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Manifestation contre l’antisémitisme : Savoir qui on est pour pouvoir nommer ses ennemis

Dimanche 12 novembre s’est tenue en France la manifestation contre l’antisémitisme. 200.000 personnes ont défilé dans les rue de France. Pour une fois il y a un progrès ; cette manifestation n’est pas associée à celle contre le racisme, où défilent généralement, avec beaucoup de décontraction diront les uns, pour refuser de nommer clairement les choses diront les autres, ceux qui sont victimes de racisme, et en même temps, souvent les mêmes qui sont susceptibles d’être taxés d’antisémitisme  Les débats politiques qui ont précédé cette manifestation n’étaient pas dignes, et l’ensemble de la classe politique française doit se ressaisir. Alors qu’elle ne se gêne pas pour donner en permanence des leçons de morale à Israël dans son combat contre le Hamas et le terrorisme islamique qui sont à sa porte, à ses frontières ; elle a montré à quel point elle n’était pas à la hauteur de ce qui se jouait actuellement, mais a également fait preuve de prétention et d’arrogance. Le peuple français parviendra, sans aucun doute, à témoigner de l’unité du pays face au fléau de l’antisémitisme et à montrer à la classe politique toute entière à quel point elle doit se remettre profondément en cause et cesser ces positionnements tactiques et clientélistes qui polarisent le pays et finissent par nous rendre tous très irritables. Mais aujourd’hui l’antisémitisme a muté de manière évidente. Celui qui fait des victimes, celui qui tue, celui dont les juifs pourraient avoir peur à travers le pays… ce n’est plus l’antisémitisme d’extrême droite ! L’antisémitisme a changé de visage et ne se tient plus derrière la figure du fanatisme d’extrême droite mais il se tient bien droit, sous les traits de l’islamisme. « A mal nommer les choses on rajoute de la confusion dans le monde » disait Albert Camus. Alors essayons de ne pas rajouter de confusion à une période déjà très confuse. Parallèlement au judaïsme qui a muté depuis la restauration de l’Etat d’Israël, en 1948, et qui a permis à l’identité juive de retrouver la racine de son identité qui n’est pas juive mais hébraïque ; l’antisémitisme s’adapte, mute à son tour, et se trouve caché, tapis, derrière la figure de l’ennemi d’Israël, désormais la figure du mal : L’islamisme. L’identité juive a toujours été vécue comme une identité provisoire entre deux temps hébreux. Il y a deux mille ans, les hébreux sont devenus des juifs. D’une nation vivant sur sa terre, les hébreux sont devenus un peuple, dispersé, resté fidèle à un projet d’identité, avec une longue parenthèse de survie, qu’est l’identité juive, rattachée du point de vue du passé à la nostalgie de l’identité hébraïque, détruite en fin de compte par Rome, mais les yeux rivés vers l’espérance d’une restauration de l’identité hébraïque qu’on a appelé dans la plus pure tradition le messianisme et qui est devenu le sionisme. Autrement dit, il y a deux mille ans les hébreux ont basculé en exil et sont devenus juifs, identité de camouflage, de maquis, avec une écorce de protection, qui a permis à l’identité hébraïque de se survivre à elle-même pendant tout le temps de l’exil. De notre temps, le juif a la possibilité de redevenir hébreu grâce à la matrice d’engendrement qu’est Israël. Nous avons été tellement familiers avec cette identité juive que nous l’avons pensée définitive alors qu’elle a toujours eu un caractère provisoire entre deux temps hébreux. Mais le provisoire a duré tellement longtemps qu’on a fini par inverser les évidences d’identité. Aujourd’hui grâce à la restauration de l’Etat d’Israël, le juif a la possibilité de retrouver son identité originelle qui est l’identité hébraïque. Les ennemis d’Israël ont parfaitement compris cette mutation en cours. Ce qui a conduit dans le même temps l’antisémitisme à muter avec l’identité hébraïque, et à devenir antisioniste. Lorsqu’un juif est attaqué dans les rues de Paris, de Brooklyn ou de Tel Aviv, c’est désormais Israël qui est visé. C’est ce que représente en potentiel ce juif, à travers qui, l’identité Israël est visée. Les ennemis d’Israël sont bien conscients de ce phénomène de la mutation de l’identité hébraïque qui est à l’œuvre aujourd’hui. Le juif n’est plus une cible en tant que juif car l’avenir du judaïsme en dehors d’Israël n’est plus ce que l’humanité peut être désormais à même de détester. L’avenir du juif c’est Israël et c’est donc désormais Israël qui est visée à chaque fois qu’un juif est agressé. Cette marche était importante, digne avec un ton de gravité et de solennité, prétendait s’ériger contre la détestation de l’autre et l’obscurantisme, elle comprenait de nombreux français qui n’étaient pas de confession juive et qui souhaitaient montrer leur solidarité à l’égard des juifs français et réaliser l’unité du pays. Et c’est tant mieux. Mais la destinée du juif est désormais intimement mêlée, scellée à celle d’Israël. L’avenir du juif passe par Israël et l’identité juive en dehors de l’Etat d’Israël est en train de disparaitre progressivement. Cette marche ne pouvait donc pas se constituer en rempart contre l’antisémitisme qui est à l’œuvre aujourd’hui, car désormais l’antisémite est devenu l’antisionisme, et combattre l’antisémitisme c’est combattre ceux qui veulent la destruction d’Israël. Une marche contre l’antisémitisme qui ne serait pas une marche qui place au cœur de sa démarche la protection des valeurs que défend Israël et qui serait un rempart contre tous ceux qui voudrait la détruire, n’est pas une marche contre l’antisémitisme. Parmi ce nouveau camp de la haine il y a ceux qui veulent directement détruire Israël, ceux-là mêmes qui ont perpétré ces massacres abjectes et qui nous ont laissé dans un état de sidération totale, et puis il y a tous ceux qui se taisent, qui ne veulent pas dire les choses ou qui les nomment mal et « qui rajoutent de la confusion dans le monde ». Enfin il y a ceux qui accompagnent le mouvement et qui malgré les atrocités dont Israël a été la victime par ces barbares, tranquillement, parfois avec une prétention et une arrogance inouïe, sans se douter un seul instant qu’ils peuvent être du mauvais côté de l’histoire,

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Manifestation contre l’antisémitisme : savoir qui on est pour pouvoir nommer ses ennemis

Dimanche 12 novembre s’est tenue en France la manifestation contre l’antisémitisme. 200.000 personnes ont défilé dans les rue de France. Pour une fois il y a un progrès ; cette manifestation n’est pas associée à celle contre le racisme, où défilent généralement, avec beaucoup de décontraction diront les uns, pour refuser de nommer clairement les choses diront les autres, ceux qui sont victimes de racisme, et en même temps, souvent les mêmes qui sont susceptibles d’être taxés d’antisémitisme

