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29 Mai 2018

NASSO : AU DÉSERT

INTERVENANT(S) : MICHEL AMRAM Z"L

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L'unité de la Nation d'Israël


Complétant le précédent recensement des tribus d'Israël ordonné par Dieu au désert, la Torah poursuit par le partage en trois groupes de la tribu de Lévi. Une fois l'ordre du camp fixé, notre parasha établit trois secteurs distincts, selon leur degré respectif de sainteté. Le projet de sainteté étant défini comme l'organisation de l'unité des valeurs, l'idéal de l'unité des valeurs en Israël se fait connaître et se dévoile plus :

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Nasso : au désert

 

L'unité de la Nation d'Israël

Complétant le précédent recensement des tribus d'Israël ordonné par Dieu au désert, la Torah poursuit par le partage en trois groupes de la tribu de Lévi. Une fois l'ordre du camp fixé, notre parasha établit trois secteurs distincts, selon leur degré respectif de sainteté. Le projet de sainteté étant défini comme l'organisation de l'unité des valeurs, l'idéal de l'unité des valeurs en Israël se fait connaître et se dévoile plus :

1) d'abord au centre, avec le Aron haqodesh, l'Arche sainte surmontée par les deux anges ailés kérouvim, où se trouvent les deux Tables de l'Alliance données au Sinaï par notre Seigneur à Moshé,

2) puis, l'unité des valeurs se dévoile dans le camp des Léviim, tribu consacrée aux tâches de la sainteté, aux services spirituels de la Nation d'Israël par délégation de la vocation originelle du peuple dans son ensemble, concentrique autour du premier,

3) et enfin elle se dévoile dans le camp des douze tribus, distribuées alentour du second, dont la vocation originelle est la vocation particulière reconnue à la tribu de Lévi, et n'est valable que par elle.

Nous retrouvons ainsi la séquence ternaire du concept d'unité, unité qui est l'idéal du peuple d'Israël et qui n'est pas de l'ordre du rationnel, mais au-delà de la compréhension. La notion de l'unité dépasse la raison ; c'est une attitude de la foi.

La structure de notre parasha, à partir du cinquième chapitre est complexe. Différents sujets y sont abordés :

1) Lorsqu'un conflit surgit dans la vie conjugale d'un couple hébreu et que le doute, étayé par des faits précis, est en train de détruire la confiance réciproque des époux, un acte de justice divine, le test de l'ordalie, peut être demandé par les partis en cause devant le Cohen, dans l'enceinte du camp, pour déterminer la femme dite « isha sota », la femme soupçonnée d'infidélité.

2) L'institution du naziréat, l'abstème, état de pureté extrême et de sanctification particulière qu'un Hébreu peut adopter durant un certain temps.

3) Les Cohanim béniront le peuple par une formule consacrée qui est entrée dans notre tradition et qui est l'expression de la parfaite alliance entre Dieu et l'humanité. Le sacerdoce du Cohen a donc pour tâche d'affirmer la certitude de la présence divine en faisant la paix entre les hommes.

4) L'inauguration du sanctuaire et la description des offrandes présentées par les princes, chefs des tribus, où chacun apporte son offrande particulière, en premier, qui sera utilisée au service de la Tente d'Assignation.

Sotah, la femme soupçonnée d'adultère

Rav Shlomo Aviner (L'Éthique de l'Amour, p. 180) enseigne : le récit de Bemidbar V, 11-31 nous apprend qu'au test de l'ordalie, le Nom du Seigneur doit être effacé dans l'eau pour apporter la paix entre les deux conjoints. Cela relève d'une situation de tension paroxysmique entre époux et démontre combien il peut être nécessaire de faire des concessions pour rétablir la paix dans les ménages. Gommer le Nom de Dieu est une transgression très grave que nos Sages apprennent des versets de Devarim II, 4. Mais pour rétablir la paix entre époux, Dieu condescend à effacer Son Nom pour pacifier le couple et nous fournit une leçon magistrale de moralité divine.

On ne peut en déduire que l'on puisse transgresser n'importe quelle interdiction pour faire régner la paix dans les couples. Cependant parfois, la paix entre mari et femme prévaut sur l'observance des interdits. Pour exemple, le Midrash Devarim Raba V, 14 raconte : « Une femme est rentrée à la maison tardivement, le soir de Shabat, parce qu'elle était restée écouter le cours de Rabi Méïr. Son mari piqua une colère du tonnerre et annonça qu'il divorcerait à moins qu'elle n'aille cracher à la figure de Rabi Méïr. On rapporta cette querelle au grand Sage qui fit alors semblant d'avoir une écharde à l'œil et d'avoir besoin pour se soigner de salive dans l'œil. Il demanda qu'une femme lui crache dans l'œil. Les amies de la dite femme entendirent cette requête et la pressèrent de la remplir. Ce qu'elle fit.

Plus tard, ses élèves demandèrent à Rabi Méïr comment avait-il permis une telle atteinte à l'honneur de la Torah qu'il représente devant tout Israël, ce qui est une transgression sans pareille ? Le grand Sage répondit que son honneur personnel n'est sûrement pas supérieur à l'honneur de Dieu qui permet que Son Nom soit effacé pour rétablir la paix dans un ménage ».

