L’OEUVRE DE LA CRÉATION
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ISRAËL ET LES NATIONS
MESSIANISME
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NOAH - SÉRIE 1993

Le cours

 

(1993) נֹחַ

 

בְּרֵאשִׁית verset 9, chapitre 6

אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ--נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה בְּדֹרֹתָיו אֶת-הָאֱלֹהִים הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ

 

Le problème qui se pose dès que l’on découvre le sujet de la vie de Noah: dans la Parashah précédente la תּוֹרָה nous raconte dans un résumé dense mais plein une première tentative de la civilisation humaine qui a duré dix générations  et qui va de Adam jusqu’au déluge. C’est une tentative de civilisation qui nous est raconté sous forme de modèle de ce qu’est une civilisation humaine qui échoue. Il y a échec et la raison de cet échec est que l’on n’a pas réussi à résoudre un problème fondamental : celui de la relation des sujets à l’intérieur de la cité. Celui de la relation des frères : c’est dés qu’il y a deux sujets humains en présence que le fait social est fondé et que le problème moral est posé. On s’aperçoit que l’humanité n’arrive pas à trouver une solution à l’équation Caïn-Abel et lorsqu’il y a saturation de violence, après toute une série de sursis que selon le récit, Dieu donne à cette humanité, à cette première tentative de civilisation humaine, qui arrive à une saturation de violence irréversible de violence. Il faut donc « effacer » l’identité humaine sous cette première forme et tentative de civilisation. Ce n’est pas la nature humaine qui va être détruite par le déluge mais c’est la forme qu’elle avait prise dans ce temps-là, dans cette époque-là.  

 

Le terme employé en hébreu c’est « effacer » comme l’eau efface, non pas détruire comme le feu brûle. תִּמְחֶה - תִּמְחוֹת

 

Cela veut dire : on a gommé une première forme de l’identité humaine mais cela ne veut pas dire que Dieu a décidé de détruire l’homme. Nous continuons à être à travers et malgré le déluge les descendant du 1er homme qui est Adam et non pas Noé.

Nous sommes des אָדָם בְּנֵי. Mais une seule forme particulière va être conservée et préservée dans l’arche : Noah et sa famille. Parce que corollairement ou en contraste par rapport à ce que cette humanité de 10 générations a été, cela reste encore suffisamment homogène au projet que Dieu avait lorsqu’Il a voulu créé l’homme.  

Cela a échoué mais il y a quand même une forme humaine, Noah et sa famille, qui mérite que l’on recommence. Il y a un rescapé : Noé et sa famille.  

Ce qui a été effacé c’est une première tentative humaine qui a échoué parce qu’elle n’a pas réussi à résoudre l’équation de fraternité, ou l’équation d’altérité : c’est-à-dire la conduite d’autrui à autrui, de sujet à sujet, de telle sorte que la coexistence soit possible.

 

Dés qu’il y a deux hommes, selon la תּוֹרָה, c’est très direct, ce sont deux frères et certains Midrashim lisent entre les lignes qu’il s’agit de jumeaux, et dés qu’il y a deux frères, il y a rivalité. C’est le problème de la créature avant même que ne se pose le problème religieux, (comment reconnaitre Dieu le Créateur ce qui est de l’ordre du problème du 1er homme) la société humaine, l’humanité est jugée d’abord sur le problème de la relation d’autrui à autrui, que l’on appelle dans la civilisation actuelle le problème moral. Avant même que le problème de l’altérité ne se pose il y a une sorte de préface du problème religieux dans l’histoire d’Adam et Eve. Mais laissons-la  dans le mystère de la préhistoire antérieure, l’histoire de la société humaine, et donc du problème moral et donc du fait social, commence avec Caïn et Abel, même si l’histoire de l’humanité commence avec Adam et Eve.

 

On s’aperçoit que malgré tous les sursis, et là il faudrait étudier 6 mois ce qu’il y a derrière ce terme de sursis - que Dieu a donné à l’humanité dans le récit de cette Parashah de בְּרֵאשִׁית dans ces 10 générations, on voit comment Dieu suscite des personnages de l’histoire dont la תּוֹרָה nous a conservé les noms et la geste. C’est peu étudié car c’est un texte qui est assez hermétique pour les modernes qui n’arrivent pas à diagnostiquer ce qu’il y a derrière les mots hébreux. Lu en français le contenu de signification des termes en hébreu a complètement disparu.

Par exemple le mot de אָדָם, homme en français renvoie au latin humus la poussière....Voilà comment les français parce qu’ils ont été latins, appellent l’homme : la poussière. Humus ce n’est pas la poussière mais la terre vivante. אֲדָמָה. On voit donc qu’il y a lien entre אָדָם et אֲדָמָה, mais que signifie la racine commune de אָדָם et אֲדָמָה en hébreu ? 

Tous les noms employés par la תּוֹרָה lorsqu’elle énumère la généalogie des générations sont des études à effectuer pour elles-mêmes. Simplement je signale que c’est une histoire très dense et une épaisseur de durée très pleine.

 

C’est tragique : une civilisation humaine entière effacée » ! Cela veut dire que l’échec est terrible puisque la sanction de cet échec est terrible. Les lecteurs de cette histoire ne se rendent pas compte de ce qu’ils lisent. Dieu a créé l’humanité qu’il décide un jour d’effacer ! On ne se rend pas compte ce qu’on lit, c’est énorme comme récit. Qui est cet homme ? Quel est ce Dieu ? Quel est le problème ? Qu’est-ce qui devait être réussi ? Tout cela s’étudie d’autre part. L’enjeu est à quel niveau ?  

