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L’ouverture de la mer – Le Zivoug

On se situe à l’instant de l’histoire ou après avoir accepté de laisser partir le peuple (il faut voir l’étude qui permet de comprendre pourquoi les hébreux avaient besoin de l’accord de Pharaon pour sortir d’Egypte) Pharaon revient sur sa décision. Il y a des moments dans l’histoire ou on fait face à une révélation, un dévoilement d’évidences, qui vient à l’encontre de la manière de penser habituelle, puis le temps passe (ici 3 jours) et Pharaon revient aux habitudes de pensées antérieures. Il se lance avec toute son armée à la poursuite du peuple des hébreux. Les hébreux se trouvent coincés entre la mer des joncs devant eux, et l’armée Egyptienne, derrière. Et le verset nous dit (Chemot 14,10) « Les fils d’Israël levèrent les yeux, et voici l’Egyptien partant derrière eux, Ils eurent très peur, les fils d’Israël crièrent devant Hachem ». La question qui se pose ici est : Pourquoi les enfants d’Israël ont peur ? Ils ont bénéficié de dix miracles, les dix plaies, ils savent que leur Dieu et avec eux et les aide à sortir d’Egypte. Pourquoi alors avoir peur ? Dieu fera un onzième miracle et va sauver les enfants d’Israël. Où est le problème ? On comprend la difficulté, mais pourquoi une telle peur. Ce n’est pas pire que ce qu’ils ont eu à traverser pendant leur exil en Egypte, et Dieu vient de les libérer. Alors on s’interroge sur cette peur brutale et soudaine qui s’empare des enfants d’Israël. Manitou nous explique le problème : Pendant les dix plaies il a été dit aux Egyptiens soit vous subissez tel ou tel plaie, soit vous laissez partir le peuple. Or les Egyptiens ont subi les dix plaies. Ils sont donc fondés a garder le peuple des hébreux en esclavage en Egypte. La justice stricte ne peut pas trancher entre d’un côté les hébreux qui ont été dans la servitude la plus dure et la plus difficile en Egypte, et de l’autre côté les Egyptiens qui ont subis les 10 plaies et qui sont donc désormais légitimes à conserver les hébreux en esclavage. Les mérites et les démérites sont équivalents d’un côté et de l’autre et la justice stricte ne peut pas trancher. A la rigueur ayant subi les 10 plaies les Egyptiens ont plus d’arguments à faire valoir pour conserver les hébreux esclaves, que les hébreux n’ont désormais d’arguments pour s’affranchir de l’Egypte. On peut rajouter que cela fait 210 ans que les hébreux sont en exil en Egypte et non 400 ans comme cela avait été annoncé à Abraham. Or la durée de 400 ans est connue des hébreux mais elle est aussi connus des Egyptiens.  Et Manitou nous décrit la scène racontée au chapitre 14, verset 10 du livre de l’exode : Les Hébreux lèvent la tête, ils voient l’Egyptien. Pourquoi l’Egyptien au singulier ? En fait ils lèvent la tête, et en levant la tête ils ont vu l’ange protecteur, l’ange tutélaire de l’Egypte, venir devant eux pour défendre le dossier des Egyptiens. Et comme nous l’avons vu cet ange a de sérieux arguments à faire valoir qui a de quoi inquiéter les hébreux, le dossier est très solide.  D’où la crainte des hébreux. Notre conception du monothéisme intégral est différente des autres ; En général devant mon ennemi, je suis confronté au Dieu de mon ennemi, et je suis protégé par mon propre Dieu. Derrière un conflit entre deux traditions il y a le conflit entre « deux Dieux différents ». Mais dans la tradition hébraïque la conception n’est pas la même. Derrière mon ennemi il y a mon Dieu et derrière moi il y a aussi mon Dieu. Derrière chaque conflit, je dois faire alors la preuve à mon Dieu que je suis plus méritant que mon ennemi. Et ici la chose n’est pas facile on l’a dit. C’est la raison pour laquelle l’ange tutélaire des Egyptiens effraye à ce point les hébreux avec les arguments qu’il a à sa disposition. On se trouve dans une impasse ou la justice stricte ne sait pas de quel côté pencher. C’est aussi la raison pour laquelle Dieu dit a Moise que ce n’est pas le temps de la prière, les portes du ciel sont bouchées, et aucune clefs ne permets de les ouvrir. Prier est inutile car les mérites ne sont pas suffisants et la balance des mérites et des démérites est à l’équilibre. La situation de blocage est illustrée par les commentaires sur le verset lorsque Dieu s’adresse à Moise en disant : (Chemot 14,15) « Que crie tu vers moi ? » et qui peut être résumé de la façon suivante : Ce n’est pas le temps de la prière, parle aux enfants d’Israël et qu’ils avancent (Rachi). La clef se trouve donc ailleurs, elle se trouve dans la foi que le peuple des hébreux va avoir dans son histoire, et celui qui va montrer la voie est Nahachom Ben Aminadav. Il entre dans l’eau et va permettre par sa foi à ouvrir la mer et à sauver le peuple hébreux. Les hébreux vont traverser à pieds secs alors que les Egyptiens vont être engloutis dans la mer. Une discussion demeure sur le fait de savoir si Pharaon a survécu ou pas. C’est ici que Manitou cite la Guemara Sota page 2a pour nous dire que la déchirure de la mer des joncs est aussi difficile que le problème du Zivoug. Qu’est-ce que le problème du Zivoug ? C’est un problème universel, il existe un homme pour une femme et une femme pour un homme. On dit qu’ils sont destinés à se rencontrer. Mais c’est très rares de se rencontrer, et les choses ne sont pas aussi simples que pour les premières générations, tout dépend du mérite, et le démérite complique considérablement ce qui vient du créateur et va vers la créature dans son effectuation de bénédiction.  Alors il existe ce que l’on appelle le Zivoug Cheni, « l’accouplement second ». Ca peut aussi très bien fonctionner avec le Zivoug cheni, si ce Zivoug est suffisamment approximatif. Mais le drame c’est que lorsque un homme (ou

