Vayichlah – série 1995

Le cours

Face A

Texte Face A

/ Face A

Si vous avez des questions à poser sur la Parashah ?

Q : On comprend bien à un moment qu’Ishmaël a fait Teshouvah quelle était sa faute ?

R: la haine contre Ist’haq.

Q: C’est marqué ?

R: Cela se déduit du texte.

Q: Pour Essav c’est plus clair c’est écrit ?

R : Essav a fait une moitié de Teshouvah : vis-à-vis de son père, non de sa mère.

Pour Ishmaël c’est Parashat ‘Hayey Sarah chapitre 25:8-9

A la mort d’Abraham :

וַיִּגְוַע וַיָּמָת אַבְרָהָם בְּשֵׂיבָה טוֹבָה, זָקֵן וְשָׂבֵעַ; וַיֵּאָסֶף, אֶל-עַמָּיו

Vayigva vayamot Avraham beseyvah tovah zaken vesavea vaye’asef el-amav

Abraham défaillit et mourut, dans une heureuse vieillesse, âgé et satisfait; et il rejoignit ses pères.

וַיִּקְבְּרוּ אֹתוֹ יִצְחָק וְיִשְׁמָעֵאל, בָּנָיו, אֶל-מְעָרַת, הַמַּכְפֵּלָה:  אֶל-שְׂדֵה עֶפְרֹן בֶּן-צֹחַר, הַחִתִּי, אֲשֶׁר, עַל-פְּנֵי מַמְרֵא

Vayikberu oto Yitschak veYishma’el banav el-me’arat haMachpelah el-sedeh Efron ben-Tsohar hachiti asher al-peney Mamre.

Il fut inhumé par Isaac et Ismaël, ses fils, dans le caveau de Makpéla, dans le domaine d’Efrôn, fils de Çohar, Héthéen, qui est en face de Mambré

Le fait qu’Ismaël laisse passer Isaac devant lui montre qu’il a fait Teshouvah vis-à-vis d’Isaac. Il suffit de voir quel est le contexte. Cela se passe à ’Hévron et Ishmaël revient de Mitsraïm, où il se trouvait avec Agar, pour l’enterrement d’Abraham ; et il fait passer Isaac devant lui et donc il reconnait qu’Isaac est chez lui à ’Hévron. On n’en est pas encore là mais toutes les données du problème sont en place. Ne pas oublier que Qriat Arba a été fondée par Mosheh Dayan pas par le Likoud. Quoiqu’il en soit ce qu’annonce la Torah dans la vie de Patriarches, c’est que lorsqu’Ishmaël reconnait qu’Israël est chez lui sur la terre d’Abraham, c’est là qu’Ishmaël a fait Teshouvah. Et il disparait. Ce sont des choses qui nous dépassent, qui dépassent non pas notre entendement mais notre expérience. Que peut signifier cet enseignement que ce que représente Ishmaël dans l’histoire, c’est-à-dire l’islam, va disparaître ? De même l’espérance et la prophétie qu’à la fin des temps les Goyim reconnaîtront le Dieu d’Israël ? Qu’est ce que cela peut signifier ? Ce n’est que lorsque les événements arriveront que l’on sera capable de les diagnostiquer.  

Le fait que les événements soient annoncés est le déroulement des conséquences de ce qui se passe dans les commencements de chaque époque historique. Et par conséquent, à partir du moment où l’époque d’un processus historique tel que que les Prophètes l’ont découpé dans l’histoire du temps, est déclenché, alors il se déroule jusqu’à son achèvement mais personne ne sait comment, sous quelle forme, et dans quel détail…

Maîmonide l’a codifié dans le Mishnei Torah : tout ce que les Prophètes ont prophétisé est pour la fin des temps (de l’exil et du retour à Sion et non dans la perspective de fin du monde comme dans la lecture chrétienne).

On avait étudié une fois la raison pour laquelle Ishmaël a été séparé d’Isaac : Sarah a vu qu’il était Métsa’heq, il riait au présent, alors que Yits’haq « il rira », est le rire au futur. ‘Hazal mettent en évidence le contenu de ce rire : les trois grandes fautes :

–  Guilouï arayot.

–  Shif’hout damim.

–  Avodah zara.

Celui qui se satisfait du monde tel qu’il est au présent, avec son bien et son mal, est sur le chemin d’être Rashâ.

–  Avodah Zara dans la relation avec Dieu. 

–  Shif’hout Damim dans la relation à autrui.

–  Guilouï Arayot dans la relation à sa propre dignité.

Etre celui qui rit au présent c’est être dans le cas de devenir le Rashâ de ces 3 catégories.

Il faut comprendre pourquoi les 2 enfants d’Abraham sont nommés d’après le rire. Its’haq le rire au futur : quand le monde sera tel qu’on aura le droit de rire. Et Ishmaël celui qui rit au présent. Cela nous explique sa disqualification. Ils ont en commun le rire. Abraham a enseigné que le monde possède un Créateur. Donc le salut est possible, donc la joie est possible, donc le rire est possible…

Les deux connaissent cela mais de deux manières radicalement différentes. L’un dans la perspective messianique de la fin des temps c’est Its’haq « Il rira » au futur. L’autre qui se satisfait de l’état du monde dans son état présent. Ce qui reste compatible avec la théologie musulmane. 

Il y a un abime entre ces deux fois d’Abraham. La première qui est celle encore araméenne (de Abram) dont a hérité Ishmaël : se satisfaire du monde tel qu’il est, remerciant le Créateur pour le monde tel qu’il est maintenant : Olam Hazé. Ce n’est pas la foi d’Israël pour lequel le Créateur a créé Olam Hazéh comme Prozdor antichambre, vestibule, du Olam haba. En réalité, Dieu a réduit le Olam haba et l’a réduit aux dimensions de Olam hazéh et en cela il s’est détraqué de telle sorte que l’on puisse le mériter et aller vers Olam haba. Rien à voir avec l’islam qui reconnait le monde tel qu’il est comme créé. Il y a bien sûr un monde tel qu’il est transfiguré qui est le paradis d’Allah.

