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MESSIANISME
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YITRO + MICHPATIM - 1984

Le cours

 

(1984)  יִתְרוֹ

 

C’est le thème central du livre de שְׁמוֹת: la révélation du nom de Dieu à Israël constitué en nation au moment de la sortie d’Egypte.

On voit l’importance de cette discussion entre Moïse et Dieu qui lui demande « quel est ton nom ? » et la manière dont Dieu lui répond. Le problème de la révélation du nom de Dieu à ces hommes qui ont déjà reçus leurs noms en tant qu’enfants d’Israël 

Or, dans la tradition nous appelons ce livre שְׁמוֹת – «les Noms » et non la traduction de « l’Exode » qui veut dire l’inverse : quitter chez soi pour partir en exil.

 

Le problème général du livre de שְׁמוֹת pose la question suivante : quel est l’objectif de la sortie d’Egypte ? Il y a division sur la réponse à donner à cette question.

 

-    Une 1ère attitude : Aller au Sinaï recevoir la תּוֹרָה et aller la pratiquer n’importe où. C’est la tendance des Juifs de la diaspora.

 

-    Une  2ème attitude rendue possible par la création de l’état d’Israël. L’objectif de la sortie d’Egypte y était d’accomplir les promesses faites aux אֲבוֹת.

 

Se pose alors la question de la révélation de la תּוֹרָה au Sinaï dans cette 2ème attitude. Il y a des raisons qui ont fait qu’il fallait faire un détour dans le désert pour y recevoir la תּוֹרָה entre ce moment de la sortie d’Egypte et le moment de l’entrée en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

On sait que cela a duré 40 ans.

 

בְּשַׁלַּח 13 :17

וַיְהִי בְּשַׁלַּח פַּרְעֹה אֶת-הָעָם, וְלֹא-נָחָם אֱלֹהִים דֶּרֶךְ אֶרֶץ פְּלִשְׁתִּים, כִּי קָרוֹב הוּא:  כִּי אָמַר אֱלֹהִים, פֶּן-יִנָּחֵם הָעָם בִּרְאֹתָם מִלְחָמָה--וְשָׁבוּ מִצְרָיְמָה

Et il arriva lorsque Pharaon renvoya le peuple. Elohim ne les a pas dirigés par le chemin du pays des Philistins Car il était (trop) proche Alors Dieu s’était dit : De peur que le peuple ne regrette en voyant la guerre et ne retourne en Egypte.

 

Midrash : Au temps de la sortie d’Egypte, il y avait des guerres dans le pays d’Israël. De peur que ne se dévoile la difficulté de l’accomplissement des promesses et qu’ils ne retournent en Egypte.

 

13:18

וַיַּסֵּב אֱלֹהִים אֶת-הָעָם דֶּרֶךְ הַמִּדְבָּר יַם-סוּף; וַחֲמֻשִׁים עָלוּ בְנֵי-יִשְׂרָאֵל מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם

Et Dieu fit contourner le peuple Par le chemin du désert Yam Souf

Et c’est armés en guerre que les enfants d‘Israël sont montés d’Egypte.

 

Objection : c’est contradictoire avec le verset précédent et ici on nous dit qu’ils étaient armés en ordre de bataille ? 

 

Il y a dans le peuple deux parties :

-   les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל descendants des Hébreux et,

 

-  הָעָם, le peuple en général, ensemble des hommes non originaires d’Israël mais qui avaient été dans la même situation d’exil qu’Israël et qui ont rejoint Israël et son histoire. עָם = עֵרֶב רַב la grande foule d’esclaves délivrée en même temps que les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל et qui sont à l’initiative de la faute du veau d’or en Parashah כִּי-תִשָּׂא.

 

Il y a le problème important de la différence entre ces deux populations qui constituent Israël à la sortie d’Egypte : les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל les descendants des tribus, et le עָם la grande foule de peuples en Egypte comme Israël et qui est délivré de la même délivrance qu’Israël. La grande différence entre ces deux .../...

 

… l’hésitation des 6 générations qui vont d’Abraham à Moïse – préhistoire hébraïque dans leur histoire propre – par conséquent c’est cet enseignement confirmé par les promesses de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

Ce qui les concernait surtout c’était la sortie d’Egypte. A l’arrivée, ils ont fini par accepter la תּוֹרָה. 

Mais le projet de la sortie d’Egypte qui concernait אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל ne les touchait pas vraiment.

 

La réticence de cette génération d’Egypte à rejoindre Israël ne vient pas tellement des בְּנֵי יִשְׂרָאֵל mais de l’influence que ce « עָם »  a eue chez les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל.

En schématisant, et nous rejoignons l’équation de départ : sortie d’Egypte - תּוֹרָה d’accord à l’arrivée - et אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל on ne sait pas ce que c’est, cela concerne les israéliens... c’est à dire les descendants des אֲבוֹת.

