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MESSIANISME
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KORAH - SÉRIE 1994

Le cours

 

(1994)   קֹרַח

 

Chapitre 16.

Je vous rappelle brièvement le sujet : le texte de la Parashah commence par le récit de la querelle entre Qora’h et Moïse et Aaron, et la תּוֹרָה nous raconte que l’objet de cette querelle portait sur les prérogatives de la prêtrise et de la royauté qui dans la génération du désert ont été respectivement attribuées à Aaron et à Moïse. Mais la תּוֹרָה commence dans son récit par mettre en évidence qu’énormément de personnages importants de cette génération se sont groupés autour de Qora’h pour cette querelle.  

 

Il faut mettre en évidence que, étant donné l’importance de la personnalité de Moïse et Aaron, surtout d’après les événements que les récits précédents, il est étonnant qu’une telle contestation puisse naître ! C’est la familiarité avec tous ces récits qui les font passer pour des évidences. Ces mouvements de révoltes, de querelles, semblent impensables. La מַחְלֹקֶת est une des plaies de l’histoire d’Israël depuis toujours et jusqu’à notre temps. Le problème doit être envisagé pour lui-même : il y a une essence, une réalité de la מַחְלֹקֶת qui s’attache à l’histoire de notre monde et le fait que ce soit en Israël que cela se dévoile de façon tellement intense et focalisée est aussi à comprendre. Nous aurons donc à élargir cette analyse.  

 

Il y a 2 invraisemblances dans l’histoire d’Israël : d’abord ce que la תּוֹרָה nous raconte que la génération privilégiée de la sortie d’Egypte a été une telle génération apparemment de révolte. Cette génération a été exceptionnelle, celle de la révélation, et pourtant apparemment la plus  problématique.

 

1-  L’expression habituelle est « עֹרֶף קְשֵׁה עַם» « le peuple à la nuque raide » expression qui ne désigne pas le peuple d’Israël a priori. A étudier dans Parashah כִּי-תִשָּׂא dans l’ordre du récit : cette expression « עֹרֶף קְשֵׁה עַם » « peuple à la nuque dure » qui désigne non pas Israël mais le עֵרֶב רַב sorti d’Egypte en même temps qu’Israël. Une foule de peuples des différentes nations qui étaient asservis à l’esclavage d’Egypte en même temps que les Hébreux. A chaque empire il y a asservissement de toutes les nations qui ne sont pas nation dominante. Prenons l’exemple de la sortie de l’empire soviétique, parallèle à étudier pour lui-même. A chaque empire on voit qu’Israël est centralement concerné par cet asservissement avec d’autres peuples. C’est un phénomène qui de notre temps est un peu moins visible mais qui n’en est pas moins réel : en même temps que la libération d’Israël de cet asservissement sont délivrés d’autres pays par l’empire en question. Est sortie d’Egypte toute une foule que la תּוֹרָה appelle « עֵרֶב רַב » un « grand mélange ».    

Cf. le commentaire de Rashi au vers 38 du chapitre 12 de שְׁמוֹת sur le mot de « עֵרֶב רַב » : il dit תַּעֲרוֹבֶת   un grand mélange de convertis de גֵּרִים que Moïse a converti mais avec précipitation. C’est-à-dire sans la formation nécessaire que la Halakha réclame pour que leur conversion soit en ordre.

On a étudié les motivations pour lesquelles Moïse devait intégrer cet עֵרֶב רַב à Israël. Un aspect très positif se trouve dans le commentaire du Kli Yakar : la même expression qui désigne les tribus d’Israël et le עֵרֶב רַב dans deux contextes différents du même chapitre c’est « Tsivot Hashem » qu’on traduit « les armées de Dieu » ou les « cohortes célestes ». Mais la notion de Tsavah signifie tout ce qui est organisé.  

 

Le 1er modèle de l’organisation dans les sociétés humaines a été l’armée. Les ethnologues utilisent cela de manière très claire et précise : les peuples s’organisent d’abord sous forme militaire parce que la première exigence est celle de la défense vis-à-vis des autres peuples. Les premières hiérarchies ont été pensées comme hiérarchies militaires. Le roi est d’abord le chef des armées. מֶלֶךְ dont le sens étymologique est le Méalekh celui qui fait marcher les autres, pas dans le sens négatif mais, dans le sens de celui qui marche en avant. Cf. le terme italien de « Duce » le conducteur, le guide.  

Les différents  membres du groupe délèguent une partie de leur autonomie à celui qui assure la défense du groupe.  

 

Je vous montre à quel point il y a une cohérence dans la langue hébraïque qu’on ne peut lire dans les autres langues sinon à travers des explications.  

Un cerf c’est Tsvi, c’est la même racine, et la biche Tsviah.  

Cela définit tout ce qui est équilibré du point de vue de l’esthétique. Le symbole de l’animal beau en hébreu c’est le cerf ...  

Ce terme de עֹרֶף קְשֵׁה son sens profond signifie « rebelle au repentir », il y a une raison pour laquelle c’est formulé ainsi « עֹרֶף קְשֵׁה » nuque dure .

On apprend que la différence entre le עֵרֶב רַב et les tribus d’Israël c’est que ces dernières avaient reçues l’éducation provenant des patriarches, le דֶּרֶךְ אֶרֶץ des אֲבוֹת, que le עֵרֶב רַב n’avait pas eu. Ils se sont branchés sur la תּוֹרָה avec un très grand handicap : il leur maquait l’identité hébraïque. Lorsqu’il manque ce préalable du דֶּרֶךְ אֶרֶץ qui précède la תּוֹרָה, alors la תּוֹרָה est perçue et intégrée de manière païenne. La société moderne d’Israël est envahie par ces tendances de la conscience  magique.

