Chémini: Rapport à Dieu, rapport à autrui, rapport à soi-même
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Au huitième jour Notre parasha débute par le récit de l’inauguration du Mishkan, משכן le Tabernacle, qui est la résidence du Seigneur en ce monde, construit par Moshé, notre maître, et le peuple hébreu, en préfiguration du Temple à Yéroushalayim. Un an après la sortie de l’exil vécu dans la civilisation de ce temps-là par la famille de nos patriarches, un an après le passage de la Mer de Jonc, le premier jour du mois de Nissan de la deuxième année des pérégrinations au désert, c’est par la génération de la sortie d’Egypte que cette inauguration a lieu, Vayiqra IX, 1 : « Et il arriva au jour, le huitième ויהי ביום השמיני ». Pourquoi « au huitième jour » ? Rashi explique : « Parce qu’il s’agit du lendemain des sept jours de retraite et de préparation pendant lesquels la famille d’Aharon, sous l’égide de Moshé, s’est sanctifiée par les conduites du repentir. Et ce huitième jour est Rosh ‘Hodesh, le premier jour de Nissan, la néoménie, où le mishkan est inauguré. C’est ainsi que ce jour a saisi les dix couronnes explicitées dans le Livre Séder ‘Olam ». Le Talmud Méguila 10b compare ce premier jour de Nissan, en valeur et en importance, au jour de la création du monde, à l’aide d’un raisonnement par analogie, guézéra shava גזרה שוה. En effet, notre verset commence par l’expression « Et il arriva » et le verset de Béréshit I, 5, finalise, par la même expression, le jour un de la Création : « ויהי ערב ויהי בוקר יום אחד Et il arriva : le soir, et il arriva : le matin, jour un ». Voici les paroles des Sages du Talmud : « Il est enseigné : Ce jour-là a été pour le Saint, Béni est-Il, un jour de joie comme celui où furent créés les cieux et la terre, car il est écrit ici : il arriva au huitième jour, et il est écrit là-bas : ce fut soir, ce fut matin, jour un ». Quelles sont ces dix couronnes d’excellence dont est paré, selon Rashi, ce spécifique huitième jour ? Le commentaire Siftei ‘Hakhamim sur Rashi, du Rav Shabbetaï Bass de Prague, il y a trois cent cinquante ans, en fournit la liste, sur la base du Talmud Shabat 87b : « Pourquoi la Torah a-t-elle précisée : “et il arriva au jour, le huitième” avec une insistance sur l’article défini, pour ainsi dire que ce jour est déjà connu et identifié ? Parce qu’en ce jour-même eurent lieu, à l’origine, en exclusivité, dix évènements : 1- le premier jour du récit de la Création, au commencement, jour-un, 2- le premier des mois du calendrier hébreu, Nissan, temps de la naissance d’Israël et de sa souveraineté révélée, à partir de la sortie d’Égypte, 3- la première fois que les princes d’Israël, chefs des douze tribus, apportent leurs sacrifices, 4- le premier jour de la consécration des Cohanim, 5- la première fois que les Cohanim agissent au service divin des sacrifices, 6- la première fois que le feu du Seigneur s’élance du ciel pour brûler, sur l’autel, l’holocauste et les graisses des sacrifices, 7- la première fois que les Cohanim se nourrissent de leur portion invariable des sacrifices rémunératoires apportés par les Enfants d’Israël, 8- la première fois qu’est énoncé l’interdit de construire le Temple ailleurs que l’endroit indiqué en Érets Israël par le Seigneur, 9- la première fois que l’évidence de la Shékhina, la présence de Dieu au monde, est fondée en absolu en Israël, 10- la première fois qu’un Cohen Gadol, Aharon, étend ses mains pour bénir Israël ». Ces dix évènements constitutifs de l’identité hébraïque du peuple de Dieu n’est certes pas fortuite. L’identité de la nation hébraïque se développe, en gradation continue, depuis la création du monde, ce même monde étant reconnu comme créé depuis le début par tout un peuple, jusqu’à ce qu’advienne la bénédiction par Moshé, notre maître, et Aharon, le Cohen, Vayiqra IX, 23 : « Et la gloire du Seigneur se manifesta au peuple entier ». Le peuple tout entier doit se rendre apte dans son action souveraine, tout comme les Cohanim dans leur service divin au mishkan, à prendre dorénavant les responsabilités de l’histoire nouvelle des relations entre Dieu et le monde, histoire qui s’ouvre ce jour-là, précisément, Vayiqra IX, 24 : « Un feu s’élança de devant le Seigneur, et consuma, sur l’autel, l’holocauste et les graisses. À cette vue, tout le peuple jeta des cris de joie, et ils tombèrent sur leur face ». Pour toute création, la joie est présente Depuis le premier jour du récit de la création du commencement, le projet divin ne concerne plus la seule construction de l’individu, c’est-à-dire les géants de l’esprit que furent nos Patriarches, mais aussi du collectif de la nation, du peuple tout entier. Cela est indiqué par l’inauguration du tabernacle au premier jour du premier des mois où se compte désormais le temps d’Israël, à partir de la sortie d’Égypte, Rosh ‘Hodesh Nissan, la néoménie du mois de Nissan. Depuis ce jour, le peuple, tout entier, a choisi que l’organisation intérieure de ses institutions ainsi que son identité nationale coïncident avec la Loi morale. Rabi Baroukh Epstein, dans son Torah Témima, rapporte, comme déjà indiqué, que le Talmud Méguila 10b compare en valeur et en importance « et il arriva au jour, le huitième »’ de notre verset avec le jour un de la création du monde : « Et il fut soir, et il fut matin,- jour un ». En effet, c’est au temps de la génération de Moshé, notre maître, que la Shékhina se trouve proche de la terre comme au temps où furent créés les cieux et la terre. Rabi Baroukh Epstein élargit, à ce propos, notre compréhension : « Lors de l’inauguration du mishkan, le tabernacle au désert, le Saint, Béni est-Il, a dit : “À mes yeux, il me semble que c’est ce jour-même où J’ai créé Mon monde.” La raison est fournie par le Midrash Béréshit Raba 3 : “Car depuis la création du monde, le Saint, Béni est-Il, a pour désir d’unir Son Nom et Sa sainteté à ce monde par le truchement du mishkan.” C’est par ailleurs ce qu’indique
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