L’OEUVRE DE LA CRÉATION
LES ENGENDREMENTS
JUIFS OU HÉBREUX
ISRAËL ET LES NATIONS
MESSIANISME
THÈMES FONDAMENTAUX

VAYICHLAH - SÉRIE 1993

Le cours

 

(1993) וַיִּשְׁלַח

 

Je vais commencer au chapitre 32, verset 4. C’est un récit assez long et j’ai choisi deux sujets que je voudrais étudier avec vous. Par acquis de conscience je vais vous demandez si vous avez des questions.

  

Q : Lorsqu’Abraham a été enterré dans la caverne de מַּכְפֵּלָה, Ishmaël a-t-il reconnu le droit à Israël ?  

R : C’est à la fin de חַיֵּי שָׂרָה: le récit de la mort de Abraham et le fait qu’Ishmaël, qui était en  Egypte pour rejoindre sa mère et marié à une égyptienne d’après le récit biblique que lui avait choisi Agar. Ishmaël revient d’Egypte pour assister à l’enterrement de Abraham à ’Hévron, donc à la caverne de מַּכְפֵּלָה. Il y a un enseignement important que reprend Rashi sur ce contexte où Abraham est mort en bonne vieillesse. La question qui se pose c’est de savoir comment c’est possible étant donné le conflit entre Ishmaël par Agar et Isaac par Sarah. Il répond par une indication du verset : « ont enterré Abraham Isaac et Ishmaël ses fils » L’ordre du verset qui donne  Isaac en 1er indique que Ishmaël aurait fait תּשוּבָה à ce moment-là, en reconnaissant que Isaac passe avant lui et que c’est bien lui qui est chez lui à ‘Hévron et qu’il est le הַבָּיִת בָּעַל dans la caverne de מַּכְפֵּלָה.

Seulement on pourrait se poser la même problématique à propos du conflit entre Esaü et Jacob,

 

Seulement nous avons en fin de Parashah תּוֹלְדֹת l’expression « רִבְקָה, אֵם יַעֲקֹב וְעֵשָׂו»

A ce moment là Rashi dit: le fait que nous savons déjà que Rivqah est la mère des deux, que signifie cette répétition ?

 

Principe d’exégèse :

Chaque fois que nous trouvons dans le מִקְרָא et surtout dans le Talmud cette indication de Rashi, « je ne sais pas ce que cela vient nous enseigner », cela signifie ici « je ne sais pas comment vous dire ce que cela nous signifie », cela veux dire qu’il ne peut pas le dire. Ce n’est pas une leçon de modestie. אֵינִי יוֹדֵעַ מַה מְּלַמְּדֵנו. Rashi ne dit pas : je ne sais pas ce que cela veut dire mais je ne sais pas ce que cela nous enseigne.

Rashi a vécu un millier d’année après la grande destruction de Jérusalem par Rome. Jusqu’au temps de Rashi nous avons toute une série d’enseignants que l’on appelle les Podrim, ceux qui expliquent le texte, mais le commentaire de Rashi le Méfaresh n’est pas le seul. A son époque, d’autres écoles ont commencé un commentaire systématique du texte, alors que jusque-là il y avait des commentaires important de tels ou tels sujets, soit dans le texte de la תּוֹרָה ou du תַּנַ"ךְ en général soit dans le Talmud. Mais le commentaire de Rashi a pris une importance colossale dans le monde juif tout entier, et s’est répandu partout. Dans le monde séfardi,  il y avait Rabenou ‘Hananéou, grand חֲכָם d’Egypte, mais le commentaire de Rashi s’est imposé d’une façon générale.

 

Il faut bien comprendre l’importance de Rashi dans les commentaires des textes traditionnels.

 

C’est le fait que l’objectif de Rashi est d’expliquer la תּוֹרָה des Hébreux aux Juifs descendants des Hébreux. Les Hébreux vivaient en un temps où ils étaient capables de diagnostiquer le sens simple Pshat des textes car ils vivaient un temps proche de la révélation. Leur culture était telle qu’ils comprenaient de manière immédiate de quoi le texte parle. Et puis la révélation a cessé.  

Au bout d’un millier d’année, les Juifs - qui sont les descendants des Hébreux en exil sont dans un monde tout à fait différent de celui des Hébreux, dans un monde où la Révélation s’est cachée - n’arrivaient plus à comprendre de quoi il s’agissait. Alors les grands Méfarshim dont le plus grand d’entre eux fut Rashi en ce temps-là, ont jugé qu’il était devenu nécessaire d’expliquer pour les Juifs le sens qu’avait le verset pour les Hébreux. Et ce n’est pas du tout le même sens.  

 

Ceux qui ont pratiqué le commentaire de Rashi ou du Ramban postérieur à Rashi, savent que le commentaire a pour but de nous empêcher de feindre de lire le verset à la manière des Hébreux, sauf pour les initiés au הַקֹדֶשׁ לָשׁוֹן – le niveau du סוֹד.  

Le commentaire a pour but de traduire le texte de la תּוֹרָה dans un monde qui ne peut pas du tout comprendre ce que la תּוֹרָה nous dit, le transposer dans un monde où la Révélation a cessé.

 

Comment taire.  

 

Le commentaire nous indique comment il ne faut pas lire et nous donne une lecture pour empêcher de feindre de lire en traduction. Les Hébreux du temps de la révélation comprenaient l’hébreu. Etudier pour eux ne signifiait pas traduire mais étudier.

Aujourd’hui même dans les universités spécialisées, on appelle étudier un exercice de traduction qui aboutit à un  texte incompréhensible. L’exemple classique sur le 1er verset : בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים « au commencement Dieu avait créé » est une traduction littérale complètement privée de sens puisque cela ne peut pas être ni avant ni après le commencement. Alors que signifie le commencement ? On lit un texte faux complètement ! Il faut comprendre qu’il y a une tradition de sens qui s’est transmise de génération en génération et ceux qui la possèdent comprennent de quoi il s’agit : Rashi a été un de ces grands génies capable de traduire pour ces Juifs  le sens que le texte avait pour les Hébreux.  

Parfois il dit : là il faut que tu comprennes par toi-même parce je ne peux pas te traduire ce que cela veut dire...  

Indépendamment de la leçon de modestie (Talmud : « apprend à ta langue à dire je ne sais pas de façon à ne pas être convaincu de mensonge » on l’enseigne à propos de Moïse qui lors de la sortie d’Egypte a annoncé aux Hébreux qu’à חֲצֹת, aux environs de minuit, on sortira. Le Talmud demande : « Moïse ne savait-il pas ? » Il savait mais peut-être les astrologues égyptiens se seraient trompés et on l’aurait taxé de mensonge. De là, on tire l’enseignement que si on ne sait pas quelque chose ou la façon de le dire il faut dire qu’on ne sait pas...)

 

Dans cette expression, le Pshat – le סוֹד pour les Hébreux – lorsqu’Esaü a été disqualifié par rapport à Jacob, Rivqah ne s’appelle plus que la mère de Jacob. Mais comme Esaü est quand même né d’elle alors le texte dit avec les טַעַמִים « אֵם יַעֲקֹב וְעֵשָׂו ». Esaü est en dehors. Il y a d’autres midrashim sur cette expression.