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HÉRITAGE ET FIDÉLITÉ

פרקי אבות פרק א, משנה א: משֶׁה קִבֵּל תּוֹרָה מִסִּינַי, וּמְסָרָהּ לִיהוֹשֻׁעַ, וִיהוֹשֻׁעַ לִזְקֵנִים, וּזְקֵנִים לִנְבִיאִים, וּנְבִיאִים מְסָרוּהָ לְאַנְשֵׁי כְנֶסֶת הַגְּדוֹלָה. הֵם אָמְרוּ שְׁלשָׁה דְבָרִים: הֱווּ מְתוּנִים בַּדִּין, וְהַעֲמִידוּ תַלְמִידִים הַרְבֵּה, וַעֲשׂוּ סְיָג לַתּוֹרָה. Les Pirké Avot — traité des Pères — sont un ensemble de michnayot qui traitent de morale pratique. Or, le titre hébraïque de ce traité place cet enseignement de la morale dans la perspective d’un héritage, c’est-à-dire transmis par les Pères. Ce titre indexe l’enseignement de la morale à l’indice paternité.C’est l’être Père qui a la capacité, la prérogative d’enseigner la morale, alors que c’est le maître qui enseigne la Thora, la loi.Ce courant de transmission d’un héritage culturel entre cette manière d’être « père » et la manière d’être « fils » – qui semble lui être opposée – est d’ailleurs un sujet qui préoccupe la génération actuelle dans les différentes dimensions de ce que l’on appelle dans la civilisation occidentale, la contestation.Cette première question restera donc en filigrane : pourquoi l’enseignement talmudique a-t-il tenu à attribuer l’enseignement de la morale pratique, de la pédagogie morale au Père, alors qu’habituellement l’enseignement de la tradition passe plutôt par la personnalité du maître ? Il existe une sorte de « bipolarité » d’identité dans la société hébraïque, entre d’une part Abraham, qui est le prototype du Père (c’est d’ailleurs inscrit dans son nom : le père élevé אב-רם), et d’autre part Moïse, le maître. Ce parallèle entre héritage par Abraham et fidélité par Moïse se retrouve dans l’histoire contemporaine de l’identité juive qui fait actuellement l’objet d’un immense travail de mutation. Mutation porteuse d’un certain nombre de crises tant historiques qu’idéologiques ou politiques, déjà indiquées dans l’enseignement des Pirké Avot. Ces thèmes de l’enseignement de la tradition hébraïque concernent donc un problème très précis, celui d’un travail d’enfantement, de mutation, de l’identité juive contemporaine, travail qui s’inscrit à l’intérieur des crises de croissance de l’humanité de notre temps. Cette mutation d’identité est analogue à ce qui s’est passé il y a plus de trois mille ans, au temps de la sortie d’Egypte. Un ensemble de communautés juives procédant de paysages culturels différents, d’équations personnelles différentes, se trouvent en marche vers une identité réunificatrice qui se dessine déjà, non sans problèmes.La Bible raconte, qu’au temps de la sortie d’Egypte, le peuple hébreu était formé de tribus, de familles, qui prenaient conscience de leur identité « Israël » d’abord à l’échelle individuelle. Et le travail de mutation qui s’est produit en ce temps-là a consisté à tenter de faire exister une nation à partir d’un ensemble de définitions individuelles ou de fidélités personnelles, à essayer de donner une extension collective à l’héritage des Patriarches à travers différentes fidélités personnelles qui pouvaient être contradictoires entre elles, et donc génératrices de conflits.De notre temps, la démarche de mutation est très analogue. En effet, à partir de toutes les communautés de la galout — de l’exil juif —, chacune à sa manière, se dessine un mouvement d’unification d’identité autour du fait « Israël ». Il est donc inévitable, comme au temps de la sortie d’Egypte, que cette mutation contemporaine soit également génératrice de conflits et de problèmes.La société de l’Israël contemporain se trouve confrontée à des situations que la Bible a déjà décrites, et qui sont reprises par le Talmud, en particulier par les Pirké Avot.— De notre héritage d’Abraham vient le principal problème d’identité concernant le destin d’Israël : le conflit judéo-arabe. D’une part, la filiation d’Israël à travers Isaac en Abraham et, d’autre part, celle du monde arabe à travers Ismaël, en Abraham lui aussi. Et cette première polarité sur le thème de l’héritage d’Abraham, comme le raconte la Bible, redevient un problème contemporain, de mutation d’identité, qui nous concerne centralement.— Notre relation de fidélité à Moïse, en tant que maître d’Israël, est la cause d’un conflit ou d’une opposition, dans la société d’Israël aujourd’hui, entre une identité juive qui se définirait comme « religieuse » et une identité juive qui se définirait comme « non-religieuse ».Deux conflits essentiels menacent donc l’avenir de cette gestation d’identité d’Israël. L’un par la périphérie, c’est le conflit judéo-arabe, qui se situe à l’intérieur de l’identité d’Abraham, l’autre au centre, c’est le conflit entre judaïsme religieux et judaïsme laïque — pour employer des termes de la civilisation occidentale — qui, lui, se situe à l’intérieur de toute l’histoire des rapports entre Moïse et la société d’Israël de son temps.A travers ces deux sortes de conflits, on retrouve également le conflit des pères et des fils. A l’échelle de la personne humaine, certains — ce sont ceux-là les pères — se définissent par communion absolue avec Israël comme identité collective, et dans une fidélité collective à l’héritage de tous, et d’autres se définissent seulement dans une relation individuelle. Le conflit entre les pères et les fils ne fait que traduire au niveau de l’existence individuelle, le travail de gestation d’une harmonie qui se cherche entre une identité collective et une identité perçue à l’échelle individuelle.Derrière ces thèmes de l’enseignement traditionnel, tels que les présente la Michna, et tels qu’ils sont formulés de façon plus précise encore dans les textes des kabbalistes, apparaît le thème d’un conflit métaphysique entre forces de la patience et forces de l’impatience. Dialectique entre patience et impatience, très parallèle à la dialectique entre l’Etre père et l’Etre fils, à la dialectique entre l’identité collective et les droits de l’existence individuelle ; et surtout dialectique entre la perspective de l’héritage et la perspective de la fidélité.La notion qui récapitule l’ensemble de ces thèmes est une notion très paradoxale du vocabulaire biblique lorsqu’il désigne l’identité d’Israël. En hébreu c’est זרע קודש. 1. זרע קודש- POSTÉRITÉ SAINTE זרע — signifie une postérité, une descendance. C’est donc une allusion à une identité qui se reçoit par héritage, sans que ne s’introduise aucune option idéologique, sans qu’intervienne le critère du mérite de fidélité à un certain nombre de valeurs qui dépasseraient l’hérédité pure et simple.Mais le terme de זרע — postérité — se trouve tout de suite modifié par (dans l’original : adjectif) קודש qui signifie le saint, le sacré. Il

