Face A
Face B
Texte Face A
/Etude d’un principe :
On va s’apercevoir d’une accélération de l’accomplissement de promesses antérieures dont l’accomplissement avait beaucoup tardé. On se posera la question de savoir comment comprendre cette situation : il y a eu des promesses faites à Abraham dans toute la Parashah précédente. On y remarque une difficulté pour Abraham, non pas d’admettre que Dieu puisse accomplir ce qu’Il promet, mais de réaliser que c’est bien à lui que Dieu s’adresse.
Il y a une mutation d’identité qu’Abraham doit vivre pour être capable d’entendre ce qu’il écoute. Il écoute ce que Dieu lui dit dans ces promesses mais n’arrive pas à les entendre. Pourquoi ? Parce qu’il revient d’une identité d’exil, l’identité araméenne, et il faut qu’il retransforme son identité en redevenant hébreu.
Et cette difficulté d’acquiescer à admettre qu’il a le mérite d’être celui que Dieu interpelle par ces promesses, est parallèle à cet effort de retrouver la racine hébraïque de son identité qui s’était diluée et clandestinisée dans l’identité de Galout, dans l’identité d’exil de la civilisation de Babel.
Abraham n’est pas un mésopotamien qui magiquement deviendrait hébreu, à la suite d’une revélation qui lui parle en hébreu d’ailleurs, tout simplement parce qu’Abraham est hébreu, un hébreu se trouvant en situation de diaspora et en fonction de diaspora dans la civilisation du temps qui est celle de Babel.
Il y a eu un événement grave : cette civilisation qui est la civilisation de Nimrod le tyran de cette époque, devient totalitaire. Et comme dans toute civilisation qui devient totalitaire, je vous résume là des Midrashim, l’identité la plus exposée est toujours celle d’Israël. Nous avons suffisament d’exemple de cela dans l’histoire, ainsi que récemment dans l’empire soviétique.
Cela se retrouvera dans l’exil d’Egypte, ainsi qu’à travers tous les exils. Lorsque une civilisaiton devient impérialisme, alors toutes les minorités sont interpellées, mais plus centralement cette manière d’être homme si particulière qu’est l’identité hébraïque.
Ce qu’il fallait restaurer comme mémoire historique, c’est qu’il y avait une dispersion des Hébreux à Babel. Une famille de ces Hébreux de la dispersion de Babel a été rescapée de la fournaise d’Our-Qasdim. Il a fallu attendre les temps contemporains pour avoir l’expérience et la signification de cet événement mentionné par les Midrashim : des Babyloniens jettant les enfants hébreux dans la fournaise d’Our-Qasdim !
C’est difficile pour nous à identitifer parce que c’est tout simplement notre problème, le problème de notre génération. Une génération de fin d’histoire d’exil qui doit opérer cette mutation d’identité et retrouver l’identité hébraïque originelle, compte tenu de ce qui s’est passé entretemps dans son histoire.
Pour le dire en terme contemporains : les Juifs sont sortis de la civilisation européenne contemporaine et de toutes ces annexes du colonialisme européen, et finalement sont en train de vivre cette mutation d’identité qui les mène à redevenir des Hébreux. Cela se passe dans la société d’Israël qui est la matrice du ré-engendrement de l’Israël hébreu à partir de l’Israël juif .
Alors c’est la même difficulté, c’est le même effort, c’est le même problème, que la Torah nous raconte au niveau de l’histoire d’Abraham et de sa famille.
La difficulté c’est qu’on arrive difficilement à imaginer cela : Abraham a passé par différentes étapes d’identités et n’est pas le même à la fin qu’au début de cette itinéraire anthropologique et spirituel.
Il est Abram l’hébreu devenu araméen et il faut qu’il redevienne Abraham l’hébreu. Une des dimension de cette mutation c’est de passer d’une identité galoutique, une identité d’exil très spécifique (Abraham n’était pas juif mais il était en quelque sorte judéo-mésopotamien), à l’indice de l’universel : judéo-l’humanité entière. C’est précisément cela l’hébreu.
Cf. les études précédentes sur les ancêtres d’Abraham. En particulier Ever qui est l’ancêtre d’Abraham et qui a fondé cette manière d’être homme.
Ever est à l’indice de l’homme universel. C’est encore l’identité telle qu’elle était créée au niveau de Adam HaRishon qui s’est préservée à travers la catastrophe de Babel où l’humanité a éclatée en nations. A partir du temps de Ever, c’est la génération de son fils Peleg qui est celle de la Dor hapelagah de la tour de Babel. Il y a les nations qui sont toutes spécifiques et géniales mais partielles d’être l’homme, et il y a l’hébreu qui est l’homme universel.
Les Juifs, mystérieusement, peuvent être n’importe quelle manière d’être homme. Eskimau y compris. La familiarité de cet événement masque la massivité de ce cas particulier de l’histoire des hommes : Une manière d’être homme qui peut être n’importe quel autre homme à la fois, et avec un patriotisme local second qui est admirable.
De manière négative : une visite au musée de la diaspora à Tel Aviv montre les Juifs, parce qu’ils sont les Hébreux, capables de toutes les identités et avec un génie de civilisation qui est celui des nations chez lequelles ils ont vécus, mais à la manière juive.
Il y a une preuve assez paradoxal : le Juif de l’exil est la preuve que l’Hébreu est universel. Mais le Juif de l’exil, lui, est cosmopolite. Le cosmopolitisme c’est au fond l’échec de l’universel. De la même manière que l’impérialisme, l’empire, c’est l’échec de l’universel. Mais l’exigence, l’idéal, est celui de l’universel.