 

Ce n’est qu’après que le עֵרֶב רַב a été intégré à Israël  sur intervention de Moïse et Dieu a accepté la prière de Moïse de suspendre la sanction de la faute du veau d’or, que cette מִּדָה, cette tendance à être עֹרֶף קְשֵׁה s’est introduite en Israël. Après Dieu s’adresse à Moïse en disant j’ai pardonné à Israël, console-le parce que maintenant, il est devenu עֹרֶף קְשֵׁה עַם puisque cette מִּדָה s’est introduite dans le peuple. On l’étudie à propos de la תְּשוּבָה: pourquoi il est indispensable d’avoir cette catégorie de la תְּשוּבָה pour pouvoir recevoir la תּוֹרָה. Si on ne possède pas cette capacité de la תְּשוּבָה, le repentir réel, on ne peut pas recevoir la תּוֹרָה.  

En une phrase, en me référant à ce Midrash qui dit que Dieu a proposé la תּוֹרָה à tous les peuples du monde qui ont tous refusé la תּוֹרָה. Non par refus des valeurs morales que la תּוֹרָה demande mais ce qu’elles ont refusé de confier leur salut à la loi parce que si on ne dispose pas de la clause du repentir à la première faute on est « damné » comme disent les Chrétiens.  

 

Cela ne veut pas dire que les hommes de la civilisation humaine contemporaine à travers les siècles depuis la diffusion de l’enseignement de la bible, ne connaissent pas la catégorie du repentir, mais elle ne porte pas sur l’essentiel c’est-à-dire la relation de la conscience humaine avec l’impératif de la loi. Cela porte sur autre chose, sur le remord, le regret, mais pas sur la faute...   

 

Un homme qui ne dispose pas de la certitude que le repentir est possible ne peut pas recevoir la תּוֹרָה. D’ailleurs le christianisme comme tel est la preuve et témoigne de ce que je vous explique là. C’est la raison pour laquelle la conscience chrétienne refuse avec horreur blasphématoire l’idée que le salut passe par la תּוֹרָה parce que selon cette conscience la תּוֹרָה induit la Loi, la Loi induit le péché, le péché induit la mort et on est perdu... D’où la nécessité d’être sauvé par une stratégie d’ordre magique d’ailleurs. C’est donc une calomnie de dire qu’Israël est un peuple à la nuque raide.

 

2-  D’autre part, la 2ème expression qualifiant cette génération est celle de « דֶּעַה דּוֹר » la génération de la connaissance  car cette génération a été appelée à la révélation. L’expression française de « génération du désert » est extrêmement péjorative et n’est pas adaptée du tout avec la réalité du récit.   

Enseignement de Judah Halévi : il faut évaluer les fautes de chacun au niveau où il se trouve.

Il n’y a que la génération du désert qui a été capable de ce comportement parce qu’il est au niveau de leur valeur exceptionnelle qu’il faut les juger et non pas au niveau de notre comportement quotidien. C’est une génération de géants.

L’expression française de « génération du désert » comporte ce sens de « génération perdue », ce qui est inadaptée au récit de la bible.

 

***

 

Il faut atténuer cette invraisemblance : il faut relativiser et juger la valeur de ces hommes au niveau où ils sont. La 2ème invraisemblance : c’est ce que nous vivons dans notre propre histoire contemporaine. Tous les sociologues et politologues contemporains restent perplexes devant le comportement des Juifs et la société israélienne.  

Il faut relier ces deux remarques : l’invraisemblance du récit s’atténue lorsqu’effectivement on se rend compte que c’est comme cela dans la réalité contemporaine. Et inversement, l’invraisemblance de la réalité quotidienne doit être éclairée avec le récit biblique qui nous raconte les mêmes choses invraisemblables...  

 

Ce sont des problèmes qui lorsqu’ils apparaissent dans la société juive sont invraisemblables, et donc il faut comprendre pourquoi il y a ces dimensions d’invraisemblances.  

 

On va se rendre compte qu’un homme très proche du milieu familial de Moïse va introduire une מַחְלֹקֶת, une contestation de rivalité, vis-à-vis de Moïse.  

Pourquoi la מַחְלֹקֶת tient-elle une telle importante dans l’histoire de l’humanité d’après le récit biblique ? Et cela se focalise se cristallise et s’hypertrophie dans l’histoire d’Israël ? Se demander le point de départ de la première querelle מַחְלֹקֶת par laquelle l’histoire de l’humanité a commencé?

 

וַיִּקַּח קֹרַח בֶּן-יִצְהָר בֶּן-קְהָת בֶּן-לֵוִי  

Et pris Qora’h fils de... fils de Lévi  

Rashi : il s’est pris lui-même, s’est mis à part (car pas de complément d’objet direct ! Qu’a-t’il prit ?) Il a pris parti.

 

וַיִּקַּח קֹרַח  Le Midrach de Rabi Tan‘houma développe une fort belle explication de ce chapitre.