Finalement il y a une telle saturation d’échec qu’il n’y a plus d´espoir et finalement le déluge va arriver. Mais c’est un déluge d’eau.  

Le mot hébreu מַּבּוּל ne signifie pas « déluge » mais « destruction »

« מַּבּוּל מַיִם » signifie destruction par l’eau c’est-à-dire déluge

« אֵשׁ מַּבּוּל » signifie destruction par le feu. (Mythe grec du phœnix)  

C’est à dire qu’il y a deux manières de purifier ce qui est impur soit par le feu - הָדִין מִּדָת - soit par l’eau - הָחֶסֶד מִּדָת.  

Ici la purification de l’identité humaine se fait par l’eau et non par le feu. Cela ne veut pas dire qu’elle n’aurait pas pu se faire par le feu, mais la תּוֹרָה explique pourquoi c’est par l’eau.

 

Petite parenthèse :

Dans beaucoup de civilisations humaines, il y a cette crainte que le מַּבּוּל ne recommence soit par l’eau soit par le feu.

 

Midrash : au moment où Israël a reçu la תּוֹרָה sur le Sinaï, le monde entier est pris d’angoisse et de terreur : il y a une théophanie qui se réalise, on le sait partout, il se passe quelque chose entre le Créateur et la créature, entre la Créateur et Israël, et tous les peuples tremblent, la terre entière tremble : peut-être le déluge va-t-il recommencer... ?  

 

Alors ils vont chez le Prophète des Nations - Bilaam - auquel il demande l’oracle et qui les rassure sur les événements : rassurez-vous ce n’est rien, c’est Israël qui reçoit la תּוֹרָה. Le Midrash finit joliment : tous les peuples ensembles citent un verset des Psaumes : que Dieu les bénissent, le verse dit : « Que Dieu donne force à Son peuple et Qu’Il les bénisse par la paix »

C’est le soulagement des Nations : « Israël a la חוּצפָּה, la prétention de recevoir la תּוֹרָה que Dieu la leur donne et les bénisse et nous nous choisirons la vie... »  

Ce Midrash indique qu’au moment de la théophanie, il y a eu une crainte de destruction du monde chez les Nations. Toutes les conditions en sont rassemblées par l’humanité contemporaine depuis qu’elle a inventé la bombe atomique.  

La notion de fin des temps pour les occidentaux est synonyme de fin du monde, alors qu’en réalité  chez les prophètes surtout Isaïe l’expression «  אַחֲרִית הַיָּמִים » c’est fin des temps d’exil.  

Toute une humanité est effacée par le déluge d’eau, ce n’est pas que l’identité humaine a été détruite: « כִּי נִחַמְתִּי כִּי עֲשִׂיתִם » le verset dit « Je regrette de les avoir faits » avec le verbe asso et non pas le verbe créer. Il regrette la forme que cela a pris.

 

C’est le problème de l’impossibilité à résoudre l’équation de fraternité : comment faire pour que des frères puissent coexister ?  

Un Midrash raconte le diagnostic de cette irréversibilité du niveau d’immoralité atteint à cette époque: A quoi cela ressemble-t-il ? Au marché d’un village où un paysan apporte un sac de lupins, pois chiches, et tous les villageois passent et volent chacun un pois chiche au bout d’une heure il n’y en a plus mais on ne peut accuser personne de les avoir volé : la morale est impraticable car il n’y a plus la possibilité de poser le problème moral. A partir du moment où l’on ne peut plus poser le problème moral, lorsque les avocats étudient le droit pour savoir comment le contourner...  

A partir du moment où dans la société les valeurs morales n’ont plus de base, il n’y a plus le respect minimal des valeurs morales, alors la catastrophe arrive. Tous les espoirs sont permis, la תְשוּבָה est toujours possible... A la veille de la 1ère guerre mondiale en France, on pressent la catastrophe en regardant l’état moral de la société. De grands romanciers l’ont décrit. Romain Rolland...etc.  

C’est un peu ce que décrivent ces Midrashim lorsqu’il parle de la saturation d’immoralité.  

 

Le récit de la תּוֹרָה va nous raconter le salut – le fait d’être sauvé - d’une manière d’être homme à partir de laquelle l’humanité va être refondée. Ce n’est pas le fondateur d’Israël. Il y a là le cas particulier de la tradition d’Israël qui fait commencer l’histoire au 1er homme et le recommencement de l’histoire à Noah et non pas à Abraham.  

Mais on apprend que si la תּוֹרָה nous a raconté l’histoire d’Adam c’est parce qu’il a été l’ancêtre de Noé. Et que si la תּוֹרָה nous a raconté l’histoire de Noé c’est parce qu’il a été l’ancêtre d’Abraham.  Il faut lire la תּוֹרָה dans l’ordre. C’est lorsqu’on arrive à Abraham que l’on découvre que cela commence vraiment.  

 

Tout de suite il y a donc un gros plan du récit sur une toute petite famille où se développe une histoire gigantesque qui a été celle d’une sélection d’identité à partir d’Abraham et qui aboutit à la 3ème génération, à Jacob qui devient Israël. Et ce fait mystérieux pour l’humanité entière qu’une petite lignée humaine, Israël, fils d’Isaac, fils d’Abraham l’hébreu, qui a traversé l’histoire de l’humanité comme point focal. Nous verrons pourquoi la תּוֹרָה appelle Abraham « Abraham l’hébreu », sachant qu’il descend de son ancêtre Ever

 

Actuellement, un tout petit peuple, rescapé d’une lignée humaine, qui resterait toute petit même si tous les Juifs venaient en Israël, par rapport à une immensité humaine, petite brebis au milieu des loups. En Occident un monde immense qui est la chrétienté et en Orient un monde immense qui est l’islam et tout ce qui va avec, et tout tourne autour d’une histoire qui commence avec la petite famille d’Abraham et les lignées qui s’écartent et celle qui reste fidèle : Abraham engendra Isaac qui engendra Jacob qui deviendra Israël...

