L’OEUVRE DE LA CRÉATION
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MESSIANISME
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DEVARIM - SÉRIE 1995

Le cours

 

(1995) דְּבָרִים - דְּבָרִים

Nous prendrons une référence dans un autre livre qui nous donnera la définition du livre de דְּבָרִים. Mais d’abord l’étude d’un verset important pour comprendre la différence entre le livre de דְּבָרִים, 5ème du Pentateuque et les 4 autres livres:

 

Les 4 premiers livres sont l’enseignement de Moïse à la génération de la sortie d’Egypte.

Le problème principal c’est le fait de l’identification dans la תּוֹרָה de 2 genres différents :

- l’explication de l’histoire du monde depuis la création du monde jusqu’à la sortie d’Egypte

- et au moment de la sortie d’Egypte, la révélation de la législation de la תּוֹרָה.

 

Il y a là deux genres complètement différents dans le même livre. C’est l’objet de la 1ère question de Rashi dès l’origine de son commentaire.

 

Rashi cite en le formulant à sa manière un Midrash qui se trouve 7 fois dans la תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה: normalement on devrait s’attendre que la תּוֹרָה ne commence que à la première des מִצוֹת qu’Israël a reçu à la sortie d’Egypte si on donne au mot de תּוֹרָה le sens de Loi. Mais en hébreu, le mot תּוֹרָה signifie beaucoup plus que loi. C’est la révélation de tout ce que Dieu a à dire à l’homme, en particulier, la révélation de législation pour la conduite humaine.

Mais תּוֹרָה ne signifie pas loi. C’est une déformation de sens que nous tenons des traductions chrétiennes. « תּוֹרָה » cela veut dire révélation, ou « dévoilement », quelque chose qui nous est caché et qu’on nous a montré. Le מוֹרֶה - le maître- c’est celui qui désigne, c’est presque la même racine que תּוֹרָה. Dans le sens du mot de תּוֹרָה  qui désigne le חוּמָש, les 5 livres, au minimum deux sens : la révélation de l’histoire comme préface de la révélation de la législation. C’est un sujet extrêmement important.

 

On est tellement familier du fait que le livre comporte ces deux genres qu’on ne le voit plus. Cela ne va pas ensemble, il aurait fallu normalement que nous ayons deux livres :

- l’un racontant les sens de l’histoire du monde d’après les Prophètes d’Israël, depuis la création du monde jusqu’à la sortie d’Egypte. Le livre suivant serait celui de Josué.

- et l’autre serait une livre de lois dans le sens de תּוֹרָה, dans le sens de שׁוּלחָן עָרוּךְ légiférant des מִצוֹת qu’il faut faire.

 

A la longue d’ailleurs dans la plupart des communautés juives on s’est habitué à négliger les textes de תּוֹרָה qui sont des textes historiques, pour ne se baser essentiellement que sur les versets des מִצוֹת. C’est le même phénomène dans le Talmud, il y a la הַגָדָה et la הֲלָכָה. On a tendance à sauter les pages de הַגָדָה dans l’étude.

 

Pour le Talmud, le nom de תּוֹרָה doit être est réservé surtout aux récits historiques et dans le récit historique se trouvent des versets qui désignent les מִצוֹת, mais qu’on étudie dans la מִשְׁנָה. On n’étudie pas ces מִצוֹת dans la תּוֹרָה.

 

Exemple : un verset de la תּוֹרָה dit qu’à un certain moment de l’histoire de la révélation, Dieu a transmis à Moïse pour Israël le verset « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Mais cette מִצְוָה-là s’étudie dans la מִשְׁנָה : et comment fait-on pour aimer son prochain comme soi-même ? Il faut étudier cela dans le Talmud ! Seulement, on apprend que cela a été dit dans le récit historique.

 

D’ailleurs, la plupart du temps on n’oublie l’autre moitié du verset : « אֲנִי יְיָ אֱלֹהֶיךָ ».

Il y a une étude du verset pour le verset, qui s’appelle מִקְרָא, qu’on a négligé. Et on étudie la מִצְוָה dans la מִשְׁנָה surtout. En particulier dans le monde ashkénaze, c’est le Maharal de Prague qui a réinstitué l’étude du מִקְרָא. Il avait appris cette méthode à la Yéshivah talmudique séfarade d’Amsterdam.