Or, cela, Rashi ne peut pas le dire dans le contexte culturel où il se trouve. Il vit dans un monde chrétien au moyen-âge. Nous savons qu’un grand commentaire chrétien, Nicolas de Lire, de son époque citait les enseignements de Rashi à la manière chrétienne.  

Il ne peut pas dire, en contexte chrétien, qu’Esaü représente le profil d’identité du christianisme et qu’il est disqualifié par rapport à Jacob qui est lui Israël.  

 

Précisément, étant donné que Rashi lui-même avait précisé que lorsque le texte fait passer Isaac avant Ishmaël c’est que Ishmaël a reconnu que Isaac passe avant, on pourrait croire ici que parce que Jacob passe avant, cela voudrait dire que Esaü a fait תּשוּבָה et s’est repenti vis-à-vis de Jacob. Voilà ce que Rashi veut nous empêcher ici de comprendre.

 

Et effectivement, il y a une très grande différence dans la solution du conflit entre Isaac et Ishmaël. Nous suivons l’actualité en nous rendant compte qu’on n’est pas en ce temps-là. Il arrivera un jour où Ishmaël sera obligé d’avouer que c’est Isaac qui est chez lui à ‘Hévron. Et il y aura une reconnaissance qu’Israël est bien chez lui, le הַבָּיִת בָּעַל de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

 

Nous vivons une époque où c’est le gouvernement israélien qui n’y croit pas.

Il semble que l’histoire est plus forte que les gouvernements.  

Effectivement, c’est au temps de Moshe Dayan qu’a été décidé de faire une ville juive à côté de ‘Hévron, à קִרְיַת־אַרְבַּע, pour que tout soit en place, alors qu’il n’a en aucun cas décidé de faire une ville juive à côté de Shkhem, de Jéricho, ou de n’importe quelle autre ville arabe. Cela ne veut pas dire que Moshé Dayan ait lu Rashi, mais Rashi n’avait pas lu Moshé Dayan.

 

Q : le problème de Shkhem ?

R : J’en parlerai en 2nd lieu.

 

Là aussi nous avons un récit qui montre que dans la geste, l’histoire des Patriarches, il n’y a pas simplement l’événement anecdotique – le Pshat dénudé - להתפשט se déshabiller – le vrai Pshat selon le Gaon de Vilna c’est le סוֹד. Comprendre le Pshat signifie comment traduire ou transposer le texte biblique dans un monde où la révélation a cessé, c’est le סוֹד, ce qui est caché, pour nous qui sommes dans un monde où la révélation s’est cachée. Pshat Otiot Tipesh.

Croire que le Pshat est le Pshat c’est être טִפֶּש. (Idiot, stupide).

 

Nous verrons un épisode où on nous raconte la tentative du mariage de Dinah par Jacob et nous verrons quelque chose d’analogue à ce qu’on a étudié dans les Parashiot précédentes, lorsque le patriarche Abraham et le patriarche Isaac, lorsqu’ils descendent en exil à la frontière de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, disent de leur femme qu’elle est leur sœur.

Là, Jacob revenu de son exil en Egypte a quelque chose d’urgent à faire : marier sa fille Dinah.

 

***

 

Le 1er verset décrit la rencontre de Jacob et Esaü. Jacob était en exil chez Laban et en fin de compte in extremis grâce à l’intervention de Léa et Rachel qui lui font diagnostiquer les signes de la haine de Laban pour Jacob.   

Le récit de l’exil chez Laban est le modèle de tous les exils postérieurs. C’est le paradigme. Mot d’origine grec, en hébreu דֵגֶמ (dogma en grec)

C’est le modèle de structure de ce qui se passe dans un exil. Il y a 3 phases.

 

-  D’abord les Hébreux dans le cas de Jacob chez Laban et dans le cas de Joseph et ses frères arrivés en Egypte et qui sont d’abord accueillis comme des réfugiés de classe : ils vont sauver le pays. Ils sont reçus comme des métèques qui vont apporter la bénédiction dans le pays. On les met très rapidement à la tête de l’économie du pays. Et puis cela se passe partout comme cela.

 

-  2ème stade: la gloire: les Juifs, comme les Hébreux, forment l’élite du pays.

 

-  3ème stade. L’antisémitisme qui se déclenche et qui abouti à la Shoah si on ne fait pas comme Rachel et Léa ce diagnostic de s’enfuir avant. Les Juifs réagissent toujours trop tard.

 

Ménès Sperber : nous avons une telle capacité d’espérance que nous en sommes victimes. On vit un peu dans l’insouciance d’une histoire qui n’arrive pas à se faire connaître.

Nous avons donc là le modèle d’un exil en 3 phases et tout cela est dit en clair dans la Parashah précédente.  

Et en fin de compte Jacob se décide à suivre le conseil de Rachel et Léa, il s’enfuit mais est rattrapé par Laban et ils signent un pacte à la frontière du Liban. Et voilà que Jacob doit rentrer dans le pays où Esaü son frère était resté, alors que Jacob était en exil chez Laban. Alors Jacob prépare la rencontre inévitable qu’il doit avoir avec son frère.  

 

Malgré les analogies, le frère de Jacob resté dans le pays, ce n’était pas Ishmaël mais Esaü.

Et puis lorsque nous sommes revenus dans les dernières générations de l’exil de Rome, ce n’était pas Ishmaël c’était Esaü – les Anglais.

 

Nous avons reçu le pays de la main des anglais et nous leur en sommes très reconnaissants.

Nous partageons là la gloire de Jeanne d’Arc qui a bouté les Anglais dehors (le drapeau de Jeanne d’Arc et le drapeau d’Israël ont les mêmes couleurs, le même bleu et le même blanc)

Nous avons donc trouvé les chrétiens comme maîtres du pays et c’est la rencontre avec Esaü. 

Qu’en est-il à la fin des temps de la rencontre entre Jacob et Esaü ?

Ce que nous savons déjà des études précédentes, c’est que la tradition a fini par diagnostiquer dans Rome le profil d’identité d’Esaü dans sa rivalité avec Israël.

 

32:4

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו אֶל-עֵשָׂו אָחִיו אַרְצָה שֵׂעִיר שְׂדֵה אֱדוֹם

Et Jacob envoya desמַלְאָכִים  devant lui À Essav son frère, et direction de שֵׂעִיר du champ de Edom.  

שֵׂעִיר est le pays dont Esaü héritera de l’autre côté du Jourdain.

שְׂדֵה אֱדוֹם qui s’appelle le champ d’Edom

Nous remarquons de suite le kefel lashon – la répétition des indications et des informations :

Il envoie des envoyés devant lui...

אֶל-עֵשָׂו אָחִיו...

אַרְצָה שֵׂעִיר שְׂדֵה אֱדוֹם...  

De nombreux Midrashim rendent compte de ce doublement d’informations

 

Rashi sur מַלְאָכִים:

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים מַלְאָכִים מַמָּשׁ 

« Jacob envoya des מַלְאָכִים» : מַלְאָכִים מַמָּשׁ » (Beréchith raba 75, 4).  

Le mot מַלְאָךְ signifie « envoyé » et par le fait même un « ange ».