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Invasion Russe : Une confrontation dissymétrique

La situation que nous vivons depuis quelques jours avec l’invasion de l’Ukraine par l’armée Russe est dramatique et nous a laissé un moment sans réaction. Après l’effroi et la stupeur, une première pensée articulée apparait et nous fait tour à tour passer de la tristesse à l’indignation, puis de l’indignation à la colère. Tristesse tout d’abord, de voir un peuple si proche de chez nous subir une telle invasion, une telle violence, une telle brutalité. Une pensée va alors vers les Ukrainiens pour leur témoigner notre solidarité et notre émotion devant l’agression dont ils ont été la cible, et la façon déchirante dont ils sont traités. Indignation ensuite devant cet acte de force, de barbarie qui n’a rien à envier aux plus grands dictateurs de la planète et notamment aux anciens dictateurs Russes sur le chemin de la conquête ou de la reconquête.  La Russie va fêter dans 3 ans, en 2025, le 80ème anniversaire de la victoire de la « grande guerre patriotique », terme officielle russe pour désigner la seconde guerre mondiale. Or on peut comprendre que cette fête puisse avoir, pour les Russes, un arrière-goût amer. La fierté nationale légitime devant les exploits de leurs héros morts pour la patrie n’empêche pas de constater le contraste saisissant entre la place de l’URSS dans le monde au lendemain de la guerre et celle de la Russie aujourd’hui. L’effondrement de l’Union soviétique a fait disparaitre un empire aux dimensions considérables. Certes la Russie est toujours le plus vaste pays du monde avec près de 17,5 millions de kilomètres carrés, elle possède des ressources naturelles considérables, et notamment énergétiques ainsi que le second arsenal nucléaire après celui des Etats-Unis. Mais elle n’occupe plus un rôle majeur sur les plans démographiques, économiques et militaires. Depuis cet effondrement, le développement de l’OTAN plus particulièrement à l’est, a toujours été considéré par les Russes et notamment par Vladimir Poutine comme une menace, peut être comme une agression, pour essayer de se débarrasser définitivement des vestiges de l’empire de naguère. Même si du côté occidental, cette idée n’a pas de fondement, la peur Russe s’entend. Nous pouvons également comprendre ce combat pour la survie d’une identité qui doit préserver sa place dans le monde, nous partageons ce souci de se rattacher à des racines, cette volonté d’essayer de remettre une certaine identité, une certaine manière d’être homme, au cœur du concert des nations. Ce sont évidemment des sujets qui nous parlent, et la vision souvent très manichéenne que propose le monde occidental lorsqu’il s’agit de parler de la Russie, est souvent agaçante Bien entendu la Russie a également permis à de nombreux juifs russes de venir s’installer en Israël et c’est désormais une communauté particulièrement importante. L’argument politique est de taille dans les dialogues avec la Russie et il faut inévitablement le prendre en considération. Mais ce constat sur la situation et les peurs russes sur le devenir de son identité ne peuvent, à eux seuls, justifier l’invasion dont s’est rendu coupable Vladimir Poutine, ni les mensonges qu’il a mis en avant pour la justifier, encore moins la violence avec laquelle il a décidé de la mettre en œuvre.  Que Vladimir Poutine veuille essayer de restaurer la grandeur et l’intégralité de l’identité de la Russie d’antan est incontestable. Mais cette agression ainsi que les menaces permanentes qu’il laisse planer sur l’internationalisation du conflit et le recours à l’arme nucléaire en dit long sur la violence dont il est capable. C’est un dictateur et après 23 années de pouvoir en Russie, le voilà aujourd’hui qui foule du pied les idéaux de paix et d’équilibre dans le monde, dicte sa loi et défie l’occident qui devient spectateur de cette agression. La violence de ces actes dévoile l’incapacité de Poutine à se révéler comme un partenaire fiable, mais aussi et surtout confirme son statut de véritable dictateur, prêt à en découdre, menaçant à chaque instant la planète d’appuyer sur le bouton et déterminé à ce que sa vision du monde triomphe. Il faut avoir une vision claire de la situation. Que le président russe puisse ainsi intervenir et bombarder le peuple Ukrainiens pose un vrai problème et mérite une réaction appropriée. Colère enfin face au décalage absolument sidérant entre les paroles souvent très fortes, autoritaires, presque guerrières des dirigeants du monde occidental, et la passivité, la vacuité, des actions proposées devant cette agression caractérisée. Voilà plus de vingt ans que un à un chacun des dirigeants européens nous annonce qu’il a un lien particulier avec le dirigeant russe et qu’il va pouvoir le ramener à la raison, et voilà plus de vingt ans que le dirigeant russe s’amuse, embobine, ridiculise l’ensemble des dirigeants avec lesquels il discute. N’est-il pas temps d’essayer de répondre à ces agressions dont Poutine se rend coupable, d’une manière appropriée et adaptée ? La réponse diplomatique, face aux crises à répétition provoquée par Poutine, n’est-elle pas à bout de souffle ? Les manifestations de soutien, notamment des pays européens sont innombrables et traduisent la solidarité européennes à l’égard du peuple Ukrainien, mais l’absence totale de réaction forte et appropriée, ainsi que la passivité européenne devant cette invasion, et les assauts russes, interrogent et font monter une incompréhension et une colère. Aujourd’hui Poutine se demande si les sanctions financières prise à  l’encontre de son pays ne constituent pas l’équivalent d’une déclaration de guerre. Il prévient que la constitution d’une zone d’exclusion aérienne, notamment pour venir en aide aux civils, ferait des pays impliqués des co-belligérants. Effrayée l’OTAN a donc rejeté cette possibilité qui aurait permis l’arrêt des bombardements Russes sur l’Ukraine Il semble que, de nouveau, deux mondes s’affrontent. Alors que le premier met en avant des enjeux d’identité, de sens et de valeurs, l’autre veut préserver le confort dans lequel il s’est installé. Alors que le premier n’a plus peur de grand-chose le second à peur de son ombre, et tremble à l’idée d’avoir à désigner un ennemi. Le monde occidental, qui valorise le souci de soi, préoccupé à offrir à ses populations loisirs, consommations et divertissements n’est plus

