L’OEUVRE DE LA CRÉATION
LES ENGENDREMENTS
JUIFS OU HÉBREUX
ISRAËL ET LES NATIONS
MESSIANISME
THÈMES FONDAMENTAUX

NOAH - SÉRIE 1995

Le cours

 

(1995) נֹחַ

  

Rédigé et mis en forme à partir d'un enregistrement :

 

Chapitre 6.

 

Le thème essentiel est celui du déluge. Cette Parashah recouvre dix générations de l’histoire de l’humanité. Il y a 10 générations de הָרִאשׁוֹן אָדָם à Noah qui nous sont racontées dans la Parashah de בְּרֵאשִׁית et puis 10 générations de Noah à Abraham qui nous sont décrites dans la Parashah de Noah. 

 

Il y a 2 sujets principaux auxquels je voudrais toucher : la génération du déluge avec son personnage principal Noah, et le sujet qui le concerne centralement : la définition de צַדִּיק, première occurrence du terme dans la תּוֹרָה. En particulier le fait qu’il y ait dans la tradition juive, deux catégories de justes, le juste selon Noah et le juste selon Abraham.  

Etant donné que la définition du juste est la conformité à la loi que Dieu a révélée, la question est de savoir s’il peut y avoir des justes en dehors d’Israël ? Précisément, on apprend que le 1er homme duquel il est dit qu’il était juste n’était pas d’Israël.

 

Nous avons donc à découvrir  cette catégorie du juste des nations qui est une formule assez difficile parce que cette expression « בְּאוּמוֹת הָעוֹלָם צַדִּיק » n’existe pas vraiment. On trouve plutôt celle de « חָסִידֵי אוּמוֹת הָעוֹלָם» les pieux des nations ». C’est la définition du ‘Hassid qui est utilisée et qui est au-delà du צַדִּיק nous verrons pourquoi on emploie cette expression.

 

Deux Mishnayot importantes posent le problème de la notion de salut, pour Israël d’une part, et pour les nations de l’autre.

 

Sanhedrin 11:

כל ישראל יש להם חלק לעולם הבא

Tout Israël a part au monde à venir, Et voici ceux qui n’y ont aucune part…

La Guemara énumère les catégories de ceux qui, bien que nés d’Israël, ont perdu leur part du monde à venir ... il a des cas de définitions très précises. 

חָסִידֵי אוּמוֹת הָעוֹלָם יש לחם חלק לעולם הבא

Les pieux des Nations ont part au monde à venir.  

Il y a là deux sorts différents pour les membres des nations et pour les membres d’Israël quant à la participation au monde à venir.

 

Pour Israël c’est à priori pour tous, car c’est une question d’identité nationale des descendants des Patriarches. Et voici ceux qui se sont exclus :

 

La Guemara du traité Sanhedrin 11 discute pour récupérer le plus possible d’entre eux. Ce sont des catégories d’individus. Il y a eu une grande discussion au moyen-âge concernant les articles de foi qui feraient que si on n’y adhérait pas on serait en dehors de la communauté des croyants.  

 

On a retenu le principe de l’un de ces grands personnages : Josef Albo qui demanda qu’on réduise au minimum le nombre d’articles de foi parce que ce sont autant de trébuchements possibles que l’on a entre l’identité d’Israël et la conscience qu’elle a d’elle-même.  

 

Cf. les 13 articles de foi de Rambam qui sont treize conditions auxquelles il faut adhérer pour être d’Israël.... C’est trop. Cela signifie que si la communauté n’arrivait pas à percevoir l’évidence de l’un de ses articles elle serait en dehors du salut par insuffisance d’une fonction humaine finalement très secondaire par rapport au salut.  

Par exemple : Si quelqu'un ne comprend pas la résurrection il risque d’être disqualifié alors qu’il s’agit uniquement d’une insuffisance de compréhension.

 

Guemara Sanhedrin 11:

On retient après Joseph Albo qui a donné les trois grand principes de la foi d’Israël et on n’en retient qu’un seul : הַשָּׁמַיִם מִן תּוֹרָה: le fait de reconnaitre que la תּוֹרָה est révélée, donc du dehors de la conscience de l’homme.

Révélée cela ne signifie pas l’approximation des intellectuels modernes pour lesquels  révélé=inspiré. Mais la תּוֹרָה est révélée הַשָּׁמַיִם מִן.  

Effectivement, toutes les autres données des articles de foi proposés par les théologiens sont des connaissances auxquelles on adhère, intérieures à ces conditions sine qua non de l’appartenance à Israël.   

C’est très différent des autres religions pour lesquelles on est sauvé à travers un crédo alors que le salut pour Israël est un problème d’identité.

 

Finalement, on s’aperçoit que les théologiens ont suivi en fin de compte ce principe qu’il ne faut pas trop multiplier les risques d’échec et d’obstacle, ne pas multiplier le nombres de portes. Il faut une seule porte pour entrer dans la maison et il faut qu’elle soit ouverte.  

 

***

1- Les 2 catégories de צַדִּיקִים:

=> Selon Noah

=> Selon Abraham

 

2- הָפֶּלָגָה דּוֹר

Après דור המבול - la génération du déluge - il faudra caractériser la faute corollaire de cette génération, ce qui la définit du point de vue de l’option du mal, et bien il y a הָפֶּלָגָה דּוֹר - la génération qui a suivi l’épisode de la tour de Babel : la dispersion elle-même après la confusion des langues. הָפֶּלָגָה דּוֹר –  פּ-ל-ג-ה פֶּלָגָה veut dire diaspora dans le sens étymologique  - lorsque l’unité est « diasporée ».  

