Paracha de la semaine

Ki Tetsé : les directives du Seigneur sont vérité

  Des mitsvot historiosophiques Selon le décompte de Rabi Moshé ‘Haguiz, notre parasha contient 74 (עד) mitsvot depuis la femme captive jusqu’à n’oublie pas le mal que t’a fait ‘Amaleq, lors de la sortie d’Egypte. Or, ces deux mitsvot découlent directement d’une situation historique, et en ce cas : la guerre. Cela n’est guère fortuit, et il en va ainsi de toutes les mitsvot. La première, la femme captive de belle allure, prisonnière lors d’une guerre «  »facultative » » décidée par le roi, l’autorité exécutive de l’époque, Devarim, XXI, 10-13 : « Quand tu sortiras en guerre contre ton ennemi, Hashem, ton Dieu, le livrera dans ta main et tu feras captifs ses captifs. Et tu verras dans cette captivité une femme de bel aspect, qu’elle te plaise et que tu veuilles la prendre pour épouse, tu l’emmèneras d’abord dans ta maison, elle se rasera la tête et se coupera les ongles, se dépouillera de son vêtement de captive, elle pleurera son père et sa mère un mois entier. Alors seulement tu pourras t’approcher d’elle et avoir commerce avec elle, et elle deviendra ton épouse ». La dernière est de se rappeler que l’un des fils d’Essav, ‘Amaleq, a fait le mal en s’attaquant aux plus faibles parmi nous ; avec pour mitsvah récurrente de l’éradiquer total loss dans une guerre obligatoire, Devarim, XXV, 19 : « Souviens-toi de ce que t’a fait ‘Amaleq, lors de votre voyage au sortir d’Egypte ; comme il t’a surpris chemin faisant, et s’est jeté sur tous les traînards par derrière. Tu étais alors fatigué, à bout de forces, et lui ne craignait pas Dieu. Aussi, lorsque le Seigneur, ton Dieu, t’aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour, dans le pays qu’Il te donne en patrimoine pour le posséder, tu effaceras la mémoire dʼ’Amaleq de dessous le ciel ; ne l’oublie pas ». À l’instar de ces deux mitsvot, c’est tout un ensemble de prescriptions qui sont ordonnées pour toutes les générations en rapport direct avec des récits historiques passés ou à venir. Autrement dit, les péripéties historiques décrites dans la Torah sont des segments de vérité qui se joignent pour grouper toute la vérité, dans son absolu de perfection. Donc chaque mitsvah, en exacte et étroite relation avec les péripéties bibliques historiques, est une lumière de vérité totale qui éclaire nos actes dans l’histoire de notre vie, ici et maintenant, et à l’avenir. La Torah est la Loi révélée par le Seigneur, notre Dieu Un, et son principe primordial est le monothéisme hébreu radical. La Torah révèle la loi morale du Seigneur qui a créé le monde dans un geste de moralité absolue, avec aussi la nature de l’homme, pétrie de passions, de tendances contingentes et de pulsions instinctives. Force est de constater que toutes ces données historiques, psychiques, naturelles, universelles sont partie intégrante d’une vérité transcendante à laquelle l’homme, la nature et le monde doivent atteindre en se perfectionnant par les ordres divins. Tous doivent se réhabiliter en participant au geste de moralité divine, Téhilim, XIX, 10 : « La crainte du Seigneur est pure, elle subsiste à jamais. Les directives du Seigneur sont vérité, elles sont justes ensemble ; plus désirables que l’or, que beaucoup d’or fin, plus doux que le miel, que le suc des rayons ». Très spécifiques à la Torah d’Israël, la cohérence interne et la corrélation logique globale entre l’histoire et la loi ne sont pas évidentes à la réflexion humaine ou à la raison pure. Chaque mitsvah ne peut être comprise qu’avec l’ensemble de la Torah, dans son infini de vérité, qui englobe les récits historiques et les lois de la judicature. Cette vérité transcendante n’étant pas encore atteinte, il faut conclure que notre histoire actuelle, notre fidélité aux mitsvot, notre monde sans cesse à découvrir et les bouleversements de notre histoire qui poursuit vers sa finalité relèvent tous du