Vayétsé : Esaü sur l’échelle de Jacob
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La bénédiction renouvelée Dans son rêve de l’échelle, Ya’aqov, notre patriarche, voit la bénédiction céleste se renouveler, avec la promesse de Dieu qu’elle s’accomplira par lui, Béréshit, XXVIII, 13-15 : « Puis, le Seigneur apparaît au sommet et dit : Je suis le Seigneur, le Dieu d’Avraham ton père et de Yits’haq ; cette terre sur laquelle tu reposes, Je la donne à toi et à ta postérité. Elle sera, ta postérité, comme la poussière de la terre ; et tu déborderas au couchant et au levant, au nord et au midi ; et toutes les familles de la terre seront heureuses par toi et par ta postérité. Oui, Je suis avec toi ; Je veillerai sur chacun de tes pas, et Je te ramènerai dans cette contrée, car Je ne t’abandonnerai jamais même lorsque J’aurai accompli ce que Je t’ai promis ». La bénédiction pour Ya’aqov s’étend sur plusieurs domaines corrélatifs : la procréation, la terre donnée, toutes les familles de la terre, la Providence vont de pair et il est impossible de séparer l’un de l’autre sans les dégrader. La bénédiction divine, pleine et entière, est là quand tous ces éléments sont présents ensemble. S’il en manque un ou si l’un d’eux est incomplet, Dieu préserve!, alors la bénédiction est partielle et approximative car la qedousha, la sainteté, n’est pas accomplie de facto entièrement. Une tâche double pour un homme double Conforté par la bénédiction divine, Ya’aqov poursuit son chemin vers Padan Aram pour y trouver la compagne de son rêve. En cours de route, il change de trajet et se trouve à ‘Haran, l’endroit de la colère du monde. Sa motivation a changé, il était parti en quête de la future mère de ses enfants à Padan Aram, mais fuyant la haine et la frustration de son frère ‘Essav, sa destinée le porte à s’occuper momentanément de la colère originelle, de la violence et de l’agressivité du monde qu’il faut apaiser à ‘Haran, ville-étape principale du voyage d’Avraham fuyant la civilisation de Our Kasdim, la ‘fournaise’ de Kasdim, et d’où il était parti pour le pays de Cana’an, à ‘Haran, où son frère Na’hor était resté (Béréshit, XI, 32). ‘Haran, dit Rashi (Midrash Béréshit Raba 70 sur Béréshit XXIX, 4), a le sens de ‘harone af shel maqom, l’endroit de la colère ou la colère de l’Endroit : « Dans le texte massoret de la Torah, le noun final de ‘Haran est renversé, ce qui veut dire que jusqu’à Avraham, la colère de Dieu était sur le monde ». Le Talmud Avoda zara, 9a, enseigne que les deux premiers millénaires de la genèse de l’humanité était dans un état chaotique conséquent au ‘péché originel’ d’Adam, le premier homme, – bien qu’il nous soit difficile de savoir en quoi consistait ce ‘péché’, – mais que depuis l’avènement des patriarches, depuis Avraham, le monde entrait dans une phase de préparation à la Révélation au Sinaï et du règne de la Torah. Ya’aqov part en exil investi d’une double vocation, d’une double tâche : la sienne propre, la vocation spirituelle pour laquelle il a reçu la bénédiction d’Avraham ; et aussi la vocation matérielle, dont l’essentiel est d’assujettir la matérialité sous la gouverne de la spiritualité, pour laquelle il a reçu la bénédiction propre aux tâches matérielles prévue par Yits’haq pour ‘Essav. Vocation matérielle imposée par sa mère Rivqa afin de réunir la matière et l’esprit par l’homme universel de la vérité. Ya’aqov, homme de la vocation spirituelle, assumera nécessairement aussi les tâches de ce monde ici-bas, les transfigurera et en cela sera nommé Israël, l’homme droit, dont le nom porte en mémoire le Nom de Dieu Un. La guématria d’Israël ישראל est de 541 et donne en chiffres ajoutés simplifiés (5+4+1=10=1) : Un. Ya’aqov est investi du projet du Créateur, réunissant les vocations antinomiques de Kaïn et de Hével qui avaient abouti alors à l’échec (Rav Yéhouda Askénazi, KM, p.81). Cependant, solitude, crainte d’un exil loin de ses parents, sentiment d’illégitimité latent qui étreint tout migrant, ailleurs, à l’étranger, et d’autres complications seront aussi la perspective de sa descendance tout au long de leurs pérégrinations en exil, jusqu’au retour à la terre ancestrale bien-aimée. Autrement dit : la Présence divine veille à chacune de tes initiatives, surtout à ta résidence sur la terre donnée à tes pères qui sera assurée afin que tu aies une progéniture infinie, mais à l’indice universel, pour que toutes les peuplades de la terre soient prospères et heureuses « par toi et par ta postérité ». Pour que la bénédiction céleste se réalise, Israël doit être présent sur sa terre donnée, sa terre de la réalisation des promesses. « Ta postérité sera comme la poussière de la terre » à condition qu’Israël, en personne, travaille cette poussière pour la féconder. C’est de cette poussière aride que naissent les témoins du projet divin qui ont pour devoir d’étudier la science de cette révélation de l’échelle, de connaître la foi depuis l’évènement du Sinaï, de diffuser le Connaître-Dieu parmi les peuplades de la terre. C’est de la poussière stérile que jaillit la résurrection d’Israël et la rédemption du monde (Maharal). Ainsi, le ciel et la terre sont réunis en un seul faisceau : on appelle l’unification de toutes les valeurs ensemble, קדושה, qedousha, la notion de sainteté. Le ciel d’Avraham et la terre de Yits’haq sont réunis chez l’homme de vérité : Ya’aqov, l’homme de l’universalité. La vocation des pères Le but des pères était de proclamer de façon générale la présence de Dieu en ce monde : Avraham, dont la vocation est la charité, ouvre sa maison aux quatre coins des vents pour enseigner à tous le Dieu unique. Yits’haq, dont la vocation est la rigueur et la crainte révérencielle de Dieu, creuse des puits pour abreuver toute l’humanité de la réalité de la vaillance divine, y compris les puits de charité creusés par Avraham qui seront bouchés par ses détracteurs. Pour Ya’aqov, notre patriarche, dont la vocation est la vérité, d’où notre bonne nation Israël trouve son origine, cela est différent : il s’agit de l’édification d’une nation spécifique qui fleurira
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