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AHARE MOT - 1994

Le cours

 

(1994)   אַחֲרֵי מוֹת

 

 

Q: Nadav et Avihou sont-ils vraiment morts ?

R : On va voir. Rashi n’emploie pas le terme de נְשָׁמָה on le verra

 

Q : Au centre de la Parashah אַחֲרֵי מוֹת il y a les lois morales, les interdictions des unions incestueuses ?

R : On va tenter d’y arriver – c’est ce qu’on lit à Minhah de Kippour sur les relations incestueuses selon les critères de la תּוֹרָה. Ce n’est pas si simple que cela.

 

Chapitre 16, verset 1

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה, אַחֲרֵי מוֹת, שְׁנֵי בְּנֵי אַהֲרֹן--בְּקָרְבָתָם לִפְנֵי-יְהוָה, וַיָּמֻתוּ

Et Dieu parla à Moïse après la mort des 2 fils d’Aaron...

 

Déjà une indication sur des questions posées : Il est normal que la révélation soit imputée directement à Moïse puisque cela concerne un problème qui est arrivé dans la famille de Aaron. Cela nous renvoi au récit qui se trouve dans la Parashah de שְּׁמִינִי. 

Au moment du sacrifice d’inauguration du מִּשְׁכָּן, il y a eu une divergence d’interprétation concernant le rite du sacrifice qui devait être fait, entre Moïse et Aaron. C’est pourquoi Parashah שְּׁמִינִי nous raconte qu’au moment de l’intronisation-inauguration du Tabernacle il y a eu une catastrophe.

 

Je vous résume là, sans les citer, énormément de Midrashim.

 

Alors que c’était le temps d’après la sortie d’Egypte où l’on pouvait entrer dans l’ère messianique, le monde, nous dit le Midrash, était en train de se transfigurer. Cela est indiquée par le fait que la Parashah  est mise à l’indice de « et il arriva le 8ème jour ».  

Il y a le récit des 6 jours du commencement, puis toute l’histoire humaine est logée dans un 7ème jour qui est le Shabbat du Créateur. A la fin du 7ème jour, ce Shabbat du Créateur, qui est l’histoire de Adam, apparait le Ben Adam, ce qui est annoncé par הָנָבִיא אֵלִיָּהוּ, d’ailleurs ce qu’on commémore à chaque semaine le samedi soir. C’est הָנָבִיא אֵלִיָּהוּ qui vient annoncer le 8ème jour. Tant que ce n’est pas le grand 8ème jour, on est repris par la spirale du temps et on rentre dans une semaine avec 7 jours, jusqu’au jour où cette semaine de 7 jours débouchera sur le grand 8ème jour. 

 

Voilà ce que dit le Midrash sur שְּׁמִינִי : il s’agissait du 8ème jour des מִלֻּאִים, c’est-à-dire le stage de préparation des Kohanim qui s’initiaient au 1er sacrifice d’intronisation-inauguration du Tabernacle, du מִּשְׁכָּן.  

Essayer d’avoir ce verset en tête [תְּרוּמָה 25.8] :

וְעָשׂוּ לִי מִקְדָּשׁ וְשָׁכַנְתִּי, בְּתוֹכָם

 

C’est l’annonce du temps messianique. Et le Midrash dit : les malades commençaient à guérir, les paralytiques commençaient à marcher, le monde se transfigurait, et il arrive une catastrophe, une divergence d’interprétation apparemment sur la manière d’opérer le sacrifice. Et selon Moïse il fallait le manger alors qu’Aaron l’a brûlé entièrement, et là il arrive un arrêt de ce qui s’amorçait וַיְהִי, בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי   

 

En général comme vous le savez le terme de « וַיְהִי » indique un malheur. Eïn Vayhei elav lashon tsaar. Voyez la collusion de concept qu’il y a dans l’expression.

וַיְהִי, בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי    

Guémara : Kol maqom sheneemar וַיְהִי bimeyei eino ela lashon tzaar...

On voit la collusion de concepts qu’il y a dans l’expression וַיְהִי.

 

בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי c’est l’annonce de ce qu’on attend depuis la création du monde. Ce monde où l’homme et Dieu pouvait coexister ensemble. Ce monde qui est préfiguré dans le מִּשְׁכָּן ou le בֵּית הַמִּקְדָּשׁ. On ne trouve pas un וְהָיָה, et il arrivera que... Eïn Véhayah ela lashon sim’hah.

Mais là l’expression est וַיְהִי, בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי une expression très forte qu’il faut étudier en soi. On attend ce הַיּוֹם הַשְּׁמִינִי et voilà qu’arrive le jour de la catastrophe...

Il y a toute une série de catastrophes de ce genre.

En particulier dans un des sacrifices important de l’inauguration du בֵּית הַמִּשְׁכָּן qui préfigure le בֵּית הַמִּקְדָּשׁ.  

 

Les 2 fils d’Aaron ont mal réalisé leur service. Ils ont utilisé un feu pris de l’autel alors qu’il fallait utiliser le feu tombé du ciel pour inaugurer le מִּשְׁכָּן par le sacrifice...

