Paracha de la semaine

Tazria’ Metsora’

Gradation morale Depuis le début du Livre de Vayiqra sont développées, en une gradation continue, les lois qui régissent la distinction entre l’état de pureté, טהרה tahorah et celui d’impureté, טומאה toumah. De parasha en parasha, se dégage le principe d’une progression graduelle des lois de la purification spécifiques à Israël. Dans les autres religions et les autres spiritualités, la pureté et l’impureté sont rencontrées mais de façon générale et se confondent souvent avec la notion de propreté. Cependant toutes ne pénètrent pas dans les plus infimes détails la notion de pureté et impureté comme indiqués dans la Torah, les Prophètes et les Hagiographes, selon des lois développées avec une telle minutie et élaborées avec une telle précision dans le Talmud qui y consacre plusieurs traités. D’abord, dans les parashot Vayiqra et Tsav, la Torah introduit la mise à part, la séparation radicale des Cohanim de toute situation pouvant déboucher sur l’impureté. Ce qui est mis en relief est la mise à part des Cohanim pour qui toute séparation de l’impureté est la condition sine qua non du service au mishkan, au Tabernacle. Ensuite, elle fournit l’ensemble des règles concernant la cashrout, la nourriture de consommation permise, à la parasha Shémini. En plus, pour les Cohanim qui servent au mishkan, il y a séparation radicale de la consommation de vin. Avec, dans la même parasha, “l’intermède” des enfants de Aharon, Nadav et Avihou qui moururent pour avoir porté devant le Seigneur un feu profane non casher non voulu par le Seigneur. Ils n’avaient pas pris femmes pour épouses (Vayiqra Raba 20) et n’avaient donc pas enfanté (Bemidbar III, 4). La Torah nous e:nseigne, par la mort de ces excellentes personnes d’un niveau hors normes, le principe que les êtres de sainteté, dans leurs efforts, dans leur dévouement et dans leur enthousiasme, sont exposés plus que d’autres aux risques de l’impureté dans l’élévation vers Dieu, Vayiqra X, 3 : «Moshé dit à Aharon : C’est là ce qu’avait déclaré le Seigneur en disant : Beqrovaï éqadesh בקרובי אקדש Je veux être sanctifié par ceux qui M’approchent » Cette notion atteint son paroxysme quand elle touche tous les domaines de la vie, de telle sorte que la pureté de la Torah est une notion spécifique à l’âme d’Israël. Les Cohanim y sont encore plus vulnérables, car la pureté est tout ce qui est se rattache à la vie et l’impureté est tout ce qui se rattache à la mort. Entre les deux, il y a une infinité de situations. Puis, dans Tazria’ et Metsora’, sont décrites les situations d’impureté qui concernent le corps lui-même, attaqué par une “bonne maladie” telle la parturiente, la femme enceinte qui doit accoucher incessamment, et la Torah distingue entre l’impureté qui s’attache au corps due à la naissance d’un mâle de celle due à la naissance d’une fille. Maladies psychosomatiques La Torah indique ainsi des maladies du corps dont la source est psychique : les maladies psychosomatiques, dont la tsara’at צרעת, traduit fautivement par lèpre, qui est décrite comme une maladie surtout spirituelle et qui résulte d’une des fautes les plus graves, le lashon hara’ לשון הרע, la médisance. Une perversion intérieure à la personnalité exerce une influence physique jusqu’à atteindre la peau même du corps de l’individu mais aussi le corps de toute la collectivité tant est que cette dernière aurait besoin d’une transformation spirituelle profonde. Il existe chez l’individu, comme chez la collectivité, des relations étroites entre le corps et l’âme et des perturbations d’ordre moral ou spirituel peuvent entraîner des désordres physiopsychosociobiologiques. À l’échelle de la collectivité, c’est le même schéma : telle nation est contaminée par une exposition trop longue à un manque de moralité et développe une philosophie négative qui tue ses adeptes, à l’instar de l’existentialisme après la Deuxième Guerre mondiale, en France et ailleurs, et instaure une psychologie suicidaire. Cette même impureté se rencontre à plusieurs niveaux : à part celui qui concerne le corps, elle peut s’attacher aux vêtements et même aux maisons, mais il faut que la collectivité d’Israël soit vraiment d’un niveau très haut de moralité. Toute maladie corporelle n’indique-t-elle pas un manque spirituel, un hiatus conceptuel, un désordre moral, une ignorance du Connaître-Dieu ? Les désordres du comportement moral engendrent des maladies du corps. Inversement, le respect de la Loi de moralité fait entrevoir la joie du monde, la liberté, le fondement du bonheur. La nation d’Israël obéit à la volonté de son Créateur et de son Sauveur, alors elle est protégée par Sa volonté. Réciproquement, si l’on voit qu’Israël réussit sur sa Terre, qu’il triomphe systématiquement de ses ennemis, c’est que la Providence divine lui sourit. Enfin, dans les parashot suivantes, les lois concernant le contact avec la mort règlent l’impureté fondamentale qui en résulte, Vayiqra XXI, 1 : « Et le Seigneur parla à Moshé : Parle aux Cohanim, enfants d’Aharon, et dis-leur : Nul ne doit se souiller par le cadavre d’un de ses concitoyens ». Le Rav Kook (Lettres, 79) écrit : « Notre Torah de Sainteté nous a éloignés de toutes sortes de phénomènes obscurs en nous interdisant la sorcellerie et l’appel aux morts pour les interroger. Elle a interdit au Cohen de se rendre impur au contact des morts, préférant rattacher les mitsvot à la vie ». Le peuple saint, appelé à être, dans sa totalité et dans son fait national juif, une nation de Cohanim pour toutes les familles de la Terre, ne doit s’attacher qu’au seul Dieu Vivant. Rambam et la psychologie des profondeurs Selon Rambam, la plupart des maladies ont une origine psychosomatique, et notre grand maître résume le processus d’évolution de cette impureté, dans ses Lois sur l’impureté de la tsara’at XVI, 9 : « Ce mal qui atteint les vêtements et les maisons…ne fait pas partie de l’ordre naturel des choses, mais c’est un signe prodigieux, un miracle au sein du peuple d’Israël pour qu’il se préserve du lashon hara’, la médisance. Si un individu se rend coupable de cette faute, les poutres de sa maison sont atteintes. S’il persiste, ses ustensiles de cuir sont atteints ; puis ses vêtements ; et

