Invasion Russe : Une confrontation dissymétrique
La situation que nous vivons depuis quelques jours avec l’invasion de l’Ukraine par l’armée Russe est dramatique et nous a laissé un moment sans réaction. Après l’effroi et la stupeur, une première pensée articulée apparait et nous fait tour à tour passer de la tristesse à l’indignation, puis de l’indignation à la colère. Tristesse tout d’abord, de voir un peuple si proche de chez nous subir une telle invasion, une telle violence, une telle brutalité. Une pensée va alors vers les Ukrainiens pour leur témoigner notre solidarité et notre émotion devant l’agression dont ils ont été la cible, et la façon déchirante dont ils sont traités. Indignation ensuite devant cet acte de force, de barbarie qui n’a rien à envier aux plus grands dictateurs de la planète et notamment aux anciens dictateurs Russes sur le chemin de la conquête ou de la reconquête. La Russie va fêter dans 3 ans, en 2025, le 80ème anniversaire de la victoire de la « grande guerre patriotique », terme officielle russe pour désigner la seconde guerre mondiale. Or on peut comprendre que cette fête puisse avoir, pour les Russes, un arrière-goût amer. La fierté nationale légitime devant les exploits de leurs héros morts pour la patrie n’empêche pas de constater le contraste saisissant entre la place de l’URSS dans le monde au lendemain de la guerre et celle de la Russie aujourd’hui. L’effondrement de l’Union soviétique a fait disparaitre un empire aux dimensions considérables. Certes la Russie est toujours le plus vaste pays du monde avec près de 17,5 millions de kilomètres carrés, elle possède des ressources naturelles considérables, et notamment énergétiques ainsi que le second arsenal nucléaire après celui des Etats-Unis. Mais elle n’occupe plus un rôle majeur sur les plans démographiques, économiques et militaires. Depuis cet effondrement, le développement de l’OTAN plus particulièrement à l’est, a toujours été considéré par les Russes et notamment par Vladimir Poutine comme une menace, peut être comme une agression, pour essayer de se débarrasser définitivement des vestiges de l’empire de naguère. Même si du côté occidental, cette idée n’a pas de fondement, la peur Russe s’entend. Nous pouvons également comprendre ce combat pour la survie d’une identité qui doit préserver sa place dans le monde, nous partageons ce souci de se rattacher à des racines, cette volonté d’essayer de remettre une certaine identité, une certaine manière d’être homme, au cœur du concert des nations. Ce sont évidemment des sujets qui nous parlent, et la vision souvent très manichéenne que propose le monde occidental lorsqu’il s’agit de parler de la Russie, est souvent agaçante Bien entendu la Russie a également permis à de nombreux juifs russes de venir s’installer en Israël et c’est désormais une communauté particulièrement importante. L’argument politique est de taille dans les dialogues avec la Russie et il faut inévitablement le prendre en considération. Mais ce constat sur la situation et les peurs russes sur le devenir de son identité ne peuvent, à eux seuls, justifier l’invasion dont s’est rendu coupable Vladimir Poutine, ni les mensonges qu’il a mis en avant pour la justifier, encore moins la violence avec laquelle il a décidé de la mettre en œuvre. Que Vladimir Poutine veuille essayer de restaurer la grandeur et l’intégralité de l’identité de la Russie d’antan est incontestable. Mais cette agression ainsi que les menaces permanentes qu’il laisse planer sur l’internationalisation du conflit et le recours à l’arme nucléaire en dit long sur la violence dont il est capable. C’est un dictateur et après 23 années de pouvoir en Russie, le voilà aujourd’hui qui foule du pied les idéaux de paix et d’équilibre dans le monde, dicte sa loi et défie l’occident qui devient spectateur de cette agression. La violence de ces actes dévoile l’incapacité de Poutine à se révéler comme un partenaire fiable, mais aussi et surtout confirme son statut de véritable dictateur, prêt à en découdre, menaçant à chaque instant la planète d’appuyer sur le bouton et déterminé à ce que sa vision du monde triomphe. Il faut avoir une vision claire de la situation. Que le président russe puisse ainsi intervenir et bombarder le peuple Ukrainiens pose un vrai problème et mérite une réaction appropriée. Colère enfin face au décalage absolument sidérant entre les paroles souvent très fortes, autoritaires, presque guerrières des dirigeants du monde occidental, et la passivité, la vacuité, des actions proposées devant cette agression caractérisée. Voilà plus de vingt ans que un à un chacun des dirigeants européens nous annonce qu’il a un lien particulier avec le dirigeant russe et qu’il va pouvoir le ramener à la raison, et voilà plus de vingt ans que le dirigeant russe s’amuse, embobine, ridiculise l’ensemble des dirigeants avec lesquels il discute. N’est-il pas temps d’essayer de répondre à ces agressions dont Poutine se rend coupable, d’une manière appropriée et adaptée ? La réponse diplomatique, face aux crises à répétition provoquée par Poutine, n’est-elle pas à bout de souffle ? Les manifestations de soutien, notamment des pays européens sont innombrables et traduisent la solidarité européennes à l’égard du peuple Ukrainien, mais l’absence totale de réaction forte et appropriée, ainsi que la passivité européenne devant cette invasion, et les assauts russes, interrogent et font monter une incompréhension et une colère. Aujourd’hui Poutine se demande si les sanctions financières prise à l’encontre de son pays ne constituent pas l’équivalent d’une déclaration de guerre. Il prévient que la constitution d’une zone d’exclusion aérienne, notamment pour venir en aide aux civils, ferait des pays impliqués des co-belligérants. Effrayée l’OTAN a donc rejeté cette possibilité qui aurait permis l’arrêt des bombardements Russes sur l’Ukraine Il semble que, de nouveau, deux mondes s’affrontent. Alors que le premier met en avant des enjeux d’identité, de sens et de valeurs, l’autre veut préserver le confort dans lequel il s’est installé. Alors que le premier n’a plus peur de grand-chose le second à peur de son ombre, et tremble à l’idée d’avoir à désigner un ennemi. Le monde occidental, qui valorise le souci de soi, préoccupé à offrir à ses populations loisirs, consommations et divertissements n’est plus
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