וַיִּקַּח קֹרַחIl « se prit » lui-même pour passer de l’autre côté, pour se séparer de la communauté et se rebiffer contre la prêtrise. C’est ainsi que le rend le Targoum Onqelos : « il se sépara » de la communauté pour chercher querelle. Et ainsi : « Comment ton cœur t’emporte-t-il (yiqa‘h‘ha) » (Iyov 15, 12) – il t’emporte pour te séparer des autres hommes. Autre explication : « וַיִּקַּח קֹרַח» signifie qu’il a « pris » par des paroles les chefs des tribunaux qui étaient en leur sein, de même qu’il est écrit : « “Prends” Aaron » (infra 20, 25) ou bien : « “Prenez” avec vous des paroles, et revenez à Hachem » (Hoché‘a 14, 3) (Midrach Tan‘houma).  

 

וְדָתָן וַאֲבִירָם בְּנֵי אֱלִיאָב, וְאוֹן בֶּן-פֶּלֶת--בְּנֵי רְאוּבֵן

Et Datan et Aviram fils de Eliav et On fils de Pelet fils de Reouven  

 

On voit qu’il y a une alliance dans une querelle qui va être induite par un des principaux chefs de la tribu de Lévi, Qora’h, qui est allié avec certain des principaux chefs de la tribu de Réouven.  

Est en question la rivalité au sujet de la prêtrise d’Aaron – c’est là la querelle des Lévites et de Qora’h – et la royauté de Moïse – c’est là la querelle des Réouvenites.  

Etant donné que la tribu de Réouven est la tribu du fils ainé, on comprend leur revendication que la royauté leur revienne. Etant donné que toute la tribu de Lévi a été consacrée à la sainteté, on comprend que ce sont les Lévites qui se font les porte-paroles de la contestation sur Aaron.  

Dés qu’on découvre le problème, on se rend compte à quel point la position de Moïse et Aaron est difficile. Parce que c’est un fait que Moïse et Aaron sont frères et on peut légitimement se demander s’il ne s’agit pas là d’un cas de népotisme (le chef attribuant des fonctions à sa propre famille). Il n’y a pas de doute que la position de Moïse et Aaron est difficile. Moïse s’instaure chef politique et nomme Aaron comme grand-prêtre !!!  

L’objection c’est effectivement de dire que c’est Dieu qui a demandé cela !

Il est donc très difficile d’arriver à comprendre la motivation profonde de la querelle de Qora’h ! Qora’h sait très bien qu’il s’agit de la révélation de Dieu à Moïse, et donc la querelle met en question le fait que ce soit Dieu qui se soit révélé à Moïse pour dire qu’il faut installer cette hiérarchie de cette manière.

 

Derrière toute la querelle nous verrons les démagogies de cette argumentation : il y a un problème de fond. Qora’h nie la révélation à Moïse et la תּוֹרָה nous raconte cela tranquillement.

 

16 :2

וַיָּקֻמוּ לִפְנֵי מֹשֶׁה, וַאֲנָשִׁים מִבְּנֵי-יִשְׂרָאֵל חֲמִשִּׁים וּמָאתָיִם, נְשִׂיאֵי עֵדָה קְרִאֵי מוֹעֵד, אַנְשֵׁי-שֵׁם

Ils se dressèrent face à Moïse Et des personnalités des enfants d’Israël

250 princes de l’assemblée appelés aux convocations saintes des gens de renoms  

Ce n’est pas n’importe qui. C’est sérieux cette querelle.

 

16:3

וַיִּקָּהֲלוּ עַל-מֹשֶׁה וְעַל-אַהֲרֹן וַיֹּאמְרוּ אֲלֵהֶם רַב-לָכֶם--כִּי כָל-הָעֵדָה כֻּלָּם קְדֹשִׁים, וּבְתוֹכָם יְהוָה; וּמַדּוּעַ תִּתְנַשְּׂאוּ, עַל-קְהַל יְהוָה 

Ils se groupèrent contre Moïse et Aharon Ils leur dirent « trop pour vous » le sens littéral serait « vous exagérez ! Car toute l’assemblée est sainte Et en eux se trouve Hashem et pourquoi vous mettez vous au-dessus de l’assemblée de Hashem ?

 

Je vais déjà un peu utiliser ce verset pour mettre en évidence le caractère aigu et difficile mais aussi démagogique de la controverse. Parce que tout ce qu’ils disent est formellement vrai. Les querelles les plus insidieuses se servent d’arguments formellement vrais mais qui sont faux dans les circonstances où on les utilise. C’est la définition de la démagogie. Effectivement, c’est Moïse lui-même qui avait révélé que Dieu considère que toute l’assemblée est sainte, et que c’est en eux dans cette assemblée que se trouve Hashem. Le fait d’installer une hiérarchie semble formellement démagogiquement contredire le message de la תּוֹרָה elle-même.

 

Parashah תְּרוּמָה:

Et ils me feront un sanctuaire et je résiderai parmi eux.

 

Nous sommes en plein dans la définition du centre, du nœud même de cette querelle : il faut comprendre pourquoi Qora’h a raison de dire ce qu’il dit, mais qu’il a tord d’avoir raison dans les circonstances en question.  

Je vais vous donner de suite la réponse pour ensuite commencer à étudier le verset suivant.  

Effectivement, le 1er projet pour la société d’Israël, à la sortie d’Egypte était un projet étymologiquement anarchique – sans hiérarchie. Sinon une hiérarchie reconnue par consentement de civilité, de convivialité. Les grands savent qu’entre eux existent des différences. Mais ils sont tous grands et il faut énormément de politesse pour que chacun soit à sa place.   