 

L’unité humaine était alors réelle, et non seulement sous forme d’espoir comme actuellement. Elle existait même concrètement jusqu’à la tour de Babel et il faudrait des heures pour décrire un tel phénomène : de quoi il s’agit, un universel humain réel et pas seulement des idéaux d’universel humains que les hommes de tout temps et les humanistes des derniers siècles ont défini comme l’idéal de l’unité humaine universelle.  

 

C’est là un idéal « pneumatique » comme disent les théologiens. L’unité concrète existe et va disparaître. Elle n’a pas vraiment disparu mais est restée en creux, en exigence. Chaque fois qu’une civilisation arrive à un certain stade d’élaboration et d’évolution, elle retrouve cette exigence d’universel. On apprend de l’histoire que toute tentative s’est traduite par un échec.  

Car toutes les tentatives d’universalisme ont basculé dans l’impérialisme. On verra les conflits entre l’humanité entière à la recherche de l’universel mais tombant dans l’impérialisme, et le rêve et l’idéal, et la tentative et l’histoire messianique d’Israël à partir d’Abraham.

 

C’est une rivalité étonnante car il s’agit d’un tout petit peuple et de l’humanité entière dans sa recherche historique de l’universel humain.

 

Toutes les grandes civilisations qui ont tenté de rebâtir l’universel humain sont devenues des impérialismes. La dernière connue fut l’empire soviétique qui est partie d’un rêve, d’un idéal réel d’universalisme socialisme qui a basculé tout de suite dans l’impérialisme de l’union soviétique. Un grand échec. Le prochain sera sûrement l’impérialisme américain.  

On s’apercevra que tous ses impérialismes-là ont une caractéristique commune : l’antisémitisme. La haine absolue de l’identité juive de manière absolue.

  

Les Juifs, à travers une longue tradition de diaspora, sont habitués à penser que l’être de diaspora est connaturelle à l’identité juive et qu’être juif c’est naturellement être membre d’une diaspora issue d’une dispersion.  

D’après la תּוֹרָה c’est tout le contraire. La diaspora est celle de l’humanité : c’est l’humanité des nations qui est en diaspora de l’unité humaine. Les גּוֹיִם sont le résultat de l’éclatement de l’unité humaine à Babel et que la diaspora d’Israël n’est que seconde, fixée, greffée sur la diaspora humaine en vue de réunifier la civilisation messianique.

 

L’expérience montre que les Juifs sont conditionnés par une longue histoire de 2000 ans. Le postulat est que la façon normale d’être juif c’était d’être en diaspora et que ces israéliens, ces juifs redevenant hébreux, doivent se justifier face au juif normal qui serait celui de l’exil.  

Cela vient de la force d’inertie de 2000 ans de diaspora qui réussit à inverser les évidences et de faire croire l’anormal normal.   

Toutes les études honnêtes que l’on peut faire montrent que l’identité juive s’est toujours connue comme une identité provisoire entre deux temps hébreux : la nostalgie du passé hébreu et l’espérance de l’avenir hébreu.  

 

Nous sommes dans une période de transition de la fin de la parenthèse, et c’est d’autant plus dramatique que même dans la civilisation israélienne, la plupart des israéliens d’origine juive croient que l’identité juive normale réside dans sa dispersion. (Le modèle américain est en train de devenir le modèle de l’identité juive moderne.)  

Chaque fois dans l’histoire de la diaspora de l’identité juive, qui a toujours eu conscience d’elle-même comme cela, une parenthèse entre 2 temps hébreux, chaque fois qu’il y a eu symbiose entre les Juifs et la nation, il s’est produit une catastrophe. Lorsque le temps de décrochage est venu il y a toujours eu un retard et une catastrophe à suivre.  

 

C’est vrai depuis le début de l’histoire d’Israël à Our Qasdim. La symbiose entre l’hébreu et le babylonien avait réussi : c’était l’araméen. Une catastrophe survient.

C’est une Shoah monumentale dont le Midrash nous a laissé la trace et dont la famille d’Abraham a été rescapée. Si on étudie l’histoire de la famille d’Abraham dans le Midrash, on étudie l’histoire du judaïsme européen au temps de la Shoah.   

Our Qasdim, signifie littéralement la capitale de Qasdim, le Midrash lit : la fournaise de Qasdim. Le Midrash dit qu’un tiers des hébreux a été jeté dans les fours crématoires et surtout les enfants.

On a oublié tout cela...

 

Deux exemples récents : sefardim et ashkénazes.

La symbiose judéo-espagnol a été une symbiose très réussie : l’âge d’or judéo-espagnol. Il s’agit ici des sefardim au sens de descendants des Juifs espagnols et non au sens de Juifs de culture arabe quoique le séfardisme est à l’origine arabe et a été ensuite traduit en espagnol lorsque l’Espagne chrétienne a conquis l’espace maure. Dans l’âge d’or espagnol, rien d’espagnol, tout est judéo-arabe. La seule œuvre en judéo-espagnol est tardive : le Meam Loez, un grand commentaire populaire rédigé en judéo-espagnol. Cela correspond à des ouvrages analogues dans le monde yiddish.  

 

La symbiose séfarade judéo-espagnole a été une réussite extraordinaire mais le signe d’une assimilation massive des Juifs de diaspora. Les sefardim, juifs espagnols, aujourd’hui, sont descendants des rescapés de ces communautés. La grande masse de ces communautés s’est assimilée. Il y a eu beaucoup de conversions au christianisme et la réaction au phénomène de conversion avec le marranisme ou la fuite dans l’urgence...  