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Chemini : La gloire du Seigneur

Au huitième jour Notre parasha débute par le récit de l’inauguration du Mishkan, משכן le Tabernacle, qui est la résidence du Seigneur en ce monde, construit par Moshé, notre maître, et le peuple hébreu, en préfiguration du Temple à Yéroushalayim. Un an après la sortie de l’exil vécu dans la civilisation de ce temps-là par la famille de nos patriarches, un an après le passage de la Mer de Jonc, le premier jour du mois de Nissan de la deuxième année des pérégrinations au désert, c’est par la génération de la sortie d’Egypte que cette inauguration a lieu, Vayiqra IX, 1 : « Et il arriva au jour, le huitième ויהי ביום השמיני ». Pourquoi « au huitième jour » ? Rashi explique : « Parce qu’il s’agit du lendemain des sept jours de retraite et de préparation pendant lesquels la famille d’Aharon, sous l’égide de Moshé, s’est sanctifiée par les conduites du repentir. Et ce huitième jour est Rosh ‘Hodesh, le premier jour de Nissan, la néoménie, où le mishkan est inauguré. C’est ainsi que ce jour a saisi les dix couronnes explicitées dans le Livre Séder ‘Olam ». Le Talmud Méguila 10b compare ce premier jour de Nissan, en valeur et en importance, au jour de la création du monde, à l’aide d’un raisonnement par analogie, guézéra shava גזרה שוה. En effet, notre verset commence par l’expression « Et il arriva » et le verset de Béréshit I, 5, finalise, par la même expression, le jour un de la Création : « ויהי ערב ויהי בוקר יום אחד Et il arriva : le soir, et il arriva : le matin, jour un ». Voici les paroles des Sages du Talmud : « Il est enseigné : Ce jour-là a été pour le Saint, Béni est-Il, un jour de joie comme celui où furent créés les cieux et la terre, car il est écrit ici : il arriva au huitième jour, et il est écrit là-bas : ce fut soir, ce fut matin, jour un ». Quelles sont ces dix couronnes d’excellence dont est paré, selon Rashi, ce spécifique huitième jour ? Le commentaire Siftei ‘Hakhamim sur Rashi, du Rav Shabbetaï Bass de Prague, il y a trois cent cinquante ans, en fournit la liste, sur la base du Talmud Shabat 87b : « Pourquoi la Torah a-t-elle précisée : “et il arriva au jour, le huitième” avec une insistance sur l’article défini, pour ainsi dire que ce jour est déjà connu et identifié ? Parce qu’en ce jour-même eurent lieu, à l’origine, en exclusivité, dix évènements : 1- le premier jour du récit de la Création, au commencement, jour-un, 2- le premier des mois du calendrier hébreu, Nissan, temps de la naissance d’Israël et de sa souveraineté révélée, à partir de la sortie d’Égypte, 3- la première fois que les princes d’Israël, chefs des douze tribus, apportent leurs sacrifices, 4- le premier jour de la consécration des Cohanim, 5- la première fois que les Cohanim agissent au service divin des sacrifices, 6- la première fois que le feu du Seigneur s’élance du ciel pour brûler, sur l’autel, l’holocauste et les graisses des sacrifices, 7- la première fois que les Cohanim se nourrissent de leur portion invariable des sacrifices rémunératoires apportés par les Enfants d’Israël, 8- la première fois qu’est énoncé l’interdit de construire le Temple ailleurs que l’endroit indiqué en Érets Israël par le Seigneur, 9- la première fois que l’évidence de la Shékhina, la présence de Dieu au monde, est fondée en absolu en Israël, 10- la première fois qu’un Cohen Gadol, Aharon, étend ses mains pour bénir Israël ». Ces dix évènements constitutifs de l’identité hébraïque du peuple de Dieu n’est certes pas fortuite. L’identité de la nation hébraïque se développe, en gradation continue, depuis la création du monde, ce même monde étant reconnu comme créé depuis le début par tout un peuple, jusqu’à ce qu’advienne la bénédiction par Moshé, notre maître, et Aharon, le Cohen, Vayiqra IX, 23 : « Et la gloire du Seigneur se manifesta au peuple entier ». Le peuple tout entier doit se rendre apte dans son action souveraine, tout comme les Cohanim dans leur service divin au mishkan, à prendre dorénavant les responsabilités de l’histoire nouvelle des relations entre Dieu et le monde, histoire qui s’ouvre ce jour-là, précisément, Vayiqra IX, 24 : « Un feu s’élança de devant le Seigneur, et consuma, sur l’autel, l’holocauste et les graisses. À cette vue, tout le peuple jeta des cris de joie, et ils tombèrent sur leur face ».   Pour toute création, la joie est présente Depuis le premier jour du récit de la création du commencement, le projet divin ne concerne plus la seule construction de l’individu, c’est-à-dire les géants de l’esprit que furent nos Patriarches, mais aussi du collectif de la nation, du peuple tout entier. Cela est indiqué par l’inauguration du tabernacle au premier jour du premier des mois où se compte désormais le temps d’Israël, à partir de la sortie d’Égypte, Rosh ‘Hodesh Nissan, la néoménie du mois de Nissan. Depuis ce jour, le peuple, tout entier, a choisi que l’organisation intérieure de ses institutions ainsi que son identité nationale coïncident avec la Loi morale. Rabi Baroukh Epstein, dans son Torah Témima, rapporte, comme déjà indiqué, que le Talmud Méguila 10b compare en valeur et en importance « et il arriva au jour, le huitième »’ de notre verset avec le jour un de la création du monde : « Et il fut soir, et il fut matin,- jour un ». En effet, c’est au temps de la génération de Moshé, notre maître, que la Shékhina se trouve proche de la terre comme au temps où furent créés les cieux et la terre. Rabi Baroukh Epstein élargit, à ce propos, notre compréhension : « Lors de l’inauguration du mishkan, le tabernacle au désert, le Saint, Béni est-Il, a dit : “À mes yeux, il me semble que c’est ce jour-même où J’ai créé Mon monde.” La raison est fournie par le Midrash Béréshit Raba 3 : “Car depuis la création du monde, le Saint, Béni est-Il, a pour désir d’unir Son Nom et Sa sainteté à ce monde par le truchement du mishkan.” C’est par ailleurs ce qu’indique