 

C’est là que se pose la question de savoir la raison pour laquelle ce peuple n’est pas allé directement en Israël par le chemin le plus proche qui est celui de la côte ? C’est en allusion au début du livre de בְּמִדְבַּר: seulement 11 jours de marche... Et ce retard de 40 ans par le détour du désert…   

 

Et la raison la plus importante qu’on attendait suivant la suite du récit est-elle une raison nécessaire ? Ne fallait-il pas passer par le Sinaï et n’est-ce pas la raison pour laquelle Dieu n’a pas fait rentrer le peuple directement en Israël en passant par le Sinaï ?

 

Nous avons-là un texte qui met bien en évidence que, dans le 1er projet de la תּוֹרָה pour la sortie d’Egypte d’Israël, il n’y avait pas prévu comme nécessaire cette étape du Sinaï, nécessaire d’autre part pour recevoir la תּוֹרָה.

 

C’est donc pour des raisons secondes qui ont joué qu’il fallait passer par le Sinaï. C’est ce que le texte nous apprend, c’est une raison seconde : étant donné que le peuple dans l’état où il était à la sortie d’Egypte n’était pas encore prêt à rentrer en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, il fallait d’abord qu’il fasse un détour au désert pour recevoir la תּוֹרָה au Sinaï.

 

Il y a d’autres textes.

Cf. le chapitre 6 dans וַיֵּרָא où il y a très clairement l’énoncé du programme des promesses à accomplir à la sortie d’Egypte qui ne comporte aucune allusion à l’épisode du Sinaï.

 

Apparait quelque chose d’un peu nouveau que nous n’avons pas encore découvert car nous sommes tellement habitués à cela que l’ordre des événements soit la sortie d’Egypte -  Sinaï  - אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל – que l’on pourrait s’étonner de voir dans le texte lui-même un ordre tout à fait différent. Et c’est l’ordre du projet premier de la sortie d’Egypte en vue d’entrer enאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

 

Je voulais rattacher cela à l’étude d’un tout autre verset.

 

Chaque livre de la תּוֹרָה a une identité propre, nous allons l’apprendre d’un verset qui fait allusion à l’identité de chacun des livres du חוּמָשׁ.

 

Le mot de חוּמָשׁ ne désigne pas l’ensemble des 5 livres de la תּוֹרָה mais un des livres. Chacun des livres s’appelle un חוּמָשׁ. Et l’ensemble des livres de la תּוֹרָה s’appelle חֲמִשָּׁה חֻמְשֵׁי תּוֹרָה. On a pris l’habitude d’appeler cela un חוּמָשׁ mais en réalité chaque livre est un חוּמָשׁ c’est à dire 1/5ème de l’ensemble.

 

Ce verset se trouve au début du livre de בְּמִדְבַּר et montre bien que l’objectif de la sortie d’Egypte - c’est-à-dire la définition du contenu du livre de שְׁמוֹת – était de construire le בֵּית הַמִּקְדָּשׁ  en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, et il n’y a aucune allusion au Sinaï. Et nous reprendrons cet étonnement : pour quelles raisons a-t’il fallu quand même que l’événement du Sinaï ait lieu ? Et pourquoi a-t-il pris une telle importance par la suite ?

 

Nous avons-là un texte qui peut nous servir de référence dans la controverse très grave qu’il y a aujourd’hui dans le peuple juif : deux attitudes à avoir concernant le problème de savoir quel est l’objectif de la sortie d’Egypte ? 

 

בְּהַעֲלֹתְךָ Chapitre 19 Verset 6

 

Après la faute du veau d’or la tribu des Lévi été séparée du reste des tribus, et c’est elle qui va être consacré au 1er projet pour Israël - chose qui va arriver à être rappelée au pied du Sinaï  - et la révélation que Dieu va donner à Moïse avant les 10 commandements c’est de transmettre le message suivant à Israël :

 

 וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ

 « Et quant à vous vous serez pour moi une royauté de prêtres et une nation sainte »

 

« Royauté de prêtres » c’est l’intitulé de la relation d’Israël avec l’ensemble des Nations.

« Nation sainte » c’est le quant-à-soi d’Israël du monde.

 

מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים c’est la relation à l’universel humain

 

וְגוֹי קָדוֹשׁ c’est la définition d’Israël pour lui-même.

 

Après la  faute du veau d’or, seuls les Lévi vont être consacrés à la sainteté et sera différé jusqu’au temps messianique le fait que l’ensemble du peuple d’Israël retrouve ce niveau. Les 12 tribus vont  s’occuper de la construction de la maison d’Israël, et c’est la tribu de Lévi qui est consacrée à la sanctification de la maison d’Israël.

 

Alors que primitivement selon la תּוֹרָה, ce sont les Nations qui avaient le rôle des 12 tribus et Israël tout entier le rôle de la tribu de Lévi.