Rabbi Shimon bar Yo’haï qui cite l’enseignement de ses maîtres concernant les trois fautes va objecter en disant : comment est-il possible que dans la maison d’un tel Tsadik comme Abraham il y ait de telles fautes ? Cela nous enseigne que quand Ishmaël est dans la maison de son père, il n’est pas comme cela, et que le rire n’est que celui de la controverse avec Isaac.

Si la controverse avec Isaac cesse, Ishmaël a achevé sa Teshouvah.

On est en plein dans la problématique en question. La grande cassure de la société israélienne actuelle c’est que la moitié, voire l’immense majorité, du peuple, attend qu’Ishmaël fasse Teshouvah, alors que l’autre moitié a décidé que c’est Israël qui doit faire Teshouvah vis-à-vis de Arafat… (rires…)

Le 1er sionisme qui avait pour objectif de faire un état juif en Erets Israël vient de s’achever.

Le 2ème sionisme qui vient d’apparaitre a pour objectif de faire un état arabe en Israël…

Ceci dit pour Essav la Teshouvah n’a pas la même issue puisque Ishmaël Tsadik est une notion cohérente : Ishmaël n’a pas à devenir Israël pour être Tsadik. Il peut l’être en faisant Teshouvah.

Or, Ishmaël fait Teshouvah vis-à-vis d’Abraham avec l’islam mais il lui manque la Teshouvah vis-à-vis d’Isaac. Tandis que si Essav fait Teshouvah il devient Jacob et disparait en tant qu’Essav. Essav Tsadik n’existe pas. Cela c’est Israël par Joseph. C’est pourquoi notre conflit avec la chrétienté n’a pas du tout la même problématique qu’avec l’islam.

Le conflit avec l’islam s’arrange dès que la terre Israël est reconnue comme la terre des Juifs.

Avec la chrétienté cela s’arrangera si les Juifs sont reconnus Israël comme tel. Et non pas les Romains.

Par conséquent, dans notre discussion avec les chrétiens, le problème est qu’ils se reconnaissent comme une diaspora d’Israël pour les Goyim mais pas comme Israël. Avec l’islam il n’y a pas de dialogue, cela n’existe pas. Tous les dignitaires capables de nous parler ont une peur terrible de se faire massacrer le lendemain. Si un jour il y a un dialogue il portera sur Erets Israël.

L’islam devra aménager sa théologie pour admettre que dans le monde il y a un état juif. Ce qui est un blasphème absolu pour eux puisque le monde doit être tout entier un état musulman.

Jacob et Esaü sont nés jumeaux. L’un a mal tourné mais s’il se retourne il redevient le jumeau de Jacob. Et le jumeau de Jacob c’est aussi Israël. La preuve c’est qu’ils se prennent pour Israël. Il y a quantité de commentaires du moyen-âge où les chrétiens définissent les Juifs comme Esaü.

Vayishla’h :

2 points d’étude :

–  les Malakhim que Jacob va envoyer à Esaü pour tenter de faire la paix alors qu’Esaü se prépare à la guerre : on voit à quel point cela ressemble aux événements de notre temps. Le sionisme commence avant mais avec les Juifs d’après la Shoah ces délégations ont eu lieu. Je vous cite quelques noms : Golda Méïr en Jordanie pour discuter avec Hussein : gaffe diplomatique vis-à-vis des arabes : on envoit une femme alors ils ont dit non. Avant même la formation de l’état d’Israël, il y a eu des tentative de dialogue et d’accord entre l’agence juive et les dignitaires arabes de la région dont la plupart étaient très favorables à un état sioniste au moyen orient, sachant que cela aménerait la propérité pour les arabes et puis cela a mal tourné. Parce que je crois que les chrétiens surtout anglais ont voulu l’empêcher. A la tête de la ligue arabe, un officier anglais… etc.  On verra la prière de Jacob à ce moment-là.

–  la lutte avec l’ange d’Esaü et la nomination du nom Israël et la confirmation par Dieu lui-même.

Chapitre 32  verset 4 :

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו, אֶל-עֵשָׂו אָחִיו, אַרְצָה שֵׂעִיר, שְׂדֵה אֱדוֹם

Vayishla’h Ya’akov mal’akhim lefanav

Et Jacob envoya des malakhim des envoyés des missionaires (chargés de mission avec le mot de melakhah soujacent) devant lui…

Mal’akhim:

Le Melekh est le « duce », le « mealekh » celui qui marche devant, le guide qui est devant

Tandis que le Malakh est un missionaire un chargé de mission, un envoyé.

Lefanav

« Devant lui » : une répétition

C’est pour dire qu’il vient après : ce n’est pas qu’il envoit une délégation.

el-Essav a’hiv Vers Essav son frère.

Midrash 1 : bien qu’il soit Esaü c’est quand même son frère

Midrash 2 : il voulait aller vers son frère mais il trouve Esaü…

Artsah Se’ir Vers Seïr.

Séïr qui est le pays de Esaü qui se trouve au Sud de la Jordanie et des deux côtés du Jourdain.

Les terres sont d’ailleurs rouges et s’appelle Edom, sûrement parce qu’elles sont férugineuses.

Sdeh Edom Le champ d’Edom.

On observe de suite le dédoublement des indications dans les versets :

וַיְצַו אֹתָם, לֵאמֹר, כֹּה תֹאמְרוּן, לַאדֹנִי לְעֵשָׂו:  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב, עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

Vayetsav otam lemor

Il leur ordonna en disant

Koh tomroun ladoni le-Esav

Ainsi vous direz à mon maitre à Esaü

Koh amar avdekha Ya’akov

Ainsi a dit ton serviteur Jacob.

On devra élucider le pourquoi de cette appellation d’Essav par Jacob : « Adoni ».

Et Jacob se prosterne devant Esaü. Jacob Gordin qui a vécu l’exil des Juifs européens en Europe centrale de Russie et d’Allemagne a très bien décrit cela : on était en train de sortir de cela, pas complétement mais presque : une attitude de Jacob devant Esaü c’est-à-dire d’Israël en exil vis-à-vis des nations, une stratégie des courbettes, la statégie politique des Juifs de cour. Le négociateur envoyé par la commmunauté qui devait toujours adopter l’attitude d’esclave à la cour pour défendre la communauté… La même chose pour les juifs séfarades devant les sultans qui devaient commencer par embrasser la babouche du sultan…

Jacob se courbant devant Esaü préfigure la situation des Juifs dans l’exil. Ce n’est que depuis qu’il y a l’état d’Israël que les Juifs sont des Juifs redressés. Mais ils ont été des Juifs courbés pendant tout le temps de l’exil. Le message est très dure pour Jacob qui se prosterne devant Esaü. Et qui l’appelle « Adoni », « mon seigneur », « mon maître ».

