L’OEUVRE DE LA CRÉATION
LES ENGENDREMENTS
JUIFS OU HÉBREUX
ISRAËL ET LES NATIONS
MESSIANISME
THÈMES FONDAMENTAUX

PINHAS - SÉRIE 1993

Le cours

 

(1993) פִּינְחָס

 


Je vais parler un peu des 2 Parashiot précédentes où je n’étais pas là.

 

Fin de Parashah précédente => on apprend qu’il y a eu un échec faisant suite à la tentative de Bilaam de maudire Israël.

Je reprends les personnages en jeu dans la Parashah : Balak, Bilaam

Je vous signale qu’il y a un étonnement chez les commentateurs : comment se fait-il que l’on ait attribué une Parashah à un personnage aussi néfaste pour Israël que Balak ?  

Le thème général c’est les Parashiot sous le nom d’un personnage exemplaire. On s’attend à ce qu’il s’agisse de Tsadikim. Par exemple Pin’has. Pin’has est petit fils d’Aaron qui est intervenu dans un épisode très grave qui nous est raconté en fin de Parashah précédente lors de l’affaire des filles de Moav.  

 

Balak était le chef d’une coalition des peuples de la région au moment de la sortie d’Egypte des enfants d’Israël, et lorsqu’il a compris que rien ne pouvait vaincre la force mystérieuse de ce peuple d’esclaves sortis des camps de concentrations d’Egypte et qui sème la terreur sur son passage pour entrer en terre de Canaan. Il a compris nous dit le texte וַיַּרְא בָּלָק בֶּן-צִפּוֹר,  il a compris que rien ne pouvait vaincre Israël.  

Comment se fait-il que ce peuple d’esclaves ait une puissance politique et militaire telle qu’elle sème la panique dans le Moyen-Orient de l’époque ?

Ce qui se passe actuellement éclaire ce qui s’est passé au temps de la sortie d’Egypte et réciproquement.  

 

Balak est le roi de Moav à l’époque, après usurpation de dynastie, il fait appel à un prophète des nations qui s’appelle Bilaam et qui a la capacité de prophétie pour toutes les nations ensemble.  

Chaque nation avait son prophète en ce temps-là de la prophétie jusqu’au temps de la sortie d’Egypte, plus exactement jusqu’au Sinaï. 

 

A partir du Sinaï la prophétie cesse chez les Nations et, en plus, à certaines périodes qui sont des périodes de fin d’exil, il y a un prophète qui a la capacité prophétique de toutes les nations ensemble. C’est Bilaam en ce temps-là. Bilaam est donc convoqué par Balak pour tenter de maudire Israël.  

 

Le raisonnement de Balak est le suivant : l’épisode de la guerre entre les Hébreux et les Emorites (Amoréens) qui est contée juste avant lui fait comprendre qu’il n’y aurait pas de solution militaire, alors il tente une autre stratégie. Il demande à Balak de maudire.

 

Il y a un sujet important :

  • Que signifie maudire un peuple ?
  • Que signifie bénir ?
  • Comment des paroles peuvent-elles influer sur des problèmes aussi graves ?

 

Les peuplades qui habitaient le Moyen-Orient voulaient empêcher Israël de rentrer chez lui. On s’aperçoit que personne n’est capable de l’en empêcher et alors on essaye une autre stratégie que celle de la force militaire qui s’est révélée inefficace jusqu’à présent.  

Le sens de maudire ici c’est « dire  le mal de », nous avons vécu depuis la période du nazisme et y compris durant la période actuelle des événements politiques qui reprennent cette stratégie de Bilaam et de Balak. C’est le problème de ce que peut faire la propagande pour dénaturer la réputation d’un individu ou d’un peuple. Cela a été inventé par Goebbels au temps du nazisme. C’est toute une technique. La propagande nazie au temps de l’hitlérisme était arrivée à persuader l’humanité entière que les Juifs étaient le diable et que cela allait de soi de faire cette chasse à l’homme et ces meurtres et ces génocides. Surtout que depuis 2000 ans, l’Eglise avait déjà préparé les esprits. L’effet de cette propagande consiste à rendre mauvais.  

 

Lorsque Dieu se révèle à Bilaam, il lui demande de ne pas aller maudire Israël parce qu’Israël est béni. Mais on ne comprend pas comment Bilaam aurait cette force face à Dieu tout-puissant, de faire que ce que Dieu a béni soit maudit ?  

Suivant le principe de liberté des créatures on s’aperçoit effectivement que cette liberté de la parole peut jouer et peut aboutir au fait que ce qui est bien est perçu comme mal. 

Nous vivons un événement de ce genre depuis la proclamation de l’Etat d’Israël, non sous la forme de la propagande et de la calomnie sur le peuple juif mais la calomnie de propagande vis-à-vis d’Israël qui arrive à changer la réputation de l’identité d’Israël à travers les masses-médias et les chancelleries, c’est le symbole du mal absolu.  

 

De la même manière qu’au temps de Hitler « juif » était synonyme de diable, le sionisme est de nos jours synonyme de barbarie. Des juifs mêmes sont pris au piège de cette propagande et pas seulement des juifs, des israéliens, et mêmes des professeurs...  

Lorsqu’on s’aperçoit qu’on ne peut rien contre Israël, alors on essaye de le maudire (dire le mal de) afin de dénaturer son identité sans rien connaitre de sa nature ni de son histoire.

 

Qui est ce Bilaam contemporain ?

Le prophète de toutes les nations, le porte-parole de l’opinion publique des nations, c’est le secrétaire générale de l’ONU. Il est chargé d’enregistrer toutes les dizaines ou centaines de condamnation d’Israël pour faute de sionisme avec l’aval des nations : tout à fait l’histoire de Balak et de Bilaam !  

Vous voyez à quel point les choses sont semblables puisqu’analogues.  

 

La nation arabe avec ses 22 pays cherche à en faire un 23ème pour remplacer Israël, n’arrive pas à vaincre Israël ce peuple d’esclaves sortis des camps de concentration et des ghettos dans la génération précédente, alors elle le maudit avec l’aide de la propagande et cela prend. 

On arrive à habituer les gens que Jérusalem ce n’est pas la capitale d’Israël mais que c’est la capitale de la Palestine...  

Jusqu’à la guerre des 6 jours, il y avait un sionisme unique : construire l’Etat d’Israël en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. A partir de la guerre des 6 jours apparait chez les Juifs eux-mêmes un second sionisme dont l’objectif est de créer un pays arabe en Palestine.  

Cette stratégie de malédiction par Bilaam ayant échoué (voulant dire le mal il est contraint de dire le bien) alors il laisse un conseil à Balak : personne  ne peut vaincre ce peuple car son identité hébraïque est inassassinable. Par conséquent, il faut tenter de corrompre son identité. La stratégie consiste à faire fraterniser les filles de Moav avec les hommes d’Israël.

