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KORAH - SÉRIE 1984

Le cours

 

(1984)   קֹרַח

 

Essayez de comprendre ce que signifie l’exil de שְׁכִינָה.

 

.../... partie inaudible  

 

Lors de l’exil d’Israël de sa terre c’est la descendance d’Ismaël qui a le droit d’y être.

Une partie des גּוֹיִם ressentent que lorsqu’Israël est en exil la שְׁכִינָה est en exil et par conséquent il faut aider les Juifs à revenir en Israël.

 

.../... partie inaudible

 

Pendant 2000 ans les גּוֹיִם ont accusé les Juifs d’un crime déicide aberrant. Puis subitement, 2000 ans après, ils ont commencé à réfléchir, l’après Shoah…etc. Mais cela ne s’efface pas de la conscience des Chrétiens, une passion pareille reste. De notre temps, après la Shoah, cela fait retour arrière.  

A un colloque, un pasteur explique : affirmé qu’Israël est déicide n’est pas à prendre à la lettre. Les Juifs tuent Dieu, c’est à comprendre qu’il tue l’idée de Dieu et rendent le monde athée....

Affirmation d’autant plus grave qu’elle n’est pas fausse… !  

Pendant ce temps, du côté juif le langage est celui-ci : lorsqu’Israël est en exil, la שְׁכִינָה est en exil et le monde est donc privé de שְׁכִינָה. La convergence c’est que les Chrétiens changent de discours au moment même où les Juifs reviennent en Israël.  

 

Il suffit de réfléchir à cette question : Que signifie un monde sans שְׁכִינָה ? En d’autres termes que signifie un monde sans évidence de la présence de Dieu ? C’est le corollaire du fait qu’Israël n’est pas dans son endroit et que la שְׁכִינָה n’est pas dans son endroit.  

Dans le langage du Midrash c’est que Dieu a juré de rentrer dans la Jérusalem d’en-haut lorsqu’Israël reviendra dans la Jérusalem d’en-bas. Tant que ce n’est pas le cas, le monde est dans l’état où il est.  

 

Talmud de Babylone - traité Taanit 5a

Rav Na’hman demanda à Rabbi Its’haq : que signifie "Je suis le Saint au milieu de toi ; Je ne viendrai pas dans la ville" (Osée, 11 ; 9) ? Faut-il comprendre: parce que le Saint est au milieu de toi, je ne viendrai pas dans la ville ? Rabbi Itzhak répond : selon Rabbi Yohanan, le Saint béni soit-Il a voulu dire : Je ne viendrai dans la Jérusalem céleste, que lorsque Je rentrerai dans la Jérusalem terrestre. Et y a-t-il une Jérusalem céleste ? Oui car il est écrit "Jérusalem qui est bâtie comme une ville liée avec elle" (Psaumes, 122, 3).

Rashi

Jérusalem qui est bâtie comme une ville liée avec elle: la Jérusalem d’en bas est construite comme une ville qui est liée à une autre. Donc il y a bien une autre Jérusalem ; et où serait-elle si ce n’est dans le ciel ?  

 

Nous avons une שְׁכִינָה qui commence un peu à se dévoiler au prorata des statistiques de l’Alyah. Ce n’est pas plus compliqué que cela.  

Vous avez remarqué l’importance des dénombrements dans les récits de la fin d’exil de la sortie d’Egypte : Il faut savoir combien on est !  

Il y a une perplexité d’identité de la génération de la sortie d’Egypte. Je ne vous ai parlé que de l’aspect négatif. Cela se traduit par une formule biblique très connue « Tsirapatah » « les pots de viandes » : En Egypte on avait des postes faciles, le tiercé… les intérêts, les allocations familiales en Egypte »...etc.

 

C’est la bible qui raconte cette histoire ! C’est l’aspect négatif. Si la Bible nous dit que ce qui a empêché les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל d’entrer en Israël c’est les pots de viandes c’est à prendre au sérieux. Ce n’est pas plus compliqué que cela !  

Ils ont dit pour motiver leur réclamation de viandes : « nous nous rappelons du poisson et des concombres et des pastèques... »  

 

Le Midrash pose la question : ils demandent de la viande et ils parlent de poisson ?

Le Baal Shem Tov explique : Ils ne mangeaient que la manne qui prenait le goût de ce qu’on voulait mais la manne ne pouvait pas prendre le goût de viande car ils n’avaient encore jamais mangé de viande Kasher. Alors la manne ne pouvait donner que le goût des choses cachères que l’on pouvait manger avant même le don de la תּוֹרָה, c’est-à-dire des concombres des pastèques et des poissons…

Lorsque nous avons étudié le plan du ‘Houmash, la définition qui nous est apparu du livre de בְּמִדְבַּר c’est que c’est le livre qui raconte les épreuves de la génération  du peuple d’Israël qui est sortie d’Egypte.  

 

De la même manière que l’identité d’Israël s’est préparée à travers l’histoire des Patriarches qui ont à faire la preuve qu’ils étaient capables à l’échelle individuelle d’être des צַדִּיקִים chacun par rapport à la vertu qui lui était propre, de la même manière le peuple de la descendance des Patriarches en tant que société a été mise à l’épreuve pendant tout ce temps de la constitution de l’identité d’Israël au niveau de la génération de la sortie d’Egypte. Dans les textes précédents, la תּוֹרָה nous a donné le récit de ces mises à l’épreuve. 

 

La Parashah de קֹרַח commence par une épreuve particulière qui est celle de la מַחְלֹקֶת, de la controverse, la querelle. Les conflits entre personnes qui incarnent pour chacune d’entre elles une valeur. Il s’agit d’une société où chaque individu est candidat à être une personne. C’est le propre de ce genre de société de faire apparaitre un conflit entre personnes surtout lorsqu’il y a une proximité d’identité. Ce qui est le cas dans le récit qui nous est donné : la révolte de קֹרַח contre Moïse et Aaron.

 

16:1

וַיִּקַּח קֹרַח, בֶּן-יִצְהָר בֶּן-קְהָת בֶּן-לֵוִי; וְדָתָן וַאֲבִירָם בְּנֵי אֱלִיאָב, וְאוֹן בֶּן-פֶּלֶת--בְּנֵי רְאוּבֵן

 

וַיִּקַּח קֹרַח, בֶּן-יִצְהָר בֶּן-קְהָת בֶּן-לֵוִי

Et pris Qora’h  fils de Izhar fils de Lévi  

 

Qora’h  est un descendant de la lignée qui le rattache aux enfants de Lévi fils de Jacob.  

Ainsi que Datam et Aviram et On benPelet princes de la tribu de Reouben...  

Ce verset est difficile car il manque un complément d’objet au verbe.