C’est un exemple de ce que les Hébreux comprenaient le mot de מַלְאָךְ, ange. Les Juifs qui n’ont jamais eu cette expérience ne savent pas. Ils doivent souvent faire appel à l’imagerie de l’angéologie des païens parce que personne ne comprend ce que c’est.  

Tout ce que nous avons c’est que ce sont des volontés envoyées par Dieu dans son monde, chargées de missions,  pour réaliser un tâche providentielle. Quel est maintenant le véhicule de cette tâche providentielle d’un מַלְאָךְ (un מַלְאָךְ chargé d’une מַלְאָכָה) ?  

Il y a une discussion dans le Midrash Raba : וְדָמ בָּשָׂר מַלְאָכִים  ou מַלְאָכִים מַמָּשׁ ?  

Pour comprendre le sens de cette discussion il faut se référer à ce qui se passe un peu plus haut :

 

Chapitre 32, verset 1

וַיַּשְׁכֵּם לָבָן בַּבֹּקֶר וַיְנַשֵּׁק לְבָנָיו וְלִבְנוֹתָיו--וַיְבָרֶךְ אֶתְהֶם וַיֵּלֶךְ וַיָּשָׁב לָבָן לִמְקֹמוֹ

Laban s’est levé de bon matin, il embrasse ses filles et ses fils, il les bénit, et il s’en alla, et Laban est retourné à son endroit.

 

Verset 2

וְיַעֲקֹב הָלַךְ לְדַרְכּוֹ וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

Et Jacob est allé sur son chemin… qui est le retour en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל et retrouver Isaac et Rébecca auxquels il n’avait donné aucun signe de vie durant tout le temps de son séjour chez Laban. C’est un mystère : le fait que lorsqu’Israël est en exil, il ne se préoccupe pas de savoir ce qui se passe en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

Le Midrash explique qu’il va y avoir une punition. Lorsque Joseph sera, durant ce même temps perdu, esclave en Egypte, lui non plus ne donnera pas signe de vie à Jacob.  

C’est le thème de la double identité et du destin juif.

 

Pendant 2000 ans, les Juifs ne se sont pas préoccupés de fonder le sionisme.

Ils ont enrichi et fécondés toutes les civilisations du monde. New-York s’appelait originellement la Nouvelle-Amsterdam parce que fondée par des Juifs sefardim d’Amsterdam.

Lors de l’expulsion d’Espagne très peu sont venus en Israël, avant même l’inquisition. La plupart d’entre eux sont allés fonder Amsterdam, les banques de Londres... etc.

Tout en disant pieusement l’année prochaine à Jérusalem et en laissant 7 peuples s’installer en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, les Anglais étant les derniers.

 

Une des raisons essentielles de nos difficultés vis-à-vis de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, c’est que le monde entier ne croit pas que c’est vraiment notre patrie puisque cela ne l’a pas été pendant 2000 ans. Cela a été une patrie mythique et la plupart des Juifs, encore maintenant, s’en tient scrupuleusement à ce que dit la charte de l’OLP : Israël ce n’est pas une nation, c’est une religion. Cela ne se passe ailleurs qu’en Israël....  

On le voit à la racine de l’histoire des Patriarches. Jacob oublie ses parents une fois au Liban de Laban. כְּנֶגְ מִּדָה מִּדָה, mesure pour mesure, Joseph oubliera son père, lorsqu’il sera en Egypte.

 

Verset 2

וְיַעֲקֹב הָלַךְ לְדַרְכּוֹ וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

Et Jacob alla sur son chemin et le heurtèrent – le rejoignirent – des anges de Dieu

Ici ce sont vraiment des anges.

 

Verset 3

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם מַחֲנֵה אֱלֹהִים זֶה וַיִּקְרָא שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא מַחֲנָיִם

Et Jacob dit, lorsqu’ils les a vus : c’est un camp d’anges divin, et il nomma le nom de cet endroit מַחֲנָיִם.  

C’est la forme duelle du mot מַחֲנֵה. מַחֲנָיִם: les deux camps.  

C’est là-dessus que se base le Midrash pour dire que ces מַלְאָכִים  que Jacob envoie à Esaü peuvent être de cesמַלְאָכִים  rencontrés lorsque Jacob retourne en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

C’est un récit que seul des Hébreux peuvent comprendre.

 

Rashi sur מַחֲנָיִם :  שְׁתֵּי מַחֲנוֹת שֶׁל חוּצָה לָאָרֶץ שֶׁבָּאוּ עִמּוֹ עַד

Deux camps, [le motמַלְאָכִים  étant au duel] : les anges de l’extérieur du pays qui étaient venus avec lui jusque là, et ceux d’Erets Israël qui s’étaient portés à sa rencontre (Midrach tan‘houma Wayichla‘h).


שְׁנֵי מַחֲנוֹת: il y a avait deux camps c’est pourquoi les anges de חוּצ לָאָרֶץ qui l’ont accompagné jusque-là (la frontière) et les anges de אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל sont venus à sa rencontre.  

Il faut se demander pourquoi Rashi cite cela, à moins de prendre Rashi pour une lecture pieuse, on n’y comprend rien !  

L’important c’est que dans le texte que nous allons lire, la stratégie de Jacob avant la rencontre est de séparer la famille en deux camps, ce qui signifie qu’il y a deux camps sur terre qui correspondent aux deux camps dans le ciel.

 

Chapitre 32 Verset 8

Lorsque les anges qu’il a envoyé en missionnaire viennent lui donner la réponse de leur mission qu’Esaü l’attend sur le pied de guerre :  

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד וַיֵּצֶר לוֹ וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים--לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Jacob a eu très peur il fut dans l’angoisse il sépara le peuple avec lui et le petit et le gros bétail et les chameaux en deux camps.  

 

Quand il va prier pour demander l’aide de Dieu pour cette rencontre, verset 11, il va dire :  

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ אֶת-עַבְדֶּךָ  כִּי בְמַקְלִי עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה וְעַתָּה הָיִיתִי לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Je suis plus petit que toute charité et toute vérité que tu as fait avec moi, car avec mon bâton j’ai traversé le Jourdain et maintenant je suis devenu deux camps.  

 

Habituellement on aurait tendance à lire cela comme une sorte de formule de reconnaissance de la bénédiction qu’il a eu chez Laban. Il est parti comme un refugié qui n’aurait que son bâton de pèlerin, et maintenant il revient enrichi à tel point qu’il a deux camps.   

 

Verset 12

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי אֵם עַל-בָּנִים

Sauve-moi donc de la main de mon frère de la main d’Esaü.

 

Lu autrement : maintenant je suis divisé en deux camps, alors sauve-moi de mon frère !

Tant que Jacob est uni, Esaü ne peut rien faire contre lui. Mais séparé en deux camps, ceux de חוּצ לָאָרֶץ et ceux des descendants de Jacob qui sont concernés par אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

 

Ici c’est la division Diaspora-Israël. Et effectivement, ces deux camps, c’est Léa et ses enfants, Rachel et ses enfants. Et nous savons d’autre part, que Léa représente le principe de l’identité d’Israël en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, alors que Rachel représente le principe de l’identité Israël en חוּצ לָאָרֶץ  

Il y a eu deux Talmud : Babli et Yeroushalmi.

