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La tentation de l’Occident

Quinze jours après les actes de barbarie effroyables du mouvement terroriste Hamas, dont Israël a fait l’objet, une partie des opinions publiques est déjà en train de se retourner et de mettre dos à dos Israël et les terroristes du Hamas.  Les positions particulières prises par une majorité de personnalités publiques en France sur la situation en Israël et à Gaza ressemblent un peu à un lynchage médiatique dans lequel la démocratie Israélienne et les bouchers du Hamas sont trop souvent mis au même niveau. La réaction de solidarité vis-à-vis d’Israël aura été de courte de durée de la part d’un monde occidental aveuglé par ses relations ambiguës avec le monde musulman, et la peur de voir la situation s’embraser sur son propre territoire. La rentrée de l’armée Israélienne dans Gaza devrait évidemment compliquer encore les choses et achever de condamner l’image de l’état hébreu et de discréditer ses actions. Il aura donc fallu une petite semaine après le drame qui nous a laissé dans un état de sidération et d’effroi, pour que l’on recommence à parler des divisions en Israël, des erreurs du gouvernement de Benyamin Netanyahou, des « colons » Israéliens, de l’occupation et des responsabilités d’Israël sur la bande de gaza, ainsi qu’en Judée Samarie comme pour trouver des prétextes pour passer à autre chose et poursuivre sempiternellement la stigmatisation de l’état hébreu.  Le bruit puissant de la propagande dans un monde occidental, qui a une vision absolutiste de l’humanité et des relations peu claires avec le monde musulman, efface désormais le cri de douleur d’Israël meurtri sur sa terre et dans sa chair, par le mal absolu. Il y a certainement une réflexion à avoir sur les agissements du gouvernement, sur les raisons qui ont permis un tel massacre, sur les divisions qui ont fracturé le pays ces derniers temps, sur les relations avec les Palestiniens, mais l’heure n’est pas à ces inventaires. Revenir prématurément sur ces problèmes c’est priver le peuple d’Israël de son statut de victime. Ce renversement ou le bourreau se retrouve victime et la victime bourreau est une véritable torture supplémentaire infligée au peuple Israélien.  Il parait donc utile de rappeler la façon dont les choses se sont passées. Après l’attaque terroristes sans précédent dont Israël a été la victime, des bébés, femmes, enfants familles entières ont été massacrés, d’autres brulés vifs, d’autres encore découpés, les vidéos de ces exactions envoyées aux familles, plus de deux cents otages aux mains des terroristes… on a vu dans les rues de nombreux pays arabes des scènes de joie, de fêtes, de célébrations, dans un climat de détestation absolu de l’état d’Israël. Pourtant les personnes qui défilaient n’étaient pas des terroristes, ni des membres du Hamas ou du Djihad Islamique, ni même, pour la plupart, ce qu’on a appelé, pour donner un nom au mal, des islamistes. Non, c’étaient de simples musulmans qui face à l’horreur, au mal absolu, à ces atrocités commises sur des juifs parce que juifs, ont manifesté leur joie de voir Israël et les juifs touchés à mort. Dans le monde musulman, quelques voix courageuses ont condamné ces atrocités avec beaucoup de fermeté et de précision parfois, mais elles ne sont pas suffisamment nombreuses, et la façon dont le « conflit Israélo Palestinien » est immédiatement revenu sur le devant de la scène nous laisse percevoir la signification de ce refus à nommer les choses. Lorsqu’un hôpital a été pris pour cible, touché par un missile, c’est de nouveau l’embrasement dans la région et dans l’ensemble des pays arabes. Le nombre de victimes est considérable nous dit-on. Les condamnations d’Israël se multiplient : Israël a le droit de se défendre mais dans le respect du droit international.  Mais cette fois-ci c’est trop grave, alors Israël refuse de céder une fois de plus dans la guerre des médias, et le porte-parole de Tsahal, explique précisément, preuves à l’appui, en recoupant plusieurs vidéos et enregistrements, que ce missile est un missile du Djihad islamique tiré depuis le cimetière qui jouxte l’hôpital.  Les erreurs de tirs de missiles de ces terroristes sont fréquentes et il arrive que ces derniers tombent de temps en temps sur Gaza, ce qui nous laisse perplexes sur la compassion que les terroristes témoignent pour le peuple qu’ils sont censés défendre et protéger.  Le chiffre communiqué par le gouvernement palestiniens (qui sont en fait les données fournies par le Hamas) est officiellement de 471 morts dans l’hôpital, alors qu’un service de renseignement européen donne des chiffres totalement différents de 10 à 50 morts ! Mais ce sont bien les chiffres donnés par le Hamas que l’on a commencé à diffuser un peu partout. Malgré ces précisions, le discours majoritaire est qu’Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité du tir de missile sur l’hôpital. La société française traversée par un fort courant propalestinien ne veut pas faire de vagues, et l’opinion renvoie de nouveau Israël et le Hamas dos à dos.  La parole de la démocratie Israélienne ne vaut-elle réellement pas plus que celle des terroristes du Hamas pour qu’on leur accorde la même valeur ? Est-il normal que l’on reprenne les chiffres fournis par le Hamas ? Ne serait-il pas utile de s’interroger sur les manifestations de joie et de liesse qui se sont tenues dans les pays musulmans autour d’Israël, afin de célébrer les massacres de juifs ? de s’interroger sur des terroristes de l’Etat palestiniens dans la bande de gaza qui tirent des roquettes depuis un cimetière et touchent un hôpital au sein même de Gaza ? Comment accepter le fait que les roquettes qui frappent Israël soient tirées depuis des écoles, des hôpitaux ou des habitations ? Que les infrastructures militaires soient abritées sous des hôpitaux ou des écoles ? Que le Hamas utilise la population civile comme bouclier humain, et qu’il empêche les habitants de fuir (pour ceux qui le souhaitent) ? Tout cela n’étonne plus personne. Pourtant c’est à l’œuvre depuis bien longtemps. Il est évident qu’une pensée pour les victimes palestiniens est nécessaire, indispensable même, mais rendre Israël responsable relève de l’injustice. Ils sont victimes pour

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Le choc, l’horreur, la sidération… L’abîme et la lumière qui point