 

Cela commence par Abraham, et de lui une branche latérale prolifère : Ismaël

D’Isaac, l’autre branche latérale est la branche d’Esaü.

Lot qui va fonder Amon et Moab (la capitale de Amon : Rabat Amon c’est Aman) et Laban, le reste de la diaspora des hébreux de Babel qui ne veulent pas redevenir hébreux en suivant Abraham au pays de Canaan.  

 

C’est une histoire gigantesque qui commence avec une toute  petite identité, l’identité d’Abraham.

 

Mais si on nous a raconté ses préhistoires, depuis Adam en passant par Noé c’est pour arriver à Jacob. On nous raconte les  préhistoires de Adam en passant par Noé jusqu’à Abraham pour arriver à Jacob d’ailleurs. Parce que l’histoire d’Abraham n’est racontée que parce qu’il est le point de départ de la résurgence émergence de l’identité hébraïque après l’exil de Babel, c’est parce que il est l’ancêtre de Jacob qu’il devient Israël.  

 

On rencontre tout de suite le problème sur lequel nous allons réfléchir :

C’est à Israël que la תּוֹרָה a été révélée : cela signifierait qu’à priori il y aurait le problème d’une injustice colossale : une immense partie de la descendance de Noé au recommencement de l’histoire n’aurait pas possibilité et occasion d’avoir accès à la vérité. Et si l’humanité doit être jugée d’après la vérité il y aurait injustice que la vérité ne soit révélée qu’à une faible partie de cette humanité, Israël.

 

Je change de vocabulaire : c’est la 1ère fois que la notion de « צַדִּיק- juste » va être employée.

On va apprendre du 1er verset que Noé était un juste צַדִּיק. Pour être צַדִּיק avec quoi faut-il être en conformité ? D’après la cohérence de la תּוֹרָה il faut être en conformité avec la justice selon Dieu, comme le Créateur le révélera finalement. Mais si le Créateur ne révèle la loi de justice qu’à Israël, faible minorité, il est injuste de juger le reste de l’humanité sur le fait d’être juste ou injuste alors qu’elle n’a pas accès au moyen de l’être.  

 

Au fond la question qui se pose à nous est la suivante : disposons-nous d’une définition du mot de juste à l’échelle universelle ? Et si on peut être juste à l’échelle universelle quel est ce cas particulier d’Israël ? Mais si, inversement, être juste c’est l’être d’après la loi d’Israël, quelle est cette injustice faite au sort du reste de l’humanité ?  

 

Nous verrons l’intention de la תּוֹרָה qui commence par nous raconter l’histoire de Noé qui n’était pas un hébreu. Hébreu c’est dans la descendance d’un de ses fils que va apparaître un personnage nommé Ever, l’ancêtre d’Abraham l’hébreu. S’il est nommé ainsi (Chapitre 14) c’est parce qu’il descend de Ever. Et ce personnage d’Ever est l’ancêtre de tous les hébreux. Les seuls qui le sont restés dans l’histoire sont ceux qui sont redevenus hébreux dans la famille d’Abraham : une petite famille d’hébreux exilée au temps des hébreux dans la civilisation de Babel, devenus araméens à Babel et Abraham s’appelait là-bas אַבְרָם. Lorsque  אַבְרָם revient au pays des hébreux il reçoit le nom Abraham et l’identité hébraïque se restaure. Elle avait été occultée dans l’exil de Babel, mais elle commence à  Ever. Et tous les autres hébreux se sont perdus.  

 

Si on se demandait ce qu’il est arrivé de la partie du peuple hébreu qui était en Egypte et ne sont pas sortis d’Egypte ? Ils se sont perdus !

 

Optimiste on dira qu’ils sont en mission de fécondation des nations. Pessimiste on dira qu’ils ont péri dans les plaies des ténèbres. Est-ce la même chose ? Il y a ici les deux options dans le Midrash.

La question est ici : « où est Joseph ? » C’est une question que Jacob va se poser, longtemps, quand Joseph est en Egypte. Il semble perdu mais pendant ce temps, il se trouve sur le trône de l’Egypte. Voyez l‘humour de notre histoire. C’est aussi l’histoire des nations et de leurs conseillers financiers juifs...

 

A la sortie d’Egypte, 4/5ème des hébreux sont perdus dans les ténèbres de l’Egypte. Ils sont en travail de fécondation de l’humanité dans la nuit.  

Dans le temps de l’âge d’or de l’Espagne, que sont devenus les Juifs espagnols non sauvés de l’inquisition ? Dans son livre, « les Juifs » Pierrefitte avance l’idée que toute l’Espagne est juive et partant toute l’Europe est juive.  

Les seuls hébreux se connaissant comme hébreux et connus comme tels, sont les Juifs descendants des hébreux d’il y a quelques 3000 années....

 

Retour au sujet :

La question est importante : disposons-nous d’une définition du juste qui puisse être comprise à l’échelle universelle que l’on soit d’Israël ou pas ?

Et quelle serait la différence entre deux définitions selon Israël ou selon l’universel ?  