 

Voici un des versets qui désignent cette mise à part de la tribu de Lévi :

 

בְּהַעֲלֹתְךָ  8.19:

וָאֶתְּנָה אֶת-הַלְוִיִּם נְתֻנִים לְאַהֲרֹן וּלְבָנָיו, מִתּוֹךְ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל לַעֲבֹד אֶת-עֲבֹדַת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל בְּאֹהֶל מוֹעֵד, וּלְכַפֵּר עַל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל; וְלֹא יִהְיֶה בִּבְנֵי יִשְׂרָאֵל נֶגֶף, בְּגֶשֶׁת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֶל-הַקֹּדֶשׁ

Et J’ai destiné en don les לְוִיִּם à Aaron et ses fils du dedans des enfants d’Israël pour le service des enfants d’Israël dans le tabernacle et pour expier pour les enfants d’Israël  et il n’y aura pas de dommage pour les enfants d’Israël lorsque les enfants d’Israël s’approcheront de la sainteté.

 

C’est un verset difficile à lire en simple lecture.

C’est le verset qui nous donne la fonction de la tribu de Lévi dans ce nouvel événement de la mise à part de la tribu de Lévi du sein même de l’ensemble du peuple d’Israël.

 

Rashi qui cite un Midrash très important va mettre en évidence dans ce verset l’expression בְּנֵי יִשְׂרָאֵל qui est employé 5 fois.

 

Rashi : וָאֶתְּנָה וְגוֹ'

חָמֵשׁ פְּעָמִים נֶאֱמַר "בְּנֵי יִשְׂרָאֵל" בְּמִקְרָא זֶה לְהוֹדִיעַ חִבָּתָן, שֶׁנִּכְפְּלוּ אַזְכָּרוֹתֵיהֶן בְּמִקְרָא אֶחָד כְּמִנְיַן חֲמִשָּׁה חֻמְּשֵׁי תּוֹרָה. וְכֵן רָאִיתִי בִּבְרֵאשִׁית רַבָּה

J’ai donné les לְוִיִּם « 5 fois les enfants d’Israël sont cités dans ce verset, pour nous faire connaître le prix  qu’ils ont aux yeux de Dieu, puisque la mention de leur nom a été répété 5 fois selon le nombre des 5 livres de la תּוֹרָה. Et cela je l’ai trouvé dans Bereshit Rabba ».

 

Pourquoi Rashi a-t’il tenu à citer sa source ?

Enormément d’enseignements du commentaire de Rashi sont des citations du Midrash Raba ou Tan’houmah. Pourquoi mentionner sa source ?

 

Il me semble qu’on peut l’expliquer ainsi : apparemment un verset où il y a 5 fois répété l’expression des enfants d’Israël associé avec les 5 livres de la תּוֹרָה apparait un petit peu purement et simplement associatif. Alors Rashi nous met en garde : Faites attention ! il s’agit d’un enseignement important tiré du Midrash Raba ! Ce n’est pas une simple association d’idée.

En fait, il y a une contradiction apparente entre ce que dit Rashi lui-même et ce que dit le verset-lui-même. Le verset parle de la mise à part des לְוִיִּם auxquels est déléguée la fonction de sainteté de tout Israël, parce qu’elle est dangereuse pour tout Israël qui n’est pas encore à ce niveau. Et il faut que ce soit les לְוִיִּם qui prennent le relai :

 

וְלֹא יִהְיֶה בִּבְנֵי יִשְׂרָאֵל נֶגֶף,

Et il n’y aura pas de dommage pour les enfants d’Israël.

 

Lorsqu’ils s’approcheront de la sainteté car n’en étant pas encore suffisamment capables, ils pourraient en être atteints.

 

Le Pshat du verset semble nous dire que les לְוִיִּם sont mis à part des enfants d’Israël et recueillent le privilège de l’identité des enfants d’Israël. On pourrait encore aller plus loin et supposer que le verset indique que les enfants d’Israël des autres tribus sont disqualifiés par rapport à la tribu de Lévi. Rashi intervient pour montrer que c’est tout le contraire : si on intervient pour répéter 5 fois l’expression ‘בִּבְנֵי יִשְׂרָאֵל’, c’est essentiellement pour mettre en évidence l’importance des enfants d’Israël. Il suffit de reporter et de calquer l’explication de Rashi sur le verset lui-même pour s’apercevoir  que chacune des expressions « בִּבְנֵי יִשְׂרָאֵל » concerne un des חוּמָשִׁים de la תּוֹרָה et nous en donne l’identification.

 

Cela veut dire que selon Rashi la répétition par 5 fois correspond aux 5 livres de la תּוֹרָה, et par conséquent si nous comprenons le contexte immédiat de chacun des expressions « בִּנֵי יִשְׂרָאֵל », nous comprenons leur lien  avec chaque חוּמָשׁ.

 

1- בְּרֵאשִׁית:

וָאֶתְּנָה אֶת-הַלְוִיִּם נְתֻנִים לְאַהֲרֹן וּלְבָנָיו, מִתּוֹךְ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Et J’ai destiné en don les לְוִיִּם à Aaron et ses fils du dedans des enfants d’Israël  

Ceci correspond au livre de בְּרֵאשִׁית.