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QUI EST COMME TON PEUPLE UN PEUPLE UN SUR LA TERRE

L’arrivée en Israël ce jeudi 26 octobre s’est faite dans une ambiance particulière et inédite Personne ou presque dans l’aéroport qui n’est pourtant pas à l’arrêt. Deux personnes attendent à la douane où tous les guichets sont vides. Du jamais vu. Personne ou presque sur les routes. Des alertes aux roquettes régulières.Sur le chemin vers Jérusalem une alerte nous informe qu’une roquette a été tirée en direction de l’aéroport… elle n’atteindra pas son but. La ville de Jérusalem paraît vidée de sa population, de son dynamisme, de son énergie. Les boutiques, les cafés, les hôtels sont presque tous fermés. Les rues sont vides ou presque, quelques femmes marchent dans les allées avec des enfants ou accompagnées d’amies. Un jeune homme en tenue de l’armée accompagne sa copine le temps d’une pause dans sa mission. Des familles entières et nombreuses déplacées du nord et du sud et hébergées dans des hôtels de Jérusalem font de courtes apparitions dans les rues adjacentes à leur hôtel. Quand vient la nuit une impression de fin du monde nous gagne. Plus personne, pas un bruit. Seules quelques sirènes de police retentissent de temps à autre. Disparus les habitants du pays, l’ambiance pleine de vie, le souffle et le dynamisme, les discussions et les rires des jeunes qui échangent, s’amusent et donnent à la ville toute sa vigueur. Cela ressemble un peu à l’époque du Covid nous disent beaucoup d’Israéliens mais à une nuance près, c’est que cette fois ci le pays est réellement en guerre et la jeunesse a enfilé sa tenue militaire, a vidé le cœur des villes pour servir son pays. On a la sensation étrange que la pays entier est en attente, retient son souffle, est suspendu au déclenchement de la bataille qu’il s’apprête à livrer et dont on ne connaît ni l’issue, ni la fin. L’existence même de l’Etat hébreu est menacée. Au-delà de cela, on ressent, quand on discute avec les Israéliens, le sentiment incroyable d’unité et de solidarité qui ont gagné le pays. Le pays paraît plus soudé que jamais. Inévitablement cela fait penser aux études avec Manitou et à son idée de l’universalisme Israélien.  Cette idée qu’Israël est un pays laboratoire dans lequel les hommes et les femmes venus de tous horizons différents, de tous les pays du monde, vont pouvoir vivre ensemble en harmonie dans une relation de fraternité au sein même de cette terre. Certes pour l’instant le pays est divisé, plus que jamais. Les nombreuses manifestations de ces derniers temps ont montré à quel point les fractures sont profondes. Pourtant l’impression qui se dégage désormais après les horreurs du 7 octobre, dans ce pays où le temps semble s’être suspendu, est qu’une unité nationale est en cours de construction. Les personnes se parlent beaucoup, en hébreu évidemment, des personnes qui proviennent de pays très différents, souvent bien éloignés. Les échanges sont vifs, bruyants, parfois peut être véhéments. Ces personnes sont tellement différentes, la langue d’origine n’est pas la même, l’accent hébreu différent, les coutumes et la culture parfois presque incompatibles, cet échange est un défi à la nature. Comment peuvent-elles se parler ? Comment peuvent-elles vivre ensemble ? Dans les discussions, personne n’a les même idées, les uns veulent une paix durable avec les palestiniens et deux états, les autres pensent que c’est impossible, certains considèrent tous les « pauvres palestiniens » aussi dangereux que les membres du Hamas et souhaitent l’éradication de la population de la bande de Gaza, d’autres encore et c’est probablement aujourd’hui l’avis majoritaire au sein de la population, estiment qu’il faut clairement dire que nous sommes le peuple de la Bible qui revient sur sa terre, point. Les uns stigmatisent les erreurs du gouvernement dans les événements et demandent la démission du premier ministre, les autres enfin disent que le problème remonte à bien plus loin. Il y a presque autant d’avis que de personnes qui échangent. On dit que quand deux juifs se parlent il y a trois avis et cet adage se vérifie plus que jamais dans la situation que traverse Israël. Et pourtant tous se parlent, s’écoutent, se mettent en colère parfois, mais essayent de parvenir à se comprendre, de trouver les conditions qui leurs permettraient de parler d’une seule voix, celle du pays. Et soudain on se dit que ce qu’il faut regarder ce n’est pas l’instant présent, le moment figé, mais la trajectoire, la direction, vers ou on va. Alors que dans l’ensemble des pays du monde la trajectoire générale est une sorte d’antagonisme qui est à l’œuvre avec d’un côté la volonté de chaque peuple de retrouver son identité propre et de l’autre une volonté de chaque communauté présente au sein du pays d’affirmer et de revendiquer ses différences, de témoigner de ses particularités et vivre parfois comme une communauté repliée, séparée, de manière plus ou moins autonome. Les peuples de chacun de ces pays pour tenter de préserver la manière d’être qui est la sienne est polarisé entre une volonté de repli nationaliste d’un côté et le souci d’offrir à chaque communauté la possibilité de préserver une partie de sa culture et de son identité. Dans le même temps, on observe que l’inverse est à l’œuvre en Israël. Le pays est divisé, fracturé à travers les différentes communautés qui le composent, et elles sont nombreuses évidemment, puisque provenant du monde entier. De 150 nations, nous dit-on. Mais on sent à l’intérieur de ce pays que la trajectoire est celle de l’unité, de la mise à disposition partielle et progressive des différentes tendances qui composent le pays pour permettre que se réalise l’unité du pays. Chacune des tendances apportant sa singularité à l’ensemble. Ce travail est à l’œuvre actuellement au sein de la société Israélienne de manière profonde. Et depuis le 7 octobre cette tendance semble s’accélérer. Ce double mouvement travaille au sein de l’humanité. Un premier mouvement au sein des nations où l’antagonisme se révèle entre la tentation du repli identitaire d’un côté et la tendance à laisser chaque communauté à l’intérieur du pays