Les filles de Moav vont se parer et se farder pour séduire Israël dans les tentes et les conduire à l’idole... C’est là le conseil de Bilaam à Balak.  

Cela a failli prendre au point qu’un prince d’Israël nommé Zimri ben Salou alla avec une princesse de Moav nommée Cozbi bat Tsour. Pin’has se révolte et les tue tous deux.

 

2 questions posées dans le Talmud :

 

=> Pourquoi Moïse n’intervient pas ? Il est pris au piège d’avoir épousé une midianite, la fille de Jéthro convertie par le Beit Din de Moïse, malgré la différence totale de nature. Son intervention est impossible car il est dans ce cas, bien qu’à un autre niveau. Il est paralysé, personne ne bouge et Pin’has prend alors l’initiative et arrête cette מַגֵּפָה qui conduirait à dénaturer Israël et son droit à entrer en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל se serait évanoui dans les sables du désert.

 

On ne refait pas l’histoire, je crois alors que la תּוֹרָה nous aurait raconté l’histoire d’un autre Israël qui aurait remplacé cet Israël qui aurait échoué... Ce n’est pas le cas. Israël sorti d’Egypte quelques soient les tentations arrivera jusqu’au bout de l’histoire des temps messianiques, et il y a eu à travers les siècles énormément de tentatives de substituer à l’Israël originel, celui de Moïse sortant les Hébreux de l’Egypte, un Israël ersatz de seconde manière. 

Il faut dire que l’histoire de cet Israël n’est pas une histoire simple. On étudie d’autre part pourquoi ces rébellions, pourquoi ce peuple qui est le seul à se dénouer et qui le fait avec une telle délectation ? C’est un autre sujet que je vous signale en passant.  

Amos le prophète dit en clair que Dieu lui même dit qu’il voudrait changer ce peuple par un autre mais Il tient sa promesse faite aux Patriarches. Mais Dieu est Dieu et Il ne peut pas changer sa parole. Mais il y a jusque-là un doute. (Et même la moitié d’un doute : ‘Hassidout)

 

Quoiqu’il en soit voilà la grandeur de Pin’has, nous allons y revenir avec l’aide de Rashi  

25:10-11

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

Et Dieu parla à Moïse en disant

פִּינְחָס בֶּן-אֶלְעָזָר בֶּן-אַהֲרֹן הַכֹּהֵן, הֵשִׁיב אֶת-חֲמָתִי מֵעַל בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, בְּקַנְאוֹ אֶת-קִנְאָתִי, בְּתוֹכָם; וְלֹא-כִלִּיתִי אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, בְּקִנְאָתִי

Pin’has fils de Eléazar fils de Aaron le Kohen...  

 

Un Rashi explique cette généalogie. Pourquoi faut-il relier cette généalogie à Aaron ?

Un autre personnage qui a donné son nom à une Parashah c’est Qora’h lors de la rébellion contre Moïse. Sa généalogie remonte à Lévi et non pas à Jacob.  

 

הֵשִׁיב אֶת-חֲמָתִי מֵעַל בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל

A fait revenir ma colère de dessus les enfants d’Israël,

 

 בְּקַנְאוֹ אֶת-קִנְאָתִי בְּתוֹכָם

Lorsqu’il fut pris du zèle de mon zèle au milieu d’eux  

Rashi va changer un peu la traduction du vocabulaire, il va dire נקמה vengeance et קֶצֶף colère. Regardez bien l’expression : « Il a pris sur lui mon problème »

Personne n’a fait ce que Je souhaitais qu’il soit fait mais que je ne pouvais pas faire...

Question : pourquoi Dieu n’intervient pas, pourquoi attendre que Pin’has intervienne pour mettre fin à ce risque de dénaturation d’Israël ?

 

A d’autres occasions Dieu intervient mais là Dieu attend, Moise ne peut rien et Pin’has intervient.

וְלֹא-כִלִּיתִי אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל בְּקִנְאָתִי  

Et Je n’ai pas écrasé-effacé les enfants d’Israël dans ma colère.  

 

Le résultat aurait été l’annulation d‘Israël comme cela aurait été le cas lors de la faute du veau d’or mais là Moïse était intervenu, exigeant de Dieu la suspension de la sanction.  

 

25:12

לָכֵן, אֱמֹר: הִנְנִי נֹתֵן לוֹ אֶת-בְּרִיתִי שָׁלוֹם

C’est pourquoi tu vas dire Me voici donnant à lui Mon alliance de paix    

 

L’alliance de paix est donnée à celui capable de prendre en main la קִנַאה contre les ennemis d’Israël, contre l’état des choses en Israël.  

L’analyse du texte de Yossef Attoun rédigé pour la Parashah, il y pose le problème suivant: N’y a t’il pas une contradiction entre le rôle de Aaron l’homme de paix et le fait que l’alliance de paix soit donnée précisément à celui qui apparait comme l’extrémiste, les kanaïm, les zélotes ?  

 

וְהָיְתָה לּוֹ וּלְזַרְעוֹ אַחֲרָיו בְּרִית כְּהֻנַּת עוֹלָם--תַּחַת אֲשֶׁר קִנֵּא לֵאלֹהָיו וַיְכַפֵּר, עַל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Et cela sera pour lui et sa postérité après lui une alliance de prêtrise éternelle, à la place de, parce qu’il a été pris de zèle pour Son Dieu et il a assuré la  כַּפָּרָה, l’expiation-pardon sur les enfants d’Israël.

 

Ensuite on nous dit la grandeur de Pin’has en 2 versets.

Ce n’est pas contre n’importe qui qu’il est intervenu.  

 

25 :14

וְשֵׁם אִישׁ יִשְׂרָאֵל הַמֻּכֶּה, אֲשֶׁר הֻכָּה אֶת-הַמִּדְיָנִית--זִמְרִי, בֶּן-סָלוּא:  נְשִׂיא בֵית-אָב, לַשִּׁמְעֹנִי

Et le nom de la personnalité d’Israël qui a été frappé avec la midianite Zimri ben Salou prince de maison paternelle de la tribu de Shimon,  

 

25 :15

וְשֵׁם הָאִשָּׁה הַמֻּכָּה הַמִּדְיָנִית, כָּזְבִּי בַת-צוּר:  רֹאשׁ אֻמּוֹת בֵּית-אָב בְּמִדְיָן הוּא

et le nom de la femme qui a été frappée, la midianite Kozbi bat Tsour, chef de peuples de maison paternel de Midian...

 

Le sujet général sur lequel je pense il est important de réfléchir c’est de savoir pourquoi la תּוֹרָה a tenu à mettre en évidence un certain nombre de personnalités des récits historiques de ce temps.

La réponse est simple : elle nous les donne en modèle de profil d’identité d’épisodes de péripéties analogues que nous avons à vivre dans l’histoire d’Israël.  