On nous indique une coalition de Qora’h  avec Datan et Aviram qui sont d’après le Midrash ces 2 Hébreux qui se querellaient au moment où Moïse intervient  pour la 1ère fois avant la sortie d’Egypte.  

 

וַיִּקַּח קֹרַח?

Le sens donné par les commentateurs c’est qu’il se mît à part, il a pris partie.  

 

Rashi :

וַיִּקַּח קֹרַח : il s‘est pris lui-même (il a fondé un partie à part) afin d’être en מַחְלֹקֶת, en conflit avec une partie du dedans de l’assemblée, pour fomenter une contestation contre la כְּהֻנָּה.  

 

Contre le fait que Moshe dise au nom de Dieu qu’Aaron sera le grand-prêtre. Il a des raisons de penser que si Moïse fils de Amram est institué chef politique, la kehounah lui revient à lui קֹרַח. 

Il accuse Moïse et Aaron de népotisme => de favoriser les membres de sa propre famille au détriment des autres...    

 

Onkelos : וַיִּקַּח קֹרַח  est traduit par קֹרַח וְאִתְפְּלֵג 

C’est un mot qui va entrer dans l’hébreu moderne. Un parti en hébreu מפלגה

פֶּלֶג: une cassure une brisure d’unité.

 

Qora’h s’est séparé pour fomenter une controverse...

C’est le sens pshat du verset lui-même ce qui est évident avec les signes de cantillations.  

 

וַיִּקַּח קֹרַח, בֶּן-יִצְהָר בֶּן-קְהָת בֶּן-לֵוִי

prit le fils d’Izhar le fils de Qehat le fils de Levi

 

(Il se prend pour qui ? Pour le fils de... de Lévi)  

Cela veut dire le fait de se prendre soi-même à part pour faire partie.

La תּוֹרָה condamne cela comme étant une brisure de l’unité d’Israël.

 

Un thème de réflexion à ce sujet :

Il y a une différenciation naturelle des différentes manières d’être Israël à l’intérieur de la même société  à travers les tribus (nous dirions aujourd’hui à travers les différentes communautés), mais le fait de superposer à cela une division artificielle qui en réalité a un objectif de querelle intéressée, c’est un aspect négatif.  

La division en tribu est une division naturelle qui lorsqu’elle est dans la perspective de l’unité de l’ensemble est un enrichissement. 

Mais la division en parties risque d’être une brisure de l’unité et les termes employés par le texte indiquent qu’il y a là un prétexte pour vider une querelle personnelle. C’est intéressé et non pas une différenciation naturelle.  

Nous allons voir comment dans le discours de Qora’h à Moïse révèle les éléments de cette contestation démagogique.  

 

16:1

וַיִּקַּח קֹרַח, בֶּן-יִצְהָר בֶּן-קְהָת בֶּן-לֵוִי

Et Qora’h prit le fils de Izhar le fils de Qehat le fils de Lévi  

 

C’est à dire il prit ses droits à une certaine dignité, l’énoncé de sa dénomination est l’énoncé de sa valeur. Son nom déployé en lui-même indique simple et dans sa dénomination la dignité dont il va se prévaloir.  

En réalité le Pshat n’a pas de traduction.  

 

וַיָּקֻמוּ לִפְנֵי מֹשֶׁה וַאֲנָשִׁים מִבְּנֵי-יִשְׂרָאֵל חֲמִשִּׁים וּמָאתָיִם, נְשִׂיאֵי עֵדָה קְרִאֵי מוֹעֵד, אַנְשֵׁי-שֵׁם

« Et ils de dressèrent contre Moïse et avec eux il y avait des personnalités du dedans des enfants d’Israël, 250 »   

Midrash : 250 rashei sanedraot - chef de tribunaux  

Qora’h avait comme alliés Datan et Aviram et On ben Pelet  et a réussi à rassembler 250 grands notables d’Israël, des חֲכָמִים תַּלְמִידֵי, des chefs de tribunaux. C’est une révolte importante.  

 

La querelle de Qora’h est la contestation des notables de Lévi contre le fait que Aaron ait été désigné comme grand-prêtre. Il y a d’autre part la contestation de la tribu de Reouben qui était la contestation du 1er né qui réclamait la royauté contre Moïse.  

Il y a du dedans de la société d’Israël, considérée comme société naturelle qui se doterait elle-même de ses propres institutions, une querelle contre la royauté et la prêtrise désignées par la תּוֹרָה elle-même.  

Ces deux contestations vont être exprimées par le verset que nous allons étudier avec un argument d’apparence objective, ce que l’on appelle aujourd’hui la démagogie (Se servir d’arguments objectifs pour des intérêts personnels).

Nous allons voir qu’il y a là une cassure dans l’unité d’Israël  qui selon le Midrash va durer jusqu’à la fin de l’histoire d’Israël, jusqu’aux temps messianiques où l’unité d’Israël sera véritablement reconstruite.  

 

Midrash Raba :

Pourquoi pas « ben Yaaqov » ?

Yaaqov a prié pour que son nom ne soit pas mentionné dans cette querelle car cette généalogie va à l’encontre de la valeur principal d’Israël : le principe d’unité. Il ne veut pas participer à un récit où l’on parle de מַחְלֹקֶת, de conflit.  

 

16.2

וַיָּקֻמוּ לִפְנֵי מֹשֶׁה, וַאֲנָשִׁים מִבְּנֵי-יִשְׂרָאֵל חֲמִשִּׁים וּמָאתָיִם, נְשִׂיאֵי עֵדָה קְרִאֵי מוֹעֵד, אַנְשֵׁי-שֵׁם

 « Et ils de dressèrent contre Moïse et avec eux il y avait des personnalités du dedans des enfants d’Israël, 250 princes d’assemblée  Ceux qui étaient chargé de proclamer l’assemblée, des gens de renom »  

 

16:3

וַיִּקָּהֲלוּ עַל-מֹשֶׁה וְעַל-אַהֲרֹן, וַיֹּאמְרוּ אֲלֵהֶם רַב-לָכֶם--כִּי כָל-הָעֵדָה כֻּלָּם קְדֹשִׁים, וּבְתוֹכָם יְהוָה; וּמַדּוּעַ תִּתְנַשְּׂאוּ, עַל-קְהַל יְהוָה

« Ils s’assemblèrent contre Moïse et Aaron et leur dirent : trop pour vous, car toute l’assemblée, קְדֹשִׁים אֲנָשִׁים, et Hashem est en eux ! Pourquoi vous érigez vous comme chefs au-dessus de l’assemblée de Hashem ?»  

 

L’argument est ici très simple : Qora’h et ses alliés dans la controverse contre Moïse se réfère à ce qu’a été l’enseignement de la תּוֹרָה elle-même, donnée pas Moïse dès l’origine pour dire le projet de constitution de l’assemblée d’Israël. 