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Tsav – Shabat Hagadol : la parole remplace le sacrifice

«  La prière a remplacé les sacrifices    Dans son commentaire Dérekh ‘Hayim (I, 1) sur les Pirqei Avot, le Maharal explique qu’à chaque génération est appelé «  »père » » celui qui, capable de récapituler l’identité antérieure d’être homme, donnera les critères de choix futurs, par référence aux Patriarches, qui ont su faire ce travail, afin de poursuivre le perfectionnement de l’homme et la réussite de l’Histoire. Pour indiquer les directions de l’avenir, au carrefour des chemins possibles, afin de choisir la bonne direction à prendre parmi les différentes bifurcations qui se présentent devant le peuple d’Israël, מעשי אבות סימן לבנים ma’assei Avot simane laBanim, les actions des Pères sont une référence d’identité pour les enfants.    Yits’haq, notre père, est celui qui a reçu l’enseignement de moralité d’Avraham, notre père, archétype du Patriarche. En hébreu אברם, Av-ram, le père élevé, et ensuite, appelé par Dieu אברהם Av-raham, le Père de toutes les mutations d’être père. Yits’haq, notre père, a enrichi cet enseignement de moralité, par le travail de sa propre gestation, d’une harmonie qui se cherche en face de son Créateur, grâce à la עבודה ‘avodah : le travail qui consiste à sacrifier une partie de soi, c’est-à-dire non seulement sacrifier de son bétail ou du produit de son agriculture mais surtout le service divin de prier Dieu, prier pour que la pluie tombe, prier pour que notre terre nous sourit à nouveau, prier pour mériter de construire un Foyer National authentique en Israël. Prier pour accéder au mérite de se marier avec une personne noble, pour une progéniture qui suive le droit chemin, pour sauvegarder sa santé et celle de tous en servant sous les drapeaux frappés de l’Étoile de David, prier pour que tous les Juifs montent en Israël et retrouvent leur maison, leur tribu, leur lieu de résidence, leur patrimoine.    Prier pour la nourriture du corps, pour celle de l’esprit, prier avant et après avoir mangé, une fois le repas consommé, pour remercier Dieu de toutes Ses bénédictions, avec les mots de la prière qui procèdent de la prophétie biblique. Prier en absence du Temple afin de proclamer l’unité de Dieu comme si le Temple était déjà reconstruit. La prière a remplacé les sacrifices, à ceci près que les sacrifices dans le Temple définissent les degrés d’élévation de l’homme par l’action dictée par Dieu, tandis que les prières les restaurent par la parole des prières instaurées par les Prophètes et les Anciens Sages de la Grande Assemblée (Sha’arei Orah 32a), comme le Prophète Hoshé’a XIV, 3 dit : « Armez-vous de paroles et revenez au Seigneur ! Dites-Lui : Fais grâce entière à la faute, agrée la réparation ; nous voulons remplacer les taureaux (consacrés aux sacrifices) ונשלמה פרים שפתינו ounéshalma pharim séfateinou par cette promesse de nos lèvres ». Yits’haq est l’enfant que Dieu a promis à Avraham. Enfant dont la naissance est impossible et qui est arraché au néant, comme tout enfant, à sa naissance.    Le Talmud Berakhot 26b enseigne que le culte de la prière a été institué en regard du culte des sacrifices quotidiens. Il donne deux motifs pour l’institution de la prière : en place des sacrifices quotidiens et en rappel des prières récitées par les Patriarches. Rambam insiste sur le côté historique et institutionnel de la prière (Lois sur la Prière I, 5 ; légiféré par Ora’h ‘Hayim 98, 4) et retient surtout le premier motif, sans doute pour mettre en relief la valeur objective de la prière et reléguer au second plan son aspect ésotérique.       La structure du Livre de Vayiqra    L’architecture de Vayiqra se construit par dix parashot, dont la première, Vayiqra, décrit l’utilisation et l’inauguration du sanctuaire, monde où l’homme et Dieu sont présents. Ensuite, Tsav énonce l’énumération de la liturgie des sacrifices dans le Temple : le sacrifice du matin et le sacrifice du soir correspondent aux repas du Cohen Gadol, dans le Temple, repas parfaits de l’homme parfait, habillé de vêtements parfaits, dans la Maison parfaite ; Shemini, la pureté alimentaire ; Tazria’, la pureté morale, la pureté religieuse de la femme et les maladies morales des situations d’impureté ; Metsora’, la pureté et la sainteté, la pureté familiale ; A’harei Mot, la pureté morale entre l’homme et son prochain, l’universalisme de la Torah ; Qédoshim, les lois sociales et l’amour du prochain comme un autre soi-même ; Emor, la pureté des Cohanim. Pourquoi autant de lois dictées pour la pureté ? Parce que la pureté est tout ce qui est du côté de la vie (Rav Yéhouda Askénazy, Pardès 23, p. 174). Évidemment, cette liste est exhaustive et n’est qu’un condensé des développements de l’Unité du Nom de Celui qui est Dieu, qui apparaît, au fur et à mesure de l’édiction des lois du culte au sanctuaire, dans leurs plus infimes applications.   La prière, pour Dieu    Non seulement les actes ont une influence cosmique, mais surtout la prière, service du cœur, qui se manifeste sous la forme du langage, est susceptible d’agir, chacun selon son niveau et son intentionnalité, sur les plus hautes sphères de l’Émanation, עולם האצילות, ‘olam haatsilout (Néfesh ‘Hayim II, 8 et 9 de Rabi ‘Hayim de Volozhyn).    La prière, surtout si elle est dite à l’heure prescrite pour ce culte, constitue la nourriture essentielle des mondes et de l’âme humaine elle-même. La prière qui équivaut au sacrifice, constitue la nourriture divine (Zohar I, 24a). Ce culte de la prière s’effectuait à heure fixe et constituait l’essentiel de cette nourriture, comme Bémidbar XXVIII, 2, dit : « קרבני לחמי, qorbani la’hmi, Mon sacrifice, Mon pain » et au verset 4 : « Fais l’un des moutons le matin et fais le deuxième des moutons au crépuscule », ces sacrifices correspondent au repas du matin et du soir, qui sont les repas principaux. Et Vayiqra XXI, 8 dit : « Tiens-le (le Cohen qui offre ton sacrifice) pour saint car c’est lui qui offre le pain de ton Dieu ; qu’il soit saint pour toi, parce que Je suis Saint, Moi, le Seigneur, qui vous sanctifie ».    Vayiqra I, 17 : « Alors, le Cohen ouvrira l’oiseau du côté des ailes, sans

