L’ISLAMO-GAUCHISME OU UN NOUVEAU RETOUR DE L’HISTOIRE

Olivier Cohen

On dit souvent de l’histoire qu’elle se répète, qu’elle bégaye, mais elle ne se répète jamais sous la même forme, ni de la même façon, et il faut essayer de raccrocher le moment que l’on, vit avec le temps dans l’histoire auquel il se rattache. C’est ce qui est difficile, mais c’est aussi le travail qui permet d’anticiper et de comprendre le monde dans lequel nous vivons, et le moment que nous traversons dans l’histoire ainsi que ceux qui le suivent.

Pour pouvoir comprendre l’avenir et l’anticiper il faut bien connaître le passé.

Les récits de notre tradition sont, à ce sujet assez précieux, parce qu’ils nous apportent un éclairage pour chaque période pendant lesquelles nous les lisons. La Bible parle à chaque époque et chaque génération et c’est aussi toute la difficulté de l’étude, de parvenir à identifier la période dont nous sommes les contemporains à travers les récits de notre tradition et de faire parler la Bible pour les périodes dans lesquelles nous sommes insérés.

Lorsqu’on dit de deux sages qu’ils sont en controverse sur un verset, ce n’est bien évidemment pas sur l’explication du verset qu’ils comprennent tous les deux de la même façon, mais c’est sur la façon dont il faut faire résonner le verset dans la période dans laquelle on le lit. Et c’est bien entendu sur ce point qu’il peut exister entre les sages, des divergences, des controverses, des antagonismes.

Un Sage, un prophète est capable de diagnostiquer la période que nous vivons en la rapprochant de certains versets et permet ainsi de faire parler les versets et de nous donner un éclairage sur notre période.

Quand on lit le journal on a l’’impression de lire la Bible et quand on lit la Bible on a l’impression de lire le journal. Cette phrase de Manitou résume assez bien le point de vue. Et en effet tout l’effort d’actualisation et de renouvellement consiste à essayer de comprendre la période dans laquelle nous vivons et de la raccrocher à celles qui nous sont révélés dans les récits Bibliques.

Lorsque Abraham monte sur mont Moriah avec le projet de répondre à ce qu’il pense avoir compris de la demande de Dieu, de « sacrifier » son fils, il croise le Satan déguisé en sage qui lui dit : « Que t’a demandé le Satan ? »

On est brusquement saisi par la nécessité de voir juste et de ne pas se tromper sur le diagnostic. Que le regard posé sur notre propre foi peut à tout moment se révéler erroné, peut-être même hérétique.

La période particulière que nous venons de traverser pose un certain nombre de questions et d’interrogations sur notre monde. Ce confinement à l’échelle de la planète a été une épreuve pour l’humanité de laquelle il est possible de tirer de précieux enseignements pour notre avenir commun. Cette interruption momentanée de la marche en avant du monde a été vécue en France avec difficultés, crainte et anxiété.

Mais on peut aussi considérer ces deux mois de confinement comme une formidable pause entre des périodes d’une très grande tension, dans un climat social explosif ou les divisions, les fractures, mais également les contestations, et les revendications identitaires se multiplient, et traduisent l’éparpillement et la fragmentation de la société française.

Les gilets jaunes, le personnel soignant, les professeurs, les manifestations contre la réforme du droit du travail, celles contre la réforme des retraites, et dernièrement la mobilisation anti raciste contre les discriminations et le racisme anti noirs, illustrent l’éclectisme, la diversité et la multiplicité des contestations.

A chacune de ces manifestations les groupes de « Blacks bloc » s’invitent dans les cortèges pour installer le désordre et le chaos dans les rues de France. Les scènes particulièrement violentes des interventions de ces idéologues fanatiques sont saisissantes, effrayantes et plongent le pays dans une situation de quasi guerre civile.

La mobilisation initiale est, la plupart du temps, prise en otage et permet d’offrir une tribune à ces casseurs, mobiles et aguerris aux techniques de la guérilla urbaine.

Pourtant si on essaye d’être un peu attentifs aux enjeux réels de la situation contemporaine traversée par la France on s’aperçoit tout de même qu’il y a des mobilisations que ces groupes d’ultra gauche respectent plus que d’autres, et avec lesquelles ils n’interfèrent pas. Ce sont précisément les mobilisations anti racistes à qui ils permettent de défiler dans le calme à l’intérieur des rues de la capitale.

Si ces dernières revendications peuvent bien entendu avoir leur légitimité, elles sont aussi, la plupart du temps, instrumentalisées par des mouvements Islamistes, radicaux et politiques. D’ailleurs il n’est pas rare d’entendre à l’occasion de ces mobilisations, des propos particulièrement injurieux à l’encontre de l’Etat d’Israël et des proclamations de soutien répétés vis-à-vis « des frères Palestiniens ». Et bien entendu le lien entre la discrimination et le racisme anti noir en France d’un côté et le sort des Palestiniens en Israël de l’autre, est limpide !