On apprend aux derniers versets de בְּרֵאשִׁית que tout ce qui est être vivant doit être effacée.

 

En principe il n’y a pas d’exception :  

Parashah בְּרֵאשִׁית verset 7-8, chapitre 6 :

וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶמְחֶה אֶת-הָאָדָם אֲשֶׁר-בָּרָאתִי מֵעַל פְּנֵי הָאֲדָמָה, מֵאָדָם עַד-בְּהֵמָה, עַד-רֶמֶשׂ וְעַד-עוֹף הַשָּׁמָיִם כִּי נִחַמְתִּי כִּי עֲשִׂיתִם

Et Dieu dit : « J’effacerai l’homme que j’ai créé (cela a l’air contradictoire avec ce que j’ai dit précédemment) de la surface de la terre depuis l’homme jusqu’à la bête, jusqu’au reptile et jusqu’à l’oiseau du ciel car je regrette de les avoir faits.  

Effacer au niveau de עֲשׂיָּה ceux que j’ai créé et non pas détruire au niveau de בְּרִיאָה.

Sanhedrin 108a : « On enseigne à l’école de Rabbi Ishmaël : sur Noah aussi était le verdict mais il a trouvé grâce (verset 8) D’après ce qui est écrit :  

 

6:8

וְנֹחַ מָצָא חֵן בְּעֵינֵי יְהוָה  Et Noah trouva grâce aux yeux de Hashem  

 

Noé a trouvé grâce.

Cela signifie, les mots ayant leur sens fondamentaux, qu’il ne méritait pas d’être sauvé mais qu’il l’a été par grâce.  

(Par la suite il y a eu toute une histoire de querelle à l’intérieur de la chrétienté entre les Jansénistes et les Jésuites et entre la Chrétienté et le Talmud sur la notion de grâce.)  

Il y a un petit signe en Noah qu’à partir de lui on peut recommencer.  

Le verset suivant va nous dire que Noah était צַדִּיק.  

 

Verset 9 chapitre 6 :

אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ--נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו  אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ

Voici les engendrements de Noah, Noah homme צַדִּיק, intègre il était dans ses générations

Noah se conduisait en compagnie de Dieu.  

Il y a un contraste absolu entre les deux versets.

Il a trouvé grâce.

 

C’était un homme juste qui se conduisait en compagnie de Dieu.

 

Deux différences entre les versets :

Verset 8 aux yeux de יְהוָה

Verset 9 en compagnie d’אֱלֹהִים

 

Le Dieu dont parle la תּוֹרָה est Un mais les manifestations de Sa Providence sont différentes suivant la manière dont Il se manifeste et dont Il se révèle dans son monde. Lui est Un mais Ses attributs sont multiples. Le fait d’affirmer que Lui est Un, malgré la multiplicité des attributs, est un acte de foi car ces attributs sont entre eux contradictoires.   

C’est un acte de foi et non pas une évidence rationnelle. Nous ne le savons que parce que  la תּוֹרָה nous l’a révélé.  

Par la raison et par l’expérience on parvient au polythéisme qui est la religion naturelle de l’homme. Si la תּוֹרָה n’avait pas révélé que Dieu est Un, on resterait dans l’hypothèse la plus hypothétique.  

 

Il y a 13 attributs, 13 médiations.

Deux de ces attributs fondamentaux dont parle le Midrash c’est l’attribut de Grâce -Miséricorde et l’attribut de Rigueur-Justice. Or, ce sont deux attributs contradictoires. Pour l’expérience humaine c’est non seulement différent mais c’est exclusif l’un de l’autre, c’est contradictoire. Nous sommes tellement familiers avec l’enseignement de la תּוֹרָה que l’on croit que cela va de soi alors que cela ne va de soi du tout. Je l’explique ainsi : lorsque je suis occupée à la charité je viole la justice, et lorsque je suis occupée à la justice, je viole la charité. Dire que l’un c’est l’autre, cela dépasse la raison. Dire que Dieu est Un et dire d’autre part que Dieu est charitable et juste est contraire à la raison.  

C’est donc un objet de foi, un objet de croyance qui est certitude parce que cela nous a été révélé et parce qu’on l’a expérimenté. Mais cela ne veut pas dire que c’est rationnel ou logique. C’est cohérent dans une cohérence qui dépasse la raison.

 

En général, schématiquement, lorsque la tradition veut nous parler de Dieu dans son attribut de Miséricorde  pour le projet de la réussite ultime du monde qu’il a créé c’est יְהוָה Hashem, le Tétragramme que les traducteurs ne savent pas traduire.  

Lorsque la תּוֹרָה veut parler de Dieu dans son attribut de Justice, stricte, rigoureux, en tant qu’Il est Créateur du monde et de ses lois, elle emploie le nom אֱלֹהִים.

 

Cela veut dire donc que par rapport au projet de Dieu pour l’homme, Noah a trouvé grâce « aux yeux de יְהוָה» mais il n’était pas suffisamment méritant. Mais par rapport à ce que serait une morale naturelle vis à vis des lois de la création, il était juste.

 

6:8

וְנֹחַ מָצָא חֵן בְּעֵינֵי יְהוָה

Et Noah trouva grâce aux yeux de יְהוָה

 

6:9

אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ--נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, בְּדֹרֹתָיו  אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ

Noah se conduisait en compagnie de Dieu.  