 

C’est pourquoi en Israël, tous ces enseignements sur la lecture de la הָשָׁבוּעַ פָּרָשָׁת, dans sa formulation actuelle, c’est la שִׁיטָה du Maharal. En réalité c’est la שִׁיטָה séfarade d’Amsterdam qui étudiait le מִקְרָא pour le מִקְרָא. Par contre, l’application de la מִצְוָה est étudiée dans le Talmud.    

 

La תּוֹרָה dit une chose importante : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ! »

Et comment fait-on cela ? Cela s’apprend dans le Talmud et non chez Socrate ou Voltaire ou Rousseau. La traduction est par ailleurs trompeuse : et que faire si je ne m’aime pas moi-même ?

C’est une maladie très juive, la haine de soi. Cela ne veut donc rien dire.

On ne lit pas le verset comme il est écrit : il y a écrit « וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כָּמוֹךָ »

Et non pas « וְאָהַבְתָּ לְרֵעֲךָ כֶּלֶךָ»

Il est écrit כָּמוֹךָ et non pas כֶּלֶךָ

 

Or, en hébreu deux verbes pour dire aimer : soit l’objet de l’amour c’est l’objet authentique de l’amour, alors le complément d’objet est introduit par « אֵת » comme dans «וְאָהַבְתָּ אֵת יְיָ    אֱלֹהֶיךָ  » et si j’aime autre que Dieu c’est déjà le commencement de l’idolâtrie.

(Ne pas dire : « je t’adore » à sa femme par exemple. On ne sait pas ce qu’on dit en parlant.).

Le commandement de la תּוֹרָה, c’est que l’objet d’amour de la créature c’est le Créateur. 

Pour toute autre créature autre que le Créateur, c’est une autre forme : « ל אָהוֹב» : « aimer pour ». Cet amour que je ne dois qu’à Dieu je le fais dériver vers quelqu’un d’autre au passage pour qu’il en profite, c’est le ל. En grammaire française c’est la forme grammaticale du datif qui consiste ici à décrire le fait d’attribuer ce qui va à Dieu à quelqu’un pour qu’il en profite. 

 

« וְאָהַבְתָּ » (sous-entendu יְיָ אֱלֹהֶיךָ אֵת) pour ton prochain, et pourquoi ? Parce qu’il est comme toi  כָּמוֹךָ !

 

Un commentaire ajoute : uniquement s’il est comme toi. D’où les déductions que ce commentaire ne concerne que les Juifs. C’est faux. Cela concerne le prochain. Le sens direct du verset c’est parce qu’il est comme toi créature du même Dieu, c’est pourquoi il est écrit dans le verset : אֲנִי יְיָ אֱלֹהֶיךָ : c’est Moi qui a créé ton prochain. Le Dieu de la Bible protège le Réa’h, mon Dieu protège le Réa’h, contrairement aux autres religions.

 

Un petit commentaire de קַבָּלָה sans employer les termes de קַבָּלָה: c’est avec celui qui est le plus proche que le commandement est nécessaire, celui qui est lointain ne nous gêne pas. Cela n’engage pas et il est plus facile de l’aimer, il n’est pas un rival. Plus il est proche, plus il est rival. La תּוֹרָה donne un חִדֻשׁ et un commandement, là où c’est nécessaire, l’avertissement concerne donc le prochain.

 

D’autre part, il y a un tout autre verset du même chapitre :

« Tu aimeras l’étranger comme toi-même ».

Mais c’est un autre verset. C’est un verset qui doit être clair : Il est écrit « l’étranger », pas s’il se considère lui comme propriétaire et les autres comme étrangers.

 

Le verset signifie : « Tu aimeras pour ton prochain parce qu’il est comme toi-même créature du même Dieu », et j’ai tendance naturellement à voir le prochain comme le mal dont il faut se débarrasser. C’est pourquoi c’est le même mot  et Réâ : l’homme a tendance à voir le mal chez l’autre. Et plus il est proche, et plus il a mal... c’est pourquoi la תּוֹרָה donne la loi à ce sujet.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même... » Pour le lointain, aimer en intention, cela n’engage à rien, sinon à la bonne volonté de l’inclination du cœur : c’est très romantique : « j’aime les congolais... ».

 

A retenir:

אֵת  אָהוֹב / ל אָהוֹב

Pour la crainte c’est la même chose :

« Yaro et »  c’est toujours pour Dieu  vayareta et HM elohekha

« Yaro mé » c’est pour quelqu’un d’autre, craindre de (mem) : la crainte de Dieu qui passe par quelqu’un d’autre.. La faute de Shaoul « j’ai eu peur du peuple » (avec la préposition « et ») « yaréti et haâm » C’est là que Shaoul a eu la même maladie que Béguin, il est tombé en dépression. 