En effet, quel est le contenu du livre de בְּרֵאשִׁית ? Du dedans de l’histoire général de l’humanité surgit une identité Israël qui est mise à part, fait très parallèle au fait que les לְוִיִּם après, sont mis à part du dedans de l’identité d’Israël. Et de même que nous allons apprendre que cette mise à part ne disqualifie pas le reste des tribus, puisque au contraire les לְוִיִּם tiennent leur dignités des tribus d’Israël, de la même manière la mise à part d’Israël ne disqualifie pas l’humanité entière mais au contraire doit la faire vivre. C’est le même mouvement du dedans de l’humanité en général : Israël est mis à part. Du dedans du peuple d’Israël, les לְוִיִּם sont mis à part. Le contenu du récit de בְּרֵאשִׁית nous est donné par la 1ère formule du  verset.

 

2- שְׁמוֹת:  

La deuxième concerne le livre de שְׁמוֹת. En vue de quoi les לְוִיִּם sont-ils mis à part ?  

לַעֲבֹד אֶת-עֲבֹדַת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל בְּאֹהֶל מוֹעֵד

Pour le service des enfants d’Israël dans le tabernacle.  

Il n’y a aucune allusion dans l’identification du livre de שְׁמוֹת au fait de recevoir la תּוֹרָה d’abord, mais l’allusion est d’abord celle de construire le בֵּית הַמִּקְדָּשׁ. Pour construire le בֵּית הַמִּקְדָּשׁ  il faut bien recevoir la תּוֹרָה. Mais l’objectif est la construction du בֵּית הַמִּקְדָּשׁ.  

 

3- וַיִּקְרָא:  

Le troisième livre est le livre de וַיִּקְרָא qui nous donne toute la liturgie des sacrifices :  

C’est la 3ème expression :  

וּלְכַפֵּר עַל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Et pour expier pour les enfants d’Israël

 

4- בְּמִדְבַּר:  

Le 4ème livre nous raconte les tribulations du peuple d’Israël pendant les 40 ans du désert et toutes les catastrophes qui l’ont atteint  à chaque nouvelle épreuve et cela correspond au verset :  וְלֹא יִהְיֶה בִּבְנֵי יִשְׂרָאֵל, נֶגֶף  Et il n’y aura pas de dommage pour les enfants d’Israël…

 

5- דְּבָרִים:  

בְּגֶשֶׁת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֶל-הַקֹּדֶשׁ

Lorsque les enfants d’Israël s’approcheront de la sainteté

Allusion à ceux qui sont rentrés en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.  

 

***

 

Nous avons là une 2ème source qui nous montre bien que l’intitulé et donc la définition de l’objectif du récit qui nous est raconté dans le livre de שְׁמוֹת, revient à la 1ère des 2 formules que j’ai citée, c’est-à-dire que l’objectif de la sortie d’Egypte c’est d’aller construire le בֵּית הַמִּקְדָּשׁ.

 

Si on se pose la question : qu’est-il arrivé à ceux qui pensent comme l’autre formule que l’objectif de la sortie d’Egypte c’est d’aller au Sinaï recevoir la תּוֹרָה pour ensuite d’aller la pratiquer n’importe où, sauf en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל tant que le messie n’est pas arrivé... c’est arrivé à cette identification du judaïsme à travers l’histoire, c’est un toute autre Parashah...

A force de s’habituer à une situation anormale, la loi d’inertie fait que la situation anormale finit par se faire prendre pour une situation normale.

 

La plupart des פּוֹסְקִים pensent que le Sinaï ne fait pas partie de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Mais il y a certains פּוֹסְקִים, sionistes, qui pensent que le Sinaï fait partie de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

Par exemple Judah Halevi.

Ce n’est pas pour dire qu’il a raison contre les autres mais c’est pour dire que même si le Sinaï fait partie d’Israël, la תּוֹרָה vient de Jérusalem et pas du Sinaï. (Le Sinaï faisant partie éventuellement de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל ) 

 

J’ai bien conscience que cette lecture nous dévoile quelque chose non pas d’inattendu mais d’inhabituel. Alors, cela vaut la peine d’y réfléchir. Surtout aux implications définies tout à l’heure.

 

A force de s’habituer à certaines habitudes de pensée on n’arrive plus à lire le livre dont on parle comme il est écrit.

 

Reprenons maintenant notre texte de Yitro et nous allons lire le 1er verset du chapitre 19 qui précède le récit des 10 commandements. Il est important d’abord d’apprendre ou de réapprendre cela.  