Nous sommes dans un temps où sociologiquement l’identité israélienne oblige l’identité juive à prendre conscience de cela. Je crois que c’est une des raisons de la résistance des Juifs non-sionistes face au sionisme. Car cela oblige à prendre partie vis-à-vis de ce problème : qui suis-je en tant que juif ? Depuis toujours avec cet idéal universel, se découvrir cosmopolite par rapport à un hébreu… Cela travaille beaucoup d’israéliens d’ailleurs qui préféreraient être des cosmopolites parlant hébreu. C’est de la microsociologie des problèmes israéliens qui ne peuvent s’éclairer que par l’analyse de la société juive elle-même.
Il faut lire l’histoire d’Abraham en sachant qu’il a vécu cette histoire comme un itinéraire. On ne peut pas juger l’Abraham du début dans le critère du profil d’identité de la fin ; ce n’est qu’à la fin qu’il est confirmé comme étant Abraham. Tout ceci se passe dans la Parashah de la semaine dernière et surtout dans notre Parashah de Vayéra.
***
La question soulevée précédement :
Pourquoi fallait-il confirmer à Abraham la promesse de sa terre alors qu’on a appris qu’il s’agit de la terre des Hébreux et d’Abraham l’hébreu ?
Entre temps il y a eu l’histoire de l’exil. On peut le rattacher à ce qui a été dit préalablement : il y a dans cette identité hébraïque une dimension de l’homme universel et une dimension spécifique.
Nos maîtres nous enseignent que la spécificité d’Israël c’est l’universalité. Ce qui est un paradoxe absolu pour l’anthropologie et la sociologie de n’importe quelle société humaine.
Un français est un fançais, c’est sa spécificité, un suisse est un suisse c’est sa spécificité … etc.
Et puis chacune de ces spécificités à des tribus et sous-tribus et tout cela est génial. Il y a une éthnologie de l’humanité à étudier. Deux pages du Talmud en parle. Le mystère des visages humains qui se ressemblent mais qui sont uniques. Une espèce de génie individuelle. Lévinas a beaucoup étudié cela : la marque de l’infini sur le visage qui renvoie à un génie personnel de chacun. Le Talmud dit que Dieu a créé différents visages qui sont à chaque fois un monde à part entière.
Et il y a une maniére d’être homme dont la spécificité consiste à être universel. Cela s’effectue au niveau de juiveries très spécifiques : les Juifs. Les Juifs sont délégués d’une certaine essence humaine dont la spécificité consiste à être universel. Il n’y a pas identité, égalité, équivalence, de la vie spirituelle chez tous les Juifs. Chaque tribus d’Israël possède sa spécificité, son authenticité. Mais ce qu’il y a de vraiment commun est probablement de l’ordre du psychisme. Il y a des comportements juifs qui sont le propre de tous les Juifs, quelque soit leur manière d’être l’homme juif. C’est plus de l’ordre psychologique que de l’ordre biologique, ou intellectuel, ou spirituel ou culturel. C’est vrai aussi, mais c’est surtout un comportement de l’homme, c’est dans le Nefesh. Il y a Nefesh HaYehoudi. Il y a aussi le Nefesh du côté obscur du Nefesh. Cela s’appelle dans le langage de la Kaballah « Shedin Yéhoudaïn ». je ne traduis pas. Ceux qui entendent l’araméen vous comprenez ce qu’il y a derrière.
J’allais dire que cela se ballade au gouvernement, mais je ne l’ai pas dit.
Retenez en tout cas les 2 pôles :
– Abram identité de la Galout de Babel : Aram, araméen. Vous savez à quel point l’araméen est notre patrimoine folklorique familiale, et pourtant ce n’est pas l’hébreu. Il n’y a que l’araméen qui peut redevenir hébreu, mais c’est quand il est redevenu hébreu qu’il est hébreu. Pour oser une comparaison qi n’est qu’une comparaison : l’araméen a été le yiddish commun à tous les Hébreux à la foi. D’ailleurs c’est resté la langue rabbinique. Lorsque les rabbins s’écrivent ou écrivent leurs ‘Hidoushim en langage de l’hébreu rabbinique, c’est de l’araméen hébraïsé. Certains disent de l’hébreu araméisé mais je crois que c’est l’inverse, de l’araméen hébraïsé. Les rabbins se comprennent en araméen d’abord. C’est la raison pour laquelle très souvent, si vous faites un peu d’érudition juive, vous devez remarquer que les textes fondamentaux de la tradition sont hermétiques aux gens qui ne connaissent que l’hébreu car ils sont en araméen. En particulier la littérature rabbinique qui est la pensée juive vraiment.
– Abraham.
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Chapitre 18 verset 1 :
La scène précédente est l’alliance de la circoncision à la fin de la Parashah Lekh Lekhah. Nous verrons qu’il y a là une clef du problème signalé : quel est le facteur qui a cristallisé cette accélération des événements qui sont racontés dans la Parashah de Vayera ?
C’est le fait que très tard dans l’histoire de sa vie, Abraham va se circoncir. Cet événement va ouvrir les portes de la prière comme le dit le Midrash.
