Ki tissa : Grandeur de Moïse
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« Ne manquez pas d’observer Mes Shabats » L’institution du Shabat est fondée par d’innombrables raisons et comporte des aspects multiples. Ce sujet d’une exceptionnelle richesse renferme des mondes d’idées et d’aspirations, de commémorations et d’actualisations dans le présent. La prescription d’observer « Mes Shabats » est renouvelée à maintes reprises et fait l’objet, de la part de nos Prophètes de la Bible des Hébreux, d’appels répétés sans cesse au peuple récalcitrant et réfractaire, jusqu’à nos jours. Dans notre parasha, l’observance du Shabat est mentionnée deux fois. Une première fois avant la faute dite du Veau d’Or au trente et unième chapitre, verset douze à dix-sept ; elle est réitérée après le Veau d’Or au trente quatrième chapitre, verset vingt et un. Le Shabat occupe une place significative dans les Dix Commandements du Décalogue puisqu’il suit immédiatement les trois premiers commandements relatifs au Seigneur, notre Dieu, Lui-même, et à Son Nom. Place de choix de la première révélation religieuse solennelle, le Shabat est en quatrième position parmi les Dix Commandements, avant même l’obligation d’honorer et de respecter ses parents. Sur les deux Tables de la Loi « gravées par le doigt de Dieu », le Shabat fait face à l’interdiction de porter un faux témoignage contre son prochain. Ce qui nous rappelle le fil conducteur depuis le début de la Création : la recherche en fraternité impeccable, sans compromission, aussi bien devant la police que devant les tribunaux et à plus forte raison pour les juges eux-mêmes ainsi que pour toute la judicature. À l’échelle de la société israélienne, tout se passe comme si le manquement à l’interdiction du faux témoignage contre son prochain découle du non-respect du Shabat. La transgression du Shabat porte atteinte foncièrement à la lucidité des juges contemporains, au plus haut niveau, et les témoins faux dansent la carmagnole, vive le son, vive le son, vive le son de la fausse information. Situation dégradante qui transpire à l’international hors de nos frontières et grève notre position face aux nations ainsi qu’à nos frères encore en diaspora. De plus, sur les Dix Paroles de la Révélation des commandements au Sinaï, sept sont inaugurés par la négation « lo, ne pas ». Seules la première « Je suis le Seigneur…», la quatrième « Souviens-toi du Shabat…» et la cinquième « Honore ton père et ta mère…» sont positives. De plus encore, particularité remarquable en hébreu, le mot Shabat שבת est un nom féminin et masculin qui se conjugue au féminin et masculin. Le ou la Shabat est donc un principe positif d’envergure cosmique qui réconcilie le féminin-masculin, liant le principe féminin au principe masculin, ce couple qui régit le monde tout entier. La prescription du Shabat apparaît en tête des commandements fondamentaux de la morale hébreue, et fonde, par ailleurs, le jour du repos dans la morale universelle. Shabat, d’ordre cosmique Le Shabat est motivé par des considérations de l’ordre de la religion universaliste, – la messianité hébraïque, – religion d’Israël qui n’est que la religion de la moralité et sa moralité n’est autre que la moralité de la religion, considérée comme la moralité de la Loi, Shemot XX, 2-17 : « Souviens-toi du jour du Shabat, pour le sanctifier. Tu travailleras durant six jours, et t’occuperas de toutes tes affaires. Mais le septième jour est le jour de trêve consacré par le Seigneur, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ton fils, ta fille, ton serviteur mâle ou femelle, ton bétail, ni l’étranger qui est dans tes murs. Car en six jours, le Seigneur a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qu’ils renferment, et Il s’est reposé le septième jour : C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du Shabat et l’a sanctifié ». Pour la génération de la sortie d’Égypte, la motivation du Shabat est d’ordre cosmique, elle se trouve dans la création du monde. Nous avons là une reprise de ce qui a été dit à la fin du récit du commencement de la Création par les Dix Paroles (Béréshit II, 1-3) où le Shabat apparaît comme son achèvement et sa finalité, son couronnement. Shabat est le signe (ot) אות que le monde a un Créateur et qui exprime le grand principe fondateur de la moralité hébreue, celui de la création, que le monde est créé, et qu’il n’a donc jamais été éternel, – qu’il n’est pas éternel, – par essence. En d’autres termes, la création est celle du mouvement et de l’action, inséparables de leur corollaire : la cessation d’activité intentionnelle le jour du Shabat. Il devient donc évident que le principe de cessation intentionnelle d’activité propre au jour du Shabat n’est pas contredit par la notion de renouvellement perpétuel de l’œuvre des Dix Paroles de la création à partir du commencement. Il s’agit là en effet d’une différence dans l’ordre de la valeur et non d’une interruption de la réalité par un arbitraire « »repos » » de notre Créateur qui n’en a nul besoin et qui annoncerait la disparition de l’œuvre des Dix Paroles. C’est tout au contraire au terme de l’œuvre des Dix Paroles, aux six jours du commencement de la Création, que s’éclaire par la lumière du Shabat, en son temps, la finalité de cette œuvre, lors de l’engagement par Israël du respect des lois du Shabat. Dès le Shabat des Dix Paroles s’annonce la lumière intense des Dix Commandements révélés à l’évènement du Sinaï, dont les Dix Paroles du commencement de la Création apparaissent dès lors comme leur véhicule et leur support, Bemidbar Raba, 14, 11 : « Les Dix Commandements sont le monde intérieur des Dix Paroles ». Shabat, jour de l’espérance des hébreux Par là-même, l’œuvre des Dix Paroles du commencement est définie comme contenant par rapport à un contenu, un récipient périphérique par rapport aux valeurs de l’intériorité. C’est le cercle par rapport à la droite, c’est-à-dire les lois impersonnelles de la nature soumises aux lois personnelles de la
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