Ki Tetsé

Ki Tetsé : les directives du Seigneur sont vérité

  Des mitsvot historiosophiques Selon le décompte de Rabi Moshé ‘Haguiz, notre parasha contient 74 (עד) mitsvot depuis la femme captive jusqu’à n’oublie pas le mal que t’a fait ‘Amaleq, lors de la sortie d’Egypte. Or, ces deux mitsvot découlent directement d’une situation historique, et en ce cas : la guerre. Cela n’est guère fortuit, et il en va ainsi de toutes les mitsvot. La première, la femme captive de belle allure, prisonnière lors d’une guerre «  »facultative » » décidée par le roi, l’autorité exécutive de l’époque, Devarim, XXI, 10-13 : « Quand tu sortiras en guerre contre ton ennemi, Hashem, ton Dieu, le livrera dans ta main et tu feras captifs ses captifs. Et tu verras dans cette captivité une femme de bel aspect, qu’elle te plaise et que tu veuilles la prendre pour épouse, tu l’emmèneras d’abord dans ta maison, elle se rasera la tête et se coupera les ongles, se dépouillera de son vêtement de captive, elle pleurera son père et sa mère un mois entier. Alors seulement tu pourras t’approcher d’elle et avoir commerce avec elle, et elle deviendra ton épouse ». La dernière est de se rappeler que l’un des fils d’Essav, ‘Amaleq, a fait le mal en s’attaquant aux plus faibles parmi nous ; avec pour mitsvah récurrente de l’éradiquer total loss dans une guerre obligatoire, Devarim, XXV, 19 : « Souviens-toi de ce que t’a fait ‘Amaleq, lors de votre voyage au sortir d’Egypte ; comme il t’a surpris chemin faisant, et s’est jeté sur tous les traînards par derrière. Tu étais alors fatigué, à bout de forces, et lui ne craignait pas Dieu. Aussi, lorsque le Seigneur, ton Dieu, t’aura débarrassé de tous tes ennemis d’alentour, dans le pays qu’Il te donne en patrimoine pour le posséder, tu effaceras la mémoire dʼ’Amaleq de dessous le ciel ; ne l’oublie pas ». À l’instar de ces deux mitsvot, c’est tout un ensemble de prescriptions qui sont ordonnées pour toutes les générations en rapport direct avec des récits historiques passés ou à venir. Autrement dit, les péripéties historiques décrites dans la Torah sont des segments de vérité qui se joignent pour grouper toute la vérité, dans son absolu de perfection. Donc chaque mitsvah, en exacte et étroite relation avec les péripéties bibliques historiques, est une lumière de vérité totale qui éclaire nos actes dans l’histoire de notre vie, ici et maintenant, et à l’avenir. La Torah est la Loi révélée par le Seigneur, notre Dieu Un, et son principe primordial est le monothéisme hébreu radical. La Torah révèle la loi morale du Seigneur qui a créé le monde dans un geste de moralité absolue, avec aussi la nature de l’homme, pétrie de passions, de tendances contingentes et de pulsions instinctives. Force est de constater que toutes ces données historiques, psychiques, naturelles, universelles sont partie intégrante d’une vérité transcendante à laquelle l’homme, la nature et le monde doivent atteindre en se perfectionnant par les ordres divins. Tous doivent se réhabiliter en participant au geste de moralité divine, Téhilim, XIX, 10 : « La crainte du Seigneur est pure, elle subsiste à jamais. Les directives du Seigneur sont vérité, elles sont justes ensemble ; plus désirables que l’or, que beaucoup d’or fin, plus doux que le miel, que le suc des rayons ». Très spécifiques à la Torah d’Israël, la cohérence interne et la corrélation logique globale entre l’histoire et la loi ne sont pas évidentes à la réflexion humaine ou à la raison pure. Chaque mitsvah ne peut être comprise qu’avec l’ensemble de la Torah, dans son infini de vérité, qui englobe les récits historiques et les lois de la judicature. Cette vérité transcendante n’étant pas encore atteinte, il faut conclure que notre histoire actuelle, notre fidélité aux mitsvot, notre monde sans cesse à découvrir et les bouleversements de notre histoire qui poursuit vers sa finalité relèvent tous du projet divin. La Torah nous fournit la connaissance concrète du comportement naturel humain tel qu’il se décline dans l’histoire du monde avec le projet de loi de moralité qui se rapporte avec justesse à cette histoire passionnelle de l’homme. L’étude théorique de la Torah implique forcément sa mise en pratique dans la vie. La Torah propose comme idéal de comportement les grands principes des valeurs qui tiennent compte aussi des tendances de la nature humaine bousculée par la vie et les tentations accidentelles de l’existence. La femme captive Tout se passe comme si, dès l’entrée en Israël, une option est offerte au soldat pour juguler la force des pulsions instinctives en épousant la belle captive selon les conditions de conversion indiquées par la procédure de la Torah. Dès l’édification de l’être d’Israël, une certaine dimension d’âme, une certaine capacité d’être Israël se trouve à l’extérieur et, prisonnière de l’histoire et de la durée des temps, ne demande qu’à se lier à l’identité d’Israël, comme ce fut le cas de l’âme du Mashia’h en potentiel chez Routh, la Moabite. Les converti(e)s ne seraient donc que des étincelles de sainteté en captivité qui reviennent à leur source originelle et essentielle. Chaque converti(e), Guer Tsédeq, est un étranger qui séjourne provisoirement ailleurs que chez soi-même et qui revient de captivité. Se convertir, léhitgayer, veut dire littéralement devenir guer, accepter le statut de l’étranger, car demander d’être guer, c’est cela même devenir Israël. Tout Israël est étranger en captivité de ce bas-monde comme il l’a été en Egypte. Or, l’objet de la sortie d’Egypte, fin de tous les exils, n’est autre que la construction du Tabernacle, préfigurant le Temple à Yéroushalayim où l’homme est chez lui chez Dieu là où Dieu est chez Lui chez l’homme. En attendant, l’homme est étranger en ce monde et la Présence est en exil. L’attirance pour la femme captive doit être sublimée, ainsi elle se tond la tête et se débarrasse de ses vêtements de séduction cananéenne idolâtre pour se couvrir, dans un geste de pudeur qui sied bien aux filles d’Israël ; et pour elle, un vêtement de deuil. L’apparence extérieure de la beauté doit être gommée pour faire place à l’adhésion honnête à l’histoire et à la culture

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