Nous étudierons un Midrash à ce sujet. 

Ici, dans le rappel de cet événement dont on vient de lire dans les premiers mots de la Parashah qui introduisent le cérémonial de l’expiation du jour de Kippour, la תּוֹרָה ne dit pas quelle a été la cause immédiate de la mort des enfants d’Aaron lorsqu’ils ont apporté sur l’autel un feu étranger אֵשׁ זָרָה, alors le feu du ciel est tombé et les a consumé.  

On vérifiera alors votre question : Est-ce leur corps qui a été brûlé ou simplement leur נֶפֶשׁ ? Il ne s’agit pas de la נְשָׁמָה, on va vérifier. Le mot employé par Rashi est נִשְׁמָתָם mais dans la source de Rashi il doit y avoir le mot נֶפֶשׁ.

 

Ce que je viens de rappeler n’est pas indiqué ici et dans Parashah שְּׁמִינִי, la תּוֹרָה dit de façon très explicite dans une simple allusion que cette révélation du cérémonial du jour de Kippour, qui est transmise à Moïse pour l’enseigner à Aaron, fait suite immédiatement à ce rappel de l’événement  catastrophique de la mort des fils d’Aaron.

 

Comme nous dit ce verset du début du chapitre 16 :

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה, אַחֲרֵי מוֹת שְׁנֵי בְּנֵי אַהֲרֹן--בְּקָרְבָתָם לִפְנֵי-יְהוָה וַיָּמֻתוּ

Après la mort des enfants de Aaron lorsqu’ils se sont approchés devant Hashem et qu’ils sont morts.  

Le texte ne fait pas allusion aux circonstances qui ont été la cause de cette mort, ni d’ailleurs à la nature de la mort elle-même.  

Nous étudierons tout d’abord cette première difficulté et nous verrons par rapport à des Midrashim ce que la tradition nous dit de la nature de ce que serait la « faute » des enfants d’Aaron.  

Mais voyons d’abord le Pshat qui se trouve en Parashah שְּׁמִינִי dans le livre de וַיִּקְרָא chapitre 10 au verset 1 :

 

10 :1

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּתְּנוּ בָהֵן אֵשׁ וַיָּשִׂימוּ עָלֶיהָ קְטֹרֶת; וַיַּקְרִיבוּ לִפְנֵי יְהוָה, אֵשׁ זָרָה--אֲשֶׁר לֹא צִוָּה אֹתָם

Et les enfants d’Aaron, Nadav et Avihou, prirent chacun son encensoir et ils y mirent du feu et ils ont placé sur ce feu de l’encens  et l’ont approché de Hashem un feu qui ne leur avait pas été commandé».  

Chaque fois que la תּוֹרָה fait allusion, pas dans notre Parashah, à la mort de Nadav et Avihou, le même problème va se poser : et ils sont morts pourquoi ? De telle sorte qu’on comprenne pourquoi la תּוֹרָה a mis en évidence cet événement.  

 

Il s’agit de Nadav et Avihou, il y a 4 allusions dans la תּוֹרָה à la mort des enfants d’Aaron.

Nous verrons dans un texte de la Parashah de פִּינְחָס  qui met cela en évidence de quel type de faute il s’agit. Pour l’instant nous savons cela formellement : la faute éventuelle des prêtres quand ils font une faute. On verra de quoi il s’agit. Je lis d’abord le texte.

 

10 :1

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ, וַיִּתְּנוּ בָהֵן אֵשׁ, וַיָּשִׂימוּ עָלֶיהָ, קְטֹרֶת; וַיַּקְרִיבוּ לִפְנֵי יְהוָה, אֵשׁ זָרָה--אֲשֶׁר לֹא צִוָּה, אֹתָם

Et les enfants d’Aaron Nadav et Avihou prirent chacun son encensoir (chaque détail est important) et ils y mirent du feu (on apprend d’autres part que ce feu ile ne l’ont pas pris de n’importe où mais d’entre les foyers qui alimentaient le feu des sacrifices) et ils ont placé sur ce feu de l’encens et l’ont approché de Hashem  (racine Korban) un feu étranger qui ne leur avait pas été commandé».

 

La faute premièrement : C’est interdit d’apporter une feu étranger, bien que pris dans les ustensiles du Temple. La faute est d’avoir agi contrairement à la prescription de la תּוֹרָה qui ne leur avait pas été commandé, prescrit.  אֲשֶׁר לֹא צִוָּה אֹתָם  

 

Le grand exemple a été étudié par Judah Halévi dans le Kouzari à propos de la faute du veau d’or. Le Kouzari sans le citer explicitement fait allusion à un enseignement du Talmud et du Midrash selon lequel, au fond, cette génération du désert (je ne rentre pas dans les péripéties pour savoir qui a initié la faute, qui l’a laissé faire..) voulait avoir un symbole représentant la présence de Dieu dans le monde. Et Judah Halévi dit clairement que la faute fut d’avoir choisi un symbole que Dieu ne leur avait pas demandé. Ce veau d’or était une représentation symbolique du signe du zodiaque dans lequel on est entré au moment de la sortie d’Egypte. On est sorti d’Egypte exactement à la sortie du point vernal, comme disent les spécialistes, d’un certain signe du zodiaque, et on est rentré, dans les 40 ans qui ont suivi dans un autre signe du zodiaque. C’était l’habitude de la religiosité de ce temps de considérer que les signes zodiacaux représentent des médiations à travers lesquelles le Créateur dirige son monde.  