projet divin. La Torah nous fournit la connaissance concrète du comportement naturel humain tel qu’il se décline dans l’histoire du monde avec le projet de loi de moralité qui se rapporte avec justesse à cette histoire passionnelle de l’homme. L’étude théorique de la Torah implique forcément sa mise en pratique dans la vie. La Torah propose comme idéal de comportement les grands principes des valeurs qui tiennent compte aussi des tendances de la nature humaine bousculée par la vie et les tentations accidentelles de l’existence. La femme captive Tout se passe comme si, dès l’entrée en Israël, une option est offerte au soldat pour juguler la force des pulsions instinctives en épousant la belle captive selon les conditions de conversion indiquées par la procédure de la Torah. Dès l’édification de l’être d’Israël, une certaine dimension d’âme, une certaine capacité d’être Israël se trouve à l’extérieur et, prisonnière de l’histoire et de la durée des temps, ne demande qu’à se lier à l’identité d’Israël, comme ce fut le cas de l’âme du Mashia’h en potentiel chez Routh, la Moabite. Les converti(e)s ne seraient donc que des étincelles de sainteté en captivité qui reviennent à leur source originelle et essentielle. Chaque converti(e), Guer Tsédeq, est un étranger qui séjourne provisoirement ailleurs que chez soi-même et qui revient de captivité. Se convertir, léhitgayer, veut dire littéralement devenir guer, accepter le statut de l’étranger, car demander d’être guer, c’est cela même devenir Israël. Tout Israël est étranger en captivité de ce bas-monde comme il l’a été en Egypte. Or, l’objet de la sortie d’Egypte, fin de tous les exils, n’est autre que la construction du Tabernacle, préfigurant le Temple à Yéroushalayim où l’homme est chez lui chez Dieu là où Dieu est chez Lui chez l’homme. En attendant, l’homme est étranger en ce monde et la Présence est en exil. L’attirance pour la femme captive doit être sublimée, ainsi elle se tond la tête et se débarrasse de ses vêtements de séduction cananéenne idolâtre pour se couvrir, dans un geste de pudeur qui sied bien aux filles d’Israël ; et pour elle, un vêtement de deuil. L’apparence extérieure de la beauté doit être gommée pour faire place à l’adhésion honnête à l’histoire et à la culture

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Réé : l’œil et l’ouïe, la vue et la voix

Les sens nous enseignent la réalité Vaste sujet ! Les philosophes en général et les philosophes juifs en particulier se sont creusés de tout temps le cerveau pour démontrer que la vision est plus noble que l’écoute, et inversement, que l’écoute est plus haute que la vision. Les psychologues et les physiologistes s’y sont collés, les uns arguant que notre cognition découle des sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher, la parole et l’intelligence émotionnelle ouvrent une porte sur le réel ; les autres arguant que ce que nous pouvons bâtir, réfléchir, décider, vouloir, ressentir dérive de ces sens. Auxquels il faut ajouter les découvertes actuelles : la thermoception qui permet de percevoir la température, la noniception ou perception de la douleur, l’équilibrioception ou sens de l’équilibre, la proprioception, de ressentir et de localiser, sans utiliser la vue, nos différents membres ou organes, la faim, la toniception, de ressentir notre tension musculaire. Ces sens sont les ressources physiologiques qui construit l’empirisme, de définir notre monde et d’en tirer des conclusions, même halakhiques. Il est possible de décliner à l’infini les sens et les perceptions qui dépendent des récepteurs nerveux réellement impliqués. Des animaux sont doués d’électroception, de détecter la présence d’un champ électrique sans contact direct, de magnétoception, de détecter la présence ou les variations d’un champ magnétique. Malgré tout, ces nouveaux sens semblent se définir selon les principaux sens déjà cités, bien que les récepteurs