 

19:1

בַּחֹדֶשׁ, הַשְּׁלִישִׁי, לְצֵאת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם--בַּיּוֹם הַזֶּה, בָּאוּ מִדְבַּר סִינָי

Au 3ème mois de la sortie des enfants d’Israël du pays d’Egypte

En ce temps-là ils sont arrivés au désert du Sinaï…

 

וַיִּסְעוּ מֵרְפִידִים, וַיָּבֹאוּ מִדְבַּר סִינַי, וַיַּחֲנוּ, בַּמִּדְבָּר; וַיִּחַן-שָׁם יִשְׂרָאֵל, נֶגֶד הָהָר

Ils décampèrent de Refidim (l’étape à laquelle ils étaient arrivés) Ils sont arrivés au désert du Sinaï Et ils campèrent dans le désert Et Israël campa là face à la montagne.

 

Vous le savez chaque détail du texte est à étudier pour lui-même.

Je le lis rapidement pour arriver à notre problème.

 

וּמֹשֶׁה עָלָה, אֶל-הָאֱלֹהִים; וַיִּקְרָא אֵלָיו יְהוָה, מִן-הָהָר לֵאמֹר, כֹּה תֹאמַר לְבֵית יַעֲקֹב, וְתַגֵּיד לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל

Et Moïse est monté vers Elohim Et (alors) הַשֵּׁם l’a appelé de la montagne pour dire :

[Il faut déjà être capable de monter vers Dieu Elohim pour que הַשֵּׁם apparaisse.]

Ainsi tu diras à la maison de Jacob Et tu expliqueras aux enfants d’Israël :

 

אַתֶּם רְאִיתֶם אֲשֶׁר עָשִׂיתִי לְמִצְרָיִם

Vous avez vu ce que J’ai fait à l’Egypte…

 

[C.à.d. vous avez l’expérience de l’intervention de la Providence dans l’histoire des hommes. Ce n’est pas quelque chose appris dans un catéchisme, c’est un fait historique qui s’est passé, vous en avez l’expérience et vous êtes témoins de cela. Ceux qui n’ont pas assisté à un événement ne sont plus capables d’être témoins, surtout s’ils ont perdus la mémoire. Nous sommes contemporains d’événements très graves et déjà on s’aperçoit d’un manque, et que la génération suivante n’arrive même plus à diagnostiquer l’importance de l’événement. Tant pour la Shoah d’un côté que pour  מְדִינַת יִשְרָאֵל de l’autre. Deux événements aussi énormes, qui surviennent après 2000 ans d’exil et qui sont cités comme quelque chose qui est devenu une simple référence de l’histoire quotidienne. Alors qu’il y a une mutation d’identité radicale à partir de ces 2 événements. Ceux qui sont témoins de cela sont d’une certaine manière privilégiés parce que ils sont dans un monde qui vient après cette préhistoire mais de la même manière sont défavorisés car ils n’ont pas eu l’expérience du passage.

D’année en année les témoins de cette génération du passage, ceux qui ont été de l’ancienne histoire de la גָלוּת qui se termine dans la Shoah et ceux qui ont été de la première histoire d’Israël qui commence avec מְדִינַת יִשְרָאֵל ont vécu l’expérience de ce passage qui si elle ne se transmet pas sera oubliée et ne pourra plus être diagnostiquée. La grande majorité d’entre vous est déjà de la génération des enfants par rapport à la génération du passage.

Le verset dit : puisque vous avez compris le sens d’une histoire où Dieu se révèle, donc vous êtes privilégiés parmi les peuples puisque c’est pour vous que cette intervention s’est faite.]

 

19:4

 וָאֶשָּׂא אֶתְכֶם עַל-כַּנְפֵי נְשָׁרִים, וָאָבִא אֶתְכֶם אֵלָי

Je vous ai porté sur les ailes des aigles et Je vous ai monté vers Moi…

 

19:5

וְעַתָּה, אִם-שָׁמוֹעַ תִּשְׁמְעוּ בְּקֹלִי וּשְׁמַרְתֶּם אֶת-בְּרִיתִי-וִהְיִיתֶם לִי סְגֻלָּה מִכָּל-הָעַמִּים כִּי-לִי כָּל-הָאָרֶץ

Et maintenant si vous écoutez Ma Voix Et vous observez Mon alliance

Vous serez pour Moi la meilleure part de tous les peuples

(סְגֻלָּה  veut dire simultanément la meilleure part et la mise à part.)

Car toute la terre est à Moi.

 

On voit l’indication du projet universel de l’histoire d’Israël.

 

19:6

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים וְגוֹי קָדוֹשׁ  אֵלֶּה הַדְּבָרִים,אֲשֶׁר תְּדַבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Et quant à vous vous serez pour Moi un peuple de prêtres et une nation sainte

Voici les paroles que tu raconteras aux בְּנֵי יִשְׂרָאֵל.

 

Je reprends une étude que nous avons faite sur un texte important du Rav ’Harlap :

Il y a là 2 expressions :

 

  • מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים = la vocation d’Israël par rapport à l’universel humain. Une royauté de prêtres signifie les prêtres des autres nations. Nous allons être empêchés de cela jusqu’à la fin des temps, les temps messianiques.

 

  • וְגוֹי קָדוֹשׁ = « une nation sainte », définit Israël pour lui-même.