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Histoire, mémoire et… idéologie. (Droit de réponse à l’article d’Olivier Cohen sur l’exposition « Juifs d’Orient » à l’Institut du monde arabe)

Olivier Cohen m’a fait l’amitié de m’envoyer l’article qu’il a publié dans le site Manitou à propos de l’exposition « Juifs d’Orient » organisée par et à l’Institut du monde arabe à Paris et à laquelle j’ai eu l’honneur et le bonheur de participer. Les premiers paragraphes de sa recension sont flatteurs. L’incipit donne le ton: « L’exposition permet d’accéder aux grands moments de la vie intellectuelle et culturelle juive en Orient. » C’était bien là notre but, et je me réjouis de lire sous sa plume qu’il a été atteint. Il note que cette exposition qui se tient à l’IMA, est « une grande première » et que l’approche chronologique et thématique retenue est « évidemment passionnante ». Il souligne enfin que le but de cette exposition était de « présenter le récit de cette coexistence, tour à tour féconde et tumultueuse ». Il reconnaît ainsi que nous nous sommes efforcés de montrer dans cette exposition non seulement le visage harmonieux de cette coexistence, mais également ses aspects tumultueux.  O certes, pas dans des proportions égales, je m’empresse de l’écrire. C’est que, d’une part, il s’agissait de réévaluer cette culture plurimillénaire largement ignorée dans sa continuité historique, d’en manifester la beauté esthétique – on est dans un musée –  à l’intention de celles et ceux qui n’avaient pas conscience de l’existence d’un patrimoine aussi riche, ou pire, la sous-estimaient. C’est aussi, d’autre part, que les exactions et les humiliations ne laissent pas beaucoup de traces, d’autant que longtemps la seule catastrophe que la diaspora était fondée à remémorer et à représenter était celle de la destruction du Second Temple par Titus. Ainsi, pour témoigner de la dureté de la dynastie des Ommeyades ou expliquer le caractère ambigu du statut du dhimmi, nous avons eu pour recours les cartels disposés à l’entrée de chaque salle. Il est vrai qu’aucune mosquée n’a jamais cru bon de représenter la synagogue voilée, à l’instar de la statue bien connue de la cathédrale de Strasbourg, pour manifester la supériorité de son message spirituel. Au XXème siècle, en revanche, la photographie peut apporter la preuve de la violence subie, telles les photos du pogrom de Constantine perpétré en 1934 par la populace arabe dans l’indifférence des autorités françaises, et que la plupart des visiteurs de l’IMA, me semble-t-il, ont vu pour la première fois.  Cette recension commençait donc bien et attestait d’un contentement analogue à celui des critiques élogieuses, sinon dithyrambiques, parues dans la presse française. Mais, une fois la première page tournée, les choses se gâtent et tournent à l’aigre, sinon, au réquisitoire. Cette exposition, nous dit-il, est un trompe-l’œil. Elle tend au visiteur une vision radieuse et erronée des relations judéo-musulmanes. Elle est un piège tendu par l’IMA et par le comité scientifique présidé par Benjamin Stora et dont j’ai fait partie.  Rien de très nouveau, dois-je avouer. On connaît la chanson : quiconque ne réitère pas que l’histoire juive en terre d’Islam n’était qu’une vallée de larmes est aussitôt soupçonné de vouloir en montrer une image idyllique. (A cet égard, je fais mien le jugement nuancé de Bernard Lewis qui estimait, en substance, que l’Afrique et l’Asie musulmane ont offert aux Juifs ni le meilleur ni le pire dont l’Europe chrétienne s’est montré capable.) Mais Olivier Cohen va beaucoup plus loin et formule un grief majeur Une fois ses éloges prodigués, il développe une thèse que je renonce à synthétiser avec mes propres mots afin de ne pas être accusé de la déformer. Je me contenterai d’en reproduire trois extraits qui en livrent la quintessence : « on peut nommer un responsable à l’éloignement des communautés juives et arabes, un obstacle à la possibilité d’un rapprochement : Il s’agit d’Israël! Ce sont les israéliens qui portent cette responsabilité! (…) Juifs et arabes vivraient encore en harmonie si l’Etat d’Israël n’avait pas vu le jour. (…) Victimes hier, bourreaux aujourd’hui, les juifs devenus Israéliens sont plus que jamais responsables de la fracture désormais irréconciliable entre juifs et arabes. Israël n’est plus seulement l’ennemi des palestiniens, l’ennemi des arabes, l’ennemi de l’humanité, l’ennemi du genre humain, voilà Israël devenu également l’ennemi des juifs et de la nouvelle version du judaïsme moderne. » Il y a au moins un point sur lequel nous serons pleinement d’accord lui et moi : cette façon de penser existe. Oui, des milliers et des millions de personnes sont convaincus qu’Israël est responsable de la fracture entre Juifs et Arabes. Ont-ils tort ? Ont-ils raison ? La controverse est vive et irréductible entre ceux qui pensent de la sorte et ceux qui estiment, au contraire, que c’est l’antisémitisme en pays arabe et musulman qui est la cause profonde et majeure de ladite fracture. Certains n’hésitent guère même à pointer le Coran comme l’origine de cette hostilité. Cette accusation calomnieuse portée contre Israël est largement répandue. Je le déplore comme lui. Mais là où je ne le suis plus, c’est quand il soutient – accrochez-vous bien –  que cette thèse circule tout au long de l’exposition, explicitement ou implicitement. Autrement, dit, volontairement ou malgré moi, j’aurais donné ma caution à une entreprise de démolition d’Israël et de sa légitimité. Pour étayer une accusation aussi grave, Olivier Cohen dispose de deux pièces maîtresses : l’exposition et le catalogue. La première rassemble pas moins de 419 œuvres de nature diverse : objets profanes et sacrés, costumes, tableaux, photographies, cartes postales, planches, films, extraits de musique liturgique et profane. La seconde est le catalogue de 224 pages, lequel inclue la reproduction d’un grand nombre des pièces de l’exposition – ce qui le range dans la catégorie des « beaux livres » – et vingt-cinq articles, tous inédits, rédigés par des spécialistes français, américains et israéliens, une introduction générale de Benjamin Stora, un glossaire, une bibliographie – ce qui en fait un livre savant – suivi de la liste des œuvres exposées, grâce à laquelle j’ai dénombré plus haut, de manière exhaustive, les 419 pièces de l’exposition, (voir les pages 210-223 du catalogue qui indique pour chacune d’elles la nature, la date et la provenance).  419 pièces exposées et 224 pages du catalogue,