Mais on ne peut pas installer formellement, légalement, une hiérarchie pour les grands qui sont tous grands. C’est entre eux qui savent qui est un peu plus, un peu moins ; et ce ne sont pas les mots adéquats parce qu’il n’y a pas de jugement de valeurs. C’est pourquoi dans tous les systèmes de politesse – la plus élaborée est je crois la politesse chinoise – tous les peuples ont leur propre politesse – civilité – et on sait qu’untel est plus respectable dans l’ordre de la hiérarchie. Pourquoi ? C’est très difficile à admettre légalement mais cela se sait par politesse naturelle. On peut donner des critères : l’âge, la filiation, la sagesse, l’expérience...  

 

Au moment de la sortie d’Egypte le verset qui assigne la fonction de la société d’Israël :

 

שְׁמוֹת 19 :6 :

וְאַתֶּם תִּהְיוּ-לִי מַמְלֶכֶת כֹּהֲנִים, וְגוֹי קָדוֹשׁ: אֵלֶּה, הַדְּבָרִים, אֲשֶׁר תְּדַבֵּר, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Et quant à vous vous serez pour moi un royaume de prêtres (tous rois et tous prêtres)  et une nation sainte...  

 

Et voilà que Moïse leur installe des rois pour les rois et des prêtres pour les prêtres ?

Ce projet-là sera différé à la fin des temps !

Et je répète souvent  à chaque fois que j’en parle : il est désagréable d’entendre cet espèce d’orgueil mal placé de ceux qui définissent le peule juif comme un peuple de prêtres comme un peuple de rois, alors que nous ne sommes pas encore à la fin des temps. C’est le projet pour l’identité idéale d’Israël mais reste à savoir si nous fonctionnons comme ça ? Jusqu’au moment où...

Le problème se pose surtout en diaspora : on en arrive que les rabbins juifs de diasporas demandent aux israéliens comment leur justifier leur fonction de juifs de diaspora. Vous voyez le paradoxe !

J’ai reçu des générations d’Olim venus de France : ils demandaient qu’on leur explique pourquoi ils sont venus... Pourquoi au bout de 2000 ans, ils sont revenus-là ?  

C’est ce cliché que les Juifs sont dispersés chez les nations pour leur enseigner quoi ?  

On fonctionnerait comme peuple de prêtres chez les nations ? Les rabbins en galout ne s’occupent que des Juifs et non des גּוֹיִם ! Je suis admiratif de la patience des גּוֹיִם.  Dieu, répartissant les valeurs, a donné la science à Israël et la patience aux גּוֹיִם...

 

Retour au sujet :

1er Midrash qui nous met sur le point de départ de notre étude.

Qora’h a eu un rêve dont je vous passe les détails et dans lequel il a vu qu’un de ses descendants serait aussi important que Moïse et Aaron à la fois. Shmouel, le prophète Samuel, est comparé par un Psaume (Ps.99 lu le vendredi soir):

Tehilim 99.6 : מֹשֶׁה וְאַהֲרֹן, בְּכֹהֲנָיו, וּשְׁמוּאֵל, בְּקֹרְאֵי שְׁמוֹ

Moïse et Aaron parmi ses prêtres, et Shmouel criaient son nom

Le prophète Samuel est mis en parallèle à Moïse et Aaron ensemble. Effectivement, le prophète Samuel a joué les deux rôles de chef politique et de chef religieux de son temps. En son temps, Samuel avait eu raison de s’opposer à la hiérarchie sacerdotale de son temps.

 

Donc il y a des occurrences où le profil Qora’h est dans son droit lorsqu’il s’agit par exemple de Samuel. Samuel est un membre de la tribu de Lévi qui en son temps s’est opposé à la hiérarchie traditionnelle de la société Israël tant le pouvoir civil que religieux. C’est lui qui a instauré qu’il fallait enlever les prérogatives des prêtres que les circonstances leur avaient imposé. Ils s’étaient instaurés seuls dirigeants du culte, alors que tout membre d’Israël a droit à un certain nombre de comportements concernant le culte. Par exemple : sh’hetah bezar ksheirah  

 

La תּוֹרָה a demandé que lorsque quelqu’un apportait un sacrifice c’est le Kohen qui faisait le sacrifice et celui qui l’apportait faisait la « Semikhah yado », il appuyait ses mains sur la tête du sacrifice pour que la délégation soit faite, mais c’est le Kohen qui effectuait le sacrifice. D’après la תּוֹרָה elle-même n’importe quel juif, s’il est cachère peut faire la שְׁחִיטָה. Mais les prêtres de ce temps s’étaient arrogé l’organisation du culte. Scandale que le prophète Samuel dénonça, disant : she’hitah be zar kesheirah ! Le grand prêtre du temps s’appelait Êli (avec un ayin) et Shmouel s’opposait à Éli.  

 

Grand principe de la תּוֹרָה cité par le Talmud à ce moment-là « Kol hamorah halakhah lifney rabo ‘hayav mitah : tout celui qui décide de la Halakhah en présence de son maître (de son vivant)  est ‘Hayav Mitah, parce qu’il remet en question la révélation ».  

Cf. l’expression française de bouche à oreille qui est fausse en hébreux : on dit de bouche à bouche.