 

Jusque-là on ne connait pas la suite, il ne s’agit pas du tout encore des dix commandements. Il y a un message que Dieu charge Moïse de présenter aux enfants d’Israël et qui va frapper les enfants d’Israël de perplexité. Jusque-là ils n’avaient pas encore reçu de תּוֹרָה, leur tradition était celle transmise par les Patriarches : l’histoire d’Israël a un sens privilégié et cela finira par se dévoiler, et dans cette signification-là il y a l’étape de l’exil.

 

Jusque-là c’était la foi des Hébreux avant la sortie d’Egypte sous la conduite de Moïse. Ceux qui sont restés fidèles à cette foi, cette confiance que ces promesses de la fin de l’exil s’accompliraient ont suivi Moïse parce que ils ont aussi été capables de diagnostiquer avec Moïse que c’était bien le temps de l’accomplissement des promesses.

 

Ils n’avaient encore jamais entendu parler d’une תּוֹרָה. La foi d’Israël jusqu’à la sortie d’Egypte consistait en la גֵּאֻלָה : la fin de l’exil, la délivrance de l’exil et le retour au pays des Patriarches. Et voilà que Moïse est chargé de leur dévoiler un message auquel ils ne s’attendent pas encore, sauf la tribu de Lévi nous dit le Midrash qui elle était au courant.

 

La tribu de Lévi en Egypte-même était déjà à part des autres tribus. Elle n’a pas fait partie de l’esclavage comme les autres tribus. C’était en quelque sorte la tribu des חֲכָמִים תַּלְמִידֵי.

A part une élite du peuple qui était dans l’intimité de ces promesses aux Patriarches - la sagesse de la foi hébraïque jusque-là - l’ensemble du peuple entend le message de Moïse dans une perplexité absolue.

 

A partir du moment où des promesses concernant une histoire nationale s’accomplissent, il y a à la clef une mission de portée universelle : il faut changer de niveau et changer de registre...

 

19 :7

וַיָּבֹא מֹשֶׁה, וַיִּקְרָא לְזִקְנֵי הָעָם וַיָּשֶׂם לִפְנֵיהֶם אֵת כָּל-הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה אֲשֶׁר צִוָּהוּ יְהוָה

Et Moïse vint et convoqua les anciens du peuple  [Les dépositaires des traditions de la foi d’Israël en Egypte : la fidélité aux אֲבוֹת] Il plaça devant eux toutes ces paroles que הַשֵּׁם avait ordonné

 

Un verset important : 19 :8

 

וַיַּעֲנוּ כָל-הָעָם יַחְדָּו וַיֹּאמְרוּ כֹּל אֲשֶׁר-דִּבֶּר יְהוָה נַעֲשֶׂה וַיָּשֶׁב מֹשֶׁה אֶת-דִּבְרֵי הָעָם אֶל-יְהוָה

Et le peuple tout entier a répondu Ensemble Et ils ont dit : Tout ce que הַשֵּׁם a dit / dit / dira  nous ferons [La forme verbale de דִּבֶּר a les 3 sens simultanés] Et Moïse rapporta les paroles du peuple à הַשֵּׁם.

 

Nous avons l’habitude d’entendre ce verset comme le mérite de l’acceptation de ce que Dieu demande d’Israël. Ce verset sera toujours imputé en mérite à la génération de la sortie d’Egypte.

 

Moïse vient leur dire au nom de Dieu leur vocation, leur fonction et ils répondent non pas oui ou non mais tout ce que הַשֵּׁם dit nous le ferons. C’est un grand mérite. Quoique si c’est vraiment Dieu qui demande, est-ce un mérite d’accepter ? Mais c’est un mérite d’être celui qui accepte d’entendre ce que Dieu dit. Il faut d’abord se préparer à cela. A partir du moment où l’on sait que c’est Dieu qui parle lorsque c’est Moïse qui parle, où est le mérite d’accepter ?

Le mérite réside dans le fait de se mettre dans le cas d’avoir à être interpelé.

 

Tout ce que Dieu dit nous ferons : pas simplement ce que tu viens de nous dire toi Moïse dont on n’a jamais entendu parler. Autrement dit : « Si Dieu veut nous dire cela qu’Il nous le dise ! »

Parce que c’est tellement différent de ce à quoi ils étaient jusqu’à présent habitués qu’ils sont en pleine perplexité. Jusque-là il y avait une religion d’Israël qui consistait en ce que nous appelons dans les termes contemporains le sionisme. Le sionisme  est une foi que l’exil prend fin et que l’on entre dans le pays des אֲבוֹת, Abraham, Isaac, et Jacob, En vue de quoi ? On verra bien, mais c’est de construire le בֵּית הַמִּקְדָּשׁ. Mais pour construire le בֵּית הַמִּקְדָּשׁ il faut bien une תּוֹרָה mais c’est la תּוֹרָה de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל et non celle du Sinaï. Jusque-là ce n’est pas la religion d’Israël.