Le Talmud Nedarim 66b raconte une histoire semblable : « Une femme avait compris de travers son mari : il lui avait demandé des légumes mais elle lui apporta des cierges car dans la contrée d'où elle venait on parlait un dialecte différent auquel elle était habituée depuis son enfance. Son mari se mit en colère et lui dit d'aller les briser sur la porte, 'baba' en araméen. Encore cette fois, elle comprit mal ce qu'il dit et exécuta sur le champ son ordre en allant casser les cierges sur la tête du grand érudit Baba Ben Buta. Quand l'auguste rabbin lui demanda pourquoi elle avait fait cet acte répréhensible, elle répondit qu'elle n'avait fait qu'obéir à son mari. Il lui dit : - Dans ce cas, tu es une épouse vertueuse ; il n'est de meilleure épouse que celle qui exécute la volonté de son mari. Que Dieu te donne deux fils qui éclairent le monde comme Baba Ben Buta ! Et il en fut ainsi ».

Sa femme, son prochain

De ces deux passages on ne peut déduire qu'il faille transgresser des mitsvot pour sauver la paix du couple mais on peut en conclure l'extrême importance que revêt la paix des ménages, qu'il faut tout faire pour la sauvegarder ou la rétablir, renoncer à tout ce qui est second et atteindre même la limite de toute concession, autant que possible soit l'effacement de soi, afin de mettre en pratique la mitsva de Vayiqra XIX, 18 : « Et tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis le Seigneur ».

Enseignement du Rav Yéhouda Askénazi :

Quand tu aimes, c'est Hashem ton Dieu que tu aimes, et tu n'aimeras que Lui. Totalement. Cet amour que tu as pour Hashem, fais-le passer par ton prochain. Le prochain est comme un relais vers Dieu. L'amour d'Israël commence par l'amour de l'Assemblée d'Israël. L'amour descend de ses hautes sphères pour se concrétiser dans l'amour des personnes, telles qu'elles sont dans leur histoire au niveau du peuple, aussi bien que dans leurs entités individuelles, dans la vie quotidienne. Il faut aimer chaque personne d'Israël. L'amour de tout Israël ne peut être contemplatif et se contenter de l'amour spirituel, théorique et abstrait de l'âme de la Nation. C'est avec celui qui est le plus proche que la mitsva est nécessaire, celui qui est loin n'est pas concerné. Il faut surtout aimer les personnes concrètes qui font partie de la Nation. Cela n'engage en rien pour quiconque d'aimer le lointain quel qu'il soit, ce qui est vraiment difficile c'est d'aimer le prochain, parce que tout autre que moi se pose d'abord en rival, et plus il est proche, plus il est rival.

C'est pourquoi la Torah prévient que c'est d'abord par rapport au prochain qu'il faut qu'on ait un avertissement d'amour du prochain parce qu'il est, comme toi-même, créature du même Dieu, et comme j'ai tendance à envisager naturellement mon prochain comme le mal dont il faut que je me débarrasse, la Torah vient imposer une nouveauté : c'est lui qu'il faut aimer avant tout pour pouvoir atteindre l'amour dans son absolu de perfection que tu as pour Dieu. L'homme a tendance à voir le mal chez son prochain, et plus il est proche et plus il y découvre le mal, et plus il a mal. La Torah ne dit pas des banalités et elle nous enjoint de faire attention d'aimer son prochain car il incarne pour toi le mal comme toi tu l'incarnes pour lui !

C'est pourquoi dans le verset, c'est le même mot qui désigne le prochain ré'a רע et le mal ra' רע. Le verset signifierait ainsi : « Tu aimeras ton mal comme toi-même ». En tant que créatures de Dieu Créateur, toi et ton prochain, vous êtes éloignés de la source créatrice, et c'est ensemble qu'il faut s'efforcer de s'en rapprocher. Le fait d'être créature n'est qu'une approximation à la source créatrice, et cette approximation est le mal. Pour être à proximité de son Créateur, pour remédier à cette approximation, il faut aimer ton prochain, et qui est le plus proche de toi ? Ton épouse.

Or, le prophète Yésha'yahou XLV, 7 nous dit que c'est le Seigneur qui crée le mal : « Je forme la lumière et crée les ténèbres, J'établis la paix et crée le mal, boré ra' בורא רע : Moi, le Seigneur, Je fais tous ceux-là ». Pourquoi crée-t-Il le mal ? Car ce mal est l'autre que Lui. Toute création est le mal par rapport au Créateur, source primordiale unique de toute création. C'est un mal nécessaire, obligatoire, nécessaire mais transitoire, obligatoire mais éphémère, pour que la créature puisse se situer dans sa liberté, dans son monde. La situation de créature est celle d'une séparation provisoire de sa source première, destinée à durer tout le temps de ce monde-ci, jusqu'à que l'acquis du mérite d'être permette le face-à-face de la rencontre promise aux justes pour le monde à venir.

Gommer, pour la paix

À partir de cet amour primordial, amour total de Dieu par le truchement de son prochain, postulat fondamental de la vie éretsisraélienne, vraiment mis en pratique dans le couple, nous pouvons alors extrapoler l'amour et l'étendre à aimer les personnes de toute la Nation d'Israël. C'est le sommet d'où tout émane.

Le Talmud Yoma 87a dit : « Celui qui ne tient pas rigueur des atteintes qui lui sont portées, ses péchés lui sont pardonnés ». Le divin Ari, Rabi Yits'haq Louria, maître de la Cabale, a prescrit de dire dans le Shema' Israël avant de se coucher : « Je pardonne à toute personne qui aurait pu me faire du tort, qu'elle l'ait fait même intentionnellement ou par mégarde ». Rav Kook a une formulation plus détaillée et étonnante : « Je pardonne à toute personne qui pourrait me faire du mal dans le futur ». Pas si facile !

 
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