BALAK : La force de la vérité

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Balaq : La force de la vérité

Balaq, une parasha au nom d’un ennemi

Quand Israël sort d’exil pour réussir son Histoire, ‘Amaleq, le rival antinomique, apparaît. Lorsque les exilés d’Israël se rassemblent sur leur terre de prédilection comme un bourgeon qui pousse inopinément sur le terroir pour fonder à nouveau la nation hébraïque, ‘Amaleq, l’ennemi public, le contraire ontologique d’Israël, surgit toujours pour l’éliminer et le remplacer. Israël doit faire front à la menace physique d’Amaleq. Mais un autre danger réel et effectif s’attaque à Israël et c’est la menace spirituelle appelée à maudire Israël : Bil’am de tous les temps se retrouve dans les multiples formes de propagande qui martèle la contestation contre l’authenticité d’Israël.

Voici qu’à nouveau, de notre temps, au rassemblement au compte-goutte des exilés de France, des Amériques et d’ailleurs, Israël tente d’authentifier son identité et se pose alors une problématique analogue faite de dénigrement et d’ambiguïté face à l’existence de l’État hébreu.

La guerre d’Amaleq s’attaque au physique et lors de la sortie d’Égypte, il y eut la victoire d’Israël. Le Rouleau d’Esther raconte le conflit, il y a deux mille ans, avec la descendance d’Amaleq, Haman et les amalécites de l’Empire perse, qui s’est conclu par la prise d’armes des Judéens dispersés pour passer au fil de l’épée tous ceux qui voulaient nous tuer, victoire que nous commémorons à Pourim. À ce moment-là, où la messianité d’Israël frétille au-dessus des eaux tumultueuses et semble réussir, ‘Amaleq apparaît en tant qu’adversaire radical. Ce comportement naturel d’identité, dans son profil typologique, apparaît à chaque période de fin d’exil, dont l’objectif avoué est de détruire et remplacer Israël, et, à cette époque, ce fut la communauté judéenne de la première dispersion alors qu’elle se préparait au retour du deuxième royaume de Yéhouda, avec Mordekhai, ‘Ezra et Né’hémia (Talmud Meguila, Maharal in Nétsa’h Israël).

Ce comportement d’identité néfaste, antithèse absolue d’Israël, s’attaque au physique quand les rejetons rescapés de la mort, affaiblis, reviennent physiquement sur leur terre. Et l’on peut affirmer qu’Hitler, sa mémoire est poussière !, n’a pensé à la «  »solution finale » » qu’après l’avoir ouïe du musulman ‘Ha’j Amin El ‘Housseini, auto-proclamé Grand Mufti de Al Qods-Jérusalem au temps de la montée du nazisme et chef des arabes à l’époque du mandat britannique en Palestine, qui le lui a conseillée.

Il faut se reporter au courageux livre d’investigation historique de Jennie Lebel ‘The Mufti of Jerusalem’ qui met en lumière la collusion arabo-nazie et l’identification par les arabes, musulmans en général, à l’idéologie nazie, tant est qu’ils se portèrent volontaires aux SS.

C’est bien à ce type d’ennemis auquel nous sommes confrontés aujourd’hui et les victoires consécutives d’Israël, appuyé par ses alliés, sur les énormes forces liguées contre lui s’inscrivent dans ce sens-là : ‘Amaleq apparaît toujours avec deux prétentions, détruire et remplacer Israël (Rav Yéhouda Askénazi, PE II, p. 225). Le fait que nous échappons systématiquement aux dangers qui s’inscrivent dans cette problématique ardue du rassemblement des exilés, ardemment souhaité et désiré dans le peuple hébreu, est à peine supporté par le reste de l’humanité, tout autant par les ennemis que par les amis.

L’une des grandes leçons de ces péripéties, de ces bouleversements et de ces évènements de la sortie d’Égypte, de Pourim, de la Shoah, de toutes les persécutions subies, de toutes les tentatives de nous pourrir la vie est que l’unité du peuple juif constitue la plus grande des forces. Et comment être uni si nous ne vivons pas tous ensemble, rassemblés sur la même terre « que J’ai donnée à Mon peuple Israël », avec le même but et la même cause, la même aspiration : réussir le projet divin sans atermoiement et sans perplexité, en chassant le doute qui nous étreint et alimente nos scrupules ?