 

Il n’y a pas contradiction. Et par conséquent il faut comprendre que ce terme de צַדִּיק c’est un premier niveau du fait d’être juste en conformité avec ce qu’on pourrait appeler avec la Bible, la morale naturelle. Cette expression ici n’a pas du tout le même sens que chez les philosophes pour lesquels la morale naturelle va de concert avec une nature impersonnelle, parfois divinisée, et non créée par Dieu.  

Noé ne faisait pas le mal. C’est cela son fait d’être צַדִּיק. Nous n’avons aucune indication qu’il faisait le bien, il ne faisait pas le mal. Ne pas faire le mal c’est être צַדִּיק.  

 

On approche de la définition du צַדִּיק à l’échelle universelle. (C’est exactement parallèle à ce que dit la תּוֹרָה de Job : il ne fait aucun mal mais on ne sait pas le bien qu’il fait.)

 

D’autre part, il y a une autre différence : Noah est juste avec Dieu, en compagnie de Dieu. Alors il est צַדִּיק. Nous verrons la différence avec Abraham pour lequel l’expression est différente : « Abraham marche devant Dieu »  

Il est צַדִּיק dans une perspective exploratoire de l’avenir du bien. Noah est צַדִּיק en conformité avec le bien déjà acquis dans l’expérience humaine. Ce sont deux formes de justes radicalement différents.   

Dans la définition du צַדִּיק pour la tradition de la תּוֹרָה, il y a une première définition claire qui est à l’échelle universelle : le צַדִּיק est celui qui veut le bien, qui préfère le bien au mal comme il les connait. C’est à l’échelle universelle. On ne le définit pas par rapport à ce que serait une table des lois de vérité absolue selon Dieu, mais selon la bonne foi et la bonne volonté.  

Il ne s’agit pas de l’expression de la morale relative que l’on trouvera dans la philosophie générale. La morale relative c’est les mœurs, c’est une morale qu’il faudrait plutôt définir comme une éthique.

Morale cela vient du latin qui signifie les mœurs en latin, mais il ne s’agit pas de la morale relative, mais c’est la morale de la sincérité dans la clause de la bonne foi : lorsque l’homme ne ruse pas avec sa conscience et qu’il préfère le bien comme il le connait, au mal comme il le connait, on l’appelle צַדִּיק- juste. C’est une attitude de la volonté : je préfère vouloir ce que je sais être bien (et peu importe comment je le sais) à ce que je sais être le mal. C’est là le צַדִּיק à l’échelle universelle. 

 

N’importe quel homme en bonne santé mentale et donc en bonne santé morale peut être צַדִּיק. Il n’est pas nécessaire qu’il ait accès à la révélation de la תּוֹרָה. Ceci dit la תּוֹרָה, pour aider les צַדִּיקִים des נֹחַ בְּנֵי, va nous révéler 7 principes de base de ce qui est une morale naturelle, dans le sens évoqué plus haut, selon la חוֹכְמָה, Sagesse.

 

L’humanité est tellement dégradée du point de vue de la capacité d’être homme  que même la bonne volonté n’est pas toujours éclairée par une sagesse minimum. Alors la תּוֹרָה va éclairer la bonne volonté des נֹחַ בְּנֵי par une sagesse minimum : les 7 מִצוֹת des נֹחַ בְּנֵי.  

Mais dans tous les cas, il n’est pas nécessaire qu’un descendant de Noah ait eu accès à la révélation qui sera donnée à Israël pour être juste. Il peut être juste à l’échelle universelle.

 

Mais nous vivons déjà un temps où on ne peut pas ignorer dans le monde entier que la תּוֹרָה a été donnée à Israël. Il y a donc un problème de cas de conscience pour les נֹחַ בְּנֵי, ceux qui voudraient être justes à l’échelle universelle mais ils savent qu’il y a une autre manière d’être juste.  

 

Personne ne peut prétendre ignorer que la תּוֹרָה a été donnée à Israël au Sinaï. Il y a eu un matraquage tel par les Chrétiens et Musulmans au sujet du Sinaï, ils se disputent encore pour savoir sur quel rocher cela s’est produit mais pendant ce temps-là la תּוֹרָה est en Israël... C’est un vrai problème théologique de savoir où cela s’est passé, mais la תּוֹרָה on s’en fiche éperdument...    

 

Il y a eu un matraquage tel depuis 2000 ans et 14 siècles pour l’Islam qui fait que le monde entier connait l’événement de la révélation à Israël. Par conséquent, secondairement, il y a un cas de conscience pour les בְּנֵי יִשְׂרָאֵל. Comment rester loin tout en sachant qu’on peut être plus proche ?  

 

Ce cas de conscience peut être illustré historiquement par l’histoire d’Aimée Pallière, séminariste lyonnais qui s’est intéressé au judaïsme et un jour de Kippour il a été à la synagogue ashkénaze de Lyon au moment de la נְעִילָה. Pris par ce spectacle des Juifs sous leur talith il a eu un choc. Il a cherché un maître et a rencontré le Grand Rav Benamozeg, grand rabbin d’Italie qui s’est intéressé à cette question des נֹחַ בְּנֵי. Il est devenu élève du Rav qui lui a déconseillé de se convertir au judaïsme puisqu’il pouvait être un juste des nations et réinitier ce mouvement de justes des nations pour les nations. Réinitier puisque cela s’était perdu depuis le christianisme. Les Chrétiens auraient pu être des צַדִּיקִים selon Noah mais ils ont préférés se dire Israël sans être Israël.

 

L’apparition du christianisme montre à quel point  les païens ne pourraient pas se satisfaire d’une antichambre du Temple d’Israël. Ils veulent le saint des saints.

