Or LeGoyim : Une lumière pour les nations ?

Olivier Cohen

Or LeGoyim

Une lumière pour les nations ?

Ou seulement pour Israël ?

Il est une chose pour un juif de parler depuis l’exil et s’en est une autre, très différente, que de parler depuis la terre d’Israël, surtout à un tournant majeur ou Israël a pris ses responsabilités dans des actions qui visent à préserver son existence, et à modifier le sens de l’histoire.

Au moment où les événements sont en train de nous rapprocher du moment où l’histoire va rejoindre ce qu’on attendait d’elle, et va finir par s’écrire, dans ce moment paroxysmique ou les équilibres au sein de la planète sont en train de se modifier de façon durable, apparait à l’intérieur du peuple juif, une discussion, probablement une controverse, sur laquelle il pourrait être intéressant de se poser et de réfléchir.

Pour avoir échangé avec de nombreux confrères, proches, amis, frères en Israël sur la situation, on sent presque comme un sentiment partagé de résignation, de fatalisme et de désintérêt, d’une majorité d’Israéliens devant l’image que renvoie la société israélienne dans le monde occidental. 

Evidemment, et comment ne pas les comprendre ? La façon dont le conflit à Gaza est présenté en occident et plus particulièrement en France a de quoi résigner le plus farouche défenseur d’un partenariat renforcé avec l’occident et la France. La manière dont les choses sont évoquées  dans le conflit avec le régime obscurantiste des gardiens de la révolution est un peu différent. Mais ne nous faisons pas d’illusions et on peut être convaincu qu’au fur et à mesure que le temps va s’écouler, on verra se succéder face aux actions d’Israël, les nuances, les réserves, les oppositions puis les critiques et enfin les accusations unanimes.

Après les 12 jours de guerre, et la trêve qui s’est installée on entend déjà la petite musique monter et les discours sur la volonté expansionniste, colonialiste et impérialiste d’Israël refont surface et commencent à donner les arguments aux accusations.

Dans ce contexte difficile, qui finalement ne nous apprend pas grand-chose de nouveau sur le regard que pose l’humanité sur les juifs et sur Israël, dans ce contexte de guerre permanente ouverte sur tous les fronts pour assurer l’existence de l’état hébreu, comment ne pas comprendre ces Israéliens qui nous indiquent désormais ne plus vouloir se préoccuper du sort des nations, et les laisser penser et faire ce qu’ils veulent. Comme on dit « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ».

Si la haine d’Israël est si forte parmi les nations, parmi l’humanité, et bien tant pis, et avançons sans eux se disent légitimement ces israéliens lassés par les multiples tentatives pour essayer en permanence d’atténuer en vain la rudesse du regard qui est posé sur Israël, et les nombreuses accusations infondées.

Quand on a vu les images des missiles iraniens traversant le dôme de fer, s’écrasant sur le sol, éventrant des immeubles et faisant des dégâts considérables dans les centres villes, on se dit que la population est courageuse, résiliente, et admirable, et on comprend un peu mieux encore cette impression de lassitude vis-à vis des nations et leur refus de principe à comprendre ce qui se joue vraiment dans cette partie du monde.

Et alors… doit on laisser s’installer un discours de haine et de détestation d’Israël dans le monde ? Doit-on laisser les images incitant à l’accusation d’Israël parmi les nations sans même essayer de donner les arguments qui pourraient justifier les actions d’Israël et expliquer de manière pédagogique les raisons qui conduisent le pays à agir comme il le fait dans cette période si particulière de notre histoire.

Et c’est là il me semble qu’apparait une ligne de fracture avec ceux qui aimeraient que l’on puisse expliquer aux nations concrètement ce qu’il se passe, et même si ce n’est que pour en convaincre un sur un million parmi leurs populations, il faut le faire. Et forcément les arguments sont plus forts venant de ceux qui vivent la situation de l’intérieur.

Car beaucoup aujourd’hui parmi les nations du monde ne comprennent pas ce qu’il se passe à Gaza, ni même ce qu’il se joue exactement dans l’affrontement avec le régime des mollah, ni que ce n’est que l’avant-scène d’un acte qui va aussi les concerner . Il me semble que ne pas les informer des réalités globales qui se trouvent cachées derrière ce conflit régional est un manquement important.

Israël n’est pas élu à des droits supplémentaires, mais à des devoirs supplémentaires. Malgré la difficulté de la période, malgré l’intensité des combats un peu partout autour du pays, il faut continuer, et il me semble plus que jamais, à justifier les raisons qui conduisent Israël à agir comme il le fait. C’est un enjeu pour l’humanité, pour les juifs de l’exil qui s’éveillent à leur identité, pour Israël.

« Lorsqu’il y a des élus qui sont élus par le peuple, le danger, le piège c’est que puisque le peuple les a élu, il n’y a que les élus qui comptent, et le peuple est disqualifié. On élit des députés censés être les représentants de ceux qui les ont élus, mais ensuite les électeurs sont mis entre parenthèses et les élus s’érigent en peuple sans aucune considération pour le peuple… »

Manitou disait dans la paracha de Behaloteha que nous avons lu il y a deux ou trois semaines, à propos de la mise à part des Leviim du dedans des enfants d’Israël, au chapitre 8 verset 10 du livre de Bamidbar : « Le piège c’est qu’une fois la tribu de Lévi mise à part des tribus d’Israël, cela disqualifie les tribus. »


Puis il poursuit : « Rashi veut nous faire comprendre que le véritable sens du verset c’est le contraire de ce qu’on aurait pu croire. » .

Dans ce verset analysé par Manitou à travers Rashi, le peuple des enfants d’Israël est cité cinq fois, comme pour bien signifier « que la Torah cherche à expliquer que ce qui est précieux au yeux de Dieu c’est son peuple. Cela concerne les enfants d’Israël et pas les Levy. S’il n’y avait le peuple des enfants d’Israël, la tribu des Levy, qui a été mise à part, serait inutile. »

« Vous comprenez tout de suite à quelle cassure dans la société juive ou dans la société israélienne contemporaine cela correspond. Les mises à part de la mise à part… »

Et, de la même manière, Manitou poursuivait : « Si l’humanité toute entière savait que la mise à part d’Israël les concernait, il y aurait peut-être moins d’antisémitisme. Et si Israël savait que leur mise à part concernait l’humanité toute entière, il y aurait peut-être moins de malentendus. Vous avez compris l’importance du sujet. C’est du dedans des enfants d’Israël qu’apparaissent le Levyim. De la même manière que c’est du dedans de l’humanité qu’apparait Israël. »


De même qu’un sage qui ne s’occuperait que de lui n’aurait pas de mal à être sauvé. La difficulté d’être sage c’est parce qu’on a aussi le devoir de s’occuper des autres, et c’est là qu’on peut mal faire. Mais un sage qui ne s’occuperait que de lui, est-ce vraiment un sage…. ? De même, à l’échelle collective, Israël qui ne s’occuperait que d’Israël, et qui n’enverrait sa lumière qu’aux enfants d’Israël, alors est-ce réellement Israël ?

Malgré une situation particulièrement difficile, périlleuse et intense pour Israël aujourd’hui, malgré la guerre, malgré la résurgence de l’antisémitisme, il parait important, urgent vital, de poursuivre le dialogue avec l’humanité, avec les nations du monde, de les embarquer, car s’il y a un impératif d’essayer de préserver l’existence même de l’Etat d’Israël, il parait être important aussi d’être attentif à ce que les nations du monde puissent bénéficier du rayonnement qu’Israël à la capacité à adresser au monde.

Olivier Cohen

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