Résultat de cette symbiose judéo-espagnole : les Juifs se sont pris pour des espagnols !

Réaction espagnol : l’inquisition et ses bûchers.

 

Le même phénomène s’est produit plus tard en Allemagne avec une symbiose culturelle colossale. On en paie encore les conséquences. Une richesse du point de vue culturelle humaniste générale. Même chose : les juifs allemands se sont pris pour des allemands et il y a eu une réaction allemande...

 

Actuellement, la synthèse qui est en train de réussir, c’est en Amérique. Là aussi on vient d’être alerté par ce qui risque d’arriver. L’antisémitisme américain commence par les noirs et beaucoup de blancs américains se feront intoxiquer par cette propagande nazie. Il faut s’attendre à une Alyah de catastrophe en provenance d’Amérique. Le gouvernement israélien a pris les devants en préparant une loi pour changer la loi du retour : interdire l’Alyah aux juifs qui ne seraient pas politiquement corrects. (Lisez Sanhedrin p. 90)  

 

Il y a une règle qui apparait : dés que la symbiose a réussie, dés qu’on n’en décroche pas à temps, la catastrophe survient. C’est ainsi qu’Israël a commencé au temps d’Abraham à Our Qasdim.

 

***

 

2 thèmes :

Notion de צַדִּיק selon Noah et notion d’universel à propos de Ever - personnage central de פֶּלָגָה- et qui est l’ancêtre d’Abraham et le descendant de Noah dans la lignée de Shem.

Les thèmes sont liés : la תּוֹרָה nous raconte l’histoire de Noah pour nous raconter l’histoire de Noah. Le lien entre Abraham et Noah c’est Ever, l’identité hébraïque qui est une des identités sémitiques issues de Shem.

 

Parashah נֹחַ  Chapitre 6, verset 9

נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה בְּדֹרֹתָיו אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ, אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ

Voici les engendrements de Noah, Noah était un homme juste et intègre 

 

תָּם est traduit par « simple », mais ce n’est pas la simplicité d’esprit mais la naïveté profonde qui n’a pas besoin d’intellectualité pour exprimer la vertu -  תָּמִים signifie parfait au sens de perfection corporelle et morale simultanément. Traduit par le terme « intègre » pour donner cette notion d’intégralité et d’intégrité. 

 

בְּדֹרֹתָיו dans ses générations 

אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ Noah se conduisait avec Dieu.

 

Avec un personnage antérieur à Noah, ‘Hanokh, on rencontre la même expression. Il est aussi un des grands צַדִּיקִים des 10 générations qui ont précédées et qui vont d’Adam à Noah.  

C’est le juste qui n’arrive pas à sauver sa génération mais cependant il est juste et c’est pourquoi la תּוֹרָה tient à le dire. La génération de Noah n’a pas été sauvée par son juste Noah. C’est le contraste avec la génération d’Abraham qui a été sauvé par Abraham. Abraham est le juste qui sauve sa génération. La génération du déluge a été perdue dans le déluge.  

 

Au fond, d’après ce que la תּוֹרָה nous en dit, elle le méritait. Mais la génération d’Abraham a été sauvée par Abraham. N’aurait-il pas mieux valu qu’elle soit aussi punie comme celle du déluge ? Et qu’une histoire commence avec Abraham sans les scories ni les déchets de cette génération d’Abraham qui recouvre l’histoire de l’humanité jusqu’à la fin des temps ?  

Pour qui prie Abraham ?

Pour les crapules de Sodome et Gomorrhe !

Ce qui fait que si la prière avait réussi, nous aurions dans le monde l’hérédité de Sodome et Gomorrhe, qui existe toutefois mais en tendance de l’humanité.  

 

***

 

תּוֹלְדֹת: le problème d’exégèse que je veux signaler se pose à propos du sens du mot תּוֹלְדֹת.

Nous sommes habitués que le terme תּוֹלְדֹת  signifie d’abord les engendrements.  

Ici les Mefarshim sont partagés pour la raison suivante.

Le mot de תּוֹלְדֹת  - engendrements, va devenir le terme qui est employé dans la tradition pour dire l’histoire, car l’histoire essentielle est celle des engendrements, beaucoup plus que l’histoire des événements. L’histoire des engendrements signifie la modification de l’identité humaine à travers les généalogies. Et puis, dans l’ordre de cette modification du sujet de l’histoire événementielle se passe des événements importants que la תּוֹרָה raconte mais l’essentiel de l’histoire n’est pas les événements mais l’homme. Alors l’histoire de l’homme est l’histoire des engendrements de l’homme : untel a engendré untel qui a engendré untel... 

A chaque génération le nom de l’homme c’est le nom de l’homme et pas seulement le nom du personnage.  

 

C’est une science peu connue mais qui est étudiée dans la Kabbalah, de la même manière que Adam signifie simultanément Monsieur Adam et l’homme, Caïn signifie la personne Caïn et une manière d’être homme qui s’appelle Caïn - l’homme de la 2éme génération. A partir de Adam on a perdu la filiation, mais  c’est dans la Kabbalah surtout le Sefer haGilgoulim de l’élève du Ari, Rabbi ‘Hayyim Vital, où l’on apprend l’identité humaine à chaque génération jusqu’à l’identité du fils de l’homme réussie qui sera le מַשִיחַ  de la fin des temps.  