 

Quelle est la différence ? Lorsque quelqu’un parle à un autre, c’est son oreille qui entend ce qui est dit mais sa bouche ne va pas forcément répéter ce que la bouche a dit. Elle va répéter ce que l’oreille a entendu, ce qui n’est pas forcément la même chose. De bouche à oreille, c’est le téléphone arabe... Alors que l’expression hébraïque « ish mi pih ish »  chacun de la bouche de quelqu’un d’autre. La bouche doit répéter ce que la bouche a dit et non pas ce que l’oreille a entendu. C’est la raison pour laquelle on n’a pas le droit de citer quelqu’un si on n’est pas capable d’être deux à pouvoir réciter la même chose. Cela s’appelle ‘havroutah. C’est la difficulté du témoignage. Il faut faire une vérification: du dedans de l’étude commune de deux élèves ce qu’a dit le maître a peut être des chances d’avoir été transmis... La transmission est cassée si on étudie seul.

La révélation est donnée simultanément à Moïse et Aaron. Et l’un interrogeait l’autre : qu’est que Dieu t’a dit ? Ce qui veut dire en réalité qu’est-ce que Dieu m’a dit puisque toi aussi tu le sais...

 

C’est cela la tradition. « Ish pi ish ad Mosheh rabenou mi pi hagevourah » jusqu’à Moïse de la bouche de Dieu lui-même... Et si on arrête la chaine on ne sait plus qui a parlé ? Personne ! Dès que quelqu’un transmet autre chose que ce que son maître lui a transmis, il met en question le fait que Dieu ait parlé à Moïse. On voit à quel point c’est grave et à quel point on est loin de la vérité.  

Au temps d’Éli, les prêtres avaient dérobé l’exclusivité de cette prérogative du culte. Que les  Kohanim qui faisaient la שְׁחִיטָה. Il n’y a qu’à voir la cacherout en France et toutes ces Hashga’hah de untel et de untel...C’est l’indice qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil...

Shmouel dénonce cela en révélant la véritable Halakha.  “she’hitah be-zar ksheirah

 

La Mishnah commence par la phrase « Hakol sho’hatim... tous peuvent être Sho’het... et voilà ceux qui ne peuvent pas l’être...celui qui a mal à la main... celui dont le couteau ne coupe plus...etc. »  

Actuellement la société juive elle-même est envahie par cela, on s’instaure dans une caste qui a des privilèges par décret qu’on se donne soi-même. A la veille de l’élection du grand rabbinat en France, cela dévoile énormément de choses analogues...  

La Guémara raconte cela lorsqu’elle parle de la naissance de Shmouel : Kora’h avait des raisons objectives dont il s’est servi de manière démagogique et des raisons objectives se croyant équivalent à Moïse et Aaron. Sans eux, il aurait été le candidat légitime.  

 

Les Kabbalistes mettent en garde sur l’erreur qui consiste à considérer Qora’h comme un vulgaire factieux. C’est un très grand et il faut comprendre pourquoi il s’est trompé, au sens strict qu’il s’est trompé lui-même. Mais les rabbins enseignent que la seule personne qu’on ne peut jamais tromper c’est soi-même. Il faut se méfier de celui qui « se » trompe. Vous savez qui est le trompeur en chef, il a 7 noms, cela commence par le serpent et finit par le diable ! 

[Parenthèse sur le doute : cela fait bien d’être en doute, d’être perplexe. L’aristocratie de la pensée : la mise en doute. Chez les ‘Hassidim c’est la moitié d’un doute : la ‘Hassidout ! Mais il y a une différence entre le doute et la perplexité. Il y a des choses pour lesquelles il vaut mieux être sorti du doute. Je crois que je crois...] 

 

Il y avait dans l’identité de Qora’h matière à tomber dans ce piège. Mais c’est un piège et nous allons voir lequel.  

Il faut comprendre où est sa démagogie, ce qu’il dit c’est vrai dans l’idéal : le projet de la société d’Israël est un projet anarchique. Et il y a d’ailleurs dans tout juif normal une tendance à l’anarchie. A tous les niveaux. C’est normal. Dieu a créé toutes ses créatures, devant Dieu toutes sont des créatures de Dieu et ont toutes la dignité de créatures. Je ne dis pas « égales ».  

Tous sont créatures du Bon Dieu, y compris les araignées et les S.S. et bien d’autres choses... 

Par conséquent, si on arrive au niveau d’Israël, tout Israël יִשְׂרָאֵל כָּל....vous connaissez la suite.  

 

L’idéal c’est cela, ce qu’indique un des versets d’Isaïe : « il arrivera un temps où personne ne dira plus l’un à l’autre : « apprends-moi » parce que la connaissance de Dieu emplira le monde comme l’eau empli le fond des mers ».   

Le commentaire du Talmud sur ce verset: pourquoi faut-il dire « Kamayim l'yam michasim » comme l’eau recouvre le fond de la mer, parce que plus le fond est bas, plus il y a d’eau ! C’est-à-dire plus le חֲכָם est humble et plus il a de sagesse. C’est un enseignement très important. Il faut apprendre pourquoi la תּוֹרָה a félicité Moïse d’être humble ? C’est parce qu’il était le plus humble des hommes qu’il a pu recevoir la תּוֹרָה. La תּוֹרָה et l’orgueil ne vont pas ensemble. Cela se relie à l’histoire de Qora’h d’ailleurs.   

 

16:4

וַיִּשְׁמַע מֹשֶׁה, וַיִּפֹּל עַל-פָּנָיו

Et Moïse entendit et tomba sur sa face  

Nous allons commencer par étudier ce que Rashi dit sur le 1er verset. Le sens immédiat c’est que la position de Moïse et Aaron est très difficile devant une telle explosion de démagogie et devant le peuple. Tout se passe comme si ils étaient paralysés, impuissants :

 

Et Moïse entendit et tomba sur sa face.  