Pour cela il faut être Israël et le christianisme  s’est déclaré Israël.  

 

Cela montre en tout cas que peut-être l’humanité ne peut pas se contenter d’être צַדִּיק selon les נֹחַ בְּנֵי,  cela est pour le moins rendu difficile depuis l’apparition du christianisme.  

Puisque nous vivons le temps de l’échec du christianisme peut-être faut-il reprendre cela au fond tout simplement.

 

Il y a des cas ou un non-juif peut être juif mais cela est rare. Les tribunaux rabbiniques ont des critères pour déterminer pour qui c’est possible et pour qui cela n’est pas nécessaire, parce que ce n’est pas possible.  

Rav Tsvi Y. Kook définissait le termeאַסוּר  ainsi : c’est interdit parce que ce n’est pas possible.

 

Il y des gens pour qui ce n’est pas possible d’être juif et ils peuvent être נֹחַ בְּנֵי. Ce n’est pas donné à n’importe qui d’être juif. Il faut être juif pour cela.

Dans la phrase précédente le mot juif a deux sens différent : juif membre du peuple juif, de la mémoire juive, de la culture juive, ... etc., et d’autre part juif de religion juive.   

 

***

 

Une première définition du צַדִּיק au niveau universel :

צַדִּיק au niveau d’ אֱלֹהִים quant à la définition de la bonne volonté.

 

Celui qui est צַדִּיק parce qu’il préfère le bien comme il le connait au mal comme il le connait.

Il est צַדִּיק et donc il a droit au monde à venir. La תּוֹרָה aide ces צַדִּיקִים -là en les éclairant sur le minimum des מִצוֹת qu’ils doivent avoir dans leur sagesse : les 7 lois des נֹחַ בְּנֵי, dont l’essentiel repose sur les principes de la תּוֹרָה mais la manière dont cela est vécu dépend du génie culturel de chaque nation.

 

La 2ème différence concerne le צַדִּיק comme Noé et le צַדִּיק comme Abraham.

 

Noah -Abraham :

 

Verset 1 du chapitre 17

La révélation de Dieu à Abraham au chapitre 17

וַיְהִי אַבְרָם בֶּן-תִּשְׁעִים שָׁנָה וְתֵשַׁע שָׁנִים וַיֵּרָא יְהוָה אֶל-אַבְרָם וַיֹּאמֶר אֵלָיו אֲנִי-אֵל שַׁדַּי--הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי וֶהְיֵה תָמִים

Et Avram fut âgé de 90 et 9 ans et Dieu se révéla à Avram et lui dit : je suis Dieu tout puissant marche devant moi et sois intègre

 

On compare les expressions :

הִתְהַלֵּךְ לְפָנַי - - marche devant Moi.

אֶת-הָאֱלֹהִים, הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ  -  avec Elohim marchait Noah.

 C’est le cas du juste qui est en accord avec ce qui est déjà acquis dans l’expérience morale naturelle. Abraham est celui qui va aller explorer en avant-garde les valeurs de l’avenir.  

C’est à partir du צַדִּיק comme Abraham que la תּוֹרָה peut être révélée. Elle est révélée au צַדִּיק qui marche devant Dieu et pas à celui qui se borne à être en compagnie de Dieu. La תּוֹרָה nous dit que Noah est un צַדִּיק, c’est un grand.   

 

Les Midrashim nous indiquent un peu en quoi consiste sa manière d’être צַדִּיק.  

A propos d’un descendant de Adam qui s’appelle  ‘Hanokh la תּוֹרָה emploie la même expression יִּתְהַלֵּךְ חֲנוֹךְ אֶת-הָאֱלֹהִים ‘Hanokh signifie l’éducateur, la racine est חִינוּךְ, לְחֲנֵךְ. 

 

C’est un des sursis que Dieu a donné à l’humanité de Caïn après la disparition d’Abel. Il a suscité des initiés capables d’être éducateurs de l’humanité de ce temps mais la תּוֹרָה nous dit la même chose de ‘Hanokh, qu’il se conduisait avec Dieu.

Cela veut dire qu’il avait peur d’être dans la cité au contact des hommes méchants où il risquait de devenir comme eux. Alors il se construisait des temples voués à l’ascétisme. Le ‘Hassid ascétique. (le ‘Hassid a ses tics) Un parti-pris de se séparer de la cité pour être là où Dieu se trouve.  

 

Un Midrash extraordinaire fait dire à Dieu : « Je n’avais pas besoin d’une étoile de plus au ciel mais si c’est ce que tu veux, viens, Je te prends là-haut, mais j’avais besoin d’un ‘Hanokh sur terre... »  

 

Ce type de juste est vraiment juste mais doit avoir ce parti-pris, ce quant-à-soi ascétique ou monastique pour rester juste. Sinon au cœur de la cité il devient comme les autres.

 

Il faut bien comprendre la nature de cette vertu. Elle est vertu authentique mais à un premier niveau.  

Mais c’est une vertu inefficace pour le projet du Créateur qui n’a pas désiré un monde monastère.

C’est à postériori et ce n’est pas à priori.

Dieu n’a pas voulu créer un temple avec un monde autour.

C’est une dégradation de la société religieuse qui a inversé l’enseignement de la bible. On voit cette tendance dans toutes les religions de privilégier cette manière d’être juste.

 

Ceci dit, un verset dans l’histoire de Noah va cependant nous poser un problème d’exégèse.

Un verset semble contredire l’analyse précédente du juste avec אֱלֹהִים comme Noah et le juste devantיְהוָה  comme Abraham.