Ici, on s’attendrait a ce que l’expression אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ signifie les engendrements. Et on attend tout de suite וַיּוֹלֶד נֹחַ שְׁלֹשָׁה בָנִים qui n’est qu’au 2ème verset. Voici les engendrements de Noah : שֵׁם, חָם, יָפֶת...  

 

Or, au lieu de nous en parler on nous parle de Noah ?  

 

Certains commentateurs proposent de lire : Voici l’histoire de Noah, l’histoire de Noah c’est qu’il était צַדִּיק. Et ce צַדִּיק a enfanté 3 fils... Ce sont deux lectures différentes tranchées.  

J’en profite pour vous indiquer quelque chose d’important dans l’étude du מִקְרָא, c’est ce qu’on appelle le Qri Ktiv. Il y a très souvent des mots écrits de façon défective. Il leur manque des lettres, des consonnes. Il y a  מָלֵא - plein - et il y a חָסֵר - défectif.

 

Il y a 13 fois dans la תּוֹרָה le mot de תּוֹלְדֹת.  

 

La première occurrence est au chapitre 2 de בְּרֵאשִׁית pour annoncer l’histoire de הָרִאשׁוֹן אָדָם. אֵלֶּה תוֹלְדוֹת הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ, בְּהִבָּרְאָם  

Au verset 5 du chapitre 2, תּוֹלְדוֹת  y est ici écrit מָלֵא avec les deux  וֹ   

Ensuite le mot de תוֹלְדוֹת  est indiqué pour les différents engendrements que la Bible analyse et il est toujours écrit חָסֵר: il  lui manque un וֹ, soit le 1er soit le dernier.

Il y a un cas particulier pour les תֹּלְדֹת  d’Ismaël où les deux וֹ  manquent.  

Il y a des tentatives d’engendrements qui sont défectives jusqu’à l’aboutissement messianiques et d’autres plus fructueuses.  

On est averti qu’il s’agit d’une approximation lorsqu’il manque le ו ou les deux pour Ismaël.  

La 13ème occurrence se trouve dans le livre de Ruth pour les engendrements qui mènent à David et c’est écrit מָלֵא avec les deux וֹ.

 

D’habitude, la Parashah est nommée par le 1er mot important du verset : Normalement cette Parashah de Noah aurait due être nommée תוֹלְדוֹת  Comme ici « אֵלֶּה תוֹלְדוֹת... »  

Mais il faut attendre la naissance d’Yitzhak pour que la Parashah soit nommée תוֹלְדוֹת  .

La première indication de réponse est dans le תּוֹלְדֹת  ‘חָסֵר: ce ne sont pas encore les vraies תוֹלְדוֹת, il faudra attendre Abraham pour que les vrais תוֹלְדוֹת commencent. Mais même pour le verset d’Isaac le mot deתּוֹלְדֹת  est aussi חָסֵר.  

 

Parashah תּוֹלְדֹת  - Chapitre 25:19:

וְאֵלֶּה תּוֹלְדֹת יִצְחָק, בֶּן-אַבְרָהָם  אַבְרָהָם הוֹלִיד אֶת-יִצְחָק  

On attend du verset qu’il dise qu’Isaac engendra Esaü et Jacob. Mais ici on revient en arrière parce qu’il y a écrit הוֹלִיד  et non יָלָד

 

Alors on explique qu’Abraham a enfanté avec Isaac les enfants d’Isaac, il a participé à l’enfantement. C’est-à-dire que l’identité d’Abraham s’est adjointe à celle de Isaac pour engendrer  les enfants d’Isaac et c’est pourquoi, comme pour Abraham pour lequel il y a eu un צַדִּיק et un רָשָע, alors pour Isaac aussi il sort un צַדִּיק et un רָשָע , cela vient d’Abraham.  

 

Le point de départ de l’engendrement de l’identité d’Abraham est l’identité araméenne qui est sortie d’Our Qasdim. Abraham s’appelait alors אַבְרָם (אַבְ – רָם). Il a deux noms ensuite lorsqu’il s’est hébraïsé, il s’appelle Abraham. Il y a là une notion qu’il faudrait approfondir d’autre part, l’identité d’exil des hébreux en Babylonie était l’identité araméenne. Un peu comme l’identité des hébreux dans l’exil de Rome était l’identité juive. Le Juif est alors toujours Judéo quelqu’un d’autre. En symbiose. L’hébreu est un hébreu, un point c’est tout. Mais l’hébreu de l’exil est toujours en symbiose avec une autre identité culturelle. L’hébreu de l’exil est araméen.  Abraham ramène avec lui ce que les kabbalistes appellent la qlipat Aram – l’opacité araméenne - qu’il faut qu’il évacue. C’est pourquoi il y a trois générations de sélection d’identité pour arriver à Yaaqov-Israël.  

 

La קלִפָּה extérieure est partie avec Ismaël, la קלִפָּה intérieure est partie avec Esaü.

C’est pourquoi c’est Yaaqov seul qui deviendra Israël.

Israël commence avec Abraham mais ce n’est pas Abraham qui est déjà Israël. Il faut cette sélection d’identité dans les engendrements pour que l’identité d’Israël apparaisse.  

Toutes les lignées qui partent de la famille d’Abraham se sont instaurées comme rivaux d’Israël.

 

Les 2 lignées d’Amon et Moab viennent de Lot et à l’origine il s’agit de l’identité araméenne de la famille d’Abraham qui devient Amon et Moab, la lignée d’Ismaël, celle de Laban ...