Les religions astrobiologiques, les religions païennes, en font des divinités. Mais, si cela nous est interdit c’est que cela a une efficacité. Il n’est pas simple de nier l’astrologie. Si la תּוֹרָה l’interdit c’est qu’elle considère que c’est quelque chose. C’est la manière dont les tenants de l’astrologie se soumettent au destin de fatalité des conditionnements que ces signes du zodiaque représentent qui est interdite par la תּוֹרָה. Cela ne veut pas dire que ces forces n’existent pas.

 

Analogie avec la question du Midrash : pourquoi Dieu ne supprime-t-Il pas le soleil car cela supprimerait les adorateurs du soleil ? Midrash : ce n’est pas à cause des Shtouyiot, des adorateurs du soleil que l’on va priver le monde du soleil !  

C’est la même chose pour toutes les forces à travers lesquelles Hashem dirigent son monde.

Le paganisme reste une forme de croyance. Il ne faut pas l’oublier. Pour cette raison, les modernes ne sont pas vraiment capables d’être païens. Ce n’est pas pour rien que les civilisations païennes ont été de grandes civilisations ainsi que leurs religions à ce niveau-là...  

Veau d’or : C’est finalement une espèce d’instance médiatrice de la volonté divine dans la gestion de son monde. La faute c’est que la תּוֹרָה ne l’a pas demandé. Ce symbole n’est pas pour Israël.

 

On pourrait se demander alors pourquoi sur les פָרֹכֶת des synagogues sont représentés des signes du Zodiaque ? Je crois que les rabbins qui le tolèrent le font parce qu’ils savent que les Juifs n’y comprennent rien. Sinon ils ne le toléreraient pas. En fait, ce que l’on veut représenter sans le comprendre, c’est la correspondance entre les signes du zodiaque et les tribus d’Israël.  

En approfondissant la question, un des commentateurs de Judah Halévi a posé la question de savoir quel symbole, signe, est autorisé ? Le seul symbole autorisé ce sont les lettres de l’alphabet.

Dans les synagogues très strictes, il n’y que les 10 premières lettres de l’alphabet qui représentent les dix paroles.  Alef, Beit... Youd,  sur les deux tables de la loi.  

Cela se base sur l’enseignement du Midrash selon lequel c’est avec les lettres de l’alphabet hébraïque que Dieu a crée le monde.  

Ce sont des symboles sérieux. C’est-à dire les éléments de l’agencement du monde finalement sont représentées par les lettres de l’alphabet, et chaque réalité dans le monde est, à la manière des mots à partir des lettres, une combinaison de lettres qui sont les éléments de la constitution du monde. Ceux qui ont étudié la chimie comprennent plus facilement. Avec la notion de valence en chimie : il y a un certain nombre d’éléments de base. Dans telle combinaison c’est tel corps, tel substance etc... וַיִּיצֶר c’est וַיֹּאמֶר, c’est par sa parole que Dieu a créé le monde : la parole organise les éléments du langage qui sont les lettres.  

Judah Halévi : il s’agissait d’un symbole religieux que la תּוֹרָה n’avait pas demandé alors il reste interdit pour Israël.

C’est un exemple massif de ce que l’on nous dit ici : אֲשֶׁר לֹא צִוָּה, אֹתָם   

Tous les commentateurs ont mis en évidence le sens spirituel de ce geste. C’est un feu d’enthousiasme religieux supplémentaire mais que la תּוֹרָה n’a pas demandé. Cela peut être dévastateur.  

Effectivement, de manière formelle, on apprend directement de la תּוֹרָה au moment du rite de l’encens qu’ils se sont servis d’un feu que la תּוֹרָה n’a pas demandé. (Nous verrons avec les Midrashim de quoi il s’agit.) Amener son propre enthousiasme dans le service du culte demandé par la תּוֹרָה peut être dévastateur.  

Un de mes maîtres avait donnée la comparaison suivante : La תּוֹרָה réglemente de manière très précise tous les gestes du grand-prêtre pour le sacrifice. Mais si jamais, le grand prêtre, dans son enthousiasme religieux, veut embellir le rite en mettant des gants blancs on le met à mort.

Parce que, pour ceux qui savent, sans même entrer dans les contenus, qu’il s’agit d’un rituel qui signifie très exactement les structures du monde, l’introduction de la moindre nouveauté personnelle, c’est la destruction du monde au niveau spirituel.

 

Pour ceux qui étudient plus profondément dans le Talmud, vous verrez que le souci du Talmud dans toutes les מִצוֹת qui concernent le culte, c’est de savoir exactement ce qu’il faut faire. Sans ‘Houmkhah ni קֻלָּה: sans aggravation de la loi - dans le sens d’intensification de la piété - ni d’allégement de la loi - dans le sens de l’intensification de la piété aussi.  