 

כִּי כָל-הָעֵדָה כֻּלָּם קְדֹשִׁים, וּבְתוֹכָם יְהוָה 

 Car toute l’assemblée, קְדֹשִׁים אֲנָשִׁים, et Hashem est en eux !

Si tous sont saints et Hashem réside parmi eux, pourquoi y aurait-il des chefs qui s’imposent à elle ?  

Il y a donc contestation contre Moïse, laissant entendre qu’il a usurpé le pouvoir en disant que Dieu l’a décidé ainsi...  

On se réfère au verset de la תּוֹרָה du livre de Shemot qui indique quel est le projet de la תּוֹרָה elle-même pour le peuple d’Israël.  

 

שְׁמוֹת 19.6 :

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ: אֵלֶּה, הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר תְּדַבֵּר, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Et quant à vous vous serez pour moi un royaume de prêtres (tous rois et tous prêtres)  et un nation sainte...  

 

Israël y est définit comme « מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ » pour Dieu. Tous sont rois et tous sont prêtres ! C’est exactement ce que dit Qora’h!  

Tout Israël est défini ainsi et c’est l’argument qui est repris ici par Qora’h pour contester l’installation de la hiérarchie que Moïse met en place dans la société d’Israël. Cela veut dire que d’une certaine manière Qora’h utilise une discours vrai à des fins personnelles et des motifs intéressés.  

La réponse à la controverse est simple : c’est effectivement le projet de la תּוֹרָה pour Israël mais il s’agit du projet idéal, le projet du temps messianique. Dès que nous avançons dans l’histoire, il s’avère que cette société d’Israël est vouée à cet idéal tel que le voulait Qora’h. Lorsque Qora’h veut mentir, il dit la vérité. Tout ce que dit le מִקְרָא est vrai même lorsque c’est dans la bouche d’un menteur.

 

Le 1er exemple c’est le הַנָּחָשׁ. Lorsqu’il dit au 1er homme :

 

בְּרֵאשִׁית 3.5 :

וִהְיִיתֶם כֵּאלֹהִים, יֹדְעֵי, טוֹב וָרָע

« Et vous serez comme Dieu connaissant le bien et le mal ».

 

Il dit la vérité. Le projet pour l’homme c’est de venir comme Dieu dans l’ordre de la connaissance du bien et du mal. Il emploie cet argument de façon démagogique en inventant une jalousie de Dieu.

 

C’est l’idéal du חֲכָם תַּלְמִיד: connaître la différence entre le bien et le mal, à la manière dont Dieu la connait.  

L’interdiction porte sur l’arbre de la connaissance du bien et mal « עֵץ הַדַּעַת טוֹב וָרָע », et non sur « עֵץ הַדַּעַת טוֹב וָהַרָע l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Il y a un ordre de connaissance mélangé, ambigu, ambivalent, où le bien et le mal sont mélangés. C’est cette connaissance-là qu’il est interdit de manger  avant d’avoir goûté de l’arbre de vie. L’erreur porte sur l’ordre. D’abord avoir la connaissance de la vie, après on a la connaissance intellectuelle qui sera éclairée et éclaircie par la certitude de connaissance de la vie : c’est bien, c’est mal...

Le problème n’est pas la connaissance  mais la connaissance ambigüe, ambivalente.  

Tout l’objectif de la תּוֹרָה à travers la Mishna et Guémara c’est précisément de faire la distinction entre le bien et le mal lorsque le bien et le mal sont mélangés.

L’objectif du חֲכָם תַּלְמִיד c’est d’étudier ce mélange, cette ambigüité des connaissances, qui est en tant qu’expérience le but : distinguer dans le doute et la mise en doute, ce qui est bien ou mal, permis ou interdit, saint ou profane, pur ou impur...  

Cet appétit de connaissance qui se fait avant d’avoir les critères de la vérité, qui sont appelés « l’arbre de vie » et qui permettent d’aborder cette connaissance où le bien et mal sont mélangés, conduit alors à un empoisonnement de l’être.   

 

Le Midrash s’applique sur ce 1er exemple, lorsque le serpent a dit ce qu’il a dit, il a dit la vérité.

L’ordre c’est d’abord d’accéder au « הַחַיִּים עֵץ » et ensuite l’arbre de la connaissance du bien et mal.  

Dans l’éducation on voit la différence de système scolaire : l’éducation traditionnelle avec le Talmud Torah qui donne les contenus réels de la culture et de la tradition juive jusqu’à la Bar מִצְוָה, rend plus facile l’apprentissage de culture générale. Sans la culture juive de base on passe du temps, des années à apprendre des choses que l’on n’arrive pas à unifier du point de vue de la tradition juive...  

A partir du moment où l’on a accès à La connaissance toutes les connaissances peuvent être remise à leur place.

La Kabbalah s’appelle הַחַיִּים עֵץ et la Mishnah s’appelle עֵץ הַדַּעַת טוֹב וָרָע.  

Le livre de base de l’enseignement du Ari s’appelle הַחַיִּים עֵץ.

Cela veut dire que la Mishna nous donne la loi pour la réalité. La réalité est ambigüe, elle est טוֹב וָרָע. Si on a déjà la connaissance de la Kabala qui est הַחַיִּים עֵץ alors on peut avec assurance et certitude faire ce travail de l’étude qui consiste à séparer le bien du mal, et savoir où est le bien et le mal dans la réalité ambivalente du טוֹב וָרָע, la réalité du monde extérieur.  

Par conséquent, l’ordre donné pose un problème difficile, car on sait qu’en principe l’ordre de l’étude c’est Tanakh – Mishnah - Guémara et après Kabbalah ! 

D’abord on se remplit de Shass (Talmud) et Poskim (commentaires) et après on arrive au Zohar et à la Kabbalah. Mais d’après ce que je viens de citer c’est l’inverse ! Il faut d’abord accéder à l’arbre de vie et après seulement l’arbre de la connaissance est permis ?  

 

Maintenant que l’homme a pris de l’arbre de connaissance du bien et mal on va l’empêcher d’accéder à l’arbre de vie parce qu’il va devenir éternel avec cette identité intoxiquée par le mélange du bien et mal. Il faut qu’il passe alors par le choc des désintoxications de la mort pour pouvoir ensuite arriver à la vie éternelle... Vous voyez comment la mort est entrée dans le monde d’après ce récit. On va l’empêcher  d’accéder à l’arbre de vie tant qu’il est dans l’état dans lequel il est : bien et mal mélangés.  

Au niveau intellectuel chacun d’entre nous a cette expérience à sa manière. 