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NOMMER LA GUERRE

Cette guerre n’a pas encore de nom. On sait où, quand et comment elle a commencé. On ne sait pas où elle finira. Plusieurs références historiques ont été suggérées pour tenter de la qualifier : Les pogroms, la shoah par balle, Pearl Harbour, la guerre de Kippour, le 11 sept d’Israël, le bataclan où d’autres attaques terroristes de masse. Mais on pressent qu’aucune de ces qualifications ne permet de prendre la mesure d’un événement aussi bouleversant. Ce qui semble déjà s’être produit de nouveau, c’est l’unité d’un peuple qui, quelques jours avant encore, se déchirait sur la définition de sa vocation. Deux conceptions d’Israël s’opposaient : fallait-il renforcer la spécificité juive ou se fondre dans l’universalité ? La brutale et cruelle attaque du Hamas à donner une réponse évidente pour tous : Israël n’a pas vraiment le loisir de se poser de question identitaire. Qui doit-il être ? Il est. Que doit-il faire ? D’abord assurer sa survie. Où doit-il aller ? Là où sa vocation le conduit.  Et c’est ainsi qu’au lendemain du massacre du 7 octobre, les Israéliens se retrouvèrent tous – ou presque – sur la même ligne : La valeur de justice qu’ils défendent ardemment impliquait que l’agresseur soit éradiqué. Et les valeurs morales qu’ils portent au-dessus de tout exigeaient d’entrer en guerre et d’en accepter les risques. Tous convaincus que selon la loi juive, c’est un devoir de tuer celui qui cherche à vous exterminer.  Qu’en pensent les autres Nations ? L’événement joue, ici aussi, le rôle de révélateur. Les pays musulmans, au mieux, ne condamnent pas ces violences, au pire ils les soutiennent en parole et en acte. A l’inverse, les pays occidentaux font part de leur indignation et assurent Israël de leur soutien. Mais c’est pour bien vite se reprendre en instrumentalisant les nécessaires exigences humanitaires afin de brouiller la justesse de la cause.  Si bien qu’au total, Israël se retrouve seul avec sa conscience pour défendre le bien, autrement dit l’humanité de homme. Le fait nouveau, c’est qu’aujourd’hui, le pays ne semble pas prêt, malgré les pressions, à céder sur ses valeurs. Le peuple en tout cas n’entend plus laisser de place aux traditionnelles tentations des dirigeants de tergiverser.   Il montre ainsi sa bonne santé et trouve de facto la place et le rôle qu’il se cherchait parmi les Nations : montrer que l’histoire et l’éthique se peuvent concilier. Aux pays islamistes, il réaffirme qu’Israël ne saurait être détruit et remplacé. Aux pays occidentaux, il révèle l’évidence des enjeux de civilisations que porte la période actuelle dans l’espoir de les sortir de leur torpeur et de les convaincre de l’idée que les concessions faites à un ennemi radical n’ont jamais d’effets pacificateurs.   Voilà qui fait sans doute de la situation actuelle un moment unique, inédit. Un moment de basculement qui, une fois nommé, devrait faire avancer d’un pas l’histoire de l’humanité vers son accomplissement.  Antoine Mercier

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La tentation de l’Occident

Quinze jours après les actes de barbarie effroyables du mouvement terroriste Hamas, dont Israël a fait l’objet, une partie des opinions publiques est déjà en train de se retourner et de mettre dos à dos Israël et les terroristes du Hamas.  Les positions particulières prises par une majorité de personnalités publiques en France sur la situation en Israël et à Gaza ressemblent un peu à un lynchage médiatique dans lequel la démocratie Israélienne et les bouchers du Hamas sont trop souvent mis au même niveau. La réaction de solidarité vis-à-vis d’Israël aura été de courte de durée de la part d’un monde occidental aveuglé par ses relations ambiguës avec le monde musulman, et la peur de voir la situation s’embraser sur son propre territoire. La rentrée de l’armée Israélienne dans Gaza devrait évidemment compliquer encore les choses et achever de condamner l’image de l’état hébreu et de discréditer ses actions. Il aura donc fallu une petite semaine après le drame qui nous a laissé dans un état de sidération et d’effroi, pour que l’on recommence à parler des divisions en Israël, des erreurs du gouvernement de Benyamin Netanyahou, des « colons » Israéliens, de l’occupation et des responsabilités d’Israël sur la bande de gaza, ainsi qu’en Judée Samarie comme pour trouver des prétextes pour passer à autre chose et poursuivre sempiternellement la stigmatisation de l’état hébreu.  Le bruit puissant de la propagande dans un monde occidental, qui a une vision absolutiste de l’humanité et des relations peu claires avec le monde musulman, efface désormais le cri de douleur d’Israël meurtri sur sa terre et dans sa chair, par le mal absolu. Il y a certainement une réflexion à avoir sur les agissements du gouvernement, sur les raisons qui ont permis un tel massacre, sur les divisions qui ont fracturé le pays ces derniers temps, sur les relations avec les Palestiniens, mais l’heure n’est pas à ces inventaires. Revenir prématurément sur ces problèmes c’est priver le peuple d’Israël de son statut de victime. Ce renversement ou le bourreau se retrouve victime et la victime bourreau est une véritable torture supplémentaire infligée au peuple Israélien.  Il parait donc utile de rappeler la façon dont les choses se sont passées. Après l’attaque terroristes sans précédent dont Israël a été la victime, des bébés, femmes, enfants familles entières ont été massacrés, d’autres brulés vifs, d’autres encore découpés, les vidéos de ces exactions envoyées aux familles, plus de deux cents otages aux mains des terroristes… on a vu dans les rues de nombreux pays arabes des scènes de joie, de fêtes, de célébrations, dans un climat de détestation absolu de l’état d’Israël. Pourtant les personnes qui défilaient n’étaient pas des terroristes, ni des membres du Hamas ou du Djihad Islamique, ni même, pour la plupart, ce qu’on a appelé, pour donner un nom au mal, des islamistes. Non, c’étaient de simples musulmans qui face à l’horreur, au mal absolu, à ces atrocités commises sur des juifs parce que juifs, ont manifesté leur joie de voir Israël et les juifs touchés à mort. Dans le monde musulman, quelques voix courageuses ont condamné ces atrocités avec beaucoup de fermeté et de précision parfois, mais elles ne sont pas suffisamment nombreuses, et la façon dont le « conflit Israélo Palestinien » est immédiatement revenu sur le devant de la scène nous laisse percevoir la signification de ce refus à nommer les choses. Lorsqu’un hôpital a été pris pour cible, touché par un missile, c’est de nouveau l’embrasement dans la région et dans l’ensemble des pays arabes. Le nombre de victimes est considérable nous dit-on. Les condamnations d’Israël se multiplient : Israël a le droit de se défendre mais dans le respect du droit international.  Mais cette fois-ci c’est trop grave, alors Israël refuse de céder une fois de plus dans la guerre des médias, et le porte-parole de Tsahal, explique précisément, preuves à l’appui, en recoupant plusieurs vidéos et enregistrements, que ce missile est un missile du Djihad islamique tiré depuis le cimetière qui jouxte l’hôpital.  Les erreurs de tirs de missiles de ces terroristes sont fréquentes et il arrive que ces derniers tombent de temps en temps sur Gaza, ce qui nous laisse perplexes sur la compassion que les terroristes témoignent pour le peuple qu’ils sont censés défendre et protéger.  Le chiffre communiqué par le gouvernement palestiniens (qui sont en fait les données fournies par le Hamas) est officiellement de 471 morts dans l’hôpital, alors qu’un service de renseignement européen donne des chiffres totalement différents de 10 à 50 morts ! Mais ce sont bien les chiffres donnés par le Hamas que l’on a commencé à diffuser un peu partout. Malgré ces précisions, le discours majoritaire est qu’Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité du tir de missile sur l’hôpital. La société française traversée par un fort courant propalestinien ne veut pas faire de vagues, et l’opinion renvoie de nouveau Israël et le Hamas dos à dos.  La parole de la démocratie Israélienne ne vaut-elle réellement pas plus que celle des terroristes du Hamas pour qu’on leur accorde la même valeur ? Est-il normal que l’on reprenne les chiffres fournis par le Hamas ? Ne serait-il pas utile de s’interroger sur les manifestations de joie et de liesse qui se sont tenues dans les pays musulmans autour d’Israël, afin de célébrer les massacres de juifs ? de s’interroger sur des terroristes de l’Etat palestiniens dans la bande de gaza qui tirent des roquettes depuis un cimetière et touchent un hôpital au sein même de Gaza ? Comment accepter le fait que les roquettes qui frappent Israël soient tirées depuis des écoles, des hôpitaux ou des habitations ? Que les infrastructures militaires soient abritées sous des hôpitaux ou des écoles ? Que le Hamas utilise la population civile comme bouclier humain, et qu’il empêche les habitants de fuir (pour ceux qui le souhaitent) ? Tout cela n’étonne plus personne. Pourtant c’est à l’œuvre depuis bien longtemps. Il est évident qu’une pensée pour les victimes palestiniens est nécessaire, indispensable même, mais rendre Israël responsable relève de l’injustice. Ils sont victimes pour