 

Je vous rappelle le principe, c’est Na’hmanide qui l’a mis à la base de son commentaire. Et à sa suite énormément de commentateurs. J’ai été habitué dans mon étude à suivre la lignée de Judah Halévi continuée par le Maharal et le Rav Kouk à travers le Shla’h et qui nous font comprendre ceci : le peuple d’Israël vit l’histoire dont le projet existe à l’avance. Non pas sa réalisation dans l’existence, dans l’événementiel, mais son programme en essence, dans l’essentiel. Et le 1er modèle qui nous est dévoilé c’est la manière dont la prophétie hébraïque a formulé l’histoire des Pères, celle des Patriarches avant tout.

Le principe est le suivant :   kol maassei avot siman labanim

Tout ce qui est arrivé aux Pères est un signe pour les enfants.  

C’est-à-dire pour ce qui arrivera aux enfants dans la mesure où ils sont les enfants de ces pères-là, dans la mesure où ils s’y identifient par fidélité réelle. Ce n’est pas de n’importe quel Israël dont il est question. La תּוֹרָה raconte l’histoire d’un Israël qui est les בָּנִים de ces אֲבוֹת – la descendance des pères qui ont fait émergés cette identité hébraïque dans l’identité humaine.   

Il faut comprendre que c’est vrai aussi pour toutes les nations. Quand je dis « nation » ce n’est pas n’importe quel groupement politique qui s’intitule du titre d’un pays ou forme le peuple d’une nation. Aujourd’hui il y a un mélange absolu de ce qu’étaient les 70 nations originelles depuis la diaspora de l’humanité de Babel. Quoiqu’il en soit toutes les nations, tant qu’elles avaient leur Sefer Yorassin, leur filiation par généalogie, avaient leurs prophètes qui leur expliquaient le sens de leur histoire ou de leur destinée historique. C’est disparu pour toutes les nations sauf pour Israël.  

Au moment où Moshe Rabénou à reçu la תּוֹרָה, il a demandé comme clause de réception que la prophétie s’arrête sur les nations, plus exactement que la שְׁכִינָה ne réside plus chez les nations . 

De la même manière qu’il y avait Shekhinah pour Israël il y avait שְׁכִינָה pour les nations. J’appellerais cela providence au 1er degré. Pour les nations, il n’y a plus que providence au 2nd degré. En particulier, cette Providence au 1er degré va être réservée dans le lien entre le Créateur et Israël à partir du Sinaï et demandée par Moïse.

 

Massekhet Brakhot : l’explication c’est qu’Israël est la seule nation qui ait accepté que son histoire soit jugée d’après la תּוֹרָה. Or, il y a des raisons pour lesquelles les autres nations ont refusé.

C’est parce que l’humanité entière a refusé à tour de rôle, nation après nation, que son histoire de civilisation soit jugée par la תּוֹרָה, c’est-à-dire par la Loi morale, que finalement Dieu s’est inventé une nation à part qui est Israël, du dedans de l’humanité, qui elle a accepté la תּוֹרָה. Le sujet est très vaste et très important.  

 

Par rapport à notre problème, je l’expliquerais de la manière suivante : la תּוֹרָה raconte d’abord en préface de la Loi comme loi, l’histoire de l’universel humain. Et par conséquent, il y a une vision prophétique de l’histoire de chaque nation de cet universel humain. Or, voici que cet universel humain est en compétition avec Israël depuis qu’Israël est ce peuple-là qui est le seul à avoir reçu la תּוֹרָה. On fini par établir ceci que cet antisémitisme universel contre le peuple juif qui se cristallise contre Israël a ceci pour raison essentielle : nous sommes le peuple du Livre de la Loi. (Et non pas dans le sens du « peuple du livre » comme peuple de libraires... Il faudrait comparer la notion sémantique du terme « livre » et celle de « סֵּפֶר »).  

 

Les Nations entrent en compétition avec Israël qui a fort à faire vis-à-vis de ces compétitions. Il n’y a qu’à comprendre ce qui se passe depuis le Sinaï jusqu’à aujourd’hui. Les peuples ne connaissent plus le sens prophétique de leur propre dossier contre Israël et c’est malgré tout très dur pour Israël. Alors si en plus ils avaient l’éclairage prophétique de leurs propres dossiers, où en serions-nous ?

C’est pourquoi Moïse demande à ce que cela leur soit retiré. Qu’ils n’aient pas en plus un avantage en gardant des prophètes du type Bilaam et Balak.  

Il y a deux grandes civilisations qui ont gardé leurs généalogies jusqu’aux Patriarches : l’Eglise à travers Rome et Esaü. Il a fallu Jules Isaac pour mettre les choses au point. Et Ismaël. Et il a fallu attendre le Maharal pour qu’il éclaire une Guémara des premières pages de la Massekhet Avodah Zara : c’est la Perse.  

C’est de notre temps que la Perse, aujourd’hui l’Iran, a pris l’étendard de l’Islam contre Israël. De la même manière qu’en Occident c’est l’Eglise, Rome, qui avait pris l’étendard d’Esaü contre Israël.  

On règle les comptes avec Esaü comme préalables de règlement de compte avec Ismaël. On vit dans une génération où, grâce à Dieu, on ne s’ennuie pas. Et heureusement, ni l’Eglise ni l’Islam ne savent ce que savent les rabbins de leur dossier contre Israël. C’est ce que Moïse a demandé.

 

Je reviens à notre sujet.

Le fait qu’il y ait un certain nombres de personnages que la תּוֹרָה met en évidence comme une sorte de paradigmes, de modèles avec sa signification, de structure de modèles, de ce que nous devons rencontrer dans les péripéties de notre histoire.  

Le principe de Na’hmanide : kol mah shirah laavot siman labanim : Tout ce qui arrive aux Pères est un signe pour les fils.  

 

En effet, Israël vit à l’échelle d’une collectivité, un peuple une nation et non pas une religion, mais un peuple, une nation, ce que Abraham, Yitzhak et Yaaqov ont vécu dans leur mise à l’épreuve d’identité: c’est-à-dire la mise en question : « es-tu Israël ? »

En fin de compte Abraham puis Isaac puis Jacob aboutissent à l’identité Israël en Jacob.  

C’est cette histoire de mise à l’épreuve d’identité qui est vécue par Israël en tant que nation dans sa traversée de l’histoire des civilisations.  

En schématisant beaucoup:  

 

  • Dans l’exil d’Egypte, nous avons vécu l’histoire d’Abraham. Sortis d’Egypte, nous sommes confirmés comme fils d’Abraham.

 

  • Dans l’exil de Babylone qui se termine avec Ezra et Néhémie, nous avons vécu l’histoire d’Isaac. Sortis de Babel, nous sommes confirmés comme fils d’Isaac.

 

  • Dans l’histoire de l’exil de Rome qui a duré 2000 ans, nous vivons l’histoire de Jacob aux prises avec Esaü. Sortis de l’exil de Rome nous sommes confirmés comme fils de Jacob avec le nom Israël.