Le choc, l’horreur, la sidération… L’abîme et la lumière qui point Ce samedi 7 octobre, pendant le Shabbat et fête de Simhat Torah, Israël a été la cible d’une attaque terroriste éclair, préparée dans le plus grand secret par l’organisation du Hamas. Cette attaque, d’une ampleur historique, d’une violence et d’une barbarie inédite, laisse la planète dans un état de choc, de torpeur, de sidération … ce qui, à l’avenir, va radicalement modifier les enjeux et les équilibres de la région.  Qui sont-ils ? Peut-on encore qualifier ces terroristes d’êtres humains ? Le bilan provisoire est cataclysmique : des enfants décapités, des jeunes massacrés, des femmes torturées, dénudées, traînées dans la rue à la vue de tous, des personnes âgées enfermées puis brûlées vives chez elles. A ce jour, on compte en Israël 1.200 morts et 2.800 blessés.  On a comparé ce massacre aux attentats du 11 Septembre, ou encore à ceux du Bataclan. Mais il faut mettre les choses en perspective avec d’une part le nombre de morts par rapport à la population d’Israël, ce qui serait l’équivalent de 40 Bataclans ou 10 fois les attentats du 11 septembre. Par ailleurs, les terroristes sont des voisins d’Israël, la menace est constante, permanente et quotidienne, elle ne disparaît vraiment jamais, c’est effrayant de vivre avec le poids d’une telle proximité. La comparaison avec la Shoah aussi ne paraît pas correspondre. Si au niveau de l’intensité et de la bestialité on peut retrouver les actes de tortures réalisés par les nazis, les attentats actuels ont été réalisés sur le territoire israélien, ce qui est différent, puisqu’à l’époque des nazis, les juifs n’avaient pas de terre. Les hébreux ont donc été attaqués ici sur leur sol ce qui est totalement inédit depuis l’époque des Grecs, période pendant laquelle les juifs étaient sous domination Grecque sur leur propre terre. Mais depuis, les juifs se sont redressés, la période pendant laquelle Jacob était massacré, torturé, exterminé sans possibilité de répondre est révolue, désormais l’Etat hébreu sur sa terre à la possibilité de se défendre. C’est ce qu’il va faire. A ce bilan vient s’ajouter le nombre effrayant de 150 à 200 otages…  Ce contexte complique considérablement le travail de deuil et n’offre pas de perspective pour une éventuelle sortie de crise à court terme. Il va falloir continuer à être rattaché à cet événement, vivre avec pendant encore un long moment, ce que les barbares ne manqueront pas de le rappeler à chaque riposte   Malgré l’effroi, la tristesse, les difficultés, la sidération et la colère, un flambeau d’espoir et de réconfort éclaire actuellement Israël : les élans d’entraide et de solidarité se multiplient un peu partout sur le territoire Israélien et sont accompagnés par de nombreuses personnes et organismes en dehors d’Israël :Don de sang avec un élan de générosité tel que les équipes médicales sont obligées de limiter l’arrivée des donneursMobilisation militaire des réservistes, mais aussi des volontaires de tout âge.Centres aérés assurés par des adultes et des adolescents, pour les enfants dont les pères sont mobilisés,Equipes d’adolescents pour aider les familles à démonter et ranger la Soucca (des personnes âgées et des mères dont les maris sont à l’armée)Préparation de plats cuisinés envoyés dans les bases militairesVolontaires pour babysitting pour les enfants du corps médicalStands de sandwichs et boissons pour les soldats sur toutes les routes du paysHôtels et particuliers disposés à accueillir des familles du front.Le corps enseignant maintient le contact avec les élèves et envoie des petits films avec des messages réconfortants.Une solidarité constante de familles et d’amis qui vivent en dehors d’Israël Le peuple hébreu dans la douleur sait retrouver son unité et s’il ne doit y avoir qu’un message d’espoir à retenir dans cette période terrible, c’est bien celui de cette unité retrouvée dans la douleur et dans le deuil. Cet élan spontané d’entraide et de solidarité en est l’illustration.A l’exemple de la population, le gouvernement s’est uni pour faire face, ensemble, à cette nouvelle réalité.  Est-il possible de conserver une espérance dans ce chaos et ce malheur. Le choc, la tristesse et l’affliction sont profonds et secouent la société israélienne et l’ensemble des juifs du monde, défiant même le souvenir des heures les plus sombres de l’humanité au cours desquelles les juifs ont été la cible de sauvageries innommables. La bête s’est réveillée et avec elle son cortège de croque-morts et de fossoyeurs, profondément attachés à la disparition de l’État d’Israël et à la détestation des juifs. Ce sont des juifs que l’on a voulu exécuter parce que juifs.  Et les discours haineux continuent de se faire entendre en France. Certains à gauche de la gauche s’illustrent par leur mépris de la reconnaissance du drame qui vient de se jouer et confirment leur haine sans limite pour l’Etat d’Israël. Les démonstrations de soutien à un groupe terroristes, l’apologie du terrorisme constituent des effractions qui sont punies de peines de prison en France. Pourtant cela n’empêche pas certains de refuser de concéder le terme de mouvement terroriste au Hamas, les actes dont nous avons été les témoins ne seraient que la manifestation de la volonté d’un peuple à recouvrer son intégrité territoriale, c’est le moyen qu’ils ont trouvé pour se faire entendre. Le Hamas et l’Etat d’Israël sont renvoyés dos à dos, comme souvent. Mais là ce discours n’est plus audible, il n’a plus sa place, la ligne rouge est franchie, et révèle ce que nous supposions. Difficile, très difficile, d’entendre de tels propos après ce que nous venons de vivre, pourtant ils se tiennent en France. La bête est revenue mais elle ne revient pas par là où on l’attendait. C’est désormais la gauche de la gauche qui se dévoile et déverse sa haine.  Prétendre détester à ce point Israël c’est révéler aujourd’hui qu’à travers la détestation d’Israël c’est le juif que l’on déteste. Si nous pouvions penser jusqu’à présent que les positions tenues depuis de nombreuses années par ces partis étaient le résultat de calculs politiques, à des fins électorales pour attirer un électorat musulman important, on a désormais tristement la preuve qu’il n’en était rien mais que c’est bien par idéologie, par conviction, par essence même que