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Le choc, l’horreur, la sidération… L’abîme et la lumière qui point

Le choc, l’horreur, la sidération… L’abîme et la lumière qui point Ce samedi 7 octobre, pendant le Shabbat et fête de Simhat Torah, Israël a été la cible d’une attaque terroriste éclair, préparée dans le plus grand secret par l’organisation du Hamas. Cette attaque, d’une ampleur historique, d’une violence et d’une barbarie inédite, laisse la planète dans un état de choc, de torpeur, de sidération … ce qui, à l’avenir, va radicalement modifier les enjeux et les équilibres de la région.  Qui sont-ils ? Peut-on encore qualifier ces terroristes d’êtres humains ? Le bilan provisoire est cataclysmique : des enfants décapités, des jeunes massacrés, des femmes torturées, dénudées, traînées dans la rue à la vue de tous, des personnes âgées enfermées puis brûlées vives chez elles. A ce jour, on compte en Israël 1.200 morts et 2.800 blessés.  On a comparé ce massacre aux attentats du 11 Septembre, ou encore à ceux du Bataclan. Mais il faut mettre les choses en perspective avec d’une part le nombre de morts par rapport à la population d’Israël, ce qui serait l’équivalent de 40 Bataclans ou 10 fois les attentats du 11 septembre. Par ailleurs, les terroristes sont des voisins d’Israël, la menace est constante, permanente et quotidienne, elle ne disparaît vraiment jamais, c’est effrayant de vivre avec le poids d’une telle proximité. La comparaison avec la Shoah aussi ne paraît pas correspondre. Si au niveau de l’intensité et de la bestialité on peut retrouver les actes de tortures réalisés par les nazis, les attentats actuels ont été réalisés sur le territoire israélien, ce qui est différent, puisqu’à l’époque des nazis, les juifs n’avaient pas de terre. Les hébreux ont donc été attaqués ici sur leur sol ce qui est totalement inédit depuis l’époque des Grecs, période pendant laquelle les juifs étaient sous domination Grecque sur leur propre terre. Mais depuis, les juifs se sont redressés, la période pendant laquelle Jacob était massacré, torturé, exterminé sans possibilité de répondre est révolue, désormais l’Etat hébreu sur sa terre à la possibilité de se défendre. C’est ce qu’il va faire. A ce bilan vient s’ajouter le nombre effrayant de 150 à 200 otages…  Ce contexte complique considérablement le travail de deuil et n’offre pas de perspective pour une éventuelle sortie de crise à court terme. Il va falloir continuer à être rattaché à cet événement, vivre avec pendant encore un long moment, ce que les barbares ne manqueront pas de le rappeler à chaque riposte   Malgré l’effroi, la tristesse, les difficultés, la sidération et la colère, un flambeau d’espoir et de réconfort éclaire actuellement Israël : les élans d’entraide et de solidarité se multiplient un peu partout sur le territoire Israélien et sont accompagnés par de nombreuses personnes et organismes en dehors d’Israël :Don de sang avec un élan de générosité tel que les équipes médicales sont obligées de limiter l’arrivée des donneursMobilisation militaire des réservistes, mais aussi des volontaires de tout âge.Centres aérés assurés par des adultes et des adolescents, pour les enfants dont les pères sont mobilisés,Equipes d’adolescents pour aider les familles à démonter et ranger la Soucca (des personnes âgées et des mères dont les maris sont à l’armée)Préparation de plats cuisinés envoyés dans les bases militairesVolontaires pour babysitting pour les enfants du corps médicalStands de sandwichs et boissons pour les soldats sur toutes les routes du paysHôtels et particuliers disposés à accueillir des familles du front.Le corps enseignant maintient le contact avec les élèves et envoie des petits films avec des messages réconfortants.Une solidarité constante de familles et d’amis qui vivent en dehors d’Israël Le peuple hébreu dans la douleur sait retrouver son unité et s’il ne doit y avoir qu’un message d’espoir à retenir dans cette période terrible, c’est bien celui de cette unité retrouvée dans la douleur et dans le deuil. Cet élan spontané d’entraide et de solidarité en est l’illustration.A l’exemple de la population, le gouvernement s’est uni pour faire face, ensemble, à cette nouvelle réalité.  Est-il possible de conserver une espérance dans ce chaos et ce malheur. Le choc, la tristesse et l’affliction sont profonds et secouent la société israélienne et l’ensemble des juifs du monde, défiant même le souvenir des heures les plus sombres de l’humanité au cours desquelles les juifs ont été la cible de sauvageries innommables. La bête s’est réveillée et avec elle son cortège de croque-morts et de fossoyeurs, profondément attachés à la disparition de l’État d’Israël et à la détestation des juifs. Ce sont des juifs que l’on a voulu exécuter parce que juifs.  Et les discours haineux continuent de se faire entendre en France. Certains à gauche de la gauche s’illustrent par leur mépris de la reconnaissance du drame qui vient de se jouer et confirment leur haine sans limite pour l’Etat d’Israël. Les démonstrations de soutien à un groupe terroristes, l’apologie du terrorisme constituent des effractions qui sont punies de peines de prison en France. Pourtant cela n’empêche pas certains de refuser de concéder le terme de mouvement terroriste au Hamas, les actes dont nous avons été les témoins ne seraient que la manifestation de la volonté d’un peuple à recouvrer son intégrité territoriale, c’est le moyen qu’ils ont trouvé pour se faire entendre. Le Hamas et l’Etat d’Israël sont renvoyés dos à dos, comme souvent. Mais là ce discours n’est plus audible, il n’a plus sa place, la ligne rouge est franchie, et révèle ce que nous supposions. Difficile, très difficile, d’entendre de tels propos après ce que nous venons de vivre, pourtant ils se tiennent en France. La bête est revenue mais elle ne revient pas par là où on l’attendait. C’est désormais la gauche de la gauche qui se dévoile et déverse sa haine.  Prétendre détester à ce point Israël c’est révéler aujourd’hui qu’à travers la détestation d’Israël c’est le juif que l’on déteste. Si nous pouvions penser jusqu’à présent que les positions tenues depuis de nombreuses années par ces partis étaient le résultat de calculs politiques, à des fins électorales pour attirer un électorat musulman important, on a désormais tristement la preuve qu’il n’en était rien mais que c’est bien par idéologie, par conviction, par essence même que