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Vayikra : l’actualité des sacrifices

«  Le Livre de Vayiqra    Le contenu du Livre de Vayiqra est d’une brûlante actualité. Le fait du retour entre nos mains du lieu où s’élevèrent nos deux premiers Temples n’arrête pas de focaliser l’attention du monde entier comme s’il n’avait pas d’autres chats à fouetter. La notion des sacrifices au Temple est particulièrement difficile à comprendre pour nous, et à plus forte raison pour le monde entier. Ce dernier, avec l’ONU comme cheval de bataille, essaye de nous convaincre sans cesse que la Montagne du Temple n’est peut-être pas le lieu saint d’Israël par excellence, que Yéroushalayim devrait être divisée et que notre territoire domanial est en sursis d’existence… pas moins !    Et les gouvernements israéliens successifs, pour ne pas faire de vague dans la politique internationale, ni de tsunami dans les consciences, ont décidé de mettre entre parenthèses notre présence sur la Montagne du Temple, cautionnant ainsi cette vulgaire opinion internationale. Mais les nations sont en commotion car, de fil en aiguille, elles découvrent qu’il y a peut-être un Dieu des Juifs qui conduit de main de maître le cours de l’Histoire, selon ce qu’en ont décrit Ses prophètes dans la Bible des Hébreux, et que cela «  »colle » » de façon tout à fait naturelle à la réalité, avec une évidence eidétique massive. Tonnerres et tremblements : les Israéliens d’aujourd’hui pourraient être les ossements desséchés ressuscités de ces mêmes Hébreux de la Bible qui étaient chez eux au royaume de Shlomo, le roi, du temps où ils sacrifiaient à leur Bon Dieu, au Temple de la Paix à Yéroushalayim ! Si les nations savaient que les sacrifices au Temple attiraient la bénédiction divine sur le monde tout entier, elles ne nous mettraient pas des bâtons dans les roues pour réussir notre projet. Elles apporteraient elles aussi leurs sacrifices à Yéroushalayim.    De plus, les nations du monde nous accusent de maintenir cette présence chez nous par la force ! Comme si les Francs venus d’un peu partout des pays barbares n’avaient pas envahi la Gaule et n’avaient pas passé au fil de l’épée tous leurs opposants pour s’installer finalement en Île de France. Comme si les Chinois, composés de cinquante-six-nationalités diverses, étaient chez eux en Chine, plusieurs fois divisée et recomposée, alors qu’ils ont conquis des territoires par une brutalité réputée et qu’ils imposent actuellement au Tibet une hégémonie autoritaire. Sans parler des Américains qui ne sont sûrement pas chez eux puisque venus récemment de partout d’Europe et d’ailleurs, dans un immense melting-pot. La population du monde entier est métissée et si on lui imposait le principe que tous les humains doivent retourner à sa contrée d’origine, cela coûterait très cher, trop cher !    Si on obligeait ces milliards d’individus de retourner chez eux, ils mettraient des dizaines d’années à revenir à leurs contrées d’origine ; des pays se videraient et d’autres regorgeraient de ressortissants ne parlant plus la même langue. Nouvelle Tour de Babel, grand bazar et anarchie, guerres ethniques et migrants belliqueux, crises d’identité. Nul ne peut s’enorgueillir de pouvoir ou de vouloir revenir à sa contrée d’origine comme nul ne peut se gausser de savoir de quelle famille anthropologique il appartenait il y a deux mille ans. Sauf les Juifs qui sont chez eux à Yéroushalayim, en Israël, et nulle part ailleurs. Nous sommes l’exception à la règle : de fait, seuls nous des Juifs sommes chez nous en Israël, quand bien même par la force dont le caractère est défensif.    Tout le reste de l’humanité n’est pas chez lui, c’est le résultat de conquêtes sanglantes, toujours en dépit de toute moralité, de vols collectifs, de rapines, de kidnappings, d’incursions militaires offensives, de déplacements contraints de population, de métissages démographiques imposés et tout le toutim, au vu et au su de tous, et personne ne pipe mot,. Tout cela au nom d’un dieu inconnu ou d’idéaux fabriqués de toutes pièces. Comme ce principe de retourner tous à sa terre d’origine est impossible à réaliser, il faut imposer aux Juifs cette idée impossible qu’ils ne sont pas chez eux chez eux, en Israël, à Yéroushalayim ! Et cela marche, chez nous, ici, en Israël, pour une frange de nos concitoyens et surtout pour nos frères hors d’Israël qui s’entêtent à végéter dans des contrées qui leur sont étrangères et suggèrent, par leur présence ailleurs que dans leur terre de prédilection, que les nations du monde ont peut-être raison…    Vient alors le Livre de Vayiqra pour montrer à toute l’humanité que l’impensable est possible : la tendance naturelle de l’homme de vouer un culte ne doit s’adresser qu’à Dieu seul, selon le principe absolu du monothéisme hébreu. Et cela ne peut se réaliser que par le truchement de l’institution des règles de la liturgie propre au culte impliqué par la Loi de Moshé, au Temple à Yéroushalayim, Shemot XXII, 19 : « Quiconque sacrifiera à une divinité sera frappé d’interdit ».   La structure du Livre de Vayiqra    L’architecture de Vayiqra se construit par dix parashot, dont la première, Vayiqra, décrit l’utilisation et l’inauguration du sanctuaire, monde où l’homme et Dieu sont présents. Ensuite, Tsav énonce l’énumération de la liturgie des sacrifices dans le Temple : le sacrifice du matin et le sacrifice du soir correspondent aux repas du Cohen Gadol, dans le Temple, repas parfaits de l’homme parfait, habillé de vêtements parfaits, dans la Maison parfaite ; Shemini, la pureté alimentaire ; Tazria’, la pureté morale, la pureté religieuse de la femme et les maladies morales des situations d’impureté ; Metsora’, la pureté et la sainteté, la pureté familiale ; A’harei Mot, la pureté morale entre l’homme et son prochain, l’universalisme de la Torah ; Qédoshim, les lois sociales et l’amour du prochain comme un autre soi-même ; Emor, la pureté des Cohanim. Pourquoi autant de lois dictées pour la pureté ? Parce que la pureté est tout ce qui est du côté de la vie (Rav Yéhouda Askénazy, Pardès 23, p. 174). Évidemment, cette liste est exhaustive et n’est qu’un condensé des développements de l’Unité du Nom de Celui qui est Dieu, qui apparaît, au fur et à mesure

