Paracha de la semaine

Devarim : L’originalité particulière du cinquième Livre de la Torah

Devarim : L’originalité particulière du cinquième Livre de la Torah Shabat ‘Hazon Ce Shabat s’appelle Shabat ‘Hazon, au sens littéral : « Shabat de la vision », en référence au premier mot du premier chapitre du prophète Yésha’yahou, lu à la Haftara en complément à la parasha de la semaine, Devarim. Cette année, le calendrier hébraïque fait que dès la fin du Shabat 9 Av, juste après la Havdala, débute le jeûne du 9 Av, Tishé’a béav, qui est repoussé au lendemain, le 10 Av, jusqu’à ce que la Rabanout Harashit d’Israël se décide d’annuler cette anomalie, purement et simplement, avec tout ce que cela implique pratiquement et spirituellement. Le Talmud de Yéroushalayim Yoma I, 1 considère : « Chaque génération qui n’a pas reconstruit en son temps le Beth Hamiqdash, le Temple à Yéroushalayim, c’est comme s’il avait été détruit de son temps ». Cela veut-il dire que tant que notre génération n’a pas reconstruit le Temple, nous sommes encore entachés par les fautes morales qui ont abouti à sa destruction ? Le célèbre historien Flavius Joseph décrit l’état d’esprit du peuple lors de la destruction du Temple : « Pendant la journée, nous luttions contre les Romains et pendant la nuit, nous luttions les uns contre les autres ». Le peuple s’est moralement suicidé et les Romains n’ont eu aucun mal à le débouter. Les Juifs s’entredéchiraient et se sont stigmatisés, ils se sont punis eux-mêmes. De nos jours, d’incompressibles divergences d’opinion divisent notre société mais pas au point d’enclencher la guerre civile ni de conclure à une séparation irrémédiable d’une partie de notre peuple par rapport à l’actuel fait national juif, inventant une nouvelle religion avec la Torah sans la Terre d’Israël, ou un nationalisme sans comprendre la signification des mitsvot, ou un humanisme libéral en réfutant la pertinence des mitsvot et en déclarant vaine la nécessité de s’établir sur toute l’étendue de la Terre de nos ancêtres. Le Rav Kook affirme que personne ne détient la vérité absolue, aucune collectivité à l’intérieur du peuple ne doit annuler l’opinion spécifique d’une autre collectivité ; et il en va de même pour les individus. La haine gratuite qui vise à nous diviser, à souligner les lacunes d’autrui sans remédier aux siennes propres, existe encore à notre grand regret. Il nous faut accepter tout courant et toute tendance dans notre nation. Nous devons identifier tout ce qu’il y a de positif dans chaque mouvement de la nation et non s’attacher à condamner ce qui nous semble en contradiction au projet commun : l’unité du peuple juif. Chacun a le devoir de constater ses défauts, et de les corriger. Il faut permettre les échanges entre les différents milieux afin de préserver l’essentiel : un pour tous et tous pour Un. Néanmoins, le Rav Kook dénonce l’absence actuelle de perfectionnement dans les facultés humaines, dont l’imagination, le sentiment et l’intellect, afin de réintégrer la faculté prophétique dans l’ensemble des facultés humaines qui concourent à l’élaboration de notre connaissance. Sans cette perfection complète des sens tactiles, émotionnels, imaginatifs et intellectuels, l’esprit de sainteté ne peut aboutir à sa finalité normale et au couronnement naturel de la pratique et de l’étude de la Torah au sein de notre peuple : l’inspiration par l’esprit de sainteté, indispensable à la reconstruction de l’âme du peuple, et permettra aussi celle du Temple, Orot HaQodesh III, p. 355 : « En vérité, l’absence d’inspiration par le roua’h haQodesh, l’esprit de sainteté, est, pour le peuple d’Israël, non pas seulement le manque d’une complète perfection, mais c’est une infirmité et une maladie. Et sur la Terre d’Israël, c’est un handicap d’autant plus douloureux qui doit nécessairement guérir, Shemot XV, 26 : “Car Moi, le Seigneur, Je te guérirai” ». Il ne faut pas attendre qu’en dernier recours le Seigneur guérisse, il faut s’y atteler dès à présent, et avec l’aide du Seigneur, remédier à la maladie. L’inspiration prophétique par l’esprit de sainteté concerne le devoir de moralité de la nation hébraïque tout entière et, par son truchement, celui du genre humain. Devarim I, 1 : « Voici les paroles » Paradoxalement, c’est dans la Torah dictée par Dieu à Moshé que Moshé parle lui-même, de sa propre initiative, sous l’inspiration divine qui lui est propre. Or, Moshé est à ce niveau d’excellence où toute implication personnelle est gommée. Moshé est une personnalité collective dénuée de toutes considérations personnelles qui parle et divulgue la vérité vraie sans masque et sans déformation. À l’entrée en Israël, lorsque toute la génération du désert a disparu, la nouvelle génération doit entendre quelle est son origine, pourquoi elle en est arrivée là et quelle est sa fonction dans l’histoire. Dans un long monologue qui s’étend tout au cours du Deutéronome, le deuxième dire ou Mishné Torah, la répétition de la Loi, prononcé à la veille de l’entrée du peuple hébreu en Érets Israël, Moshé transmet ses ultimes recommandations. Moshé exhorte le peuple d’Israël à la première personne du singulier, en lui rappelant le récit de ses pérégrinations au désert et le périple des Enfants d’Israël depuis la sortie d’Égypte, mais aussi leur enseigne la Loi, ses principes et ses détails. Le Ramban, dans son introduction au Livre Devarim, insiste sur le fait que depuis le début à la fin, il s’agit bien de la parole du Seigneur incrustée dans l’oreille de Moshé, notre maître, qui la révèle pour l’entrée en Terre d’Israël, – c’est la Torah d’Érets Israël, Talmud Bérakhot 63b : « Shemot XXXIII, 11 : “Or, le Seigneur parlait avec Moshé face à face, comme un homme s’entretient avec son ami.” Rabi Yits’haq dit : Le Saint, Béni est-Il, lui dit : “Moi et toi expliquerons la Halakha de différentes manières (jusqu’à ce que le sens soit clair)” ». Le Seigneur et Moshé enseigneront la Loi selon différents points de vue, de façon à ce que tout soit authentiquement bien compris par tous. Au-delà de l’importante indication de l’universalité de la Torah indiquée par le Talmud, il faut souligner que Moshé seul, et ses fidèles adeptes après lui, peuvent expliquer la Torah à chacun et à chaque nation selon le point de vue qui lui convient. 9 Av,