Shaoul était un grand en Israël, mais on préfère David.

 

***

 

Retour au sujet :

Il y a dans la תּוֹרָה deux genres :

 

  • le récit historique, à travers lequel la תּוֹרָה nous raconte que Dieu a dit telle ou telle מִצְוָה à Moïse pour Israël,

 

et il y a, d’autre part,

 

  • les מִצוֹת elles-mêmes qui elles s’étudient dans la מִשְׁנָה

 

Lorsqu’on dit  תּוֹרָה תַלמוּד c’est la גְמָרָא. La vraie מִצְוָה de l’étude de la תּוֹרָה, c’est la גְמָרָא. Il y a une autre מִצְוָה qui consiste à étudier le מִקְרָא et qui était tombée en désuétude et a été réinstauré par la lecture de la הָשָׁבוּעַ פָּרָשָׁת. Je schématise, mais c’est clair.

 

Et la différence entre les quatre premiers livres et le 5ème : le 5ème récapitule les מִצוֹת pour la génération qui va entrer en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

 

D’où en particulier que la motivation du Shabbat dans les 10 commandements est différentes dans la פָּרָשָׁה de יִתְרוֹ et dans la פָּרָשָׁה de וָאֶתְחַנַּן.

 

La motivation de la מִצְוָה du Shabbat pour la génération de la sortie d’Egypte, c’est la création du monde. La motivation du Shabbat pour la génération qui entre en Israël c’est la sortie d’Egypte. Il y a cette différence de formulation dans le livre de דְּבָרִים qui a différentes dimensions. En particulier cela : la motivation des מִצוֹת pour la génération de la sortie d’Egypte, et la motivation des מִצוֹת pour la génération de l’entrée en Israël. L’exemple classique est cette motivation du Shabbat.

 

Chapitre 1 Verset 5:

 

1:5

בְּעֵבֶר הַיַּרְדֵּן, בְּאֶרֶץ מוֹאָב, הוֹאִיל מֹשֶׁה, בֵּאֵר אֶת-הַתּוֹרָה הַזֹּאת לֵאמֹר

En deça du Jourdain dans la terre de Moav a entrepris Moïse d’expliquer cette תּוֹרָה  en disant...

 

Et le verset qui suit prend le récit à partir du Sinaï. C’est donc bien à partir du Sinaï que les מִצוֹת vont être révélées.

 

Cf. Rashi sur בֵּאֵר אֶת-הַתּוֹרָה:

Moïse a commencé à expliquer cette תּוֹרָה  et on s’attendrait à un commentaire qui fasse allusion à quoi ? בֵּאֵר אֶת-הַתּוֹרָה הַזֹּאת. Où a-t-on l’explication de la תּוֹרָה ? On s’attendrait à ce que Rashi nous dise  תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה, mais il nous dit tout à fait autre chose : בשבעים לשון, il leur a expliqué en 70 langues. C’est très paradoxal.

 

Les 70 langues sont les langues des 70 nations.

C’est paradoxal : on vient de quitter l’exil dans lequel on est relié aux 70 nations, on entre en Israël et c’est là que Moïse va expliquer à Israël comment il faut parler la תּוֹרָה en 70 langues aux nations ? Qui pourrait proposer une explication ?  

 

Q : Ce serait dangereux de s’isoler, ce ne serait pas sain par rapport à une mission d’Israël ?

R : Il ne s’agit pas de mission mais de rentrer chez soi. C’est cela qui est en question. Lorsque l’on parle de mission d’Israël on parle de l’exil, et que Israël est indexée aux 70 nations. Cela c’est la כְּלָל יִשְׂרָאֵל. C’est l’exil. Bien que nous soyons ici en Israël, on est encore imprégné des mentalités de l’exil. Ai-je besoin d’être en exil pour dire la parole de Dieu aux nations ?  

  

ודבר השם מירושלים כִּי מִצִּיּוֹן תֵּצֵא תוֹרָה

Car de Sion sortira la Thora et la parole de Dieu de Jérusalem

 

Ai-je besoin d’être otage de l’Angleterre de l’Allemagne de la France ou de l’Espagne pour que les גּוֹיִם sachent ce que Dieu a dit ? Ne puis-je pas le dire depuis Israël ?

Moïse a tiré les hébreux d’Egypte pour les faire rentrer chez eux et que fait-il ? Il leur apprend les langues étrangères ? Vous voyez-là le paradoxe !