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Vayakel – Pékoudei : Moshé, le rassembleur et le sauveur

Le but du rassemblement général      Shémot XXXV, 1-3 : « Vayaqhel Moshé, Moshé convoqua toute l’assemblée des enfants d’Israël et leur dit : “Voici les choses que le Seigneur a ordonné d’observer. Pendant six jours on travaillera, mais au septième vous aurez une solennité sainte, une cessation d’agir absolue en l’honneur du Seigneur ; quiconque travaillera en ce jour sera mis à mort. Vous ne ferez point de feu dans aucune de vos demeures en ce jour de repos” ».     Rashi commente : « Moshé rassembla : Cela se passe au lendemain du jour des Kipourim, lorsque Moshé descendit de la montagne. La forme du verbe est un hif’il (un factitif : il les fit se rassembler). Il n’a pas rassemblé les hommes de ses propres mains, mais ils se rassemblent d’eux-mêmes par sa parole. Et sa traduction araméenne : il les réunit ». Le jour des Kipourim est le premier 10 Tishri de l’histoire où les deuxièmes Tables de la Loi furent données à Moshé, après la faute dite du Veau d’Or et l’expiation, en tant que signe de pardon de la faute et de la réconciliation définitive de Dieu. Le lendemain de ce jour, Moshé réunit toute l’assemblée des enfants d’Israël par la force de sa parole fédératrice qui réalise le trait d’union des hommes entre eux.     Moshé détient le rôle de sauveur parce qu’il intercède auprès de Dieu pour plaider la cause d’Israël. Les versets lui attribuent, de même, la fonction de rassembleur de la communauté par sa parole fédératrice. Moshé, notre maître, est habilité comme celui grâce à qui Dieu révèle la Loi à Israël et en tant que porte-parole de la Torah, il est le sauveur et le rassembleur des enfants d’Israël.   Le jour du Shabat apparaît ici, une fois de plus, comme lien indissociable et indéfectible entre Dieu et Israël. C’est son observance absolue que Dieu exige au moment où Il accorde Son retour dans le camp des hommes. Le Livre du Zohar Vayaqhel enseigne : « Pourquoi Moshé rassembla-t-il toute la communauté ? Pour lui donner le Shabat. Avant d’avoir fait le Veau d’Or, Israël avait déjà reçu le Shabat, mais comme les étrangers parmi eux n’avaient pas observé la sainteté de ce jour, ils finirent par en détourner Israël. Après la mort de ces intrus, Moshé rassembla de nouveau la communauté d’Israël pour lui ordonner d’observer le Shabat, de ne pas travailler en ce jour et de ne pas allumer de feu dans ses demeures ». D’une part, la faute du Veau d’Or n’a pas annulé l’obligation d’observer le Shabat, d’autre part, les lois essentielles relatives au Shabat précèdent, en priorité, à celles de la construction du Tabernacle, afin de souligner que la sainteté du Shabat doit être observée même durant l’exécution des travaux du sanctuaire (Talmud Yéroushalmi Shabat 87, 9). Ce qui fait que le principe de cessation intentionnelle d’activité le jour du Shabat prédomine le principe de l’activité des travaux en jours de semaine pour construire le Tabernacle.      Le rassemblement général a pour but d’effacer la faute du Veau d’Or dont l’érection a été le désir du magma humain, «  »le peuple » » que Moshé a fait sortir Israël, qui « s’attroupa autour d’Aharon ». Et nous savons que la Téshouva, la repentance, doit être effectuée dans les mêmes conditions que la transgression. La profanation ayant été publique, sa réparation exige un rassemblement général, avec cette différence que la première fois, il s’agit surtout des intrus, et actuellement de toute la communauté d’Israël. C’est pourquoi, lors de la confection du Veau d’Or, ils sont désignés par l’expression ‘le peuple’, tandis qu’ici, le verset précise ‘toute la communauté des enfants d’Israël’, pour signifier que la responsabilité des actes lors du séjour au désert est vécue par tous les présents.      Mais Moshé, l’homme de la transcendance absolue, le porte-parole de la ‘sagesse supérieure’, est responsable en quoi que ce soit de cette faute car c’est lui le chef. Dieu est vérité absolue et Sa Loi est vérité absolue. Moshé est l’homme par qui la faute commise accuse vraiment la transgression, menant à sa perdition le pécheur irrémédiablement, selon la stricte rigueur de la Loi. Moshé prend l’initiative de mettre en congé la vérité absolue pour sauver le peuple. En brisant « les premières tables écrites du doigt du Seigneur », Moshé sauva toute la communauté des enfants d’Israël car il mit ainsi la Loi de vérité absolue entre parenthèses, afin de suspendre la punition immédiate et la relativiser.   Sagesse supérieure et sagesse inférieure      Voici un enseignement, à la parasha Shla’h le’ha, du Shné Lou’hot Habrith (Les Deux Tables de l’Alliance du saint Rabi Yésha’yahou Horowitz ben Avraham Halévi, connu par son sigle Hashlah haqadosh, 1567-1630, talmudiste, moraliste et qabaliste, Rav de Prague après le Maharal, il s’installe en Erets Israël où il devient le chef de la communauté ashkénaze. Sa sépulture se trouve à Tibériade à côté de celle du Rambam) :     Lorsque Dieu voulut créer le monde, il conçut, à l’intérieur de Sa réflexion intime au début, l’acte final, « סוף מעשה במחשבה תחילה sof ma’assé bema’hshava té’hila, l’acte en son terme est dans la pensée au début », selon la maxime du Rav Shlomo Alqabets, dans son piyout Lekha Dodi, chanté à la prière du vendredi soir du Shabat. Au début, Dieu crée les cieux et la terre ; Béréshit, au début, est traduit par le Yéroushalmi : par la sagesse. Donc, Béréshit : Par la sagesse, Dieu créa les cieux et la terre. La pensée de Dieu s’appelle ‘le début’, c’est-à-dire ‘la sagesse’, il s’agit de la ‘sagesse supérieure חכמה עליונה’ dont Moshé, notre maître, est le porte-parole. À ce titre, Moshé a obtenu la fonction de rassembleur, selon la parole dictée par la ‘sagesse d’en haut’ חכמה עילאה, ‘hokhma ‘ilaa, en araméen. Shlomo, le roi, a écrit Qohélet, L’Ecclésiate, qui signifie, par le biais de la traduction du grec : le rassembleur de la communauté, de la même racine קהל que le premier mot  ויקהלde notre parasha Vayaqhel, il rassembla. Shlomo, le roi, signe la fin de l’acte