nerveux soient différents en leurs terminaux. Pour nous, les sens se joignent en l’homme pour qu’il puisse clamer sa joie de vivre et bénir le Seigneur. La voix en est le paradigme et c’est le signe de l’unité entre l’esprit et la matière. La voix est le lien indéfectible entre Dieu et l’homme par la révélation, depuis le Sinaï à travers l’histoire, et entre l’homme et Dieu, par la prière, de dire Shéma’ Israël, Écoute Israël. La traduction de shéma’ est : reçois, que chaque israélite fasse de sa personne un récepteur pour entendre la parole, qu’il façonne sa personne comme un réceptacle de la parole de sainteté qui prononce sans arrêt : Anokhi, Je suis Hashem, ton Dieu. Appel à recevoir Sa royauté qu’il nous faut entendre au présent, depuis les Dix-Commandements au désert, jour après jour, Devarim V, 19 : « Ces paroles, le Seigneur les adressa à toute votre assemblée sur la montagne, du milieu des feux, des nuées et de la brume, d’une voix puissante, qui n’en a pas fini ». À partir de nos multiples sens, nous bâtissons la compréhension de notre vie octroyée par Dieu. La voix est une réalité physique et spirituelle qui touche à ce mystère du lien entre l’esprit et la matière, c’est ainsi que le Psalmiste adoré d’Israël le clame, Téhilim, XL : « J’ai placé tout mon espoir en Hashem : Il s’est incliné vers moi, Il a entendu ma supplication…Il a mis dans ma bouche un chant nouveau, une louange en l’honneur de Dieu ; beaucoup s’en aperçoivent, éprouvent de la vénération et placent leur confiance en Hashem. Tu m’as perforé des oreilles (pour entendre). Aussi je dis : voici, je me présente ! Dans le rouleau du livre écrit qui se trouve sur moi : accomplir Ta volonté, mon Dieu, tel est mon désir ; Ta loi a pénétré jusqu’au fond de mes entrailles ». La préséance de l’écoute sur la vision Le fondement de la réception de la Torah depuis le Sinaï s’opère par l’écoute, comme dans la parasha ‘Eqev , Devarim VII, 12 : « Ce sera, après que vous ayez entendu ». Le principal est que l’homme se persuade de l’excellence de la parole divine en son cœur, comme le roi Shlomo le dit, I Malakhim, III, 9 : « Tu donnes à Ton serviteur un cœur qui entende, intelligent de juger son peuple, capable de distinguer le bien du mal ». Et par la suite, d’étudier ce qu’il a entendu en son cœur ; c’est ce qu’il faut comprendre par Shéma’ Israël. C’est aussi la signification, dans notre parasha, des deux premiers mots, Devarim XI, 26 : « Rééh Anokhi, Vois, Je vous propose en ce jour la bénédiction ou la malédiction ». Il faut lire comme s’il était ordonné : « Vois Je », avoir la conscience très aiguë de la présence de l’Être qui donne l’être, de Celui qui peut dire ‘Je’ dans la Torah et l’histoire. Car c’est l’intention du Créateur de donner la jouissance d’être à la créature. Cette injonction qui nous est ordonnée du « Voir Je » est aussi celle du verset de Shemot, XX, 15 : « Or, tout le peuple voit les voix, les feux, l’appel du cor, la montagne en fumée ; et le peuple, à cette vue, trembla et se tint à distance ». La vision est le principe de la réalité, car pour voir il faut qu’une lumière éclaire et chasse l’obscurité pour que tout objet soit défini dans ses contours (Maharal, Ner mitsva). Par contre, l’écoute ne s’effectue pas seulement par l’organe physique de l’oreille, mais il s’agit de l’entendement dans l’oreille profonde intelligible qui est la force spirituelle du discernement, dont l’ouïe est seulement l’aspect physique extérieur : « Nous comprenons que Moshé est plus grand au degré de Binah, le discernement (d’où vient l’entente) alors qu’Aharon est plus grand au degré de ‘Hokhma (car immédiatement il comprend comment produire les ustensiles du Tabernacle). Malgré tout, le degré de Moshé est plus grand que celui d’Aharon, car lorsque Dieu s’adresse à Aharon et à Myriam, Bemidbar, XII, 6, c’est par la négative : « Écoutez bien mes paroles, s’il n’était que votre prophète, Moi, Hashem, Je Me manifesterai à lui par une vision, c’est en songe que Je m’entretiendrais avec lui. Mais non, Moshé est mon serviteur ; de toute ma maison, c’est le plus dévoué. Je lui parle face à face, dans une claire apparition et sans énigmes ; c’est l’image de Dieu même qu’il contemple ». Le sujet de ce verset est l’entente dans la vision que Moshé observe (Ribi Avraham Hamalakh, ‘Hessed Léavraham, IV, p.16). Autrement dit, chez Moshé, l’entente a fusionné avec la vision en un seul faisceau, même si cela lui a demandé un surplus d’efforts, de risques et