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Institut du monde arabe – exposition sur les juifs d’Orient: La Polémique de trop – Celle qui vient de l’intérieur

Dans le prolongement des expositions « Hajj, le pèlerinage à La Mecque » en 2014 et « Chrétiens d’Orient, 2000 ans d’histoire » en 2017, l’Institut du monde arabe poursuit aujourd’hui sa trilogie consacrée aux religions monothéistes dans le monde arabe avec une exposition dédiée à l’histoire des communautés juives d’Orient. L’exposition permet d’accéder aux grands moments de la vie intellectuelle et culturelle juive en Orient. Un accent particulier est mis sur les échanges qui ont irrigué les sociétés du monde arabo-musulman durant des siècles, depuis les premiers liens tissés entre les tribus juives d’Arabie et le Prophète Mohammed lors de son installation à Médine.  Le but de l’exposition est de montrer 1500 à 2000 ans de présence juive en terre d’arabes, et en terre d’islam, et de présenter le récit de cette coexistence, tour à tour féconde ou tumultueuse, pour apporter un éclairage sur le rôle de chacun dans l’enrichissement de la culture et de la religion de l’autre. Le caractère inédit de cette exposition à l’Institut du monde arabes même, est une grande première, cette tentative d’apaisement à travers les origines, les racines, une perspective historique, est louable, l’approche chronologique et thématique qui décline les grands temps de la vie intellectuelle et culturelle juive en Orient, et révèle les échanges prolifiques qui ont façonné les sociétés du monde arabo-musulman durant des siècles, est évidemment passionnante. Mais une première contestation vient émailler ce tableau probablement un peu trop idyllique. Suite à une lettre ouverte adressée par un certain nombre d’intellectuels et d’artistes du monde arabe à l’Institut du monde arabe, avec pour titre : « la culture est le sel de la terre, et nous ne permettons pas qu’elle soit utilisée pour normaliser l’oppression ». Les signataires s’alarment, entre autre, de « signes de normalisation » avec Israël au sein de l’Institut du monde arabe. En cause, notamment, le fait que des pièces de l’exposition organisée dans ses murs, proviennent du Musée d’Israël. La réponse du professeur de science politique Denis Charbit, membre actif de l’organisation de l’exposition dont le commissaire général est Monsieur Benjamin Stora, permet de lever le voile sur l’étrange sensation qui s’empare du visiteur dès les premiers pas du parcours le long des allées de l’exposition : « cette exposition a eu le mérite d’inciter Elias Khoury, l’un de ses premiers signataires, à reconnaître que le monde arabe avait sa part de responsabilité dans le départ des juifs vers Israël. ».  A la fin de l’exposition un petit film d’une dizaine de minutes, conclu par un slogan qui a été mis en avant tout au long de l’exposition : « Arabes et Juifs, si loin si proches », nous retrace la période de la création de l’état d’Israël et donne la parole à des témoins et des acteurs de la vie politique. Et le niveau sonore de la petite musique que l’on avait commencé à entendre dans les allées de l’exposition se fait alors plus intense. A en croire la façon dont les choses sont présentées, on peut nommer un responsable à l’éloignement des communautés juives et arabes, un obstacle à la possibilité d’un rapprochement : Il s’agit d’Israël! ce sont les israéliens qui portent cette responsabilité! . Juifs et arabes vivraient encore en harmonie si l’Etat d’Israël n’avait pas vu le jour. Cette terre « qu’il a fallu aménager » pour permettre aux juifs de pouvoir y vivre est à l’origine des tensions extrêmes entre les deux communautés. Et le fil de la pelote peut alors être tiré progressivement, arguments après arguments, en essayant dans le même temps de nous attendrir sur la situation particulièrement difficile traversée par les arabes… et les juifs de l’exil. Le terme de judéité fait alors son entrée fracassante au sein de l’exposition. Qu’est-ce que la judéité : l’identité juive définie par un ensemble de caractère religieux, sociologiques et culturels. Autrement dit, alors que l’identité juive est apparue, lors de la destruction du temple, comme une identité seconde, de maquis, une écorce de protection, qui a permis à l’identité hébraïque de se survivre à elle-même pendant le temps de l’exil, voilà le concept de judaïté qui émerge, jaillit, transperce la carapace juive et permet désormais à tout juif de devenir citoyen du monde, sans être nécessairement assigné à résidence, par une terre particulière. Et voila le juif, au même titre que le citoyen du monde, renvoyé au statut de résidant cosmopolite. Puis les arguments s’enchainent : L’exil change de camp. Il ne s’agit plus de quitter l’exil pour rentrer chez soi, mais de quitter les pays arabes pour partir en exil en Israël ! La réponse du professeur Charbit sur « la responsabilité des arabes dans le départ des juifs vers Israël » prend alors tout son sens, et confirme l’idéologie qui se trouve tapie derrière cette présentation. L’accueil des nouveaux habitants est présenté de manière particulièrement caricaturale. Les nouveaux immigrants seraient traités comme « des moustiques », dont les habitants craindraient de se faire infecter, puis placés dans des tentes, et dans des ghettos.  De plus, et malgré les multiples appels nécessaires à la prise de conscience de l’altérité auxquels ils sont invités à réfléchir, les juifs qui se sont installés en Israël ne semblent pas bien réaliser la situation, ni les difficultés des palestiniens. Que, pour qu’ils aient pu bénéficier de cette terre il a fallu, qu’un autre peuple, disposant également de droits sur cette terre soit déraciné. Il parait alors très étonnant que « ces juifs », qui ont eux-mêmes vécu le drame du déracinement, de la persécution puis de l’extermination ne comprennent pas qu’aujourd’hui le peuple des palestiniens vit ce qu’ils ont eux-mêmes vécu jadis. Victimes hier, bourreaux aujourd’hui, les juifs devenus Israéliens sont plus que jamais responsables de la fracture désormais irréconciliable entre juifs et arabes. Cette petite musique, évidemment on la reconnait ; alors que le Juif de l’exil est porté au pinacle, l’Israélien essuie désormais toutes les invectives.  Le Juif appartient désormais au projet universel en marche. Lui porter atteinte, c’est