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Ligne de fuite

Malgré les négociations en cours sur la réforme judiciaire et institutionnelle, la crise politique israélienne semble devoir perdurer. Signe sans doute que la question dépasse le simple et nécessaire rééquilibrage entre les pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif. Déjà beaucoup d’observateurs ont évoqué une crise d’identité. Deux conceptions du pays s’opposeraient. Celle du camp « laïc » qui voudrait faire d’Israël un État démocratique à l’image des pays occidentaux et celle de la droite sioniste et religieuse qui, a contrario, chercherait à renforcer le caractère juif de l’État.  Après 75 ans d’existence, Israël est devenu une puissance régionale reconnue et redoutée. Son influence sur la scène internationale ne cesse de grandir sur les plans géopolitique, militaire, technologique et humanitaire, en particulier sur les continents asiatique et africain. Son statut d’État souverain est dorénavant plein et entier. Bien que tout danger ne soit pas écarté, loin de là, sa préoccupation principale n’est plus de garantir sa survie mais bien de prendre des responsabilités pour l’avenir de l’humanité. L’heure a sonné pour le peuple juif, redevenu hébreu, d’assumer son destin singulier à la fois particulier et universel.  S’engager dans cette voie n’est pas chose facile. Comme de passer de l’adolescence à l’âge adulte. D’où la crise de croissance identitaire que traverse le pays et qui se manifeste par une hésitation face à la manière de concevoir son avenir. Car, une fois atteint l’objectif d’un peuple rassemblé sur sa terre et politiquement souverain, la question se pose en effet de savoir ce qu’il convient de faire de cette réussite. Faut-il s’en contenter et poursuivre une existence normalisée, où faut-il seulement préserver, sans plus d’égard pour le monde, une identité particulière ?  Le camp « laïc » semble vouloir opter pour la première proposition. Il n’a de cesse que de se référer aux Nations d’Occident et de se situer dans leur camp, le camp du « Bien » qui suit la pensée « main stream » avec un contentement bourgeois. Attitude honnie par les nationaux-religieux qui la rejettent comme une forme d’assimilation et qui prétendent, à l’inverse, agir pour maintenir avant tout chose le caractère juif de l’État. Posture que les Laïcs repoussent à leur tour comme un nationalisme étroit propre à fragiliser l’image d’Israël dans le monde, à affaiblir sa puissance et à l’isoler diplomatiquement.  Le débat paraît aujourd’hui comme figé. Chaque camp voit dans l’autre le fossoyeur de ses propres idéaux et le rend responsable d’une mise en danger existentielle du pays. D’où la violence des échanges, l’incapacité à se parler où simplement à se reconnaître. D’où aussi une difficulté à penser une situation qui résulte d’une forme d’aveuglement face aux enjeux. D’où enfin la nature paradoxale d’un débat où chacun s’accorde à faire le constat d’une crise extrêmement profonde sans qu’aucun des deux camps n’aborde de front la question de fond, celle de savoir de quel instrument souhaite vraiment jouer Israël, maintenant que la nation hébraïque a pris toute sa place dans le concert des Nations. Doit-elle rejoindre le corps des violonistes mondialistes ou le groupe des percussionnistes illibéraux ? Dispose-t-elle d’un instrument spécifique à faire entendre ? Doit-elle s’efforcer d’influer sur la marche global de l’orchestre ou demeurer résolument hors de la fosse ?  Pour briser l’immobilité d’un face-à-face mortifère, Israël ne peut que faire retour à l’impératif du Lech Lecha et se convaincre de la justesse de sa route singulière même si le parcours reste incertain et la destination dans le lointain. La situation requiert une remise en marche « historiosophique », seule de nature à faire cohabiter les deux camps et à les ramener à la marche unifié qui présidait aux déplacements du peuple au désert. L’Hébreu, celui dont l’identité est passage, ne saurait se maintenir en effet dans la fixité de son essence. Il se voit contraint aujourd’hui de retrouver une manière d’aller commune, une halacha nationale qui puisse aussi servir de guide aux autres Nations.  La crise actuelle ne saurait donc faire l’économie du questionnement qui s’impose à lui : redéfinir son rôle pour la suite de l’histoire. Cela revient à répondre, au moins tacitement, à la Question du jour qui est aussi celle de toujours : acceptons-nous d’endosser ou non la vocation que la tradition assigne au peuple juif depuis le commencement : un peuple séparé, une royauté de prêtres, une lumière pour les Nations.   Manitou est le penseur de la sortie de crise : ni assimilation aux Nations , ni crispation ou régression identitaire mais affirmation d’un particularisme à vocation universel.  D’un côté, la piste de la normalisation est naturellement sans issue. Israël aurait-il survécu à 3500 ans d’histoire pourdevenir, en bout de course, un énième État des Nations-Unis ? Mais de l’autre, l’idée qu’il faudrait seulement défendre l’identité juive de l’État sans se soucier dans le même temps de la vocation hébraïque de la Nation juive conduit également à l’impasse. Ni la Californie, ni la Hongrie ou l’Iran. Israël ne doit pas chercher de modèles extérieurs mais bien plutôt s’efforcer de proposer l’idéal qui est le sien et dont il a la charge du rayonnement. Ce modèle est celui d’une société où règne la justice. Pas d’une société qui contourne la justice. Mais pas non plus d’une justice qui ramène le juste au raisonnable.  Pour sortir de la nasse, Il convient de réunir les deux camps dans une visée commune : celle d’une fidélité, sans impatience, à la perspective messianique qui traverse l’histoire juive. Toutefois, l’approfondissement de la spécificité nationale ne saurait se comprendre sans l’objectif qui la justifie : celui de rallier toutes les Nations à un universel humain respectueux de toutes les particularités où serait réalisée l’unité des valeurs. Cela implique impérativement l’unité du peuple. Comment y parvenir ? En levant les yeux vers la ligne d’horizon afin de se remettre en marche. En reconnaissant que l’autre camp porte aussi des valeurs, certes partielles donc dangereuses dans l’absolu, mais nécessaires à l’émergence de l’équilibre qui donnera à chacune d’elles sa place et à toutes une cohérence pour faire avancer l’histoire.  Pour