Contaminé comme dans une maladie par l’ambigüité de la pensée c’est une maladie dont on ne peut pas se guérir. Il faut un choc de désintoxication qui permette de surmonter cela. Cette maladie-là s’appelle dans le langage... le doute. Quand on commence l’accès à la connaissance par le doute, on ne sort jamais du doute. On est dans une pensée secondarisée qui se secondarise à l’infini et empêche le bonheur de la conscience.

 

Selon le texte de la תּוֹרָה et selon le présent de la vie, il n’y a que le choc de la mort qui permet de se déconnecter de cela.  

On a donné l’exemple de la façon dont on purifie quelque chose qui devient impur. Cela qui peut passer par le feu est rendu pur par le feu. Cela qui peut passer par l’eau est rendu pur par l’eau. Mais un vase brisé, il faut le refondre pour le refaire.  

Si c’était l’ordre normal : l’arbre de vie d’abord, l’arbre de la connaissance ambigüe ; et après l’arbre de vie je resterai éternellement dans cet état.

 

Je reprends la chose dans le texte  

בְּרֵאשִׁית 2:16

וַיְצַו יְהוָה אֱלֹהִים, עַל-הָאָדָם לֵאמֹר: מִכֹּל עֵץ-הַגָּן, אָכֹל תֹּאכֵל

De tout arbre du jardin, manger tu mangeras  

C’est clair que c’est y compris les 2 arbres dont on parle après...

 

בְּרֵאשִׁית 2 :17

וּמֵעֵץ, הַדַּעַת טוֹב וָרָע--לֹא תֹאכַל, מִמֶּנּוּ: כִּי, בְּיוֹם אֲכָלְךָ מִמֶּנּוּ--מוֹת תָּמוּת

Mais de l’arbre de la connaissance du bien et mal tu ne mangeras pas

Car du jour où tu en mangeras mourir tu mourras.  

Il manque un événement qui nous restitue le fait que si c’est le Ets ‘hayim d’abord on peut aussi manger de tous les arbres, arbre de la connaissance du bien et mal compris. Mais s’il mange de l’arbre de la connaissance du bien et mal en premier, alors il faut l’empêcher d’accéder à l’arbre de vie tant qu’il est dans cet état...  

Lorsqu’on a donné d’abord Shass et Poskim et ensuite la Kabbalah c’est l’ordre pour l’élève. Mais pour celui qui enseigne le Shass et les Poskim  l’ordre c’est Kabala d’abord et Shass ensuite...  

 

Pour que l’approche de la connaissance du monde ambigu puisse être positive et pas négative il faut ici approcher avec les critères de la vie. C’est d’abord Shass et Poskim sous la direction de quelqu’un, ensuite Kabala et après Shass et Poskim après l’accès à la Kabala. Shass et Poskim d’après la Kabala n’ont plus rien à voir avec Shass et Poskim d’avant. C’est la différence entre la connaissance de l’élève et la connaissance du maître.  

La connaissance de l’élève c’est qu’il étudie pour savoir ce qu’il faut faire. Le maître étudie pour savoir comment il est ce qu’il faut faire. Un maître n’est pas quelqu’un qui a des élèves. C’est quelqu’un qui a eu un maître. Ce n’est pas grave s’il a des élèves, ce serait plus grave s’il n’a pas eu de maître. Je referme la parenthèse du serpent.  

Ce que Qora’h dit ici c’est vrai, mais la démagogie c’est qu’il se sert de la formule qui désigne l’idéal à atteindre, pour réclamer ce qu’il réclame pour lui dans une situation qui n’est pas encore celle de cet idéal.

La תּוֹרָה nous a donné à l’avance ce que doit devenir Israël : מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים וְגוֹי קָדוֹשׁ.

 

Mais cet argument qui consiste à contester la nécessité d’une hiérarchie est démagogique :  

16.3 :

וַיִּקָּהֲלוּ עַל-מֹשֶׁה וְעַל-אַהֲרֹן, וַיֹּאמְרוּ אֲלֵהֶם רַב-לָכֶם--כִּי כָל-הָעֵדָה כֻּלָּם קְדֹשִׁים, וּבְתוֹכָם יְהוָה; וּמַדּוּעַ תִּתְנַשְּׂאוּ, עַל-קְהַל יְהוָה  

I

l est arrivé entre temps que la réalité d’Israël n’est pas encore, au début de son histoire, au niveau d’identité que la תּוֹרָה a comme projet pour lui, au niveau de son identité ultime, idéale. Entre-temps il y a eu la faute du veau d’or, il a fallu installer une hiérarchie en Israël alors qu’Israël aurait du être la société anarchique des hiérarchies pour les autres peuples. Tout cela est renvoyé à la fin des temps.  

Un des Midrashim employé dans la Guémara à propos de Qora’h va dans ce sens-là et nous enseigne ceci :

Qora’h a eu un rêve et a vu un de ses descendants qui est Samuel – Shmouel dont un verset des Psaumes nous dit qu’il est équivalent à Moshe et Aaron à la fois.   

 

Psaume 99.6 :

מֹשֶׁה וְאַהֲרֹן, בְּכֹהֲנָיו,וּשְׁמוּאֵל, בְּקֹרְאֵי שְׁמוֹ

 « Moïse et Aaron au nom de ses prêtres (les prêtres de Dieu), et Samuel est l’un de ceux qui invoque Son nom »  

 

Alors le Midrash fait la comparaison du poids de chaque partie du verset : d‘un côté Moïse et Aaron – בְּכֹהֲנָיו – et d’une autre côté Shmouel tout seul. 

 

Qora’h a pensé : si mon descendant Samuel est important comme Moïse et Aaron, à plus forte raison moi-même ! C’est vrai que Qora’h aurait pu être l’égal de Moïse et d’Aaron, mais pas dans cette génération, dans celle de Samuel. Il y eu a là des raisons historiques qui ont fait que Samuel à lui tout seul a récapitulé le pouvoir, la compétence, l’importance de Moïse et Aaron ensemble.

 

Q: Comment comprendre que se joignent à Qora’h 250 personnalités ?

 

R: A partir du moment où une grande personnalité ouvre une faille dans ce respect de consentement qu’une société a pour son chef, alors tous peuvent s’engouffrer dans cette faille-là. Au Sinaï l’événement principal n’était pas tellement que Dieu parle à Israël mais que Moïse soit habilité comme roi-prophète pour Israël. Il faut le voir littéralement dans le texte. Moïse se trouve dans la position la plus difficile : il réussi quand il est complètement transparent, à un point tel que tout se passe comme s’il s’est effacé. Il est chargé par Dieu d’être intermédiaire pour faire comprendre au peuple qu’il n’y  pas d’intermédiaire ! Il a réussi sa mission quand le peuple comprend qu’il n’y a pas d’intermédiaire. C’est la position la plus difficile, qui n’est tenable que s’il y a un consentement de la part du peuple qui est de l’ordre de la vertu de générosité absolue.