Nous savons que Jacob préférait Rachel à Leah, et les Kabbalistes expliquent que le Talmud Babli s’appelle Rachel alors que le Yeroushalmi s’appelle Leah.  

C’est Leah qui est enterrée en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל avec Jacob, Rachel est enterrée « sur le chemin de l’exil », dit le texte, pour prier pour les descendants de Jacob qui sont en exil.

 

Effectivement, le peuple juif a préféré le Talmud Bavli au Talmud Yeroushalmi.

Tous les grands érudits ont étudié  le Yeroushalmi mais ce n’est que de notre temps qu’il commence à être étudié vraiment dans quelques Yeshivot sionistes.  

La grande différence : dans le Yeroushalmi, il est évident que l’on ne peut comprendre la Halakha que si on comprend la Haggadah, alors que dans le Bavli les deux sont séparés, la Haggadah d’un côté la Halakha de l’autre. Dans beaucoup de Yeshivot on fait l’impasse dès que la Haggadah se présente.

 

Cette séparation en 2 camps est très importante. Du point de vue de la typologie de l’identité de Jacob. Cette séparation en deux camps nous renvoie aux deux niveaux d’identité du même Jacob qui est lui-même Israël. Jacob est le nom d’Israël en exil et Israël son nom en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Il y a une dimension tournée vers l’exil et une autre tournée vers אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

 

Midrash : ce n’est que récemment qu’on a découvert les Midrashim des communautés du Yémen. Il y a avait déjà une allusion dans le Midrash Hagadol : les gens de חוּצ לָאָרֶץ prenaient l’argument de Jacob :

 

Verset 32:9

וַיֹּאמֶר אִם-יָבוֹא עֵשָׂו אֶל-הַמַּחֲנֶה הָאַחַת וְהִכָּהוּ--וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר לִפְלֵיטָה

Si Esaü vient sur un 1er camp Et le frappe Le 2èmeמַּחֲנֶה  qui restera sera rescapé

 

C’était l’argument des Juifs de חוּצ לָאָרֶץ: ne pas mettre tous ses œufs dans un même panier : si jamais Israël est détruit, il faut la diaspora pour accueillir les réfugiés….  

Voici donc le parallèle entre les deux camps des מַלְאָכִים  et les deux camps sur terre. Or, Rashi nous donne l’indication que, de ces deux lectures du Midrash (וְדָמ בָּשָׂר מַלְאָכִים vs. מַלְאָכִים מַמָּשׁ), il faut préférer pour notre contexte מַלְאָכִים מַמָּשׁ parce que le contexte l’indique.

 

Qu’est-ce qu’un ange dans notre problème ?

On ne sait pas ce que c’est ! Le Talmud nous apprend qu’ils se nourrissent des bonnes actions des hommes. Les מִצוֹת sont le מָּזוֹן des anges. Si on fait une mauvaise action, cela nourrit un Shed, si on fait une bonne action cela nourrit un מַלְאָךְ. Ce sont le (dé)mérites que l’on a acquis.

Ces anges qui sont venus accompagner Jacob sont les mérites qu’il avait acquis en חוּצ לָאָרֶץ chez Laban, et les anges qui sont venus à sa rencontre sont les mérites de sa tâche en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

Cela veut dire qu’il a besoin de certains mérites pour préparer sa rencontre avec Esaü.

 

Il envoie des messagers à son frère : une délégation de justification de son identité avant sa rencontre avec Esaü. Parce qu’il y a un grand conflit, une revendication sur le fait que Jacob lui ait pris son aînesse et sa bénédiction.

On a appris précédemment que Jacob ne lui a rien pris du tout, ni l’aînesse ni l’a bénédiction, c’est Esaü qui a rejeté les deux.  

En début de Parashahוַיֵּצֵא  on apprend entretemps que Jacob fit le vœu de ne pas utiliser la bénédiction matérielle qui allait à Esaü. (וַיִּדַּר יַעֲקֹב נֶדֶר לֵאמֹר: Jacob a fait un vœu de privation = נֶדֶר. Le vœu de don est une נֶדָבָה )

 

La תּוֹרָה n’aime pas les vœux et appelle רָשָע celui qui fait des vœux. Dès qu’il est réalisé, celui qui l’a fait est appelé צַדִּיק, parce qu’un צַדִּיק est celui qui n’a aucun vœu. Il les a réalisés déjà.)  

Il va donc y avoir une mission de délégation de ces anges qui vont présenter une justification à priori pour pouvoir mériter la rencontre avec Esaü.

 

32:4

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו אֶל-עֵשָׂו אָחִיו אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה

Jacob envoya des messagers en avant, vers Ésaü son frère, au pays de Séir, dans le champ d'Édom.

 

32:5

וַיְצַו אֹתָם לֵאמֹר כֹּה תֹאמְרוּן לַאדֹנִי לְעֵשָׂו 

Il leur ordonna en disant ainsi vous direz à mon maitre à Esaü  

Il y a un accent disjonctif sous לַאדֹנִי: il faut lire « ainsi vous direz à mon maître, à Esaü »  

Il y a un discours à deux niveaux Jacob s’adresse simultanément à Esaü et à Dieu.  

Un des termes concerne Dieu, l’autre Esaü. Plus exactement nous savons par la suite du récit que Jacob va être aux prises avec l’ange d’Esaü.  

 

Qu’est-ce que l’ange tutélaire d’Esaü ? C’est un ange d’une autre catégorie d’anges que celle évoquée ici. L’angéologie a une hiérarchisation des différentes catégories d’anges, ce n’est pas notre sujet. Nous avons là une indication à laquelle nous sommes familiers : chaque nation possède son génie tutélaire céleste. C’est la volonté de Dieu pour son histoire propre. Israël est un cas particulier, il n’y a pas d’intermédiaire. Dans l’angéologie chrétienne, l’archange de la France c’est Saint-Michel et le drapeau de Saint-Michel a les mêmes couleurs que le drapeau d’Israël. C’est מִיכָאֵל: Qui est comme Dieu.  

 

Talmud Guémara Shabat enseigne : il n’y a pas de שָׂר entre Dieu et Israël, lorsqu’Israël obéit à la volonté de Dieu. Dans le contexte de notre sujet : lorsqu’Israël est en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל il n’y a aucune médiation, la providence y est directe. Mais si Israël est en חוּצ לָאָרֶץ, alors il y a une médiation pour Israël qui est précisément מִיכָאֵל.  

D’où cette alliance mystérieuse entre Israël et la France, espèce de fiançailles turbulentes entre le fils ainé de Dieu et la fille ainée de l’Eglise, enfin de l’exil quoi.

Cela fera plaisir au Consistoire des israélites de France.  

Il y a effectivement un mystère dans les relations entre le peuple juif et la France. (Les Juifs de France sont persuadés d’être français.)  

La Guemara de Shabbat dit : « eïn mazal leIsraël keshé ossin retsono shel maqom, keshe eïn ossin restsono shel maqom yesh oushmo Mikhael ».