 

Voilà que ce même Moïse qui a accompli la messianité de la 1ère phase de la religion d’Israël, arrive pour annoncer la mission universelle avec la תּוֹרָה à la clef.  Un nouveau testament.

 

Le peuple réagit : Si Dieu veut un nouveau testament qu’Il vienne nous le dire Lui-même ! Cela a été imputé au mérite d’Israël : un peuple qui ne laisse pas dire n’importe quoi, même par ses propres pères !

 

Petite parenthèse pour éclairer cela :

Dieu dit à Moïse : « Je vais détruire ton peuple parce que c’est un peuple à la nuque raide » et Moïse répond : Sauve Ton peuple, parce que c’est un peuple à la nuque raide »

Que signifie ce dialogue ?

Dans le verset où Dieu parle c’est un peuple qui dit non, alors il dit non à tout et par conséquent Il veut le détruire ayant besoin d’un peuple qui disent oui une fois.

Mais Moïse demande à Dieu qu’Il le sauve au nom même de cette qualité : un peuple qui sait dire non à tout ce qui n’est pas la vérité...

Le danger est de dire non lorsqu’il faut dire oui, mais le mérite est précisément de dire non quand il le faut, et pour cela il faut savoir dire non.

D’où la problématique très fine d’Israël : quand faut-il dire oui ou non ?

 

L’expression « peuple à la nuque raide » - עֹרֶף קְשֵׁה עַם - cela veut dire que le peuple juif est un  peuple entêté et il refuse l’enseignement qu’on lui donne. C’est l’attitude dure de ce peuple par rapport à l’enseignement de ses Prophètes. Cet argument de l’entêtement du peuple juif est utilisé contre les Juifs par les non-Juifs. Moïse plaide en arguant que c’est une qualité.

Le fait d’être capable de dire non, même quand il faudrait dire oui, assure au moins qu’on dira non, lorsqu’il faudra dire non.

 

Ex. : que l’on est capable de dire non aux idoles, même si on n’est pas encore capable de dire oui au vrai Dieu. Au moins on est capable de dire non aux idoles...

 

Je connais beaucoup d’intellectuels juifs complètement athées surtout en France. Ne connaissant pas l’hébreu ni leur source d’identité propre, le fait d’être croyant s’exprime dans les catégories chrétiennes. Ils choisissent alors d’être athées. C’est le stade d’Abraham disant non aux idoles avant de recevoir la révélation monothéiste. On ne peut pas ne pas impliquer comme mérite, le fait d’être capable de cela : ne pas être chrétien ! 

 

Le contexte du verset s’explique dans cette manière de lire que nous venons de voir, « ce que Dieu dira nous ferons... »

 

19:8

וַיַּעֲנוּ כָל-הָעָם יַחְדָּו וַיֹּאמְרוּ, כֹּל אֲשֶׁר-דִּבֶּר יְהוָה נַעֲשֶׂה וַיָּשֶׁב מֹשֶׁה אֶת-דִּבְרֵי הָעָם, אֶל-יְהוָה

Et le peuple tout entier a répondu ensemble et ils ont dit : tout ce que הַשֵּׁם a dit / dit / dira  nous ferons et Moshe a rapporté les paroles du peuple vers הַשֵּׁם

 

19:9

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה, הִנֵּה אָנֹכִי בָּא אֵלֶיךָ בְּעַב הֶעָנָן בַּעֲבוּר יִשְׁמַע הָעָם בְּדַבְּרִי עִמָּךְ, וְגַם-בְּךָ יַאֲמִינוּ לְעוֹלָם

Et הַשֵּׁם dit à Moïse voici Je viens vers toi dans le nuage de la nuée [dans l’opacité du nuage qui sert d’écran car la lumière qu’ils ne sont pas encore capable de recevoir les brulerait...] afin que le peuple M’entende te parler Et que même en toi ils aient foi à jamais.

 

Le verset est très clair : Dieu a très bien compris ce que le peuple voulait dire : nous voulons que Dieu Lui-même le dise... C’est pourquoi Dieu dit ici à Moïse : répond à la demande du peuple : puisqu’il en est ainsi, Je vais Moi-même Me révéler a eux en les protégeant de telle sorte qu’ils M’entende te parler et qu’ils aient foi en toi... 

 

Cela signifie que jusque-là ils n’avaient pas foi en lui ! 

 

Dans l’expression précédente, lorsque le peuple a dit : « ce que Dieu dira nous le ferons » cela voulait dire « et non pas ce que Moïse nous demande qui nous apparait comme trop nouveau ! » Est-ce que c’est vrai que Dieu t’as dit une chose pareille ?

 

וַיַּגֵּד מֹשֶׁה אֶת-דִּבְרֵי הָעָם, אֶל-יְהוָה

Et Moïse expliqua les paroles du peuple à Dieu.