N’importe qui pourrait dire à Moise : prouve-nous que c’est Dieu qui t’a parlé !  Même quand une fois l’événement a eu lieu au Sinaï.    

 

C’est un peu ce que nous apprenons au sujet de la pédagogie traditionnelle. L’éducation a réussi lorsqu’on peut se passer de l’éducateur. Le problème de l’ingratitude c’est qu’au moment où l’éducation a réussi on oublie qu’il y avait un éducateur.  

Qora’h utilise démagogiquement ce principe pour mettre en question Moïse et Aaron.

 

Midrash : Dans la Parashah précédente on apprend que le Taleth doit être sanctifié par un fil bleu et aussi la מִצְוָה de la מְּזוּזָה. Question de Qora’h à Moïse : Si tout le Taleth est bleu doit-il comporter un fil bleu ? Réponse de Moïse : Oui ! L’argumentation de קֹרַח est la suivante : Si déjà un fil bleu rend Kasher un Taleth blanc à fortiori un Taleth tout bleu est cachère. Tu as falsifié la תּוֹרָה de Dieu... !

 

2ème question de Qora’h à Moïse : la מְּזוּזָה.

Une chambre remplie de תּוֹרָה סֵּפְרֵי - de parchemins de תּוֹרָה - doit-elle avoir une מְּזוּזָה?

Réponse de Moïse : Oui ! Non, tu n’as pas pu entendre une chose pareille : si déjà deux parashiot rendent cachère la chambre, tout plein de תּוֹרָה סִּפרֵי a fortiori...  

Je vous donne l’explication du Maharal qui me semble la plus fondamentale:

 

C’est la même chose que :

כִּי כָל-הָעֵדָה כֻּלָּם קְדֹשִׁים, וּבְתוֹכָם יְהוָה

Si tous sont saints, pourquoi l’un au-dessus de l’autre ?  

Il y a deux argumentations : l’une pour Moïse et l’autre pour Aaron. La מְּזוּזָה pour Moïse et le Talith pour Aaron.  

 

Le Maharal explique quelle était l’argumentation : le klal étant saint il n’a pas besoin d’un médiateur entre Dieu et lui. La réponse du Maharal est très forte : un klal qui n’aurait pas à sa tête quelqu’un qui ferait le lien avec le Dieu unique, en réalité nierait la révélation du Dieu unique au Klal. On en revient au problème de la difficulté de Moïse. Un certain nombre de cas très particuliers où Moïse parle de « son Dieu » : en général Moïse parle aux enfants d’Israël, non pas de « son Dieu » mais de leur Dieu. « דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל » il est le porte-parole de Dieu pour les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל.  

C’est précisément tant que les enfants d’Israël ne sont pas à ce niveau qu’ont prévu les prophètes, essentiellement Jérémie et Isaïe : « il arrivera un temps où personne ne dira à l’autre « apprend-moi », parce que chacun verra avec la même évidence de quoi il s’agit... » Verset présent tant dans Isaïe que dans Jérémie.  

En attendant ce temps-là, il faut précisément qu’il y ait un Moïse pour que la révélation arrive jusqu’à Israël. Et c’est ce qui s’est passé au Sinaï. Les Hébreux avaient besoin d’une habilitation de Moïse en tant que celui qui est le porte-parole pour les enfants d’Israël.

Dès que l’événement a eu lieu, immédiatement, ils interviennent en demandant à Moïse de servir d’intermédiaire pour entendre Dieu et leur dire, parce qu’ils ne sont pas capables encore d’entendre directement la voix divine sans mourir.

 

.../... (inaudible)

 

L’argumentation de Qora’h contre Moïse repose sur une contradiction apparente :

כִּי כָל-הָעֵדָה כֻּלָּם קְדֹשִׁים

Donc la hiérarchie « imposée » par Moise et Aaron va à l’encontre de cet enseignement de Moïse lui-même.  

 

Au Sinaï Dieu se révèle pour habiliter Moïse.  

16:4

וַיִּשְׁמַע מֹשֶׁה, וַיִּפֹּל עַל-פָּנָיו

Et Moïse entendit et tomba sur sa face  

 

Rashi sur וַיִּפֹּל עַל-פָּנָיו:  

Pourquoi Moïse est-il tombé sur sa face ? A cause de la controverse. C’est déjà la 4ème fois qu’il le mette en question. Ils ont fauté au veau d’or (שְׁמוֹת chapitre 32)  et Moïse a prié. Lorsqu’ils ont demandé de la viande et se sont révoltés (בְּמִדְבַּר chap.11) et Moïse a prié. Avec les מְרַגְּלִים (בְּמִדְבַּר chapitre 14) et Moïse a dit à Dieu : « Mais les Egyptiens entendront... ». Mais là dans la controverse de קֹרַח, ses mains se sont affaiblies. Mashal: cela ressemble à un prince qui a fauté vis à vis de son père, un ami de son père  est intervenu pour plaider pour le fils, 1 fois, 2 fois, 3 fois..

Lorsqu’il s’est mal conduit la 4ème fois, les mains de l’ami se sont affaiblies et l’ami c’est dit : « jusqu’à quand vais-je fatiguer le Roi ? peut-être ne m’acceptera-t-il pas ? » [Midrash Tan’houma 4, Shemot Rabbah 18: 6]  

C’est pourquoi il est dit וַיִּשְׁמַע מֹשֶׁה, וַיִּפֹּל עַל-פָּנָיו Et Moïse entendit et tomba sur sa face…

 

Impuissant à intervenir. Parce que cette fois cela le concernait personnellement, il ne pouvait pas plaider. Ensuite dans le texte, Moïse demande le jugement de Dieu. Il veut que Dieu intervienne lui-même pour que l’assemblée voie qui a raison. Il ne peut pas lui-même plaider, étant partie prenante, ce serait un plaidoyer pour lui-même.   

C’est un passage important qui nous donne une grande leçon, que l’on peut comprendre au niveau de la morale individuelle : la mauvaise foi.  

Au niveau de la vie de société et au niveau des événements historiques, il est très important de comprendre cette démagogie qui plaide en se servant d’arguments vrais et de valeurs vraies ses intérêts personnels.

 

Après la מַגֵּפָה de Qora’h :  

Lorsque Dieu est intervenu et que le peuple a vu que c’est Moïse qui avait raison, puisque קֹרַח et toute son assemblée ont été engloutis vivant dans un tremblement de terre, alors le peuple dit :

« Nous allons tous mourir ». Cf. קֹרַח 17.6 et suivantes

Ils accusent Moïse semble-t-il d’être la cause de leur propre mort. Il semble qu’ils aient de la mauvaise foi. Ils ont vu eux-mêmes que Dieu est intervenu pour juger, et que Qora’h et son assemblée ont été frappés et que c’est Moïse et Aaron qui sont habilités.  