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L’ouverture de la mer – Le Zivoug

L’ouverture de la mer – Le Zivoug Olivier Cohen 19 mars 2024 On se situe à l’instant de l’histoire ou après avoir accepté de laisser partir le peuple (il faut voir l’étude qui permet de comprendre pourquoi les hébreux avaient besoin de l’accord de Pharaon pour sortir d’Egypte) Pharaon revient sur sa décision. Il y a des moments dans l’histoire ou on fait face à une révélation, un dévoilement d’évidences, qui vient à l’encontre de la manière de penser habituelle, puis le temps passe (ici 3 jours) et Pharaon revient aux habitudes de pensées antérieures. Il se lance avec toute son armée à la poursuite du peuple des hébreux.   Les hébreux se trouvent coincés entre la mer des joncs devant eux, et l’armée Egyptienne, derrière. Et le verset nous dit (Chemot 14,10) « Les fils d’Israël levèrent les yeux, et voici l’Egyptien partant derrière eux, Ils eurent très peur, les fils d’Israël crièrent devant Hachem ».   La question qui se pose ici est : Pourquoi les enfants d’Israël ont peur ? Ils ont bénéficié de dix miracles, les dix plaies, ils savent que leur Dieu et avec eux et les aide à sortir d’Egypte. Pourquoi alors avoir peur ? Dieu fera un onzième miracle et va sauver les enfants d’Israël. Où est le problème ?   On comprend la difficulté, mais pourquoi une telle peur. Ce n’est pas pire que ce qu’ils ont eu à traverser pendant leur exil en Egypte, et Dieu vient de les libérer. Alors on s’interroge sur cette peur brutale et soudaine qui s’empare des enfants d’Israël.   Manitou nous explique le problème : Pendant les dix plaies il a été dit aux Egyptiens soit vous subissez tel ou tel plaie, soit vous laissez partir le peuple. Or les Egyptiens ont subi les dix plaies. Ils sont donc fondés a garder le peuple des hébreux en esclavage en Egypte. La justice stricte ne peut pas trancher entre d’un côté les hébreux qui ont été dans la servitude la plus dure et la plus difficile en Egypte, et de l’autre côté les Egyptiens qui ont subis les 10 plaies et qui sont donc désormais légitimes à conserver les hébreux en esclavage. Les mérites et les démérites sont équivalents d’un côté et de l’autre et la justice stricte ne peut pas trancher.   A la rigueur ayant subi les 10 plaies les Egyptiens ont plus d’arguments à faire valoir pour conserver les hébreux esclaves, que les hébreux n’ont désormais d’arguments pour s’affranchir de l’Egypte. On peut rajouter que cela fait 210 ans que les hébreux sont en exil en Egypte et non 400 ans comme cela avait été annoncé à Abraham. Or la durée de 400 ans est connue des hébreux mais elle est aussi connus des Egyptiens.    Et Manitou nous décrit la scène racontée au chapitre 14, verset 10 du livre de l’exode : Les Hébreux lèvent la tête, ils voient l’Egyptien. Pourquoi l’Egyptien au singulier ? En fait ils lèvent la tête, et en levant la tête ils ont vu l’ange protecteur, l’ange tutélaire de l’Egypte, venir devant eux pour défendre le dossier des Egyptiens. Et comme nous l’avons vu cet ange a de sérieux arguments à faire valoir qui a de quoi inquiéter les hébreux, le dossier est très solide.  D’où la crainte des hébreux.   Notre conception du monothéisme intégral est différente des autres ; En général devant mon ennemi, je suis confronté au Dieu de mon ennemi, et je suis protégé par mon propre Dieu. Derrière un conflit entre deux traditions il y a le conflit entre « deux Dieux différents ». Mais dans la tradition hébraïque la conception n’est pas la même. Derrière mon ennemi il y a mon Dieu et derrière moi il y a aussi mon Dieu. Derrière chaque conflit, je dois faire alors la preuve à mon Dieu que je suis plus méritant que mon ennemi. Et ici la chose n’est pas facile on l’a dit. C’est la raison pour laquelle l’ange tutélaire des Egyptiens effraye à ce point les hébreux avec les arguments qu’il a à sa disposition.   On se trouve dans une impasse ou la justice stricte ne sait pas de quel côté pencher.   C’est aussi la raison pour laquelle Dieu dit a Moise que ce n’est pas le temps de la prière, les portes du ciel sont bouchées, et aucune clefs ne permets de les ouvrir. Prier est inutile car les mérites ne sont pas suffisants et la balance des mérites et des démérites est à l’équilibre.   La situation de blocage est illustrée par les commentaires sur le verset lorsque Dieu s’adresse à Moise en disant : (Chemot 14,15) « Que crie tu vers moi ? » et qui peut être résumé de la façon suivante : Ce n’est pas le temps de la prière, parle aux enfants d’Israël et qu’ils avancent (Rachi).   La clef se trouve donc ailleurs, elle se trouve dans la foi que le peuple des hébreux va avoir dans son histoire, et celui qui va montrer la voie est Nahachom Ben Aminadav. Il entre dans l’eau et va permettre par sa foi à ouvrir la mer et à sauver le peuple hébreux.   Les hébreux vont traverser à pieds secs alors que les Egyptiens vont être engloutis dans la mer. Une discussion demeure sur le fait de savoir si Pharaon a survécu ou pas.   C’est ici que Manitou cite la Guemara Sota page 2a pour nous dire que la déchirure de la mer des joncs est aussi difficile que le problème du Zivoug.   Qu’est-ce que le problème du Zivoug ? C’est un problème universel, il existe un homme pour une femme et une femme pour un homme. On dit qu’ils sont destinés à se rencontrer. Mais c’est très rares de se rencontrer, et les choses ne sont pas aussi simples que pour les premières générations, tout dépend du mérite, et le démérite complique considérablement ce qui vient du créateur et va vers la créature dans son effectuation de bénédiction.    Alors il existe ce que l’on appelle le Zivoug Cheni,