Et, chose surprenante les « blacks bloc », ces groupes d’ultra gauche, dont on avait cru pouvoir identifier le profil, comme des jeunes bourgeois blancs, venant parfois de toute l’Europe, rien à voir avec l’islam radical donc, se mettent à taire leurs actions, à cesser leurs violences, à interrompre le chaos qu’ils entendent infliger à la société française pour laisser ces revendications Islamistes et anti racistes s’exprimer.

C’est apparemment le seul discours, le seul message qu’il est possible de faire passer dans les rues de France.

La France qui généralement devient le théâtre d’affrontements d’une violence inouïe orchestrée par ces « Blacks bloc », qui interviennent pour installer une situation de chaos à l’occasion de toutes les mobilisations qui s’organisent dans le pays, et provoquent des scènes qui saisissent d’effroi la planète entière, voit également défiler autour d’un cortège préservé de toutes actions qui pourraient venir parasiter le message, ces manifestations anti-racistes, ou souvent, une partie (parfois importante) du discours de l’islamisme radical et politique, est repris et porté.

Ce qui est frappant, c’est que la tendance de fond, qu’on avait cru pouvoir déceler, et que de nombreux intellectuels ont dénoncé il y a un moment déjà est en train de se confirmer. La collusion est en train de s’opérer en France, un pont, une passerelle, entre d’un côté le nationalisme Islamique et de l’autre une partie de la gauche, la gauche de la gauche. Cette association qui a priori était difficile à envisager voit le jour avec un point commun, une convergence idéologique : La détestation d’Israël, la haine du sionisme.

Et notre époque répond en ce sens à une époque pas si lointaine.

Alors que l’identité juive est en train de muter et de retrouver la racine de son identité qui n’est pas juive mais hébraïque, grâce à la matrice d’engendrement qu’est Israël, parallèlement un nouvel antisémitisme est un train de se substituer à l’antisémitisme traditionnel, il a pris les traits de l’antisionisme. Au moment où l’identité juive est en train de se transformer pour redevenir Israël, l’antisémitisme mute et devient antisionisme.

Se prétendre en faveur des juifs de France c’est aussi l’alibi pour pouvoir délibérément être antisioniste

De tout temps il y a eu une force qui a œuvré pour tenter de parvenir à la disparition de notre peuple et de notre identité. Il y a peu, alors que les juifs étaient toujours en exil, cette force a pris l’apparence de ce qu’on a appelé le national-socialisme, et aujourd’hui alors qu’Israël après avoir attendu pendant près de 2000 ans, est en train de reconstruire son identité nationale autour de sa terre, cette force se révèle à travers les traits de ce qu’on appelle désormais l’Islamo gauchisme.

Et on voit s’opérer la jonction entre d’un côté la volonté d’un nationalisme autoritaire avec des pulsions totalitaires qui doit s’installer, dominateur, sur le monde, avec une volonté politique clairement affichée et de l’autre une idéologie de gauche poussée à l’extrême et qui se retrouvent autour d’un axe fort : la détestation des juifs lorsqu’ils sont exils pour les uns, la détestation des hébreux lorsqu’ils sont sur leur terre pour les autres. Cette force, représentée par le national-socialisme pendant une période de notre histoire surgit, à notre époque contemporaine, derrière les traits de l’islamo gauchisme.

Comme toujours il y a les angéliques, les idéalistes, ceux qui n’y croient pas, ou qui ne veulent pas y croire, il y a aussi ceux qui ont toujours un train de retard, et qui n’arrivent pas à actualiser leurs données, à faire résonner les temps que nous vivons à travers l’éclairage du passé, à utiliser les enseignements qui nous sont révélés par les récits de notre tradition pour parvenir à comprendre comment l’histoire recommence, et qui surveillent comme le lait sur le feu les moindre agissements du front national, « ce bon vieil antisémitisme celui qu’on aime bien tous détester » comme le dit avec tellement de justesse Alain Finkielkraut, alors que l’alliance de l’Islamisme politique et de la gauche de la gauche, celle des ultras, s’entend sur la détestation d’Israël sur la haine du sionisme et nous révèle clairement ses intentions, dans la droite ligne de l’idéologie national socialiste d’une époque qu’on avait pensé disparu pour toujours.

La résonnance avec cette époque pas si lointaine est particulièrement étonnante et nous montre à quel point l’histoire se répète, l’histoire bégaye, mais qu’elle ne se répète jamais de même façon.

Aujourd’hui la menace de ces « petits soldats de l’empire du rien » pour reprendre l’expression chère à Benny Levy, doit être prise au sérieux. Mais Israël a retrouvé sa terre, et est constituée en nation, elle a désormais les moyens, sans dépendre de quiconque, de combattre ce nouveau visage de la haine et de se défendre contre cette force qui souhaite sa disparition.

Olivier Cohen

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