Cela veut dire que même cette intermédiaire pour Israël lorsqu’Israël est en גָלוּת c’est Mikhaël « qui est comme Dieu », Cela veut dire qu’on a d’une certaine manière l’emprise du déterminisme propre à tel ou tel paysage dans telle ou telle nation...

 

Le lien entre Dieu et ses Juifs en גָלוּת passe par le שָׂר du pays où les Juifs se trouvent.

On voit à quel point c’est un sujet grave.  

Nous allons voir tout de suite quelle est cette justification. Mais d’abord le thème théologique qu’il y a là. Lorsque Jacob est en conflit avec Esaü, il a un procès avec Dieu pour Esaü.

 

Nous sommes dans un monothéisme strict. D’où la difficulté de l’histoire d’Israël. Le Dieu d’Israël est unique pour tous et donc il est aussi derrière les adversaires d’Israël.

Israël est privilégié parce qu’il sait ce que Dieu a à dire à Israël. Et il sait ce que Dieu a à dire à Esaü... à Ishmaël... c’est dans notre תּוֹרָה. Heureusement qu’ils ne le comprennent pas et qu’ils soient incapables de plaider leur vrai dossier contre Israël.  

C’est pourquoi il est très difficile d’être monothéiste à la manière d’Israël : mon Dieu c’est le Dieu de l’autre aussi. La plupart pense que leur Dieu est uniquement leur Dieu à eux.  

Pour Israël, se mesurer en conflit avec Ishmaël c’est aussi se mesurer à Dieu pour Ishmaël. Dans ce cas d’Esaü c’est ce fameux ange d’Esaü avec qui Jacob va lutter.

Et lorsque Jacob triomphera de l’ange d’Esaü, il s’appellera Israël

 

32 :29

וַיֹּאמֶר לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ--כִּי אִם-יִשְׂרָאֵל  כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים וַתּוּכָל

Ton nom ne sera plus Jacob mais Israël  Car tu as lutté avec Elohim et avec les hommes, tu as gagné.  

Cela veut dire que Jacob a pu vaincre son frère et le génie de son frère. Dans toute victoire il en est ainsi : celui qui gagne une guerre terrestre le peut parce qu’il a déjà vaincu le génie de l’autre. Il y a d’abord un affrontement d’identité qui chacune d’entre elle ont un ange tutélaire qui est une des volontés de Dieu pour chacune manière d’être homme.  

Nous découvrons dans ce sujet la définition du monothéisme hébreux qui est un monothéisme du Dieu Un. Très différent du monothéisme du Dieu unique. Dieu est unique et c’est le mien : impérialisme religieux de l’islam ou du christianisme par exemple.  

 

C’est un tout autre monothéisme. C’est aussi la grande difficulté du peuple d’Israël, seul peuple qui tient compte que Dieu est Un face aux autres pour qui Dieu est Unique et c’est le leur...  

Un fondamentalisme qui envahit aussi certaines communautés juives : le Dieu d’Israël c’est le mien...

 

Dans ce discours de Jacob, il y a un niveau qui s’adresse à Dieu pour Esaü et un niveau qui s’adresse à Esaü lui-même.

 

32:4:

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו אֶל-עֵשָׂו אָחִיו אַרְצָה שֵׂעִיר שְׂדֵה אֱדוֹם

Et Jacob envoya des מַלְאָכִים  devant lui à Esaü son frère, et direction de שֵׂעִיר  du champ de Edom.  

Par exemple:

אֶל-עֵשָׂו אָחִיו deux niveaux de destinataire: en haut c’est son frère, et en bas c’est Esaü.

 

32:5:

וַיְצַו אֹתָם לֵאמֹר כֹּה תֹאמְרוּן לַאדֹנִי לְעֵשָׂו  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב עִם-לָבָן גַּרְתִּי וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Il leur ordonna en disant: ainsi vous direz à mon maitre, à Esaü: ainsi parle ton serviteur Jacob.  J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent. 

Que veut-il signifier par là : Esaü sait très bien que Jacob a tardé jusqu’à présent. Il y a ici un aveu énorme. Rivqah lui avait dit : « tu séjourneras là bas quelques jours et je te ferai chercher... »

Comme si Jacob n’entendit rien des messages de sa mère, jusqu’à ce que Laban devenu « antisémite » il entendit l’appel de sa terre אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

Il avoue donc que sa difficulté à entrer dans le pays vient de ce qu’il a tardé.

 

Effectivement, on diagnostique cela à chaque fois dans l’histoire contemporaine d’Israël.

Malgré la déclaration Balfour en 1917 il n’y a que les sionistes de l’époque qui ont bougé. Hitler arrive en 33 et entretemps il y a la ligue arabe...etc. C’est un peu la situation de Jacob. C’est pourquoi il a très peur : ai-je suffisamment de mérite pour mériter l’accomplissement de la promesse ?  

Et quelle est la promesse ? « Je te protégerais partout où tu iras et je te ramènerais ici »

Avec une telle promesse il a peur ?  Il y a là un aveu.  

La Guemara de Sanhédrin pose la question et répond : il avait peur que la faute empêche l’accomplissement de la promesse. Quelle faute ?  

N’importe quelle faute vis-à-vis de la loi qui serait un manque de mérite tel empêchant l’entrée en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Nombres de Juifs religieux raisonnent ainsi : a-t-on suffisamment de mérite pour habiter en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל? Chargés de fautes comme nous le sommes, il vaut mieux  rester chez les Goyim...  

 

C’est un raisonnement faux.  

D’après le contexte de la Guemara on s’aperçoit que la faute c’est le retard. Effectivement, cela s’attache à l’histoire juive. Le rendez-vous arrive en son temps, et il y a un retard qui fait que c’est catastrophique.  

C’est malheureusement ce qui s’est passé au temps de la Shoah : le rendez-vous était pris depuis 1917 quand la Société des Nations (SDN) a été inventée pour donner le feu vert aux Juifs de rentrer dans le pays. Elle n’a rien fait d’autre. (De la même manière pour l’ONU. Dès que l’ONU s’occupe de quelque chose c’est l’enfer : Yougoslavie, Somalie...)  

La SDN s’est réunie pour enregistrer la déclaration Balfour.

Jusqu’en 1917 : aucune instance internationale pour pouvoir donner le feu vert aux Juifs de rentrer en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Effectivement, il fallait une instance universelle parce que l’exil en tant que contrat de travail avec l’humanité est à ce niveau-là. Et donc la nécessité d’une instance internationale.

 

Nous avons trois exemples :

-  A la sortie d’Egypte, il fallait que le Pharaon donne son accord pour que cela puisse se faire.

-  De la même manière à la fin du 2ème exil, il a fallu une instance politique universelle : c’était Cyrus qui donna le feu vert pour le retour au שֵׁנִי בָּיִת 

-  De notre temps, pendant 2000 ans, la civilisation occidentale a fonctionné sur le principe des nationalités et pendant ce temps Israël n’avait pas sa nationalité, et au moment où Israël doit reprendre sa nationalité, alors est fondée la société des nations SDN. C’est la SDN qui donna le feu vert aux Juifs pour rentrer en Palestine. Lorsque la Turquie possédait le pays ce fut impossible.  