Il faut faire exactement « Din emet lea’amito » Parce que tout ce qui concerne le culte a une signification importante. Si on modifie quoique ce soit c’est tout faux, même et surtout si on ne comprend pas quelle est cette signification.  

(Exemple : On ne peut plus lire un תּוֹרָה סֵּפֶר dans lequel il manque une lettre ou qui contient une lettre défectueuse.)

 

10:2

וַתֵּצֵא אֵשׁ מִלִּפְנֵי יְהוָה, וַתֹּאכַל אוֹתָם; וַיָּמֻתוּ, לִפְנֵי יְהוָה

 « Et un feu sortit de devant Dieu et les dévora et ils moururent devant Dieu. »  

Il faut bien comprendre que la Mitah c’est l’arrêt de la vie biologique. Il y a d’autres termes pour dire « cesser de vivre », mais la mort, Mavet, c’est l’arrêt de la vie biologique, et c’est l’instant où l’âme se sépare du corps.
C’était donc la première référence que je voulais citer.

 

Retour au Texte de אַחֲרֵי מוֹת:

 

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה, אַחֲרֵי מוֹת, שְׁנֵי בְּנֵי אַהֲרֹן--בְּקָרְבָתָם לִפְנֵי-יְהוָה, וַיָּמֻתוּ

Et Dieu parla à Moïse après la mort des 2 fils d’Aaron... Lorsqu’ils s’approchèrent devant Dieu et ils moururent 

C’est un autre terme qui est employé. On le sait pourtant du récit de la Parashah de שְּׁמִינִי, il ne s’agit pas ici qu’ils ont mis sur l’encens un feu étranger et qu’ils en ont fait le sacrifice d’approchement mais qu’ils se sont approchés, eux, devant Dieu et qu’ils sont morts.  

Je vais lire un certains nombres de Midrashim qui vont approfondir et préciser quel est le risque de tentation de la faute des prêtres.  

Je vais lire d’abord l’ensemble des différentes thèses sans vous donner de références, et ensuite on lira ce que le Midrash dit sur notre verset:

 

  La 1ère réponse : ils ont apportés un feu étranger

 

  La 2ème réponse se trouve dans notre Parashah de אַחֲרֵי מוֹת: Ils avaient bu du vin avant leur service divin. Il y a toute une législation à ce sujet pour le Cohen. C’est interdit avant le עֲבֹדַה. La discussion de la Halakha c’est que c’est interdit directement, mais s’il y a interruption et que sa lucidité est revenue, ou qu’il y a de l’eau dans le vin, c’est permis.

 

C’est dans le chapitre 10, verset 8 de וַיִּקְרָא dans la Sidra שְּׁמִינִי, juste après le récit de la mort des enfants d’Aaron.

Dans ce 1er récit la raison directe c’est זָרָה אֵשׁ mais comme tout de suite après il y a la prescription suivante sur le vin, cela est relié par le Talmud.

 

וַיִּקְרָא -שְּׁמִינִי  10.8:

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-אַהֲרֹן לֵאמֹר

יַיִן וְשֵׁכָר אַל-תֵּשְׁתְּ אַתָּה וּבָנֶיךָ אִתָּךְ, בְּבֹאֲכֶם אֶל-אֹהֶל מוֹעֵד--וְלֹא תָמֻתוּ:  חֻקַּת עוֹלָם, לְדֹרֹתֵיכֶם

du vin et de l’alcool (vin distillé) tu ne boiras pas, toi et tes fils avec toi lorsque vous rentrerez dans la tente du rendez-vous...  

Du fait de la proximité de ces 2 textes une tradition enseigne qu’ils étaient dans l’enivrement.

Tout cela est très clair, il y a enthousiasme et enivrement : tout cela est interdit dans la conduite religieuse selon la תּוֹרָה.

 

Je voudrais rattacher cela à un thème très important qui est enseigné sur la différence de la capacité de prophétie des prophètes d’Israël et de ceux des Nations. Les sources prennent pour modèle la différence entre Moïse et Bilaam. 

Les prophètes d’Israël prophétisent dans la lucidité absolue, alors que les prophètes des Nations utilisent la transe. C’est une différence de nature. On s’est habitué à croire que plus on est en transe et plus on est prophète, alors que c’est impur. C’est dans la lucidité absolue que les prophètes d’Israël prophétisent. Debout. C’est une mentalité inverse.

 

On a cité le verset qui définit Bilaam :

« נֹפֵל וּגְלוּי עֵינָיִם.» « il tombe à terre et ses yeux s’ouvrent ».  

Je voudrais citer ce que dit le Midrash et une interprétation du Midrash qu’avait donné une fois E. Lévinas qui m’a beaucoup frappé : Le Midrash nous dit que Bilaam était incirconcis alors il avait honte de son incirconcision, et il se jetait à plat ventre pour la cacher, et là seulement il pouvait recevoir la prophétie. Et Lévinas avait dit, je ne sais plus si c’est lui qui l’a dit ou moi qui l’ai pensé quand il l’a dit, « à mon sens, cela définit le philosophe par rapport au prophète »: « Le prophète des nations peut voir mais il ne peut pas être vu, contrairement au prophète d’Israël qui peut voir et être vu ».  C’est la grande différence.  