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Ligne de fuite

Malgré les négociations en cours sur la réforme judiciaire et institutionnelle, la crise politique israélienne semble devoir perdurer. Signe sans doute que la question dépasse le simple et nécessaire rééquilibrage entre les pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif. Déjà beaucoup d’observateurs ont évoqué une crise d’identité. Deux conceptions du pays s’opposeraient. Celle du camp « laïc » qui voudrait faire d’Israël un État démocratique à l’image des pays occidentaux et celle de la droite sioniste et religieuse qui, a contrario, chercherait à renforcer le caractère juif de l’État.  Après 75 ans d’existence, Israël est devenu une puissance régionale reconnue et redoutée. Son influence sur la scène internationale ne cesse de grandir sur les plans géopolitique, militaire, technologique et humanitaire, en particulier sur les continents asiatique et africain. Son statut d’État souverain est dorénavant plein et entier. Bien que tout danger ne soit pas écarté, loin de là, sa préoccupation principale n’est plus de garantir sa survie mais bien de prendre des responsabilités pour l’avenir de l’humanité. L’heure a sonné pour le peuple juif, redevenu hébreu, d’assumer son destin singulier à la fois particulier et universel.  S’engager dans cette voie n’est pas chose facile. Comme de passer de l’adolescence à l’âge adulte. D’où la crise de croissance identitaire que traverse le pays et qui se manifeste par une hésitation face à la manière de concevoir son avenir. Car, une fois atteint l’objectif d’un peuple rassemblé sur sa terre et politiquement souverain, la question se pose en effet de savoir ce qu’il convient de faire de cette réussite. Faut-il s’en contenter et poursuivre une existence normalisée, où faut-il seulement préserver, sans plus d’égard pour le monde, une identité particulière ?  Le camp « laïc » semble vouloir opter pour la première proposition. Il n’a de cesse que de se référer aux Nations d’Occident et de se situer dans leur camp, le camp du « Bien » qui suit la pensée « main stream » avec un contentement bourgeois. Attitude honnie par les nationaux-religieux qui la rejettent comme une forme d’assimilation et qui prétendent, à l’inverse, agir pour maintenir avant tout chose le caractère juif de l’État. Posture que les Laïcs repoussent à leur tour comme un nationalisme étroit propre à fragiliser l’image d’Israël dans le monde, à affaiblir sa puissance et à l’isoler diplomatiquement.  Le débat paraît aujourd’hui comme figé. Chaque camp voit dans l’autre le fossoyeur de ses propres idéaux et le rend responsable d’une mise en danger existentielle du pays. D’où la violence des échanges, l’incapacité à se parler où simplement à se reconnaître. D’où aussi une difficulté à penser une situation qui résulte d’une forme d’aveuglement face aux enjeux. D’où enfin la nature paradoxale d’un débat où chacun s’accorde à faire le constat d’une crise extrêmement profonde sans qu’aucun des deux camps n’aborde de front la question de fond, celle de savoir de quel instrument souhaite vraiment jouer Israël, maintenant que la nation hébraïque a pris toute sa place dans le concert des Nations. Doit-elle rejoindre le corps des violonistes mondialistes ou le groupe des percussionnistes illibéraux ? Dispose-t-elle d’un instrument spécifique à faire entendre ? Doit-elle s’efforcer d’influer sur la marche global de l’orchestre ou demeurer résolument hors de la fosse ?  Pour briser l’immobilité d’un face-à-face mortifère, Israël ne peut que faire retour à l’impératif du Lech Lecha et se convaincre de la justesse de sa route singulière même si le parcours reste incertain et la destination dans le lointain. La situation requiert une remise en marche « historiosophique », seule de nature à faire cohabiter les deux camps et à les ramener à la marche unifié qui présidait aux déplacements du peuple au désert. L’Hébreu, celui dont l’identité est passage, ne saurait se maintenir en effet dans la fixité de son essence. Il se voit contraint aujourd’hui de retrouver une manière d’aller commune, une halacha nationale qui puisse aussi servir de guide aux autres Nations.  La crise actuelle ne saurait donc faire l’économie du questionnement qui s’impose à lui : redéfinir son rôle pour la suite de l’histoire. Cela revient à répondre, au moins tacitement, à la Question du jour qui est aussi celle de toujours : acceptons-nous d’endosser ou non la vocation que la tradition assigne au peuple juif depuis le commencement : un peuple séparé, une royauté de prêtres, une lumière pour les Nations.   Manitou est le penseur de la sortie de crise : ni assimilation aux Nations , ni crispation ou régression identitaire mais affirmation d’un particularisme à vocation universel.  D’un côté, la piste de la normalisation est naturellement sans issue. Israël aurait-il survécu à 3500 ans d’histoire pourdevenir, en bout de course, un énième État des Nations-Unis ? Mais de l’autre, l’idée qu’il faudrait seulement défendre l’identité juive de l’État sans se soucier dans le même temps de la vocation hébraïque de la Nation juive conduit également à l’impasse. Ni la Californie, ni la Hongrie ou l’Iran. Israël ne doit pas chercher de modèles extérieurs mais bien plutôt s’efforcer de proposer l’idéal qui est le sien et dont il a la charge du rayonnement. Ce modèle est celui d’une société où règne la justice. Pas d’une société qui contourne la justice. Mais pas non plus d’une justice qui ramène le juste au raisonnable.  Pour sortir de la nasse, Il convient de réunir les deux camps dans une visée commune : celle d’une fidélité, sans impatience, à la perspective messianique qui traverse l’histoire juive. Toutefois, l’approfondissement de la spécificité nationale ne saurait se comprendre sans l’objectif qui la justifie : celui de rallier toutes les Nations à un universel humain respectueux de toutes les particularités où serait réalisée l’unité des valeurs. Cela implique impérativement l’unité du peuple. Comment y parvenir ? En levant les yeux vers la ligne d’horizon afin de se remettre en marche. En reconnaissant que l’autre camp porte aussi des valeurs, certes partielles donc dangereuses dans l’absolu, mais nécessaires à l’émergence de l’équilibre qui donnera à chacune d’elles sa place et à toutes une cohérence pour faire avancer l’histoire.  Pour

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L’ouverture de la mer – Le Zivoug