Ismaël d’une part et Esaü de l’autre. La massivité de l’islam et du christianisme.

Il y a la rivalité araméenne restée araméenne c’est à dire la descendance de Bethouel, fils de Nahor frère d’Abraham, c’est à dire Laban – l’hébreu de l’exil qui reste araméen et qui devient le pire rival de Jacob.

 

Toute cette typologie lorsqu’elle est étudiée attentivement donne le vertige, parce qu’effectivement ce sont les rivalités qu’Israël rencontrent. …..

 

…..l’épuration définitive avec David. C’est pourquoi c’est David qui est considéré comme le 4ème pilier de la מֶרְכַּבַה: Abraham-Isaac-Jacob-David. Il a fallu attendre tout ce temps-là pour que la lignée des engendrements arrive à une lignée messianique de façon irréversible à partir de David. L’alliance avec David c’est l’alliance messianique irréversible.

 

בְּרֵאשִׁית - בְּרֵאשִׁית Chapitre 6, Verset 8 : 

וְנֹחַ מָצָא חֵן בְּעֵינֵי יְהוָה

Et Noah a trouvé grâce aux yeux de Hashem   

 

Au moment où le déluge est décrété, on apprend que le déluge, au verset 7, est décrété sur toute l’humanité, et le Talmud indique : y compris Noah.  

 

Talmud – Sanhedrin 108

« Et Noah a trouvé grâce ». On a enseigné à l’école de Rabbi Ishmaël : « même sur Noah a été scellé le décret du jugement du déluge, mais il a trouvé grâce. Ainsi qu’il est écrit : j’ai regretté de les avoir faits et Noah a trouvé grâce aux yeux de Hashem »  

 

Il faudrait plusieurs heures pour expliquer ce que signifie que Dieu regrette ce qu’il a fait. Simplement je vous signale pour les plus érudits que le jugement négatif porte sur la forme que cela a fini par prendre et c’est la différence qu’il y a entre בְּרִיאָה et עֲשׂיָּה. Il les a créé parfaits pour le projet de la création et voilà ce qu’ils sont devenus : alors le jugement porte non sur ce que Dieu a fait mais sur ce qu’ils sont devenus.

 

Notre difficulté ici :

On apprend de ce verset que Noah a trouvé grâce alors que le verset suivant de la Parashah Noah nous dit qu’il était צַדִּיק. 

C’est un problème théologique colossal : s’il a trouvé grâce, il a trouvé grâce, mais s’il est juste il n’a pas  trouvé grâce ? Est-il sauvé parce qu’il est juste ou parce qu’il a trouvé grâce ?        

Il y a là une impasse de lecture.  

Le commentaire de Rashi vise à nous empêcher de croire que c’est parce qu’il était צַדִּיק qu’il a trouvé grâce. Les mots vont avoir leur sens simple : trouver grâce signifie que c’est gratuit. Si je dis qu’il est צַדִּיק la question de la grâce reste entière. D’où la seconde question : pourquoi dit-on qu’il est צַדִּיק?  

Dans la lecture chrétienne : le צַדִּיק est précisément celui qui a la grâce.  

חֵן signifie la gratuité. חֵן  c’est la Pnimiout de חֶסֶד.  La force intérieure de la charité c’est la grâce. La lumière intérieure de la charité c’est la grâce, la Pnimiout de חֶסֶד c’est חֵן. חֵן  c’est gratuit, donné précisément à celui qui ne le mérite pas, sinon on n’aurait pas à la gracier.  

La conduite de charité n’a de sens que par rapport à quelqu’un qui ne le mérite pas. Parce que s’il mérite cela n’est que Justice. On voit ici la collision de concept entre צַדִּיק etחֵן  .  

 

D’où les deux questions :

 

=> Pourquoi a-t’il trouvé grâce, lui est pas un autre ? (Surtout pas parce qu’il est צַדִּיק sinon il ne s’agit pas de grâce)

 

=> Pourquoi la תּוֹרָה nous a dit qu’il est צַדִּיק ?  

 

Midrash : « et Noah a trouvé grâce dans les yeux de Dieu ; et dans les yeux de Noah, Dieu n’a rien trouvé même pas le commencement d’une larme ».  

Cela veut dire que Dieu révèle à Noah qu’Il va détruire l’humanité et d’autre part Noah ne pleure même pas, ne prie même pas, et d’autre part on découvre qu’il est צַדִּיק ?

Il y a des צַדִּיקִים comme cela.

Zohar : חֵן  est l’anagramme de נֹחַ, c’est exactement l’image inversée dans Noah.

 

וְנֹחַ מָצָא חֵן בְּעֵינֵי יְהוָה -.

Quand Noah se regarde dans les yeux de Dieu il trouve חֵן  son image inversée.  

Si la תּוֹרָה a besoin de nous dire qu’il est צַדִּיק pour nous faire comprendre pourquoi il a trouvé grâce, le verset serait différent : וְנֹחַ מָצָא חֵן בְּעֵינֵי יְהוָה

Or, on nous dit qu’il est צַדִּיק après nous avoir dit qu’il a trouvé grâce.

אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ נֹחַ אִישׁ צַדִּיק  

 

La solution nous est donnée par Rashi.:  

Puisque le texte a mentionné Noah, il nous en dit la louange (il est צַדִּיק). (Pour pas que nous croyons qu’il était רָשָע, mais ce n’est pas parce qu’il était צַדִּיק qu’il a été sauvé. Il l’a été vraiment par grâce). Cela on l’apprend un verset des Proverbes : le souvenir d’un juste est en bénédiction.  