Je prends l’exemple de la prière. On rentre là dans le mystère de l’expérience de la qui est propre à chacun, c’est subjectif. On ne peut pas le mettre en forme collective, subjective. Très souvent on s’aperçoit qu’il y a des moments de la vie où énormément de choses espérées arrivent ensemble. Cela a tardé et il y avait de obstacles. Tout se passe comme s’il y avait une accumulation de prières non exaucées qui attendent un certain facteur de mérite – mystérieux pour nous – qui lorsqu’il survient ouvre les portes de la prière et alors les vannes s’ouvrent et la bénédiction arrive.
C’est ce qui arrive dans l’histoire d’Abraham. Tout se passe comme si c’est l’alliance de la circoncision qui déclenche cette accélération des événements que nous allons lire.
Question : Comment se fait-il qu’Abraham l’hébreu va attendre si longtemps pour entendre qu’il lui faut qu’il se circoncise ?
Nous en avons une illustration assez énorme, c’est un clin d’oeil de l’histoire avec ces juifs russes qui arrivent et qui finalement trouvent normal, pour la majorité d’entre eux, qu’ils doivent se circoncir. Et pourquoi pas avant ?
Je n’ai pas dit qu’Abraham était un juif russe qui a attendu si longtemps avant la circoncision. Abraham est un hébreu mésopotamien revenu de son exil qui, en fin de compte, entend ce qu’il faut.
Le Midrash raconte de manière apparement anecdotique mais en réalité très profonde que quand Abraham a finalement entendu le commandement de la circoncision, il va prendre conseil de son ami cananéen. L’ami cananéen, Mamré, lui confime positivement.
Voilà l’exemple typique de la difficulté de se réhébraïser de l’hébreu lui-même Abraham. Ce n’est pas nimporte qui. En plus le Midrash raconte qu’Abraham a compris qu’il fallait se circoncir mais il ne sais pas quel membre ? Après tout cela ne va pas de soi. Cela n’est d’ailleurs pas dit en clair dans le texte.
Comme quoi, il y a toute une sagesse préalable indispensable à la capacité d’entendre ce que la Torah demande et qu’il fallait retrouver pour pouvoir être capable d’entendre ce que la Torah demande.
Un exemple me revient à l’esprit, un événement apparamment anecdotique qui s’est produit pendant la dernière guerre. Le petit village italien San Nicandro où il y a eu un schisme dans l’église. Finalement ceux qui se sont séparés de l’église officielle ont décidé de refonder la véritable religion de la Bible c’est-à-dire la loi de Moïse. En ignorant complémeent l’existence des Juifs. La catéchèse de l’Eglise avait une formulaiton telle que les chrétiens étaient incapables d’identifier les Hébreux biblique dans les Juifs. D’ailleurs les Juifs y mettaient du leur pour empêcher cette identification.
Ces Chrétiens de San Nicandro ont essayé de refondé ce que nous appelons le judaïsme. Mais incapables de le faire ils se sont fabriquer une espèce de liturgie de Mitsvot Para Mitsvot à leur manière un peu saducéenne : un texte et un dictionnaire et on va voir comment on va faire…
Il y a avit u certai nombre de cliché, connus par ailleurs : la circoncision chez les musulmans par exemple. Sinon cela n’est pas dit. Finaelement pendant la guerre l’armée américaine est entrée à San Nicandro avec des soldats juifs et un aumonier rabbin qui les ont rencontré. Ils ont fini par s’expliquer et l’aumonier américain les a engagé à monter en Israël après la guerre. Ils y ont a fondé d’ailleurs un Kibouts qui s’est défait depuis, mais il doit y avoir encore quelques rescapés de ces convertis (ex-chrétiens) de San Nicandro qui se balladent dans le pays…
Je voulais mettre cela en évidence Abraham si tard dans sa vie et la circoncision.
Voyez jusqu’où peut aller l’assimilation.
Essayez de bien comprendre ce que ke vais dire maintenant parce que c’est un problème contemporain qui est très important pour nous. Il y a une grande erreur chez les sociologues : l’assimilation dont on parle pour les milieux juifs n’est pas une catégorie religieuse, mais c’est une catégorie nationale. Certains comportements nationaux sont identifiés à tort comme étant des comportements religieux parce que le vocabulaire de la civilisation contemporaine les désigne ainsi, mias qui sont en réalité des comportements nationaux.
Exemple pour la circoncision :
Il y a eu un grand débat universitaire en Israël. C’était un ds épisode d’un des débats qui redevient très dangereux actuellement où une partie du gouvernement, les gens du Merets pour dire les choses en clair, tiennent absolument à déjudaïser le pays. Non seulement le pays est arabe mais le peuple n’est plus juif ! C’est rassurant car descendus si bas on va remonter très haut… Vous connaissez les rebondissements de l’histoire. Il faut être juif pour être cinglé comme ça !
A ce moment-là c’était l’affaire Shalit.
C’était un israélien d’origine juive mais de culture hébraïque déjudaïsé qui était marié avec une scandinave et qui avait demandé de mettre sur sa carte d’identité non pas juif mais hébreu. Pour dire que sa religion n’était pas la religion juive mais qu’il était hébreu de nationalité. Finalement il a quitté le pays après cette histoire. Et d’ailleurs sa femme était protestante praticante. Il y a eu tout un remouds politique dans le pays qui aurait du nous alerter déjà : il y a un vrai problème qu’il faut résoudre.
Il y a eu un grand débat à l’université, animés par des universitaires surtout de gauche et le public était énormément d’étudiant d’extrême gauche, surtout de HaShomer haTsaïr. Alors le Rav Neiria Rosh Yéshivah des Bnei Akiva commença son discours en interpellant les Juifs non-religieux sur le fait étonnant qu’ils circoncisent leurs enfants : Du sang innoncent est versé et vous ne dites rien ? Silence dans la salle. Et en fin de compte un membre de l’assistance des HaShomer HaTsaïr se lève et lui dit en hébreu: « Tu nous prend pour des bâtards ? ».