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BALAK : La force de la vérité

«  38 Manitou-lhebreu.com   Balaq : La force de la vérité Balaq, une parasha au nom d’un ennemi Quand Israël sort d’exil pour réussir son Histoire, ‘Amaleq, le rival antinomique, apparaît. Lorsque les exilés d’Israël se rassemblent sur leur terre de prédilection comme un bourgeon qui pousse inopinément sur le terroir pour fonder à nouveau la nation hébraïque, ‘Amaleq, l’ennemi public, le contraire ontologique d’Israël, surgit toujours pour l’éliminer et le remplacer. Israël doit faire front à la menace physique d’Amaleq. Mais un autre danger réel et effectif s’attaque à Israël et c’est la menace spirituelle appelée à maudire Israël : Bil’am de tous les temps se retrouve dans les multiples formes de propagande qui martèle la contestation contre l’authenticité d’Israël. Voici qu’à nouveau, de notre temps, au rassemblement au compte-goutte des exilés de France, des Amériques et d’ailleurs, Israël tente d’authentifier son identité et se pose alors une problématique analogue faite de dénigrement et d’ambiguïté face à l’existence de l’État hébreu. La guerre d’Amaleq s’attaque au physique et lors de la sortie d’Égypte, il y eut la victoire d’Israël. Le Rouleau d’Esther raconte le conflit, il y a deux mille ans, avec la descendance d’Amaleq, Haman et les amalécites de l’Empire perse, qui s’est conclu par la prise d’armes des Judéens dispersés pour passer au fil de l’épée tous ceux qui voulaient nous tuer, victoire que nous commémorons à Pourim. À ce moment-là, où la messianité d’Israël frétille au-dessus des eaux tumultueuses et semble réussir, ‘Amaleq apparaît en tant qu’adversaire radical. Ce comportement naturel d’identité, dans son profil typologique, apparaît à chaque période de fin d’exil, dont l’objectif avoué est de détruire et remplacer Israël, et, à cette époque, ce fut la communauté judéenne de la première dispersion alors qu’elle se préparait au retour du deuxième royaume de Yéhouda, avec Mordekhai, ‘Ezra et Né’hémia (Talmud Meguila, Maharal in Nétsa’h Israël). Ce comportement d’identité néfaste, antithèse absolue d’Israël, s’attaque au physique quand les rejetons rescapés de la mort, affaiblis, reviennent physiquement sur leur terre. Et l’on peut affirmer qu’Hitler, sa mémoire est poussière !, n’a pensé à la «  »solution finale » » qu’après l’avoir ouïe du musulman ‘Ha’j Amin El ‘Housseini, auto-proclamé Grand Mufti de Al Qods-Jérusalem au temps de la montée du nazisme et chef des arabes à l’époque du mandat britannique en Palestine, qui le lui a conseillée. Il faut se reporter au courageux livre d’investigation historique de Jennie Lebel ‘The Mufti of Jerusalem’ qui met en lumière la collusion arabo-nazie et l’identification par les arabes, musulmans en général, à l’idéologie nazie, tant est qu’ils se portèrent volontaires aux SS. C’est bien à ce type d’ennemis auquel nous sommes confrontés aujourd’hui et les victoires consécutives d’Israël, appuyé par ses alliés, sur les énormes forces liguées contre lui s’inscrivent dans ce sens-là : ‘Amaleq apparaît toujours avec deux prétentions, détruire et remplacer Israël (Rav Yéhouda Askénazi, PE II, p. 225). Le fait que nous échappons systématiquement aux dangers qui s’inscrivent