Il y a un lien avec ‘Hanoukah enseigné par les commentateurs : un Juif, Mardochée, a refusé de se courbé devant Haman. Mardochée descend de Benjamin pas encore né lors des prosternations de son père et de ses frères devant Esaü. La descendance de Benjamin est celle qui nous permet de redresser la tête.

  כֹּה אָמַר, עַבְדְּךָ יַעֲקֹב

Koh amar avdekha Ya’akov

ainsi a dit ton serviteur Jacob:

De nouveau un doublet:

עִם-לָבָן גַּרְתִּי, וָאֵחַר עַד-עָתָּה

im-Lavan garti va’e’har ad-atah.

J’ai séjourné chez Laban et j’ai tardé jusqu’à présent…

De nouveau ce doublet.

וַיְהִי-לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר, צֹאן וְעֶבֶד וְשִׁפְחָה; וָאֶשְׁלְחָה לְהַגִּיד לַאדֹנִי, לִמְצֹא-חֵן בְּעֵינֶיךָ

Vayehi-li shor va’hamor

J’ai acquis taureau et âne

Tson

Troupeau

Ve’eved veshif’hah

Et serviteurs et servantes

Va’eshle’hah lehagid ladoni

Et j’ai envoyé pour raconter à mon maître

Limtso-‘hen be’eyneycha

Pour trouver grâce à tes yeux.

Une difficulté : il veut lui envoyé une délégation de paix, or la colère et la frustration d’Esaü est à cause de la bénédiction que Jacob avait pris d’Esaü, et voilà que Jacob semble s’en vante en faisant part de sa réussite. Cela excite sa colère, c’est tout le contraire. Cela ressemble à l’insouciance des juifs en milieu chrétien.

En réalité ce que Jacob veut lui dire c’est que la bénédiction des biens matériel prévue pour Esaü par Isaac mais qui par la stratégie de Rivqah est donnée à Yaaoqov, les biens qui viennent du ciel et de la terre, il veut lui dire qu’il les a obtenu par son propre travail et non par bénédiction.

Le plan de Isaac, puisque Esaü a choisi ce monde-ci, était de le bénir pour ce monde-ci, afin qu’il partage avec Jacob ; et puisque Jacob a choisi pour le monde à venir, le bénir pour le Olam Haba qu’il partagera avec Esaü.

Rebbecah connait la clause d’amour fraternel qui n’est pas remplie. La mère sait que les frères ne s’aiment pas.  Restent 4 possibilités : 

–  soit Esaü reste Esaü et Jacob reste Jacob et dans les deux cas, c’est l’échec puisqu’il faut unifer ces deux mondes,

–  soit un Esaü qui se prend pour Israël : la voix c’est la voix de Jacob et les mains sont les mains d’Esaü : ce que la chrétienté a réussi dans l’histoire : la première rencontre avec un curé est la rencontre d’un romain qui parle comme un hébreux citant la bible avec une voix empruntée. Le curé citant la bible cela fait froid dans le dos, c’est la terreur d’Isaac : les chrétiens ont inversé leur croix et en ont fait une épée…

C’est pourquoi Rivqah réussit cela que Jacob qui a pour vocation la vie spirituelle assume aussi les tâches de la vie matérielle et c’est cela Israël. C’est le grand débat entre l’Israël des israéliens et les Juifs des communautés juives de l’exil. Ces communautés juives de l’exil se définissent comme Israël voués à l’esprit et la matière est laissée aux Goyim chez lesquels ils vivent. Alors qu’Israël c’est Jacob qui réussit les tâches de Esaü, c’est-à-dire les tâches matérielles en tant qu’il est Israël. Le niveau Jacob et le niveau Israël sont toujours en tension : quand Jacob a peur des tâches matérielles, c’est le juif du ghetto. Lorsque Jacob réussit les tâches d’Esaü et reste Tsadik c’est Israël.

Le Gaon de Vilna a fait lire le verset dans ce sens là ; « haqol qol Yaaqov ve hayadim zeh ha Essav, zeh hou Israël » lorsque la voix c’est la voix de Jacob et les mains sont les mains de Esaü, les deux sont kashers c’est cela Israël.

Ces deux tâches dans la descendance de Jacob  sont réparties entre Judah et Joseph. Joseph a fait la preuve qu’on peut être un Esaü Tsadik c’est pourquoi il est appelé dans le Midrash « Sitno shel Essav ». Le Satan, l’adversaire de Esaü.

Essav est disqualifé tant que nous avons Joseph – c’est-à-dire l’homme de la matière mais Tsadik. Alors que Judah c’est l’homme de l’esprit. Et il faut que les deux soient ensemble pourqu’il y ait Israël. Judah séparé c’est le ghetto, Joseph séparé c’est le kibouts… Mais s’il y a les deux c’est Israël.

Rashi :

Vayishla’h Yaaqov Malakhim

Dans le Midrash, il y a une controverse.

1er enseignement, et 1ère thèse du midrash : Malakhim => shilou’hei bassar vadam des envoyés de chair et de sang. 2ème thèse : Malakhim Mamash.

Et Rashi choisi cet enseignement sans citer l’autre.

Question de méthode :

Quand il y a une controverse, que ce soit dans le Talmud ou dans le Midrash, c’est toujours la 1ère thèse qui est le Pshat. La controverse, à cause de causes à élucider, vient changer le sens et le remet à un niveau supérieur. Par exemple Beit Hillel et Beit Shamaï: le 1er enseignement est de Bet Shamaï et Beth Hillel s’oppose.

Ici, par conséquent, il faut traduire Malakhim par « envoyés de chair et de sang ».

Rashi cite Malakhim Mamash.

