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22 Août 2018

KI TETSÉ (I) : LES DIRECTIVES DU SEIGNEUR SONT VÉRITÉ

INTERVENANT(S) : MICHEL AMRAM Z"L

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Selon le décompte de Rabi Moshé 'Haguiz, notre parasha contient 74 (עד) mitsvot depuis la femme captive jusqu'à n'oublie pas le mal que t'a fait 'Amaleq, lors de la sortie d'Egypte. Or, ces deux mitsvot découlent directement d'une situation historique, et en ce cas : la guerre.

46 (I) Manitou lhebreu

(I) Ki tetsé : les directives du Seigneur sont vérité

 

Des mitsvot historiosophiques

Selon le décompte de Rabi Moshé 'Haguiz, notre parasha contient 74 (עד) mitsvot depuis la femme captive jusqu'à n'oublie pas le mal que t'a fait 'Amaleq, lors de la sortie d'Egypte. Or, ces deux mitsvot découlent directement d'une situation historique, et en ce cas : la guerre. Cela n'est guère fortuit, et il en va ainsi de toutes les mitsvot.

La première, la femme captive de belle allure, prisonnière lors d'une guerre "facultative" décidée par le roi, l'autorité exécutive de l'époque, Devarim, XXI, 10-13 : « Quand tu sortiras en guerre contre ton ennemi, Hashem, ton Dieu, le livrera dans ta main et tu feras captifs ses captifs. Et tu verras dans cette captivité une femme de bel aspect, qu'elle te plaise et que tu veuilles la prendre pour épouse, tu l'emmèneras d'abord dans ta maison, elle se rasera la tête et se coupera les ongles, se dépouillera de son vêtement de captive, elle pleurera son père et sa mère un mois entier. Alors seulement tu pourras t'approcher d'elle et avoir commerce avec elle, et elle deviendra ton épouse ».

La dernière est de se rappeler que l'un des fils d'Essav, 'Amaleq, a fait le mal en s'attaquant aux plus faibles parmi nous ; avec pour mitsvah récurrente de l'éradiquer total loss dans une guerre obligatoire, Devarim, XXV, 19 : « Souviens-toi de ce que t'a fait 'Amaleq, lors de votre voyage au sortir d'Egypte ; comme il t'a surpris chemin faisant, et s'est jeté sur tous les traînards par derrière. Tu étais alors fatigué, à bout de forces, et lui ne craignait pas Dieu. Aussi, lorsque le Seigneur, ton Dieu, t'aura débarrassé de tous tes ennemis d'alentour, dans le pays qu'Il te donne en patrimoine pour le posséder, tu effaceras la mémoire dʼ'Amaleq de dessous le ciel ; ne l'oublie pas ».

À l'instar de ces deux mitsvot, c'est tout un ensemble de prescriptions qui sont ordonnées pour toutes les générations en rapport direct avec des récits historiques passés ou à venir. Autrement dit, les péripéties historiques décrites dans la Torah sont des segments de vérité qui se joignent pour grouper toute la vérité, dans son absolu de perfection. Donc chaque mitsvah, en exacte et étroite relation avec les péripéties bibliques historiques, est une lumière de vérité totale qui éclaire nos actes dans l'histoire de notre vie, ici et maintenant, et à l'avenir.

La Torah est la Loi révélée par le Seigneur, notre Dieu Un, et son principe primordial est le monothéisme hébreu radical. La Torah révèle la loi morale du Seigneur qui a créé le monde dans un geste de moralité absolue, avec aussi la nature de l'homme, pétrie de passions, de tendances contingentes et de pulsions instinctives. Force est de constater que toutes ces données historiques, psychiques, naturelles, universelles sont partie intégrante d'une vérité transcendante à laquelle l'homme, la nature et le monde doivent atteindre en se perfectionnant par les ordres divins. Tous doivent se réhabiliter en participant au geste de moralité divine, Téhilim, XIX, 10 : « La crainte du Seigneur est pure, elle subsiste à jamais. Les directives du Seigneur sont vérité, elles sont justes ensemble ; plus désirables que l'or, que beaucoup d'or fin, plus doux que le miel, que le suc des rayons ».

Très spécifiques à la Torah d'Israël, la cohérence interne et la corrélation logique globale entre l'histoire et la loi ne sont pas évidentes à la réflexion humaine ou à la raison pure. Chaque mitsvah ne peut être comprise qu'avec l'ensemble de la Torah, dans son infini de vérité, qui englobe les récits historiques et les lois de la judicature. Cette vérité transcendante n'étant pas encore atteinte, il faut conclure que notre histoire actuelle, notre fidélité aux mitsvot, notre monde sans cesse à découvrir et les bouleversements de notre histoire qui poursuit vers sa finalité relèvent tous du projet divin. La Torah nous fournit la connaissance concrète du comportement naturel humain tel qu'il se décline dans l'histoire du monde avec le projet de loi de moralité qui se rapporte avec justesse à cette histoire passionnelle de l'homme.

L'étude théorique de la Torah implique forcément sa mise en pratique dans la vie. La Torah propose comme idéal de comportement les grands principes des valeurs qui tiennent compte aussi des tendances de la nature humaine bousculée par la vie et les tentations accidentelles de l'existence.