 

On parle de la mission d’Israël ?

Est-ce être chez les autres pour dire ce qu’Israël a à dire ou bien dire, à partir de chez lui, ce qu’il a à dire aux autres ? 2000 ans d’habitudes ont déformé ces évidences. 

Je vous dis comment la question se pose à moi chaque fois que je parle en diaspora. C’est une formulation classique :

Quelle est la justification de la diaspora ?

Aucune ! Pratiquement personne ne dit la vérité. Parce qu’à la vérité on est chez les גּוֹיִם, parce qu’on est chez les גּוֹיִם.

 

On a tendance à croire en une mission des Juifs. Avons-nous une mission chez les גּוֹיִם ? Laquelle ? Leur enseigner la parole de Dieu ? C’est le rôle des curés et non celui des Juifs !

Je connais énormément d’universitaires juifs en France. Ils y enseignent tous les «...ismes » du monde sauf celui du judaïsme.

Il y a 2000 ans on a enseigné aux גּוֹיִם « tu aimeras ton prochain comme toi-même » et le résultat a été catastrophique. L’inquisition pour les Séfardim et la Shoah pour les Ashkénazim.

Actuellement : « vive Israël à bas les Juifs ! »

 

Q : En revenant de גָלוּת ils ramènent les 70 langues avec eux, maintenant chacun ramène sa תּוֹרָה.

R : C’est un anachronisme : il s’agit d’un verset qui parlent des Juifs sortant d’Egypte et rentrant au pays pour devenir hébreux, donc si revenant de גָלוּת ils avaient déjà les 70 langues c’est pas cela que Moïse devrait leur apprendre mais l’hébreu ! 

R : Il doit peut-être justement leur réapprendre la תּוֹרָה dans ces langues qu’ils connaissent de manière כָּשֵׁר ?

 

Q : Non, ils ne les connaissent pas ces langues-là, que l’égyptien et encore ce n’est pas cette génération-là mais celle qui était en Egypte.

R : Tu parles en raisonnant de notre temps. Pour comprendre la תּוֹרָה il faut la comprendre dans la langue du pays d’où l’on vient. Mais cela est valable pour nous aujourd’hui.

 

Q : Est-ce alors pour apprendre la תּוֹרָה aux peuples qui viendront en Israël pour l’apprendre ?

R : ça c’est un rêve !

 

Q : (en hébreu)

R : לגּוֹיִםל ישראל  אסור ללמד תורה

En étudiant avec le Rav Kouk une fois : C’est interdit d’enseigner la תּוֹרָה  aux גּוֹיִם !

Je lui ai demandé: qu’est-ce que cela signifie ? Il a répondu : Ce n’est pas possible alors c’est interdit. Une source de la קַבָּלָה : Il n’y a que les circoncis qui peuvent comprendre la תּוֹרָה. Je n’expliquerais pas mais c’est une donnée très connue. Il y a une impossibilité.

מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ: il ne s’agit pas d’enseigner la תּוֹרָה des כֹּהֲנִים aux גּוֹיִם, c’est  de leur enseigner à eux les גּוֹיִם ce qu’ils doivent savoir pour vivre comme גּוֹיִם, ce sont les מִצוֹת des bnei Noa’h que nous avons à leur transmettre.

Ce n’est pas possible c’est pour cela que c’est interdit.

A la rigueur, on leur raconte ce qu’il y a dans la Bible écrite mais pour la תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה  c’est un איסור de la הֲלָכָה. C’est interdit. C’est pour cela que je me suis opposé à la traduction de la  Bible avec Rashi. En plus dès le début tout est faux. Mais c’est surtout mettre à la disposition des גּוֹיִם les sources de la תּוֹרָה שֶׁבְּעַל פֶּה qu’ils interprètent à leur manière.

 

On m’a demandé ce matin de faire la préface d’un livre de traduction du Malbim sur Josué et j’ai expliqué que je suis contre les traductions. Car cela ne sert pas aux Juifs mais aux גּוֹיִם et on sait ce qu’ils en font depuis la traduction des Septante.

La tradition raconte que lorsque les Ptolémée ont imposé aux rabbins de faire la traduction, ils ont voulu 70 חֲכָמִים comme le Sanhédrin et pour être sûr, on les a séparé.

Le miracle a été qu’ils ont tous été inspirés de la même manière.

(D’où une grande leçon : pour mettre les rabbins d’accord, il faut les séparer !)

 

Les rabbins ont décidé 3 jours de jeûne lors de cette traduction, et ils se sont arrangés pour traduire de la manière la plus incompréhensible.