On se situe à l’instant de l’histoire ou après avoir accepté de laisser partir le peuple (il faut voir l’étude qui permet de comprendre pourquoi les hébreux avaient besoin de l’accord de Pharaon pour sortir d’Egypte) Pharaon revient sur sa décision. Il y a des moments dans l’histoire ou on fait face à une révélation, un dévoilement d’évidences, qui vient à l’encontre de la manière de penser habituelle, puis le temps passe (ici 3 jours) et Pharaon revient aux habitudes de pensées antérieures. Il se lance avec toute son armée à la poursuite du peuple des hébreux. Les hébreux se trouvent coincés entre la mer des joncs devant eux, et l’armée Egyptienne, derrière. Et le verset nous dit (Chemot 14,10) « Les fils d’Israël levèrent les yeux, et voici l’Egyptien partant derrière eux, Ils eurent très peur, les fils d’Israël crièrent devant Hachem ». La question qui se pose ici est : Pourquoi les enfants d’Israël ont peur ? Ils ont bénéficié de dix miracles, les dix plaies, ils savent que leur Dieu et avec eux et les aide à sortir d’Egypte. Pourquoi alors avoir peur ? Dieu fera un onzième miracle et va sauver les enfants d’Israël. Où est le problème ? On comprend la difficulté, mais pourquoi une telle peur. Ce n’est pas pire que ce qu’ils ont eu à traverser pendant leur exil en Egypte, et Dieu vient de les libérer. Alors on s’interroge sur cette peur brutale et soudaine qui s’empare des enfants d’Israël. Manitou nous explique le problème : Pendant les dix plaies il a été dit aux Egyptiens soit vous subissez tel ou tel plaie, soit vous laissez partir le peuple. Or les Egyptiens ont subi les dix plaies. Ils sont donc fondés a garder le peuple des hébreux en esclavage en Egypte. La justice stricte ne peut pas trancher entre d’un côté les hébreux qui ont été dans la servitude la plus dure et la plus difficile en Egypte, et de l’autre côté les Egyptiens qui ont subis les 10 plaies et qui sont donc désormais légitimes à conserver les hébreux en esclavage. Les mérites et les démérites sont équivalents d’un côté et de l’autre et la justice stricte ne peut pas trancher. A la rigueur ayant subi les 10 plaies les Egyptiens ont plus d’arguments à faire valoir pour conserver les hébreux esclaves, que les hébreux n’ont désormais d’arguments pour s’affranchir de l’Egypte. On peut rajouter que cela fait 210 ans que les hébreux sont en exil en Egypte et non 400 ans comme cela avait été annoncé à Abraham. Or la durée de 400 ans est connue des hébreux mais elle est aussi connus des Egyptiens.  Et Manitou nous décrit la scène racontée au chapitre 14, verset 10 du livre de l’exode : Les Hébreux lèvent la tête, ils voient l’Egyptien. Pourquoi l’Egyptien au singulier ? En fait ils lèvent la tête, et en levant la tête ils ont vu l’ange protecteur, l’ange tutélaire de l’Egypte, venir devant eux pour défendre le dossier des Egyptiens. Et comme nous l’avons vu cet ange a de sérieux arguments à faire valoir qui a de quoi inquiéter les hébreux, le dossier est très solide.  D’où la crainte des hébreux. Notre conception du monothéisme intégral est différente des autres ; En général devant mon ennemi, je suis confronté au Dieu de mon ennemi, et je suis protégé par mon propre Dieu. Derrière un conflit entre deux traditions il y a le conflit entre « deux Dieux différents ». Mais dans la tradition hébraïque la conception n’est pas la même. Derrière mon ennemi il y a mon Dieu et derrière moi il y a aussi mon Dieu. Derrière chaque conflit, je dois faire alors la preuve à mon Dieu que je suis plus méritant que mon ennemi. Et ici la chose n’est pas facile on l’a dit. C’est la raison pour laquelle l’ange tutélaire des Egyptiens effraye à ce point les hébreux avec les arguments qu’il a à sa disposition. On se trouve dans une impasse ou la justice stricte ne sait pas de quel côté pencher. C’est aussi la raison pour laquelle Dieu dit a Moise que ce n’est pas le temps de la prière, les portes du ciel sont bouchées, et aucune clefs ne permets de les ouvrir. Prier est inutile car les mérites ne sont pas suffisants et la balance des mérites et des démérites est à l’équilibre. La situation de blocage est illustrée par les commentaires sur le verset lorsque Dieu s’adresse à Moise en disant : (Chemot 14,15) « Que crie tu vers moi ? » et qui peut être résumé de la façon suivante : Ce n’est pas le temps de la prière, parle aux enfants d’Israël et qu’ils avancent (Rachi). La clef se trouve donc ailleurs, elle se trouve dans la foi que le peuple des hébreux va avoir dans son histoire, et celui qui va montrer la voie est Nahachom Ben Aminadav. Il entre dans l’eau et va permettre par sa foi à ouvrir la mer et à sauver le peuple hébreux. Les hébreux vont traverser à pieds secs alors que les Egyptiens vont être engloutis dans la mer. Une discussion demeure sur le fait de savoir si Pharaon a survécu ou pas. C’est ici que Manitou cite la Guemara Sota page 2a pour nous dire que la déchirure de la mer des joncs est aussi difficile que le problème du Zivoug. Qu’est-ce que le problème du Zivoug ? C’est un problème universel, il existe un homme pour une femme et une femme pour un homme. On dit qu’ils sont destinés à se rencontrer. Mais c’est très rares de se rencontrer, et les choses ne sont pas aussi simples que pour les premières générations, tout dépend du mérite, et le démérite complique considérablement ce qui vient du créateur et va vers la créature dans son effectuation de bénédiction.  Alors il existe ce que l’on appelle le Zivoug Cheni, « l’accouplement second ». Ca peut aussi très bien fonctionner avec le Zivoug cheni, si ce Zivoug est suffisamment approximatif. Mais le drame c’est que lorsque un homme (ou

