Nous sommes dans une période très complexe. De nombreux Juifs sont dans la détresse et nos soldats sont prêts à donner leur vie pour mener à bien les combats d’Israël. Alors, les autres doivent-ils poursuivre leur vie normalement ? Il nous faut d’abord rappeler que si les soldats se battent, c’est justement pour que nous puissions continuer à mener une vie régulière. Nous sommes entrés en guerre pour que notre pays puisse poursuivre une existence saine et normale, pour que nous puissions célébrer les circoncisions, les mariages, et toutes les joies authentiques qui caractérisent la vie juive. Notre objectif n’est pas que tout le monde soit soldat. Celui dont on a besoin dans l’armée doit, bien sûr, s’engager et y remplir le rôle qui lui est attribué. Mais le reste de la population doit continuer à vivre comme il en a l’habitude. Après tout, notre ennemi veut perturber le cours de notre vie : que nous soyons paniqués, effrayés ou inquiets. Par conséquent, une partie de notre effort de guerre consiste précisément à continuer à vivre comme d’habitude, sans se dire « si je donne libre cours à ma joie, j’oublie la situation, et ce n’est pas convenable ». Au contraire, les soldats veulent que nous continuions avec force et joie, à vivre notre vie et à ne pas céder au terrorisme. Sur un fond de solidarité, bien entendu, car il est impossible de continuer la vie routinière d’avant. Le peuple d’Israël est engagé dans la plus grande lutte que nous ayons connue ces dernières années ; il se bat pour sa vie contre des ennemis qui se dressent contre nous pour nous détruire. Ces jours ne sont pas comme ceux d’avant Sim’hat Torah. C’est là une idée simple et un sentiment naturel, qui entraînent ce que chacun ressent intérieurement : qu’on ne peut pas continuer à vivre comme d’habitude, et que l’on cherche où apporter sa contribution. Cette prise de conscience est juste et il faut lui donner la place qui lui revient. Par ailleurs, il faut noter que le mot « guerre » en hébreu (milhama) est composé des lettres du mot « soudage » (halhama) – la nation d’Israël est en guerre et la guerre nous « soude », pour ainsi dire, les uns aux autres. L’unité est plus grande dans cette période et tout ce que chacun de nous fait, affecte grandement l’ensemble. En temps normal, nous savons que « tous les membres d’Israël sont responsables les uns des autres », et cela est d’autant plus vrai en temps de guerre, où nous sommes encore plus liés les uns aux autres. Nous faisons tous partie d’un même organisme, et tout ce que l’un de nous fait ou pense est directement ressenti par les soldats, par les otages, par leurs familles et par la nation toute entière. Ainsi, notre vie ne continue pas exactement comme par le passé, nous avons plus de responsabilités par rapport à la vie, il y a plus de vigilance et de tension spirituelle. Bien sûr, il ne s’agit pas de devenir stressé, paniqué ou désespéré, cela signifie plutôt une authentique tension spirituelle qui engendre vigilance et responsabilité. La conséquence directe de cette façon de voir les choses est que chacun doit œuvrer comme il en a l’habitude, mais en s’efforçant de faire mieux et avec une intensité accrue. Consacrer plus de temps à l’étude ou à la prière, être plus attentif à s’éloigner de toute médisance ou se porter volontaire pour contribuer à l’effort de guerre – c’est à l’évidence ce qu’il y a de mieux. Mais même dans la vie ordinaire, pour les actions auxquelles l’homme est habitué, on pourra discerner le changement dû à l’effort de guerre. Si l’on parvient à faire ce à quoi on est habitué, mais avec une visée et une concentration plus nettes, si l’on parvient à diriger ses actions pour qu’elles s’effectuent « au nom de tout Israël » – on deviendra à coup sûr un partenaire de l’effort de guerre. Puissions-nous pendant cette période être plus attentifs à l’essentiel, pleins de cette tension spirituelle, emplis de pensées positives et débarrassés de toute médisance. De la sorte, le peuple d’Israël se renforcera et se raffermira dans tous ses combats, avec force et détermination !