 

(L’exemple classique de la traduction : Au commencement Dieu créa le ciel et la terre, résultat le chaos !?? En français cela ne veut rien dire ! Pour savoir ce que cela veut dire, en hébreu, il faut la קַבָּלָה. Il y a toutes ces invraisemblances du texte biblique qui nous viennent des traductions).

 

Ce n’est pas du tout la תּוֹרָה  d’Israël qu’Israël doit enseigner aux גּוֹיִם.

Proposez autre chose.

 

Q : chaque langue de chaque peuple véhicule le génie propre du peuple qui la parle et Israël devait connaitre ces langues pour connaitre la תּוֹרָה d’Israël.

R : C’est le thème du Sanhédrin mais ce n’est pas la réponse à ma question. Chaque membre du Sanhédrin devait connaitre la langue et l’idolâtrie d’une des 70 nations. Mais c’est pour une toute autre raison.

 

Q : Ne serait-ce pas en prévision de l’exil qui surviendra ?

R : Oui, ce n’est pas une prévision, c’est une prophétie que cela va leur arriver, c’est cela la réponse. 

Nous l’avons dans les sources du Midrash, que Moïse a diagnostiqué que la גָלוּת recommencerait.

Et alors, suivez bien ce que je vais dire maintenant : c’est pour que les Hébreux, redescendus en גָלוּת ne perdent pas le sens de la תּוֹרָה. Parce qu’ils vont très rapidement ne plus parler l’hébreu et parler les langues des nations qu’il a fallu leur expliquer en 70 langues la תּוֹרָה qui est toujours pour eux. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas un message d’Israël pour les גּוֹיִם mais ce n’est pas l’explication de la תּוֹרָה d’Israël.

 

D’autant plus que c’est faux dans la réalité :

Israël n’a jamais rien enseigné aux גּוֹיִם mais il est bien évident qu’il y a un rôle d’Israël pour les nations, qui est à l’indice de 70 nations, c’est-à-dire du génie de chacune des nations.

Mais il s’agit pas de leur enseigner la תּוֹרָה d’Israël et donc cela ne rend pas compte de ce Rashi sur ce verset.

 

Et d’ailleurs, cette mission d’Israël - qui est formulée par :

ודבר השם מירושלים כִּי מִצִּיּוֹן תֵּצֵא תוֹרָה  c’est dans la גָלוּת, quand Israël a démérité.

 

En employant les termes chrétiens « Evangiles » = e vangilion = traduit exactement « Bassorah Tovah » en hébreu = « bonne nouvelle ». A la fondation du christianisme on a annoncé une bonne nouvelle qui vient de Jérusalem. Mais la bonne nouvelle vient de Jérusalem et pas du Sacré-Cœur de Montmartre!

 

Ce n’est pas dans le plan de Dieu pour Israël d’aller en exil pour jouer ce rôle deמַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ. C’est quand Israël a démérité que la diaspora se transforme en exil. Il faut se déconditionner de cette synonymie fausse entre diaspora et exil.

Diaspora, c’est la diaspora d’une métropole. Il y a donc diaspora quand la métropole existe et qu’on peut y retourner. Il y a גָלוּת (exil), lorsque la métropole est détruite et que l’on ne peut pas y retourner. .../...

 

******


Les Juifs de diaspora hors d’Israël peuvent ou pourraient y retourner - surtout cela se dévoile depuis qu’Israël existe - mais qui ont des raisons valables d’être encore en dehors.

Ceux qui ne peuvent pas ou font comme si Israël n’existait pas, sont en גָלוּת et non pas en diaspora.

 

Exemple très clair : à la chute du mur de fer en Russie, les Juifs de Russie n’étaient plus en גָלוּת mais en diaspora. Mais tant qu’il y avait le rideau de fer ils étaient en גָלוּת, ils ne pouvaient pas. C’est comme si pour eux la métropole n’existait pas.

 

Pour les pays d’Occident, où il est possible de retourner en Israël depuis qu’il existe cela signifie qu’il y avait une גָלוּת subtile psychologique plus forte que le rideau de fer à l’Est. Il y a un obstacle plus fort encore.

 

Retour au sujet :

L’exemple du Sanhédrin sur de מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ.  Il était nécessaire en tant que כּוֹהֵן que les membres du Sanhédrin représentent l’humanité toute entière.