De la même manière à la sortie d’Egypte : une instance politique universelle : Pharaon. A la fin de l’exil de Babylone c’était Cyrus et à la fin de notre civilisation c’était la Société des Nations.  Israël n’a été fondé que par un accord de l’ONU.  

C’est ce qui se passe là : il y a un retard cela se prépare et on est en retard. Jacob prend acte et avoue le retard.  

 

עִם-לָבָן גַּרְתִּי וָאֵחַר עַד-עָתָּה

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent…  

On pourrait se demander ce que cette indication supplémentaire vient ajouter. C’est la Guemara qui dit : c’est le ‘Het du retard.

Au moment du retour de Babylone, ils ne sont pas revenus en force suffisante pour être la muraille qui protège Jérusalem, explique le Talmud, et c’est la raison pour laquelle le שֵׁנִי בָּיִת a été détruit.  

 

עִם-לָבָן גַּרְתִּי וָאֵחַר עַד-עָתָּה

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent.  

C’est très paradoxal : voici la mission dont Jacob charge ses envoyés. En principe l’objectif est d’apaiser la colère de son frère !  

 

וַיְהִי-לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר צֹאן וְעֶבֶד וְשִׁפְחָה וָאֶשְׁלְחָה לְהַגִּיד לַאדֹנִי לִמְצֹא-חֵן בְּעֵינֶיךָ

J’ai acquis taureau et âne troupeau et serviteurs et servantes et j’ai envoyé pour raconter à mon maître pour trouver grâce à tes yeux.  

Mais c’est tout le contraire il va exciter sa colère !

Cette mission consiste à confirmer à quel point celui-ci a profité de la malédiction de Esaü : parti avec un bâton de pèlerin et revenu avec deux camps !

 

Rashi sur וַיְהִי-לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר:

אַבָּא אָמַר לִי מִטַּל הַשָּׁמַיִם וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ זוֹ אֵינָהּ לֹא מִן הַשָּׁמַיִם וְלֹא מִן הָאָרֶץ

Mon père m’a dit : « de la rosée des cieux et des graisses de la terre » (supra 27, 28). Ce ne sont des produits ni du ciel ni de la terre.

« Mon père m’a dit « tu seras bénis par la rosée du ciel et le gras de la terre ». Ce que je ramène de mon exil, ne vient ni du ciel ni de la terre »  

Isaac lui a transmis la bénédiction qui était prévu pour Esaü, l’homme de la matière, mais il affirme ici que tout ce qu’il a acquis lui vient de son travail.  

Ce que Rashi veut dire c’est que Jacob veut indiquer à Esaü qu’il n’a pas à lui reprocher d’avoir bénéficié de sa bénédiction, puisque ce qu’il a ne vient pas de la bénédiction « rosée et gras de la terre ». L’objectif de la mission est de préparer la rencontre.

 

Rashi sur עִם-לָבָן גַּרְתִּי:

לֹא נַעֲשֵׂיתִי שָׂר וְחָשׁוּב אֶלָּא גֵּר אֵינְךָ כְּדָאי לִשְׂנוֹא אוֹתִי עַל בִּרְכוֹת אָבִיךָ שֶׁבֵּרְכָנִי הֱוֵה גְּבִיר לַאֲחֶיךָ שֶׁהֲרֵי לֹא נִתְקַיְּמָה בִּי. דָּבָר אַחֵר גַּרְתִּי בְּגִימַטְרִיָּא תַּרְיָ"ג כְּלוֹמָר עִם לָבָן הָרָשָׁע גַּרְתִּי וְתַרְיָ"ג מִצְוֹת שָׁמַרְתִּי וְלֹא לָמַדְתִּי מִמַּעֲשָׂיו הָרָעִים  

Je n’y suis devenu ni un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger, [le mot גַּרְתִּי, (« j’ai séjourné ») étant de la même racine que גֵּר (« étranger »)]. Tu n’as plus aucune raison, par conséquent, de me haïr à cause de la bénédiction que m’a donnée ton père : « sois un chef pour tes frères » (supra 27, 29), car elle ne s’est pas réalisée (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 5). Autre explication : La valeur numérique des lettres de גַּרְתִּי est six cent treize, comme si Ya‘aqov avait voulu dire : Tout en séjournant chez Lavan l’impie, j’ai continué d’observer les six cent treize commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples  

 

En citant le Midrash Rashi dit :

Je n’ai pas été faitשָׂר , prince, ministre important (chez Laban):

Rashi met en évidence le terme גַּרְתִּי j’ai séjourné je suis restéגֵּר ,  métèque…  

Il faut tenter de comprendre la position du juif dans l’exil : rester juif et non pas assimilé : il s’agit là de la question des droits sur אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל pour Jacob. Esaü y a droit pour être resté dans le pays...  

Jacob est resté berger des troupeaux de Laban, mais il aurait pu comme Joseph devenir ministre du pays. Il est resté גֵּר. Il est en ghetto chez son beau-père.  

 

La question est très importante : Qui a droit à אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל?  

La réponse est très claire, et elle est dans Rashi qui explique la position de Jacob : quelqu’un qui est resté attaché à אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל sérieusement. Et pas mystiquement, pas mythiquement, pas par façon de parler. Ce n’est pas quelqu’un qui a mangé à deux râteliers, double nationalité, quelqu’un qui est resté juif et qui était ailleurs sans pourvoir faire autrement. Mais dès qu’il peut faire autrement il revient.  

Rashi poursuit : « tu n’as pas raison de me haïr à cause des bénédictions de ton père, dont il m’a béni, il avait dit « tu serasגְּבִיר  le seigneur de tes frères » puisque cela ne s’est pas réalisé pour moi ».  

L’objectif de la mission est d’établir les droits de Jacob sur אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Le 1er argument de la plaidoirie c’est de dire qu’il revient comme un גֵּר.  

 

Historiquement, il y a une espèce de faux discours sur les droits d’Israël en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, lorsqu’on désigne les Israéliens comme les rescapés de la Shoah, des réfugiés revenant chez eux, alors que ce n’est pas cela du tout. Le sionisme était antérieur à la Shoah et c’est parce qu’il y a avait un Yishouv en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל que les rescapés de la Shoah ont pu le rejoindre. Ce n’est pas à cause de la Shoah qu’on a des droits sur le pays. Les Juifs tombent eux-mêmes dans ce piège, mais ils plaident un dossier faux. De plus l’argument : Les Arabes ne sont pas responsables de la Shoah...  

 

Cela fait partie de toute une idéologie complètement fausse établissant un lien de cause à effet entre la Shoah et l’Etat d’Israël. L’Etat d’Israël a sa propre problématique bien avant l’hitlérisme. Au contraire, l’hitlérisme a empêché que l’Etat d’Israël ait l’envergure qu’il aurait pu avoir en tuant ces millions de Juifs.  

L’objectif de l’hitlérisme c’était précisément d’empêcher la réussite du sionisme. Au niveau mystique c’est encore plus grave que cela.  

Pendant que le peule juif se prépare depuis la fin du siècle dernier à revenir en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, pendant ce temps, il y a une tentative des nations de détruire le peuple juif.  