Vous voyez la réaction. Alors que tous parlent de la circonsision comme d’un acte religieux, ce qu’elle est aussi. La scéance s’est arrêtée là. Tout le monde a applaudi et est parti. Cela veut dire qu’il y a des limites. Ce que j’ai nommé une fois « les lignes rouges ».
Effectivement, la Guémara dit :
Il y a deux Mitsvot que les Hébreux au désert ont accpeté avec joie.
Effectivement la Guémara dit :
Il y a deux Mitsvot que les Hébreux au désert ont accpeté avec joie et qui sont indélébiles : Pessa’h et la circoncision.
Effectivement, remarquez que quelque soit le comportement culturel des Juifs, Pessa’h et la Brit Milah, sont des comportements d’ordre national avant d’être religieux.
Il y a des barrages qui jouent.
L’enseignement du Midrash à ce sujet: les Hébreux d’Egypte sont sauvés par plusieurs mérites : ils n’ont pas changé leur langue, leurs habits, leurs noms, ils sont restés pudiques…
Tout cela ce sont tous des comportements nationaux. Il n’y a rien de cultuel là-dedans.
Effectivement il faut bien comprendre qu’on peut ainsi être très praticant de la religion juive et être assimilé complétement. Et inversément, on peut être pas du tout praticant et être très très juif.
Cela ne veut pas dire que cela donne le droit á n’importe qui d’être tordu.
Pour certains, en particulier des Juifs très assimilé à l’Allemagne, l’idée même du sionisme a été identifiée à un blasphème religieux.
Quand le consistoire de France a adopté comme slogan : « civilisation et religion ». Derekh Erets im Torah. Mais cela allait de soi qu’il s’agissait de la civilisation française…
De la même manière cela allait de soi à Frankfort qu’il s’agissait de la civilisation allemande. L’idée qu’il y avait une civilisation hébraïque, une civilisation d’Israël, s’était perdue avec le temps de l’exil. Il était resté la religion.
Retenons cela que l’assimilation est une catégorie nationale.
Chapitre 18 :
Parashah Lekh Lekhah : les promesses de Dieu. L’annonce faite à Sarah.
A partir du chapitre 18, Dieu se révèle à Abraham et à Sarah à travers la vision des 3 anges et la révélation de Dieu pour annoncer à Sarah l’enfant à venir. Dieu a promis dans toute la Parashah de Lekh Lekha. Et en fin de compte, il va naître maintenant. Il s’agit d’un événement d’accomplissement d’une promesse, mais la promesse attendait l’occurence de sa réalisation.
2ème scène : la destruction de Sodome et Gomorrhe. Cela commence au Chapitre 18 verset 16.
Grand principe enseigné par la Guémara : chaque ange est chargé d’une mission. Il y a 3 anges et donc trois missions
– Mikaël vient annoncer la naissance de Isaac à Sarah.
– Rafaël vient guérir Abraham de la fiévre de la circoncision.
– Gabriel la Midat HaDin vient punir Sodome et Gomorrhe.
Or, que se passe-t’il ?
Au chapitre 16, les versets nous ont décrit la situation de saturation de l’immoralité de Sodome et Gomhorre. Ils formaient l’abomination de l’immoralité sur terre. Cela durait depuis longtemps. Pourquoi Dieu tarde-t’il à les punir ?
Il y a là un thème très important qui est le thème du sursis.
En hébreu Arikhout Apaïm
Dieu est Erekh Apaïm ce qui est traduit par « patient » mais c’est plus que la patience il s’agit de « longanimité » qui est la truduction exacte de l’hébreu : Erekh Apaïm « visage long ». Arikh Anpin de la Kabalah. C’est plus que la patience. La patience pour Dieu c’est le fait qu’il est dû à la créature l’abri du sursis, quelque soit l’erreur ou l’échec commis.
C’est une Midah, une modalité d’être, une attribut du Dieu de la Bible qui est très important : tous les sursis sont donnés jusqu’au bout. Cela nous est dû jusqu’au bout, mais il y a un rendez-vous.
Cela nous est dû parce que nous sommes condamnés pas le fait d’avoir été créé à quelque chose d’impossible : être sans être Dieu !
Comment en effet être sans être Dieu ? Il n’y a que Dieu qui est !
Alors Dieu nous condamne à être, et tous les trébûchements sont possibles à l’être de créature.
Et donc le Créateur nous doit, si j’ose dire, cet abris du sursis.
Nous avons un grand débat avec le christianisme sur leur manière de lire les textes de la Bible. Au fur et à emsure que je reprends ces problèmes avec eux, parce qu’il faut les aider à sortir de cette impassse. Pendant 2000 ans ils ont cru qu’ils étaint Israël. Et maintenant il fait qu’ils résolvent un problème insoluble pour eux : S’il ne sont pas Israël, qui sont-ils ? C’est un autre sujet.
Il n’y a que les théologiens juifs qui peuvent aider les théologiens chrétiens à résoudre ce problème. Et nous avons intérêt à cela. Parce que tant qu’ils se croyaient Israël – il ne puyvait y avoir deux Israël et nous nous nous étions en danger.
Maintenant qu’on a ressuccité comme ils disent il faut qu’on les aide à s’y retrouver.