 

Cela faisant 2000 ans que l’on ne nous appelait pas Israël !

Il a fallu que nous arrivions aux temps présents pour que le peuple juif reçoive le nom d’Israël, par la volonté des Juifs qui ont fondé l’Etat d’Israël. Et le Vatican sera finalement obligé de reconnaître que cet état s’appelle Israël parce qu’il a intérêt à renouer des relations avec l’Etat d’Israël. On arrive bien au terme d’une histoire où effectivement nous sommes confirmés dans l’identité de Jacob recevant le nom d’Israël.

 

****

 

Je voudrais opposer 2 de ces personnages : בָּלָק et יִתְרוֹ.

Ces 2 personnages sont 2 identités des nations qui ont perçu ce que représente Israël ; l’un en a été amené à être pour, c’est Yitro, l’autre en a été amené à être contre, c’est Balak. Nous verront en 3ème position comment Pin’has intervient.

 

1er verset Parashah בָּלָק chapitre 22:   

וַיַּרְא בָּלָק, בֶּן-צִפּוֹר, אֵת כָּל-אֲשֶׁר-עָשָׂה יִשְׂרָאֵל, לָאֱמֹרִי

Et Balak fils de Tsipor vit tout ce qu’Israël avait fait à l’amoréen  

Cf. le texte précédent où l’on voit la grande victoire d’Israël contre Si’hon Melekh tous ces récits-là et où Balak va s’instaurer comme chef d’une coalition anti-Israël et prend acte du fait que l’on peut rien contre la force d’Israël.  

Le verbe ici c’est que Balak a vu. וַיַּרְא בָּלָק.

 

Pour Yitro c’est le verbe entendre.  

יִתְרוֹ  18 :1

וַיִּשְׁמַע יִתְרוֹ כֹהֵן מִדְיָן, חֹתֵן מֹשֶׁה, אֵת כָּל-אֲשֶׁר עָשָׂה אֱלֹהִים לְמֹשֶׁה, וּלְיִשְׂרָאֵל עַמּוֹ:  כִּי-הוֹצִיא יְהוָה אֶת-יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם

Et Jethro entendit...  

 

Très rapidement nous allons voir la différence qu’il y a entre ces 2 verbes et pourquoi l’un concerne Yitro et pourquoi l’autre concerne Balak. C’est un sujet important. Je vais vous le résumer.  

 

Il y a 2 manières en hébreu de dire la connaissance en hébreu :  

 

  • La connaissance par le sens de l’ouïe, par l’écoute, et il y a des versets qui invitent Israël à la connaissance par l’expression יִשְׂרָאֵל  שְׁמַע... Ecoute Israël. La fonction de la connaissance qui se réfère à la perception par l’ouïe, c’est l’entendement. Qui désigne, au niveau de l’intellect, la connaissance qui a pour véhicule de perception l’audition, le fait d’entendre.  

 

  • La 2ème c’est la vue. Nous avons des versets qui invitent Israël à la connaissance par la vision : יִשְׂרָאֵל רְאֶה... Vois Israël

 

Le français connait ces 2 méthodes de connaissance. Pour demander à quelqu’un s’il a compris, on dit : Tu vois ? Tu entends ? On ne se rend plus compte de la différence mais cela se réfère à 2 tempéraments différents parmi d’autres d’ailleurs de l’imagination perceptive. Les hommes ont des formes de l’imagination différentes suivant le sens privilégié.   

Par exemple, l’imagination est le véhicule de la pensée. En fait, la pensée authentique est la pensée sans image, au-delà des images. La plupart des gens pensent à travers des images. Ils croient qu’ils pensent mais en réalité ils imaginent.  

Lorsqu’on dit un mot, le mot table par exemple.

Si le concept de table apparait sous la forme d’une table c’est qu’il y a imagination visuelle.

Si le concept vous apparait dans la signification de la finalité de la table, c’est …/…

 

[Deut. 4:12]

וּתְמוּנָה אֵינְכֶם רֹאִים זוּלָתִי קוֹל.

Au Sinaï... « Vous n’avez vu aucune représentation uniquement la voix »

 

Cependant, il faut savoir qu’il y les 2 méthodes de la connaissance. Par l’écoute, l’entendement : j’ai compris parce que quelqu’un m’a expliqué de quoi il s’agit. C’est la connaissance par l’entendement. Comprendre ce que les autres voient si j’ose dire. Et la connaissance par la vision.  

Du point de vue de la Halakha, au niveau du témoignage, le témoignage d’un témoin qui a vu est plus fort que le témoignage du témoin qui a entendu et répète ce que quelqu’un d’autre a vu.  

Pour la tradition juive, la méthode de connaissance par l’écoute, l’entendement c’est-à-dire par l’étude où l’on entend de quelqu’un qui explique ce que cela veut dire, la compréhension est supérieure à la vision.  

Pour la Halakha cependant, un témoin qui peut dire « j’ai vu » est plus fort qu’un témoin qui peut dire « j’ai entendu ». (Quelqu’un m’a dit).

Le principe de la Halakha c’est guedolah reyiah nishmiyah  Celui qui a vu est plus grand que celui qui a entendu

 

Je l’expliquerai par l’analyse suivante :

L’expression qui invite à la connaissance dans le Talmud et l’expression qui invite à la connaissance dans le Zohar sont différentes.  

Dans le Talmud : Tashemâ  « viens écouter »,  dans le Zohar Ta’hazé « viens voir ».

L’ordre c’est d’abord le Talmud et ensuite le Zohar.  

 

L’objet du Talmud c’est « Tashemâ » : ce que vous avez vu au Sinaï, venez écouter ce que cela veut dire. Parce qu’au Sinaï l’invitation était à la vision « on t’a fait voir pour que tu saches » et de suite on prévient : « vous n’avez rien vu ! Vous avez entendu ! »  

Talmud : Venez d’abord comprendre ce que vous avez vu, et après que vous avez compris, le Zohar : venez voir ce que vous avez compris. Parce que celui qui voit avant de comprendre vois forcément une idole. 

 

Voici la raison pour laquelle la Shemiyah l’écoute est privilégiée dans l’étude à la Réyiah mais l’objectif c’est la Réyiah. Effectivement, les idolâtres voient sans comprendre.

Voir avant de savoir c’est cela l’idolâtrie.

Vous avez compris ou vous avez vu ?  

Le Gaon de Vilna a dit avant sa mort : j’ai tout compris dans la תּוֹרָה sauf 4 choses.

D’autre part, il avait dit dans le Talmud c’est toujours Tashémâ mais il y a 4 fois Ta’hazé

Et dans le Zohar c’est toujours Ta’hazé mais il y a 4 fois Tashémâ.

C’est peut être la même chose.