Pourquoi cette réaction contre Moïse ?  

La réponse simple est importante : s’il arrive une compétition qui réclame le jugement de Dieu entre Moïse et quiconque d’Israël, c’est Israël qui est disqualifié. Moïse par sa seule valeur condamne les autres. C’est une des raisons de cette jalousie et contestation du peuple contre Moïse. Le seul fait que Moïse est Moïse déclenche cela.  

En sociologie, le phénomène de l’antisémitisme lui-même pourrait être compris un peu mieux de cette manière : la haine du Juif uniquement parce qu’il est Juif. Le fait qu’Israël soit Israël suffit pour déclencher la haine antisémite. Dès que la confrontation de jugement apparait, il y a disqualification à l’avance. Il y a une espèce de frustration à priori.  

Celui qui a plus de valeur par le seul fait de son existence condamne par disqualification. Ceci explique la réaction du peuple envers Moïse. Ils ne veulent pas de cette différence parce qu’ils seraient condamnés automatiquement...

 

Un exemple dans l’histoire des patriarches.

Parashah וַיֵּרָא: le jugement et la condamnation de Sodome et Gomorrhe, la séparation d’Ismaël de Isaac, parce que dès qu’Abraham est circoncis, les événements s’accélèrent dans le récit. Et on voit un accomplissement accéléré d’une espèce de jugement de comparaison qui disqualifie qui n’est pas Abraham. Tant qu’Abraham est encore à l’intérieur de l’anonymat, non encore mis en évidence par le jugement, par la différence de la personnalité d’Abraham d’avec le reste, alors il y a un sursis pour les autres. Dès qu’Abraham s’élève en niveau de valeur, ce sursis s’arrête.

 

Tant qu’Abraham n’est pas dévoilé par Abraham tous sont à l’abri d’un sursis. Mais dès qu’Abraham devient ce qu’il doit être Sodome et Gomorrhe est condamné. Ils pourraient reprocher à Abraham d’être condamnés à cause de lui. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles Abraham se croit obligé de plaider pour eux…  

 

Thème de Parashah פִּינְחָס  

 

Un thème qui va compléter ce que l’on a vu.

Chapitre 26 : c’est le dernier dénombrement du livre de la תּוֹרָה.

C’est pour dénombrer les familles d’Israël au moment du partage de la terre d’Israël avant d’entrer. 

La תּוֹרָה récapitule les dénombrements en citant les noms des principales familles d’Israël. Parce que ce dénombrement s’effectue en vue du partage de la terre, les 12 tribus sont dénombrées à part, et la tribu de Lévi à part.

  

26 :35

   אֵלֶּה בְנֵי-אֶפְרַיִם, לְמִשְׁפְּחֹתָם--לְשׁוּתֶלַח מִשְׁפַּחַת הַשֻּׁתַלְחִי, לְבֶכֶר מִשְׁפַּחַת הַבַּכְרִי; לְתַחַן, מִשְׁפַּחַת הַתַּחֲנִי

Ceux-ci sont les fils d'Ephraïm, selon leurs familles: de Choutélah, la famille des Choutalhites; de Béker, la famille des Bakrites; de Tahân, la famille des Tahanites.  

 

26:36

וְאֵלֶּה, בְּנֵי שׁוּתָלַח--לְעֵרָן, מִשְׁפַּחַת הָעֵרָנִי

Et ceux-ci sont les descendants de Shoutélah: Erân, d'où la famille des Eranites  

 

Rashi sur 26:36 :  

Les descendants des autres fils de Shoutélah ont été appelés d’après Shoutélah. Une grande famille est issue d’Eran, de sorte qu'ils ont été appelés d’après lui. Ainsi, les descendants de Shoutélah ont été considérés comme deux familles. Compte le chiffre et tu verras 57  familles [qui sont énumérées] dans ce chapitre, ainsi que les 8 fils de Lévi, pour un total de 65. Tel est le sens de ce qui est dit, "Car vous êtes le moins nombreux (הַמְעַט) de tous les peuples " (דְּבָרִים - 7:7). [Le mot הַמְעַט   désigne «5» (ה) "en moins" (מְעַט) La lettre hé de הַמְעַט   a une valeur numérique de cinq] Vous êtes 5 familles de moins que les familles de toutes les nations, car ils sont soixante dix [et vous êtes soixante-cinq]. Cela aussi, je l’ai trouvé exposé des écrits de R. Moshé Hadarshan [le prédicateur], mais j'ai dû supprimer quelques-unes de ses paroles et en ajouter. -- [Mid. Aggadah.]  

 

Il va récapituler le dénombrement et il dit ceci : compte et tu trouveras dans cette Parashah 57 familles dans les 12 tribus et 8 familles dans la tribu de Lévi. 57+8= 65 familles d’après un verset qui se trouve dans le chapitre 7 de דְּבָרִים.

Dans ce contexte de דְּבָרִים Dieu dit à Israël : ce n’est pas parce que vous êtes un peuple nombreux mais c’est parce vous descendez des patriarches.

 

וָאֶתְחַנַּן  7.7:

לֹא מֵרֻבְּכֶם מִכָּל-הָעַמִּים, חָשַׁק יְהוָה בָּכֶם--וַיִּבְחַר בָּכֶם: כִּי-אַתֶּם הַמְעַט, מִכָּל-הָעַמִּים

Ce n’est pas parce que vous êtes un peuple nombreux que Hashem vous préféré et vous a choisi car vous êtes le plus petit de tous  les peuples.

  

כִּי-אַתֶּם הַמְעַט, מִכָּל-הָעַמִּים

Car vous êtes le plus petit de tous les peuples  

 

Rashi lit un Remez dans le verset :

Car vous être 5 de moins que tous les peuples (70).  

 

Donc, ne croyez pas que c’est par votre mérite que vous êtes Israël indexé aux 70 nations parce qu’il vous manque 5 dimensions.  

Lors de la descente en Egypte, il y avait les 70 noms. A la sortie d’Egypte en fin de compte et après toutes les épreuves et le dernier dénombrement, il s’avère qu’il n’en reste que 65.  

C’est-à-dire que le résultat de la mise à l’épreuve est une faille dans l’identité d’Israël.  

 

Rashi :

Vous êtes 5 de moins que les nations qui sont 70. Cela aussi je l’ai compris de l’enseignement de Rabbi Mosheh HaDarshan MiNarboni (Il était de Narbonne. Tous les Narboni sont de cette famille – il a écrit en particulier des Midrashim assez extraordinaires sur יֹסֵף  בֵּנ מַשִיחַ qui étaient en manuscrits dans les monastères de la région, qui ont été édités par un ordre chrétien avec des commentaires chrétiens. Grand חֲכָם תַּלְמִיד de Narbonne).  