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Israël, peuple de la prophétie monothéiste

«  42 Manitou-lhebreu.com   Vaét’hanan : Israël, peuple de la prophétie monothéiste Le Livre de Devarim, le Deutéronome, est la répétition générale de la Torah par Moshé, notre maître. Il entremêle le rappel des évènements vécus à la sortie d’Égypte par la génération des enfants d’Israël et les préceptes divins à préserver, par commémoration et par fidélité, ainsi que la leçon à tirer de ce temps de la révélation divine et des épreuves corrélatives à l’histoire des hommes. L’étude active la délivrance La recommandation de commémoration, par deux fois dans notre parasha, d’abord à la répétition des Dix Commandements puis dans l’exhortation du « Shema’ Israël, Écoute Israël » de l’unité de Dieu est le leitmotiv important répété par Moshé au peuple qui va conquérir sa « Terre donnée ». Or, si cette unité de Dieu est si souvent répétée c’est parce que cela n’est pas évident à la connaissance d’Israël. La connaissance qu’Israël a eue sous la conduite de Moshé, dans sa propre chair, de l’unité de Dieu, a besoin d’un travail de mémoire. C’est un métier dans les sciences de la Torah dont le viatique consiste en six cent treize mitsvot. Habituellement, les Dix Commandements sont divisés en deux Tables, dans la première les lois qui régissent les relations entre l’homme et Dieu et, dans la deuxième, les lois qui régissent les relations entre l’homme et son prochain. Rabi Abraham Ba’hya Hanassi Hasepharadi, qui vivait au Nord de l’Espagne il y a onze siècles, enseigne dans Higayon hanéfesh : Devarim IV, 13, (et Shemot XXXIV, 28) : « Anokhi Hashem Éloheikha, אנכי השם אלהיך, Je suis Hashem ton Dieu », est le titre générique de la promulgation des Dix Commandements, et voici comment y parvenir : avec la suite des commandements. L’exhortation à la mémoire de Moshé à Israël est bien la recommandation à rester fidèle au monothéisme hébreu radical, ce qui ne va pas de soi. Dans le schéma des Dix Commandements, le premier n’en serait pas un dans le sens habituel du terme mais une définition : voilà Qui suis-Je, puis : et voilà Ma Loi. Les neuf commandements suivants sont stipulés en trois groupes, le premier groupe de trois principes des lois qui régissent les rapports entre l’homme et Dieu, puis trois principes de lois qui régissent les conduites de l’homme et lui-même et enfin le dernier groupe de trois qui régissent les relations entre l’homme et son prochain. Dans le premier groupe, c’est au niveau de la ma’hshava, la pensée, l’idéal supérieur, le deuxième groupe est au niveau du dibour, de la parole, et le troisième est au niveau du ma’assé, de l’acte. Les trois groupes ne sont pas cloisonnés mais leur dimension véritable est le lien unificateur des trois groupes entre eux, soit un commandement de culte, soit un commandement de morale, soit un commandement de vie spirituelle et tous les commandements de la Torah relèvent d’une de ces trois intentions qui se retrouvent en filigrane dans les autres groupes entre eux. Leur lien unificateur est répercuté à travers tous les commandements de la Torah (Rav Yéhouda Askénazi, leçon orale 5753). Force est d’admettre que la répétition constante, à travers les générations, nous a familiarisé avec le principe de l’Unité de l’Être-Un qui est Dieu. Ce principe est rappelé dans