L’OEUVRE DE LA CRÉATION
LES ENGENDREMENTS
JUIFS OU HÉBREUX
ISRAËL ET LES NATIONS
MESSIANISME
THÈMES FONDAMENTAUX

VAYECHEV - SÉRIE 1984

Le cours

 

 

(1984) וַיֵּשֶׁב

 

Une Parashah longue en péripéties, c’est là que commence l’histoire qui va mener à l’exil d’Egypte, et cela commence par un récit concernant la situation de Joseph parmi ses frères. 

Toute le Parashah s’occupe centralement de l’histoire de Joseph mais celle-ci à un certain moment est entrecoupée du chapitre 38 qui s’occupe de façon particulière de l’histoire de Judah l’autre polarité de la descendance de Jacob.

 

2 points :  

-  Thème à étudier à travers le Midrash : la préférence de Jacob pour Joseph qui concerne le projet d’identité de Jacob lui-même. En particulier, le fait que Jacob a privilégié Joseph dans son amour paternel, et c’est apparemment la cause immédiate de la rivalité entre frères et de tous ces processus dont les récits nous donne abondamment les détails qui vont déclencher la descente de la famille de Jacob en Egypte. Evénement qui sera en fin de compte la préface de l’exil d’Egypte.  

-  Thème de la suite des engendrements. Différence de situation avec les temps des Patriarches où il était radicalement impossible de prendre femme dans le pays de Kenaan. Et les deux  stratégies différentes pour la suite des תּוֹלְדֹת entre les engendrements de Joseph et de Judah.  

 

Chapitre 37, Verset 1 :

וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו--בְּאֶרֶץ כְּנָעַן

Et Jacob s’installa dans le pays où son père avait séjourné dans le pays de Canaan.  

 

La méthode habituelle de l’interrogation du Midrash sur ce verset : apparemment il y a des informations déjà connues, quel est donc le חִדֻשׁ qui nous est transmis dans la formulation de ce verset ?    

Premièrement : le texte va nommer Jacob « Jacob ». Or, il a déjà été nommé Israël !

Par conséquent, malgré son nom Israël, le terme Jacob est utilisé dans ce contexte, ce n’est pas sans raison. La dimension d’identité de Jacob lorsqu’il est nommé Jacob est en relation avec l’exil. Et la dimension d’identité de Jacob lorsqu’il est nommé Israël est en relation avec אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל.

La règle, après le fait que Jacob ait été nommé Israël, lorsque le texte de nouveau le nomme Jacob c’est qu’il y a une perspective de vocation de l’exil.

 

וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב, בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו--בְּאֶרֶץ כְּנָעַן

…dans le pays où ont séjourné ses pères  

Le Midrash souligne la contraste de sens entre וַיֵּשֶׁב s’installer et מְגוּרֵי ils ont séjourné comme des étrangers (racine גֵּר).  

Cela veut dire d’une certaine manière que Jacob fait le diagnostic que le temps est venu de mettre fin aux מְגוּרִים dans le sens strict (c’est-à-dire qu’ils ont séjournés dans le pays, Abraham, Isaac et Jacob, et le peuple, dans la modalité d’un être étranger chez soi :

 

23:4 : גֵּר וְתוֹשָׁב אָנֹכִי עִמָּכֶם   Etranger et séjournant je suis avec vous.

 

L’exil :  

Très rapidement sur ce thème : L’annonce de l’éventualité de l’exil a déjà été donnée à Abraham – la fonction, la raison, la finalité de l’exil est un problème pour lui-même qui doit être étudié séparément. L’hypothèse d’explication de l’exil la plus connue étant que l’exil est une punition. C’est presque un cliché.  

L’étonnement devant cette hypothèse vient du fait que l’annonce de l’éventualité de l’exil est donnée à Abraham a priori de toute histoire d’Israël qui n’a pas encore commencée. Il faut donc changer de terme puisqu’en hébreu il y a les différentes implications dans le même terme de גָלוּת mais en français le terme d’exil est connoté avec les idées de persécution, d’oppression...etc. 

 

L’éventualité d’une relation à la civilisation extérieure, à l’universel humain contemporain de ce temps, où la relation est privilégiée avec la société qui est la figure de prou de la civilisation de ce temps - et en ce temps-là c’est l’Egypte - cette éventualité d’une relation n’est pas forcément vue à priori comme la punition de quelque chose. 

Elle est en soi une fonction de finalité d’Israël au sein des nations. Israël au sein des nations ne veut pas dire forcément que la métropole d’Israël est détruite, et que les juifs vivent en ghettos pris au piège chez les nations.  

 

Si à postériori il arrive qu’il y a une faute d’identité, alors cette relation vers l’extérieur ne se passe dans l’honneur, dans la gloire וּלְתִפְאָרֶת כַּבוֹד. Comme nous en avons des exemples dans l’histoire des Patriarches lorsqu’Abraham arrive en Egypte on le reçoit comme « Nessi Elohim » un prince connu du Pharaon. Et lorsque Jacob arrive en Egypte, le Pharaon se souvient d’Abraham et reporte sur Jacob l’honneur d’Abraham. Et dans certains épisodes de l’histoire de Joseph, la présence des hébreux en Egypte, se déroule dans la gloire et l’honneur. Joseph est le Pharaon réel de l’Egypte... Malgré cela on s’est habitué finalement à connoter négativement cette notion d’exil.  

 

Le fait est qu’il y a cette éventualité de la dispersion, et c’est très différent lorsque la métropole existe ; alors il y a des « mais » si c’est nécessaire chez les nations. Quoique les prophètes ont une vision globale de la relation d’Israël à l’universel humain. Mais inversement il y a le pèlerinage des nations à Jérusalem. Quand la métropole existe, il n’est pas fatale, ni inévitable que l’exil soit persécution et oppression. C’est à postériori que cette relation de dispersion en tant que « מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים וְגוֹי קָדוֹשׁ » pour l’humanité se passe dans la dimension d’exil.  

 

A priori la forme même de ce qui est indiqué à Abraham indique que si Israël est Israël, il a une fonction de relation avec l’humanité entière. S’il y a faute, cela devient exil dans le sens négatif. C’est-à-dire que cette fonction dans tous les cas sera remplie, mais dans les pires conditions cela se fera dans l’exil. Même de façon clandestine, souterraine, non reconnue par l’universel humain, dans un climat de jalousie et d’ingratitude totale. Même de façon défigurée, même de façon caricaturée,  le peuple juif, même dans l’exil, joue quand même le rôle qu’il devrait jouer comme peuple de prêtres de l’humanité. Mais de façon tortueuse, de façon masquée, caricaturée... etc.

 

C’est un thème pour lui même qui est très important.  

On apprend d’autre part qu’étant donné le risque que l’exil soit effectivement l’exil de l’oppression, les Patriarches, les אֲבוֹת, ont pris sur eux d’économiser le temps d’exil éventuel de leur descendance.  

C’est pourquoi ils ont pris sur eux le fait de vivre chez eux comme étrangers dans la terre qui leur a été donnée par promesse.  

[J’utilise l’expression donnée par promesse parce que l’expression « terre promise » n’est pas traditionnelle et est à la limite une expression antisémite : c’est une terre qui est en promesse qui ne sera jamais donnée… etc. Haarets hamoushtarat cela veut dire « la terre assurée ». En réalité c’est « Haarets asher natat » la terre que je vous ai donnée]  

Durant tout ce temps des אֲבוֹת, ils vont prendre sur eux d’être גֵּרִים là où ils devraient être תוֹשָׁבִים 1ère raison dans notre analyse : c’est pour économiser le risque de perdition de toute manière que représente l’histoire de l’exil.