Il faut comme le font la plupart des commentateurs, justifier ce qui amène à ce 2nd enseignement : pourquoi des Malakhim Mamash ? C’est à cause de ce qui se passe avant.

2 versets précédents au début du chapitre 32 lorsque Jacob revient de chez Laban:

32 :2

וְיַעֲקֹב, הָלַךְ לְדַרְכּוֹ; וַיִּפְגְּעוּ-בוֹ, מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים

VeYa’akov hala’h ledarko

Et Jacob alla sur son chemin

vayifge’ou-vo mal’akhey Elohim.

Et le heurtèrent des anges de Dieu.

Si la Torah a ici tenu à dire Malakhei Elohim pour dire des anges, alors c’est que Malakhim stam c’est bassar va dam. Cela justifie le 1er pshat du Midrash.

Seulement justement le Midrash va revenir en disant Malakhim mamash, parce que Jacob a envoyé de ces Malakhim-là à Esaü donc il s’agit bien de Malakhim mamash.

Et par conséquent, il faut maintenant justifier le Pshat : que voudrait dire Shilouh’ei Bassar VaDam ?

32 :3

וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם, מַחֲנֵה אֱלֹהִים זֶה; וַיִּקְרָא שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא, מַחֲנָיִם

Vayomer Ya’akov ka’asher ra’am

Et Jacob dit lorsqu’il les vit

Machaneh Elohim zeh

C’est un camp de Dieu

Vayikra shem-hamakom hahou Machanayim.

Et il nomma le nom de cet endroit ma’hsnayim (au duel).

Ma’haneh le camp 

Ma’hanayim les camps (au duel)

Rashi explique : parce qu’il y avait deux sortes d’anges : ceux d’Israël qui venaient accueillir Jacob et ceux de ’Houts Laarets qui avaient accompagné Jacob dans son retour. Il y avait un camp des Malakhim d’Erets Israël qui l’accueille et le camp de Malakhim ’Houts Laarets qui remontent et le camp des Malakhim qui viennent accueillir Jacob et qui descendent.

Ce sont ces Malakhim dans la logique de cette explication de Rashi que Jacob avait vu sur l’échelle. Dans l’échelle des anges (chapitre 28) la difficulté était que sur l’échelle les anges descendaient et montaient. Là-bas les anges de ‘Houts Laarets descendaient pour prendre Jacob avec eux et les anges de Erets Israël remontaient.

Problème : qu’est-ce qu’un ange ? Pourquoi une différence entre les anges de Erets Israël et les anges de ‘Houts Laarets ?

Une des explications de la Kaballah :

C’est une des notions les plus mystérieuses du Miqra.

Il y a une difficulté à comprendre la Torah même en comprenant l’hébreu.

Sans l’hébreu cela reste un mystère que les Goyim lisent et ils en comprennent ce qu’ils en comprennent…

Rabbi Akiba sur le 3ème verset de Shir HaShirim :

לְרֵיחַ שְׁמָנֶיךָ טוֹבִים, שֶׁמֶן תּוּרַק שְׁמֶךָ; עַל-כֵּן, עֲלָמוֹת אֲהֵבוּךָ

La bien-aimée dit au bien-aimé :

« Quant au parfum tes huiles sont bonnes et c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment » 

Les jeunes femmes ? Les Goyim.

Il raconte l’apologue suivant : 

Il va quand même chez le parfumeur et pendant que quelq’un d’autre achète, le parfumeur transvase d’un vase à l’autre et celui qui n’avait pas d’argent respire quand même le parfum. L’huile du parfum, il ne l’a pas mais le parfum de l’huile il l’a. Il y a donc un parfum du Miqra qui atteint les Goyim qui de loin ont respiré que le salut passe par là…

De Béreshit aux versets suivants, c’est incompréhensible. Encore plus si on lit ces traductions qui sont toutes fausses…  Il faut lire en hébreu.

La Bible parle des anges.

Et personne ne sait ce qu’est un ange, même pas les peintres italiens qui ont peint des Séraphins, et pourtant on fait comme si on comprenait… 

Un définition théologico-philosophique et une explication de la Kaballah :

L’ange c’est la volonté du Dieu Un qui s’applique à tel ou tel phénomène. L’ange de la guérison c’est Dieu lui-même s’occupant de guérir les malades. Il y a Tsimtsoum, réduction diminution sur un point de la Présence de la Providence, et ce point qui concerne tel ou tel phénomène ou tel ou tel homme…

Face B

Texte Face B

/ Face B

Cette providence pour telle ou telle créature c’est l’ange en question.

C’est une science que les Kabalistes étudient et que les autres n’étudient pas parce qu’ils n’y comprennent rien mais c’est une science pour elle-même. On ne peut pas parler de manière poétique de ce sujet. C’est impossible. Maïmonide est un des plus grands maîtres de cette science de l’angéologie. Ceux qui ont lu le Guide des Egarés savent qu’il y a trois chapitres sur les anges. On est obligé de se rendre compte que pour savoir ce que savait Maïmonide il fallait avoir des maîtres qui semble-t’il…

Un ange est la volonté de Dieu appliquée à tel ou tel phénomène, donc c’est Dieu lui-même mais dans une rétractation d’envergure de présence.

Ce qu’il faut bien comprendre : c’est que Dieu est cet ange mais que cet ange n’est pas Dieu.

La grande erreur serait de voir les choses à l’envers.

Exemple de la prière : il est absolument interdit de faire passer la prière par des anges. On prie à Dieu directement. Pourtant la présence de l’ange dans son authenticité, c’est la Présence de Dieu lui-même. C’est pourquoi tous les noms d’anges se terminent par ‘El’.

Mais c’est interdit de les prononcer. Raphaël = « Dieu guérissant » mais ce n’est pas au niveau de Dieu guérissant que se trouve Dieu : Dieu est plus haut.

Autre exemple : entre Dieu et nous, il y a une infinité de degré et d’intermédiaires jusqu’à nous. Mais de nous à Dieu il n’y a rien. Nous sommes devant Dieu directement. C’est le judaïsme dans sa spécificité. Dieu a émané des mondes de degrés à l’infini  jusqu’à nous. Et tout cela entre Dieu et nous existe, mais de nous à Dieu il n’y rien sinon c’est de l’idolatrie.