 

C’est l’origine de l‘habitude lorsque l’on mentionne une personne décédée :

זִכרוֹנו לבְּרָכָה ז"ל

זֵכֶר צַדִּיק לבְּרָכָה זצל 

 

L’explication de Rashi est la suivante : ne crois pas qu’il trouve grâce parce qu’il est צַדִּיק, il trouve grâce et la תּוֹרָה ne veut pas laisser entendre que Dieu a gracié un רָשָע ou qu’un צַדִּיק ne serait pas gracié.

 

Mais la première question demeure : Pourquoi a-t’il donc trouvé grâce ?

Une des réponses des commentateurs : La raison se trouve dans sa descendance. Regardez bien la suite des versets :

 וְנֹחַ, מָצָא חֵן בְּעֵינֵי יְהוָה

אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ--נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו:  אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ

 

C’est parce que dans la descendance de Noah se trouve Abraham que Noah a été sauvé. C’est Abraham qui a sauvé Noah. Ce sont les תּוֹלְדֹת  de Noah qui ont sauvé Noah.

La formule araméenne du Talmud est : Bera Mézaké Aba : Il arrive que le fils fasse mériter le père.  

Que signifie cela qu’Abraham qui naîtra dans 10 générations sauve Noah ?

Pourquoi Noah et pas quelqu’un d’autre de cette génération ?

C’est un problème à poser de façon délicate car c’est aussi le problème des rescapés de la Shoah.

Il faut vraiment éviter les analogies et les correspondances arbitraires.

 

Dans la génération, il y avait d’autres צַדִּיקִים. On apprend d’autre part que dans chaque génération, il y a 36 justes au moins. En réalité il y en a 72.

C’est l’origine de l’expression 36 chandelles.

Il y a 36 lumières perpétuelles.

Si vous comptez les lumières de ‘Hanoukka vous aurez des surprises.

Il y a 36 צַדִּיקִים d’Israël et 36 צַדִּיקִים des אוּמוֹת הָעוֹלָם par génération. Cela fait 72.

 

Pour les contemporains de Noah son élection reste un mystère : pourquoi lui ?

Les Midrashim nous racontent bien sûr la conduite de Noah, mais Noah est un type de צַדִּיק dans une génération entière de l’humanité.  

On ne se rend pas compte de ce que nous raconte la תּוֹרָה : l’effacement d’une génération entière de l’humanité est une tragédie épouvantable qui a des dimensions terribles, et on lit cela comme si cela va de soi...

 

Il faut bien se rendre compte  qu’il y a une tentative de l’histoire humaine qui a duré 10 générations, qui arrive à une saturation de violence telle (c’est ainsi que cela nous est raconté dans les versets précédents), qu’il n’a plus aucune chance de repentir ni que la civilisation ait une issue, alors la forme que l’identité humaine a prise est effacée; mais pas l’humanité qui va continuer avec Noah.

 

On retrouve la différence entre le créer et le faire. Le créé de l’humanité est préservé, c’est le faire, ce que c’est devenu, son style d’être, sa civilisation, qui est effacé. Il y a une manière d’être de l’humanité qui sera effacée mais la « matière première » de l’humanité ainsi que celle des espèces vivantes restent préservée dans l’arche.

 

On apprend ici quelque chose d’étonnant en ce que le fils peut faire mériter le père.

C’est le fondement, je crois, le plus essentiel de la notion de jugement dernier. Le véritable jugement ne peut être que le dernier. Tant qu’on ne sait pas quelles sont les conséquences d’un homme jusqu’au bout, à la fin, on ne peut pas le juger. Il n’y a de jugement authentique que le dernier des jugements. Et alors, ici se dévoile un enseignement du Talmud qui est une notion très importante à comprendre : les générations suivantes tiennent entre leurs mains le sort des générations précédentes. C’est elles qui décident. L’identité des ascendants dépend des descendants.  

 

Par exemple : si la descendance d’Abraham c’est Ismaël alors Abraham devient Ibrahim qui n’a rien à voir avec Abraham. Quand la descendance d’Abraham est Isaac alors Abraham est Abraham. C’est Isaac qui fait qu’Abraham est Abraham. Ismaël fait qu’Abraham est Ibrahim. Ce n’est plus le même.

 

Il y a dans la tradition juive, dans le folklore ashkénaze, l’enfant qui va dire קדיש pour le père, est nommé déjà de son vivant « le קדיש du père ». Le père dépend du fils : le fils tient entre ses mains le sort du père.  

J’ai expérimenté cela : c’est la question classique des étudiants que j’ai préparé à la Alyah : pourquoi lui et pas son frère, pourquoi lui et pas son cousin, elle et pas sa cousine : alors on répond le אָבוֹת זְכוּת: le mérite des pères. Peut-être devrait-on dire  le בָּנִים זְכוּת le mérite des fils qu’ils auront. Les תּוֹלְדֹת.  

Effectivement, toutes les générations depuis le commencement de l’exil ont les yeux fixés sur la dernière génération qui va décider de faire ou non son Alyah. Un choix apparemment si anodin, relevant d’un choix politique, peut décider de toute la destinée d’une lignée.

 

Il y a ici deux parties dans le mystère : le אָבוֹת זְכוּת qui est mystérieux : pourquoi cela joue sur celui-là et pas le frère,  et le 2nd mystère c’est le בָּנִים זְכוּת.