 

Les Midrashim, que cite partiellement Rashi d’ailleurs, disent qu’ici Moïse plaide pour le peuple : Ce n’est pas qu’ils m’ont refusé, mais ils préfèrent t’entendre Toi...

Midrash : « Nous voulons voir le Roi et non pas seulement l’envoyé du Roi ».

Un autre Midrash : « Si on est demandé en mariage, on veut voir le fiancé ».

 

Il est évident à partir de maintenant que la révélation du Sinaï avait pour cause immédiate la difficulté pour Israël sorti d’Egypte de jouer et de remplir déjà le rôle d’Israël.

 

Cf verset 5-6 du chapitre 19 :

 

19:5

וְעַתָּה, אִם-שָׁמוֹעַ תִּשְׁמְעוּ בְּקֹלִי, וּשְׁמַרְתֶּם, אֶת-בְּרִיתִי--וִהְיִיתֶם לִי סְגֻלָּה מִכָּל-הָעַמִּים, כִּי-לִי כָּל-הָאָרֶץ

Et maintenant si vous écoutez Ma Voix Et vous observez Mon alliance Vous serez pour Moi la meilleure part de tous les peuples Car toute la terre est à Moi.

 

19:6

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים וְגוֹי קָדוֹשׁ  אֵלֶּה הַדְּבָרִים אֲשֶׁר תְּדַבֵּר, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Et quant à vous vous serez pour Moi un peuple de prêtres et une nation sainte Voici les paroles que tu raconteras aux בְּנֵי יִשְׂרָאֵל.

 

C’est parce que le peuple n’est pas encore préparé à ce « nouveau testament » qu’il a été nécessaire que Dieu descende sur la montagne du Sinaï, protégeant le peuple par un nuage pour que le peuple écoute que c’est vraiment Dieu qui parle à Moïse et puisse avoir foi en Moïse dans cette chose nouvelle pour eux qu’il doit leur transmettre : ce n’est pas tellement la sortie d’Egypte mais אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל et la mission de « מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ ».

 

[Dans l’ancien français ce mot de « testament » avait le sens de « témoignage », par exemple le verbe tester est resté dans le langage juridique. Ce n’est que récemment que testament a pris le sens de dernier vœu du mourant...]

 

Nous avons donc ici le dévoilement de quelque chose d’inattendu.

Il y a une cause immédiate du סִּינַי הַר מַעֲמָד dans la révélation des 10 commandements c’est le fait d’habiliter cette 2ème mission de Moïse qui se dévoile à Israël. Sa 1ère mission a été de les faire sortir d’Egypte et cela a été très difficile. Et en fin de compte, ce n’est qu’après le passage de la mer rouge que le verset de בְּשַׁלַּח dit : qu’en fin de compte ce peuple sorti d’Egypte a fini par avoir foi en Dieu et en Moïse qui les a fait sortir d’Egypte.  

 

בְּשַׁלַּח 14:31:

וַיַּרְא יִשְׂרָאֵל אֶת-הַיָּד הַגְּדֹלָה, אֲשֶׁר עָשָׂה יְהוָה בְּמִצְרַיִם, וַיִּירְאוּ הָעָם, אֶת-יְהוָה; וַיַּאֲמִינוּ, בַּיהוָה, וּבְמֹשֶׁה, עַבְדּוֹ

Ils eurent foi en הַשֵּׁם et en Moïse son serviteur

 

En fin de compte ce peuple sorti d’Egypte a fini par avoir foi en Dieu et en Moïse qui les a fait sortir d’Egypte. Dans la première étape on a disputé Moïse sur l’objet même de sa première mission : le temps de mettre fin au temps de l’exil.

 

Et voilà que même Moïse va dévoiler une deuxième mission : indépendamment de la sortie d’Egypte, il y a la תּוֹרָה. Et alors, c’est un fait nouveau, inouï. C’est pourquoi il a fallu que Dieu se révèle, pas seulement pour donner la תּוֹרָה à Israël, c’est Moïse qui va la donner, parce qu’Israël n’est pas encore capable de l’entendre de Dieu lui-même.

 

Lorsque Dieu commence à parler, le peuple intervient pour dire à Moïse si nous continuons à entendre nous mourrons, alors toi parle et dis nous ce que Dieu t’a dit...

Les 2 premiers commandements sont été entendus de la bouche même de Dieu et les 8 autres ont été entendus de Moïse lui-même.

 

Un enseignement à ce sujet :

Il y a 613 commandements dans la תּוֹרָה = 611 + 2 entendus directement de Dieu = 613.

 

Résumé de l’analyse :

Moïse est d’abord chargé de transmettre à Israël toute la תּוֹרָה en 2 versets.

Vous avez l’expérience de l’histoire et vous serez pour Moi le peuple des prêtres...

Alors le peuple demande que ce soit légitimisé par Dieu, alors il y a eu la révélation du Sinaï.

La raison de la révélation du Sinaï était d’habiliter Moïse. Et c’est Moïse qui donne la תּוֹרָה.

 

 

 

 

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