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HÉRITAGE ET FIDÉLITÉ

פרקי אבות פרק א, משנה א: משֶׁה קִבֵּל תּוֹרָה מִסִּינַי, וּמְסָרָהּ לִיהוֹשֻׁעַ, וִיהוֹשֻׁעַ לִזְקֵנִים, וּזְקֵנִים לִנְבִיאִים, וּנְבִיאִים מְסָרוּהָ לְאַנְשֵׁי כְנֶסֶת הַגְּדוֹלָה. הֵם אָמְרוּ שְׁלשָׁה דְבָרִים: הֱווּ מְתוּנִים בַּדִּין, וְהַעֲמִידוּ תַלְמִידִים הַרְבֵּה, וַעֲשׂוּ סְיָג לַתּוֹרָה. Les Pirké Avot — traité des Pères — sont un ensemble de michnayot qui traitent de morale pratique. Or, le titre hébraïque de ce traité place cet enseignement de la morale dans la perspective d’un héritage, c’est-à-dire transmis par les Pères. Ce titre indexe l’enseignement de la morale à l’indice paternité.C’est l’être Père qui a la capacité, la prérogative d’enseigner la morale, alors que c’est le maître qui enseigne la Thora, la loi.Ce courant de transmission d’un héritage culturel entre cette manière d’être « père » et la manière d’être « fils » – qui semble lui être opposée – est d’ailleurs un sujet qui préoccupe la génération actuelle dans les différentes dimensions de ce que l’on appelle dans la civilisation occidentale, la contestation.Cette première question restera donc en filigrane : pourquoi l’enseignement talmudique a-t-il tenu à attribuer l’enseignement de la morale pratique, de la pédagogie morale au Père, alors qu’habituellement l’enseignement de la tradition passe plutôt par la personnalité du maître ? Il existe une sorte de « bipolarité » d’identité dans la société hébraïque, entre d’une part Abraham, qui est le prototype du Père (c’est d’ailleurs inscrit dans son nom : le père élevé אב-רם), et d’autre part Moïse, le maître. Ce parallèle entre héritage par Abraham et fidélité par Moïse se retrouve dans l’histoire contemporaine de l’identité juive qui fait actuellement l’objet d’un immense travail de mutation. Mutation porteuse d’un certain nombre de crises tant historiques qu’idéologiques ou politiques, déjà indiquées dans l’enseignement des Pirké Avot. Ces thèmes de l’enseignement de la tradition hébraïque concernent donc un problème très précis, celui d’un travail d’enfantement, de mutation, de l’identité juive contemporaine, travail qui s’inscrit à l’intérieur des crises de croissance de l’humanité de notre temps. Cette mutation d’identité est analogue à ce qui s’est passé il y a plus de trois mille ans, au temps de la sortie d’Egypte. Un ensemble de communautés juives procédant de paysages culturels différents, d’équations personnelles différentes, se trouvent en marche vers une identité réunificatrice qui se dessine déjà, non sans problèmes.La Bible raconte, qu’au temps de la sortie d’Egypte, le peuple hébreu était formé de tribus, de familles, qui prenaient conscience de leur identité « Israël » d’abord à l’échelle individuelle. Et le travail de mutation qui s’est produit en ce temps-là a consisté à tenter de faire exister une nation à partir d’un ensemble de définitions individuelles ou de fidélités personnelles, à essayer de donner une extension collective à l’héritage des Patriarches à travers différentes fidélités personnelles qui pouvaient être contradictoires entre elles, et donc génératrices de conflits.De notre temps, la démarche de mutation est très analogue. En effet, à partir de toutes les communautés de la galout — de l’exil juif —, chacune à sa manière, se dessine un mouvement d’unification d’identité autour du fait « Israël ». Il est donc inévitable, comme au temps de la sortie d’Egypte, que cette mutation contemporaine soit également génératrice de conflits et de problèmes.La société de l’Israël contemporain se trouve confrontée à des situations que la Bible a déjà décrites, et qui sont reprises par le Talmud, en particulier par les Pirké Avot.— De notre héritage d’Abraham vient le principal problème d’identité concernant le destin d’Israël : le conflit judéo-arabe. D’une part, la filiation d’Israël à travers Isaac en Abraham et, d’autre part, celle du monde arabe à travers Ismaël, en Abraham lui aussi. Et cette première polarité sur le thème de l’héritage d’Abraham, comme le raconte la Bible, redevient un problème contemporain, de mutation d’identité, qui nous concerne centralement.— Notre relation de fidélité à Moïse, en tant que maître d’Israël, est la cause d’un conflit ou d’une opposition, dans la société d’Israël aujourd’hui, entre une identité juive qui se définirait comme « religieuse » et une identité juive qui se définirait comme « non-religieuse ».Deux conflits essentiels menacent donc l’avenir de cette gestation d’identité d’Israël. L’un par la périphérie, c’est le conflit judéo-arabe, qui se situe à l’intérieur de l’identité d’Abraham, l’autre au centre, c’est le conflit entre judaïsme religieux et judaïsme laïque — pour employer des termes de la civilisation occidentale — qui, lui, se situe à l’intérieur de toute l’histoire des rapports entre Moïse et la société d’Israël de son temps.A travers ces deux sortes de conflits, on retrouve également le conflit des pères et des fils. A l’échelle de la personne humaine, certains — ce sont ceux-là les pères — se définissent par communion absolue avec Israël comme identité collective, et dans une fidélité collective à l’héritage de tous, et d’autres se définissent seulement dans une relation individuelle. Le conflit entre les pères et les fils ne fait que traduire au niveau de l’existence individuelle, le travail de gestation d’une harmonie qui se cherche entre une identité collective et une identité perçue à l’échelle individuelle.Derrière ces thèmes de l’enseignement traditionnel, tels que les présente la Michna, et tels qu’ils sont formulés de façon plus précise encore dans les textes des kabbalistes, apparaît le thème d’un conflit métaphysique entre forces de la patience et forces de l’impatience. Dialectique entre patience et impatience, très parallèle à la dialectique entre l’Etre père et l’Etre fils, à la dialectique entre l’identité collective et les droits de l’existence individuelle ; et surtout dialectique entre la perspective de l’héritage et la perspective de la fidélité.La notion qui récapitule l’ensemble de ces thèmes est une notion très paradoxale du vocabulaire biblique lorsqu’il désigne l’identité d’Israël. En hébreu c’est זרע קודש. 1. זרע קודש- POSTÉRITÉ SAINTE זרע — signifie une postérité, une descendance. C’est donc une allusion à une identité qui se reçoit par héritage, sans que ne s’introduise aucune option idéologique, sans qu’intervienne le critère du mérite de fidélité à un certain nombre de valeurs qui dépasseraient l’hérédité pure et simple.Mais le terme de זרע — postérité — se trouve tout de suite modifié par (dans l’original : adjectif) קודש qui signifie le saint, le sacré. Il