Pour eux la lecture de la faute du premier homme qu’elle nomme le péché originelle et qui est une lecture tragique. Il en résulte une formulation très chrétienne : l’homme est pécheur par nature.
Pour la lecture juive à l’opposé, l’homme n’est que peccable par nature, cela signifie « donné au risque de la faute ». Notre nature est d’être libre, chacun a son niveau de liberté, a sa capacité de liberté. On est plus ou moins libre. Quasi-conditionné et quasi-libre. C’est notre spécificité d’être humain, ce facteur liberté en quoique ce soit.
Et parce qu’on est libre, alors on est donné au risque de la faute. Cela ne veut pas dire que l’on est pécheur. C’est une sensibilité religieuse très différente. Il y a un perpétuel souci du juif pour savoir s’il est en ordre : en hébreu, « suis-je Tsadik ? ».Est-ce que je marche juste ? C’est un souci de morale pratique. Mais jamais un juif ne se prend pour un monstre. Parce qu’il sait qui est son Dieu en tant qu’homme. Ce serait un blasphème de croire que Dieu nous ait créé monstrueux.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des hommes qui arrivent à devenir des monstres. Mais ils sont les déchêts de l’histoire et non pas l’histoire. Et comme nous avons une épaisseur de vieillesse d’histoire énorme nous sommes encombrés de déchêts. Alors c’est plein de monstres. Mais cela ne veut pas dire que l’homme est monstrueux. Alors il y a une espèce de diagnostic pessimiste de désespérance dans l’âme chétienne qui se connait dans sa bonne foi propre comme déchu.
Je vais vous raconter une anecdocte :
En France chez les Scout, nous avions une réunion des aumoniers et je me rappelle d’une conversation avec l’aumonier protestant.
Chez les Protestants, encore plus que ches les catholiques, l’homme n’est pas seulement déchu, mais il est maudit. Le blasphème est de faire semblant d’être joyeux, heureux. Ils ont des proiblémes avec leur moments de joie. Vous voulez donner un complexe à un protestant ? Dites-lui qu’il est heureux ! Alors tout de suite il va se mettre à genou et faire l’aveu de se fautes… ‘Hatati Avati… je suis pécheur. Et alors ils avaient un problème avec la méthode scout qui est la morale par la joie. Je me rappelle de ce pasteur qui n’arrivait pas à s’en sortir. Je suis très scout mais très protestant. Comment faire ? C’est contradicatoire !
Et au fond, ils aboutissent tous à une sorte de dualité qui est je pense un peu de l’ordre de la schizophrénie. Surtout chez les protestants. Il leu faut une force morale énorme pour ne pas devenir fou.
A. Neher avait cité une phrase de Pasteur : je ne suis pas le même à l’oratoire (croyant) et au laboratoire (savant).
Enormément de Juifs très pieux et très savants sont intoxiqués par cela. Ce n’est pas le Dieu un de la Torah, Nous croyons au Dieu un. « Hashem Hou HaElohim » et non pas l’inverse.
Lu avec la sensibilité juive, ce récit de la faute du 1er homme, l’expression « péché originel » signifie l’origine du péché.
Texte Face B
/C’est la faute de l’origine, l’origine de toute faute. Dire à Dieu : « La loi c’est ma loi !».
C’est ce qu’a dit le serpent à l’homme :
וִהְיִיתֶם, כֵּאלֹהִים, יֹדְעֵי, טוֹב וָרָע
Vous serez comme Dieu connaissant bien et mal.
Midrash : aucune parole mensongère dans la Bible même pas les paroles du serpent.
Le serpent dit au 1er homme : « vous serez comme Dieu en ce qui concerne la connaissance du bien et du mal ». C’est l’humanisme. L’homme est la mesure de toute chose. C’est moi l’homme qui décide ce qu’est le bien et ce qu’est la mal. C’est cela la faute : ce n’est pa Ta loi mais c’est ma loi. En cela il se trouve en faute vis-à-vis de la loi, parce qu’il décide en tant que créature comment doit être la loi.
L’homme créé libre est donné au risque de la faute. Par conséquent tous les sursis lui sont dûs qui aménagent la possibilité du repentir. On voit en quoi la sensiblité religieuse juive va dès le début être différente de la sensiblité religieuse chrétienne. Le drame c’est qu’on lit le même livre, apparemment. En réalité, ils le lisent en grec et en latin d’abord. Et nous en hébreu.
C’est un drame parce que finalement beaucoup de juif eux-mêmes croient qu’il y a un ensemble « judéo-chrétien ». C’est un faux concept ce « judéo-chrétien », il y a les Juifs et il y a les Chrétiens. Et les Juifs en sont pas des Chrétiens et les Chrétiens ne sont pas des Juifs. Malgré le fait qu’historiquement il y a eu des judéo-chrétiens qui ont fondé le christianisme. Et c’est une sensibilité radicalement différente. Mais ce n’était pas des Juifs hébreux. Exemple de Paul, qui était un romain de culture grecque d’origine juive. Tout cela s’arrangera quand le vatican reconnaîtra l’état d’Israël. Mais c’est une histoire ancienne…
Dans tous les cas, voilá le problème, le sursis. Nous assistons à la fin du sursis. Les gens de Sodome et Gomorrhe ont beau être les pires fauteurs de l’histoire, en tant que créatures ils sont à l’abri d’un sursis. Mais pourquoi ce sursis a-t’il duré aussi longtemps ?
Alors va se dévoiler un thème de l’enseignement de la Torah qui est très important.