 

Les contemporains ne peuvent pas comprendre pourquoi. Dieu seul peut le savoir: Lui seul connait le déroulement des générations. C’est une connaissance qui dépasse absolument la connaissance humaine. Pour les contemporains c’est donc mystérieux. C’est arbitraire. On voit ainsi pourquoi chez les théologiens chrétiens, ceux qui croient en la grâce, croient en réalité en la grâce arbitraire.

 

[C’était un sujet du bachot d’ailleurs : la querelle entre Pascal et les Jésuites dans les Provinciales qui a défendu ceux de Port Royal.... Pour Pascal la grâce est arbitraire : Dieu décide de façon arbitraire.

La grâce efficace soutenu par les bonnes œuvres, c’est l’hérésie catholique par  rapport à la foi protestante...]

 

En fait cela nous explique pourquoi ceux qui n’ont pas cet enseignement de la תּוֹרָה des תּוֹלְדֹת, n’arrive pas à comprendre le problème entre מָצָא חֵן et צַדִּיק.  Cela veut dire, c’est vraiment arbitraire, mais il y a une raison. C’est vraiment gratuit pour Noah. La raison c’est Abraham mais Dieu seul le sait, pour Noah c’est gratuit.

 

On passe à un 2ème niveau de difficulté :

Cela veut dire quand même qu’il y a un certain niveau de mérite de Noah puisque c’est de lui qui sort Abraham. Ce n’est pas de n’importe qui que sort Abraham !  Il sort de Noah !

Vous comprenez comment la difficulté rebondit.  

Je vous donne la solution dans un enseignement du Rav A.I. Kook. A ma connaissance c’est à lui que nous devons un renouvellement de sens de la question importante  du mérite :

En civilisation occidentale, on est habitué à la notion de mérite par rapport à un acte. C’est le mérite d’acte (J’ai fait quelque chose qui me fait acquérir un mérite.) On n’a aucune idée d’une toute autre notion de mérite qui est le mérite d’être. Il y a une différence de catégorie.

 

Noah possède un mérite d’être colossal. Au niveau des actes, il n’est pas un צַדִּיק tel qu’il pourrait sauver sa génération, et par conséquent il ne l’a pas sauvé. Mais au niveau de son être, il a un mérite colossal : sa manière d’être homme porte en elle Abraham. Alors il est sauvé grâce à Abraham. Cette notion du mérite d’être est difficilement formulable dans la culture humaniste contemporaine. La réaction : « c’est du racisme ! » : le mérite d’être signifie qu’il y a différents manière d’être homme et que les différentes manières d’être homme ont des mérites différents d’être comme cela plutôt qu’autrement... C’est du racisme. Par conséquent c’est très difficilement utilisable. Il faudrait une science des sciences humaines.

 

Un seul auteur à ma connaissance, Emmanuel Mounier, fondateur de la théorie du personnalisme, a évoqué cela en parlant des caractères.

 

Il y a un זְכוּת d’être comme ça plutôt qu’autrement. Mais c’est à l’échelle universelle.

 

Définition :

Pour définir un צַדִּיק, il faut le définir d’après une norme. Celui qui n’est pas dans le cas d’avoir connaissance ou possession de cette norme, serait donc de manière arbitraire et injuste dans l’incapacité d’être צַדִּיק. Si pour être צַדִּיק, il faut vivre d’après la תּוֹרָה, il n’y a que ceux qui sont dans le cas de rencontrer la תּוֹרָה qui peuvent être des צַדִּיקִים. Et cela disqualifierait l’humanité entière par rapport à Israël. Ce qui est invraisemblable, puisque nous sommes en plein monothéisme radical : Dieu a créé l’humanité entière, et la תּוֹרָה commence par l’histoire de l’humanité entière.  

Si on nous dit que Noah est צַדִּיק cela veut dire qu’il n’est pas nécessaire d’être Israël en disponibilité de la תּוֹרָה pour pouvoir être צַדִּיק.  

Quelle est alors la définition de צַדִּיק pour Noah si ce n’est pas par rapport à la תּוֹרָה ?

C’est le thème de la question : pourquoi pas אוּמוֹת הָעוֹלָם צַדִּיק mais חָסִיד אוּמוֹת הָעוֹלָם ?

 

Une analyse provenant des Kabbalistes et qui se trouve dans la prière du Shabbat matin apparait le nom de Yitzhak (et de Rebecca chez les Sefardim).

 

Les différents niveaux sont indiqués dans l’histoire d’Isaac et en allusion dans son nom.

 

1- יְּשָׁר : l’homme de rectitude, les יְּשָׁרִים sont ceux qui préfèrent le bien au mal. L’homme de la bonne volonté. Mais la bonne volonté qui n’est pas appliquée par une table des valeurs est inefficace et impuissante. C’est la velléité, non plus la volonté bonne mais le je voudrais... mais je ne peux pas. Le velléitaire a l’étoffe du צַדִּיק mais du צַדִּיק en échec d’acte. Le יְּשָׁר qui n’arrive pas à devenir צַדִּיק est un יְּשָׁר qui va souffrir toute sa vie. Je voudrais... mais je ne peux pas, et je ne sais pas pourquoi... Les יְּשָׁרִים sont ceux qu’on appelle les לֵב יְּשָׁרֵי le droit de cœur qui possède déjà la notion de connaissance.

 

2- צַדִּיק: le צַדִּיק celui qui préfère le bien au mal tel que la תּוֹרָה le définit. צַדִּיק par rapport à une loi.

