Vote Israël : L’incertitude domine, l’universel se dévoile
Israël a voté le 17 Septembre pour élire ses députés mais aucune majorité ne semble pouvoir se dégager. La situation apparait presque bloquée.
Après le dernier vote en avril qui avait abouti à une impasse, la situation est de nouveau confuse à l’issue de ce vote de septembre puisqu’aucune des deux forces politiques actuelles dans le pays n’est en mesure de pouvoir constituer un gouvernement.
Après dépouillement de pratiquement tous les bulletins de vote (en dehors de celui des soldats) le Likoud de Benjamin Nétanyahou obtient 32 sièges et le parti bleu-blanc emmené par Benny Gantz 33 sièges. Aucune de ces deux forces principales du pays ne seraient en mesure de constituer, en collaborant avec leurs alliés naturels, une majorité avec au moins 61 députés à la Knesset.
Ancien ministre de Nétanyahou, Avigdor Lieberman, chef du parti Beiténou obtient 9 sièges à l’assemblée. Il semble être est celui qui tient entre ses mains l’avenir de ce scrutin. Il a appelé à une coalition d’union nationale libérale.
Le parti uni Arabes remporte 12 sièges et pourrait également jouer un rôle d’arbitre même si les partisans de Benny Gantz ont annoncé qu’ils ne souhaitaient pas former une coalition avec des partis qui refusent le caractère juif de l’Etat d’Israël.
Au-delà des difficultés, constatée depuis toujours en Israël, pour obtenir un gouvernement susceptible de mettre en place sa propre ligne politique, et qui tiennent aussi au mode de scrutin à un tour à la proportionnelle intégrale, cette situation témoigne également des difficultés de réaliser une société dont l’un des principes fondateurs est l’universel.
Israël est le pays des hébreux, c’est le pays de nos pères, Abraham, Isaac et Jacob, c’est devenu le pays des juifs qui ont eu la possibilité notamment depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, de venir s’installer et de retrouver la racine de leur identité qui n’est pas juive mais hébraïque grâce à la matrice d’engendrement qu’est Israël. Si le juif est cosmopolite, c’est-à-dire capable de s’intégrer dans n’importe quelle société et pouvoir en faire partie, c’est parce que l’hébreu, qui est à l’origine de son identité, lui est à l’indice de l’universel.
Et c’est un fait que les juifs du monde entier sont venus depuis leur pays de naissance, depuis leur pays d’exil, depuis le pays dans lequel ils ont vécu intégrés de nombreuses années, pour s’installer en Israël, tenter de redevenir hébreux, et essayer de faire société ensemble. L’universel se dévoile pour montrer que toutes les nations du monde pouvaient parvenir à vivre ensemble en harmonie au sein d’une même société et cela, dans un premier temps, à travers leurs juifs.
Mais tout cela n’est pas si simple et les clivages existent aussi dans la société Israélienne, qui reflète, en miniature, les divergences qui existent entre les différents pays du monde. Les spécificités propres à chaque manière d’être homme se dévoilent de manière plus forte et plus prégnante à l’intérieur de la société Israélienne qui est le reflet de la diversité des nations. La tentative du communautarisme, du repli autour de la communauté de laquelle on vient est très forte et explique très probablement l’éclatement du vote de ce jour de Septembre en Israël.
Chaque parti semble représenter une force qui est à l’œuvre dans la société comme par exemple la Russie parait se dévoiler à l’intérieur d’Israël derrière le personnage d’Avigdor Liberman, même si cela est probablement un peu caricatural.
Derrière les difficultés que traduit ce vote, une lumière apparait et semble nous donner le chemin. C’est la lumière du retour, du retour à une tentative de construction de l’unité du pays. L’appel à un gouvernement d’union national est un appel qui a régulièrement été lancé en Israël. Réussir à faire converger les différentes tendances traditionnelles qui existent dans le pays, n’est pas chose facile.
Mais les difficultés de cette année à faire émerger dans le pays une force, qui serait en mesure de gouverner, et la situation de quasi blocage actuelle à l’issue du scrutin de septembre, témoignent peut être que le temps de la restauration de l’unité est en marche, que la clé véritable de cette unité est un retour aux sources traditionnelles de la morale et de la pensée hébraïque, que les hébreux se reconstituent en nation sur leur terre, afin de permettre à toutes les composantes de la société, tout en préservant la spécificité et la singularité de chacune d’entre elles, de pouvoir participer ensemble à la vie démocratique du pays.
Peut être que ce refus du peuple Israéliens d’attribuer aujourd’hui à une des forces en présence une majorité absolue, pour lui permettre de gouverner le pays, sans l’avis des autres, rend compte de cette volonté de parvenir à trouver l’unité du pays pour réussir à faire converger l’ambition du projet d’Israël en tant que nation, et sa réalité au quotidien et faire éclater la dimension universelle du peuple hébreux.
A quelques jours des fêtes de Roch Hachana et de Yom Kippour avec la perspective de la Techouva, ce retour que l’on devra faire sur soi même, l’idée parait en tout cas séduisante.
Olivier Cohen