Considérer que l’un est la cause de l’autre, ou comme disent les orthodoxes, la cause négative : la shoah est la punition du sionisme... c’est avoir une pensée pathologique.  

L’opinion internationale serait prête à entendre à la limite ce qu’entend ici Esaü : « tu reviens en tant que réfugié ? Alors va dans les camps de refugiés ! »

 

2ème argument :

גַּרְתִּי: j’ai séjourné Gématria et anagramme de תַּרְיָ"ג: 613 !

« Comme pour dire : j’ai séjourné chez Laban le רָשָע et j’ai préservé les 613 מִצוֹת. Et je n’ai pas appris de sa mauvaise conduite. »  

Je reviens en tant qu’hébreux et non pas en tant que juif assimilé. C’est la racine d’un problème culturel énorme en Israël, celui de tous ces Juifs assimilés qui projettent l’assimilation sur l’identité hébraïque.  

 

On comprend qui a droit à Israël finalement :

-  celui qui ne s’est jamais pris pour un étranger à l’étranger.

-  celui qui revient avec la תּוֹרָה.

 

Une des raisons profondes des grands problèmes contemporains d’Israël, c’est qu’il y a deux sortes de motivations sionistes :  

-  des Juifs qui ne voulaient plus être Juifs et qui auraient bien aimé s’assimiler ailleurs, mais on les en empêchait -  tout ce qui procède de l’intelligentsia européenne. C’est un 1er sionisme grâce à qui le pays existe en grande partie.   

-  Ceux qui viennent dans le pays pour être Juifs, ce qui était impossible ailleurs.

 

Les deux tendances sont contradictoires et se combattent.  

C’est donc un passage très important que ce discours de Jacob préparant cette rencontre lors de son retour.  

Sur cette Parashah, un enseignement du Ben Ish ‘Haï – Rabbi ‘Haïm Yossef - grand maître de la קַבָּלָה du siècle dernier - grand sioniste qui a enseigné la מִצְוָה du retour en Israël aux Bagdadim, le judaïsme antisioniste depuis 2000 ans. Babel ne voulait pas revenir en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Cela nous fait comprendre la différence entre un Bavli et un Séfardi qui sont de rite séfarade parce qu’ils se sont trouvés dans l’empire musulman sous l’influence de la communauté séfarade du rite espagnole. Mais leur position idéologique est antisioniste de doctrine, de parti-pris, depuis le temps d’Ezra et Néhémie. C’est Babel qui a refusé de revenir au temps d’Ezra et Néhémie et qui est le principe de l’idéologie diasporique que l’on attend le Messie à la fin des temps. Cette hérésie théologique vient d’eux les Bablim. Ce n’est pas un hasard qu’à la tête du Shass, il y a un Babli et non pas un Séfardi, même s’il se présente comme le פּוֹסֶק Séfardi, il est Bavli.  

Lorsqu’on demandait une réponse concernant un דִין בֵּית, la réponse des Bavlim n’était pas considérée comme prioritaire depuis le temps du שֵׁנִי בָּיִת .

 

Ben Ish ‘Haï dans son livre, une préface d’un חֲכָם parle d’une tradition dans son בֵּית הַמִדְרָשׁ

 qu’il était le גִלגוּל  d’un Tana (un grand de l’époque de la Mishna) qui est revenu pour sauver les Juifs de Babel et les ramener à Jérusalem.  

 

Dans son livre sur les Halakhot par Parashah, sur la Parashah deוַיִּשְׁלַח , le récit où Jacob reçoit le nom Israël, le Ben Ish ‘Hay enseigne que la גִּימַטְרִיָּא de Israël = 541 = Yaaqov + Moshe + David. Israël c’est ainsi le peuple, la תּוֹרָה et la terre.  

 

Exactement ce qu’on trouve dans ce Rashi. Il ne dit pas qu’il l’apprend de Rashi mais c’est évident que cela en sort.

Quand il a dit גֵּר,  il annonce qu’il est resté rattaché à אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל => c’est David.

J’ai préservé les 613 מִצוֹת => c’est Moshe.

Et lui, il est Jacob => le peuple.  

Quand Jacob a aussi les dimensions de Moshe et David il s’appelle Israël.

Jacob seul n’est pas Israël. Moshe seul n’est pas Israël. David seul n’est pas Israël.  

Que la terre d’Israël sans תּוֹרָה et sans peuple juif, ce n’est pas Israël.

Que la תּוֹרָה sans le peuple et sans la terre, ce n’est pas Israël.

Et l’histoire a montré qu’une religion mosaïque... le peuple juif sans la תּוֹרָה et sans אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, c’est par exemple le congrès juif mondial.

Dans la structure de la communauté en diaspora on trouve ces trois grands réseaux :

Les organisations qui s’occupent de la תּוֹרָה et que ça, pour אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל aller voir l’Agence Juive... Les intérêts du peuple juif : aller voir le CJM... et puis par permutations circulaires.

 

Jusqu’à l’émancipation, on était simultanément ces 3 choses là : juif de peuple, juif de religion, et juif de patrie. Après l’émancipation, cela a éclaté : les juifs de terre, les juifs du ciel et les juifs de l’horizon... Un éclatement de l’identité juive en trois types d’organisations différentes.

Cela permet de cadrer un peu ce chaos des organisations juives : cela se cristallise en trois tendances. Les grands juifs sont actifs dans les trois simultanément. C’est la solution des problèmes d’Israël. Jacob devient Israël = Jacob + Moshe + David

 

A lire:

Dans la prière que Jacob fait avant la rencontre : c’est là que l’on a enseigné qu’avant la rencontre avec Esaü il se prépare à trois stratégies face à trois éventualités,

-  la prière,

-  la guerre,

-  les concessions de paix.  

Effectivement, on voit que Jacob prépare les trois stratégies : il prépare une offrande pour Esaü, il va prier et se prépare à la guerre si les deux autres stratégies échouent. C’est exactement notre problème.  

 

Zohar : c’est efficace si c’est la même personne qui est capable des trois stratégies.

Si ce sont trois stratégies différentes issues de trois tendances différentes, alors c’est le chaos.  

Malheureusement, le peuple d’Israël aujourd’hui est divisé en trois :

-  Ceux qui ne s’occupent que de prière, ils lisent les Psaumes.

-  Ceux qui se prépare à la guerre, ils ne savent pas prier, ni négocier.

-  Ceux qui se préparent à la paix : chez eux ce sont les concessions perpétuelles jusqu’à la paix des cimetières.  

Si nous avons quelque part un type d’israélien capable des trois, alors les trois marchent. Sinon les trois échouent.

 

Verset 32:10:

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם, וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק  יְהוָה הָאֹמֵר אֵלַי שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ--וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ

Et dit Jacob Dieu de mon père Abraham dieu de mon père Isaac Hashem qui me dit reviens à ton pays et à ta patrie et je te ferais du bien.

 

Verset 32:11:

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים וּמִכָּל-הָאֱמֶת אֲשֶׁר עָשִׂיתָ אֶת-עַבְדֶּךָ  כִּי בְמַקְלִי עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Je suis trop petit en mérite pour toutes les charités et vérités que tu as faites avec ton serviteur car avec mon bâton j’ai traversé ce Jourdain Et maintenant j’ai deux camps.