 

Si vous avez du temps essayez d’étudier ces choses-là

Essayer de comprendre ce qu’a voulu dire le Gaon de Vilna par « j’ai tout compris dans la תּוֹרָה sauf 4 choses », essayez de tout comprendre sauf 4 choses. Et vous rencontrerez les 4 choses du Zohar et du Talmud...  

 

Je résume :  

La connaissance d’après la tradition juive, c’est l’étude de quelqu’un avec quelqu’un. A l’origine quelqu’un a vu, mais depuis on dit ce qui a été vu. Et si on ne sait pas la compréhension par l’écoute et que l’on est appelé à voir, c’est les catastrophes de la mystique d’ignorants, lorsqu’ils voient sans savoir.  

Il y a énormément de gens qui voient, et qui en sont capables, mais beaucoup finissent dans les asiles par manque d’écoute avant de voir pour savoir ce qu’ils voient.  

 

C’est ce qui est arrivé à la civilisation chrétienne devenant idolâtre dans le sens de culte des idoles  tout en sachant que les idoles devaient être des paliers pour la compréhension de quelque chose qui les dépasse et qu’ils appellent « spirituel » ; mais ils n’arrivent pas à se détacher des images. C’est une civilisation de la vision qui a privilégié l’imaginaire visuel. Alors que l’esprit et la force spirituelle dans la tradition juive c’est l’imagination acoustique, acousmatique. C’est l’imagination par la compréhension. Un juif comprend, là où un Goï voit.  

 

C’est important de comprendre cette différence.  

 

Parce que Yitro a entendu, a compris alors il a rejoint la vérité. Parce que Balak a vu alors il a voulu réagir au niveau de l’imaginaire.  

Je ne condamne pas l’imaginaire visuel. Pas du tout. Mais rares sont ceux qui, ayant fini d’écouter sont appelés à voir. Mais ils ne parlent pas de ce qu’ils ont vu. Ils ne parlent de ce qu’ils ont vu qu’à ceux qui sont capables d’écouter tout ce qu’ils peuvent écouter d’abord.  

Consigne thérapeutique : ceux qui ont un tempérament mystique sont en danger psychique car cela frôle la folie. Ce n’est pas n’importe qui qui peut se permettre d’être fou. J’ai souvent eu des élèves au tempérament mystique, je l’ai ai envoyé dans des écoles talmudiques stam. 

Jéthro méritait d’être le modèle de quelqu’un qui a compris ayant écouté.

C’est un des thèmes de la Parashah :

« Qu’a-t-il compris ? »  demande le Talmud. Le Talmud répond...

« Qu’a vu Balak ? » le Talmud répond...

 

Q : Comment expliquer « רֹאִים אֶת-הַקּוֹלֹת» ?

 

R : J’ouvre une parenthèse. Bonne question. Il y a les 2 fonctions.

Au Sinaï il y a identification des 2 fonctions : Ce que normalement on comprend par l’écoute, ils l’ont compris par la vue. Mais c’est au Sinaï.

Je le tiens de mon maître Rabi Abraham Epstein fils du professeur de Talmud de Rav Tsvi Yéhoudah Kook le fils du Rav Abraham Kook. J’ai eu beaucoup de privilèges avec les fils des pères qui ont été mes maîtres. Il était le Rosh Yeshivah de la Yeshivah du Rav Aviner. C’est cette Yeshivah d’où tout repartira.

 

Rav Lévi Na’hmani enseigne aussi beaucoup de ce point de vue là: Pour lui, Jacob c’est l’écoute et Esaü c’est la vision. Effectivement, on voit la bifurcation qu’il y a.  

A retenir, l’ordre de l’enseignement : on étudie par l’écoute avec quelqu’un qui a vu. Après seulement on est amené à voir.  

C’est pourquoi les maîtres des talmudistes sont des kabbalistes. Et après avoir été l’élève d’un talmudiste, on devient kabbaliste. Le commandement d’étudier la Kabbalah c’est pour les maîtres. Pour les élèves, le commandement c’est d’étudier le Talmud.

 

On arrive au 3ème personnage qui est Pin’has.

C’est Pin’has qui va faire le lien entre Yitro et Balak  

Rashi (פִּינְחָס  25 :11) cite une Guémara qui se trouve 2 fois, en Sanhédrin et en Sotah :

Rashi sur le problème de la filiation de Pin’has jusqu’à Aaron qui ne s’arrête pas à Pin’has Ben Eléazar et nous savons que Eléazar était le fils d’Aaron ? Parce que les chefs de tribus le tournaient en dérision :  

« Avez-vous vu ce fils de Pouti celui dont le père de la mère avait préparé les veaux des sacrifices idolâtres, celui-là se permet de tuer un prince des tribus d’Israël ? »

 

C’est pourquoi la filiation remonte à Aaron son grand-père car l’autre grand-père c’est la lignée d’un certain Pouti.  

 

Un autre verset du livre de שְׁמוֹת chapitre 6, verset 25  

וְאֶלְעָזָר בֶּן-אַהֲרֹן לָקַח-לוֹ מִבְּנוֹת פּוּטִיאֵל, לוֹ לְאִשָּׁה, וַתֵּלֶד לוֹ, אֶת-פִּינְחָס; אֵלֶּה רָאשֵׁי אֲבוֹת הַלְוִיִּם-לְמִשְׁפְּחֹתָם

« Eleazar fils d’Aharon a pris comme femme une des filles de Poutiel pour lui  et elle lui enfanta Pin’has... »  

Je vous lis une référence sur ce verset de שְׁמוֹת qui se trouve dans Baba Qama 101b : sur l’expression des filles de Poutiel la Guemara dit :    

Que signifie Poutiel ?1ère réponse Joseph.

Et pour quelle raison son nom est appelé Poutiel ?

Car il bavardait - lepatpet (jeu de mot hébreu Pouti) avec son instinct

Il était complaisant avec son instinct et faillit tomber entre les mains de la femme de Poutifar 

 

Vous voyez la racine qui est mise en évidence :

Poutiel soit c’est celui qui a une faiblesse vis-à-vis de son instinct..., soit c’est celui qui a une faiblesse pour l’idolâtrie... et là c’est Jéthro avant sa conversion.  

Cela veut dire qu’on lui donne une ascendance par Aaron pour contrebalancer le motif de mépris que pouvait avoir ces adversaires vis-à-vis de son autre ascendance par Yitro. 

 

C’est pourquoi Rashi conserve l’explication du Midrash sur Jéthro. Le Torah Teminah qui explique les sources du Midrash dans la Guémara nous dit : étant donné que Poutiel est un nom que l’on ne sait pas affilier dans les généalogies bibliques, c’est la seule fois dans ce verset qu’il est indiqué, alors les rabbins du Talmud nous ont donné une signification d’identité plus qu’une généalogie à proprement parler.  

Cela veut dire que Pin’has par cette ascendance qui est positive possède cette capacité, qu’il tient de Yitro, de pouvoir s’opposer à cette stratégie de Balak.  