Je me rappelle d’avoir écouté du temps où j’étais en Sorbonne un grand professeur de la philosophie des valeurs : Lessène qui nous disait avec une sincérité absolue : « on ne peut pas demander au  philosophe de vivre selon ses valeurs, il les décrit, sa vie c’est autre chose… »

Et c’est vrai, c’est cela la grande différence. Un philosophe est comme un poteau qui indique la direction à prendre, mais il ne marche pas lui même...

 

Concernant l’agitation:

La Halakha : certaines synagogues interdisent le balancement durant la prière et dans d’autres c’est autorisé. Un grand maitre ’hassid avait l’habitude de prier au pied d’un mur. Un jour, arrivant trop tard à l’heure de Minhah, il arriva dans la synagogue et vit ses élèves en train de prier et il les vit en train de gesticuler. Il était effaré. A la fin de la prière il leur a demandé « que faites vous ? ». L’un des élèves lui répondit : « mais on fait comme toi ! » Il leur répondit : « oui, mais moi je sais ce que je fais... ». Le balancement dans la prière, c’est toute une science mystique, et si on n’en connait pas les règles il faut s’en méfier sinon cela est de l’agitation névrotique de type excitation sexuelle surtout chez les jeunes gens. Il faut se méfier de ce genre de manifestation de piété démonstrative qui est parfois suspecte.

 

Retour au sujet :

2 thèses :  

 

  Un feu étranger non demandé par la תּוֹרָה. Un enthousiasme mal géré.

 

  Un enivrement. Il faut de la sobriété dans le service.

 

  Moreh halakha lifnei rabo : c’est une faute très grave en présence de Moshe et Aaron.

 

C’est pourquoi un maitre et son élève, un père et son fils, n’ont pas le droit de siéger dans le même tribunal rabbinique dans les temps où il y avait une politesse traditionnelle. Dans le même sens, à une Bar Mitsvah on évite de faire monter à la תּוֹרָה 2 frères de suite ou un père et son fils de suite. Il faut mettre un étranger entre les 2, cela va dans le même sens.

 

  Une autre thèse : ils étaient célibataires et avaient fait vœux de célibat, ou de chasteté. Au moment de la révélation de la תּוֹרָה Dieu a demandé la séparation homme-femme pendant 2 jours et Moïse a donné 3 jours pour se préparer à la révélation de la תּוֹרָה. Alors eux ont considérés qu’ils étaient tout entier תּוֹרָה et alors à plus forte raison faut-il être célibataire... La réaction du Midrash est très dure : pour qui tu te prends ?

 

  Une autre thèse : ils étaient impatients à remplacer Moïse et Aaron...

 

Avant ces Midrashim, des questions ?

 

Q : astrologie présente dans la prière ?

R : c’est dans le rite ashkénaze, et pas seulement dans la prière du Tal mais aussi dans les offices des jeûnes, à Tisha Beav...

Les modernes sont très superstitieux et imprégnés d’astrologie de bas étage qui ne sont pas le fait des astrologues sérieux.

 

***

Il y a toute une série d’approches du même problème. Nous allons voir un peu plus en détail comment en parle le Midrash.

 

Midrash au nom de Rabbi ‘Hiyyah ben Eléazar :

« C’est pour 4 raisons que les fils d’Aaron sont morts,

  • le fait de se rapprocher (trop)
  • et le fait d’avoir approcher quelque chose non demandé
  • et le feu étranger
  • et parce qu’ils ne se sont pas concertés ensemble »

 

[C’est une indication supplémentaire que nous n’avons pas eu : tout un chapitre sur le verset dans שְּׁמִינִי « שְׁנֵי בְּנֵי אַהֲרֹן - les 2 fils de Aaron »

Pourquoi l’emploi de שְׁנֵי ? On sait qu’ils étaient deux dans l’histoire ?

Chacun a eu une initiative individuelle et cela en a fait deux : c’est une indication qu’ils n’ont pas pris conseil l’un de l’autre]

 

  Le fait qu’ils se soient approchés.

Ils sont entrés jusqu’au saint des saints הָקְדוֹשִים קֹדֶשׁ, là où le grand prêtre n’a le droit de rentrer que le jour de Kippour, d’où dans notre Parashah le fait que les dispositions du sacrifice du jour de Kippour sont données juste après dans אַחֲרֵי מוֹת

 

  Le fait d’avoir approché quelque chose d’autre.

Parce qu’ils avaient apporté un sacrifice qui ne leur avait pas été commandé

 

  Le feu étranger.

Ils ont fait entrer dans le saint des saint un feu de l’autel, mais de l’autel qui devait rester extérieur.

 

  Ils n’ont pas pris conseil l’un de l’autre.