la promulgation des dix commandements pour la génération d’Israël qui va entrer au Pays. Autrement dit : entrer au pays est le summum de la délivrance et cela passe par le Connaître-Dieu Un. L’Être-Un Or, il semble bien qu’une Torah orale ait précédé la Torah écrite par Moshé qui a donné ensuite naissance à la Torah orale actuelle, que tout Juif s’escrime à décortiquer, à laquelle tout élève des Sages lime son cerveau. La Mishna, le Talmud et les dires de nos Sages, depuis le Sanhédrin jusqu’à nos jours, ne seraient que la redécouverte de la Torah orale de notre Seigneur à Moshé, la mise à jour au vu et au su du monde entier de ce qui fut occulté. C’est ainsi que tout Sage du Talmud est nommé du nom de Moshé, Talmud Shabat, 101b : « Le grand de la génération est comme Moshé à sa génération. Shmouel à sa génération est comme Moshé à sa génération ». Sauf que la capacité d’écoute de Moshé est la plus grande qui soit, jamais apparue chez un être créé à l’écoute de la Parole de l’Être-Un. C’est, chez Moshé, sa condition d’être, un besoin essentiel, car l’exploration de la vérité se fait par l’écoute. Un autre Moshé, le grand aigle, Rabi Moshé Ben Maïmon, Rambam, termine son œuvre central Yad Ha’hazaqah, fondement des Sages du Talmud contemporains, par l’espérance de la venue des jours du Messie (Lois des rois et leurs guerres, XII, 5) : « En ce temps, il n’y aura ni famine, ni guerre, ni jalousie ni concurrence, car le bienfait se déversera d’abondance et tous les délices seront accessibles comme la poussière. Le monde entier n’aura d’autre préoccupation que le Connaître-Dieu. Les Enfants d’Israël seront de grands sages, détenteurs des secrets des choses et ils atteindront la possibilité maximale de la connaissance humaine de leur Créateur, comme le prophète Yésha’yahou XI, 9, dit : “La terre sera emplie de science du Seigneur, comme les eaux recouvrent la mer” ». Bien que l’essentiel de l’écoute est ce qui mène à la pratique : « nous ferons »; – c’est ce que la Loi nous demande, – le Rav Kook écrit, Lumières de la Torah, 8, 1 : « Lorsque “nous ferons na’assé” précède “nous écouterons venishma’”, cela souligne notre reconnaissance de la Torah comme segoulah élohit,סגולה אלוהית , la virtualité prophétique hébraïque, plus que le besoin utilitaire de l’acte exécuté qui ressort de son étude. Car la déclaration du “nous ferons” implique le lien avec le principe de l’étude pour application et lui est absolument intégré, tandis que le “nous écouterons” dans le sens de “nous comprendrons” est le lien à l’étude du principe lui-même, en propre ». L’expression “nous ferons” intègre la simple écoute première nécessaire pour savoir comment agir, tandis que l’expression “nous écouterons” implique l’investigation profonde qui façonne l’architecture interne

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Devarim : L’originalité particulière du cinquième Livre de la Torah

Devarim : L’originalité particulière du cinquième Livre de la Torah Shabat ‘Hazon Ce Shabat s’appelle Shabat ‘Hazon, au sens littéral : « Shabat de la vision », en référence au premier mot du premier chapitre du prophète Yésha’yahou, lu à la Haftara en complément à la parasha de la semaine, Devarim. Cette année, le calendrier hébraïque fait que dès la fin du Shabat 9 Av, juste après la Havdala, débute le jeûne du 9 Av, Tishé’a béav, qui est repoussé au lendemain, le 10 Av, jusqu’à ce que la Rabanout Harashit d’Israël se décide d’annuler cette anomalie, purement et simplement, avec tout ce que cela implique pratiquement et spirituellement. Le Talmud de Yéroushalayim Yoma I, 1 considère : « Chaque génération qui n’a pas reconstruit en son temps le Beth Hamiqdash, le Temple à Yéroushalayim, c’est comme s’il avait été détruit de son temps ». Cela veut-il dire que tant que notre génération n’a pas reconstruit le Temple, nous sommes encore entachés par les fautes morales qui ont abouti à sa destruction ? Le célèbre historien Flavius Joseph décrit l’état d’esprit du peuple lors de la destruction du Temple : « Pendant la journée, nous luttions contre les Romains et pendant la nuit, nous luttions les uns contre les autres ». Le peuple s’est moralement suicidé et les Romains n’ont eu aucun mal à le débouter. Les Juifs s’entredéchiraient et se sont stigmatisés, ils se sont punis eux-mêmes. De nos jours, d’incompressibles divergences d’opinion divisent notre société mais pas au point d’enclencher la guerre civile ni de conclure à une séparation irrémédiable d’une partie de notre peuple par rapport à l’actuel fait national juif, inventant une nouvelle religion avec la Torah sans la Terre d’Israël, ou un nationalisme sans comprendre la signification des mitsvot, ou un humanisme libéral en réfutant la pertinence des mitsvot et en déclarant vaine la nécessité de s’établir sur toute l’étendue de la Terre de nos ancêtres. Le Rav Kook affirme que personne ne détient la vérité absolue, aucune collectivité à l’intérieur du peuple ne doit annuler l’opinion spécifique d’une autre collectivité ; et il en va de même pour les individus. La haine gratuite qui vise à nous diviser, à souligner les lacunes d’autrui sans remédier aux siennes propres, existe encore à notre grand regret. Il nous faut accepter tout courant et toute tendance dans notre nation. Nous devons identifier tout ce qu’il y a de positif dans chaque mouvement de la nation et non s’attacher à condamner ce qui nous semble en contradiction au projet commun : l’unité du peuple juif. Chacun a le devoir de constater ses défauts, et de les corriger. Il faut permettre les échanges entre les différents milieux afin de préserver l’essentiel : un pour tous et tous pour Un. Néanmoins, le Rav Kook dénonce l’absence actuelle de perfectionnement dans les facultés humaines, dont l’imagination, le sentiment et l’intellect, afin de réintégrer la faculté prophétique dans l’ensemble des facultés humaines qui concourent à l’élaboration de notre connaissance. Sans cette perfection complète des sens tactiles, émotionnels, imaginatifs et intellectuels, l’esprit de sainteté ne peut aboutir à sa finalité normale et au couronnement naturel de la pratique et de l’étude de la Torah au sein de notre peuple : l’inspiration par l’esprit de sainteté, indispensable à la reconstruction de l’âme du peuple, et permettra aussi celle du Temple, Orot HaQodesh III, p. 355 : « En vérité, l’absence d’inspiration par le roua’h haQodesh, l’esprit de sainteté, est, pour le peuple d’Israël, non pas seulement le manque d’une complète perfection, mais c’est une infirmité et une maladie. Et sur la Terre d’Israël, c’est un handicap d’autant plus douloureux qui doit nécessairement guérir, Shemot XV, 26 : “Car Moi, le Seigneur, Je te guérirai” ». Il ne faut pas attendre qu’en dernier recours le Seigneur guérisse, il faut s’y atteler dès à présent, et avec l’aide du Seigneur, remédier à la maladie. L’inspiration prophétique par l’esprit de sainteté concerne le devoir de moralité de la nation hébraïque tout entière et, par son truchement, celui du genre humain. Devarim I, 1 : « Voici les paroles » Paradoxalement, c’est dans la Torah dictée par Dieu à Moshé que Moshé parle lui-même, de sa propre initiative, sous l’inspiration divine qui lui est propre. Or, Moshé est à ce niveau d’excellence où toute implication personnelle est gommée. Moshé est une personnalité collective dénuée de toutes considérations personnelles qui parle et divulgue la vérité vraie sans masque et sans déformation. À l’entrée en Israël, lorsque toute la génération du désert a disparu, la nouvelle génération doit entendre quelle est son origine, pourquoi elle en est arrivée là et quelle est sa fonction dans l’histoire. Dans un long monologue qui s’étend tout au cours du Deutéronome, le deuxième dire ou Mishné Torah, la répétition de la Loi, prononcé à la veille de l’entrée du peuple hébreu