 

A la suite de ce dénombrement dont l’intention est de savoir s’il y a suffisamment de visages en Israël, c’est le nom des familles à travers les tribus, pour que de cette unité d’Israël il y ait suffisamment de lien avec la multiplicité des nations pour qu’Israël soit Israël. Il s’avère que ce n’est pas le cas.  

Que s’est-il passé entretemps ? C’est la seul fois lors d’un dénombrement où la תּוֹרָה raconte les noms qui ont disparus.  

Je vais vous les donner d’après les références : la 1ère fois au verset 26:9   

 

פִּינְחָס  26.9 :

 וּבְנֵי אֱלִיאָב, נְמוּאֵל וְדָתָן וַאֲבִירָם: הוּא-דָתָן וַאֲבִירָם קרואי (קְרִיאֵי) הָעֵדָה, אֲשֶׁר הִצּוּ עַל-מֹשֶׁה וְעַל-אַהֲרֹן בַּעֲדַת-קֹרַח, בְּהַצֹּתָם, עַל-יְהוָה

et les enfants de Nemouel et Datan et Datan et Aviram Aviram eux Datan et Aviram les nobles de l’assemblée Qui ont excités contre Moïse et Aaron dans l’affaire de Qora’h. Lorsqu’ils se sont révoltés contre Hashem.  

 

26.10 :

   וַתִּפְתַּח הָאָרֶץ אֶת-פִּיהָ, וַתִּבְלַע אֹתָם וְאֶת-קֹרַח--בְּמוֹת הָעֵדָה: בַּאֲכֹל הָאֵשׁ, אֵת חֲמִשִּׁים וּמָאתַיִם אִישׁ, וַיִּהְיוּ, לְנֵס

Et la terre a ouvert sa bouche et les a avalés ainsi que Qora’h dans la mort de cette assemblée Lorsque le feu a dévoré les 250 notables, ils ont été un étendard-témoignage.  

 

26.11:

וּבְנֵי-קֹרַח, לֹא-מֵתוּ

Et les fils de Qora’h ne sont pas morts.  

 

Cela veut dire que c’est la première fois dans un dénombrement que l’énumération s’interrompt pour nous raconter quelque chose. On nous explique que ces 2 noms de Datan et Aviram ont disparu et en même temps on parle de la disparition du nom de קֹרַח.  

 

La disparition du 4ème nom est évoquée au verset 26.33 :

וּצְלָפְחָד בֶּן-חֵפֶר, לֹא-הָיוּ לוֹ בָּנִים--כִּי אִם-בָּנוֹת: וְשֵׁם, בְּנוֹת צְלָפְחָד--מַחְלָה וְנֹעָה, חָגְלָה מִלְכָּה וְתִרְצָה

Et Tselof’had fils de ‘Hefer n’avait pas pour lui de fils mais des filles et les noms de filles de Tselof’had étaient...  

 

Sa faute est d’avoir violé le Shabbat.

Datan et Aviram c’est la contestation des princes, la faute du pouvoir civil.

Qora’h c’est la contestation contre Moïse la faute du חֲכָם תַּלְמִיד.  

 

La Guémara nous dit que personne n’a le droit de parler de קֹרַח avant de dire qu’il était חֲכָם תַּלְמִיד. Il était le plus grand d’Israël juste après Moïse. Le seul à pouvoir contester Moïse. C’est pourquoi c’est une très grave faute. Comme il était le seul qui le pouvait, il était celui qui ne devait pas...   

Ensuite nous avons Tselof’had qui est la faute du simple juif qui viole le Shabbat.  

 

Ensuite le 5ème dans le dénombrement de la tribu de Lévi au chapitre 26 verset 61.  

26.61 :

וַיָּמָת נָדָב, וַאֲבִיהוּא, בְּהַקְרִיבָם אֵשׁ-זָרָה, לִפְנֵי יְהוָה

Et Nadab et Abihou moururent, pour avoir apporté un feu profane devant le Seigneur.  

Là encore on nous donne un récit. La mort des enfants d’Aharon, Nadav et Avihou.

La faute des prêtres.  

 

Dans l’ordre des fautes de contestations:

  • La faute de la tribu de Reouben : la faute des rois, du pouvoir civil.
  • La faute de Qora’h, la contestation contre Moïse.
  • La faute de Tselof’had la faute du simple Ben Israël.
  • La faute des 2 prêtres. 

 

En tout, 6 noms qui vont disparaître.

Datan et Aviram, Qora’h, Tselof’had, Nadav et Avihou.

 

Retour au verset 26:33  

וּצְלָפְחָד בֶּן-חֵפֶר, לֹא-הָיוּ לוֹ בָּנִים--כִּי אִם-בָּנוֹת: וְשֵׁם, בְּנוֹת צְלָפְחָד--מַחְלָה וְנֹעָה, חָגְלָה מִלְכָּה וְתִרְצָה

Et Tselof’had fils de ‘Hefer n’avait pas pour lui de fils mais des filles et les noms de filles de Tselof’had étaient Machlah veNo'ah Choglah Milkah veTirtsah.  

On apprend du Midrash qu’elles étaient toutes de grandes צַדֶקוֹת.  

 

27.1 :

וַתִּקְרַבְנָה בְּנוֹת צְלָפְחָד, בֶּן-חֵפֶר בֶּן-גִּלְעָד בֶּן-מָכִיר בֶּן-מְנַשֶּׁה, לְמִשְׁפְּחֹת, מְנַשֶּׁה בֶן-יוֹסֵף; וְאֵלֶּה, שְׁמוֹת בְּנֹתָיו--מַחְלָה נֹעָה, וְחָגְלָה וּמִלְכָּה וְתִרְצָה

S’approchèrent les filles de Tselof’had fils de ‘Hefer fils de Guilad fils de ...

Et voici leur noms Machlah veNo'ah Choglah Milkah veTirtsah.  

 

27 :2

וַתַּעֲמֹדְנָה לִפְנֵי מֹשֶׁה, וְלִפְנֵי אֶלְעָזָר הַכֹּהֵן, וְלִפְנֵי הַנְּשִׂיאִם, וְכָל-הָעֵדָה--פֶּתַח אֹהֶל-מוֹעֵד, לֵאמֹר

Se tinrent devant Moïse et devant Eleazar le prêtre et devant les princes et toute l’assemblée devant la tente d’assignation pour dire…

 

27.3

אָבִינוּ, מֵת בַּמִּדְבָּר, וְהוּא לֹא-הָיָה בְּתוֹךְ הָעֵדָה הַנּוֹעָדִים עַל-יְהוָה, בַּעֲדַת-קֹרַח: כִּי-בְחֶטְאוֹ מֵת, וּבָנִים לֹא-הָיוּ לוֹ.