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HÉRITAGE ET FIDÉLITÉ

פרקי אבות פרק א, משנה א: משֶׁה קִבֵּל תּוֹרָה מִסִּינַי, וּמְסָרָהּ לִיהוֹשֻׁעַ, וִיהוֹשֻׁעַ לִזְקֵנִים, וּזְקֵנִים לִנְבִיאִים, וּנְבִיאִים מְסָרוּהָ לְאַנְשֵׁי כְנֶסֶת הַגְּדוֹלָה. הֵם אָמְרוּ שְׁלשָׁה דְבָרִים: הֱווּ מְתוּנִים בַּדִּין, וְהַעֲמִידוּ תַלְמִידִים הַרְבֵּה, וַעֲשׂוּ סְיָג לַתּוֹרָה. Les Pirké Avot — traité des Pères — sont un ensemble de michnayot qui traitent de morale pratique. Or, le titre hébraïque de ce traité place cet enseignement de la morale dans la perspective d’un héritage, c’est-à-dire transmis par les Pères. Ce titre indexe l’enseignement de la morale à l’indice paternité.C’est l’être Père qui a la capacité, la prérogative d’enseigner la morale, alors que c’est le maître qui enseigne la Thora, la loi.Ce courant de transmission d’un héritage culturel entre cette manière d’être « père » et la manière d’être « fils » – qui semble lui être opposée – est d’ailleurs un sujet qui préoccupe la génération actuelle dans les différentes dimensions de ce que l’on appelle dans la civilisation occidentale, la contestation.Cette première question restera donc en filigrane : pourquoi l’enseignement talmudique a-t-il tenu à attribuer l’enseignement de la morale pratique, de la pédagogie morale au Père, alors qu’habituellement l’enseignement de la tradition passe plutôt par la personnalité du maître ? Il existe une sorte de « bipolarité » d’identité dans la société hébraïque, entre d’une part Abraham, qui est le prototype du Père (c’est d’ailleurs inscrit dans son nom : le père élevé אב-רם), et d’autre part Moïse, le maître. Ce parallèle entre héritage par Abraham et fidélité par Moïse se retrouve dans l’histoire contemporaine de l’identité juive qui fait actuellement l’objet d’un immense travail de mutation. Mutation porteuse d’un certain nombre de crises tant historiques qu’idéologiques ou politiques, déjà indiquées dans l’enseignement des Pirké Avot. Ces thèmes de l’enseignement de la tradition hébraïque concernent donc un problème très précis, celui d’un travail d’enfantement, de mutation, de l’identité juive contemporaine, travail qui s’inscrit à l’intérieur des crises de croissance de l’humanité de notre temps. Cette mutation d’identité est analogue à ce qui s’est passé il y a plus de trois mille ans, au temps de la sortie d’Egypte. Un ensemble de communautés juives procédant de paysages culturels différents, d’équations personnelles différentes, se trouvent en marche vers une identité réunificatrice qui se dessine déjà, non sans problèmes.La Bible raconte, qu’au temps de la sortie d’Egypte, le peuple hébreu était formé de tribus, de familles, qui prenaient conscience de leur identité « Israël » d’abord à l’échelle individuelle. Et le travail de mutation qui s’est produit en ce temps-là a consisté à tenter de faire exister une nation à partir d’un ensemble de définitions individuelles ou de fidélités personnelles, à essayer de donner une extension collective à l’héritage des Patriarches à travers différentes fidélités personnelles qui pouvaient être contradictoires entre elles, et donc génératrices de conflits.De notre temps, la démarche de mutation est très analogue. En effet, à partir de toutes les communautés de la galout — de l’exil juif —, chacune à sa manière, se dessine un mouvement d’unification d’identité autour du fait « Israël ». Il est donc inévitable, comme au temps de la sortie d’Egypte, que cette mutation contemporaine soit également génératrice de conflits et de problèmes.La société de l’Israël contemporain se trouve confrontée à des situations que la Bible a déjà décrites, et qui sont reprises par le Talmud, en particulier par les Pirké Avot.— De notre héritage d’Abraham vient le principal problème d’identité concernant le destin d’Israël : le conflit judéo-arabe. D’une part, la filiation d’Israël à travers Isaac en Abraham et, d’autre part, celle du monde arabe à travers Ismaël, en Abraham lui aussi. Et cette première polarité sur le thème de l’héritage d’Abraham, comme le raconte la Bible, redevient un problème contemporain, de mutation d’identité, qui nous concerne centralement.— Notre relation de fidélité à Moïse, en tant que maître d’Israël, est la cause d’un conflit ou d’une opposition, dans la société d’Israël aujourd’hui, entre une identité juive qui se définirait comme « religieuse » et une identité juive qui se définirait comme « non-religieuse ».Deux conflits essentiels menacent donc l’avenir de cette gestation d’identité d’Israël. L’un par la périphérie, c’est le conflit judéo-arabe, qui se situe à l’intérieur de l’identité d’Abraham, l’autre au centre, c’est le conflit entre judaïsme religieux et judaïsme laïque — pour employer des termes de la civilisation occidentale — qui, lui, se situe à l’intérieur de toute l’histoire des rapports entre Moïse et la société d’Israël de son temps.A travers ces deux sortes de conflits, on retrouve également le conflit des pères et des fils. A l’échelle de la personne humaine, certains — ce sont ceux-là les pères — se définissent par communion absolue avec Israël comme identité collective, et dans une fidélité collective à l’héritage de tous, et d’autres se définissent seulement dans une relation individuelle. Le conflit entre les pères et les fils ne fait que traduire au niveau de l’existence individuelle, le travail de gestation d’une harmonie qui se cherche entre une identité collective et une identité perçue à l’échelle individuelle.Derrière ces thèmes de l’enseignement traditionnel, tels que les présente la Michna, et tels qu’ils sont formulés de façon plus précise encore dans les textes des kabbalistes, apparaît le thème d’un conflit métaphysique entre forces de la patience et forces de l’impatience. Dialectique entre patience et impatience, très parallèle à la dialectique entre l’Etre père et l’Etre fils, à la dialectique entre l’identité collective et les droits de l’existence individuelle ; et surtout dialectique entre la perspective de l’héritage et la perspective de la fidélité.La notion qui récapitule l’ensemble de ces thèmes est une notion très paradoxale du vocabulaire biblique lorsqu’il désigne l’identité d’Israël. En hébreu c’est זרע קודש. 1. זרע קודש- POSTÉRITÉ SAINTE זרע — signifie une postérité, une descendance. C’est donc une allusion à une identité qui se reçoit par héritage, sans que ne s’introduise aucune option idéologique, sans qu’intervienne le critère du mérite de fidélité à un certain nombre de valeurs qui dépasseraient l’hérédité pure et simple.Mais le terme de זרע — postérité — se trouve tout de suite modifié par (dans l’original : adjectif) קודש qui signifie le saint, le sacré. Il