 

Midrash :

Dieu a proposé à Abraham, Isaac et Jacob de choisir pour leur descendance entre l’enfer      גֵּהִנֹּם  ou l’exil גָלוּת. Le Midrash avec beaucoup d’humour dit qu’ils ont réfléchi et ont préféré l’exil… Ils ont réfléchi ! Comme s’il y avait une différence ! Alors qu’on sait que la situation de l’exilé c’est l’enfer ! Mais il semble qu’il y a en ait une… L’explication est la suivante : Si Israël - descendance des Patriarches – a un  rôle à jouer au sein de l’humanité, alors s’il ne joue pas son rôle, l’humanité risque de tomber en enfer et Israël devra aller dans l’enfer pour s’en occuper... alors ils ont préféré quand même l’exil...  

Dans le verset qui annonce à Abraham cette éventualité d’extra-territorialité de relation à l’universel (cela s’appelle finalement la diaspora, l’exil) cela a duré 400 ans (בְּרֵאשִׁית 15:13 ) 

En fin de compte la sortie d’Egypte a eu lieu bien avant la fin de ces 400 ans : si nous comptons le commencement de ces 400 ans à la naissance Jacob et de ses enfants pour rejoindre Joseph, quittant complètement le pays de Kenaan pour s’installer en Egypte avec Joseph, il n’y a que 210 ans. Il y a donc une période de temps de 190 ans qu’il faut expliquer.

 

Elle s’explique de cette manière :

Etant donné que 2 causes de risque de perte du peuple d’Israël en exil d’Egypte ont joué de façon accélérée, il y a toujours une cause extérieure et une cause intérieure :

-  La cause extérieure c’est l’accélération de la persécution qui visait la destruction physique d’Israël en Egypte.  

-  Et parallèlement, la cause intérieure c’est l’accélération de l’assimilation (il y a d’ailleurs un lien entre les deux, l’assimilation est aussi cause de persécution...)  

Alors il a fallu intervenir de façon anticipée. Un des obstacles auxquels Moïse s’est heurté lorsqu’il a pris l’initiative de mettre fin à l’exil d’Egypte, c’était qu’il manquait 190 ans.  

Tant les Hébreux que les Egyptiens étaient alors en droit de dire que leurs traditions donnaient un temps de 400 ans et donc que le temps n’était pas venu. (Vous entendez les rabbins  contemporains antisionistes.)  

 

C’est Moïse qui prend l’initiative de mettre fin à l’exil et le Midrash explique cela abondamment: l’état de saturation de l’assimilation et de la persécution était tel que le peuple d’Israël risquait de disparaitre purement et simplement. Il a donc fallu anticiper la fin. 

J’ouvre une parenthèse : nous avons là un modèle que je vous ai signalé dans l’exil de Jacob chez Laban qui est le modèle des modèles dans les textes précédents : un modèle des trois grands moments de temps de l’exil :

-  1- l’exil : Israël en exil a encore conscience d’être Israël en exil et puis très rapidement cela se sublime cela devient mythique et/ou mystique et alors c’est   

-  2- L’installation dans l’exil

-  3- L’assimilation qui déclenche la persécution.  

 

Il n’y a pas d’exception cela c’est toujours passé comme cela.

-  Premier moment, on est en voyage,

-  deuxième moment, on est situé loin du pays,

-  troisième moment on s’assimile, et on est persécuté.

Il n’y a aucune exception jusqu’à l’exil présent duquel on est en train de sortir, cela s’est passé comme ça à tous les niveaux.

 

Le fondement que le Midrash donne à cette explication : c’est qu’étant donné que l’annonce de cette éventualité de la relation à l’universel extérieur, ambiant, qui risque de devenir exil pour des causes qui sont analysées très en détail dans le modèle de la persécution en Egypte qui a provoqué la sortie anticipée de l’exil en Egypte sous la forme de la persécution, étant donné que cette annonce concernait la postérité d’Abraham – le verset dit :

 

בְּרֵאשִׁית 15:13

וַיֹּאמֶר לְאַבְרָם יָדֹעַ תֵּדַע כִּי-גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם וַעֲבָדוּם וְעִנּוּ אֹתָם--אַרְבַּע מֵאוֹת שָׁנָה

Et Il dit à אַבְרָם sache que ta postérité sera étrangère dans un pays qui ne leur appartient pas pendant 400 ans  

Le verset ne dit pas qu’il s’agira de l’Egypte, mais finalement il s’avéra que c’est en Egypte que cela se passe parce que c’est l’Egypte qui est la figure de prou de la civilisation de ce temps-là.  

 

Quoique dès les premiers récits des Patriarches nous avons un certain nombre d’indication que cela se passera en Egypte, puisque les Patriarches ont tendance à faire des voyages préfiguratifs en Egypte. Ils avaient quitté la civilisation d’Our-Qasdim, disqualifiée par son niveau moral. C’est pourquoi la famille d’Abraham avait quitté cette civilisation. Et donc la civilisation de ce temps-là qui n’est plus Our-Qasdim devient donc l’Egypte.  

Et donc l’annonce concerne le זָרַע, la postérité d’Abraham. Or, la postérité d’Abraham commence à la naissance d’Isaac. Il pourrait y avoir une objection d’analyse avec la naissance d’Ishmaël entre temps. Mais le verset dit clairement כִּי בְיִצְחָק, יִקָּרֵא לְךָ זָרַע. c’est en Isaac que sera nommé ta postérité.

 

Il est important de savoir qu’Ishmaël n’est pas concerné par la dimension de l’exil parce que la promesse de l’héritage de la terre est toujours liée à l’éventualité de l’exil. Retenez qu’il s’agit d’une éventualité. Si l’exil avait commencé avec Abraham, alors Ishmaël aurait été concerné. Si l’exil avait commencé avec Isaac, Esaü aurait été concerné. L’exil commence à Jacob car Jacob seul est concerné par la promesse de la terre.  

 

Il y a là un thème très important : qui a le droit de revendiquer אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל?

C’est celui qui revient d’exil, c’est-à-dire celui qui a pris sur lui, dans sa destinée historique, l’éventualité de la situation d’exil. Or, nous savons qu’Ishmaël a voyagé partout, mais partout en conquérant. Nous savons que Esaü, Rome a voyagé partout mais partout en colonisateur. La seule descendance d’Abraham qui a connu l’histoire de la situation d’exil c’est Jacob.

 

Effectivement, depuis la naissance d’Isaac jusqu’à la sortie d’Egypte, il y a 400 ans. Parce que depuis la naissance d’Isaac jusqu’à la descente de Jacob en Egypte il y a 190 ans, plus les 210 ans de temps vécus en Egypte jusqu’à Moïse, cela fait bien les 400 ans annoncés.  

Voilà donc le 1er thème, ce qui renforce d’autant plus le contraste des termes :  

 

Chapitre 37 Verset 1:

וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו--בְּאֶרֶץ כְּנָעַן

Et Jacob s’installa dans le pays où ses pères avaient séjourné dans le pays de Canaan.  

«… dans le pays des pérégrinations de ses pères.»