Rashi va nous dire : «  il ne peut plus intervenir c’est pourquoi il va falloir le jugement de Dieu. Il y aura l’épreuve du jugement de Dieu : vous allez remplir vos encensoirs et Aaron va remplir son encensoir. Si le feu du ciel tombe sur celui d’Aaron c’est donc que c’est lui que Dieu a choisi...

 

Pourquoi à ce niveau ? C’est lorsque la justice humaine ne peut plus juger. On est bloqué, c’est l’impasse. Alors il faut le jugement de Dieu ! Au moyen-âge très souvent les tribunaux arrivaient à cette conclusion du jugement impossible et en arrivaient au jugement de Dieu.  

Rashi sur וַיִּפֹּל עַל-פָּנָיו, va citer le Midrash Tan’houmah et le Midrash rabba :  

Pourquoi Moïse est-il tombé sur sa face ? A cause de la controverse. C’est déjà la 4ème fois qu’il le mette en question. Ils ont fauté au veau d’or (שְׁמוֹת chapitre 32)  et Moïse a prié. Lorsqu’ils ont demandé de la viande et se sont révoltés (בְּמִדְבַּר 11) et Moïse a prié. Avec les מְרַגְּלִים (בְּמִדְבַּר chapitre 14) et Moïse a dit à Dieu : « Mais les Egyptiens entendront... » et cela fera un ‘Hiloul Hashem... ». Mais là dans la controverse de Qora’h, ses mains se sont affaiblies. Mashal: cela ressemble à un prince qui a fauté vis-à-vis de son père, un ami de son père  est intervenu pour plaider pour le fils, 1 fois, 2 fois, 3 fois… Lorsqu’il s’est mal conduit la 4ème fois, les mains de l’ami se sont affaiblies et l’ami s’est dit : « jusqu’à quand vais-je fatiguer le Roi ? peut-être ne m’acceptera-t-il pas ? » [Midrash Tan’houma 4, Shemot Rabbah 18: 6]  

 

Cela veut dire que c’est une situation d’impasse, et même Moïse ne peut intervenir pour prier pour eux.   

Rashi met en évidence le caractère gravissime de l’épisode : Moïse ne peut pas intervenir.  C’est Moïse qui est en question.  

Il y a un autre épisode, mais je manque de temps, celui où Dieu a demandé à Moïse et Aaron de parler au rocher pour que l’eau sorte...  épisode très mystérieux d’ailleurs, et c’est là que Moïse a frappé et c’est là la sanction que Moïse ne peut plus être chef de ce peuple... et donc Moïse et Aaron restent dans le désert et le relai est passé à Josué pour entrer en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל...  

Ce sujet est une énigme : savoir pour quelle raison Moïse n’est pas entré en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל?

 

On l’explique entre autres par le fait qu’il a frappé le rocher au lieu de lui parler... De quoi s’agit-il ? De faire sortir de l’eau du rocher ! Qui peut comprendre comment de l’eau peut sortir d’un rocher selon que l’on parle ou que l’on frappe le rocher ?  

Personne n’y comprend rien et enseigne de manière docte que c’est à cause de cet événement qu’il n’est pas rentré en Israël !!!   

Il y a un humour colossal dans la תּוֹרָה. Tellement énorme qu’on ne le voit pas.  

 

Deux exemples avec Abraham et Moïse :

 Abraham : Cette terre Je la confirmerais à ta descendance. Pourquoi cette confirmation si cette terre est bien celle des Hébreux ? Parce que ce n’est pas n’importe quelle descendance mais celle qui passe par Isaac puis par Jacob... Effectivement, l’histoire montre que cette terre jusqu’à y compris Jérusalem nous est contestée par les autres descendances ! Dieu parle à Abraham, et il le sait, et que dit Abraham à Dieu ? Donne-moi un signe ! Comment saurais-je...

 

C’est la même conduite que les Juifs contemporains : tout le monde est sûr qu’Israël est la terre d’Israël sauf les Juifs ! Alors puisque les Juifs ne sont pas sûrs, les Arabes en profitent. C’est comme cela depuis 4000 ans!  

 Moïse : Quand Dieu se révèle à Moïse, la première chose que Moïse dit à Dieu qui se révèle à Moïse : « rappelez moi votre nom ? » !!!  

 

Guémara : quand 2 חֲכָמִים תַּלְמִידֵי se rencontrent s’ils ne rient pas il faut les fusiller du regard parce qu’ils se prennent au sérieux et c’est très grave. Quelqu’un qui se prend au sérieux cela signifie que les valeurs ne le prennent pas au sérieux, c’est lui qui se prend au sérieux.

Cela s’appelle dans la Guémara « Miley de bdiroutah », ils se racontent des histoires juives...  

Enseignement de la Guémara qui va expliquer le début du verset :

וַיִּשְׁמַע מֹשֶׁה  Et Moïse entendit...

Il est bien évident que cette information semble inutile. La Guémara va comprendre que Moïse a compris quelque chose dans ce qu’il a entendu qui fait qu’il sait qu’il sera impuissant à intervenir...

 

Sanhedrin 110a :

 וַיִּשְׁמַע מֹשֶׁה : et Moïse compris...

« Qu’a-t-il compris de ce qu’il a entendu ? Il a compris qu’on le soupçonnait d’adultère ».

Et la Guémara de par Rabbi Yonathan va préciser « adultère avec toutes les femmes mariée d’Israël ». Comment l’append-on ? D’après un verset des Psaumes 106 : « Et on jalousa Moïse dans le camp. »  

(Comment Rabi Yonathan tire-t-il cela du verset ? Cela nous apprend que chacun jalousait sa femme à cause de Moïse.)  