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Leçon d’humilité

Emmanuel Moreno z.l. Ce nom ne vous dit peut-être rien, et pourtant : Emmanuel Moreno était considéré comme étant le meilleur soldat de Tsahal. Né en France, sa famille a fait l’alyah lorsqu’il avait un an. Il a été tué lors de la seconde guerre du Liban, il y a quinze ans exactement. Il était officier dans le célèbre commando d’élite Sayeret Matkal et remplissait les missions les plus dangereuses derrière les lignes ennemies avec un courage physique et psychique inégalé. Brillant aussi dans ses études, il avait appris l’arabe qu’il parlait couramment. Ses nombreux exploits sont toujours tenus secrets et même son visage nous reste inconnu puisqu’aucune photo de lui ne peut être publiée, même après sa mort, parce que ses missions sont toujours classées secret défense et cela risquerait de mettre en danger d’autres personnes impliquées. Je devine que certains d’entre vous ne vont pas résister à la tentation de chercher sur Google. Sachez que la photo que vous trouverez n’est pas celle d’Emmanuel Moreno mais celle du premier ministre Naftali Bennet qui l’a bien connu lorsqu’il était à l’armée et qui parle souvent de lui avec émotion.  Certains ont comparé Emmanuel Moreno à Bar Kokhba, le grand combattant juif contre les romains, on n’en aurait depuis pas connu d’autres de ce niveau. Des dizaines d’opérations de commando qu’il a menées, deux seulement ont été divulguées : on sait ainsi qu’il a enlevé le chef d’Amal, Mustafa Dirani, dans sa maison au Liban pour l’amener se faire juger en Israël.  Et malgré toutes ces qualités, tous ceux qui l’ont connu témoignent qu’il était particulièrement humble. J’avais d’abord écrit qu’il était « le plus humble de tous les hommes » mais j’ai corrigé car cette expression est traditionnellement réservée à Moise. Cela montre à quel point cette valeur d’humilité est centrale dans le peuple juif : le plus grand des prophètes et le plus grand des soldats d’Israël étaient aussi les plus humbles… On dit qu’en entrant dans une salle de cours ou dans un restaurant où se trouvait Emmanuel Moreno, on ne pouvait pas deviner qui il était, tant il se fondait parmi les autres, un simple homme parmi les autres qui ne faisait pas un grand cas du fait d’être un héros.  L’humilité n’est pas très à la mode (mais ne l’a-t-elle jamais été ?). Nous vivons le règne du selfi. Dans tous les pays les nouvelles idoles sont celles qui font du bruit et passent sur les plateaux TV, en particulier les « stars » des émissions de TV réalité. Sans parler de tous ces génies du clavier expliquant sur Facebook qu’ils savent mieux que les Professeurs qui ont consacré leur vie à la recherche. J’ai rencontré le père d’Emmanuel, Ilan Moreno, et je lui ai fait part de mon admiration pour son fils. Je lui ai dit que cela fait du bien de savoir qu’il existe aussi des hommes d’exception comme Emmanuel Moreno – courageux, désintéressés et idéalistes. Surtout qu’en lisant la presse en Israël, on n’entend parler que de corruption, de petites magouilles ou de politique politicienne.  Ilan Moreno m’a répondu ceci : « Si tu prends un bus en Israël, n’importe quel bus, ne regarde pas les petites choses, tel jeune qui aurait bousculé sans demander pardon, ou bien telle dame qui parle fort au téléphone… Sache que la moitié des gens dans ce bus, qui sont des gens simples, sont peut-être des héros. Il y a ceux qui travaillent peut-être pour un service de renseignement et mettent leur vie en danger sans que personne ne le sache, il y a ces personnes âgées qui ont survécu à la Shoah en ayant vu leurs proches mourir devant eux, il y a des hommes qui ont traversé des déserts à pieds pour venir vivre ici, ceux qui ont été blessés dans des guerres ou des attentats, ceux qui ont quitté toutes leurs propriétés dans certains pays arabes et sont repartis à zéro, il y a ce jeune qui s’entraine tous les jours pour accomplir son rêve d’intégrer un jour une unité de combat, ceux qui travaillent dans deux ou trois postes pour nourrir leur famille et trouvent en plus le temps de faire du volontariat dans les hôpitaux… Il y a beaucoup plus d’héros au quotidien qu’on ne le croit. Parce qu’on ne les voit pas. » Je pense souvent à cette leçon d’Ilan Moreno, je tenais à vous en faire part. Emmanuel Moreno z.l. a dû grandir avec ces valeurs familiales. Un peu plus d’humilité, un peu plus de bienveillance dans nos jugements des autres au quotidien. Monsieur Michael Grynszpan

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Roch Hachana, Yom Kippour, Hochana Raba … et Hanouka, les différents degrés du jugement.