La femme captive

Tout se passe comme si, dès l'entrée en Israël, une option est offerte au soldat pour juguler la force des pulsions instinctives en épousant la belle captive selon les conditions de conversion indiquées par la procédure de la Torah. Dès l'édification de l'être d'Israël, une certaine dimension d'âme, une certaine capacité d'être Israël se trouve à l'extérieur et, prisonnière de l'histoire et de la durée des temps, ne demande qu'à se lier à l'identité d'Israël, comme ce fut le cas de l'âme du Mashia'h en potentiel chez Routh, la Moabite. Les converti(e)s ne seraient donc que des étincelles de sainteté en captivité qui reviennent à leur source originelle et essentielle. Chaque converti(e), Guer Tsédeq, est un étranger qui séjourne provisoirement ailleurs que chez soi-même et qui revient de captivité. Se convertir, léhitgayer, veut dire littéralement devenir guer, accepter le statut de l'étranger, car demander d'être guer, c'est cela même devenir Israël. Tout Israël est étranger en captivité de ce bas-monde comme il l'a été en Egypte. Or, l'objet de la sortie d'Egypte, fin de tous les exils, n'est autre que la construction du Tabernacle, préfigurant le Temple à Yéroushalayim où l'homme est chez lui chez Dieu là où Dieu est chez Lui chez l'homme. En attendant, l'homme est étranger en ce monde et la Présence est en exil.

L'attirance pour la femme captive doit être sublimée, ainsi elle se tond la tête et se débarrasse de ses vêtements de séduction cananéenne idolâtre pour se couvrir, dans un geste de pudeur qui sied bien aux filles d'Israël ; et pour elle, un vêtement de deuil. L'apparence extérieure de la beauté doit être gommée pour faire place à l'adhésion honnête à l'histoire et à la culture du peuple d'Israël. Cependant, la beauté extérieure reflète cette beauté interne qui est l'expression de la beauté de l'âme. La femme de Poutiphare, le maître de Yossef, le juste, ne s'y est pas trompé et voulait sans doute perdurer l'identité égyptienne en perdition en s'accouplant à lui, l'exceptionnel beau gosse hébreu, beauté inconnue jusque-là en Egypte. L'impureté absolue a toujours voulu séduire la sainteté pour mieux usurper son identité. Rashi dit que cet ennemi de la sainteté n'est autre que l'instinct du mal, le yétser hara', dont la force ne vient que des étincelles de sainteté qu'il maintient prisonnières, du bien, chez lui dénaturé, qui fait exister le mal. L'exemple de conversion, devant la grandeur de l'intervention divine dans l'histoire et l'harmonie intrinsèque des mitsvot, est celle de Yitro et sa famille, dont Tsipora, sa fille, épousée à Moshé, notre maître.

Seuls les hommes droits, les champions de la rectitude, les justes qui refusent l'assimilation, qui rejettent le mariage mixte, les réveillés qui convertissent leurs compagnes étrangères à la nation d'Israël dont la religion est le judaïsme, ont la permission de faire cette guerre contre le mal, afin de délivrer les parcelles de bien dévoyées qui donnent au mal sa séduction, sa brillance, son clinquant. Seul un Yéhouda, chef des tribus, s'accouple à Tamar, prostituée présomptive, de qui descendra David. Seul un Yéhoshoua' épouse Ra'hav, prostituée convertie, et conquiert la terre. Seul un Yifta'h est fils de prostituée (Shoftim, XI, 1) et conduit Israël à la victoire. Seul un Shimshone, le vaillant, le nazir depuis la naissance, consacré à Dieu par prédilection, épouse une fille des philistins car il cherche un prétexte pour nuire aux Philistins qui dominent alors Israël (Shoftim, XIV, 4). Seul un 'Ovadiah est Guer d'Édom (Talmud Sanhédrin, 39b) qui prophétise le triomphe d'Israël. Seul un Oshéa', le prophète, épouse, sur ordre de Dieu, une prostituée qui lui enfante une progéniture nombreuse, ce qui l'oblige à prier pour tout Israël. Seule une Yaëlle, la vertueuse, se dévoue corps et âme pour le peuple d'Israël en allant au-devant de Sisra, le conquérant ennemi cananéen, et l'invite sous sa tente pour le détruire (Shoftim, IV). Seule une Esther, la reine, est capable d'abnégation totale où le dévouement pour la collectivité, jusqu'au sacrifice de sa vie, aboutit à la sanctification du Nom de Dieu, Esther, IV, 16 : « Si je dois périr, je périrai ». Elle se positionne en belle captive dans le gynécée du roi A'hashvérosh, pour la sécurité du peuple d'Israël en danger imminent, sur ordre de son oncle et mari Mordekhaï. Pourtant, ce faisant, elle devient interdite à son mari, mais elle enfante le roi Dariavesh qui signera la construction du second Temple ('Hagaï, I), selon une stipulation ordonnée auparavant par Koresh ('Ezra, VI).

Ce qui fait que de nombreuses étincelles de lumière de l'âme originelle d'Israël sont dispersées et reviennent peu à peu en Israël, leur Métropole concrète et spirituelle d'origine. L'aboutissement de ce retour aux sources des étincelles dispersées de beauté de la sainteté inaugurera vraisemblablement la fin de tous les exils, à la grâce de Dieu !

Ta'amei mitsvot, les raisons des lois

Dans l'introduction à son commentaire de la Torah, Rabi Moshé Ben Na'hman enseigne : La Torah a réuni, dans le même rouleau, le déferlement des vagues historiques et la législation adéquate. C'est pour nous enseigner que les raisons de la loi doivent être trouvées justement dans le récit de l'engendrement de l'histoire. La raison des mitsvot est l'expérimentation des mitsvot. L'enchaînement causal de la cantillation du Pentateuque depuis la Création, de sa ponctuation, de ses fioritures au-dessus des lettres, du corps de ses lettres et l'énoncé de la loi quant à ses modes d'emploi dans l'existence sont révélés simultanément sur le même parchemin. La Torah nous propose, dans une seule continuité évolutive, la connaissance de la nature humaine telle qu'elle existe dans l'histoire du monde et le projet de loi qui lui « colle » très exactement.

 
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