à protéger le méchant, à l'empêcher de faire le mal à nouveau et à lui permettre de recevoir le salaire de sa vertu retrouvée. Telle est la manière de se venger pour un vrai sage."

La différence entre ces deux types de vengeance est comme celle qui sépare le ciel et la terre. Il y a une vengeance pour le passé, un désir de rendre à une personne ce qu'elle a fait. Cette vengeance est un trait négatif, un trait cruel et bas qu’il faut absolument éviter. Le fait qu’une personne vous ait fait du mal n’est pas une raison pour vouloir qu’elle subisse également du mal. Mais il existe une toute autre vengeance, une vengeance dont le but est la correction, une vengeance dont le but est d'ajouter de la bonté et de la complétude dans le monde. Cette même personne méchante qui fait du mal à un individu ou à une collectivité profane le ciel, souille le monde et obscurcit l'apparition de la bonté divine dans le monde. Elle doit donc être stoppée dans ses actions et même anéantie, pour que la bonté, la justice et l'honnêteté puissent se concrétiser dans leur pleine lumière. Ceci est une vengeance honnête et véritable, c'est la vengeance divine à laquelle nous devons adhérer.

Ainsi nous pouvons comprendre les paroles du midrash faisant la différence entre la vengeance envers Israël et la vengeance envers les autres nations du monde. La nation d'Israël est une nation qui est venue répandre la lumière de la bonté et de la justice divine dans le monde, une nation destinée à être un « royaume de prêtres et une nation sainte », une nation qui éclairera le monde du chemin de Dieu. Par conséquent, si un Juif nous fait quelque chose de mal, nous devons en règle générale continuer à l’aimer, souhaiter sa réussite et prier pour qu’il s’améliore. Mais si une nation porte atteinte au peuple d'Israël, elle profane par là même le nom de Dieu et retarde l'apparition de la lumière divine dans le monde. Il nous incombe alors de s'en venger de toutes nos forces jusqu'à le détruire, afin de purifier le monde de ce mal et le rapprocher de sa perfection.

Ce qui ressort de ces propos, c’est que la vengeance contre nos ennemis implacables, le Hamas, le Hezbollah, l’Iran et tous leurs collaborateurs, est certainement un trait de caractère bon et honnête, mais elle doit être précisée. Il ne s’agit pas d’une vengeance pour le passé, pour leur rendre justice de ce qu’ils nous ont fait, mais d’une vengeance visant l’avenir, dans le but d’éradiquer le mal du monde et de dévoiler la vraie et pure bonté qui se trouve dans la nation d’Israël.

Nous terminerons avec les paroles du Rav Kook zal, à propos du verset "Dieu des vengeances, Eternel ! Dieu des vengeances, parais !"  (Olat reiya, chapitre 1, p.214) :

Si la vengeance est, telle qu'elle est représentée chez l'homme, un trait qui vient d'une faiblesse de l'âme, de la haine et de la colère face à une nuisance passée, elle ne peut en aucun cas être liée à l'un des attributs de Dieu, Père de la Miséricorde et Source de la bonté et de la bienveillance. Nous devons donc tenter de comprendre tout le contenu de l’expression de vengeance et des actions impliquant une  telle intervention dans l'économie globale  de la direction divine du monde. Elle n'appartient pas au registre des ténèbres, qui visent à ternir l'éclat du bien, de la sagesse et de la miséricorde - elle vient au contraire éclairer tous les trésors de vertus de la créature, et écarter toutes les causes de l'opacité de l'existence et de l'être, ramures du mal et fruits du reniement ou de la trahison, qui noircissent le monde jusqu'à ce qu'ils disparaissent définitivement. Et Dieu, qui a dit "Que la lumière soit !", intervient en permanence pour débarrasser l'univers des ténèbres et de leurs causes, afin que Sa lumière apparaisse dans le monde pour réjouir ses créatures. "Dieu des vengeances, Eternel ! Dieu des vengeances, parais !".

 

Rav Kastiel - Traduction de Machiv Harouah





ACCUEIL BLOG

Donnez votre avis ou posez vos questions aux intervenants et nous vous y repondrons

Merci de copier les lettres affichées*