 

C’est pourquoi Rashi intentionnellement dit: Que signifie que Moïse leur a expliqué la תּוֹרָה ? Il aurait dû dire qu’il leur a expliqué la תּוֹרָה pour commencer l’histoire d’Israël. Précisément pour commencer l’histoire d’Israël, il faut qu’ils soient le Sanhédrin de l’humanité, mais pas pour les גּוֹיִם, mais pour être Israël. Parce qu’Israël est l’Israël de l’humanité entière. Israël n’est pas Israël s’il n’a pas les 70 sagesses. Chaque membre du Sanhédrin de façon idéale devait connaitre une langue et une idolâtrie des nations, mais c’est pour inclure ce génie, cette identité particulière des nations dans l’identité d’Israël.

 

Chapitre 2 de Brakhot :

 

C’est une מִשְׁנָה qui étudie le cas de quelqu’un qui est en train de lire dans la תּוֹרָה la פָּרָשָׁה de קרִיאָת שְׁמַע. Arrive le temps de lire le קרִיאָת שְׁמַע, et la מִשְׁנָה dit :

« S’il a mis l’intention qu’il faut dans sa lecture, il est quitte ». 

 

D’après l’ensemble des commentateurs. Je schématise. De quel cas peut-il s’agir ?

 

C’est un cas spécial, car normalement celui qui dit le קרִיאָת שְׁמַע doit y mettre les Kavanot.

Non c’est autre chose qu’il a dit : il lit mais pas pour faire la מִצְוָה du קרִיאָת שְׁמַע et arrive le temps du קרִיאָת שְׁמַע et il serait quitte du שְׁמַע ?

La מִצְוָה de lire la תּוֹרָה  oui mais cette מִצְוָה d’unité de Dieu au passage du jour à la nuit et de la nuit au jour n’est pas faite ! Puisque je le fais dans le jour ou dans la nuit et que cette מִצְוָה en prend force qu’au passage d’un monde à l’autre. La preuve : au moment de la mort on dit קרִיאָת שְׁמַע, on passe d’un monde à l’autre. C’est pour attester que le Dieu de ce monde-ci est le Dieu du Monde à Venir: c’est le monothéisme intégral !

 

Alors la מִשְׁנָה aurait dû dire : celui qui lit le קרִיאָת שְׁמַע doit avoir l’intention de faire la מִצְוָה de קרִיאָת שְׁמַע. Mais elle a dit autre chose. Il était en train de lire dans la תּוֹרָה. Arrive le temps de la מִצְוָה. S’il a l’intention de faire la מִצְוָה il est quitte.

Il lisait pour corriger le texte....

 

C’est le cas très particulier d’un Sofer dont le métier est d’écrire le תּוֹרָה סֵּפֶר et qui relit son passage pour vérifier s’il n’y a pas de faute et que pendant ce temps arrive le temps duקרִיאָת שְׁמַע et qu’il le lit, il est quitte. C’est un cas très particulier et compliqué.

 

גְמָרָא : « on apprend de ce cas de מִשְׁנָה que les מִצוֹת pour être authentiques doivent impliquer l’intention de réaliser la מִצְוָה ». On sait que ce n’est pas la règle mais c’est un problème important et la גְמָרָא tire cela de la מִשְׁנָה, disant: « de là on peut apprendre ».

 

On peut apprendre à trancher ce problème si vaste de la validité de la מִצְוָה avec ou sans כַּוַּנַה (intention) ! 

La règle actuelle, et depuis des siècles, c’est que les מִצוֹת sont valables même sans intention.

בְּרִית מִילָה par hygiène par exemple.

C’est mieux avec l’intention. Comment attester de l’intention ? C’est pourquoi il y a une בְּרָכָה avant de faire la מִצְוָה. Mais celui qui mange כָּשֵׁר par hygiène et non pour la מִצְוָה, est-ce valable ? La réponse de la הֲלָכָה est affirmative, c’est valable. 

 

גְמָרָא : que signifie s’il met la כַּוַּנַה ? 

S’il met la כַּוַּנַה de lire !

Objection : la מִשְׁנָה a dit qu’il est en train de lire ?

Réponse : non, il lisait pour épeler-corriger les fautes.

 

C’est le cas particulier d’un Sofer en train de corriger comme par hasard le passage du קרִיאָת שְׁמַע pendant qu’arrive le temps du קרִיאָת שְׁמַע. Et s’il y met la כַּוַּנַה il est Yotsé, il est quitte de la מִצְוָה. 

On ne comprend pas ce que dit la גְמָרָא : il faudrait qu’il mette la כַּוַּנַה avant de se mettre à corriger. Et quelle כַּוַּנַה ? La כַּוַּנַה de lire. Mais il ne lit pas, il épelle ! On ne comprend pas.