 

D’après un verset de la Parashah de כִּי-תִשָּׂא: « Et Moïse prit la tente et la planta pour lui hors du camp. » Cela veut dire que tant que sa tente était au sein du camp on le jalousait d’adultère pour toutes les femmes et quand Moïse l’a vu, il a pris la tente pour la planter hors du camp. De quelle tente s’agit-il ? Pas de sa tente personnelle, mais du אֹהֶל מוֹעֵד. C’est après la faute des מְרַגְּלִים lorsque Moïse décide de quitter cette génération d’Israël, c’est Josué qui prend le relai.  

Moïse s’est occupé d’Israël pendant 2,5 ans et ensuite il les a quittés et Josué a pris le relai, il était à l’écart, et ce n’est qu’à la fin des 40 ans qu’il a repris les enfants à qui il a donné le דְּבָרִים סֵּפֶר.

 

Pourquoi 2 ans et demi ? Cela s’étudie. Mais en fait Moïse s’aperçoit qu’il a un niveau trop haut pour s’occuper du peuple qui est à un niveau trop bas, alors Dieu lui annonce qu’il ne les conduira pas en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל et lui fait passer le relai à Josué. Moïse est le chef d’Israël pour une génération exceptionnelle.

En fait, vous pouvez en étudier l’explication du Torat Tmimah sur cette Guémara, mais le Midrash des Kabbalistes a une explication beaucoup plus simple : le terme de אֹהֶל  la tente désigne toujours la tente de la femme. On l’apprend des Patriarches. La tente d’Abraham c’est Sarah, la tente d’Isaac, c’est Rivqah. La Guémara explique que la maison c’est la maison de la femme pas du mari. C’est connu dans la tradition juive : « Beito zeh ishto » « sa maison c’est sa femme »   

 

Le הַבָּיִת בָּעַל on ne lui demande pas « comment va ta femme? » mais par pudeur on demande « comment va ta maison ? » Chez les Arabes aussi.  

L’explication du Maharal : Ici il y a allusion au fait que chacun jalousait Moïse pour la révélation, pour sa תּוֹרָה, et par conséquent, le fait que Moïse éclipsait tous les autres par son envergure de תּוֹרָה mettait en état d’infériorité chacun vis-à-vis de sa femme.  

Et effectivement, ce n’est pas pour rien que la Guémara met cela en évidence.  

En fin de Parashah בְּהַעֲלֹתְךָ, Myriam et Aaron querelle Moïse au sujet de sa femme.

 

בְּהַעֲלֹתְךָ 12 :1 :

וַתְּדַבֵּר מִרְיָם וְאַהֲרֹן בְּמֹשֶׁה, עַל-אֹדוֹת הָאִשָּׁה הַכֻּשִׁית אֲשֶׁר לָקָח: כִּי-אִשָּׁה כֻשִׁית, לָקָח

Un verset un peu difficile à traduire. C’est grâce à ce verset par mon intermédiaire qu’Israël et le Cameroun ont signé des accords d’alliance. כֻּשִׁי en hébreu biblique signifie beau et cela signifie noire.

Les traductions disent que la femme de Moïse était belle mais en fait il y a écrit qu’elle était noire.

 

J’ai expliqué cela au représentant du Cameroun parce que les noirs ont un complexe au sujet de la Bible qui ne s’occupe que des blancs...

Maharal explique qu’Aaron et Myriam ont querellé Moïse à cause de sa révélation.

 

Ici, il  y a un mystère : sa relation avec sa femme c’est la relation avec la תּוֹרָה.

Ils l’ont accusé de s’abreuver à une source de révélation étrangère puisqu’effectivement il s’agit de la fille de Jéthro. Or, d’après la tradition la fille de Jéthro était noire, soudanaise d’ailleurs. 

 

Les civilisations noires en ce temps étaient très fortes en Afrique et en Egypte en particulier, il y avait des grandes dynasties qui étaient noires. Il en reste des traces dans les familles royales très aristocratiques d’ailleurs. Il y a eu une sagesse noire colossale. Les mages, les sages d’Egypte sont appelés les חַרְטֻמִים, parce que leur université était Kartoum, la capitale du Soudan.  

Il y a ici un thème de Kabbale qui est très important, dont je vous donne la clef pour économiser du temps avec les références sur ce problème de la מַחְלֹקֶת et le rôle de la femme dans la מַחְלֹקֶת.

(Et j’aurai dû commencer par cela) : Ce thème indique que la relation entre l’homme et Dieu passe par sa femme, et la relation entre une femme et Dieu passe par son mari ; et cela d’une manière de médiation radicalement différente.

 

Les hommes ont oublié cela et les femmes d’autant plus.

Mais c’est pourquoi des tas de Maamarim prennent leur sens profond là : lorsqu’un mariage est réussi, le י de אִישׁ et le ה de אִשָּׁה c’est le nom de יָהּ. Le relai de la relation à Dieu pour le mari passe par sa femme et pour une femme passe par son mari. Par conséquent, pour le Prophète, la femme est le véhicule de la שְׁכִינָה.  

 

On a querellé Moïse pour avoir pris sa source d’inspiration dans une source étrangère à la famille des Hébreux puisqu’il l’a prise chez Jéthro. C’est pourquoi, ils ont querellé Moïse à propos de Tsiporah, non parce que Moïse a pris une étrangère, elle était hébreux convertie, mais en fait ils l’ont accusé de s’abreuver à une inspiration étrangère, extérieure.  