Dans le calendrier hébraïque il y a deux structures du temps qui s’entremêlent. L’année qui commence à Tichri et qui récapitule, les événements de l’histoire universelle, dont le principe est la création du monde, et celle qui commence à Nissan, qui est spécifique au calendrier des hébreux, et qui commémore les grands événements de l’histoire d’Israël dont le principe est la sortie d’Egypte. Ces deux structures du temps d’Israël, convergent dans une journée particulière, celle de Hochana Raba qui fait à la fois partie du calendrier du mois de Tichri et de celui du mois de « Nissan. « Hochana Raba » est intégré au temps de Nissan en tant qu’elle est le dernier jour de la fête de Souccot. Elle est également intégrée au temps de Tichri, puisqu’elle fait partie des fêtes de jugement et d’expiation, comme les fêtes de Roch Hachana et celle de Yom Kippour. Le mois du Tichri a sa propre liturgie qui est celle des jours de jugement : Roch Hachana est le jour du jugement lui même. Yom Kippour est le jour d’expiation et de pardon, et Hochana Raba réalise l’achèvement des jours de jugement. La Torah écrite appelle le jour de Roch Hachana, « Yom Hazikaron », le jour de la mémoire, alors que la Torah orale appelle ce jour « Yom Hadin », le jour du jugement. Quel est le lien entre le jugement et la mémoire ? C’est tout simplement que nous sommes jugés par la mémoire. Lorsque nous sommes jugés par la mémoire, le jugement est impitoyable A Roch Hachana le monde de l’homme passe en jugement. S’il y a un créateur au monde, alors il y a une mémoire, une mémoire totale, absolue, depuis la création du monde, et c’est cette mémoire qui est appelée à partir de Roch Hachana afin de pouvoir confronter ce qui a été fait avec l’idée que nous nous faisons du monde. Le peuple hébreu est  le seul peuple à avoir accepté la loi morale comme condition du salut. La condition de cette acceptation c’est la possibilité de la « Téchouva ». La « Téchouva » peut-être envisagée à plusieurs niveaux : A un premier stade, au niveau individuel, c’est  le retour à l’endroit où on avait dévié par rapport à la faute pour la recouvrir.  A un niveau plus collectif, c’est le retour de la collectivité d’Israël et cela passe également par la terre d’Israël. Plus haut encore, les sages nous expliquent que les mondes sont en processus de « Téchouva », c’est-à-dire qu’il y a un mouvement de retour du monde à sa source. Quoiqu’il en soit, si cette possibilité ne nous était  pas offerte, cette loi serait invivable parce qu’à la moindre faute, nous serions perdus. Pour pouvoir faire « Techouva » il faut donc pouvoir se souvenir. Le jugement se fait à 3 niveaux (Rocha Hachana, Yom Kippour et Hochana Raba) parce qu’il y a trois dimensions au jugement. Le Talmud nous enseigne que parallèlement au développement de la destinée de chaque personne un livre s’écrit. C’est le livre de notre vie. Le jour du jugement c’est la confrontation entre deux livres : le livre de notre vie et le livre de la loi, de la vérité. Il y a trois sortes de livres qui s’écrivent dans la vie des hommes : Le livre des « Tsadikim », les justes, ils sont très rares. Le livre des « Bénonim », c’est à dire au milieu, moyens,  et justes et mauvais à la fois. C’est le livre de la majorité d’entre nous. Chacun de nous est au milieu des valeurs du bien absolu et des valeurs du mal absolu. La vie de chacun, sauf des cas exceptionnels, c’est la vie d’un « Bénonim ». Enfin le livre des « Rachaim », des mauvais, ils sont également très peu nombreux. Les justes sont traversés par le jugement le jour de Roch Hachana, par la « Midat Hadin », la valeur de la justice stricte. C’est la mesure du jugement la plus stricte, la plus rigoureuse. La confrontation entre le livre de chacun et le livre de vérité est stricte. Les justes sont capables d’être jugés par la vertu de justice. Les « Bénonim », sont traversés par le jugement le jour de Kippour par la « Midat Harahamim », la valeur de miséricorde. Ils sont jugés par la vertu de miséricorde qui réalise l’unité entre la valeur de charité pure et celle de justice stricte. À Hochana Raba la confrontation se fait au niveau des « Rachaim ». C’est un jugement pour les mauvais. C’est la « Midat Hahessed », la valeur de charité pure, qui juge, ainsi même ceux qui ne sont que mauvais, sont dans le cas de pouvoir être sauvés de ce jugement. Manitou nous enseigne en se basant sur la tradition orale qu’un sursis supplémentaire nous est donné jusqu’à la fête de Hanouka. Le juste, le moyen ou le mauvais sont jugés par rapport à la loi. Ce sont des consciences qui se mesurent par rapport à la loi. Les unes de façon positive, ce sont les justes. Les autres de façon approximatives, les « Bénonim », mais attention ce sont souvent des grands qui sont les « moyens ». Puis les cas exceptionnels du côté du mal, mais ayant conscience de la loi, et cependant mauvais. Ils sont définis d’après la loi comme « Tsaddikim », « Bénonim », « Rachaim ». Il y a ceux qui n’ont aucun lien à la Torah, d’aucune sorte, mais qui font partie de l’assemblée d’Israël. Ceux-là ont un sursis jusqu’à Hanouka. La fête de Hanouka commémore la victoire des Ashmonéens sur les Grecs. Dans les autres exils, le risque d’érosion de l’identité Israël était fort, mais sur des terres étrangères, alors que les Grecs avaient réussi à dénaturer l’identité d’Israël sur sa propre terre. L’exil Grec, c’est lorsque les Grecs occupaient la Judée et qu’ils avaient réussi à dénaturer l’identité des Judéens, en Judée. Hanouka remet les choses à leur place. La fête de « Hanouka » commémore la restauration de la sainteté du temple qui a été détruit à Tichabeav. La catastrophe qui s’est produite à Tichabeav a été restaurée à « Hanouka ». C’est un événement national. Ceux qui pratiquent Hanouka, se relient à la restauration de l’identité nationale