Il y a certains personnages dont on pourrait se demande pourquoi la תּוֹרָה a décidé de les mettre en évidence au point que la tradition retient leur nom comme titre d’une Parashah.

 

Deuxième explication donnée par Rashi :

בְּקַנְאוֹ אֶת-קִנְאָתִי

Rashi lit autrement en comprenant :  

« Il a vengé ma vengeance », il a lui été pris de la « sainte » colère que j’avais moi à être en colère. Le sens de קִנַאה que l’ont traduit par jalousie c’est celui qui entre en compétition pour une vengeance.   

Ce n’est pas une haine de rivalité contre Zimri ben Salou mais il a été pris du zèle pour venger la vengeance de Dieu qui est en question dans cet épisode.  

Dieu a suscité un peuple qui a été capable grâce aux engendrements et à la loi qui préside à ces engendrements qui est le véhicule de l’identité hébraïque des premiers hébreux et qui est à part du reste de l’humanité. C’est Son peuple dans Son humanité. 

Et voilà que Balak et les Moabites réussissent à faire que des princes d’Israël dénaturent cette mise à part de sainteté. Alors Pin’has va lui prendre cette initiative de cette intégrité de l’identité d’Israël que Dieu avait réclamé.  

Depuis le début de l’histoire, l’honneur de Dieu ayant choisi Israël dépend de la conduite d’Israël.

 

Voilà ce qui se passe là : C’est Pin’has qui sauve ici cet honneur.  

Le 1er Midrash qu’il enseigne à propos d’Abraham : lorsque Dieu s’adresse à Abraham et lui demande de ‘faire monter’ Isaac : prend donc « na » je t’en prie. Ce na: zeh lashon bevakashah.

Le Midrash explique : prouve-leur que tu es aussi religieux qu’eux : c’est leur manière d’être religieux et ils t’accusent de ne pas être religieux parce que tu ne l’es pas à leur manière, et bien prouve-leur ! C’est cette preuve qu’il faut que tu fasses. Sinon on M’accusera (les archanges des nations accuseront Dieu) d’être partial.  

Effectivement, c’est ce que les גּוֹיִם disent : « C’est arbitraire ! »

Le choix d’Israël n’est pas arbitraire du tout : prouve-leur que ce n’est pas arbitraire. Et que le plaidoyer des nations accusant Israël de débauche ne tient pas...  

Et c’est grâce à Pin’has.  

 

Dans le Midrash concernant Abraham et dans ceux de la sortie d’Egypte : l’ange de l’Egypte intervient pour montrer que ce sont des idolâtres comme les Egyptiens...  

A vue humaine on ne voit pas la différence entre les Juifs et les autres hommes, il n’y a que Dieu qui voit les différences. Et si nous n’avions pas la Bible pour en attester,  personne ne verrait cette différence. De temps à autres de grands hommes, même sans avoir lu la Bible, se rendent compte, qu’il y a quelque chose d’autre. Il y a des livres גּוֹיִם qui paraissent sur les Juifs qui mettent en évidence que les Juifs sont à part. Il y a simplement le regard de Dieu qui sait la différence. Il n’y a que ceux qui ont intériorisé l’étude de ce que la תּוֹרָה raconte de l’histoire de ce peuple depuis les origines jusqu’à la fin des temps, qui peut comprendre qu’il y a effectivement une différence.  

 

A première vue, à perception soi-disant objective de l’extérieur, est-ce qu’il y a différence entre des mœurs de corruption ministérielle en Israël et en France ? Il ne semble pas y avoir de différence et pourtant en Israël les ministres ne se suicident pas...  

Pin’has va avoir le privilège de la prêtrise qui était réservée aux enfants d’Aaron avant la naissance de Pin’has, et la lignée de Pin’has va être adjointe à la lignée des enfants d’Aaron.

 

Rashi

Verset 13

וְהָיְתָה לּוֹ וּלְזַרְעוֹ אַחֲרָיו, בְּרִית כְּהֻנַּת עוֹלָם--תַּחַת אֲשֶׁר קִנֵּא לֵאלֹהָיו, וַיְכַפֵּר עַל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Et cette alliance de paix sera pour lui et pour sa postérité après lui [comme pour Aaron]

(parce qu'il a pris parti pour son Dieu et procuré expiation aux enfants d'Israël)."  

C’est-à-dire qui est le garant de la paix, qui possède l’alliance de la paix ? Celui qui est capable du zèle de sauver l’identité d’Israël !  

Alliance de prêtrise éternelle en échange du fait qu’il a eu le zèle pour son Dieu

 

Rashi sur לֵאלֹהָיו

Il a déjà expliqué le mot de קִנֵּא, et maintenant il explique le ל de לֵאלֹהָיו

Il a été pris de קִנַאה « pour » son Dieu

Rashi cite 2 exemples de la même expression avec ל:  

 בִּשְׁבִיל אֱלֹהָיו, כְּמוֹ (במדבר יט): "הַמְקַנֵּא אַתָּה לִי" (זכריה א): "קִנֵּאתִי לְצִיּוֹן" _ בִּשְׁבִיל צִיּוֹן

-  Dans בְּמִדְבַּר à propos de la scène où Josué vient dire à Moïse : Eldad et Medad prophétisent dans le camp, et Moïse lui répond הַמְקַנֵּא אַתָּה לִ est-ce que tu te fais zélé pour moi et surprise Rashi cite un 2ème verset:

-  Dans Zakarie : קִנֵּאתִי לְצִיּוֹן et mon zèle est pour Sion  

 

Avait-on besoin de ces références ?

Rashi veut mettre en évidence le fait que si Israël a réalisé la mission de Moïse sorti d’Egypte pour entrer en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל c’est grâce à Pin’has. הַמְקַנֵּא אַתָּה לִ – Moïse - קִנֵּאתִי לְצִיּוֹן

Pour nous expliquer qu’il faut un ל après קִנַאה dans l’expression, Rashi faisant de la grammaire se dévoile sioniste.

 

C’était la 2ème chose que je voulais vous signaler.

 

*****

Question : (?) inaudible

Réponse : Au chapitre 10, verset 35-36

Je n’expliquerais pas le Noun renversé, mais dans les récits des différentes pérégrinations, dans la marche au désert, subitement le récit s’interrompt par 2 versets celui des 2 nounim renversés, les 2 versets que l’on lit en ouvrant et refermant le Heikhal à la lecture de la תּוֹרָה)

 

10 :35

וַיְהִי בִּנְסֹעַ הָאָרֹן וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה:  קוּמָה יְהוָה וְיָפֻצוּ אֹיְבֶיךָ, וְיָנֻסוּ מְשַׂנְאֶיךָ מִפָּנֶיךָ

« Et il arriva lorsque l’arche décampait, Mosheh disait lève-toi Hashem et que tes ennemis se dispersent et que s’enfuient ceux qui te haïssent de devant Toi.