Q : Quelle est la différence avec la Hashga’ha ?

R : la Hashaga’ha c’est quand c’est Dieu lui-même pour Israël, à l’envergure d’Israël. Le Malakh de chacun c’est au niveau de chacun. Mais la Hashga’ha et la Shekhinah surtout c’est Begueder klal Israël.

Ceci dit, ce que la Kabalah enseigne c’est ceci : chaque fois qu’un homme fait une Mitsvah il nourrit un ange positif et chaque fois qu’un homme fait une Avérah il nourrit un ange négatif. Ce sont des notions incompréhensibles pour l’entendement de la civilisation moderne. Il faut comprendre cela avec une sensibilité religieuse hébraïque. Peut-être les hommes encore proches de la nature peuvent comrpendre qu’une bonne action fait exister un Shéfa un influx positif et qu’une mauvaise action fait exister un Shéfa un influx négatif. Je ne dis pas ange et démon puisque les deux sont des anges. C’est la notion de mérite. Cette notion de mérite est très parallèle à celle de ces anges qui apparaissent lorsqu’une Mitsvah a été faite. Alors le mérite le Zekhout, c’est « la nourriture » de ces Malakhim.

C’est pourquoi l’angéologie n’est pas du tout enseignée. Les rabbins sérieux ne parlent pas de cela. On n’en parle pas, cela existe mais on fait comme si cela n’existe pas.

Un de mes maîtres : ne jamais dire à sa femme : « je t’adore », c’est de l’idolâtrie, c’est grave…

Voilà donc le raisonnement : Les anges qui accompagnent Jacob, l’environnement angélique, son identité spirituelle, c’est son mérite d’être. Et alors il l’utilise et se sert de ce Zekhout là qu’il a d’être Israël pour se mesurer à Esaü.

De ces Malakhim-là qui l’ont accompagné, soit de ‘Houts Laarets soit d’Erets Israël, Jacob en a envoyé en délégation pour se justifier vis-à-vis de Esaü. 

Un des commentateurs de ce Midrash, le Reem explique : ce sont des anges envoyés par un homme. Ce ne sont pas n’importe quels anges que l’on peut envoyer. Shilou’hei Bassar Vadam => les envoyés et ce sont des anges qui viennent de Bassar Vadam et non pas que les anges étaient Bassar VaDam. C’est la notion de mérite qui nous fait comprendre la difficulté.

Q : le rapport et l’objet entre les anges et la Avodah Zara

R : la possibilité de la Avodah Zara est venue du temps où c’était visible. Il y a eu une grande invraisemblance dans l’histoire des religions : cela commence par une folie. La révélation s’est arrêtée. Mais au moment où la révélation avait lieu les anges étaient visibles. Et alors finalement, l’homme moderne – depuis l’arrêt de la révélation biblique, pour nous à la fin du 1er temple – n’a aucune idée que c’était visible avant tous ces mondes là. Et alors il n’y a que deux catégories qui les perçoivent : les fous et les idolâtres, qui ont une espèce de rémanence, de souvenir de « ce temps où les dieux marchaient sur la terre » pour reprendre un vers de Musset….

On arrivera à consoler les chrétiens que leur mythe idolâtre est un mythe vrai : ils adorent Israël.

Q : pourquoi il semblerait qu’il y ait une dimension de trébûchement dans ce phénomène-là

R : c’est sûr. Un Midrash dit que Dieu protège les pauvres.

Questions posées à Rabbi Akiba : Mais si Dieu aime les pauvre pourquoi il les fait pauvre ?

Réponse par l’interdit d’idolâtrie => pourquoi avoir créé le soleil ?

Le monde doit fonctionner comme il fonctionne et ce n’est pas parce qu’il y a des idolâtres qu’on va enlever le soleil. Et Dieu a créé les pauves cela fait partie de leur problèmes et Dieu a donné le commandement de charité et cela fait partie de nos problèmes. HQB’H décide de quelque chose et le juste annule la décision. Dieu a décidé qu’untel serait pauvre, Il a ses raisons qui nous échappe, mais un Tsadik vient et par son Koa’h annulle cette décision.

 En réalité lorsque Dieu obéit au Tsadik c’est à Lui-même qu’il obéit. C’est très simple à comprendre.

Il faut consoler les idolâtres. On a le droit d’entrer en controverse avec quelqu’un à qui on peut  expliquer qu’il avait raison d’avoir tort. Cela s’appelle l’empathie. J’explique souvent cela dans les problèmes de couple. En général c’est le mari qui a tort. Je leur dit : Tu n’as pas le droit de dire que tu as tort si tu ne peux pas expliquer pourquoi elle avait raison d’avoir tort. 

C’est cette notion de Zekhout que Rashi nous aide à mettre en évidence de ces Malakhim-là dont Jacob a pu se servir dans son conflit avec Esaü.

Cela doit être relié à ce qui est dit plus loin, avec l’ange d’Esaü qui représente la volonté de Dieu pour Esaü.

Chaque peuple posséde un Sar un prince céleste, un archange qui est la Hashga’hah du Dieu unique pour lui. C’est là la difficulté d’être juif monothéiste car le Dieu que nous reconnaissons est le Dieu de tous. Derrière mon adversaire se trouve toujours mon Dieu. Pour les Goyim l’équation est différente : mon Dieu n’est pas celui de l’autre.   

Jacob a devant lui, face à lui, deux réalités : Esaü d’en-bas et Esaü d’en-haut. A Esaü d’en bas il dit « Essav », à Esaü d’en-haut il dit « Adoni ». Dans son conflit avec Esaü il est en même temps confronté à Dieu pour Esaü. C’est devant Dieu que Jacob se prosterne. Mais Esaü, béotien, croit que c’est pour lui… L’ange d’Esaü c’est Dieu dans son projet pour Esaü. C’est donc vraiment à une force divine que l’on est confronté lorsqu’on se confronte à Esaü. Israël a lutté contre les hommes et les puissances célestes et il a vaincu l’un et l’autre. C’est quand Jacob fait sa preuve devant Dieu pour Esaü qu’il a vaincu Esaü.