 

Cela veut dire dans le pays où ses pères se sont considérés comme étant en exil pour prendre sur eux, éponger, une partie de cet exil.  

Les Patriarches, les Hébreux fondateurs de l’identité hébraïque, auraient pu s’engager pour eux-mêmes à résister dans l’exil mais ils ne savaient si leur descendance en aurait la force. Cela dépend de la mère.  

 

Cela signifie que Jacob a fait le diagnostic que l’éventualité de l’exil est achevée. Il a pris sur lui cette prophétie donnée à Abraham que sa descendance aura à connaître l’exil, mais l’ayant connu lui-même dans son histoire (l’exil de chez Laban dont il revient) il a pu penser comme le dit le Midrash très clairement que c’est lui qui avait accompli dans les 20 années d’exil chez Laban l’annonce de l’éventualité de l’exil qui serait donc finie et qui rendrait le retour et l’installation possible :

וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב, בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו--בְּאֶרֶץ, כְּנָעַן

 

Nous verrons que Jacob va être bousculé nous dit Rashi par l’intrusion de l’impétuosité de l’identité de Joseph qui commence là à se manifester dans l’enchainement des versets.

 

Le Midrash cité par Rashi dit:

Jacob a recherché à s’installer dans la tranquillité 

 

L’histoire de Joseph arrive et le bouscule. Et l’exil d’Egypte va commencer là. C’est la préhistoire de l’exil d’Egypte.

 

Q: (inaudible)

R: Ce n’est pas difficile à comprendre : un mérite à un certain niveau peut récapituler une éventualité qui, les choses étant laissées à elles-mêmes, prendrait plus de temps.

« הוּא בָּרוּךְ הָקָדוֹשׁ  gozeh Hatsadik Mevakesh »

Le mérite du צַדִּיק fait que ces 400 ans peuvent se résorber en 20 ans

En fait la période d’exil jusqu’à la sortie d’Egypte elle-même pour ces 400 ans, va commencer à la naissance d’Itzhak.

 

Rappelez-vous la phrase de la Haggadah de Pessah : « shé HQB’H shirei et haqets » que Dieu a compté la fin  en fixant le commencement.

 

Pour les 400 ans, la fin arrive 210 ans après la naissance de Jacob. J’ajouterais un principe à cela : la fin de l’exil est méritée grâce à Isaac qui n’a jamais quitté אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. En se réclamant d’Isaac, alors on a droit de revenir, se réclamant uniquement d’Abraham et de Jacob, nous serions des Hébreux de l’exil. Abraham est né dans l’exil et Jacob né en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל est mort dans l’exil. Seul Isaac n’a pas quitté אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל: cela veut dire que le mérite de la גֵאוּלָה est relié au mérite d’Isaac.  

 

C’est pourquoi cette phrase de la Haggadah s’enracine sur le Midrash cité précédemment: C’est par le mérite d’Itzhak que le קֵּץ de la גֵאוּלָה arrive. C’est par le mérite d’Itzhak qu’il y a une fin à l’exil.  

 

On étudiera ce thème au moment de la Parashah וַיְחִי, dernière Parashah du livre de בְּרֵאשִׁית: A la fin de sa vie, Jacob, en Egypte va rassembler ses enfants pour leur dévoiler la fin. Chapitre 49, verset 1. Et la prophétie le quitte et il ne peut leur dévoiler la fin. Et il se borne à les bénir. Profondément, al pih ha sod, les bénir signifie les définir et cela signifie donc leur révéler leur histoire jusqu’à la fin… Mais il faut chercher profondément car cela est caché.  

Un des Midrashim raconte cela comme ça :

 

Lorsque Jacob s’est aperçu que la prophétie de la fin de l’exil le quittait, il a eu une crainte que ses enfants ne soient pas concernés par cela ! Alors il leur demande : Shéma yesh bahem h’eth ? Peut-être y a-t-il une faute parmi vous ? Une faute qui empêcherait la prophétie et donc la fin de l’exil...

Les 12 fils ont répondu: prends nos noms, épelle-les et tu verras qu’il n’y a pas de lettre ח dans nos noms.

La lettre ח s’écrit ח - ת. Le mot חטא, faute s’écrit ח - ט.    

Le raisonnement du Midrash est le suivant : donner un nom à quelqu’un c’est désigner son identité. Au niveau de la nomination des personnages de la bible rien n’est conventionnel. Abraham est une manière d’être homme et un projet d’identité nommé de ce nom-là et ainsi de suite... pour tous les noms des personnages bibliques. Par conséquent, le fait qu’il n’y ait pas de lettre ח dans les noms des enfants d’Israël  signifie qu’Israël est innocent.

 

Dit d’une autre manière:

Une règle du Talmud : quelqu’un condamné à l’unanimité est innocenté immédiatement. Car c’est impossible d’être condamné á l’unanimité. Or, c’est le cas d’Israël qui est condamné à l’unanimité, donc il est innocent ! Il y a une accumulation d’accusations qui ont traversé l’histoire. Aucune autre manière d’être homme n’a été autant interpellée, accusée et condamnée à l’unanimité. De façon tellement hypertrophiée que cela prouve que l’humanité manque d’humour.

 

Quand un tribunal de vérité fait unanimité pour condamner quelqu’un, cela veut dire que le jugement dépasse la justice humaine. Parce qu’il n’est pas possible que dans un tribunal de vérité il n’y ait pas une voix pour plaider pour, même si la majorité décidera qu’il est coupable, mais s’il n’y a pas une seule voix pour mettre en évidence le côté du bien, c’est qu’il s’agit d’un cas qui dépasse la justice humaine.  

Par analogie, Israël est condamné à l’unanimité, ce qui prouve son innocence.

C’est un peu ce que dit le Midrash : « Scrute notre identité, épelle nos noms et tu ne trouveras pas la lettre ח … »  

Le Midrash continue : pendant que Jacob était occupé à trouver la lettre ח qu’il n’a pas trouvé, il a découvert également l’absence des lettres ק et צַדִּיק qui ensemble font קֵצ.

Il n’a pas trouvé קֵצ chez ses enfants : pas de ח, mais pas de קֵצ!

 

Cela veut dire deux choses :  

-  un sens négatif : Il y a là un jugement que l’on attend la fin mais en réalité on ne l’attend pas vraiment… L’exil n’a pas de fin : « l’année prochaine à Jérusalem... » Il y a un sérieux doute sur la sincérité de l’espérance messianique de ce peuple qui dit qu’il attend sans attendre la fin qui est constamment repoussée...   

-  un sens positif : cette dimension de l’identité de Jacob en tant que fils de Jacob qui va se réaliser dans l’histoire dans la dimension de l’exil, n’a pas de fin. C’est une force, un élan, un flux de vie qui n’implique pas de fin en lui-même. Je reprends la même analyse négative mais dans un sens positif : une insatisfaction permanente qui repousse l’échéance...     

 

En tant que fils de Jacob il n’y a pas de קֵצ, Jacob n’a pas de fin, c’est un thème très important : Yaaqov avinou lo met. Le Midrash établit que dans le verset relatant la mort de Jacob le mot de « il mourut » - וַיָּמָת  - n’est pas employé  alors qu’il l’est pour les autres Patriarches.

Il y a d’autres termes : וַיִּגְוַע il expira  ... mais pas וַיָּמָת. Le Midrash en conclu :

Yaaqov avinou lo met.  