 

10 :36

וּבְנֻחֹה יֹאמַר:  שׁוּבָה יְהוָה רִבְבוֹת אַלְפֵי יִשְׂרָאֵל.

Lorsque (l’arche) résidait, il disait : reviens Hashem les myriades des milliers d’Israël »

 

Ce sont deux versets difficiles, une Guémara dans Shabbat dit que ces 2 versets doivent être considérés comme un תּוֹרָה סֵּפֶר pour lui-même. Il y a 85 lettres dans ces versets et la Guémara établit : quand toutes les lettres sont effacées et qu’il en reste 85, cela reste un תּוֹרָה סֵּפֶר digne de כַּבוֹד pour un certain nombre de règles : en particulier en cas d’incendie pendant Shabbat.  

Il y aurait donc 7  תּוֹרָה סִּיפרֵי:

-  בְּרֵאשִׁית

-  שְׁמוֹת

-  וַיִּקְרָא

-  le début de בְּמִדְבַּר

-  les deux versets de וַיְהִי בִּנְסֹעַ הָאָרֹן

-  la fin de בְּמִדְבַּר

-  דְּבָרִים

 

C’est une thèse de la Guémara, qui n’est pas retenue, qu’il n’y a pas 5 mais 7 תּוֹרָה סִּיפרֵי.  

Ceci se relie à une autre Guémara qui enseigne que Moshe était capable de 3 types de prophéties : la sienne, celle de Bilaam et celle de Jéthro.

Comment l’apprend-on ?  

Par le fait que dans la תּוֹרָה se trouve la prophétie de Bilaam cité par Moïse et par le fait qu’il soit beau-fils de Jéthro. Moïse était capable de la vertu et de la force que représentent ces 3 personnages.

Moïse était capable de ces 3 capacités Jéthro, Job et Bilaam.

 

Midrash : Lorsque Moïse était enfant et que le Pharaon l’avait adopté et l’avait pris sur ses genoux, Moïse jouant lui fit tomber sa couronne par terre. Paro a appelé ses mages pour en avoir la signification. Réponse: un enfant te détrônera. C’est la raison pour laquelle il avait décidé de tuer tous les mâles égyptiens ou hébreux. Les égyptiens se sont révoltés et le décret n’a plus concerné que les hébreux.

 

Autre Midrash : lorsque cela s’est passé il y avait 3 sages de la cour de Pharaon, Yitro, Bilaam et Job qui ont donné trois réponses différentes d’où leur sort qui a été différent.

 

-  Jéthro a dit : si cet enfant vient de Dieu tu ne peux rien contre lui. C’est la raison pour laquelle dit la Guémara, ses descendants seront à la Knesset. Il y a effectivement des Druzes à la Knesset, ils ne descendent pas directement de Jéthro mais le reconnaissent comme prophète.

 

-  Bilaam a dit : « il faut les tuer » et il a été mis à mort.

 

-  Job s’est tu alors il a souffert.

 

C’est un Midrash important : le profil d’identité de ces 3 sagesses lorsqu’elles sont séparées d’elles-mêmes ont une destinée différentes :  

-  Bilaam c’est la religion qui n’est que religion, Bilaam c’est le Jésuite,

-  Jéthro c’est la vie sociale, c’est lui qui institue les lois concernant l’organisation des sociétés. Jéthro c’est le socialiste.

-  Job c’est l’existentialiste.  

 

Il a ces trois sagesses radicalement différentes à la cour du Pharaon.  

 

Moïse étant capable de ces 3 capacités :  

 

-  Le rapport entre l’homme et lui-même =>Job tout seul

 

-  Le rapport entre l’homme et Dieu => Bilaam tout seul

 

-  Le rapport entre l’homme et autrui => Jéthro tout seul  

 

Moïse étant capable des trois a reçu la תּוֹרָה.  

 

Jéthro servait de guide, de Moré Derekh dans les pérégrinations du désert.

(Vous avez remarqué que les Gashashim sont tous des Druzes ou des bédouins).

Il connaissait les différentes étapes pour passer du monde de l’Egypte au monde d’Israël, du monde ancien au monde nouveau. Mais Jéthro, à un certain moment, décide de quitter Israël pour aller s’occuper de son peuple au nom de la תּוֹרָה. Il y a une alliance spirituelle entre la religion des Druzes qui est très peu connue, très mystérieuse, aussi secrète que la kabbale. (Ils ont d’ailleurs la même tradition de ne commencer l’enseignement qu’à l’âge de 40 ans) C’est un mystère mais il y a une alliance non écrite entre les Druzes et Israël. Il y a une habitude chez les anciens Juifs du Yishouv qu’à chaque fête de Yitro d’inviter un Druze.

 

Retour au sujet :

Cela veut dire que ces deux versets dont le contexte montre qu’ils permettent à Moise d’être le guide d’Israël dans le désert. Lorsqu’il lui dit « tu nous serviras de עֵינַיִם d’yeux » c’est pour nous permettre de savoir où il faut aller, étape par étape.

 

L’expression est restée traditionnelle : les chefs de l’assemblée s’appellent הַעֵדָה עֵינֵי

Ceux qui doivent servir de עֵינַיִם à l’assemblée d’Israël. Malheureusement, très souvent il y a des paupières qui se ferment, et ceux qui devraient servir d’yeux, des éclaireurs, pour l’assemblée d’Israël ferment les yeux et ne voient pas ce qui se passe. Et ils arrivent des catastrophes.  

Ce sont ceux qui sont capables d’explorer les différentes étapes de l’histoire qui vient.

 

***

Q : vous avez parlé de Jules Isaac... ?

R : J’ai toujours été frappé par cela : Le nom d’Isaac est très rare pour désigner des Juifs.

C’est Jules Isaac, complètement assimilé, pris dans la tourmente de la Shoah où il a perdu femme et enfants a décidé de tenter de comprendre ce qui se passe entre Jacob et Esaü. Il a écrit « L’enseignement du mépris » sur Jésus et Israël pour démontrer qu’effectivement ce que dit la Guémara (qu’il ne connait pas) : Esaü a la haine de Jacob, c’est vrai.

C’est son œuvre qui est le point de départ du revirement de l’Eglise, à l’échelle officielle.

Vatican 2 de Sélisberg, sort de l’œuvre de Jules Isaac.

Alors imaginer un Juif qui s’appelle Isaac et Jules et qui est venu sur terre pour savoir qui a raison de Jacob ou d’Esaü : une petite étincelle d’Isaac qui s’est déguisée en Esaü « Jules » (César) pour dire que ce sont les Juifs qui ont raison. Il y a de temps en temps des clins d’œil de l’histoire. Celui-là s’appelle Jules Isaac.

 

Q :

R : verset 7, chapitre 28

Pin’has devient beaucoup plus tard הָנָבִיא אֵלִיָּהוּ.

L’expression c’est אֵלִיָּהוּ הוּא פִּינְחָס . הָנָבִיא אֵלִיָּהוּ est une réincarnation de Pin’has.

