Noa’h : la sauvegarde du monde
Le Talmud Bérakhot, 63a, énonce un principe fondamental au nom du grand Sage Hillel l’Ancien : « Si tu te trouves dans une génération qui aime la Torah alors prodigue-la d’abondance, comme Mishelei, XI, 24, le dit : « Tel est prodigue (de son bien) et le voit s’augmenter » ; mais si tu vois que la génération n’aime pas la Torah, alors retire-toi, comme Téhilim, CXIX, 126, le dit : « Le temps est venu d’agir pour le Seigneur : Ta Loi doit être renversée. » ». Or, le contraire aussi est cohérent : Si tu vois une génération où l’étude de la Torah n’est pas aimée, elle est rabougrie, alors divulgue-la de plus belle et si tu es dans une génération où la Torah est aimée, elle est prodiguée partout, alors retourne à ton étude pour augmenter ta connaissance et ta sagacité à la recherche de la vérité. Le salut de l’humanité Rav Kook, dans ‘Eïn Aya, IX, 277, explique : « L’empathie pour la Torah a pour condition l’apprentissage éducatif des personnes ainsi que la purification de la pensée et des émotions, afin de discerner la grande valeur de la Torah, la lumière qu’elle renferme et la véritable réussite pour tous ceux qui la pratiquent, individu et collectivité. Mais pour que les pensées soient authentiques, il est nécessaire d’approfondir ses fondements. C’est une expérience prouvée qui peut être érigée en principe : toute dégradation morale est due à un amenuisement de la connaissance, la foi étant la connaissance même. Lorsque la connaissance fait défaut, se rabougrie et dérive, la conduite morale de droiture devient chétive et méprisée chez ceux-là même qui détiennent la connaissance, la foi et l’intelligibilité. Dès lors, cette situation d’une connaissance en petitesse influence tout aussi misérablement le grand public et, au-delà, l’univers tout entier en décrépitude. C’est pourquoi si nous voyons une génération où la Torah ne plaît guère, c’est le signe d’une déformation des connaissances, et la cause en est l’ignorance du changement de la directive divine dans l’histoire. Ne connaissant Dieu que par tradition d’une époque révolue, comme le connaît la foule des hommes religieux, la foi n’est plus à la mesure du temps présent. Elle est restée figée dans les moules depuis longtemps périmés, selon les critères du cycle précédent mais inadaptée aux critères du cycle qui commence. La faute n’est pas au niveau des actes mais à celui de l’être : la génération n’est encore qu’approximativement ce qu’elle doit être. Ce qui était valable au temps précédent a enfermé la génération dans une foi devenue routinière qui rend incapable d’ouvrir un œil lucide sur les grands impératifs de l’heure présente. Cette foi dépassée qui précédemment faisait aimer la Torah ne suffit plus maintenant. La raison en est que la génération présente n’est pas capable de se servir des critères valables aux temps passés pour résoudre les crises spirituelles et religieuses, les problèmes impérieux du devenir de la civilisation et de sa responsabilité dans les temps nouveaux. C’est alors qu’il est devenu nécessaire d’augmenter la connaissance des grandes idées qui fondent les principes de la Torah, d’approfondir de plus belle leur raison et leur logique, leur pensée. Lorsque les grandes âmes de la génération, représentées par quelques individus parmi elle, comprendront leur manque en ce qui concerne les principes de la foi et leur cognition, cet apprentissage éducatif leur sera très utile et les guidera aux grands appels de l’heure. Ils rectifieront leur conduite car, en fait, la seule droiture et le contentement d’une conduite morale sans défaut peuvent servir de masque à une carence plus essentielle : une foi médiocre et bornée, statique, sans envergure universelle, caduque. Une fois la Torah reconsidérée dans sa grandeur et renouvelée dans sa formulation par ces grandes âmes, la Torah sera de nouveau aimée du plus grand nombre. Voici que les grands sujets que portent les profonds principes de la Torah ne seront plus désormais dispersés parmi la foule du public de la génération mais seront concentrés dans certains forums reconnus, le fait d’érudits réputés pour leur connaissance de la grande sagesse de vérité. Ainsi, lorsque la Torah n’est pas aimée, à cette heure, par la génération c’est parce qu’il y a une carence dans l’étude, la science de la Torah n’ayant pas été suffisamment élucidée. Ce qui induit que ces individus d’élite, les grandes âmes de la génération, ayant la capacité d’étudier et d’approfondir, n’ont pas été jusqu’au bout de leurs efforts dans l’éclaircissement des profondeurs de la Torah ! Ils s’en sont éloignés et la génération avec eux. Qu’il ne te vienne pas à l’esprit que la génération dans son ensemble reviendra à aimer la Torah si tu multiplies les études du sens simplement littéral, ou si tu promeus la répétition d’enseignements éculés, ou si tu harangues le public par des appels de perroquets à la pratique technique de la morale, même si, au fond, tous ceux-ci sont véridiques et font le délice des cœurs tendres et des hommes droits. Car là ne se situe pas la problématique et il faut guérir la maladie à sa source, non pas en s’occupant seulement des symptômes. Le véritable mobile de l’effacement de l’amour pour la Torah trouve sa source dans l’empêchement, l’abandon total ou partiel, le rétrécissement de l’étude des principes essentiels dont la compréhension conduit à l’amour de la Torah. C’est ainsi qu’il te faut ajouter de la profondeur à la connaissance de la foi, comprendre l’ordre du monde et sa loi morale qui sont des sujets occultés propres à une poignée d’initiés, de talentueux particuliers, même si ces connaissances ne sont pas au cœur de la vie interne de toute la génération. Seulement à cette condition, l’amour pour la Torah reviendra et cette maladie disparaîtra. Lorsque tu vois que la Torah est aimée, c’est le signe évident que la connaissance a été grandement élucidée et les enseignements profonds ont tracé leur route sans obstacle. De suite, il faut divulguer, promulguer des savoirs périphériques sur les commandements et des enseignements moraux introductifs, en premier lieu, selon le niveau intellectuel et émotionnel du
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