 

Objection d’un des rabbins du Midrash : mais il est écrit qu’il fut embaumé ?

Mais dans le verset c’est l’absence de וַיָּמָת...  

L’explication a différents niveaux :

-  tant que nous fils de Jacob sommes vivants Jacob est vivant : c’est une lecture littéraire.

-  Jacob incarne la dimension d’exil : c’est ce qu’il a vu que dans cette dimension d’exil, de cette force de résistance dans l’exil, il n’y a pas de fin. A postériori des 2000 ans d’histoire de nos exils, ce Midrash a raison : les Juifs n’ont jamais vu de fin à leur exil qui leur a toujours été imposé. De notre temps, nous avons été privilégiés : un personnage qui s’appelle Herzl a écrit un livre et cela a suffit...

 

Le Shla’h sur le Zohar nous donne une explication qui nous ramène à Isaac: יִ - צ - ח - ק (Youd Tsadik ‘Het Qouf  )

Deux de ces 4 lettres donne le mot de חַיּ et les deux autres donnent le mot de קֵצ.  

Il y a en Its’haq ces deux forces qui sont contradictoires : la vie sans fin et la fin sans vie.

קֵצ et חַיּ s’entremêlent et font Itzhak.  

C’est une des lectures du nom de son identité : il ne devait pas naître et il est né, il devait mourir et il n’est pas mort. קֵצ et ‘Haï sont constamment complètement entremêlés dans l’identité d’Itzhak. Il a donné tout חַיּ à Jacob (חַיּ כּוּלוֹ יַעֲקֹב) et tout קֵצ à Esaü (קֵצ כּוּלוֹ עֵשָׂו). Et c’est la raison pour laquelle le Midrash dit Yaaqov avinou lo met.  

Si on essaie de comparer la messianité de Jacob donc d’Israël, c’est חַיּ כּוּלוֹ

Si on compare la messianité selon Esaü, la chrétienté, c’est קֵצ כּוּלוֹ: C’est déjà arrivé donc cela n’arrivera pas. C’est toujours en arrière, c’est toujours au passé…  

 

Isaac a délégué une de ses forces à Jacob. Et par conséquent, tant que Jacob n’est que Jacob il n’y a pas de fin à la fonction de Jacob. Et retenons que la fonction de Jacob par rapport au nom Israël est la fonction de l’exil. Cela éclaire énormément de choses d’ailleurs. Mais en tant que fils d’Isaac, on est relié à la certitude de la fin de l’exil. C’est pourquoi le Midrash cité sur la Haggadah de Pessah impute au mérite d’Isaac la גֵאוּלָה lors de la sortie d’Egypte.

 

Je rappelle simplement l’implication qu’il faut mettre en évidence pour notre sujet :

Le mérite particulier d’Isaac dans ce sujet-là c’est qu’il est le seul des Patriarches à n’avoir jamais quitté אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. Dans l’identité d’Itzhak il n’y a pas l’ambiguïté diaspora-Israël. Cette ambiguïté n’existe pas pour Isaac. Lorsqu’arrive le temps de la nécessité de mettre fin à l’exil, c’est le mérite d’Isaac qui joue. En clair : cela veut dire que les droits que les Juifs de l’exil ont à revenir sur leur terre proviennent d’Isaac.  

 

Voilà donc ce Midrash classique habituel, choisi parmi d’autres, sur ce verset :

Jacob a diagnostiqué que le temps d’exil prévu pouvait être considéré comme achevé par lui. Alors il s’installe.  

Rashi, et ses commentateurs après lui, indique cela de la manière suivante :

Les Patriarches en exil en Egypte faisaient des גֵּרִים « convertis, naturalisés à l’identité d’Israël »

Et tant Abraham que Jacob, le Midrash cite des versets très précis qui montrent ces Patriarches occupés à cette tâche.  

 

Et puis la question se pose dans le Midrash pour Isaac ?

Il nous donne alors ce verset : « beerets megourey aviv » « Dans le pays où Isaac faisait des גֵּרִים » : « Mégayerei aviv » lit le Midrash.  

Cela veut dire d’une certaine manière que Jacob met fin à l’histoire et que les temps messianiques vont commencer, il n’y a plus de גֵּרִים. Alors que nous verrons Joseph reprendre ce rêve de continuer à faire de גֵּרִים.

 

Verset 37:2

אֵלֶּה תֹּלְדוֹת יַעֲקֹב יוֹסֵף בֶּן-שְׁבַע-עֶשְׂרֵה שָׁנָה הָיָה רֹעֶה אֶת-אֶחָיו בַּצֹּאן וְהוּא נַעַר אֶת-בְּנֵי בִלְהָה וְאֶת-בְּנֵי זִלְפָּה, נְשֵׁי אָבִיו וַיָּבֵא יוֹסֵף אֶת-דִּבָּתָם רָעָה אֶל-אֲבִיהֶם

On serait tenté de traduire ici les engendrements de Jacob, mais on est obligé étant donné le contexte de traduite les mots אֵלֶּה תֹּלְדוֹת  par : « Voici l’histoire » les מאוֹרעַוֹת,  les événements de l’histoire de Jacob. Et cela commence par Joseph.

 

בֶּן-שְׁבַע-עֶשְׂרֵה שָׁנָה הָיָה רֹעֶה אֶת-אֶחָיו בַּצֹּאן

Âgé de 17 ans Faisait paître le troupeau avec ses frères 

 

Et c’est là que l’histoire va se déclencher et cela mène à l’exil d’Egypte.

Une énorme parenthèse qui va s’installer entre le וַיֵּשֶׁב « il a voulu s’installer » et puis finalement il va en Egypte jusqu’à la sortie d’Egypte.  

On va isoler l’expression אֵלֶּה תֹּלְדוֹת יַעֲקֹב יוֹסֵף

On y est aidé d’ailleurs par les טַעַמִים de la Massorah

 

Deux Midrashim différents :

Lorsque תֹּלְדוֹת signifie les engendrements et lorsque תֹּלְדוֹת signifie l’histoire. Je m’appuierais sur ces deux midrashim pour expliquer le problème de savoir pourquoi Jacob préfère Joseph.  

 

Verset 37 :2

אֵלֶּה תֹּלְדוֹת יַעֲקֹב

On pourrait traduire engendrements mais comme on ne va pas du tout nous parler de ses enfants mais nous raconter l’histoire de Joseph, il faut donc traduire par les מאוֹרעַוֹת, les événements de l’histoire de Jacob.

 

Et une autre phrase commence : 

יוֹסֵף בֶּן-שְׁבַע-עֶשְׂרֵה שָׁנָה הָיָה רֹעֶה אֶת-אֶחָיו בַּצֹּאן

Joseph agé de 17 ans faisait paître le troupeau avec ses frères...

 

Délaissons cette lecture Pshat pour monter au niveau Drash en isolant l’expression : 

אֵלֶּה תֹּלְדוֹת יַעֲקֹב

Voici les engendrements de Jacob: Joseph…  

 

Les autres sont évacués. Cela va être d’ailleurs une des principales contestations des frères de Joseph contre Joseph, reliée à la préférence de Jacob pour Joseph. Comme si les engendrements sélectifs continuaient : après Abraham, Isaac, après Isaac, Jacob, après Jacob, Joseph et les autres seraient rejetés dans l’approximation…

Dans le procès que ses frères vont faire à Joseph il y a ce 1er élément important. C’est pourquoi ils le condamnent à mort pour avoir été traître à l’unité d’Israël.  

