Cette guerre n’a pas encore de nom. On sait où, quand et comment elle a commencé. On ne sait pas où elle finira. Plusieurs références historiques ont été suggérées pour tenter de la qualifier : Les pogroms, la shoah par balle, Pearl Harbour, la guerre de Kippour, le 11 sept d’Israël, le bataclan où d’autres attaques terroristes de masse. Mais on pressent qu’aucune de ces qualifications ne permet de prendre la mesure d’un événement aussi bouleversant.
Ce qui semble déjà s’être produit de nouveau, c’est l’unité d’un peuple qui, quelques jours avant encore, se déchirait sur la définition de sa vocation. Deux conceptions d’Israël s’opposaient : fallait-il renforcer la spécificité juive ou se fondre dans l’universalité ? La brutale et cruelle attaque du Hamas à donner une réponse évidente pour tous : Israël n’a pas vraiment le loisir de se poser de question identitaire. Qui doit-il être ? Il est. Que doit-il faire ? D’abord assurer sa survie. Où doit-il aller ? Là où sa vocation le conduit.
Et c’est ainsi qu’au lendemain du massacre du 7 octobre, les Israéliens se retrouvèrent tous – ou presque – sur la même ligne : La valeur de justice qu’ils défendent ardemment impliquait que l’agresseur soit éradiqué. Et les valeurs morales qu’ils portent au-dessus de tout exigeaient d’entrer en guerre et d’en accepter les risques. Tous convaincus que selon la loi juive, c’est un devoir de tuer celui qui cherche à vous exterminer.
Qu’en pensent les autres Nations ? L’événement joue, ici aussi, le rôle de révélateur. Les pays musulmans, au mieux, ne condamnent pas ces violences, au pire ils les soutiennent en parole et en acte. A l’inverse, les pays occidentaux font part de leur indignation et assurent Israël de leur soutien. Mais c’est pour bien vite se reprendre en instrumentalisant les nécessaires exigences humanitaires afin de brouiller la justesse de la cause.
Si bien qu’au total, Israël se retrouve seul avec sa conscience pour défendre le bien, autrement dit l’humanité de homme. Le fait nouveau, c’est qu’aujourd’hui, le pays ne semble pas prêt, malgré les pressions, à céder sur ses valeurs. Le peuple en tout cas n’entend plus laisser de place aux traditionnelles tentations des dirigeants de tergiverser.
Il montre ainsi sa bonne santé et trouve de facto la place et le rôle qu’il se cherchait parmi les Nations : montrer que l’histoire et l’éthique se peuvent concilier. Aux pays islamistes, il réaffirme qu’Israël ne saurait être détruit et remplacé. Aux pays occidentaux, il révèle l’évidence des enjeux de civilisations que porte la période actuelle dans l’espoir de les sortir de leur torpeur et de les convaincre de l’idée que les concessions faites à un ennemi radical n’ont jamais d’effets pacificateurs.
Voilà qui fait sans doute de la situation actuelle un moment unique, inédit. Un moment de basculement qui, une fois nommé, devrait faire avancer d’un pas l’histoire de l’humanité vers son accomplissement.
Antoine Mercier