Cela se rattache à un principe très important : le Talmud interdit d’étudier tout seul. Al labadim (levad tout seul) sur un verset de la construction du temple – on doit toujours étudier avec un ’Haver. Cela s’appelle une ’Havroutah. Avec quelqu’un d‘autre de telle sorte de pouvoir se vérifier et s’aider l’un l’autre. Celui qui croit qu’il peut étudier seul est en réalité un incroyant. Il se conduit comme si Dieu n’avait donné la תּוֹרָה que pour lui. C’est la plus grande des hérésies. Un égocentrisme tel que ce n’est plus la תּוֹרָה. C’est dans Ketouvot page 111.

 

Déjà à l’époque du Talmud à l’époque de Rabi Yo’hanan il y avait déjà cet alibi de rester hors d’Israël en raison de la grandeur des Yeshivot. La Guémara dit : « Et si tu dis qu’il n’y a pas de maitre pour toi en Israël alors sache qu’il y en a un. Et puis dans tous les cas si tu ne montes pas  divise ton temps en trois : un 1/3 תּוֹרָה 1/3 Mishna 1/3 Guémara... ».

C’est une Sougiah importante dont le principe d’enseignement est qu’en tous les cas il faut monter en Israël pour étudier la תּוֹרָה. Et cela se réfère à ceux qui avancent l’excuse de l’étude de תּוֹרָה pour éviter de monter en אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. 

Il y a une très belle tradition chez les ‘Hassidim : Dans chaque communauté ‘hassidique il y avait le צַדִּיק qui est vraiment le chef spirituel de la communauté ; et chaque צַדִּיק avait un rabbin personnel, en général un de ses paroissiens les plus Pashout qui lui faisait une heure de morale chaque matin pour ne pas qu’il se prenne pour l’unique.

 

Argumentation pour le 4ème :

« Ils n’ont pas pris conseil l’un de l’autre. Et les 2 sont tombés dans un piège (Ils ont trébuchés) ».

Ainsi qu’il est dit : chapitre 10, verset 1 Parashah שְּׁמִינִי

וַיִּקְחוּ בְנֵי-אַהֲרֹן נָדָב וַאֲבִיהוּא אִישׁ מַחְתָּתוֹ וַיִּתְּנוּ בָהֵן אֵשׁ וַיָּשִׂימוּ עָלֶיהָ, קְטֹרֶת וַיַּקְרִיבוּ לִפְנֵי יְהוָה, אֵשׁ זָרָה--אֲשֶׁר לֹא צִוָּה, אֹתָם

« Et les 2 fils de Aaron, Nadav et Avihou prirent chacun son encensoir ... »

« Chacun » pour indiquer qu’ils sont eu chacun une initiative tout seul et en même temps.

« אִישׁ מַחְתָּתו: chacun l’a fait de lui même Ils n’ont pas pris conseil l’un de l’autre. »   

Et ne pas croire qu’au niveau où ils étaient leur faute est une faute très haute. Il ne s’agit pas de les mépriser comme de vulgaires fauteurs. Comme ce que dit Judah Halevi à propos de la faute du veau d’or : il faut juger la génération au niveau où elle était et ne pas les prendre pour des païens de bas étages.

 

« Quatre endroits dans la תּוֹרָה est mentionnée la mort des fils d’Aaron, et à chaque endroit on rappelle leur mauvaise conduite. Et cela pourquoi ? Pour que tu saches qu’ils n’ont fait que cette faute. »  

On rappelle de 4 manières différentes ce qui est arrivé, c’est pourquoi il y a 4 thèses différentes.  

« Et Rabbi Eléazar Amodari dit : viens voir combien la mort des fils d’Aaron a été précieuse aux yeux de Dieu. Car à chaque mention de leur mort il mentionne leur faute. Et pourquoi ? C’est pour te faire savoir : ne prenez pas l’initiative, ceux qui viendront qu’ils avaient des  actions mauvaises en secret et qu’ils sont mort pour des choses plus graves, honteuses, secrètes. »

 

Un 2nd Midrash :

« On a cité à l’école de Rabbi Eliezer : les fils de Aaron ne sont morts que parce qu’ils ont enseigné la Halakha en présence de Moïse leur maitre.

Et on raconte le cas d’un élève de Rabbi Eliezer qui a enseigné en présence de son maitre. (Rabbi Eliezer) a dit : Oy ! Que va t-l arrivé à sa femme ?

(Quelqu’un qui se conduit comme cela c’est qu’il a une femme qui ne lui sert pas de garde-fou).

C’est un autre sujet mais il faut le découvrir : le Talmud dit : « un homme ne devient que ce que sa femme lui permet de devenir ». On l’apprend d’Abraham et de Sarah. Abraham est ce qu’il est grâce à Sarah. Le verset dit : « et il y eu du bien à Abraham grâce à elle ». Faites attention à votre femme si vous voulez être heureux.)

« Et pourquoi la femme de celui-là ? »

« Il n’a pas fini sa semaine (variante : son année) il en est mort ». (i.e. Sa femme était responsable et c’est lui qui est mort)  

« Alors les sages sont entrés chez Rabbi Eliezer et lui ont dit : אַתָּה  נָבִיא  Est-ce que tu es prophète ? Il leur a dit : non ! Je ne suis ni prophète ni fils de prophète mais ainsi il est reçu par tradition : kola more halakhah lifnei rabo ‘hayav mitah celui qui enseigne en présence de son maitre est passible de mort. »  

Si c’est vraiment un maitre, si c’est vraiment un élève, si c’est vraiment qu’il a enseigné la Halakha devant son maitre alors c’est sérieux et quelque chose ne va pas et inévitablement ce qui arrive arrive....