en Érets Israël, Moshé transmet ses ultimes recommandations. Moshé exhorte le peuple d’Israël à la première personne du singulier, en lui rappelant le récit de ses pérégrinations au désert et le périple des Enfants d’Israël depuis la sortie d’Égypte, mais aussi leur enseigne la Loi, ses principes et ses détails. Le Ramban, dans son introduction au Livre Devarim, insiste sur le fait que depuis le début à la fin, il s’agit bien de la parole du Seigneur incrustée dans l’oreille de Moshé, notre maître, qui la révèle pour l’entrée en Terre d’Israël, – c’est la Torah d’Érets Israël, Talmud Bérakhot 63b : « Shemot XXXIII, 11 : “Or, le Seigneur parlait avec Moshé face à face, comme un homme s’entretient avec son ami.” Rabi Yits’haq dit : Le Saint, Béni est-Il, lui dit : “Moi et toi expliquerons la Halakha de différentes manières (jusqu’à ce que le sens soit clair)” ». Le Seigneur et Moshé enseigneront la Loi selon différents points de vue, de façon à ce que tout soit authentiquement bien compris par tous. Au-delà de l’importante indication de l’universalité de la Torah indiquée par le Talmud, il faut souligner que Moshé seul, et ses fidèles adeptes après lui, peuvent expliquer la Torah à chacun et à chaque nation selon le point de vue qui lui convient. 9 Av,

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BALAK : La force de la vérité

«  38 Manitou-lhebreu.com   Balaq : La force de la vérité Balaq, une parasha au nom d’un ennemi Quand Israël sort d’exil pour réussir son Histoire, ‘Amaleq, le rival antinomique, apparaît. Lorsque les exilés d’Israël se rassemblent sur leur terre de prédilection comme un bourgeon qui pousse inopinément sur le terroir pour fonder à nouveau la nation hébraïque, ‘Amaleq, l’ennemi public, le contraire ontologique d’Israël, surgit toujours pour l’éliminer et le remplacer. Israël doit faire front à la menace physique d’Amaleq. Mais un autre danger réel et effectif s’attaque à Israël et c’est la menace spirituelle appelée à maudire Israël : Bil’am de tous les temps se retrouve dans les multiples formes de propagande qui martèle la contestation contre l’authenticité d’Israël. Voici qu’à nouveau, de notre temps, au rassemblement au compte-goutte des exilés de France, des Amériques et d’ailleurs, Israël tente d’authentifier son identité et se pose alors une problématique analogue faite de dénigrement et d’ambiguïté face à l’existence de l’État hébreu. La guerre d’Amaleq s’attaque au physique et lors de la sortie d’Égypte, il y eut la victoire d’Israël. Le Rouleau d’Esther raconte le conflit, il y a deux mille ans, avec la descendance d’Amaleq, Haman et les amalécites de l’Empire perse, qui s’est conclu par la prise d’armes des Judéens dispersés pour passer au fil de l’épée tous ceux qui voulaient nous tuer, victoire que nous commémorons à Pourim. À ce moment-là, où la messianité d’Israël frétille au-dessus des eaux tumultueuses et semble réussir, ‘Amaleq apparaît en tant qu’adversaire radical. Ce comportement naturel d’identité, dans son profil typologique, apparaît à chaque période de fin d’exil, dont l’objectif avoué est de détruire et remplacer Israël, et, à cette époque, ce fut la communauté judéenne de la première dispersion alors qu’elle se préparait au retour du deuxième royaume de Yéhouda, avec Mordekhai, ‘Ezra et Né’hémia (Talmud Meguila, Maharal in Nétsa’h Israël). Ce comportement d’identité néfaste, antithèse absolue d’Israël, s’attaque au physique quand les rejetons rescapés de la mort, affaiblis, reviennent physiquement sur leur terre. Et l’on peut affirmer qu’Hitler, sa mémoire est poussière !, n’a pensé à la «  »solution finale » » qu’après l’avoir ouïe du musulman ‘Ha’j Amin El ‘Housseini, auto-proclamé Grand Mufti de Al Qods-Jérusalem au temps de la montée du nazisme et chef des arabes à l’époque du mandat britannique en Palestine, qui le lui a conseillée. Il faut se reporter au courageux livre d’investigation