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Le Sanhédrin en dix questions

Le Sanhédrin en 10 questions 1 – Qu’est-ce que le Sanhédrin ? Le Sanhédrin est une Grande Assemblée représentée par 70 ou 71 Sages qui siégeaient dans les murailles du Temple de Jérusalem dans la salle en demi-lune de la pierre taillée. Cette Assemblée a cessé d’exercer ses fonctions à Jérusalem au 4ème siècle après que l’empereur Byzantin ait aboli l’ordination, cette chaine ininterrompue de la transmission d’un Maître à son élève, depuis Moise. Puis cette Assemblée s’est poursuivie dans d’autres villes d’Israël pour cesser définitivement au 5ème siècle. 2 – Quelle est sa fonction ? Dans le régime politique hébraïque il y a séparation des pouvoirs. Le Sanhédrin est une des institutions représentant ces différents pouvoirs. Mais à la différence de la Haute Cour de Justice et de la Cour Suprême qui ont chacune leur fonction et qui jugent par rapport aux lois de la Knesset, le Sanhédrin juge, lui, en fonction des lois de la Torah.  Il intervient dans de nombreux domaines relatifs aux lois juives : 3 – Quels sont les différents pouvoirs dans le régime hébraïque ? On connait désormais les enseignements qu’avaient donné Manitou à ce sujet. Il suffit de prendre les lettres du mot Michkan, qui fut le tabernacle dans le désert : 4 – Si cette Assemblée était restaurée, les lois votées par la Knesset seraient-elles remises en cause ? Evidemment pas. La Knesset continuera de légiférer et d’édicter les lois. Il y aurait séparations des pouvoirs entre les représentants de la Knesset qui légifèrent dans le cadre du pouvoir politique, et les sages de cette Grande Assemblée qui évolueraient dans un cadre spécifique à la justice de la loi juive 5 – Le Sanhédrin reconnaitra-t-il les décisions prises par la Knesset ? Evidemment. La loi juive n’est actuellement pas reconnue comme ayant force de loi en Israël. Si la Knesset venait à décider que le droit hébraïque est valide dans l’Etat, alors il suffirait que les Rabbins déclarent que les lois de la Knesset sont la nécessité du public. A partir de là, l’Etat reconnaîtrait alors dans le principe la validité du droit hébraïque et ainsi la quasi-totalité des lois de la Knesset serait de fait, considérée comme valable par la loi juive, et donc reconnue comme valable par le Sanhédrin. – Restaurer le Sanhédrin garantirait donc un meilleur équilibre de l’Etat 6 – Quelle est la différence avec la Haute Cour de Justice ? La différence principale est que la Haute Cour de Justice juge par rapport aux lois de la Knesset alors que le Sanhédrin juge par rapport à la loi de la Torah. De ce fait les deux institutions ne seraient pas saisies pour les mêmes raisons.  7 – Quelle différence y a-t-il entre la Cour Suprême et le Sanhédrin ? La Cour Suprême est à la fois une Cour d’appel pour le pénal et le civil, et une Haute Cour de Justice, siégeant en première instance, principalement pour ce qui concerne le contrôle juridictionnel des décisions du gouvernement. Depuis 1995, la Cour suprême d’Israël exerce un contrôle de la constitutionnalité des lois à la fois les droits fondamentaux et les valeurs de l’Etat d’Israël. Pourtant à ce jour, la compétence quant au contrôle de constitutionnalité n’a toujours pas été fixée par une loi fondamentale. Le Sanhédrin aurait donc aussi sa fonction probablement dans ce cadre. 8 – Quels sont les obstacles à la restauration de ce Sanhédrin ? En fait il y 3 obstacles majeurs C’est actuellement un obstacle important mais qui pourrait être contourné en installant le Sanhédrin temporairement dans un autre endroit, en réduisant le nombre de Rabbins qui pourraient y siéger et en limitant partiellement ses prérogatives. D’ailleurs lorsque le Temple a été détruit, le Sanhédrin a été implanté dans d’autres villes d’Israël pour qu’il puisse poursuivre ses fonctions. Peut-être qu’un jour les rabbins parviendront à se mettre d’accords sur un nom ou sur un schéma qui conviendrait à toutes les sensibilités, ou peut-être est-ce à nous, au peuple, simples juifs, désireux de recouvrer notre identité hébraïque et de rejoindre notre histoire, soucieux de faire preuve de responsabilité, d’agir pour faire en sorte que cela soit possible ? 9 – S’il n’y avait qu’un argument à donner pour motiver la restauration du Sanhédrin, lequel pourriez-vous présenter ? Pour retrouver notre unité, et répondre aux avis extérieurs qui souvent remettent en cause notre légitimité, notamment celle à nous installer sur la terre d’Israël, c’est à dire la terre de la Bible, il y a une chose simple à dire: « Nous sommes le peuple de la Bible qui est revenu sur la terre de la Bible« .  Pour redevenir réellement le peuple que nous devons être, pour permettre que l’on dise de nous que nous sommes bien le peuple de la Bible, alors avançons un peu plus dans notre histoire, et restaurons notre Sanhédrin, sur la terre de la Bible, celle du peuple de la Bible. 10 – Que pouvons-nous faire à notre niveau, pour aider à restaurer le Sanhédrin ? Le Sanhédrin n’est pas une institution démocratique. Il dépend du rétablissement de l’ordination. Nous pouvons nous préparer à l’éventualité de la restauration du Sanhédrin en étudiant plus en profondeur nos textes et nos récits qui parlent de cette institution. Ce site tâchera de vous donner régulièrement des informations. Olivier Cohen

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