Puissent nos dirigeants, tant religieux que politiques, ne plus confondre entre ennemis jurés et soldats d’Israël, entre le mauvais côté et le bon côté, entre les autres et ceux de chez nous. Qu’ils réfléchissent au caractère spécifique du peuple juif, peuple des réchappés de graves sinistres, peuple des rescapés du naufrage du reste de l’humanité, peuple des sauvés des eaux tumultueuses, du ventre du Grand Léviathan de l’Inquisition, de Chelminski, d’Hitler et, de nos jours, de l’Oncle Yishma’el…

Exact actuellement

L’État hébreu a réuni en Tsahal, l’Armée de Défense d’Israël, les moyens humains et militaires pour contrer l’intention d’exterminer notre peuple. Le Rav ‘Ovadia Yossef bénissait tout soldat de Tsahal qui garantissait la tranquillité des Juifs en Israël et à travers le monde, afin de pouvoir vivre et étudier la Torah sans être inquiétés, pour la première fois après deux mille ans d’exil, et où ailleurs si ce n’est sur notre terre ?! Il disait : « Tout soldat de Tsahal que nous voyons, nous devons l’embrasser » et il enchaînait avec la lecture de Téhilim et de prières pour la protection « de nos soldats bien-aimés qui servent dans Tsahal » qu’il affectionnait tout particulièrement, avec beaucoup de tendresse et de souci pour eux (kol-barama.co.il., youtube, facebook.com videos, wikiquote.org).

Le Rav Mordekhai Éliahou a ordonné d’imprimer son Rituel de Prières Qol Éliahou avec la formule longue de la Prière pour les soldats de Tsahal. Nos deux Grands-Rabbins très réputés ont ainsi évoqué la puissance de vérité énoncée par Bila’am, le prophète des nations, à qui Balaq a fait appel pour maudire Israël mais qui s’est transformé en bénédiction, Bemidbar XXIV, 5 : « Ma tovou ohaleikha Ya’aqov, mishkenoteikha Israël ! Quelles sont belles tes tentes, Ya’aqov, tes demeures, Israël ! ».

Bil’am est l’extension spirituelle de Balaq. Impuissant, voyant qu’il ne peut détruire Israël à lui tout seul, il fait appel au prophète authentiquement inspiré qu’est Bil’am, Bemidbar XXIV, 3-16 : « Parole de Bil’am, fils de Beor, parole de l’homme à l’oeil clairvoyant, de celui qui entend le verbe divin, qui est capable de percevoir les visions du Tout-Puissant, ma’hazei Shadaï yé’hézé ». Mais il ne peut contrer la vérité dictée par Dieu et, au lieu de maudire, comme cela était son intention à son départ en diapason avec les messagers de Balaq, il est obligé par Dieu, qui lui tord la bouche en lui fourguant un tuyau de communication vocale supplémentaire, de bénir Israël malgré lui. C’est ainsi que Bil’am incarne le summum de la bénédiction et aussi le summum de la méchanceté, car il conseille finalement Balaq de ne plus avoir recours à la prophétie de malheur qui se transfigure en bonheur, mais de séduire sexuellement les enfants d’Israël en envoyant les filles idolâtres de Moav les dévoyer, ce qui découvre son vrai visage torve et le définit comme relevant de l’impureté totale, pétri de méchanceté foncière (Or Ha’hayïm, Rav Tsvi Yéhouda Kook, Leçons IV, p. 280).

Une parasha entière au nom d’un étranger

Il y a donc, à la source, une typologie contraire à Israël, qui veut l’effacer physiquement : c’est ‘Amaleq. Mais aussi, il y a un profil d’hostilité spirituelle à Israël qui traverse notre histoire et veut au final, souterrainement ou au grand jour, l’éradication, et physique et spirituelle, des Juifs : c’est Balaq et Bil’am. Et finalement, il s’agit bien de Bil’am et de sa personnalité ambigüe, par laquelle la Torah nous suggère cette vérité fondamentale : de même qu’il y a les gradations de prophétie de sainteté chez Moshé, les quarante-huit prophètes et les sept prophétesses hébreux de la Bible, de même en vis-à-vis, en face, il y a les gradations de prophétie de malheur, du monde à l’envers, de l’autre côté.