Je l’explique par le biais d’un exemple :
Selon la Kabalah Iyyov-Job est Tera’h le père d’Abraham.
La Guémara déjà dans Baba Batra situe Job à chaque époque charnière de l’histoire. Avec le thème que il y a des époques de l’histoire de la morale, et on est Tsadik juste – l’homme de vertu – dans un certain monde de la vertu, et voilà qu’il y a un progrès des valeurs de la vertu et se dévoile que celui qui était Tsadik dans le temps ancien devient Rashah par rapport aux critères des temps nouveaux.
Voilà ce que dit la Kaballah : Job c’était Tera’h et Tera’h était Tsadik de sa génération tant qu’Abraham ne s’est pas circoncis. Dès qu’Abraham s’est circoncis, Tera’h-Job a commencé à souffrir. Pourquoi ? Parce qu’il est devenu préhistorique. Cela signifie que quand le Tsadik du Monde qui Vient apparait ce Tsadik-là disqualifie tous les Tsadikim précédents. Ils commencent alors à souffir et ne comprennent pas pourquoi. C’est précisément l’histoire de Job. Job n’a fait aucune faute, aucun mal. Dieu se révèle finalement aux amis de Job théologiens qui souscrivent aux thèses de théologie classique et qui analysent la souffrance de Job comme résultat d’une faute commise. Il leur reproche d’avoir mal parlé de Son serviteur Job qui n’a fait aucune faute. Le texte ne dit pas qu’il a fait du bien, mais en tout cas il n’a pas fait de faute.
Cela veut dire que lorsqu’il y a une mutation dans la découverte des valeurs morales, ceux qui continuent à se satisfaire de l’état antérieur de la moralité deviennent des justes souffrants.
C’est le problème : tant qu’Abraham n’était pas encore Abraham, il y a encore le sursis pour Sodome et Gomorrhe mais dès qu’Abraham est Abraham, Sodome et Gomorrhe sont disaqualifiées.
C’est là la source sociologiquement de l’anti-cléricalisme et de l’anti-judaïsme.
Un autre exemple éclairera cela. Il faut d’abord se rappeller un peu la préface du livre de Job.
Le 1er chapitre du livre de Job est la clef du problème de la souffrance du juste. On nous raconte l’histoire idyllique d’une famille heureuse, riche avec des enfants beaux. Et chaque jour on faisait la fête, chez l’un des enfants. Mais à la fin de la nuit de fête, Job offrait pour le matin un sacrifice d’expiation quant aux fautes éventuelles que ses enfants auraient peut-être fait dans leur festin.
Regardez le scrupule : Job est juste mais n’est pas sûr de sa descendance ! Alors il commence à souffrir. Ce caractère dramatique de la souffrance d’un juste qui n’a pas fait de faute. Ce n’est pas une faute d’acte mais une faute d’être. Tera’h a été capable d’être le père d’Abraham mais n’est pas capable d’être le fils d’Abraham. Alors il souffre.
Au début de Parshat Toldot 25 :19:
וְאֵלֶּה תּוֹלְדֹת יִצְחָק, בֶּן-אַבְרָהָם: אַבְרָהָם, הוֹלִיד אֶת-יִצְחָק
Eleh toldot Its’haq ben Abraham Abraham holid et Its’haq
Voici les engendrements d’Isaac fils d’Abraham, Abraham a engendré Isaac…
On attendait les engendrements d’Isaac pas les engendrements d’Abraham.
On attendait un Isaac qui engendrerait Abraham mais on reste en surplace : Abraham a engendré Isaac… Alors qu’on attend qu’Isaac engendre Abraham !
Et d’ailleurs dès qu’Isaac est capable d’engendrer un Abraham, Jacob apparait. On voit à quel point c’est difficile qu’Isaac engendre Abraham parce qu’il n’arrive qu’à engendrer Jacob et Esaü. Quand Jacob s’appelle Israël alors Abraham est justifié.
Retour au problème :
Il faut se méfier du Satan parce qu’il se cherche un Job.
Le Satan dans ce récit de Job est l’accusateur public au tribunal d’En-haut. Dès qu’il y a une doute quelconque, il est formulé par le Satan. C’est pourquoi on a peur de lui car il dit la vérité. C’est lui qui, au tribunal, met en forme les doutes cachés. C’est terrible l’accusateur public !
Le premier chapitre du livre de Job explique pourquoi il souffre. Non pas parce qu’il a fait du mal. Mais parce qu’il n’arrive pas à passer au degré supérieur du Tsadik : il est alors le Tsadik devenu préhistorique.
Je vous ouvre une petite parenthèse pour citer au nom du Rabbi Na’hman de Breslev :
Moïse reçoit laTorah au Sinaï et pose des questions préalables à Dieu :
« Madouâ Tsadik véTov lo, tsadik vé râ lo, rashâ vé tov lo, rashâ verâ lo ? »
« Pourquoi le Tsadiq qui a du bien et le Tsadiq qui a du mal, le Rashâ qui a du bien et le Rashâ qui a du mal ? »
C’est en plein dans le livre de Job.
Il y a différentes réponses. Il y a 2 réponses classiques à cette Gémarah :
– le Tsadik qui a du bien est un Tsadik parfait
– le Tsadik qui a du mal c’est pour la petite part d’imperfection qu’il possède, il est guéri par le mal qu’il a en tant que Tsadik.
– le Rashâ qui a du mal est un Rasha Râ complet
– le Rashâ qui a du bien n’est pas complétement Rashâ.