En fin de compte, il s’avèrera que Joseph travaillait pour l’unité d’Israël mais cela se révèle à la fin de sa vie car pendant tout le temps où il était en exil, tout se passe comme s’il avait pris fait et cause pour le Pharaon d’Egypte contre Israël. Ce n’est qu’en fin de compte que cela se dévoile.  

Je vais isoler cette unité de lecture אֵלֶּה תֹּלְדוֹת יַעֲקֹב 

 

1er Midrash : תֹּלְדוֹת = engendrements

« Ces engendrements de Jacob, tous les autres frères, ne sont venus au monde que pour le mérite de Joseph. Jacob n’est allé chez Laban que pour Rachel ».

Vous avez compris le raisonnement : puisque toute l’histoire de Jacob c’était pour Rachel.

Par conséquent, toutes les autres תֹּלְדוֹת sont Tafel par rapport à Yossef qui est Yikar.  

Une difficulté de ce Midrash : « Jacob n’est jamais allé chez Laban que pour Rachel » :

Objection : quand il est allé chez Laban, il ne savait pas que c’était pour Rachel ! C’est à postériori que nous savons que c’était pour Rachel, que Jacob a aimé Rachel et non Leah !

 

L’argument du Midrash est très important : Si on voit la perspective de continuation de l’histoire des Patriarches, alors Jacob, son engendrement c’était Joseph, aîné de Rachel, et les autres sont venus en plus. D’ailleurs dans la fonction de Joseph, Benyamin est relié à Joseph. Dans cette 1ère lecture les autres tribus et les fonctions qu’elles véhiculent semblent être secondes par rapport à Joseph. Il y a là une indication de prééminence évidente à priori. Cela explique pourquoi Jacob se voit chez Joseph plus que chez les autres. Ce qui nous sera dit plus en détail par le second Midrash.  

 

Le 1er Midrash considère תֹּלְדוֹת dans le sens des engendrements. Son argument est que Jacob n’a été chez Laban que pour Ra’hel.

 

וַיֵּצֵא  Chapitre 29:1:  

Lorsque Jacob est parti du pays de Kenaan, dans son voyage il est arrêté par la vision de l’échelle qu’il a eu à Bethel et après le contrat d’alliance qu’il a eu à son réveil, la תּוֹרָה nous dit qu’il a repris son chemin et qu’il est allé en direction du pays de בְנֵי-קֶדֶם

 

29 :1

וַיִּשָּׂא יַעֲקֹב, רַגְלָיו; וַיֵּלֶךְ, אַרְצָה בְנֵי-קֶדֶם

Et Jacob rapidement, et il se dirigea vers la terre des fils de l'Est.  

Deux traductions de l’expression בְנֵי-קֶדֶם: « ceux qui habitent à l’orient »

Mais קֶדֶם s’appelle l’orient en dérivée d’un sens plus fondamental du terme קֶדֶם qui veut dire « ce qu’il y avait avant » : Jacob va donc se ressourcer dans l’avant, l’antérieur, et cela se passe en Orient.  

 

29 :2

וַיַּרְא וְהִנֵּה בְאֵר בַּשָּׂדֶה, וְהִנֵּה-שָׁם שְׁלֹשָׁה עֶדְרֵי-צֹאן רֹבְצִים עָלֶיהָ--כִּי מִן-הַבְּאֵר הַהִוא, יַשְׁקוּ הָעֲדָרִים; וְהָאֶבֶן גְּדֹלָה, עַל-פִּי הַבְּאֵר

Et voilà il vit un puits dans le champ Et voilà qu’il y avait là bas trois troupeaux   Qui étaient accroupis autour  Car de ce puits-là devaient s’abreuver les troupeaux Et la pierre était grande sur la bouche du puits.  

Il y a ici une indication très importante : אֶבֶן - הָ, un article défini => on est censé savoir ce qu’est la pierre. Il y a un puits où s’abreuvaient les troupeaux, Jacob ne va pas n’importe où, et on est donc dans cette région qui est le reste de l’antérieur, et il y a un puits pour qu’on puisse s’abreuver mais la pierre est là qui l’empêche.

 

 29:3

וְנֶאֶסְפוּ-שָׁמָּה כָל-הָעֲדָרִים וְגָלְלוּ אֶת-הָאֶבֶן מֵעַל פִּי הַבְּאֵר, וְהִשְׁקוּ, אֶת-הַצֹּאן וְהֵשִׁיבוּ אֶת-הָאֶבֶן עַל-פִּי הַבְּאֵר לִמְקֹמָהּ

Se rassemblaient là tous les troupeaux Et il faisait rouler la pierre  Depuis la bouche du puits

Et ils abreuvaient le troupeau Et ils ramenaient la pierre en son endroit sur l’ouverture du puits.  

Entre autres, l’expression importante est כָל-הָעֲדָרִים, il fallait que tous les troupeaux soient là pour que tous les bergers à la fois aient la force d’enlever la pierre.

Donc, c’est là où l’on s’abreuvait lorsque tous étaient présents sinon il fallait remettre la pierre.  

 

29:4

וַיֹּאמֶר לָהֶם יַעֲקֹב, אַחַי מֵאַיִן אַתֶּם וַיֹּאמְרוּ מֵחָרָן אֲנָחְנוּ

Et leur dit Jacob: Mes frères, d’ou êtes vous ? Ils dirent nous sommes de ‘Haran.  

‘Haran est précisément l’endroit où la famille d’Abraham va quitter définitivement la civilisation antérieure d’Our-Qasdim qui a échoué pour se diriger et commencer l’histoire des Patriarches en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. C’est là-bas en cet endroit qu’à différents niveaux il faut retourner chercher la suite des engendrements : un ressourcement dans l’antérieur.

C’est la 1ère lecture :

- Jacob : Mes frères d’où venez-vous ?

- Ils dirent de ‘Haran.

  

29 :5

וַיֹּאמֶר לָהֶם, הַיְדַעְתֶּם אֶת-לָבָן בֶּן-נָחוֹר; וַיֹּאמְרוּ, יָדָעְנוּ

Et il leur dit: connaissez-vous Laban fils de Nahor ? Ils dirent : nous connaissons !  

 

29:6

וַיֹּאמֶר לָהֶם הֲשָׁלוֹם לוֹ וַיֹּאמְרוּ שָׁלוֹם--וְהִנֵּה רָחֵל בִּתּוֹ בָּאָה עִם-הַצֹּאן

Il leur dit Est-ce que la paix est avec lui ? Ils dirent : Paix ! Et voici Rachel sa fille qui vient avec le troupeau…  

C’est un dialogue extrêmement concis mais quel en est l’essentiel ?

Jacob retourne au pays d’où Abraham était parti pour ne pas revenir, et puis la 1ère chose qu’il dit c’est « mes frères », en s’enquérant d’un problème de paix, leur demandant d’où ils sont ...

Indépendamment de cette lecture Pshat du texte qui nous raconte l’événement : à un autre niveau de lecture : 

  

29:4

וַיֹּאמֶר לָהֶם יַעֲקֹב אַחַי מֵאַיִן אַתֶּם וַיֹּאמְרוּ מֵחָרָן אֲנָחְנוּ

Et leur dit Jacob : Mes frères, d’ou êtes-vous ?  