 

Un autre Midrash dans ce sens-là :  

« On a enseigné à l’école de Rabbi Eléazar : il est interdit à un élève d’enseigner en présence de son maitre jusqu’à ce qu’il soit éloigné de lui de 12 kms comme la longueur du camp d’Israël. »  

Vous voyez à quel point c’est strict et à quel point il y a des désordres qui en résultent si ce n’est pas observé.

 

Voilà les différentes approches du même problème sur le sujet.

 

On voit la chute des générations : On a abordé un bout de verset, alors qu’il encore peu de temps on lisait le vendredi la veille de Shabbat 2 fois toute la Sidra en hébreu et une fois le Targoum (remplacé par Rashi depuis peu) pour se préparer à la lecture du Shabbat.

 

Questions-Réponses:

 

Q : La règle du célibat ? Est-ce une faute morale ?

R : c’est à priori interdit, sauf cas exceptionnel, on cite quelques rabbins à travers les siècles qui étaient dans ce cas de ne pas être mariables, pour qui leurs maîtres ont autorisé le célibat pour des raisons psychiques ou physiques, mais c’est très rare. La règle de la תּוֹרָה est l’interdit d’approcher quoique ce soit du culte à Dieu si on n’est pas marié.

Un ‘Hazan à Kippour doit être marié avec 3 enfants sinon on ne le laisse pas faire la prière pour la communauté. On ne donne pas certaines Haftarot à des gens non mariés. Nous vivons dans un temps ou le niveau psychique individuel est tellement dilué que l’on n’en réalise pas très bien de quoi il peut s’agir. Mais la loi a été pour des générations au niveau sérieux.  

Celui qui n’a pas connu la vie de couple et l’amour pour sa femme et qui dit de Dieu qu’il l’aime, de qui parle-t-il ? L’ambigüité est inévitable... de la femme qui lui manque ? Ou de Dieu ?  

 

Vous avez sans doute entendu parler d’un grand maitre d’après guerre qui était très spécial, c’est Chouchani. J’ai eu le privilège de le connaitre. Il aimait mettre les gens dans sa poche. Il était d’une science faramineuse et d’une mémoire impossible et d’une intelligence hors du commun au point que je me demande s’il était un homme ou autre chose. On ne sait pas d’où il venait. A l’accent il était lithuanien. C’était un prodige. Il est fort probable que dans sa Yeshivah il n’avait personne à qui parler, alors il est devenu fou. Il y a des gens qui disaient 50% fou, 50% génial, mais c’est faux. Il était 100 % génie et 100% fou. C’est quelque chose d’exceptionnel. Je l’ai fréquenté pendant un an, admirez ma patience ! Il aimait parfois mettre les gens dans sa poche alors il avait appris que dans une synagogue de la rue Blanche, il y avait Moadon de la communauté séfarade turque de la rue Saint-Lazare. Une fois le comité culturel avait invité un prêtre à faire un exposé sur le Cantique des cantiques. A la fin de l’exposé Chouchani se lève et dit : dites-moi la vérité comment savez-vous ces choses-là puisque vous êtes célibataire ? Toute la salle s’était éclatée de rire…  

 

Quand quelqu’un parle d’amour de Dieu sans avoir connu l’amour d’une femme on ne sait pas de quoi il parle. De ce dont il parle ou de la femme qui lui manque ?

C’est pourquoi on ne le laisse pas s’approcher du culte à cause de cette ambiguïté.

Le Talmud évoque les cas particuliers de célibat et les critères. Quelques uns en un siècle.

J’ai toujours été perplexe vis-à-vis des prêtres catholiques en particulier à cause de ce problème. (Il faut préciser la différence chez les prêtres catholiques entre le vœu de chasteté et le vœu de célibat).  

Nadav et Avihou venaient derrière Moïse et Aaron, et disaient : « quand ces deux vieillards vont-ils mourir que nous les remplacions ? ». C’est typique de la faute d’impatience. La faute d’impatience nous a coûté cher depuis le 1er homme. Les fautes graves sont des fautes d’impatience.

Il faut comprendre les choses au niveau où étaient Nadav et Avihou. Ce n’est pas du tout et uniquement une révolte des générations.  

 

Enseignement du Rav Ashlag à ce sujet, très grand cabaliste contemporain :

Pour Moïse et Aaron, la révélation se faisait simultanément en eux deux. Moïse demandait à Aaron : qu’as-tu entendu ? et Aaron demandait qu’as-tu entendu ? Pour vérifier s’ils avaient entendu la même chose…

C’est ainsi que l’on étudie. C’est la ‘Havroutah. Quand le maître enseigne, chaque élève entend une chose différente. Il faut le savoir. Pour arriver à réintégrer en quoi que ce soit le contenu de l’étude, il faut que les élèves mettent en commun leur compréhension personnelle. Cf. la différence entre écouter et entendre…  

 

Ce n’est pas seulement une révolte des générations, c’est le fait que la manière de diriger le peuple de Moïse et Aaron suivait la הָחֲכָמִים מִּדָת, par la médiation de la miséricorde.