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HÉRITAGE ET FIDÉLITÉ

פרקי אבות פרק א, משנה א: משֶׁה קִבֵּל תּוֹרָה מִסִּינַי, וּמְסָרָהּ לִיהוֹשֻׁעַ, וִיהוֹשֻׁעַ לִזְקֵנִים, וּזְקֵנִים לִנְבִיאִים, וּנְבִיאִים מְסָרוּהָ לְאַנְשֵׁי כְנֶסֶת הַגְּדוֹלָה. הֵם אָמְרוּ שְׁלשָׁה דְבָרִים: הֱווּ מְתוּנִים בַּדִּין, וְהַעֲמִידוּ תַלְמִידִים הַרְבֵּה, וַעֲשׂוּ סְיָג לַתּוֹרָה. Les Pirké Avot — traité des Pères — sont un ensemble de michnayot qui traitent de morale pratique. Or, le titre hébraïque de ce traité place cet enseignement de la morale dans la perspective d’un héritage, c’est-à-dire transmis par les Pères. Ce titre indexe l’enseignement de la morale à l’indice paternité.C’est l’être Père qui a la capacité, la prérogative d’enseigner la morale, alors que c’est le maître qui enseigne la Thora, la loi.Ce courant de transmission d’un héritage culturel entre cette manière d’être « père » et la manière d’être « fils » – qui semble lui être opposée – est d’ailleurs un sujet qui préoccupe la génération actuelle dans les différentes dimensions de ce que l’on appelle dans la civilisation occidentale, la contestation.Cette première question restera donc en filigrane : pourquoi l’enseignement talmudique a-t-il tenu à attribuer l’enseignement de la morale pratique, de la pédagogie morale au Père, alors qu’habituellement l’enseignement de la tradition passe plutôt par la personnalité du maître ? Il existe une sorte de « bipolarité » d’identité dans la société hébraïque, entre d’une part Abraham, qui est le prototype du Père (c’est d’ailleurs inscrit dans son nom : le père élevé אב-רם), et d’autre part Moïse, le maître. Ce parallèle entre héritage par Abraham et fidélité par Moïse se retrouve dans l’histoire contemporaine de l’identité juive qui fait actuellement l’objet d’un immense travail de mutation. Mutation porteuse d’un certain nombre de crises tant historiques qu’idéologiques ou politiques, déjà indiquées dans l’enseignement des Pirké Avot. Ces thèmes de l’enseignement de la tradition hébraïque concernent donc un problème très précis, celui d’un travail d’enfantement, de mutation, de l’identité juive contemporaine, travail qui s’inscrit à l’intérieur des crises de croissance de l’humanité de notre temps. Cette mutation d’identité est analogue à ce qui s’est passé il y a plus de trois mille ans, au temps de la sortie d’Egypte. Un ensemble de communautés juives procédant de paysages culturels différents, d’équations personnelles différentes, se trouvent en marche vers une identité réunificatrice qui se dessine déjà, non sans problèmes.La Bible raconte, qu’au temps de la sortie d’Egypte, le peuple hébreu était formé de tribus, de familles, qui prenaient conscience de leur identité « Israël » d’abord à l’échelle individuelle. Et le travail de mutation qui s’est produit en ce temps-là a consisté à tenter de faire exister une nation à partir d’un ensemble de définitions individuelles ou de fidélités personnelles, à essayer de donner une extension collective à l’héritage des Patriarches à travers différentes fidélités personnelles qui pouvaient être contradictoires entre elles, et donc génératrices de conflits.De notre temps, la démarche de mutation est très analogue. En effet, à partir de toutes les communautés de la galout — de l’exil juif —, chacune à sa manière, se dessine un mouvement d’unification d’identité autour du fait « Israël ». Il est donc inévitable, comme au temps de la sortie d’Egypte, que cette mutation contemporaine soit également génératrice de conflits et de problèmes.La société de l’Israël contemporain se trouve confrontée à des situations que la Bible a déjà décrites, et qui sont reprises par le Talmud, en particulier par les Pirké Avot.— De notre héritage d’Abraham vient le principal problème d’identité concernant le destin d’Israël : le conflit judéo-arabe. D’une part, la filiation d’Israël à travers Isaac en Abraham et, d’autre part, celle du monde arabe à travers Ismaël, en Abraham lui aussi. Et cette première polarité sur le thème de l’héritage d’Abraham, comme le raconte la Bible, redevient un problème contemporain, de mutation d’identité, qui nous concerne centralement.— Notre relation de fidélité à Moïse, en tant que maître d’Israël, est la cause d’un conflit ou d’une opposition, dans la société d’Israël aujourd’hui, entre une identité juive qui se définirait comme « religieuse » et une identité juive qui se définirait comme « non-religieuse ».Deux conflits essentiels menacent donc l’avenir de cette gestation d’identité d’Israël. L’un par la périphérie, c’est le conflit judéo-arabe, qui se situe à l’intérieur de l’identité d’Abraham, l’autre au centre, c’est le conflit entre judaïsme religieux et judaïsme laïque — pour employer des termes de la civilisation occidentale — qui, lui, se situe à l’intérieur de toute l’histoire des rapports entre Moïse et la société d’Israël de son temps.A travers ces deux sortes de conflits, on retrouve également le conflit des pères et des fils. A l’échelle de la personne humaine, certains — ce sont ceux-là les pères — se définissent par communion absolue avec Israël comme identité collective, et dans une fidélité collective à l’héritage de tous, et d’autres se définissent seulement dans une relation individuelle. Le conflit entre les pères et les fils ne fait que traduire au niveau de l’existence individuelle, le travail de gestation d’une harmonie qui se cherche entre une identité collective et une identité perçue à l’échelle individuelle.Derrière ces thèmes de l’enseignement traditionnel, tels que les présente la Michna, et tels qu’ils sont formulés de façon plus précise encore dans les textes des kabbalistes, apparaît le thème d’un conflit métaphysique entre forces de la patience et forces de l’impatience. Dialectique entre patience et impatience, très parallèle à la dialectique entre l’Etre père et l’Etre fils, à la dialectique entre l’identité collective et les droits de l’existence individuelle ; et surtout dialectique entre la perspective de l’héritage et la perspective de la fidélité.La notion qui récapitule l’ensemble de ces thèmes est une notion très paradoxale du vocabulaire biblique lorsqu’il désigne l’identité d’Israël. En hébreu c’est זרע קודש. 1. זרע קודש- POSTÉRITÉ SAINTE זרע — signifie une postérité, une descendance. C’est donc une allusion à une identité qui se reçoit par héritage, sans que ne s’introduise aucune option idéologique, sans qu’intervienne le critère du mérite de fidélité à un certain nombre de valeurs qui dépasseraient l’hérédité pure et simple.Mais le terme de זרע — postérité — se trouve tout de suite modifié par (dans l’original : adjectif) קודש qui signifie le saint, le sacré. Il