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Ki tissa : Faire le Shabat

« Ne manquez pas d’observer Mes Shabats »      L’institution du Shabat est fondée par d’innombrables raisons et comporte des aspects multiples. Ce sujet d’une exceptionnelle richesse renferme des mondes d’idées et d’aspirations, de commémorations et d’actualisations dans le présent. La prescription d’observer « Mes Shabats » est renouvelée à maintes reprises et fait l’objet, de la part de nos Prophètes de la Bible des Hébreux, d’appels répétés sans cesse au peuple récalcitrant et réfractaire, jusqu’à nos jours. Dans notre parasha, l’observance du Shabat est mentionnée deux fois. Une première fois avant la faute dite du Veau d’Or au trente et unième chapitre, verset douze à dix-sept ; elle est réitérée après le Veau d’Or au trente quatrième chapitre, verset vingt et un.    Le Shabat occupe une place significative dans les Dix Commandements du Décalogue puisqu’il suit immédiatement les trois premiers commandements relatifs au Seigneur, notre Dieu, Lui-même, et à Son Nom. Place de choix de la première révélation religieuse solennelle, le Shabat est en quatrième position parmi les Dix Commandements, avant même l’obligation d’honorer et de respecter ses parents. Sur les deux Tables de la Loi « gravées par le doigt de Dieu », le Shabat fait face à l’interdiction de porter un faux témoignage contre son prochain. Ce qui nous rappelle le fil conducteur depuis le début de la Création : la recherche en fraternité impeccable, sans compromission, aussi bien devant la police que devant les tribunaux et à plus forte raison pour les juges eux-mêmes ainsi que pour toute la judicature.    À l’échelle de la société israélienne, tout se passe comme si le manquement à l’interdiction du faux témoignage contre son prochain découle du non-respect du Shabat. La transgression du Shabat porte atteinte foncièrement à la lucidité des juges contemporains, au plus haut niveau, et les témoins faux dansent la carmagnole, vive le son, vive le son, vive le son de la fausse information. Situation dégradante qui transpire à l’international hors de nos frontières et grève notre position face aux nations ainsi qu’à nos frères encore en diaspora.    De plus, sur les Dix Paroles de la Révélation des commandements au Sinaï, sept sont inaugurés par la négation « lo, ne pas ». Seules la première « Je suis le Seigneur…», la quatrième « Souviens-toi du Shabat…» et la cinquième « Honore ton père et ta mère…» sont positives. De plus encore, particularité remarquable en hébreu, le mot Shabat שבת est un nom féminin et masculin qui se conjugue au féminin et masculin. Le ou la Shabat est donc un principe positif d’envergure cosmique qui réconcilie le féminin-masculin, liant le principe féminin au principe masculin, ce couple qui régit le monde tout entier. La prescription du Shabat apparaît en tête des commandements fondamentaux de la morale hébreue, et fonde, par ailleurs, le jour du repos dans la morale universelle. Shabat, d’ordre cosmique    Le Shabat est motivé par des considérations de l’ordre de la religion universaliste, – la messianité hébraïque, – religion d’Israël qui n’est que la religion de la moralité et sa moralité n’est autre que la moralité de la religion, considérée comme la moralité de la Loi, Shemot XX, 2-17 : « Souviens-toi du jour du Shabat, pour le sanctifier. Tu travailleras durant six jours, et t’occuperas de toutes tes affaires. Mais le septième jour est le jour de trêve consacré par le Seigneur, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ton fils, ta fille, ton serviteur mâle ou femelle, ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs. Car en six jours, le Seigneur a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qu’ils renferment, et Il s’est reposé le septième jour : C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du Shabat et l’a sanctifié ». Pour la génération de la sortie d’Égypte, la motivation du Shabat est d’ordre cosmique, elle se trouve dans la création du monde.    Nous avons là une reprise de ce qui a été dit à la fin du récit du commencement de la Création par les Dix Paroles (Béréshit II, 1-3) où le Shabat apparaît comme son achèvement et sa finalité, son couronnement. Shabat est le signe (ot) אות que le monde a un Créateur et qui exprime le grand principe fondateur de la moralité hébreue, celui de la création, que le monde est créé, et qu’il n’a donc jamais été éternel, – qu’il n’est pas éternel, – par essence.    En d’autres termes, la création est celle du mouvement et de l’action, inséparables de leur corollaire : la cessation d’activité intentionnelle le jour du Shabat. Il devient donc évident que le principe de cessation intentionnelle d’activité propre au jour du Shabat n’est pas contredit par la notion de renouvellement perpétuel de l’œuvre des Dix Paroles de la création à partir du commencement. Il s’agit là en effet d’une différence dans l’ordre de la valeur et non d’une interruption de la réalité par un arbitraire «  »repos » » de notre Créateur qui n’en a nul besoin et qui annoncerait la disparition de l’œuvre des Dix Paroles.    C’est tout au contraire au terme de l’œuvre des Dix Paroles, aux six jours du commencement de la Création, que s’éclaire par la lumière du Shabat, en son temps, la finalité de cette œuvre, lors de l’engagement par Israël du respect des lois du Shabat. Dès le Shabat des Dix Paroles s’annonce la lumière intense des Dix Commandements révélés à l’évènement du Sinaï, dont les Dix Paroles du commencement de la Création apparaissent dès lors comme leur véhicule et leur support, Bemidbar Raba, 14, 11 : « Les Dix Commandements sont le monde intérieur des Dix Paroles ». Shabat, jour de l’espérance des hébreux    Par là-même, l’œuvre des Dix Paroles du commencement est définie comme contenant par rapport à un contenu, un récipient périphérique par rapport aux valeurs de l’intériorité. C’est le cercle par rapport à la droite, c’est-à-dire les lois impersonnelles de la nature soumises aux lois personnelles de la