C’est la קִנַאה. הָנָבִיא אֵלִיָּהוּ est le prophète le plus zélé, extrémiste. On retrouve le profil d’identité de Pin’has. Pour la Kabbalah il y a trois figures qui sont dans la même Séfirah : Yossef, Pin’has et Eliyahou.

 

Q : prière qui demande à voir le processus de גֵּאֻלָה... (?)

R : ce sont deux questions.

Pour ce qui concerne la תְּפִלָּה, la prière : « et que nos yeux voient lorsque tu reviendras à Sion »

La forme de la prière c’est que « lorsque tu reviendras à Sion, que nos yeux voient ». On ne demande pas reviens et que l’on voit. On demande quand tu reviendras qu’on le voit. Et l’histoire montre que l’on devait demander cela car il y a énormément de gens qui ne voient rien, comme dit le verset des Psaumes « Ils ont des yeux mais ne voient pas ». En français « qui vivra verra » mais c’est plutôt « Qui verra vivra »...  

 

Il y a énormément de gens qui ne voient pas et parmi eux des gens qui font semblant de lire le Zohar. Je réponds-là à votre 2ème question.  

D’autre part nous avons une tradition que le Zohar commencerait à être dévoilé au moment de la גֵּאֻלָה, le retour à Sion. On s’aperçoit que ces deux mouvements coïncident. Avant l’Etat d’Israël qui parlait du Zohar ? Personne sauf des rares initiés. Et depuis l’Etat d’Israël, cela explose partout.  

Tout n’est pas bon. Des sectes exploitent les personnes.

Il faut lire le Zohar avec quelqu’un qui l’a compris. Un maitre n’est pas celui qui a des élève mais celui qui a eu un maitre. Et le Zohar est un livre qu’on ne peut pas lire sans un maitre. Le Zohar est un livre très facile à lire mais on n’y comprend rien. Se méfier de ceux qui croient comprendre.  

Il y un phénomène d’explosion des sources du Zohar et de Kabbalah actuelle qui est contemporaine de la גֵּאֻלָה.  

Pendant des siècles on a lu le Zohar. Il y avait des confréries de lecteurs du Zohar particulièrement chez les Sefardim. 24h /24 à lire le Zohar appris par cœur. Je me rappelle encore l’air sur lequel on le chantait. On a appris par cœur tout cela. Et effectivement la plupart du temps cela commence par Ta’hazé

 

Q : pourquoi la תּוֹרָה prime la vision sur l’écoute ?

R : pour le témoignage. Seul celui qui a vu peut dire j’y étais, j’ai vu. Il faut 2 témoins, parfois 3 témoins et on interroge le témoin sérieusement. Le témoignage visuel l’emporte sur le témoignage auditif.  

On étudie pour savoir mais tant qu’on n’a pas vu ce qu’on étudie que sait-on ?   

C’est un cheminement. Tant qu’on est encore au stade où on n’a pas compris on ne voit pas.

La תּוֹרָה a deux impératifs : יִשְׂרָאֵל  שְׁמַע et יִשְׂרָאֵל  רְאֶה, il y a deux manières de comprendre, par l’entendement et par la représentation visuelle mais c’est un cheminement progressif.   

La grande מִצְוָה de la fête de pèlerinage s’appelle la לראיה: on allait au Temple pour voir. Aujourd’hui on ne voit plus rien car ce qui s’est révélé s’est caché mais le rassemblement est en train de se faire : un jour cela éclate.  

Après 2000 ans le rassemblement des juifs dans le monde entier au milieu des bouleversements planétaires, et le fait que les Juifs redeviennent hébreux si rapidement.

Moi, je suis juif, mes enfants sont israéliens et mes petits enfants sont hébreux.

Cela ne peut pas laisser le monde indifférent ce qui se passe là que 2000 ans après du dedans du peuple juif les Hébreux resurgissent, alors vous avez des Jéthro et des Balak. Heureusement nous avons des Pin’has.    

C’est cela le problème. Nous seront appelés à voir mais pour le moment nous devons savoir...
 

Q : ….

R : parce que יִשְׂרָאֵל  שְׁמַע d’abord. Quand vous vous égarez après vos yeux, avant d’avoir compris, vous devenez idolâtres.  

Le Père Dubois me soutenait que les chrétiens pratiquaient les 10 commandements.

Sur l’objection de l’interdiction de l’image: Dieu a vu que l’homme ne pouvait pas se passer d’image et Dieu dans sa grande bonté Il s’est fait Lui-même image de lui-même pour qu’il n’y ait pas de faute. A ce niveau-là on ne peut plus discuter, c’est pire que des Loubavitch.  

C’est la foi chrétienne mais vécue par des גּוֹיִם: ils sont persuadés que la loi de Moïse est révélée, mais pour nous faire savoir quelle est la loi que l’on n’est pas capable de réaliser. Ils ont une cohérence à eux. La loi est révélée pour nous faire savoir ce qu’on n’est pas capable de pratiquer. C’est de l’orgueil de croire qu’on la pratique. La preuve ? Regardez ces pharisiens juifs comme ils sont orgueilleux. Ils croient qu’ils pratiquent alors qu’ils ont des trucs...

 

Il y a 7 catégories de pharisiens selon le Talmud. 6 sont fausses.

L’humour des Rabbins du Talmud  est extraordinaire. Il y a un pharisien qui s’appelle « ceux qui ont des bosses sur le front » Pourquoi ? Parce qu’ils sont tellement pudiques qu’ils marchent les yeux baissés et se cognent aux murs...  

Ils ont besoin de voir, alors ils voient des choses qui pour nous sont des idoles. C’est de l’idolâtrie. Ce sont des mythes. Et c’est dévastateur. Il n’y a qu’à étudier le phénomène de la publicité pour savoir à quel point les images sont dévastatrices. Le mythe de la crucifixion induit des haines et des massacres au nom du Dieu d’amour ...

La croix chrétienne n’est qu’une épée inversée. Cela déchaine les passions.  

Tant que vous étudiez vous n’avez rien vu, mais tant que vous n’avez pas vu, vous n’avez rien étudié.

 

Q : la méthode formidable confiée par nos maitres dans la prière par le chant 

R : pas seulement la prière, le fait de savoir cantiler la prière, le murmure de la prière est important sinon on a l’air de réciter des poèmes comme à l’opéra avec un air théâtral. C’est valable pour toute la תּוֹרָה : si on ne connait pas le chant sur lequel cela se chante on ne comprend pas car le découpage du verset est différent.

Rashi était autrefois chanté pour savoir s’il s’agissait d’une question ou affirmation. La Mishna avait son air à elle. Tout cela s’est perdu dans les Yeshivot. Ce qui manque c’est ce qu’il y avait au  Talmud Torah.

 

 

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nicole Ohayon

13 Juillet 2020 à 14h10

Toujours merveilleux d'entendre la voix de Manitou .