dans cette problématique ardue du rassemblement des exilés, ardemment souhaité et désiré dans le peuple hébreu, est à peine supporté par le reste de l’humanité, tout autant par les ennemis que par les amis. L’une des grandes leçons de ces péripéties, de ces bouleversements et de ces évènements de la sortie d’Égypte, de Pourim, de la Shoah, de toutes les persécutions subies, de toutes les tentatives de nous pourrir la vie est que l’unité du peuple juif constitue la plus grande des forces. Et comment être uni si nous ne vivons pas tous ensemble, rassemblés sur la même terre « que J’ai donnée à Mon peuple Israël », avec le même but et la même cause, la même aspiration : réussir le projet divin sans atermoiement et sans perplexité, en chassant le doute qui nous étreint et alimente nos scrupules ? Puissent nos dirigeants, tant religieux que politiques, ne plus confondre entre ennemis jurés et soldats d’Israël, entre le mauvais côté et le bon côté, entre les autres et ceux de chez nous. Qu’ils réfléchissent au caractère spécifique du peuple juif, peuple des réchappés de graves sinistres, peuple des rescapés du naufrage du reste de l’humanité, peuple des sauvés des eaux tumultueuses, du ventre du Grand Léviathan de l’Inquisition, de Chelminski, d’Hitler et, de nos jours, de l’Oncle Yishma’el… Exact actuellement L’État hébreu a réuni en Tsahal, l’Armée de Défense d’Israël, les moyens humains et militaires pour contrer l’intention d’exterminer notre peuple. Le Rav ‘Ovadia Yossef bénissait tout soldat de Tsahal qui garantissait la tranquillité des Juifs en Israël et à travers le monde, afin de pouvoir vivre et étudier la Torah sans être inquiétés, pour la première fois après deux mille ans d’exil, et où ailleurs si ce n’est sur notre terre ?! Il disait : « Tout soldat de Tsahal que nous voyons, nous devons l’embrasser » et il enchaînait avec la lecture de Téhilim et de prières pour la protection « de nos soldats bien-aimés qui servent dans Tsahal » qu’il affectionnait tout particulièrement, avec beaucoup de tendresse et de souci pour eux (kol-barama.co.il., youtube, facebook.com videos, wikiquote.org). Le Rav Mordekhai Éliahou a ordonné d’imprimer son Rituel de Prières Qol Éliahou avec la formule longue de la Prière pour les soldats de Tsahal. Nos deux Grands-Rabbins très réputés ont ainsi évoqué la puissance de vérité énoncée par Bila’am, le prophète des nations, à qui Balaq a fait appel pour maudire Israël mais qui s’est transformé en bénédiction, Bemidbar XXIV, 5 : « Ma tovou ohaleikha Ya’aqov, mishkenoteikha Israël ! Quelles sont belles tes tentes, Ya’aqov, tes demeures, Israël ! ». Bil’am est l’extension spirituelle de Balaq. Impuissant, voyant qu’il ne peut détruire Israël à lui tout seul, il fait appel au prophète authentiquement inspiré qu’est Bil’am, Bemidbar XXIV, 3-16 : « Parole de Bil’am, fils de Beor, parole de l’homme à l’oeil clairvoyant, de celui qui entend le verbe divin, qui est capable de percevoir les visions du Tout-Puissant, ma’hazei Shadaï yé’hézé ». Mais il ne peut contrer la vérité dictée par Dieu et, au lieu de maudire, comme cela était son intention à son départ en diapason avec les messagers de Balaq, il est obligé par Dieu, qui

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