Le jour le plus long

Richard Shlomo Elkaïm

Journal de la guerre

Mardi 21 janvier 2025, 21 Tevet 5785
« Glaives de fer », 473ème jour de guerre…
1 an et 107 jours –

Le jour le plus long.
C’était avant-hier.
Dimanche 19 janvier, Israël s’est réveillé comme s’il n’en pouvait plus. Comme s’il ne pouvait plus respirer. Etouffant. Oppressé. Mutique. A 7 heures du matin, dans l’autobus et puis le tram, pas âme qui bronchait. Pas le moindre sourire. Pas la moindre mimique. Les religieux le regard plongé dans leur livre de prières. Ils priaient, priaient. Les autres plongés dans leurs songes. Pas le moindre portable allumé. Israël en pleine méditation. En pleine réflexion. Tous savaient. Tous savaient que dans quelques heures, trois jeunes femmes retrouveraient l’air pur de la vie, l’oxygène qui a dû tellement leur manquer durant tant et tant de temps. 471 jours. 15 mois. Même un peu plus. Trop longtemps.

Trois femmes étaient annoncées. Seront-elles libérées ? et dans quel état ? et… vivantes ou mortes ? un cadavre peut-être ? on le sait, on n’aurait pas dû. Quel terrible marché ! trois femmes contre 90 barbares. On n’a pas eu le choix. On espérait les délivrer, tous. On n’a pas pu. Quel terrible marché ! 33 personnes innocentes contre 1900 barbares ayant tué des Juifs, et qui tueront d’autres Juifs dès leur libération. Mais même si l’on sauve une vie, une seule, on aura, dit le Talmud, sauvé l’univers tout entier.
‎כל המקיים נפש אחת, כאילו קיים עולם מלא (kol hameqayem nefesh ahat, ke’ilu qayam ‘olam mal, « quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier ».

Et puis on les a vues. Enfin. Vivantes. Sur leurs deux jambes. Longs cheveux tressés. Ce serait une autre otage, iconique, Naama Lévy, cette jeune fille de 19 ans tirée par les cheveux du 4 x 4 par les barbares du Hamas ce 7 octobre, qui les aurait coiffées. Elle aimerait les tresses. Même un sourire sur le visage de Doron, de Romi, d’Emily. L’hélicoptère. L’hôpital Sheba. Les bras qui se tendent. Leurs mères.
Leur joie.
Leur bonheur.
A chavirer.

Et puis ces gazaouis. Ces gazaouis. Les revoila les tortues ninja, uniforme vert, bandeau noir, armés jusqu’aux dents, effrayants, harcelants jusqu’au bout. Une mise en scène bien orchestrée du Hamas. En guise de « cadeau » de départ, un sac à dos, des photos d’elles, dans les tunnels. Au cas où elles oublieraient, un jour lointain. Des palestiniens affamés, exsangues, sortis des camps de concentration ? pensez-vous ! tous complices. Joues bien remplies. Les derniers iPhone brandis pour filmer leur « victoire » sur les Juifs. Tous ont pris part au carnage. Au massacre du 7 octobre. Tous. D’une façon ou d’une autre.

On les regarde, Doron, Romi, Emily, on sourit enfin, on pleure. Elles rentrent à la maison. Même le corps du soldat Oron Shaül, aux mains du Hamas depuis plus de dix ans, a été retrouvé, récupéré. Il aura enfin une sépulture, chez lui. Je zappe sur toutes les chaines d’Israël et de France. De France ? Non. Cnews seulement. BFMTV, TF1, celles du service public, toutes vendues à l’Etat, aux palestiniens, à la gauche, à LFI. Heureusement que nous avons encore Cnews avec nous, avec la vérité toute simple, toute crue. Toute bête. Mais toutes racontent. L’émotion est à son comble sur tous les plateaux.
17 heures 39. Les télévisions annoncent : « les trois otages sont libres ! elles ont été remises aux forces de Tsahal. Libérées et vivantes. Il reste maintenant 94 otages dans la bande de Gaza ».
On revit.
On a tant et tant de temps à attendre pour revoir enfin les autres otages…
Mais à chaque jour suffit sa peine. Et ses joies.

Hier 20 janvier. Devant Cnews tout l’après-midi. Je ne voulais rater aucune image de celui dont j’ose espérer des miracles. Même si tous disent que le Trump d’aujourd’hui, ce Trump 2.0 voire 3.0 tant on évoque l’homme de demain ou d’après-demain, ne sera pas celui du Trump du premier mandat. J’aime croire en les hommes forts, et Donald Trump est peut-être le dernier homme fort parmi les dirigeants de ce monde en déroute. On se doute que pour nous, pour Israël, on aura du souci à se faire, les choses ne seront pas faciles.
Mais on veut y croire.
Il le faut, on n’a pas le choix.

Nous avons vécu un jour historique mais nous ne le savons pas encore. Il faisait très froid devant le Capitole, les cœurs étaient chauds à l’intérieur, et le 47ème Président des Etats-Unis a pris officiellement ses fonctions dans des habits qu’il connaissait déjà. Qui aurait misé sur ce jour de gloire alors qu’il risquait la prison dans l’affaire abracadabrantesque du Capitole ? Dans le respect de la tradition américaine, le nouveau président a prêté serment en po-sant sa main sur une bible familiale, héritage de sa mère. La main droite levée, il a prononcé le serment constitutionnel, s’engageant à « protéger la Constitution » des États-Unis, concluant par la formule traditionnelle « Que Dieu me vienne en aide ! ». Conformément au protocole, des salves d’artillerie ont retenti au Capitole pour marquer ce moment solennel de la démocratie américaine.
« Le déclin de l’Amérique est terminé. L’âge d’or a commencé ». « À partir de ce jour, notre pays prospérera et sera à nouveau respecté dans le monde entier. Nous ferons l’envie de toutes les nations, et nous ne nous laisserons plus abuser. Pendant chaque jour de l’Administration Trump, je ferai tout simplement passer l’Amérique en premier ».

Je veux le croire. L’âge d’or a commencé pour l’Amérique. Espérons que cet âge d’or commence aussi pour Israël.
Qui vivra verra.

A bientôt.

Richard Shlomo Elkaïm
Yerouchalaïm

Am Israël Haï !

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