Sauf les cas de perversions exceptionnelles, il n’y a pas de Reshayim qui n’ait pas une petite Mitsvah, une petite vertu. Il y a des gangsters qui aiment leur chat ! Alors on les récompense dans ce monde-ci et puis c’est réglé pour le Monde-à-venir. Pour le Tsadik c’est l’inverse.
Le Tsadik est puni dans ce monde-ci et c’est bien pour le monde à venir.
La 2ème réponse que l’on donne à cette question est plus difficile, je vous la cite sans l’expliquer :
– Le Tsadik qui a du bien est un Tsadik fils de Tsadik.
– Le Tsadik qui a du mal c’est un Tsadik fils de Rashâ.
– Le Rashâ qui a du bien c’est un Rashâ fils de Tsadik.
– Le Rashâ qui a du mal est un Rashâ fils de Rashâ.
C’est très difficile à comprendre mais cela va plus loin dans le problème.
Rav Na’hman de Breslav enseigne de la manière suivante.
– Le Tsadik qui a du bien c’est le Tsadik qui vit dans un temps où la Halakhah est comme lui, et où le bien selon Dieu c’est le bien selon lui. Alors il est non seulement Tsadik mais heureux. Car on peut être Tsadik mais hérétique : ce n’est pas comme cela que Dieu pense et pourtant il est Tsadik…
– Le Tsadik qui a du mal, c’est un Tsadik mais la Halakhah n’est pas comme lui.
– Le Rashâ qui a du bien, c’est le Rashâ du Tsadik que la Halakhah est comme lui.
– Le Rashâ qui a du mal, c’est le Rashâ du Tsadik que la Halakhah n’est pas comme lui.
C’est au fond la même explication à des niveaux très différents. Il y aurait une étude de la sociologie de la société israélienne à faire là-dessus.
Il y a des Tsadikim pour lesquels la Halakhah n’est pas comme eux, et leur Reshayim, Dieu préserve ! Il y a des Tsadikim pour lesquels la Halakhah est comme eux, et leur Reshayim sont comme eux.
Retour au sujet :
Tant que Abraham n’est pas circoncis, Sodome et Gomhorre sont en sursis. Dès qu’Abraham est circoncis le sursis prend fin. Il y a d’autres facteurs ont joué : le progrès moral chez Abraham déclenche la condamnation des Reshayim. C’est pourquoi les Reshayim n’aiment pas les Tsadikim. Parce que c’est à cause des Tsadikim que les Reshayim souffrent et sont disqualifiés et jugés. Sociologiquement c’est l’explication du mécanisme de l’anticléricalisme et de l’antisémitisme. Les gens n’aiment pas les curés, les rabbins car en leur présence, ils sont disqualifés. Ils n’aiment pas les Tsadikim en présence desquels ils se sentent Reshayim. C’est pourquoi je vous cite ensemble l’anticléricalisme et l’antisémitisme, j’ai étudié cela en laboratoire, cela va ensemble. On n’aime pas les Juifs parce qu’à côté des Juifs on est disqualifié. Ce qui est faux d’ailleurs mais ce sont là des mécanismes psychologiques pathologiques. Mais voilà comment cela fonctionne.
Parce que si les paroissiens du curé connaissaient les angoisses et les affres du curés, ils se rassureraient…etc.
Une scène nous est racontée dans la Torah lors de la querelle de Qora’h où Dieu s’adresse à Moïse pour lui dire qu’Il va les détruire. Les ennemis de Moïse lui disent : tu veux notre mort ! Ils suffit que Moïse soit là pour que Qora’h soit disqualifié. Qora’h est un grand homme mais en présence de Moïse il est disqualifié comme Rashâ. C’est pourquoi les Tsadikim doivent être modestes. Parce que s’ils ne le sont pas ils le paient. Il faut éviter tout comportement ostentatoire. Il faut de la réserve, signe de l’authenticité.
Pris au niveau le plus haut :
La présence du Tsadiq sur terre disqualifie tout le monde, donc le Tsadiq doit se cacher : c’est sans doute cela la notion de Tsadik Nistar. Pourquoi est-il plus grand que le Tsadik Niglé ? Précisément parce qu’il est caché. Tsadik Nistar: le Tsadiq caché, personne ne sait qu’il est Tsadik même pas lui car s’il le savait il serait orgueilleux.
Cela va jusque dans le vocabulaire sociologique contemporain : entendu de mes maitres : on n’a pas le droit de se dire « orthodoxe » – étymologiquement orthodoxia celui qui suit la voie droite – c’est d’un orgueil épouvantable. Comme au temps des Albigeois et leur communauté des « parfaits ». Les parfaits au chocolat !
Q : Il y a sursis de Sodome et Gomorrhe juqu’à la circoncision d’Abraham mais comment comprendre qu’il a prié et lutté pour sauver Sodome et Gomorrhe ?