Alors c’est la même chose ici dans ce que cite la Guémara : on redescend de plusieurs degrés, cela veut dire que chaque mari jalousait Moïse parce que finalement toutes les femmes savaient que la תּוֹרָה venait de Moïse : comme si c’était Moïse qui était le Baal de toutes les femmes de tous les maris.  

C’est ce que la Guémara indique lorsqu’elle dit que la querelle se réalisait au niveau de comportements humains de microsociologie, au niveau d’une jalousie plus ou moins consciente envers Moïse à cause de leur femme.

 

***

 

On revient à la première מַחְלֹקֶת de l’histoire, c’est celle de Caïn et Abel.

Le Midrash avait indiqué que l’objet profond de la מַחְלֹקֶת c’était que Caïn avait une jumelle et Abel en avait deux.

 

בְּרֵאשִׁית 4:1-2

וְהָאָדָם, יָדַע אֶת-חַוָּה אִשְׁתּוֹ; וַתַּהַר, וַתֵּלֶד אֶת-קַיִן, וַתֹּאמֶר, קָנִיתִי אִישׁ אֶת-יְהוָה.

וַתֹּסֶף לָלֶדֶת, אֶת-אָחִיו אֶת-הָבֶל; וַיְהִי-הֶבֶל, רֹעֵה צֹאן, וְקַיִן, הָיָה עֹבֵד אֲדָמָה.

Le mot de ”אֶת ” est employé 2 fois pour Abel et une fois pour Caïn. Il y a un « plus être » chez Abel.

Le mot de « אֶת » en hébreu signifie « ce qui va avec », il a le sens de « עִמ ». Ce qui va avec Caïn c’est sa jumelle, ce qui va avec Abel sont ses deux jumelles : deux fois le terme « אֶת ».  

Avec qui se sont mariés Caïn et Abel ?

C’est une question importante. Comme Adam est né avec sa jumelle, Caïn et Abel sont nés avec leur jumelles mais il y a un plus être chez Abel. L’objet de la querelle c’est ce plus être chez Abel.  

 

Et en fin de compte, la Kabbalah enseigne que cette querelle entre Caïn et Abel jusqu’à la fin des temps, c’est la מַחְלֹקֶת dans l’histoire humaine. A un certain moment cela se réalise entre Moïse et ses adversaires. C’est Moïse qui va être dans l’histoire humaine Abel vainqueur de Caïn.

Alors Moïse est en relation avec 5 niveaux différents de Caïn.  

L’enseignement provient des élèves du Ari. Je me base surtout sur la formulation du Shla’h :

 

C’est lorsque Dieu donne à Caïn le sursis jusqu’à la fin des temps : il faudra savoir si Caïn a vraiment été assassin ou s’il était justicier. Caïn a supprimé Abel, mais quand le bourreau tue un criminel, le bourreau devient un justicier. On n’a pas le temps de développer.

L’histoire c’est que Caïn tue Abel.... Moïse survient et sera plus fort que Caïn. 

 

Le sursis donné à Caïn est formulé de la manière suivante dans la bouche de Lemekh:  

בְּרֵאשִׁית 4.24 :

כִּי שִׁבְעָתַיִם, יֻקַּם-קָיִן; וְלֶמֶךְ, שִׁבְעִים וְשִׁבְעָה

 

Car 7 fois se perpétuera Caïn (on lit le verset 70 fois mais il s’agit de 7 fois = 7 générations)

Le mot de יֻקַּם – י-קּ-ם est lu comme Rashei Tevot pour יִתְרוֹ - קֹרַח – מִצְרִי.

 

La נְשָׁמָה a 5 niveaux.

Au niveau du נֶפֶשׁ Moïse-Abel s’est mesuré avec l’Egyptien le מ de מִצְרִי. Moïse a tué l’Egyptien c’est le נֶפֶשׁ de Caïn. 

Au niveau du רוּחַ c’est avec Qora’h que Moïse Abel est en querelle.

Au niveau de la נְשָׁמָה c’est avec Yitro et cela se dénoue au niveau de la נְשָׁמָה avec Yitro.

La rivalité entre ce que représente Moïse et ce que représente Yitro se dénoue et ils sont amis.

 Il y a deux autres niveaux et même un troisième mais je ne veux pas trop compliquer.

 

L’identité de Moïse va être aux prises avec le נֶפֶשׁ de Caïn par l’intermédiaire du מִצְרִי: il faut l’annuler.

Le רוּחַ c’est la querelle intellectuelle spirituelle 

La querelle spirituelle c’est avec Yitro : laquelle des deux théologies est la plus vraie... etc.  

On s’aperçoit qu’à chaque fois il y a une femme en jeu.

Le מִצְרִי est celui qui envoyait aux travaux forcés les maris des femmes qu’il convoitait : c’est celui-ci que Moïse a tué.

Avec Qora’h - cherchez la femme – c’est sa femme qui l’incitait à la querelle.  La Guémara s’étonne de son opposition à Moïse : les conseils de sa femme. On l’apprend de l’histoire de On Ben Pelet un de ses alliés dont la femme l’a sauvé en lui déconseillant de faire comme Qora’h...  

Avec Yitro, l’objet de la querelle entre Caïn et Abel, la 2ème jumelle, c’est Tsiporah que Moïse est allé chercher chez Jéthro pour la ramener en Israël...

 

 

 

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