Le juste comme Noah trouve grâce aux yeux de יְהוָה, mais n’est juste qu’avec אֱלֹהִים.

 

Chapitre 7  verset 1

וַיֹּאמֶר יְהוָה לְנֹחַ בֹּא-אַתָּה וְכָל-בֵּיתְךָ אֶל-הַתֵּבָה כִּי-אֹתְךָ רָאִיתִי צַדִּיק לְפָנַי בַּדּוֹר הַזֶּה

Et Hm dit à Noah viens toi et toute ta maison dans l‘arche Car toi j’ai vu צַדִּיק devant moi dans cette génération

 

Cela semble contredire complètement l’analyse précédente.

Il y a cependant un mot qui est important אֹתְךָ.

En hébreu c’est pour désigner la personnalité de celui à qui on parle. Le mot technique en grammaire c’est l’ipséité toi - toi-même - et non quelqu’un d’autre.

Mais le texte aurait dit la même chose pour l’information qu’il nous donne s’il avait dit :

Parce que je t’ai vu צַדִּיק devant moi...

 

Pourquoi le texte dit-il אֹתְךָ, c’est toi que j’ai vu juste devant moi ?

En hébreu biblique אוֹתְךָ,  אוֹת ךָ

אוֹת, veut dire un signe.

C’est un signe de toi que j’ai vu juste devant moi, ce signe c’est Abraham que Noah porte en lui.  

Nous allons le voir dans l’explication de Rashi sur le 1er verset : c’est parce que Noah porte en lui Abraham qu’il a été sauvé et non parce qu’il était juste puisqu’il a trouvé grâce. Il était juste à un niveau où Hashem ne l’aurait pas sauvé, mais puisqu’il portait un signe en lui qui indiquait Abraham, cela signifie que c’est Abraham qui a sauvé Noah.

 

[C’est là un enseignement du Talmud très important :

Béra mezaké aba : le fils sauve le père -  Le fils fait mériter le père.

Un homme dont on pourrait douter du jugement sur lui - צַדִּיק ou רָשָע – et cette ambiguïté est la réalité humaine – il n’y a qu’à prendre deux journaux différents qui peuvent décrire la même personne juste ou méchante.

 

Il faut la perspective de toute la vie passée, réalisée, accomplie, pour savoir à postériori ce qu’il en est. Il faut attendre l’ultime conséquence de ce qu’il a été : le seul jugement possible est le dernier des jugements. Cela veut dire que le fils de cette homme peut être l’évaluation du jugement sur l’identité de son père par sa propre conduite à lui son fils. Le fils tient entre ses mains le sort du jugement de son père, et il tient en réalité entre ses mains le sort du jugement de tous ses ancêtres jusqu’au premier homme. Tous nos ancêtres ont les yeux fixés sur nous : c’est pourquoi il faut avoir beaucoup d’enfants pour multiplier les chances.

Le fils tient entre les mains l’évaluation ultime du jugement de ses ancêtres. C’est le fils qui sauve le père. C’est pourquoi les parents sont préoccupés de la valeur de leur enfant. C’est entré dans l’inconscient : que le fils soit meilleur que les parents.]

 

Si Noah est sauvé c’est parce qu’il porte en lui Abraham, mais cela Dieu seul le sait et pour les contemporains cela semble être une grâce arbitraire. On comprend cette raison lorsqu’Abraham va naître. C’est gratuit mais pas arbitraire.  

Rav Kook : Il n’avait pas un mérite d’acte pour être sauvé mais il avait un mérite d’être, dans sa personne son essence, son être, sa manière d’être homme. Dans ses reins, il y a avait déjà Abraham.

 

Aucun acte ne justifie qu’il soit sauvé lui.

 

Le Midrash dit : « Et Noah a trouvé grâce aux yeux de Hashem, mais dans les yeux de Noah Dieu n’a rien trouvé même pas le commencement d’une larme ».  Noah n’a pas prié pour sa génération.

Ce genre du juste puritain qui n’ont commis aucune faute et qui ont vécu une vie monacale ascétique mais l’humanité peut se perdre...

 

Si Noah a été sauvé ce n’est pas pour son mérite d’acte mais pour son mérite d’être qui est très mystérieux et que Dieu seul connait : l’histoire des engendrements. C’est Abraham qui a sauvé Noah.

 

בְּרֵאשִׁית 6 :9

אֵלֶּה תּוֹלְדֹת נֹחַ--נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה בְּדֹרֹתָיו  אֶת-הָאֱלֹהִים הִתְהַלֶּךְ-נֹחַ 

 

Rashi nous dit :

Puisque le verset a mentionné Noah il nous raconte sa louange

Puisque le verset a dit que Noah a trouvé grâce aux yeux de Hashem, alors tout de suite, il nous dit sa louange : Il était צַדִּיק pour pas qu’on croit qu’il n’était pas צַדִּיק. Mais on ne nous dit pas qu’il est צַדִּיק pour nous dire qu’il a été sauvé, il a été sauvé par grâce. Mais une fois cité on dit sa louange pour pas qu’on croit que Dieu a sauvé un רָשָע. 

 

La lecture théologique chrétienne est la suivante : le juste est celui qui a trouvé grâce, celui qui a la grâce, alors qu’en hébreu, un juste est celui qui a le mérite de ses vertus. Pour le chrétien dans l’orthodoxie catholique le juste est celui qui a la grâce, on n’est pas sauvé par les mérites mais on est sauvé par la foi.