historique de Jennie Lebel ‘The Mufti of Jerusalem’ qui met en lumière la collusion arabo-nazie et l’identification par les arabes, musulmans en général, à l’idéologie nazie, tant est qu’ils se portèrent volontaires aux SS. C’est bien à ce type d’ennemis auquel nous sommes confrontés aujourd’hui et les victoires consécutives d’Israël, appuyé par ses alliés, sur les énormes forces liguées contre lui s’inscrivent dans ce sens-là : ‘Amaleq apparaît toujours avec deux prétentions, détruire et remplacer Israël (Rav Yéhouda Askénazi, PE II, p. 225). Le fait que nous échappons systématiquement aux dangers qui s’inscrivent dans cette problématique ardue du rassemblement des exilés, ardemment souhaité et désiré dans le peuple hébreu, est à peine supporté par le reste de l’humanité, tout autant par les ennemis que par les amis. L’une des grandes leçons de ces péripéties, de ces bouleversements et de ces évènements de la sortie d’Égypte, de Pourim, de la Shoah, de toutes les persécutions subies, de toutes les tentatives de nous pourrir la vie est que l’unité du peuple juif constitue la plus grande des forces. Et comment être uni si nous ne vivons pas tous ensemble, rassemblés sur la même terre « que J’ai donnée à Mon peuple Israël », avec le même but et la même cause, la même aspiration : réussir le projet divin sans atermoiement et sans perplexité, en chassant le doute qui nous étreint et alimente nos scrupules ? Puissent nos dirigeants, tant religieux que politiques, ne plus confondre entre ennemis jurés et soldats d’Israël, entre le mauvais côté et le bon côté, entre les autres et ceux de chez nous. Qu’ils réfléchissent au caractère spécifique du peuple juif, peuple des réchappés de graves sinistres, peuple des rescapés du naufrage du reste de l’humanité, peuple des sauvés des eaux tumultueuses, du ventre du Grand Léviathan de l’Inquisition, de Chelminski, d’Hitler et, de nos jours, de l’Oncle Yishma’el… Exact actuellement L’État hébreu a réuni en Tsahal, l’Armée de Défense d’Israël, les moyens humains et militaires pour contrer l’intention d’exterminer notre peuple. Le Rav ‘Ovadia Yossef bénissait tout soldat de Tsahal qui garantissait la tranquillité des Juifs en Israël et à travers le monde, afin de pouvoir vivre et étudier la Torah sans être inquiétés, pour la première fois après deux mille ans d’exil, et où ailleurs si ce n’est sur notre terre ?! Il disait : « Tout soldat de Tsahal que nous voyons, nous devons l’embrasser » et il enchaînait avec la lecture de Téhilim et de prières pour la protection « de nos soldats bien-aimés qui servent dans Tsahal » qu’il affectionnait tout particulièrement, avec beaucoup de tendresse et de souci pour eux (kol-barama.co.il., youtube, facebook.com videos, wikiquote.org). Le Rav Mordekhai Éliahou a ordonné d’imprimer son Rituel de Prières Qol Éliahou avec la formule longue de la Prière pour les soldats de Tsahal. Nos deux Grands-Rabbins très réputés ont ainsi évoqué la puissance de vérité énoncée par Bila’am, le prophète des nations, à qui Balaq a fait appel pour maudire Israël mais qui s’est transformé en bénédiction, Bemidbar XXIV, 5 : « Ma tovou ohaleikha Ya’aqov, mishkenoteikha Israël ! Quelles sont belles tes tentes, Ya’aqov, tes demeures, Israël ! ». Bil’am est l’extension spirituelle de Balaq. Impuissant, voyant qu’il ne peut détruire Israël à lui tout seul, il fait appel au prophète authentiquement inspiré qu’est Bil’am, Bemidbar XXIV, 3-16 : « Parole de Bil’am, fils de Beor, parole de l’homme à l’oeil clairvoyant, de celui qui entend le verbe divin, qui est capable de percevoir les visions du Tout-Puissant, ma’hazei Shadaï yé’hézé ». Mais il ne peut contrer la vérité dictée par Dieu et, au lieu de maudire, comme cela était son intention à son départ en diapason avec les messagers de Balaq, il est obligé par Dieu, qui

BALAK : La force de la vérité Lire la suite »

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