C’est très étrange de trouver ce terme de « mes frères » dans la bouche de Jacob qui vient de vivre l’expérience de l’échec de la fraternité avec son frère Esaü.

D’où vient justement qu’Esaü est ce qu’il est ? Cela vient précisément de la-bàs, de là-bas on ne sait pas qui sort : le רָשָע ou le צַדִּיק.  

 

מֵאַיִן אַתֶּם  D’où êtes-vous ?  

Si j’enlève le point d’interrogation cela peut se lire aussi comme une exclamation, une affirmation:

מֵאַיִן אַתֶּם : Vous venez du néant !

Il s’agit donc d’une déclaration théologique : « Mes frères, vous venez du néant ! »  

וַיֹּאמְרוּ, מֵחָרָן אֲנָחְנוּ Ils dirent : nous sommes de ‘Haran.  

 

Nous sommes de cet endroit-là : ’Haran, le point où il y a simultanément l’échec de la civilisation antérieure mais où sont restées les traces qui ont données naissance à la famille d’Abraham et qui sont le point de départ de l’histoire d’Israël. Or, חָרָן en hébreu signifie l’endroit de la colère.  

 

Il y a là, à ce deuxième niveau de lecture, un dialogue théologique important et non un simple dialogue de bergers : « Mes frères, vous êtes des créatures, vous venez du néant ».  

Nous avons appris dans le détail que l’épreuve donnée à la créature c’est la relation à l’autre créature.  

Par conséquent, une fois que nous sommes créés, le problème à résoudre c’est de devenir frère.

Voilà son programme. Ils dirent : non, notre histoire s’explique autrement. Nous venons d’une grande colère. A l’origine, il y a eu une grande colère. Le problème à résoudre est d’exorciser la colère. C’est le thème du péché originel ! Ce sont donc deux programmes radicalement différents. Celui de l’hébreu et la réponse de l’araméen. C’est l’affrontement de deux perceptions de la vocation d’Israël. La vocation d’Israël dite par Jacob tient en trois mots : אַחַי מֵאַיִן אַתֶּם 

וַיֹּאמְרוּ מֵחָרָן אֲנָחְנוּ  Ils dirent : non, non, nous sommes de ‘Haran.  

 

Il y a donc deux conceptions complètement différentes de la vocation d’Israël pour le תִּקּוּן la rédemption du monde.  

-  La 1ère à travers Jacob c’est - הַתּוֹרָה על פי - résoudre le problème de la fraternité.

-  La 2nde est païenne et consiste à exorciser magiquement la colère antérieure, la colère de l’origine.  

Alors Jacob va s’expliquer :

Vous parlez de ‘Haran la colère ? Ne restent-il pas des restes de cette famille d’Abraham à ‘Haran ?

Connaissez-vous Laban fils de Na’hor frère d’Abraham ?   

Ils dirent : Oui nous connaissons…

 

 29:5

Et il leur dit: connaissez-vous Laban fils de Nahor. Ils dirent nous connaissons  

 

29:6

Il leur dit : Est-ce que la paix est avec lui ?

Le problème de cette identité c’est le problème du שָׁלוֹם.

Ils dirent Paix ! Et voici Rachel sa fille qui vient avec le troupeau  

C’est dire que ce qui se cherche dans ces engendrements, c’est finalement l’homme capable de fraternité, l’homme capable d’unifier en lui les valeurs qui font que la fraternité est construite. 1ère étape Abraham. 2ème étape Isaac, et 3ème étape Jacob.  

Pour que les enfants d’Israël puisse être engendrés (on revient à notre Midrash) cela commence avec Rachel. On ne connait pas la suite. Il faut que Jacob ait son זוּג- בַּת. Comment est-il défini dans ce contexte ? Comme une femme qui est capable de porter le message de la paix. Cela ne peut sortir que de la famille d’où est sorti Abraham, famille encore isolée en ghettos ceux qui sont restés à ‘Haran parmi  « les gens de la colère » si j’ose dire. Voilà qu’apparait cette fille Rachel.

 

Midrash :

Lorsque Jacob est parti chez Laban c’est pour une Rachel, il n’y a donc pas d’anachronisme dans le Midrash.  

Retour à notre Midrash du Chapitre 37, verset 37:2

אֵלֶּה תֹּלְדוֹת יַעֲקֹב יוֹסֵף

 

1ère dimension :

Voici les engendrements de Jacob c’est Joseph, et il a dit que tous les autres engendrements sont seconds par rapport à Joseph puisqu’il est allé là-bas que pour Rachel.  

 

2ème dimension :

Ces engendrements des frères de Joseph attendaient dans l’exil jusqu’à que soit né Joseph. C’est ce qui est écrit - chapitre 30, verset 25:

וַיְהִי, כַּאֲשֶׁר יָלְדָה רָחֵל אֶת-יוֹסֵף וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב אֶל-לָבָן, שַׁלְּחֵנִי וְאֵלְכָה אֶל-מְקוֹמִי וּלְאַרְצִי

« Et il arriva quand Rachel a enfanté Joseph alors Jacob a dit à Laban : le temps de mon exil prend fin, je rentre... »  

Comme si Jacob n’était allé chez Laban que pour ramener Joseph avec lui.

 

Le Midrash va nous donner une précision importante. En fait, entre temps les autres tribus sont nées et ont leur importance radicale avec comme autre polarité Yéhoudah.  

Les autres תֹּלְדוֹת, les autres engendrements de Jacob, attendaient la naissance de Joseph puisqu’ils ne sont revenus en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל que lorsque Joseph est né. Joseph est défini ainsi par le Midrash :

« Il arriva lorsque Ra’hel enfanta Joseph, lorsqu’est né l’antagoniste de ce רָשָע qui était Esaü – c’est la force de Joseph qui aura raison de la force de Esaü comme antagoniste à Jacob. La naissance de Joseph est le signe de la fin de l’exil : il est capable de mettre fin à la domination d’Esaü sur Jacob.  

 

Chapitre 30, verset 25:

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב אֶל-לָבָן, שַׁלְּחֵנִי וְאֵלְכָה אֶל-מְקוֹמִי וּלְאַרְצִי 

Et dit Jacob à Laban : Renvoie-moi et j’irais vers mon endroit vers ma terre.  

La תּוֹרָה nous dit qu’ayant eu Joseph, Jacob va pendre acte que la fin d’exil est terminée. Jacob doit demander à Laban pour mettre fin au contrat de travail qui les lie. C’est le même scénario à chaque fin d’exil, étant donné qu’il y a un contrat de travail entre Israël et les nations, il faut donc prendre congé des Nations. שַׁלְּחֵנִי donne-moi congé.  

 

A la sortie d’Egypte, nous retrouvons le même scenario : il faut que le Pharaon consente pour qu’Israël puisse partir. La finalité centrale et essentielle des plaies d’Egypte c’était pour que Pharaon consente à laisser partir les Juifs. Il se ravise mais c’est trop tard.  

De la même manière à la fin du 2ème exil, la possibilité de quitter l’exil a été donné par Cyrus qui était la puissance politique de ce temps.  

 

De notre temps, il a fallu que la providence suscite la S.D.N. pour enregistrer la déclaration Balfour et invente l’ONU pour fonder l’Etat d’Israël. Ils se sont ravisés tout de suite après mais c’est trop tard...