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Invasion Russe : Une confrontation dissymétrique

La situation que nous vivons depuis quelques jours avec l’invasion de l’Ukraine par l’armée Russe est dramatique et nous a laissé un moment sans réaction. Après l’effroi et la stupeur, une première pensée articulée apparait et nous fait tour à tour passer de la tristesse à l’indignation, puis de l’indignation à la colère. Tristesse tout d’abord, de voir un peuple si proche de chez nous subir une telle invasion, une telle violence, une telle brutalité. Une pensée va alors vers les Ukrainiens pour leur témoigner notre solidarité et notre émotion devant l’agression dont ils ont été la cible, et la façon déchirante dont ils sont traités. Indignation ensuite devant cet acte de force, de barbarie qui n’a rien à envier aux plus grands dictateurs de la planète et notamment aux anciens dictateurs Russes sur le chemin de la conquête ou de la reconquête.  La Russie va fêter dans 3 ans, en 2025, le 80ème anniversaire de la victoire de la « grande guerre patriotique », terme officielle russe pour désigner la seconde guerre mondiale. Or on peut comprendre que cette fête puisse avoir, pour les Russes, un arrière-goût amer. La fierté nationale légitime devant les exploits de leurs héros morts pour la patrie n’empêche pas de constater le contraste saisissant entre la place de l’URSS dans le monde au lendemain de la guerre et celle de la Russie aujourd’hui. L’effondrement de l’Union soviétique a fait disparaitre un empire aux dimensions considérables. Certes la Russie est toujours le plus vaste pays du monde avec près de 17,5 millions de kilomètres carrés, elle possède des ressources naturelles considérables, et notamment énergétiques ainsi que le second arsenal nucléaire après celui des Etats-Unis. Mais elle n’occupe plus un rôle majeur sur les plans démographiques, économiques et militaires. Depuis cet effondrement, le développement de l’OTAN plus particulièrement à l’est, a toujours été considéré par les Russes et notamment par Vladimir Poutine comme une menace, peut être comme une agression, pour essayer de se débarrasser définitivement des vestiges de l’empire de naguère. Même si du côté occidental, cette idée n’a pas de fondement, la peur Russe s’entend. Nous pouvons également comprendre ce combat pour la survie d’une identité qui doit préserver sa place dans le monde, nous partageons ce souci de se rattacher à des racines, cette volonté d’essayer de remettre une certaine identité, une certaine manière d’être homme, au cœur du concert des nations. Ce sont évidemment des sujets qui nous parlent, et la vision souvent très manichéenne que propose le monde occidental lorsqu’il s’agit de parler de la Russie, est souvent agaçante Bien entendu la Russie a également permis à de nombreux juifs russes de venir s’installer en Israël et c’est désormais une communauté particulièrement importante. L’argument politique est de taille dans les dialogues avec la Russie et il faut inévitablement le prendre en considération. Mais ce constat sur la situation et les peurs russes sur le devenir de son identité ne peuvent, à eux seuls, justifier l’invasion dont s’est rendu coupable Vladimir Poutine, ni les mensonges qu’il a mis en avant pour la justifier, encore moins la violence avec laquelle il a décidé de la mettre en œuvre.  Que Vladimir Poutine veuille essayer de restaurer la grandeur et l’intégralité de l’identité de la Russie d’antan est incontestable. Mais cette agression ainsi que les menaces permanentes qu’il laisse planer sur l’internationalisation du conflit et le recours à l’arme nucléaire en dit long sur la violence dont il est capable. C’est un dictateur et après 23 années de pouvoir en Russie, le voilà aujourd’hui qui foule du pied les idéaux de paix et d’équilibre dans le monde, dicte sa loi et défie l’occident qui devient spectateur de cette agression. La violence de ces actes dévoile l’incapacité de Poutine à se révéler comme un partenaire fiable, mais aussi et surtout confirme son statut de véritable dictateur, prêt à en découdre, menaçant à chaque instant la planète d’appuyer sur le bouton et déterminé à ce que sa vision du monde triomphe. Il faut avoir une vision claire de la situation. Que le président russe puisse ainsi intervenir et bombarder le peuple Ukrainiens pose un vrai problème et mérite une réaction appropriée. Colère enfin face au décalage absolument sidérant entre les paroles souvent très fortes, autoritaires, presque guerrières des dirigeants du monde occidental, et la passivité, la vacuité, des actions proposées devant cette agression caractérisée. Voilà plus de vingt ans que un à un chacun des dirigeants européens nous annonce qu’il a un lien particulier avec le dirigeant russe et qu’il va pouvoir le ramener à la raison, et voilà plus de vingt ans que le dirigeant russe s’amuse, embobine, ridiculise l’ensemble des dirigeants avec lesquels il discute. N’est-il pas temps d’essayer de répondre à ces agressions dont Poutine se rend coupable, d’une manière appropriée et adaptée ? La réponse diplomatique, face aux crises à répétition provoquée par Poutine, n’est-elle pas à bout de souffle ? Les manifestations de soutien, notamment des pays européens sont innombrables et traduisent la solidarité européennes à l’égard du peuple Ukrainien, mais l’absence totale de réaction forte et appropriée, ainsi que la passivité européenne devant cette invasion, et les assauts russes, interrogent et font monter une incompréhension et une colère. Aujourd’hui Poutine se demande si les sanctions financières prise à  l’encontre de son pays ne constituent pas l’équivalent d’une déclaration de guerre. Il prévient que la constitution d’une zone d’exclusion aérienne, notamment pour venir en aide aux civils, ferait des pays impliqués des co-belligérants. Effrayée l’OTAN a donc rejeté cette possibilité qui aurait permis l’arrêt des bombardements Russes sur l’Ukraine Il semble que, de nouveau, deux mondes s’affrontent. Alors que le premier met en avant des enjeux d’identité, de sens et de valeurs, l’autre veut préserver le confort dans lequel il s’est installé. Alors que le premier n’a plus peur de grand-chose le second à peur de son ombre, et tremble à l’idée d’avoir à désigner un ennemi. Le monde occidental, qui valorise le souci de soi, préoccupé à offrir à ses populations loisirs, consommations et divertissements n’est plus

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Histoire, mémoire et… idéologie. (Droit de réponse à l’article d’Olivier Cohen sur l’exposition « Juifs d’Orient » à l’Institut du monde arabe)