 

Rashi va nous citer un verset des מִשְׁלֵי, les Proverbes : זָכָר צַדִּיק לבְּרָכָה, le souvenir du juste est en bénédiction.  

Si on parle d’un juste il faut dire ce qui est sa bénédiction, lorsqu’on mentionne un juste c’est pour la bénédiction. C’est pourquoi, chaque fois qu’on cite un mort dans la tradition juive on dit   זִכרוֹנו לבְּרָכָה (abréviation ז"ל) que son souvenir soit bénédiction, et s’il s’agit d’un grand : זָכָר צַדִּיק לבְּרָכָה (זצל)

 

Le mot de bénédiction a disparu du texte depuis les premières fautes du 1er homme et de Caïn et Abel. Dès qu’Abraham entre dans le texte le mot de בְּרָכָה est à foison.  

En fin de Parashah, la bénédiction revient avec Abraham et Dieu lui dit « tu seras toi la bénédiction  Toutes les familles de la terre se béniront en toi ».

 

On relit ainsi le verset de מִשְׁלֵי: זָכָר צַדִּיק  la mention du צַדִּיק qu’a été Noah לבְּרָכָה c’est grâce à Abraham qui est bénédiction.

 

Bénédiction d’Abraham:  

בְּרֵאשִׁית Chapitre 10, verset 25.

La bénédiction d’Abraham c’est qu’il est hébreu.

Lorsqu’à partir de Noah, l’histoire des lignées humaines a commencé à se différencier, il y a trois grands embranchements, les descendants de Japhet (la civilisation aryenne) les descendants de ‘Ham (les afro-asiatiques) et les descendants de Shem (les sémites), et dans la lignée de Shem à partir d’un certain stade (verset 24) l’homme s’appelle Arpakhshad

 

וְאַרְפַּכְשַׁד יָלַד אֶת-שָׁלַח וְשֶׁלַח יָלַד אֶת-עֵבֶר  Arpakhshad engendre Shala’h et Shela’h engendre Ever.

 

וּלְעֵבֶר יֻלַּד שְׁנֵי בָנִים

Et à Ever engendra 2 fils

 

שֵׁם הָאֶחָד פֶּלֶג, כִּי בְיָמָיו נִפְלְגָה הָאָרֶץ

nom du premier Peleg car en son temps la terre s’est divisée.

 

C’est le récit de la tour de Babel, où l’humanité une a éclaté en nations - הָפֶּלָגָה דּוֹר - c’est la même racine NiflegahLehitpaleg : diasporiser, éclater en morceaux...

 

וְשֵׁם אָחִיו יָקְטָן

Et le nom de son frère Yoktam.

 

Rashi nous explique que Ever était un prophète qui a appelé son fils Peleg car il savait déjà que de son temps l’humanité se diviserait en nation.

 

On apprend de là 2 choses.  

Ever est le dernier homme de la lignée de Shem à avoir l’identité humaine universelle.

Après lui cela éclate en manière d’être hommes, les Nations.  

Après Ever il y a les nations et une manière d’être homme qui sont les hébreux qui sont tout l’homme.  

 

Pourquoi l’ensemble des גּוֹיִם a t’il trouvé chez l’hébreu le signe du salut ?

Ce que cherche l’humanité entière, il le diagnostique chez l’hébreu : l’unité du genre humain, l’unité de Dieu, la morale une... l’espérance... Espérance qui comme par hasard est le chant national des israéliens Hatikvah.  

Il y a une identité humaine qui est en réserve de messianité et qui s’appelle l’hébreu. Pendant qu’à partir de ce temps là il y a הָפֶּלָגָה דּוֹר, cela éclate en nations. Chaque nation a son génie propre et irremplaçable. Il y a les 70 nations et puis l’hébreu.

 

Cf. le verset des Evangiles : « Le salut vient des Juifs »

Il y a un consensus de l’humanité vis à vis de la révélation faites aux hébreux.  

La catastrophe faite à Babel, la faute du 1er homme faite à l’échelle des sociétés, a son espérance de תִּקּוּן de réparation chez les hébreux.  

 

Les hébreux sont en charge du salut précisément là où la civilisation passe. A cette époque la civilisation passait par Babel, alors les Juifs sont à Babel. Et les hébreux de Babel s’appelaient les araméens. C’est pourquoi notre histoire commence par une sortie d’exil des araméens qui redeviennent hébreux sur la terre des hébreux.

 

Or c’est ce que nous vivons actuellement : les hébreux étaient devenus juifs dans la civilisation occidentale et le reste. Et nous vivons la sortie de אַבְרָם d’Our Kasdim qui est la sortie des Juifs de la grande diaspora qui commencé depuis 2000 ans qui reviennent se ré hébraïser au pays des hébreux. C’est pourquoi cette même histoire recommence et explose dans la vie politique de l’humanité entière autour d’Israël.  

C’est ce que nous vivons et cette histoire nous a été racontée. On connait les 7 conflits que nous avons à résoudre et un de ses conflits c’est la rivalité entre Ismaël et Isaac qui est au point tragique actuel. C’est l’histoire de la famille d’Abraham.

 

Si la תּוֹרָה nous raconte toutes ces péripéties c’est pour que nous les connaissions. Nous sommes en train de revivre de façon aveugle la même histoire et avec les mêmes catastrophes.

 

Un certain nombre a cependant pris parti pour secouer cette inertie et pour dire ce que la תּוֹרָה dit de ce problème, chose que malheureusement les rabbins falsifient, des rabbins Harédim tout comme bon nombre de rabbins sionistes au nom de l’humanisme.

 

 

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