 

On retrouve cela dans l’épisode de Moïse chez Jéthro : lorsque Moïse qui avait passé 40 ans chez Jéthro après la vision du buisson ardent sait qu’il va quitter Jéthro chez lequel il s’était installé en attendant doit prendre congé de Jéthro. Un Midrash sur le verset qui parle de l’installation de Moshe chez Yitro dit que Jethro lui a fait promettre un certain nombre de conditions dont celle-ci : l’avertir pour prendre congé. C’est un thème important : comment se fait-il qu’il faille attendre le bon vouloir des nations du monde ?  

 

La  2ème lecture parait aussi très significative:

 

Chapitre 30, verset 25 :

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב, אֶל-לָבָן, שַׁלְּחֵנִי וְאֵלְכָה, אֶל-מְקוֹמִי וּלְאַרְצִי

Et dit Jacob à Laban : Renvois moi alors  je m’en irai vers mon endroit vers ma terre.

Renvois moi alors je m’en irai...

Remarquez l’ordre et comment la fin de l’exil est définie.

 

Le Midrash continue :

« Qui les a fait descendre en Egypte (les autres תּוֹלְדֹת de Jacob) ? Yossef !

« Qui les nourrit ? Yossef ! »

« La mer des joncs ne s’est ouverte que par le mérite de Yossef. »  

Le Midrash raconte que la mer ne voulait pas s’ouvrir pour laisser les Hébreux quitter l’Egypte, mais c’est le mérite de Moïse d’avoir emporté les ossements de Joseph et le mérite de Joseph qui a fait s’ouvrir la mer.  

 

 

Comme il est écrit : Versets 16-17 du Psaume 77 :

גָּאַלְתָּ בִּזְרוֹעַ עַמֶּךָ  בְּנֵי-יַעֲקֹב וְיוֹסֵף סֶלָה

 « Tu as délivré par ta force, ton peuple les enfants de Jacob et de Joseph »

רָאוּךָ מַּיִם, אֱלֹהִים--רָאוּךָ מַּיִם יָחִילוּ  אַף, יִרְגְּזוּ תְהֹמוֹת

 « Les eaux t’ont vu (Elohim Dieu), les eaux t’ont vu et ont tremblé de peur et se sont effrayés... »  

C’est une allusion au passage de la mer rouge.

 

Et comment est appelé le peuple d’Israël traversant la mer rouge ? בְּנֵי-יַעֲקֹב וְיוֹסֵף!  

L’explication est simple : tous les enfants de Jacob sont ses enfants, mais son identité de Jacob se voit plus chez Joseph que chez les autres, parce que c’est pour Joseph qu’il a eu tous les autres.

Joseph est le 1er né de Rachel qui est la préférée de Jacob. Jacob, et non Israël, car Jacob est la dimension d’Israël de la vocation de l’exil. Jacob se voit dans Joseph, plus que dans ses frères.  

 

A partir des Patriarches, il y a deux vocations messianiques, toutes deux légitimes, mais qui lorsqu’elles n’arrivent pas à trouver leur point d’équilibre et leur ordre de préséance se combattent et se contredisent.

Il y a dans l’identité d’Israël une spécificité absolue. Il y a donc une tendance messianique de la spécificité absolue d’Israël à travers Judah et les frères de Joseph. Retenez l’expression : les frères de Joseph avec Yehoudah à leur tête.  

 

Alors que l’autre tendance de la messianité dans la relation à l’universel est représentée par Joseph. C’est ce qui se passe dans son histoire : on va quitter l’identité hébraïque pour la garder clandestinement pour se déguiser en égyptien pour être le sauveur de l’Egypte parce que l’Egypte c’est l’humanité.   

 

Lorsque l’on considère ces deux stratégies chacune pour elles-mêmes, séparées l’une de l’autre, elles sont exclusives l’une de l’autre et contradictoires. Leur conflit est en travail dans toute l’histoire d’Israël. Ce n’est qu’en fin de compte que cela va se mettre en place. Il ya d’abord la tentative Joseph et ensuite celle de Judah.  

La dimension Jacob, se voit plus dans Joseph que dans Judah.

Cela fait partie du procès que les frères de Joseph font à Joseph.  

Quelle est la motivation de cette décision de Judah et ses frères par rapport à Joseph, de rompre avec ce rêve qui est permanent chez les Patriarches ? Parce que finalement, Jacob se voit dans les rêves de Joseph. Joseph rêve les rêves de Jacob : Jacob berger chez Laban. Donc, effectivement Jacob (de nouveau nommé Jacob dans ce texte) quittera כְּנַעַן אֶרֶץ pour l’Egypte.  

 

Joseph ne savait pas ce qu’était l’exil. C’est quand il est né lui que Jacob est parti avec ses autres frères. Tandis que ses frères adultes ont fait le diagnostic de ce qu’était l’exil et que cette tentative à la Joseph, de Jacob berger de Laban pour transfigurer la civilisation de Laban mène à l’échec. Ils ont fait le diagnostic que cette tentative-là mène à l’échec. Ce diagnostic-là est déjà fait définitivement par Juda et ses frères à l’origine de notre histoire. Joseph est celui qui reprend ce rêve là. Cela est versé au dossier de son procès.  

Tous les récits historiques de la תּוֹרָה sont pour nous expliquer ces deux tentatives-là et nous montrer que celle de Joseph mène à l’échec. Puisque l’explication en gros plan de cela, c’est la sortie d’Egypte. Joseph a tenté de transfigurer la civilisation égyptienne elle est devenue ce qu’elle devenue : l’empire le plus totalitaire qui puisse exister avec les camps de concentration des Hébreux et c’est pourquoi il a fallu la sortie d’Egypte comme elle a eu lieu.

Tous le livre de l’Exode et tous les 5 livres sont complices de ce récit  pour nous expliquer que la tentative de Joseph, quelque soit sa légitimité de principe, mène à l’échec.  

C’est quand Juda prend le relai que la messianité commence.

Nous sommes ici tout au début de cette histoire et par conséquent le conflit est encore obscur.

 

2ème Midrash :

Cela nous conduit au 2ème texte du Midrash : Quel est le sujet ? Comment Jacob se voit chez Joseph ! Israël se voit chez Juda mais Jacob se voit chez Joseph !  

[Parenthèse sur la messianité chrétienne : les généalogies que les Evangiles donnent du Messie des chrétiens pose un problème dont aucun des théologiens chrétiens n’arrive à se sortir : le mélange des généalogies. Généalogie de Matthieu (juif Matatias avant de se convertir). 1er chapitre. Depuis Abraham 14 générations jusqu’à David. « Jacob engendra Juda et ses frères ». L’histoire du judaïsme. 14 générations de l’exil jusqu’à la fin du 1er temple et ensuite 14 générations qui mène au messie chrétien. Un certain Jacob qui engendre un certain Joseph dont on dit qu’il est le mari de Marie. On tient à donner à ce messie des chrétiens comme père terrestre historique un certain Joseph. On retrouve dans ce mythe, comme antagoniste du fils de Joseph  un certain Juda comme par hasard...