 

Juste après, un enseignement va nous éclairer sur cette question et sur cette מִשְׁנָה.

 

« Nos maitres enseignent, la lecture du שְׁמַע est comme son écriture.

Cela veut dire : on doit lire le קרִיאָת שְׁמַע comme il est écrit. Rashi explique : on doit lire le קרִיאָת שְׁמַע en לָשׁוֹן הַקֹדֶשׁ, il doit être lu en hébreu sinon on est pas quitte de la מִצְוָה. 

Divrei Rabbi c’est l’enseignement de Rabbi (chef du Sanhédrin=Israël). Alors les sages (les 70 nations) disent : Non en toutes langues !

Quelle est la raison de Rabbi ? Pourquoi Rabbi dit  en לָשׁוֹן הַקֹדֶשׁ  parce que le verset a dit « vehayou... et ces mots serons comme ils sont » (pas en traduction), mais pour les autres rabbins quelle est leur raison de dire en toutes langues ? Parce que le verset a dit :

« שְׁמַע» c-a-d. en toutes langues que tu comprends

Mais pour Rabbi aussi c’est écrit « שְׁמַע» pourquoi dit-il en לָשׁוֹן הַקֹדֶשׁ  et pas comme les autres ? Parce que pour Rabi, le mot de « שְׁמַע» veut dire « fais entendre à ton oreille ce que tu sors de ta bouche »

 

Cela veut dire fais attention à ce que tu dis -יִשְׂרָאֵל  שְׁמַע c’est « méfies-toi, prends garde, comprends ce que tu dis » que malgré la  représentation du monde et son apparente évidence rationnelle du dualisme du monde du jour et de la nuit le monde est un.

 

« Cela veut dire que les autres rabbins pensaient comme celui qui a enseigné « il n’a pas fait écouté à son oreille il est quitte quand même ». C’est quel cas ? C’est celui qui dit qu’il suffit de la voix intérieure ».

 

(Le קרִיאָת שְׁמַע doit être prononcé de façon à ce que l’oreille entende ce qui se dit, mais une opinion dit il suffit de la voix intérieure.

Pour beaucoup de מִצוֹת, on demande que ce soit prononcé car dans la voix intérieure, il peut y avoir des inclinations et des choses contradictoires : c’est quand je prononce ce que je dis que je témoigne de ce que j’ai choisi de dire. Tandis que pour les צַדִּיקִים il n’y a pas cette hésitation de la voix intérieure. Pour les צַדִּיקִים ce n’est pas « e’had balev e’had bapeh », les צַדִּיקִים peuvent alors par la voix intérieure. Mais la הֲלָכָה est pour tout le monde : il faut s’engager par ce que l’on dit. Alors on dira que les Rabbanan ont pensé que cela va de soi et qu’il s’agit dans ce cas de quelqu’un qui dit ce qu’il pense parce qu’il pense ce qu’il dit.)

 

Et pour les Rabbins eux aussi il y a écrit וְהָיוּ...

Cela ils en ont besoin : qu’ils ne disent pas les mots dans un autre ordre (Et cela devient très difficile parce que c’est la traduction qui inverse les mots). C’est pourquoi on a l’habitude d’expliquer dans les Yeshivot : c’est les paragraphes et les versets.

 

(Il y a là une sujet très important : La vérité d’un discours dépend de l’ordre des propositions. Si on change l’ordre des propositions d’un discours on a changé le discours, même si le contenu est le même)

 

Et Rabbi qu’il ne faut pas changer l’ordre, d’où l’apprend-il ?

Il l’apprend  מִ-דְּבָרִים ad דְּבָרִים עד et non pas de וְהָיוּ הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה.

 הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה  עד cela veut dire ces mots dans cet ordre-là.

Et les Rabannan דְּבָרִים עד דְּבָרִים, la différence ? Il ne l’ont pas expliquer..

 

C’est par conséquent Rabbi qui est plus fort car il y a au moins une indication du verset que les rabbins n’ont pas expliqué...