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HÉRITAGE ET FIDÉLITÉ

פרקי אבות פרק א, משנה א: משֶׁה קִבֵּל תּוֹרָה מִסִּינַי, וּמְסָרָהּ לִיהוֹשֻׁעַ, וִיהוֹשֻׁעַ לִזְקֵנִים, וּזְקֵנִים לִנְבִיאִים, וּנְבִיאִים מְסָרוּהָ לְאַנְשֵׁי כְנֶסֶת הַגְּדוֹלָה. הֵם אָמְרוּ שְׁלשָׁה דְבָרִים: הֱווּ מְתוּנִים בַּדִּין, וְהַעֲמִידוּ תַלְמִידִים הַרְבֵּה, וַעֲשׂוּ סְיָג לַתּוֹרָה. Les Pirké Avot — traité des Pères — sont un ensemble de michnayot qui traitent de morale pratique. Or, le titre hébraïque de ce traité place cet enseignement de la morale dans la perspective d’un héritage, c’est-à-dire transmis par les Pères. Ce titre indexe l’enseignement de la morale à l’indice paternité.C’est l’être Père qui a la capacité, la prérogative d’enseigner la morale, alors que c’est le maître qui enseigne la Thora, la loi.Ce courant de transmission d’un héritage culturel entre cette manière d’être « père » et la manière d’être « fils » – qui semble lui être opposée – est d’ailleurs un sujet qui préoccupe la génération actuelle dans les différentes dimensions de ce que l’on appelle dans la civilisation occidentale, la contestation.Cette première question restera donc en filigrane : pourquoi l’enseignement talmudique a-t-il tenu à attribuer l’enseignement de la morale pratique, de la pédagogie morale au Père, alors qu’habituellement l’enseignement de la tradition passe plutôt par la personnalité du maître ? Il existe une sorte de « bipolarité » d’identité dans la société hébraïque, entre d’une part Abraham, qui est le prototype du Père (c’est d’ailleurs inscrit dans son nom : le père élevé אב-רם), et d’autre part Moïse, le maître. Ce parallèle entre héritage par Abraham et fidélité par Moïse se retrouve dans l’histoire contemporaine de l’identité juive qui fait actuellement l’objet d’un immense travail de mutation. Mutation porteuse d’un certain nombre de crises tant historiques qu’idéologiques ou politiques, déjà indiquées dans l’enseignement des Pirké Avot. Ces thèmes de l’enseignement de la tradition hébraïque concernent donc un problème très précis, celui d’un travail d’enfantement, de mutation, de l’identité juive contemporaine, travail qui s’inscrit à l’intérieur des crises de croissance de l’humanité de notre temps. Cette mutation d’identité est analogue à ce qui s’est passé il y a plus de trois mille ans, au temps de la sortie d’Egypte. Un ensemble de communautés juives procédant de paysages culturels différents, d’équations personnelles différentes, se trouvent en marche vers une identité réunificatrice qui se dessine déjà, non sans problèmes.La Bible raconte, qu’au temps de la sortie d’Egypte, le peuple hébreu était formé de tribus, de familles, qui prenaient conscience de leur identité « Israël » d’abord à l’échelle individuelle. Et le travail de mutation qui s’est produit en ce temps-là a consisté à tenter de faire exister une nation à partir d’un ensemble de définitions individuelles ou de fidélités personnelles, à essayer de donner une extension collective à l’héritage des Patriarches à travers différentes fidélités personnelles qui pouvaient être contradictoires entre elles, et donc génératrices de conflits.De notre temps, la démarche de mutation est très analogue. En effet, à partir de toutes les communautés de la galout — de l’exil juif —, chacune à sa manière, se dessine un mouvement d’unification d’identité autour du fait « Israël ». Il est donc inévitable, comme au temps de la sortie d’Egypte, que cette mutation contemporaine soit également génératrice de conflits et de problèmes.La société de l’Israël contemporain se trouve confrontée à des situations que la Bible a déjà décrites, et qui sont reprises par le Talmud, en particulier par les Pirké Avot.— De notre héritage d’Abraham vient le principal problème d’identité concernant le destin d’Israël : le conflit judéo-arabe. D’une part, la filiation d’Israël à travers Isaac en Abraham et, d’autre part, celle du monde arabe à travers Ismaël, en Abraham lui aussi. Et cette première polarité sur le thème de l’héritage d’Abraham, comme le raconte la Bible, redevient un problème contemporain, de mutation d’identité, qui nous concerne centralement.— Notre relation de fidélité à Moïse, en tant que maître d’Israël, est la cause d’un conflit ou d’une opposition, dans la société d’Israël aujourd’hui, entre une identité juive qui se définirait comme « religieuse » et une identité juive qui se définirait comme « non-religieuse ».Deux conflits essentiels menacent donc l’avenir de cette gestation d’identité d’Israël. L’un par la périphérie, c’est le conflit judéo-arabe, qui se situe à l’intérieur de l’identité d’Abraham, l’autre au centre, c’est le conflit entre judaïsme religieux et judaïsme laïque — pour employer des termes de la civilisation occidentale — qui, lui, se situe à l’intérieur de toute l’histoire des rapports entre Moïse et la société d’Israël de son temps.A travers ces deux sortes de conflits, on retrouve également le conflit des pères et des fils. A l’échelle de la personne humaine, certains — ce sont ceux-là les pères — se définissent par communion absolue avec Israël comme identité collective, et dans une fidélité collective à l’héritage de tous, et d’autres se définissent seulement dans une relation individuelle. Le conflit entre les pères et les fils ne fait que traduire au niveau de l’existence individuelle, le travail de gestation d’une harmonie qui se cherche entre une identité collective et une identité perçue à l’échelle individuelle.Derrière ces thèmes de l’enseignement traditionnel, tels que les présente la Michna, et tels qu’ils sont formulés de façon plus précise encore dans les textes des kabbalistes, apparaît le thème d’un conflit métaphysique entre forces de la patience et forces de l’impatience. Dialectique entre patience et impatience, très parallèle à la dialectique entre l’Etre père et l’Etre fils, à la dialectique entre l’identité collective et les droits de l’existence individuelle ; et surtout dialectique entre la perspective de l’héritage et la perspective de la fidélité.La notion qui récapitule l’ensemble de ces thèmes est une notion très paradoxale du vocabulaire biblique lorsqu’il désigne l’identité d’Israël. En hébreu c’est זרע קודש. 1. זרע קודש- POSTÉRITÉ SAINTE זרע — signifie une postérité, une descendance. C’est donc une allusion à une identité qui se reçoit par héritage, sans que ne s’introduise aucune option idéologique, sans qu’intervienne le critère du mérite de fidélité à un certain nombre de valeurs qui dépasseraient l’hérédité pure et simple.Mais le terme de זרע — postérité — se trouve tout de suite modifié par (dans l’original : adjectif) קודש qui signifie le saint, le sacré. Il

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