Pour la Kabbalah, l’ange d’Ishmaël et l’ange d’Essav est le même. Cela explique les alliances contre nature entre Washington et Riyad. Et pourquoi cette convergence d’intérêt entre chrétiens et musulmans contre Israël. C’est le même et c’est Samaël lui-même.

Verset 32 :7

וַיָּשֻׁבוּ, הַמַּלְאָכִים, אֶל-יַעֲקֹב, לֵאמֹר:  בָּאנוּ אֶל-אָחִיךָ, אֶל-עֵשָׂו, וְגַם הֹלֵךְ לִקְרָאתְךָ, וְאַרְבַּע-מֵאוֹת אִישׁ עִמּוֹ

Vayashuvu hamal’achim el-Ya’akov

Et les anges sont revenus vers Jacob

Lemor

En disant

Banou el-a’hikha el-Esav

Nous sommes allés chez ton frére chez Esaü

Ie. Nous sommes allés chez ton frére mais nous avons trouvé Esaü

Vegam hole’h likratcha

Et même il vient à ta rencontre

Ve’arba-me’ot ish imo.

Avec 400 hommes avec lui.

C’est un peu ce à quoi je faisais allusion en parlant du retour des sionistes en Erets Israël et ils se sont trouvés face à la ligue arabe. Alors qu’à l’époque on aurait pu espérer qu’il y ait fraternité entre les Juifs revenus d’exil et non pas avec les Arabes en Palestine qui n’étaient pas nombreux du tout mais avec les puissances syrienne, jordanienne et l’Arabie Saoudite….

Et puis cela a mal tourné. Le profil culturel de la civilisation actuelle tend à rendre tabou cela.

Aprés la 2nde guerre mondiale, le peuple juif sortait de la Shoah et était un peuple de rescapés d’une énorme boucherie qui a touché le monde entier et le peuple juif centralement. La moitié du peuple juif sortait de la moitié du monde, la chrétienté, dans l’état de rescapé de la sortie d’Egypte. L’autre moitié du monde, dont l’islam est la religion, se jette sur les rescapés et les exilés. On aurait pu espérer autre chose des autres « fils d’Abraham » pour accueillir ces refugiés, mais la haine anti-sioniste était la haine anti-juive tout simplement.    

Jacob Gordin sur la Hagadah de Pessah avec le commentaire du Shla’h.

Au moment où dans le Seder on ouvre la porte et on dit : « que ta colère se déverse sur les Goyim qui ne te connaissent pas ». Il me dit tranquillement : cela c’est pour Ishmaël, j’ai sursauté. Moi, juif des pays d’Islam, pour nous il était évident que ce que les Juifs chez les chrétiens avaient supporté était 10 fois pire. Il m’a répondu : tu ne sais pas lire. Effectivement, pas la suite j’ai appris ce qu’avait été la vie des Juifs du Yemen, du Maroc, d’Irak, d’Iran…  Il faut apprendre pour détruire la légende du paradis juif en pays d’islam… La preuve : tous les Juifs des pays d’Islam sont maintenant chez les chrétiens ou en Israël : ils ont vôté avec leurs pieds… 

Il m’a expliqué : l’antisémitisme des chrétiens a accompagné l’exil, mais l’antisémitisme des musulmans accompagne le retour, c’est beaucoup plus grave.

C’est ce qui se passe-là : Jacob revient en espérant rencontrer son frère mais il rencontre Essav.

Verset 8

וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד, וַיֵּצֶר לוֹ; וַיַּחַץ אֶת-הָעָם אֲשֶׁר-אִתּוֹ, וְאֶת-הַצֹּאן וְאֶת-הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים–לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Vayira Ya’akov me’od

Jacob a eu très peur

Vayetser lo

Et il fut dans l’angoisse

Vayachats et-ha’am asher-ito

ve’et-hatson ve’et-habakar vehagmalim lishneh machanot

Et il sépara le peuple avec lui.

Les enfants de Leah et les enfants de Rachel ont été séparés et il y a deux camps. C’est parallèle au 2 camps en haut. En bref : les enfants de Léah sont les enfants d’Israël d’Erets Israël, les enfants de Rachel sont les enfants d’Israël de la Golah.

Alors, ces derniers jours où les Juifs de la Golah était dans l’angoisse parce que Beit Le’hem était en Erets Israël. Dans quelques jours ce sera de nouveau l’étranger.

Midrash : Rachel est enterrée sur le chemin de l’exil pour prier pour les enfants d’Israël de l’exil. Or, si le tombeau de Rachel est en Israël, il n’y a plus de prière pour les Juifs de la Golah. Il faut être content que Beit Le’hem soit redevenue arabe tant qu’il y a des Juifs en Golah.

Jacob sépare son peuple en deux :

Jacob est le nom d’Israël dans l’exil. Israël est le nom que Jacob reçoit quand il revient.

Nous savons que c’est le même peuple, c’est Jacob qui est Israël, mais c’est à deux niveaux de réalités différentes.

Par conséquent, le fait que nous sachions que c’est le même peuple, à tel point que Jacob dans l’exil se nommait Israël, or nous les juifs nous sommes Jacob. C’est en revenant d’exil que l’on reçoit le nom d’Israël. Redescendant de nouveau en exil. il reprend le  nom Jacob. Au bout de 2000  d’exil, le peuple juif change de nom et s’appelle Israël.

Il y eut un temps où le mot de juif était une insulte énorme. Subitement, Israël fait trembler le monde entier. C’est assez mystérieux mais c’est très rassurant.

Beaucoup de gens du monde entier sont persuadés qu’Israël est un pays colossal. On leur montre la carte et ils ne veulent pas le croire. Surtout les Asiatiques et les Africains.

Jacob face à Esaü pris de cette crainte dans sa prière va séparer son peuple en deux. Et il va dire de manière imprudente : si l’un des deux camps est détruit qu’au moins subsiste l’autre en rescapé.

Midrash Hagadol – un Midrash yéménite – sur le verset 11:

Une partie de la prière de Jacob.

 קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, וּמִכָּל-הָאֱמֶת, אֲשֶׁר עָשִׂיתָ, אֶת-עַבְדֶּךָ:  כִּי בְמַקְלִי, עָבַרְתִּי אֶת-הַיַּרְדֵּן הַזֶּה, וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

Katonti mikol ha’hassadim oumikol-ha’emet

Je suis trop petit pour toute charité et toute vérité

Asher asita et-avdecha ki vemakli avarti et-haYarden hazeh.

Que tu as fait avec moi, car avec mon bâton j’ai traverse ce jourdain

Ve’atah hayiti lishney machanot.

Et maintenant je suis devenu deux camps.

Verset 12 :

הַצִּילֵנִי נָא מִיַּד אָחִי, מִיַּד עֵשָׂו:  כִּי-יָרֵא אָנֹכִי, אֹתוֹ–פֶּן-יָבוֹא וְהִכַּנִי, אֵם עַל-בָּנִים

Hatsileni-na miyad a’hi miyad Esav

Sauve-moi donc de la main de mon frère de la main d’Essav

ki-yare anokhi oto pen-yavo vehikani em al-banim.

Car j’ai peur de lui, de peur qu’il ne vienne et ne me frappe la mère sur les enfants.

Voilà ce que Jacob sait de l’identité de son frère Esaü : Il est capable d’assassiner la mère sur les enfants. Et pourtant c’est son jumeau ! Quand Jacob est à l’envers de lui-même il peut devenir Esaü.

Il y a une autre lecture que nous pouvons relier à l’actualité que nous sommes en train de vivre :

C’est la fin du verset 11 lu avec le début du verset 12 :

וְעַתָּה הָיִיתִי, לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת

הַצִּילֵנִי נָא

Ve’atah hayiti lishney machanot.

Et maintenant je suis devenu deux camps.

Hatsileni-na…

Sauve-moi…

S’il y a dualité chez Jacob alors Esaü est le plus fort. Or, c’est exactement ce que nous sommes en train de vivre, le peuple d’Israël en train de se séparer en deux camps. Alors cela profite à Esaü.

Cette séparation en deux c’est celle des Bnei Leah et des Bnei Ra’hel, cette séparation est dangeureuse. Voila qu’elle était la stratégie de Jacob.

Verset 32:9

וַיֹּאמֶר, אִם-יָבוֹא עֵשָׂו אֶל-הַמַּחֲנֶה הָאַחַת וְהִכָּהוּ–וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה

Vayomer im-yavo Esav el-hamachaneh ha’achat

Et il dit : Si Esaü vient sur un 1er camp

Vehikahou

Et le frappe

Vehayah hamachaneh hanish’ar lifleytah.,

Et sera le camp restant rescapé…

Le verset parle par lui-même. Il y a eu chez les Juifs de la Galout cette attitude. Si à Dieu ne plaise, Israël disparait, la Galout restera.

Midrash hagadol sur ce verset qui dit:

וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר, לִפְלֵיטָה

« vehayah hama’haneh hanish’ar lifleytah » zeh Bnei Ra’hel beenou meihagolah

C’était l’argument des Juifs de ‘Houts Laarets : ne pas mettre tous ses oeufs dans un même panier : si jamais Israël est détruit, il faudra la diaspora pour accueillir les réfugiés….

Voici donc la 1ère étude :

Une dualité des Malakhim de ‘Houts Laarets et des Malakhim d’Erets Israël selon l’environnement spirituel de Jacob, cela se reflète sur le peuple même de Jacob, Bnei Ra’hel ou Bnei Leah, dans la stratégie de Jacob vis à vis d’Esaü.

Q :

R : non l’analogie ici est du niveau drash. Du point de vue du pshat, ce qu’il y a dans la crainte de Jacob est très profond : Leah a été promise à Esaü et Rachel a été promise à Jacob. La matrice des engendrements d’Israël se trouve chez Jacob, alors il a peur de perdre cela dans la rencontre avec  Esaü. La question est importante.

J’explique en reprenant un peu le rêve d’Isaac dont la Torah nous dit qu’il était aveugle au moment de la substitution des bénédictions. Je dirais plutôt qu’il fermait les yeux. Isaac savait très bien qui était qui. Au niveau pshat dans le texte, la manière dont Esaü parle et la manière dont Jacob parle sont différentes et Isaac a très bien compris lequel était là. Mais il ferme les yeux parce que son idéal est ainsi : Dieu a créé un monde où il y a deux tâches différentes pour l’homme : les tâches spirituelles et les tâches matérielles. Elles sont tellement incompatibles que la stratégie de la Providence pour faire exister Israël est de faire exister deux jumeaux.

L’un qui prendra sur lui les tâches matérielles et l’autre qui prendra sur lui les tâches spirituelles. S’il y a amour entre les frères les deux sont sauvés s’il n’y a pas amour entre les frères, les deux sont perdus. Or, le plan d’Isaac est très simple : Esaü a pour vocation la matière et il sera béni de la bénédiction de la matière et il partagera avec Jacob. Jacob a pour idéal les tâches spirituelles le Monde-à-Venir, il sera béni de la bénédiction spirituelle et il partagera avec Esaü : il y a deux bénédictions en jeu dans la Parashah de Toldot.

Mais Rivqah savait que cela ne pouvait pas marcher.

Que le Rashâ n’aime pas le Tsadik se comprend aisèment. Mais le vrai drame c’est que le Tsadik n’aime pas le Rashâ. Rebeccah savait deux choses : Esaü n’aime pas Jacob et Jacob n’aime pas Esaü. Il faut être Israël pour que cela se résolve : il faut être capable des deux vocations pour que cela se résorbe.

Actuellement, nous avons deux polarités de l’identité d’Israël, les ‘hilonim qui s’occupent des tâches  matérielles et puis les datiim qui s’occupent des tâches spirituelles, mais il y a, grâce à Dieu, les sionistes religieux mitnaguim qui s’occupent des deux : c’est cela Israël. C’est cela qu’Israël est en train de réussir. Quand c’est le Rosh Yeshivah qui est capable d’être général et quand le général est capable d’être Rosh Yeshivah.