Nous avons eu le privilège dans la génération précédente d’avoir 2 חֲכָמִים תַּלְמִידֵי qui ensemble reproduisait d’une certaine manière ce couple Moïse-Aaron : le Rav Kook et son élève préféré le Rav ’Harlap. C’était un grand, un peu éclipsé par le Rav Kook. Les 2 formulations du même enseignement qui se complètent dans ce sens de חֶסֶד et דִין qui ensemble sont חֲכָמִים. D’ailleurs le Rav Kook lui-même s’appelait Abraham Yitzhak, c’est très symbolique. Et Cohen…  

Alors que Nadav et Avihou dans l’entièreté de l’adolescence c’était la הָדִין מִּדָת: ce n’est pas ainsi qu’il faut diriger le peuple : quand est-ce qu’on va les remplacer et ils verront ce que c’est que diriger le peuple....  

Chez tout un chacun, cela peut servir d’alibi à des passions : on se réfère à des idéaux ou à des motivations apparemment désintéressées, mais qui cachent en réalité des passions du 1er genre. 

Vous voyez la sagacité de l’analyse du Midrash qui va directement à l’essentiel et montre ce qu’il y a d’essentiel dans cette histoire des enfants d’Aaron.  

Le maniement des choses de la sainteté est peu simple : il faut un scrupule et une lucidité très grande et éviter le risque de la scrupulité, l’enthousiasme, l’enivrement... 

Le sentiment est absolument nécessaire, mais s’il n’est pas contrôlé par la loi c’est la catastrophe.

S’il n’y a pas la foi, il n’y a rien, mais sans la foi, on est sans foi ni loi...

 

Q : Comment Moïse et Aaron n’ont-ils pas pressenti cette esprit de « révolte » ?

R : C’est autre chose qu’une révolte. Moïse et Aaron ont été les maitres de la génération de la sortie d’Egypte et très rapidement ils se sont distanciés du peuple. La génération a changé, et ils étaient donc inadaptés, par en haut, à la génération suivante. Une chose très peu connue : Moïse n’a enseigné le peuple que pendant 2 ans et demi durant les 40 ans du désert. Ensuite, il s’est séparé. Il a pris sa tente et s’est mis à côté du camp d’Israël, et c’est Josué qui était son porte-parole. Ce n’est qu’à la fin de cette génération, dans le livre de דְּבָרִים, qu’il a parlé aux enfants des enfants d’Israël sortis d’Egypte au bout de 40 ans. De la même manière Aaron les a quittés très tôt.  

Cela veut dire que chaque fois qu’il y avait une turbulence dans l’histoire du peuple, et c’est dans l’histoire des dix épreuves des 40 ans du désert, Moïse intercédait pour le peuple. Mais la dernière fois il n’a pas intercédé et il s’est mis en colère, une sainte colère. Le 2nd épisode du rocher. Dieu se révèle à eux en leur disant qu’ils ne peuvent plus diriger le peuple. Il faut passer le relai à plus bas. Ils sont trop hauts pour la génération.  

 

Le Professeur Baruch psychiatre dont j’ai été l’élève, fut le grand intellectuel juif universitaire d’après la résistance, le seul universitaire qui parlait intelligemment des choses de la תּוֹרָה. Une anecdote : j’allais à Sainte-Anne chaque semaine pour étudier avec lui. Il avait l’habitude de descendre de son bureau et de monter dans sa voiture et de dire à son chauffeur personnel : chez maman ! Un jour il s’est trompé en montant dans un taxi : « chez maman ! » Le taxi l’a ramené à l’hôpital Saint Anne... !   

Il me citait l’enseignement de Maïmonide qui repose sur un texte du Talmud important selon lequel la colère empêche l’inspiration, la prophétie. Celui qui se met en colère perd sa תּוֹרָה. Selon Maïmonide : la colère de Moïse le disqualifie pour entrer dans la terre d’Israël. Après l’enseignement cité, le Professeur disait que cela n’existe pas parce qu’il y a des saintes colères. 

 

Quand Moïse n’était plus à même de prier pour le peuple fautif, quelque soit la faute du peuple, c’est le signe qu’il n’est plus à sa place à la tête du peuple. Passage de relai nécessaire...

 

Midrash : Josué comme la lumière de la lune par rapport à la lumière du soleil. C’est une lumière atténuée. Comme le jour et la nuit.

 

Il est évident qu’ils ont quitté la scène de la direction du peuple et ils reviendront à la fin des temps pour nous dire leur façon de penser.

 

 

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Elyakim Simsovic

01 Mai 2024 à 13h23

Le texte transcrit contient un très grand nombre de fautes, à la fois d'orthographe et de grammaire (pas dues au parler de Manitou), des fautes d'incompréhension ou d'ignorance. J'ai téléchargé le texte et effectué un certain nombre de corrections (probablement pas toutes celles qui seraient nécessaires).
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