10 février 2025

Un silence déraisonnable du monde

Un silence déraisonnable du monde Albert Camus disait dans son mythe de Sisyphe : « l’absurde nait de la confrontation de l’appel humain et du silence déraisonnable du monde » Appel au monde vu comme transcendant face à l’humanité qui s’interroge et qui interpelle. Et on sent derrière cette tirade comme une demande de spiritualité inassouvie. Devant ce silence « du monde » à nos interrogations il est possible de comprendre l’absurde, mais aussi la révolte, la colère. Comment avoir la foi devant ce silence déraisonnable semblait aussi dire Camus ? Les choses ont beaucoup changé depuis l’époque à laquelle Camus a écrit ces lignes, et aujourd’hui le silence déraisonnable du monde ne vient pas du ciel, mais il vient de la terre, de l’humanité, d’une humanité qui semble avoir perdu tout sens commun, qui a perdu ses repères et qui refuse d’accorder la moindre compassion à Israël dans le drame qu’il est en train de vivre au quotidien. La planète entière se tait, reste muette, insensible. Après les actes de barbarie d’une violence inédite et inouïe qu’elle a vécu ce 7 octobre 2023 sur son sol par des êtres vivants dont on peut raisonnablement se demander si ce sont des êtres humains. Après la prise d’otages par ces barbares dont l’évocation des conditions dans lesquelles elles se sont faites suffit à faire blêmir. Après la guerre que la société israélienne a dû décider mener contre ses voisins, contre l’islamisme, en avant-poste du monde libre, pour essayer de mettre un terme au terrorisme dont elle est l’objet, avec toutes les conséquences difficiles que cela a du entrainer. Après la perte de beaucoup de ses enfants, la plupart du temps des jeunes qui se sont engagés courageusement dans cette guerre pour la survie de l’état d’Israël. Après  les innombrables blessés dont la jeunesse parfois saisi ceux qui osent encore venir se promener sur les plages d’Israël. Voici venu le temps de la négociation, inévitable certes, mais tellement douloureuse. Douloureuse parce qu’il faut négocier avec des terroristes qui ont commis les pires exactions. Douloureuse aussi parce que cela peut rendre d’un coup inutile les sacrifices consentis par la société israélienne pour en finir une bonne fois pour toute avec le Hamas. Douloureuse enfin parce que le monde entier se tait, parce que l’humanité parait indifférente devant ce drame absolu qui se tient sous nos yeux, ou pire encore, parce que le monde semble au mieux mettre les terroristes du Hamas au même niveau que les dirigeants Israéliens, et au pire semble secrètement rêver d’une victoire des islamistes. Une mise en scène terrifiante, au cœur de laquelle des dégénérés cagoulés, en tenu de camouflage, la tête entourée d’un foulard vert, symbole de la clef du paradis, exhibent fièrement leur force et leurs armes. C’est au cœur de cette mise en scène de la propagande du Hamas ou se déploie une foule hostile, chauffée à blanc, habitée par la haine du juif et d’Israël, et qui semble disposée à vouloir répandre la violence autour d’elle, à quelques encablures des frontières de l’Etat d’Israël, que le monde regarde la libération de trois otages Israéliens. Le monde entier regarde. Mais où sont les marques d’indignation et de colère devant cette cérémonie macabre ? Ou sont les gens disposés à dénoncer cette sauvagerie, ce supplice, cette torture physique et psychologique, dans ce qui pourrait ressembler à la réunion d’une secte ou de fous, si ce n’était pas si grave ? Ou est-il possible de lire la compassion et la solidarité à l’égard de ces otages qui vivent l’invivable, à l’égard de la population Israélienne qui traverse probablement les pires heures de son histoire. Qui dénonce ? Qui condamne ? Ou sont ces voix qui généralement se font entendre pour défendre ceux qui doivent l’être ?  De cette foule hostile et barbare trois nouveaux otages ont été libérés, trois visages, perdus, meurtris, écrasés par la souffrance, trois nouveaux visages blafards qui semblent revenir du fin fond des camps de la mort. Trois visages qui sortent de l’enfer, deux d’entre eux apprennent, en même temps que leur libération, la mort de leur femme et de leurs enfants. Qui peut survivre à cela ? comment se reconstruire ? Face à ce drame, face à ces blessures irréparables, le silence assourdissant de la communauté internationale plane. Comment comprendre que si peu de personnes ne s’expriment pour dire un soutien, un geste de solidarité, une tristesse ou une peine. Tout cela reste incompréhensible, mais tout cela est aussi effrayant car il en dit long, aussi bien sur le monde dans lequel nous vivons, que sur notre histoire passée. Pas un soutien, pas une parole, pas une marque d’attention. Mais ce  silence est aussi un bien, car s’il y a une voix pour s’élever, s’il y a une bouche pour dire l’indicible, c’est pour parler de situation d’apartheid, de génocide, de crime de guerre dont serait coupable l’état Hébreu. Le monde a-t-il perdu la raison ? L’humanité ne ressent elle pas le besoin de hurler son soutien à l’état hébreu dans cette période intense ? Et Israël est de nouveau seul au milieu du concert des nations comme si l’histoire se répétait pour la sempiternelle fois. Mais cette fois on ne pourra pas dire qu’on ne comprend pas comment ces choses-là ont pu arriver… nous les vivons, et nous ne disons rien, et le quotidien l’emporte sur le reste, et le flots de nos préoccupations anesthésie la nausée que devrait nous inspirer cette situation, qui si elle ne s’était pas produite déjà de nombreuses fois, devrait nous surprendre, nous réveiller, nous interpeller, nous faire réagir, nous indigner. Alors bien sur il y a tous ceux qui diront comme ils disent à chaque fois… oui mais ces pauvres palestiniens… et Israël est condamné, coupable, avant même d’avoir pu panser ses plaies, comme le dit admirablement Alain Finkielkraut : « Israël est coupable de ce qu’il fait et de ce qu’il fait subir. ». Coupable de génocide, de crimes de guerre, de colonisation etc… le merveilleux renversement des valeurs auquel on est désormais accoutumé qui fait de la victime un bourreau, et

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