 

Explication :

Primitivement, la הֲלָכָה est comme Rabbi : ie. קרִיאָת שְׁמַע kikhtavah balashon haqodesh

Rabbi était le chef du Sanhédrin : il représente Israël dans les 70 nations et la חוֹכְמָה d’Israël dans les 70 nations c’est בְּלָשׁוֹן הַקֹדֶשׁ  alors que chacun des חֲכָמִים représente une des nations. Mais primitivement, la הֲלָכָה est comme Rabi. Et on l’apprend d’une lecture : dans le verset du קרִיאָת שְׁמַע, il y a 6 mots (יִשְׂרָאֵל יְהוָה אֱלֹהֵינוּ יְהוָה אֶחָד שְׁמַע). Dans la גְמָרָא au sujet de Rabanam: 5 des 6 paroles ils ne l’ont pas expliqué : ils n’ont expliqué qu’une : שְׁמַע!

 

Ce qu’on apprend ici, c’est que dans le Sanhedrin, Rabi, chef du Sanhedrin, représente les intérêts d’Israël et chacun des חֲכָמִים représente les intérêts des nations. Il n’y a pas dans ces sources qu’il faille que les rabbins connaissent une langue étrangère pour apprendre la תּוֹרָה  aux גּוֹיִם,

 

C’est l’inverse. Israël est l’Israël de l’humanité toute entière. Il faut donc que le génie de la חוֹכְמָה de chacune des 70 sagesses se cachérise dans le Sanhédrin.

Ce qui fait que lorsque la communauté d’Israël dit « קרִיאָת שְׁמַע» c’est l’humanité entière qui dit קרִיאָת שְׁמַע dans le cadre du Sanhedrin. Parce qu’à travers la כַּוַּנַה de chaque membre du Sanhedrin c’est la sagesse des nations qui passe dans le יִשְׂרָאֵל יְהוָה אֱלֹהֵינוּ יְהוָה אֶחָד שְׁמַע.

Mais pour Rabbi cela doit être בְּלָשׁוֹן הַקֹדֶשׁ.

 

Alors, ce n’est plus un cas particulier, mais c’est le cas général : Pour être sûr de pouvoir lire le קרִיאָת שְׁמַע comme c’est écrit il fallait vérifier lettre par lettre car il y a des mots avec des lettres en plus et d’autres avec une lettre en moins... Il faut lire le mot à la lettre.

Dans la traduction cela disparait...

 

Voilà un exemple de la גְמָרָא qui montre pourquoi en Israël il doit y avoir le génie des Nations mais cachérisée dans le Sanhédrin. Mais la תּוֹרָה  c’est la תּוֹרָה  de Rabbi.

 

C’est ce qui éclaire la réponse à notre question :

En réalité les sources disent que Moïse a vu qu’ils iraient rapidement chez les Nations et que pour garder leur תּוֹרָה  il fallait que Moïse leur apprenne le sens de leur תּוֹרָה  dans la langue-sagesse des nations.

 

Les langues juives nous permettent de comprendre la תּוֹרָה  des hébreux dans les langues des גּוֹיִם. Les Ashkénazim sont privilégiés : C’est vraiment le cas du yiddish : langue גוֹי judaïsée. C’est aussi le cas du judéo-arabe ou du judéo-fançais de Provence.  

 

C’est le problème de la traduction dans une langue étrangère : Quand Moïse traduit, pas de problème, mais quand un גוֹי traduit, il ne peut que projeter sa mentalité dans la traduction. Même celle formulée par des Juifs de diaspora. Ils ne savent pas le français tel qu’il faudrait le formuler pour traduire l’hébreu. La Bible du rabbinat par exemple qui témoigne de la symbiose judéo-française.

Toute la difficulté est de trouver le français tel qu’il faudrait le formuler pour traduire l’hébreu.

Leur hébreu est hébreu authentique mais leur français, par les catégories qu’il véhicule, est chrétien.

 

C’est le problème des symbioses qui est un pari perdu à l’avance: à chaque symbiose réussie il y a des réactions antisémites qui conduisent à une catastrophe. Inquisition ou Shoah.

Actuellement la symbiose judéo-française en France ou judéo-américaine aux USA. La greffe a pris et la réaction risque d’être terrible.

 

Maintenant, il est possible après une symbiose de décrocher  pour ramener en Israël les valeurs de sainteté de la civilisation en question  et de les cashériser en hébreu.

Sinon les faire en langage judéo-goy chez les גּוֹיִם c’est très dangereux : cela a été l’objet du christianisme.

 

D’où ce paradoxe de cette tendance à tout traduire, en français par exemple. C’est dangeureux.

C’est le cas des Juifs d’Alexandrie qui ont fourni toutes les sources de la pensée chrétienne que sont les pères d’Alexandrie. Qui a fourni cela aux chrétiens ? Les juifs d’Alexandrie !

 

 

 

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