BRAVOURE DE LA PERSÉVÉRANCE

La campagne militaire continue. La continuation de la campagne nous oblige à trouver en nous-mêmes les forces d'une grande bravoure. Ce n'est pas seulement le courage de commencer, mais aussi le courage de persévérer. Nous avons déjà franchi les premiers pas et la percée initiale, et maintenant nous entrons dans les étapes essentielles de la campagne. La guerre est longue, complexe, avec des hauts et des bas, des morts au combat, des moments de douleur et de peine, tout n'est pas facile ni aisé. Et malgré tout cela, nous devons aller de l'avant.
C'est ici que nous rencontrons l'énergie intense véhiculée par la vaillance. Elle s'exprime précisément lorsque le processus est long et complexe, dans des situations compliquées, qui risquent de susciter des doutes ou des faiblesses quant à la suite. C'est là que réside la bravoure.
Nous connaissons tous le verset : " À toi Dieu, la grandeur et la vaillance ". La relation entre la grandeur et la bravoure est expliquée dans le Talmud, dans le traité de Berakhot (58a) : "A toi Dieu appartient la grandeur" - c'est l'œuvre de la création, comme il est dit 'Il fait de grandes choses à l'infini'. Et la bravoure - c'est la sortie d'Égypte".
À la lumière de ces enseignements, on peut définir que la relation entre la grandeur et la bravoure est comme celle entre l'objectif global initial et la capacité de le poursuivre à travers la multiplicité des détails de la vie. "L'œuvre de la création" est le temps du commencement, la pensée première de la création toute entière, tandis que "la sortie d'Égypte" est la continuation de cette pensée à l'intérieur du processus historique. Dans la vertu de bravoure, se révèle une capacité particulière qui n'est pas aussi évidente dans la seule grandeur. La volonté initiale est la grandeur, mais la persévérance et la constance se révèlent dans la vaillance. Dans ce sens, les défis que pose la bravoure, éclairent et approfondissent le lien entretenu avec la volonté originelle. Sommes-nous attachés à cette volonté et à cet objectif, même lorsque des difficultés se dressent devant nous, ou bien est-ce que notre relation aux objectifs ne serait fonction que de la facilité avec laquelle ils pourront se réaliser... Ce sont précisément les moments d'épreuve qui révèlent le lien indéfectible avec la finalité, approfondissant ainsi notre attachement à elle.
C'est le sens de l'épreuve des moments difficiles qui nous assaillent, et c'est ainsi qu'il faut comprendre l'adage célèbre de nos sages : "Qui est le héros ? Celui qui maîtrise ses appétits". Les appétits assaillent l'homme lorsqu'il est en chemin. Avant de partir en voyage, le temps est principalement consacré à construire des rêves et des objectifs sublimes, et à cette étape, les tentations nous harcèlent moins. Le véritable défi survient en cours de route, lorsque les difficultés surgissent, et que des faiblesses diverses émergent. C'est alors que vient l'occasion de maîtriser ses appétits, c'est-à-dire de surmonter la voix de faiblesse faisant écho à une sensation momentanée quelconque, et de s'attacher à ces mêmes rêves et objectifs pour lesquels nous sommes partis en guerre.

Aussi au mois d'Adar, nous nous souvenons des leçons de la fête de Hanoukka, où une grande bravoure s'est manifestée. La bravoure n'était pas dans la proclamation de la révolte par elle-même, mais dans la persévérance du mouvement. Le miracle de Hanoukka ne s'est pas produit en un jour. Nous avons l'habitude de commémorer le miracle et la fiole d'huile, mais ils ont été précédés de nombreuses années de lutte acharnée, jalonnées d'obstacles, comprenant des combats faisant de nombreuses victimes – donnant de multiples raisons d'arrêter la révolte en cours de route. Mais la vaillance des Maccabées était attachée au projet initial, et elle ne fléchit pas un instant, ils ont continué sans s'arrêter. C'est comme l'enseignement de la fête de Hanoukka à propos des bougies - "aller en augmentant". La lumière de la menorah, qui n'eut de cesse, fut comme une récompense à la bravoure grandissante sur le champ de bataille.
Et de même, aujourd'hui. En ces jours-là et en ces jours-ci - Hanoukka et Pourim. Nous sommes partis en guerre avec une volonté claire et authentique, et par un engagement moral de nous tous à combattre ce mal absolu, et à ne pas le laisser perdurer. Nous n'abandonnerons pas ce projet pur, nous nous y accrocherons et resterons toujours engagés dans cette mission jusqu'à son accomplissement complet et définitif.

Rav Eliézer Kastiel

Traduction de Machiv Harouah