 

Verset 32:12:

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי מִיַּד עֵשָׂו  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי אֹתוֹ--פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי אֵם עַל-בָּנִים

Sauve-moi de la main de mon frère de la main d’Esaü car je le crains De peur qu’il ne vienne et me frappe la mère sur les enfants.

 

Verset 13:

וְאַתָּה אָמַרְתָּ הֵיטֵב אֵיטִיב עִמָּךְ וְשַׂמְתִּי אֶת-זַרְעֲךָ כְּחוֹל הַיָּם אֲשֶׁר לֹא-יִסָּפֵר מֵרֹב

Et toi tu as dis je ferais du bien avec toi et je placerai ta postérité comme le sable de la mer qui ne peut être compté tellement il est nombreux.

 

Ceci c’est la prière et ensuite la stratégie par laquelle il se prépare à la guerre et sépare son camp en deux. Et puis après il prépare toute une partie du troupeau en offrande qu’il va envoyer à Esaü avec la délégation. Cela nous renvoie à la scène de Beit-El lorsqu’au début de son voyage en exil, il y a une sorte d’alliance entre Dieu et Jacob où Dieu se révèle à Jacob pour lui dire : « même si tu ne tu ne t’en aperçois pas, Je te protégerais dans ton exil »

 

וַיֵּצֵא  : le verset où Dieu lui promet protection. Il faut comprendre pourquoi il est nécessaire d’avoir une providence de protection particulière dans l’exil

 

Chapitre 28’ verset 15:

וְהִנֵּה אָנֹכִי עִמָּךְ וּשְׁמַרְתִּיךָ בְּכֹל אֲשֶׁר-תֵּלֵךְ וַהֲשִׁבֹתִיךָ, אֶל-הָאֲדָמָה הַזֹּאת:  כִּי לֹא אֶעֱזָבְךָ, עַד אֲשֶׁר אִם-עָשִׂיתִי, אֵת אֲשֶׁר-דִּבַּרְתִּי לָךְ

Je serais avec toi et Je te protégerais (et te surveillerais) partout où tu iras et je te ramènerai sur cette terre car je ne t’abandonnerais pas Jusqu’à ce que j’ai accompli Ce que j’ai dit à ton sujet.  

Il y a donc vraiment une promesse de protection totale lorsque Jacob est en exil chez Laban et c’est le modèle lorsque Israël est en exil : lorsqu’Israël est en exil, il lui faut une protection particulière.

 

Ceux qui savent et connaissent l’exil, ces 2000 ans d’exil exigent bien sûr une protection particulière – ce cas particulier de l’histoire juive est exceptionnel : une identité tant pourchassée menacée, traversant l’histoire pour se retrouver au bout de 2000 ans.

S’il y a une telle promesse de protection pourquoi peut-il survenir de telles catastrophes malgré cela telle que l’inquisition ou la Shoah ?

 

Il faut rattacher cette question au retard : les Juifs sont pris au piège. Les Espagnols avaient laissé le temps aux juifs pour quitter l’Espagne et le Portugal. Mais ils ont tardé et ont été pris au piège.

Tous les avertissements avaient été donnés aux Juifs d’Europe. Les Juifs d’ailleurs se sont dits : cela se passe en Allemagne !  

 

Lorsque Jacob se réveille dans cette nuit de Beit-El au verset 16 :

 וַיִּיקַץ יַעֲקֹב, מִשְּׁנָתוֹ וַיֹּאמֶר אָכֵן יֵשׁ יְהוָה בַּמָּקוֹם הַזֶּה וְאָנֹכִי לֹא יָדָעְתִּי

Et Jacob se réveilla de son sommeil et dit : ainsi Dieu se trouve dans cet endroit  Et moi je ne le savais pas !  

 

וַיִּירָא, וַיֹּאמַר, מַה-נּוֹרָא, הַמָּקוֹם הַזֶּה:  אֵין זֶה, כִּי אִם-בֵּית אֱלֹהִים, וְזֶה, שַׁעַר הַשָּׁמָיִם

Il a eu peur et il dit: qu’il est redoutable cet endroit ce n’est pas autre chose que la maison de Dieu et c’est la porte du ciel.  

Ceux qui habitent à Beit-El ne savent pas où ils habitent !  

 

וַיַּשְׁכֵּם יַעֲקֹב בַּבֹּקֶר וַיִּקַּח אֶת-הָאֶבֶן אֲשֶׁר-שָׂם מְרַאֲשֹׁתָיו וַיָּשֶׂם אֹתָהּ, מַצֵּבָה וַיִּצֹק שֶׁמֶן, עַל-רֹאשָׁהּ

Et Jacob se leva de bon matin il prit la pierre qu’il avait prise comme oreiller Il en fit une stèle

il répandit de l’huile sur le sommet...  

 

וַיִּקְרָא אֶת-שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא בֵּית-אֵל וְאוּלָם לוּז שֵׁם-הָעִיר לָרִאשֹׁנָה

Et il nomma le nom de cet endroit Bethel et cependant Le nom de la ville auparavant était לוּז.

 

לוּז = amande. 

Shaked l’amande encore tendre.

 

וַיִּדַּר יַעֲקֹב נֶדֶר לֵאמֹר אִם-יִהְיֶה אֱלֹהִים עִמָּדִי וּשְׁמָרַנִי בַּדֶּרֶךְ הַזֶּה אֲשֶׁר אָנֹכִי הוֹלֵךְ וְנָתַן-לִי לֶחֶם לֶאֱכֹל וּבֶגֶד לִלְבֹּשׁ

Et Jacob fit un vœu en disant Si Dieu est avec moi Et qu’il me préserve sur ce chemin où je vais Qu’il me donne du pain pour manger et un vêtement pour m’habiller.  

(Il refuse la bénédiction de l‘abondance matérielle).

 

וְשַׁבְתִּי בְשָׁלוֹם אֶל-בֵּית אָבִי וְהָיָה יְהוָה לִי לֵאלֹהִים

Que je revienne en paix A la maison de mon père Hashem sera pour moi Dieu.  

C’est un passage très important : cela veut dire que ce n’est que lorsque Jacob est en Israël que Hashem est son Dieu. Partout ailleurs, il est sous l’influence des שָׂרִים. D’où l’affirmation de la Guemara : « celui qui n’habite pas אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל c’est comme s’il était idolâtre ».

 

וְהָיָה יְהוָה לִי לֵאלֹהִים. C’est quand on est en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

Pour les juifs en France par exemple : ils sont sous la protection de l’ange tutélaire de la France

 

וְהָאֶבֶן הַזֹּאת אֲשֶׁר-שַׂמְתִּי מַצֵּבָה--יִהְיֶה, בֵּית אֱלֹהִים וְכֹל אֲשֶׁר תִּתֶּן-לִי עַשֵּׂר אֲעַשְּׂרֶנּוּ לָךְ

Et cette pierre que je viens d'ériger en monument deviendra la maison du Seigneur et tous les biens que tu m'accorderas, je veux t'en offrir la dîme.

 

 

 

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