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LA FIN DES GUERRES

par Rav Aviner - Machiv Harouah, le 25/03/24
Le philosophe Kant voyait deux solutions pour la paix, avant même le relèvement moral de l'espèce humaine :
1. La paix économique. Les différentes nations seront tellement impliquées les unes dans les autres en termes d’économie et dépendantes les unes des autres, qu’il ne sera pas rentable pour un pays d'en renverser un autre, de peur qu'il ne soit impacté avec lui. Il y a là une vision lucide de l'économie mondiale, qui devient de plus en plus vaste et intégrée. Mais ce n’est pas une solution parfaite. Car au contraire, la guerre naît parfois de facteurs économiques, lorsqu’un peuple pense qu’il a été lésé. Bien sûr, si une sorte d’arrangement économique apporte la paix, nous en serons très heureux, mais nous sommes conscients que l'espèce humaine, et nous en faisons partie, est une réalité bien plus complexe.
2. La paix de terreur. L'espèce humaine est armée de moyens de guerre si puissants que même celui qui gagne la bataille peut finir par subir la même chose, et cela n’en vaut pas la peine. Même s'il lâche une centaine de bombes à hydrogène sur son ennemi et qu'il ne reçoive en retour qu'une petite bombe nucléaire, cela n’en vaut pas la peine pour lui.
D’où la solution d’une paix de terreur. Mais ce n’est pas non plus un remède miracle. Parallèlement à la limitation dans l'utilisation des armes de destruction massive, les guerres se poursuivent avec des armes classiques, conventionnelles. D’ailleurs, il y a aussi des fous qui ne reculent pas devant un effet retour. En fin de compte, même cette méthode n’est pas une tactique sans défaut.
S'il en est ainsi, que se passe-t-il entre-temps ? N'aurons-nous jamais la paix ? La paix est malgré tout possible, même si l’ennemi reste un ennemi, et ce, grâce à la force de dissuasion, grâce à une armée puissante. Quiconque essaiera de nous frapper, rencontrera une telle riposte qu'il cessera.
Avant la guerre du Sinaï, nous étions harcelés et assassinés. Même si, après la guerre, nous nous sommes retirés, cela a suffi à semer crainte et terreur chez nos ennemis.
Même après la guerre des six jours, les ennemis de l’intérieur comme de l’extérieur restèrent tranquilles. Et la guerre du Kippour a été une défaite inimaginable pour nos ennemis, car nous avons gagné malgré l’avantage stratégique que leur procurait l’attaque surprise, si bien que depuis vingt-neuf ans maintenant, les ennemis de l’extérieur n’osent pas nous attaquer. On peut donc constater que la dissuasion fonctionne.
La force de dissuasion est un principe philosophique juridique dans le livre More Nevouhim de Maïmonide. Il est impossible de placer un policier partout, et c'est pourquoi il faut dissuader : quiconque ose faire le mal sera puni de telle manière qu'il ne songera plus jamais à répéter sa méchanceté. Cela aussi s'appelle établir la paix. Bien que ce ne soit pas l’idéal de paix le plus élevé, dans la pratique la paix règnera. Une catégorie de paix, du moins.
C'est ainsi qu'il est écrit dans la Torah : « Et j'établirai la paix dans le pays »; or, dans la suite, on peut trouver : « Tu poursuivras tes ennemis et il tomberont devant toi sous l'épée ». Comment est-ce possible, quelle est donc la paix annoncée ? Réponse : « Et le glaive ne traversera point votre pays » (début de la Parasha Behouqotai). Si nous pouvons vivre tranquillement dans notre pays, en lieu sûr, et que notre armée mène des batailles défensives sur le territoire ennemi, c'est ce qu'on appelle la paix. A l'intérieur de notre pays, nous sommes en sécurité.
C’est une forme de paix, due à la dissuasion engendrée par les victoires, combinée à la sagesse et à la capacité de conserver les fruits de la victoire.
En même temps, nous devons être réalistes et savoir que depuis notre retour dans notre pays, nous sommes entrés dans une période de guerres. C'est ainsi que nos sages décrivent la délivrance et les temps messianiques : « le septième (millénaire), des guerres » (Sanhédrin 96 a). Rachi explique : Entre nous et les nations du monde, nous sommes passés du stade des pogromes au stade des guerres - qui est un million de fois moins pire, puisqu'il est possible de se défendre.
C'est ainsi que le Maître du monde a établi l'ordre des choses. "Maître des guerres, il fait germer le salut" (bénédiction avant le Chema). De cette chose mauvaise qu'est la guerre, il fait naître la délivrance. La guerre, avec ses horreurs, est à l'origine de l'éclosion de toutes sortes de bonnes choses. Le bien sortira du mal.
Cependant, « Une espérance qui traîne en longueur est un crève-cœur » (Proverbes 13,12). Et celui qui pense que la paix sera facilement obtenue n'est qu'un rêveur, il sera déçu et risque même de nous causer du tort lorsque l'ennemi qui œuvre contre nous, nous trouvera mal préparés à la guerre, physiquement ou mentalement. La conception qui recherche la paix de façon naïve et négligente finit par causer des dégâts et aboutit à repousser la paix.
Mais le fait de reconnaître avec lucidité que nous vivons en temps de guerre et que nous sommes prêts à en assumer la responsabilité, c'est cela qui nous rapproche en fin de compte de la paix attendue.




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