 

Le thème historique de la famille des Patriarches est repris sous forme mythique avec des options opposées. La 1ère fois c’est de l’histoire mais la 2ème fois c’est du mythe. Et nous sommes anti-ce-mythe. Cela signifie que le christianisme a voulu pousser à la limite la tentative de la messianité de Joseph. Ce que Joseph n’a pas fait in extremis : il s’est sauvé du danger d’être chrétien avant la lettre. Il est resté hébreu. Et lorsqu’il a diagnostiqué l’échec de sa tentative, il reçoit ses frères et leur demande de ramener ses ossements lorsqu’ils repartiront…  

 

Alors que l’identité judéo-chrétienne, à sa racine, a opté pour devenir Rome, l’Eglise catholique apostolique et romaine. Le postulat : Jusque-là, l’ancien testament nous a raconté la tentative du  « juda-ïsme » et maintenant nous fondons le « Joseph-isme », mais vraiment, jusqu’à Napoléon et Joséphine...  

 

En disant en clair que l’adversaire, le traitre, c’est un certain Juda comme par hasard et que les Apôtres était 12 comme les enfants de Jacob... Cela veut dire que les fondateurs du christianisme savaient ce qu’ils faisaient et quel mythe ils racontaient. Ils ont fait ce en quoi ils ont cru. Aller en Rome pour judaïser Rome et ils se sont fait romaniser. Les rabbins ont interdit cette stratégie d’utiliser l’uniforme de l’ennemi pour le vaincre.  

C’est là le danger de la tentative Joseph. Et la תּוֹרָה nous raconte ce danger. Pendant tout ce temps, il y a une éclipse, on ne sait pas ce qu’il fait : n’est-il pas devenu le pape du Pharaon ?

En fin de compte il se reconnait et s’affirme comme hébreu et l’exil est fini.

 

Dans la 1ère étape il y a le danger de cette culbute dans l’échec.

Tout le récit de la תּוֹרָה n’est que pour nous faire savoir cela : la tentative de Joseph quelque soit sa légitimité n’est qu’un échec en fin de compte. Cela nourrit le propos de Juda et ses frères contre Joseph à ce niveau. Finalement, Joseph va être sauvé, on va le gracier. Après l’attente, tous ses frères vont le rejoindre et s’adjoindre à sa stratégie de messianité. Et même avec tous ses frères avec lui, cela mène à l’échec quand même, les barbares restent de barbares.

 

Midrash : comment Jacob se voit dans Joseph:

 

Verset 37 :2

אֵלֶּה תֹּלְדוֹת יַעֲקֹב, יוֹסֵף  

Il s’agit ici de תֹּלְדוֹת – événements.  

« Le verset n’avait pas à dire cela mais   רְאוּבֵן , אֵלֶּה תֹּלְדוֹת יַעֲקֹב » « Que veut dire Joseph ? » « Tout ce qui est arrivé à celui-là Jacob est arrivé à celui-là Joseph » « De même que Jacob est né מַהוּל circoncis, de même celui-ci Joseph est né מַהוּל...etc. »   

On apprend que Jacob est né circoncis car le verset dit « וְיַעֲקֹב אִישׁ תָּם » et on apprend d’Abraham que « וֶהְיֵה תָמִים» c’est la circoncision.  

 

« De même que la mère de celui-là (Jacob) était empêchée (Rivqah) d’avoir des enfants, de même la mère de celui-ci (Rachel) était empêchée. »  

Tout de suite dans l’histoire d’Abraham – cf. les derniers versets de la Parashah נֹחַ – on nous apprend que Saraï était la femme d’Abraham et un verset nous dit «  וַתְּהִי שָׂרַי, עֲקָרָה  c’est Saraï qui était empêchée d’enfanter ». Le thème est le suivant : les lignées humaines se développent, les lignées de l’échec, de l’impasse, se démultiplient, sans avoir ce problème si spécifique de l’histoire des Patriarches hébreux que la matrice qui doit enfanter n’enfante pas !

Par là où cela ne passe pas on ne s’en occupe pas, mais là où cela passe vraiment, alors on empêche  pour éviter toute approximation tant qu’il n’y a pas la maturité nécessaire pour que l’enfant attendu soit vraiment lui-même et pour éviter tout risque de l’approximation qui est dangereuse.

 

D’où ce que dit le Midrash.  

De même que sa mère enfanta deux (Yaaqov et Esaü), de même sa mère enfanta deux (Joseph et Benjamin) 

De même l’aîné Jacob, de mène l’aîné Joseph...

De même pour Jacob sa mère a des difficultés d’enfantement, de même pour Joseph sa mère

De même que Jacob est haï de son frère, de même Joseph est haï de ses frères

De même que son frère a voulu le tuer…

De même que Jacob est berger... ...etc.  

Cela veut dire que Jacob se voit dans Joseph plus que dans les autres.

 

וַיֵּשֶׁב  37:3:

וְיִשְׂרָאֵל, אָהַב אֶת-יוֹסֵף מִכָּל-בָּנָיו--כִּי-בֶן-זְקֻנִים הוּא, לוֹ; וְעָשָׂה לוֹ, כְּתֹנֶת פַּסִּים

Et Israël aima Yossef plus que tout ses autres fils Car il est pour lui un fils de la vieillesse

Et il lui fît une tunique (différentes des autres).

 

Rashi : sur verset 3    

בֶּן זְקֻנִים

שֶׁנּוֹלָד לוֹ לְעֵת זִקְנָתוֹ וְאוּנְקְלוּס תִּרְגֵּם בַּר חַכִּים הוּא לֵיהּ כָּל מַה שֶּׁלָּמַד מִשֵּׁם וְעֵבֶר מָסַר לוֹ. דָּבָר אַחֵר שֶׁהָיָה זִיו אִקּוּנִין שֶׁלּוֹ דּוֹמֶה לוֹ

Le fils de sa vieillesse (זְקֻנִים) Il lui était né à l’époque de sa vieillesse. Le Targoum Onqelos traduit par : « un fils intelligent ». Tout ce qu’il avait appris auprès de Chem et ‘Evèr, il le lui avait transmis (Beréchith raba 84, 8). Autre explication : Il avait les mêmes traits de visage (זִיו אִקּוּנִין) que lui-même (ibid.).

 

Rashi כִּי-בֶן-זְקֻנִים , qui  lui a été enfanté au temps de sa vieillesse : le sens Pshat

La traduction d’Onqelos donne: בַּר חַכִּים  = חֲכָם בֵּנ

On apprend d’autre par que זָקֵנ ne veut pas dire « vieux » mais signifie « vieillard » dans le sens de sage. Le Midrash interprète le terme de זָקֵנ : חוֹכְמָה קָנָה זֶּה– celui-là a acquis la sagesse.  

Il y a deux sortes de sagesse : celle  du contenu des connaissances et celle qui vient de l’âge que l’on appelle Ziqnah.  

Si on veut dire qu’il est une personne âgée, on dit שֵׂיבָה ou en araméen Savah grand-père – le plus vieux, tandis que זָקֵנ signifie cette sagesse-là qui vient avec l’âge.

 

Rashi

בֶּן זְקֻנִים : cela nous explique pourquoi il est préféré : il est l’enfant de son expérience de la  vieillesse mais aussi l’enfant sage

Tout ce que Jacob avait appris à l’école de Shem et de Ever, il lui a transmis à Joseph. (Beréchith raba 84, 8)

Autre explication : שֶׁהָיָה זִיו אִקּוּנִין שֶׁלּוֹ דּוֹמֶה לו

Il avait les mêmes traits de visage (זִיו אִקּוּנִין) que lui-même (ibid.).

Ce זִיו = la lumière dans la nuance de luminescence...

 

 

 

 

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