Le prophète est l’homme par qui la parole de Dieu se révèle, Bemidbar XXIII, 5 : « Le Seigneur mit Sa parole dans la bouche de Bil’am…». Malgré tout, il a avec Moshé, notre maître, une affinité, tout prophète n’étant plus libre de s’exprimer seul si ce n’est qu’il subit la parole de Dieu. Et c’est le seul côté positif chez Bil’am. C’est pourquoi la Torah a intégré Bil’am dans son récit et lui a donné une place de choix pour signifier que l’ordre des valeurs procède de la volonté du Créateur.

Arrivé à la fin de son périple au désert, Israël s’empêtre dans des complications spirituelles profondes : Bil’am, le prophète d’envergure biblique contraire au projet de moralité propre à la conscience hébraïque, et les filles belliqueuses de Moav, séductrices et enjôleuses, beautés idolâtres empoisonnées et fleurs du mal.

Si, auparavant, le roi d’Arad a entendu de loin, un ouï-dire qu’Israël arrivait pour reconquérir son pays, Bemidbar XXI, 1 : « Il entendit, le Cananéen, roi d’Arad, habitant au Néguev, qu’Israël s’acheminait et il partit en guerre contre Israël », Balaq, quant à lui, a vu de tout près, de ses propres yeux, comment Israël a mis en déconfiture deux rois en qui il avait entière confiance. Rashi dit : Il vit Israël exterminer ses ennemis, l’Amoréen Si’hon et ‘Og, roi de Bashan. Or, ce dernier était installé là depuis des lustres, resté des derniers Rephaïm du temps de Noa’h, et il s’était accroché à une fenêtre de l’Arche d’où Noa’h l’alimentait (Talmud Nida 61a, Devarim III, 11).

Bemidbar XXII, 2 : « Balaq, fils de Tsipor (Tsipor, l’Oiseau, est-ce Horus, dieu faucon de l’ancienne Égypte, fils d’Isis et Osiris ?), vit tout ce qu’Israël avait fait à l’Amoréen, et il fut saisi de terreur ». Qu’a bien pu voir Balaq, le grand magicien ? Il vit les augures, les mouvements de l’Oiseau qui était son maître (Midrash Bemidbar Raba 20, 18, Zohar 3) afin de déterminer le moment propice pour contrer Israël. Comment s’appelle cet oiseau ? Il s’appelle Yadoua’, le connu, le célèbre et réputé prédicateur (Devarim 18, 9).

Balaq, propagateur du mal, était l’un des petits-fils de Yitro qui s’appelait aussi Tsipor, l’Oiseau, c’est ainsi qu’il avait appelé une de ses filles Tsipora, l’Oiselle, qui épousa Moshé. Pour cette raison peut-être dit-on en français pour une jeune fille à marier : Madem’Oiselle ? Balaq était le seul à demeurer idolâtre, repoussant le monothéisme auquel Yitro et ses proches s’étaient convertis. Mais avec Routh, la Moabite, il est l’un des aïeux de David, et il participe ainsi à la lignée messianique. C’est pour cela que la Torah a intégré dans son récit Balaq avec Bil’am, car « précisément parce que le principe de la Bible des Hébreux consiste en un monothéisme réel radical, il faut s’attendre à ce que la révélation dont il est parlé concerne l’universel humain. Par conséquent, partout où se trouve l’aptitude à écouter la Parole, apparaît aussi la capacité de prophétie, en principe sans aucune restriction d’identité ».

Il en va ainsi de toutes les nations et de tous les ennemis d’Israël : ils entrevoient la puissance universaliste de la messianité d’Israël et participent à la divulguer, bon gré mal gré, en se résignant à la force de la vérité, que cela soit par la négative ou par la positive (Talmud Nazir 23b).

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