 Ceux qui se vouent à l’esprit ne doivent faire que cela pour que cela réussisse. 24h/24 sinon c’est amateur. Ceux qui font des mathématiques doivent en faire que cela, sinon c’est amateur. Celui qui est capable de faire les deux : mathématiques et guémara c’est surhumain. (Rav Zinni de ‘Haïfah).  

La stratégie de la Providence pour résoudre le problème est de faire naître deux jumeaux : Issakhar et Zévoulon, matière et esprit ensemble. C’est le rêve d’Isaac. Rivqah sait que cela ne marchera pas car ils ne s’aiment pas.

Que le Rashâ n’aime pas le Tsadik on le comprend. Mais pourquoi le Tsadik n’aime-t’il pas le Rashâ ? Parce qu’il suffirait que le Tsadik aime le Rashâ pour que cela s’arrange ?

Ma propre expérience : Un jour un juif me voulait du mal, et j’ai demandé à mon Rabbi que faire. Il m’a dit : « aime-le ! » Cela parait énorme mais cela a marché. Il faut réaliser le verset « veahavtah reakhah kamokha » pour lui. Je l’ai fait et trois jours après il est venu pour faire la paix…

J’ai accepté parce que le rabbi l’avait décidé. Dix ans après j’ai compris.

Q : Le problème du monde sioniste religieux qui fait des comités de sélection pour savoir qui rentrera dans les écoles…

R : toutes les lumières ont des zones d’ombres, toutes les monnaies ont des fausses monnaies. Il y a partout de la contrefaçon. Ce n’est pas que le problème des comités de sélection, il y a aussi les écoles ségrégatives. Il y a cet élitisme qui est un danger sérieux. (En français : Qu’est ce qu’un juif ? il sera élite…)

Q : si elle savait qu’ils ne s’aiment pas pourquoi ne pas

R : il suffit de savoir qu’à cet instant précis de leur vie ils ne s’aiment pas pour savoir qu’ils ne s’aiment pas. La réalité est là ils ne s’aiment pas !

A un autre niveau un enseignement ‘hassidique sur Parashat Toldot : chapitre 27 verset 41

וַיִּשְׂטֹם עֵשָׂו, אֶת-יַעֲקֹב, עַל-הַבְּרָכָה, אֲשֶׁר בֵּרְכוֹ אָבִיו; וַיֹּאמֶר עֵשָׂו בְּלִבּוֹ, יִקְרְבוּ יְמֵי אֵבֶל אָבִי, וְאַהַרְגָה, אֶת-יַעֲקֹב אָחִי

Vayistom Esav et-Ya’akov al-habrachah asher berakho aviv vayomer Esav belibo yikrevou yemey evel avi ve’ahargah et-Ya’akov a’hi.

Et Esaü haït Jacob à cause de sa bénédiction que son père avait béni…

D’après le Pshat habituelle : Esaü hait Jacob à cause de la bénédiction que le père de Jacob avait donné à Jacob. Mais le pshat est autre : à cause des Taamim.

Vayistom Esav et-Ya’akov al-habrachah asher berakho aviv

Et Esaü haït Jacob à cause de sa bénédiction (à lui Esaü) dont son père (à lui Esaü)

L’avait béni (lui Esaü)…

Quand Isaac s’aperçoit que la bénédiction avait été prise par Jacob alors il dit à Esaü : ”Tu vivras de ton épée ». Et Esaü haït Jacob parce qu’il devra vivre de son épée et que ce n’est pas moral…

Un verset des Psaumes (lu min’hag de Shabat le shabat aprés-midi dans le rite Séfardi) :

« Les lionceaux rugissent pour tuer leur proies et pour demander à Dieu leur nourriture. »

La fin est contradictoire avec le début du verset qui dit qu’ils rugissent de jouissance de déchirer leur proie… 

Lecture ’Hassidique : les lionceaux se plaignent d’avoir à déchirer pour manger et ils préféreraient demander de Dieu leur nourriture directement.

D’une certaine manière la colère d’Esaü contre Jacob, c’est qu’Esaü doive vivre de son épée parce que Jacob a pris la bénédiction. Il faut alors consoler Esaü de cela.

La vision historique c’est le peuple juif et Rome.

Rome c’est la civilisation qui vit de son épée : Pax Romama l’art de la guerre.

La civilisation de Rome fondée par Romulus et Romus : le frère qui tue le frère : Touval-Qaïn qui fabrique les armes. Alors que pour la Torah le frère qui tue le frère est condamné. Romus assassin de son frère est lui félicité pour avoir fondé la cité par la suppression du frère.

Ce Romain, et j’ai en tête tout l’esprit de la religiosité chrétienne, c’est la religion d’amour du prochain mais c’est la société guerrière. L’inquisition est le fait des prêtres chrétiens : la religion d’amour du prochain. Il faut finalement les consoler de cela : imaginez ce qui se passe dans l’âme d’un romain  d’être obligé de fabriquer des tanks parce que Jacob a pris la bénédiction !

Il faut que Jacob arrive à aimer Esaü.

Hebel n’a pas réussi à éduquer Qaïn, peut être est-il inéducable. Il ne faut pas s’entêter à rester chez Qaïn pour lui apprendre « tu aimeras ton prochain comme toi-même » sinon cela aboutit à la Shoah.

Je suis persuadé que Qaïn reste inéducable. A l’échelle collective, les nations sont des monstres froids. A l’échelle individuelle, il y a des hommes qui sont saints, des ’Hassidei Oumot HaOlam qui ont compris le « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Il faut se poser la question suivante : pour ces quelques ’Hassidei Oumot HaOlam cela valait-il la peine toute cette histoire du massacre du peuple juif pendant 2000 ans ? Parce qu’on n’a pas changé les nations ! On a communiqué à des individus qui sont les saints des Goyim mais combien sont-ils ? Est-ce que cela fait le poids ? Je n’ai pas de réponse. Je crois qu’on s’est trompé de stratégie et que ce n’est pas ainsi qu’il fallait éduquer les Goyim.

Q : Abraham Avinou n’a pas peur de faire la guerre contre Nimrod superpuissance mais ici Jacob a peur contre Essav ?

R : Israël n’a pas peur de faire la guerre, c’est Jacob qui a peur.

Donnez votre avis ou posez vos questions aux intervenants et nous vous y répondrons
=
Retour en haut