Notre père est mort dans le désert et lui ne se trouvait pas dans l’assemblée qui se sont révoltés contre Dieu dans l’assemblée de קֹרַח car il est mort pour sa faute et il n’avait pas de fils . Pourquoi son héritage passerait-il etc....  

 

Et on apprend dans cette Parashah que lorsque quelqu’un est mort sans fils l’héritage passe aux filles. En réalité, les filles héritent. C’est pour des problèmes de différenciation de tribus que seuls les fils héritent mais en principe les filles héritent.  

L’argumentation des filles de Tselof’had est importante pour la suite. Elles disent dans le texte que Tselof’had n’était pas dans l’assemblée de Qora’h, raison pour laquelle elles demandent que son nom ne disparaisse pas.

 

Nous avions 6 noms qui avaient disparu.

Les 5 filles de Tselof’had ont restitués 5 noms sur les 6 manquant. C’est-à-dire qu’elles ont statut de chefs de familles en Israël. Elles restituent 5 noms.  Il en manque un seul. C’est Qora’h.

 

Il fallait être 71.

Et s’il y avait eu 65 + 6 = 71.

Or, il y a que 65 + 5 = 70.

Donc il en manque un pour qu’il y ait 71.  

 

Cela signifie qu’il y a toujours une faille, c’est le Hé A’haron du Shem pour ceux qui savent de quoi je parle. Il y a une faille dans l’identité d’Israël à cause de ce qui s’est passé dans ces épreuves. Et il en résulte que le mot de אֲדֹנָי qui définit la souveraineté de Dieu sur l’assemblée d’Israël, c’est la Sefirah de מָלכוּת, n’est pas écrit אֲ-דֹ-וֹ-נָ-י mais il est écrit sans le ו. S’il était écrit avec le ו, la valeur de ce nom serait 71. Sans le ו c’est 65. Et grâce aux filles de Tselof’had, c’est quand même 70.  

 

A la fin de toutes les épreuves de la génération du désert, Israël avait failli être disqualifié, à travers les épreuves des fautes fondamentales de son identité. La faute du pouvoir civil, la faute du pouvoir religieux, la faute des simples juifs, et la faute de la contestation envers Moïse, la faute du חֲכָם תַּלְמִיד. Toutes les autres fautes sont récupérées par les 5 filles de Tselof’had qui complètent 5 des 6 qui manquent. C’est là le mérite des femmes d’Israël de faire que même s’il y a faute c’est comme s’il n’y avait pas de faute… Seulement, un problème n’est pas encore résolu, c’est celui de Qora’h.  

 

C’est-à-dire que la contestation la plus grave contre la תּוֹרָה c’est celle du חֲכָם תַּלְמִיד démagogue ! Vous comprenez toutes les implications qu’il peut y avoir derrière tout cela.  

 

26.11:

וּבְנֵי-קֹרַח, לֹא-מֵתוּ

Et les fils de Qora’h ne sont pas morts.  

 

La Pshat signifie que les fils de Qora’h n’ont pas participé à la faute de Qora’h, alors la תּוֹרָה nous indique que ses enfants ne sont pas morts. Et il va y avoir un תִּקּוּן de la faute de Qora’h qui sera fait par les Bnei Qora’h.  

On utilise dans le folklore de la tradition hébraïque cette expression avec un autre sens.

Lorsque l’on dit וּבְנֵי-קֹרַח, לֹא-מֵתוּ cela signifie que la מַחְלֹקֶת est toujours présente en Israël. On dit le contraire du verset.

 

‘Hidoush :

On apprend dans la source du Midrash que la מַחְלֹקֶת est apparue au 2ème jour du commencement. C’est le terme même du Midrash.  Cf. l’absence de l’expression « Et Dieu dit que c’était bien » parce qu’il y a séparation entre les eaux d’en-haut et les eaux d’en-bas. Il y a מַחְלֹקֶת. Maharal dans Derekh Ha‘Hayim : c’est une הַשָּׁמַיִם לֶשֶׁם מַחְלֹקֶת ! Mais c’est quand même מַחְלֹקֶת, alors il n’y a pas écrit « כִּי-טוֹב». Pour qu’il y ait la différence entre le ciel et la terre il a fallu que les eaux d’en-haut et les eaux d’en-bas se séparent. Donc c’est bien שְּׁמַיִם לֶשֶׁם, c’est pour qu’il y ait un ciel. Mais c’est מַחְלֹקֶת.  

Chaque jour de la semaine à la fin de la תְּפִלָּה on dit un Psaume, que les Léviim chantaient chaque jour de la semaine au Temple, et le 2ème jour on dit:

לַמְנַצֵּחַ לִבְנֵי-קֹרַח  

Cela veut dire que ce sont les Bnei Qora’h qui sont chargés de faire le תִּקּוּן de la מַחְלֹקֶת qui a commencé avec leur père.

 

C’est relié au verset 26.11:

 וּבְנֵי-קֹרַח, לֹא-מֵתוּ Et les fils de Qora’h ne sont pas morts.

Qui sont les Bnei Qora’h ? Ce sont les Léviim par excellence.

Ce sont les Léviim qui précisément doivent arranger la מַחְלֹקֶת.

 

Donnez votre avis ou posez vos questions aux intervenants et nous vous y repondrons

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L'Equipe Editoriale du Site

25 Juillet 2019 à 12h46

Chère Madame,

Nous vous remercions pour l’intérêt que vous portez à notre site ainsi qu’à notre projet de diffusion de l’enseignement et de la pensée de Manitou.

Nous vous remercions également pour votre commentaire auquel nous avons remédié Vous pouvez désormais accéder à la transcription de toutes les parachyiot de Manitou sur notre site.

Ci-dessous le lien vers la Paracha que vous étiez en train d’étudier.
http://www.manitou-lhebreu.com/contenu-manitou/korah-serie-1994,244?transcription=1

Nous restons à votre entière disposition et vous renouvelons nos remerciements pour l’attention que vous aurez bien voulu accorder à ce mail.

Bien cordialement.

L’Equipe Editoriale du Site
www.manitou-lhebreu.org
Pour Poser la Bible sur Terre

Bithya ASCHKENAZI

09 Juillet 2019 à 17h34

Le commentaire est difficile à entendre et suivre.
Pourrait-il être transcrit ?
Merci

Evelyne Levi

08 Juillet 2019 à 09h05

כל הכבוד על היוזמה, אבל קשה לעקוב, איכות הקול גרוע. אני חושבת שיש אנשי מיחשוב שיכולים להאט. את קצב הדיבור ולמחוק רעשים