 

3- חָסִּיד: celui qui veut ce que la loi veut et non pas seulement celui qui se conforme à ce que veut la loi et qui peut-être qu’il ne veut pas cela mais il le fait quand même. Alors il est צַדִּיק. Mais c’est le drame de tout un chacun : je sais que le bien est là mais je préférerais le mal, mais je sais qu’il faut faire le bien alors je fais le bien mais je suis malheureux => לוֹ  וְרָע צַדִּיק. Le צַדִּיק qui a du mal à être צַדִּיק. Il y a une expression de Jean Vahl : « la conscience malheureuse » : c’est une conscience morale mais malheureuse de l’être. Il y a beaucoup de צַדִּיקִים ainsi : les צַדִּיקִים tristes. Très souvent on croit qu’être tourmenté est une signe de réussite spirituelle, mais c’est tout le contraire : les vrais spirituels sont heureux. La תּוֹרָה n’est pas là où se trouve la tristesse. Le צַדִּיק est celui qui se conforme à la loi. Le חָסִּיד est celui qui veut ce que la loi veut et par conséquent, très souvent, le חָסִּיד ne fait pas exactement ce que la loi dit parce qu’il fait ce que la loi veut. C’est très rare. Il y a une connaissance de la loi qui fait que le חָסִּיד se conduit lifnim mishourat hadin « en-deçà, au-delà de la ligne de jugement » Il faut d’abord être צַדִּיק avant d’être חָסִּיד.

 

4- קָדוֹשׁ: celui qui veut ce que Dieu a voulu en donnant la loi.

 

Le צַדִּיק est celui qui préfère son bien à son mal quelque soit sa table des valeurs. Cela signifie que c’est par rapport à une table de valeurs que l’on est צַדִּיק. Mas il n’est pas dans le cas d’avoir les tables de valeurs de la תּוֹרָה. C’est dans sa table des valeurs à lui, il est jugé comme cela. C’est très périlleux car le Talmud dit à ce propos : on est jugé par le tribunal devant lequel on se met : Moralité : il vaut mieux se mettre devant un tribunal de vérité...  

La relativité des tables des valeurs. Le צַדִּיק espagnol est le צַדִּיק qui est jugé par sa table des valeurs espagnoles. Par son bien et son mal, il préfère son bien et son mal....  

 

C’est cela le בְּאוּמוֹת הָעוֹלָם צַדִּיק

C’est l’attitude de la volonté qui est jugée.

 

De la même manière, le français est jugé par la table des valeurs françaises qui n’est pas forcément la même que la table de valeurs espagnoles. Mais chacun est jugé relativement à sa bonne foi.  

 

La définition qui me parait la plus claire c’est l’attitude de la volonté. Celui qui préfère le bien au mal, quelque soit la table des valeurs, est déclaré צַדִּיק. Celui qui préfère le mal au bien, quelque  soit la table des valeurs, est déclaré רָשָע. Le רָשָע est très rare : il sait où est le bien et où est le mal et il veut le mal plutôt que le bien. Le חוֹטְא  est celui qui voudrait bien être un צַדִּיק, mais il a des faiblesses. Le חוֹטְא est le fauteur, le רָשָע est le hors la loi. Il connait la loi et préféré le mal comme mal sachant qu’il est mal.   

Le צַדִּיק préfère le bien comme il le connait au mal comme il le connait, et c’est une définition universelle. Il n’est pas nécessaire d’être d’Israël pour être צַדִּיק. Le צַדִּיק du niveau d’Israël est le צַדִּיק selon la תּוֹרָה.    

 

Pourquoi l’appellation חָסִידֵי אוּמוֹת הָעוֹלָם ?

C’est le Rambam qui a mis en forme la question dont les sources sont dans le Talmud :    

Quelqu’un des nations est considéré comme נֹחַ בֵּנ צַדִּיק que s’il admet que les 7 מִצוֹת des     נֹחַ בְּנֵי - la morale universelle quelque soit la forme qu’elle prend dans les différentes sociétés -  ont été révélées à Moïse au Sinaï. 

 

Pour être appelé צַדִּיק il faut admettre que le bien auquel on croit est révélé, de la même manière que le תּוֹרָה est révélée à Israël.  

 

Celui qui se conforme à ce bien parce qu’il le trouve rationnel pour quelques raisons qu’il se donne de justifications de systèmes idéologiques, n’est pas considéré comme  בְּאוּמוֹת הָעוֹלָם צַדִּיק  mais comme un חָסִיד אוּמוֹת הָעוֹלָם. C’est paradoxal : il est plus qu’un צַדִּיק, parce que bien qu’il ne soit pas obligé, dans le sens d’obligation légale, il se conforme à ce bien. C’est au-delà de l’obligation. 

 

Réponse de Maïmonide : il est nécessaire pour être considéré comme בְּאוּמוֹת הָעוֹלָם צַדִּיק de considérer que le bien auquel on adhère est מִסִּינַי  תּוֹרָה de la même manière que la תּוֹרָה, c’est à dire révélé par Moïse. C’est le problème des נֹחַ בְּנֵי alors Rambam dit : on ne l’appelle pas בְּאוּמוֹת הָעוֹלָם צַדִּיק mais בְּאוּמוֹת הָעוֹלָם חֲכָם. On considère, comme il n’est pas obligé de la loi, alors la tradition talmudique l’appelleחָסִיד  et non pas צַדִּיק.

 

On étudiera une autre fois le problème de la diaspora de Babel.

 

 

 

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