Olivier Cohen m’a fait l’amitié de m’envoyer l’article qu’il a publié dans le site Manitou à propos de l’exposition « Juifs d’Orient » organisée par et à l’Institut du monde arabe à Paris et à laquelle j’ai eu l’honneur et le bonheur de participer. Les premiers paragraphes de sa recension sont flatteurs. L’incipit donne le ton: « L’exposition permet d’accéder aux grands moments de la vie intellectuelle et culturelle juive en Orient. » C’était bien là notre but, et je me réjouis de lire sous sa plume qu’il a été atteint. Il note que cette exposition qui se tient à l’IMA, est « une grande première » et que l’approche chronologique et thématique retenue est « évidemment passionnante ». Il souligne enfin que le but de cette exposition était de « présenter le récit de cette coexistence, tour à tour féconde et tumultueuse ». Il reconnaît ainsi que nous nous sommes efforcés de montrer dans cette exposition non seulement le visage harmonieux de cette coexistence, mais également ses aspects tumultueux.  O certes, pas dans des proportions égales, je m’empresse de l’écrire. C’est que, d’une part, il s’agissait de réévaluer cette culture plurimillénaire largement ignorée dans sa continuité historique, d’en manifester la beauté esthétique – on est dans un musée –  à l’intention de celles et ceux qui n’avaient pas conscience de l’existence d’un patrimoine aussi riche, ou pire, la sous-estimaient. C’est aussi, d’autre part, que les exactions et les humiliations ne laissent pas beaucoup de traces, d’autant que longtemps la seule catastrophe que la diaspora était fondée à remémorer et à représenter était celle de la destruction du Second Temple par Titus. Ainsi, pour témoigner de la dureté de la dynastie des Ommeyades ou expliquer le caractère ambigu du statut du dhimmi, nous avons eu pour recours les cartels disposés à l’entrée de chaque salle. Il est vrai qu’aucune mosquée n’a jamais cru bon de représenter la synagogue voilée, à l’instar de la statue bien connue de la cathédrale de Strasbourg, pour manifester la supériorité de son message spirituel. Au XXème siècle, en revanche, la photographie peut apporter la preuve de la violence subie, telles les photos du pogrom de Constantine perpétré en 1934 par la populace arabe dans l’indifférence des autorités françaises, et que la plupart des visiteurs de l’IMA, me semble-t-il, ont vu pour la première fois.  Cette recension commençait donc bien et attestait d’un contentement analogue à celui des critiques élogieuses, sinon dithyrambiques, parues dans la presse française. Mais, une fois la première page tournée, les choses se gâtent et tournent à l’aigre, sinon, au réquisitoire. Cette exposition, nous dit-il, est un trompe-l’œil. Elle tend au visiteur une vision radieuse et erronée des relations judéo-musulmanes. Elle est un piège tendu par l’IMA et par le comité scientifique présidé par Benjamin Stora et dont j’ai fait partie.  Rien de très nouveau, dois-je avouer. On connaît la chanson : quiconque ne réitère pas que l’histoire juive en terre d’Islam n’était qu’une vallée de larmes est aussitôt soupçonné de vouloir en montrer une image idyllique. (A cet égard, je fais mien le jugement nuancé de Bernard Lewis qui estimait, en substance, que l’Afrique et l’Asie musulmane ont offert aux Juifs ni le meilleur ni le pire dont l’Europe chrétienne s’est montré capable.) Mais Olivier Cohen va beaucoup plus loin et formule un grief majeur Une fois ses éloges prodigués, il développe une thèse que je renonce à synthétiser avec mes propres mots afin de ne pas être accusé de la déformer. Je me contenterai d’en reproduire trois extraits qui en livrent la quintessence : « on peut nommer un responsable à l’éloignement des communautés juives et arabes, un obstacle à la possibilité d’un rapprochement : Il s’agit d’Israël! Ce sont les israéliens qui portent cette responsabilité! (…) Juifs et arabes vivraient encore en harmonie si l’Etat d’Israël n’avait pas vu le jour. (…) Victimes hier, bourreaux aujourd’hui, les juifs devenus Israéliens sont plus que jamais responsables de la fracture désormais irréconciliable entre juifs et arabes. Israël n’est plus seulement l’ennemi des palestiniens, l’ennemi des arabes, l’ennemi de l’humanité, l’ennemi du genre humain, voilà Israël devenu également l’ennemi des juifs et de la nouvelle version du judaïsme moderne. » Il y a au moins un point sur lequel nous serons pleinement d’accord lui et moi : cette façon de penser existe. Oui, des milliers et des millions de personnes sont convaincus qu’Israël est responsable de la fracture entre Juifs et Arabes. Ont-ils tort ? Ont-ils raison ? La controverse est vive et irréductible entre ceux qui pensent de la sorte et ceux qui estiment, au contraire, que c’est l’antisémitisme en pays arabe et musulman qui est la cause profonde et majeure de ladite fracture. Certains n’hésitent guère même à pointer le Coran comme l’origine de cette hostilité. Cette accusation calomnieuse portée contre Israël est largement répandue. Je le déplore comme lui. Mais là où je ne le suis plus, c’est quand il soutient – accrochez-vous bien –  que cette thèse circule tout au long de l’exposition, explicitement ou implicitement. Autrement, dit, volontairement ou malgré moi, j’aurais donné ma caution à une entreprise de démolition d’Israël et de sa légitimité. Pour étayer une accusation aussi grave, Olivier Cohen dispose de deux pièces maîtresses : l’exposition et le catalogue. La première rassemble pas moins de 419 œuvres de nature diverse : objets profanes et sacrés, costumes, tableaux, photographies, cartes postales, planches, films, extraits de musique liturgique et profane. La seconde est le catalogue de 224 pages, lequel inclue la reproduction d’un grand nombre des pièces de l’exposition – ce qui le range dans la catégorie des « beaux livres » – et vingt-cinq articles, tous inédits, rédigés par des spécialistes français, américains et israéliens, une introduction générale de Benjamin Stora, un glossaire, une bibliographie – ce qui en fait un livre savant – suivi de la liste des œuvres exposées, grâce à laquelle j’ai dénombré plus haut, de manière exhaustive, les 419 pièces de l’exposition, (voir les pages 210-223 du catalogue qui indique pour chacune d’elles la nature, la date et la provenance).  419 pièces exposées et 224 pages du catalogue,

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