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Bechallah : la générosité partout

«  Israël, révélateur de la générosité     Shémot, XIV, 19 – 21 : « Le messager de Dieu, qui marchait en avant du camp d’Israël, passa derrière eux : la colonne nébuleuse cessa d’être à leur tête et se fixa en arrière. Elle passa ainsi entre le camp égyptien et celui d’Israël : pour les uns il y eut nuée et ténèbres, pour les autres la nuit fut éclairée ; et, de toute la nuit, les uns ne s’approchèrent point des autres. Moshé étendit sa main sur la mer, et le Seigneur fit reculer la mer, toute la nuit, par un vent d’est impétueux, et Il mit la mer à sec, et les eaux furent fendues ».     La générosité de Dieu pour Israël est sans limite : au top moment, nuit noire pour les Égyptiens, et nuit éclairée pour les Hébreux. Par ces trois versets, la Torah définit la générosité par excellence. Il s’agit du fondement de la grâce du Nom du Seigneur. L’Unité des valeurs englobe d’un lien indéfectible les médiations de grâce et de rigueur, ensemble, au plus haut sommet imperceptible (Rav Kook, Lettres, III, 207).Dans le lashon haqodesh, la langue de sainteté de la Torah, ces versets se suivent et sont composés chacun de soixante-douze lettres, ce qui est exceptionnel. Pour comprendre cette extrême générosité de la part du Seigneur qui intervient dans l’histoire humaine, nos Sages du Zohar, et à leur suite, entre autres, Rabi Avraham Ibn ‘Ezra, dans son commentaire, indiquent que l’équivalence numérique de חסד générosité, est de 72. Ce n’est donc pas fortuit si ces trois versets se suivent car ils conjuguent le grand Nom du Seigneur, Hashem hamefourash, par lequel arrivent, d’un seul tenant, la défaite des égyptiens idolâtres avec le triomphe des Hébreux qui suivent le projet du Créateur, jusqu’à ce qu’il aboutisse forcément. La première générosité     Selon Rashi, la première générosité en faveur d’Israël fut, dans le premier verset, d’intercaler le messager de Dieu entre Israël et les chars égyptiens qui les visaient avec leurs flèches et leur jetaient des pierres. Or l’expression jeter des pierres nous rappelle la sanction par la lapidation d’une personne qui aurait fauté par idolâtrie, ou qui aurait transgressé le Shabat en public, ou qui aurait outrepassé les lois sexuelles. Car les Hébreux sortis d’Égypte avaient atteint le dernier degré supportable d’idolâtrie. Rashi commente que le verset emploie le Nom de Dieu Élohim sous son attribut de rigueur, et donc qu’ils étaient en train d’être jugés au ciel, pour être délivrés ou pour être perdus. À chaque étape de notre histoire, une délibération de justice céleste nous accompagne car il y a confrontation entre la liberté humaine et les valeurs.     La clause de chacune des dix plaies avait été remplie : « Laisse sortir mon peuple, sinon tu seras frappé…», et elles avaient déjà toutes eu lieu. Mais si Dieu, dans sa directive de Justice rigoureuse, permet le fait que les Égyptiens les poursuivent, c’est qu’Israël appartenait encore à la clause d’exil égyptien, Shémot, XIV, 10 : « Et le Pharaon s’approcha, et les Enfants d’Israël levèrent les yeux, et voici : l’Égypte était à leur poursuite, et ils eurent très peur ; et les enfants d’Israël crièrent vers le Seigneur ». Rashi commente la raison de leur peur : « Ils ont vu le prince céleste de l’Égypte venir du ciel pour aider l’Égypte ». Chaque nation possède un ange tutélaire, un mentor céleste qui plaide pour elle au Tribunal céleste. Or, en stricte justice, l’Égypte avait déjà payé le prix de son oppression exagérée sur Israël par les dix plaies. Les Hébreux, levant leurs yeux au loin, virent dans le ciel le שר sar l’ange préposé à la défense égyptienne accourir à l’aide de l’Égypte terrestre et dire au tribunal céleste : ceux-là sont idolâtres mais ceux-ci aussi.     Le Maharal, dans Guevourot Hashem, suggère qu’il y aurait une onzième plaie, encore plus grande que les dix premières, selon les miracles décrits dans la Hagada de Pessa’h qui multipliera l’importance des plaies qui eurent lieu sur la mer. Les épreuves de la sortie d’Égypte ne devaient s’achever qu’après le passage de la Mer de Jonc et non à la fin des dix plaies. L’épreuve de l’armée égyptienne lancée à leur poursuite faisait aussi partie du plan d’endurcissement de Pharaon. Deux expériences de salut devaient en effet être vécues par le monde en général et par Israël en particulier, pour témoigner de l’existence d’une Providence, au-delà des conditionnements naturels les plus contraignants.     La générosité divine devait se déployer par deux directives cumulatives. D’une part qu’elle pouvait délivrer de l’oppression humaine par la sortie d’Égypte, et ce premier évènement est commémoré au soir du Seder de Pessa’h. D’autre part, que le déterminisme des lois naturelles pouvait être brisé pour réaliser Sa volonté et sauver Israël, et ce dernier évènement est commémoré la nuit du septième jour de Pessa’h shevi’i shel Pessa’h. L’une et l’autre fondent la foi d’Israël : le Créateur de la nature déterminée dans ses lois causales depuis le début, est Lui-même le Sauveur, intervenant par individuation dans l’histoire, en tordant les lois qui organisent le lien causal. Tant que dure la nuit, l’un ne peut s’approcher de l’autre, mais lorsque la nuit de l’exil cessera avec la décrépitude des hors-la-loi, au grand bénéfice d’Israël, le lien causal entre les deux directives divines sera rétabli dans l’Unité originelle (Rav Kook, Medaber Shor, 355).Or, si l’on ne pouvait s’échapper de cette société égyptienne, totalitaire et concentrationnaire, la sortie d’Égypte a bien eu lieu. Des camps de la mort nazis, non plus, nul ne pouvait s’échapper, et pourtant !… La deuxième générosité     La deuxième élévation de générosité fut vécue au second verset : les ténèbres s’appesantirent sur les Égyptiens alors que la lumière régnait chez les Hébreux. Il fallait qu’ils sachent que la protection divine leur était déployée, afin que la foi d’Israël soit fondée en leur Libérateur. Au petit matin, ils

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Bo : la maîtrise du temps et de l’espace

«  Israël, libérateur du temps     Shémot, XII, 1 et 2 : « Et Hashem parla à Moshé et à Aharon, au pays d’Égypte, en ces termes : “Ce mois-ci sera pour vous le commencement des mois ; il sera pour vous le premier des mois de l’année” ». Ce commandement du premier des mois de l’année est la première loi constitutionnelle de la Torah considérée comme ensemble des mitsvot de la loi de Moshé, en tant que législation ordonnée à la collectivité du peuple d’Israël. Depuis la sortie d’Égypte, à la naissance du collectif social du peuple des enfants d’Israël, la Torah donne des lois révélées à la génération d’Israël dirigée par Moshé jusqu’à l’entrée au pays de Cana’an. La Torah s’était présentée d’emblée comme un récit historique qui débute par la création du monde jusqu’à l’évènement de la sortie d’Égypte, avec, pour charnière, cette prescription du rosh ‘hodesh, la tête du mois qui se rapporte au respect extrêmement particulier de la néoménie, le renouveau de la lune. À partir du récit de la traversée au désert, la Torah pourrait être considérée comme uniquement un code d’ordre purement législatif, les lois révélées proprement dites étant alors insérées au fur et à mesure, où sont rassemblés les innombrables éléments qui fondent la vie quotidienne du collectif d’Israël,.     Nous aurions pu croire que la Torah est scindée en deux ensembles radicalement différents ; d’une part, un récit historique et, d’autre part, un code de lois morales et spirituelles à accomplir dans le temps et l’espace. Si la Torah n’avait prôné qu’une orthopraxie de l’accomplissement des règles de fidélité pour acquérir le mérite des actes, nul besoin alors d’une si longue introduction historique depuis la création du monde jusqu’à notre verset. Mais avec cette prescription du renouvellement de la lune, la Torah indique qu’avec le mérite des actes, Israël doit acquérir le mérite d’être sur la base du mérite des actes.     De nouveau, la Torah nous intime ici sa conception d’unité du monde : le récit événementiel de l’histoire est intimement lié aux lois de Moshé, notre maître. L’édification de l’étage supérieur du peuple d’Israël en tant que collectif social s’est bâtie sur l’édification spirituelle d’individus exceptionnels que furent nos patriarches. La réussite du collectif Israël, si complexe à faire aboutir, est fondée auparavant sur la réussite de l’individu. Cependant, obtenir de notre Seigneur le mérite d’accomplir des actes dépend étroitement d’un mérite d’être en potentiel, imprégné auparavant dans l’âme du peuple. Rav Yéhouda Léon Askénazi affirme que le « mérite d’actes » est d’abord révélateur du « mérite d’être ». La prescription d’une application pratique de la Torah ne peut être émise que pour ceux qui ont la capacité, en leur âme profonde, par leur nature spécifique, d’en assumer la pleine application : « Tout ce qui était occulté, évanescent comme une essence, – devient dès lors réalité bourgeonnante, apparition, naissance à l’existence. Ce qui n’était qu’en puissance בכוח, bekoa’h, émerge à l’histoire des réalités בפועל, bepo’al ».     Depuis le commencement de la Création et à l’époque des patriarches, notre Seigneur fixait les mois et déterminait les années embolismiques selon le début du temps de l’année universelle à Tishri, avec pour référence la création du monde. À partir du moment où Israël accède à son être collectif, le Créateur se décharge de ce pouvoir pour le transmettre aux Enfants d’Israël, avec pour point d’appui la sortie d’Égypte et Pessa’h. Au 1er Nissan, le temps devient celui du commencement de l’année de commémoration des évènements constitutifs de l’histoire de la collectivité hébreue : « Jusqu’à aujourd’hui, c’est Moi qui calculais les dates des néoménies et des fêtes, désormais ce sera vous » (Midrash Tan’houma). Cela est absolument inattendu, une véritable révolution qui bouleverse la scène de l’histoire.     Le fait même que Dieu se défasse, de façon si urgente, de la prérogative de maîtriser le temps pour la confier à un peuple rudimentaire et fruste, non encore préparé à cette perfection de déterminer sa destinée historique, est un enjeu très grave. Car jusqu’au temps de Moshé, l’humanité n’a pas fourni la preuve qu’elle était capable de fidélité et de perfection par rapport aux valeurs morales telles que Dieu les a projetées. Les sept mitsvot noa’hides, le respect de la volonté divine avec pour corollaire le respect de la vie et du monde, le nerf sciatique, la circoncision n’ont finalement été respectés que par une poignée d’individus. L’histoire du monde en général est celle de l’idolâtrie, de la faute, de ceux qui ont oublié de se souvenir qu’ils avaient un Créateur. C’est alors qu’apparaît une société, les Hébreux fraîchement sortis d’Égypte en toute hâte, et Dieu lui confie la responsabilité de la prérogative d’avoir à définir le déroulement du temps. Dieu accorde au collectif d’Israël un degré de sainteté particulièrement élevé, et c’est le peuple qui, armé de cette qualité intrinsèque qui fait sa spécificité, assure la capacité de sanctifier le temps, prérogative exceptionnelle dans l’histoire et la culture des civilisations.     Le Talmud Bérakhot, 49a, l’indique clairement : c’est Israël qui sanctifie le temps. Notre Seigneur sanctifie Shabat et Israël qui, lui, sanctifie les temps, selon la bénédiction du qidoush qui introduit cérémonieusement nos Shabatot et nos fêtes. Israël devient le seul peuple à dominer le temps, de lui imposer une dimension spirituelle qui est celle de la sainteté et d’opérer la différenciation du profane et du saint. La trame du temps hébreu est tissée entre des points mis à part : le Shabat, les jours de fêtes et les jours de commémoration que le peuple juif impose dans son calendrier spécifique, tel que le Jour de l’Indépendance qui marque le retour d’Israël, collectif et individuel, sur sa terre de prédilection. Il n’est pas de plus authentiques retrouvailles que celles du temps hébreu qui figure sur notre carte d’identité israélienne et de découvrir enfin le vrai jour de sa naissance selon le calendrier instauré par nos Sages depuis le Sanhédrin.    

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