R : Quand on lit ce texte on voit que Abraham discute et négocie pied-à-pied avec Dieu. Pourquoi Abraham s’est-il arrêté à dix ? Il aurait dû aller jusqu’à un ? Il y en avait en fait neuf et non pas dix: il y a avait Lot et sa famille et cela faisait neuf. Et encore quels drôles de Tsadikim ! C’est par rapport aux autres. En vérité on est émerveillé de la charité d’Abraham qui a prié pour des gangsters ! Cela me rappelle la croix rouge qui intervient pour protéger des assassins…
Abraham c’est le juste de la vertu de charité et que ça. Et la vertu de charité est absolue sinon elle n’est pas elle-même. Par conséquent, c’est normal qu’Abraham va, dans ce dialogue avec Dieu, vouloir sauver les criminels. Mais Dieu lui donne une leçon de morale, en lui expliquant pourquoi le jugement ne peut pas être comme il le souhaite : il y a la charité et il y a la justice. Abraham n’est pas encore Israël. Il est la vertu de charité mais totale. Et c’est pourquoi fonctionner comme Abraham ce n’est pas Israël mais on a besoin d’Abraham pour arriver à Israël. Ensuite Isaac est le juste opposé, le juste de la rigeur absolue. Mais ce n’est pas encore Israël. Il faut Jacob qui lie les deux : Jacob fils d’Isaac, fils d’Abraham et dans cet ordre. Alors ici la Torah nous explique ce qu’il ne faut pas faire : c’est la vertu qui demande de plaider pour le criminel, mais la justice demande de le condamner. Il y a parfois des conduites suicidaires par vertige de vertu exagérée. Ce à quoi Israël est occupé actuellement. Abraham dans cette Parashah va protéger Ishmaël jusqu’au bout. C’est Sarah qui intervient. Donc c’est normal de la part d’Abraham de plaider ainsi mais il ne faut pas oublier l’autre partie du récit : On oublie toujours qu’en réalité Abraham a reçu une leçon de morale. Il a témoigné de la vertu de charité, mais c’est son rôle. Et donc Abraham aurait dû aller encore plus loin pour que Dieu lui précise que le monde ne peut pas fonctionner ainsi.
Un enseignement important de Kabalah que j’ai étudié avec le fils du Rav Ashlag :
Il y a dans le monde des justes parfaits qui ne savent que donner : ce sont des êtres exceptionnels et c’est très rares, de qui on apprend comment donner. Mais surtout il ne faut pas faire comme eux pour se prendre pour des justes de cette manière sinon on devient fou…
L’art pour l’art en morale. La vertu pour la vertu. La vertu gratuite. Prendre cela au sérieux c’est être fou. Mais alors pourquoi ces Tsadikim existent-ils ? C’est pour nous apprendre comment donner. Parce qu’il n’y a qu’une manière de donner. Ne faire que ça. Sinon est-ce qu’on donne vraiment ?
La charité doit être une vraie charité. C’est pourquoi la Halakhah va donner des limites. Moins et ce n’est pas de la charité. Plsu que cela et c’est de la folie dit la Guémara. Celui qui donne plus que le Maasser est fou.
Trois critères de folie donnés par la Guémara :
– Celui qui a tendance à se promener dans les cimetières.
– Celui qui va dehors la nuit tout nu et n’a pas froid.
– Celui qui donne trop en charité.
Il y a des générosités suspectes, si on laisse aller, selon la Guémara, elles mènent à la folie.
Donner, si c’est sérieux, c’est donner tout.
J’ai eu une fois un colloque avec des Chrétiens : donner sa vie pour l’autre. Un philosophe juif est intervenu : Mais c’est en fait le don de leur mort et non de leur vie.
Je vous donne un exemple : le véritable sacrifice pour la Guémara c’est le sacrifie du fils, parce que si on ne sacrifie pas ce à quoi on tient le plus ce n’est pas un sacrifice. Mais c’est précisément ce que la Torah interdit. Pour la religion naturelle c’est normal. Mais c’est païen. C’est la religion naturelle. Pas pour la Torah qui intervient et enseigne que c’est une abomination, parce que la véritable vérité morale c’est l’unité des valeurs. Là, ce serait la charité et que cela. C’est catastrophique drames que la charité absolue a déclenché dans le monde, c’est la tragédie de la vertu exagérée. C’est plus méchant que le mal. S’il y a des psychologues parmi vous ils devinnent les abîmes d’implications.
[Il y a une méchanceté qui consiste à adopter comme principe que l’autre est sûrement un ange.
C’est très méchant parce qu’il est jugé en tant qu’ange pour mieux le condamner lorsqu’il s’avère n’être qu’un homme… Cela commence par la pire des méchancetés. Cela explique énormément de scène de ménages d’ailleurs.]
De la même manière on a besoin des Reshayim dont tout l’être consiste à recevoir pour apprendre comment on reçoit. Parce qu’il faut apprendre comment on donne et il faut apprendre comment on reçoit. Alors nous avons des modéles. Un grand mystère : pourquoi dans notre monde y a t-il des Tsadikim et des Reshayim ? On a besoin d’eux pour apprendre comment donner et comment recevoir. Mais surtout ne jamais faire comme eux. Il y a effectivement des Tsadikim – c’est très rare mais cela existe – qui ne sont là que pour donner. On ne sait pas comment ils recoivent. C’est mystérieux. Et d’eux on apprend comment on donne. Et il y a des Reshayim qui ne sont là que pour recevoir. D’eux on apprend comment recevoir.
Les termes en hébreu : Ratson lehashpia c’est le Tsadik : Toute sa volonté est de donner, de déverser. Ratson leqabel c’est le Rashâ : toute sa volonté est de recevoir.
Nous sommes nous les créatures normales, les Bénonim. Et alors, il n’y a que deux possibilités, deux attitudes possibles. C’est l’histoire de toute la civilisation divisée en 4 catégories :
– Donner pour recevoir : c’est la morale naturelle qui n’est pas encore idéale car le point de chute c’est de recevoir. C’est le don de sa vertu pour recevoir un fauteil au paradis.
– Recevoir en vue de donner : c’est la vraie solution selon la Torah : recevoir le plus possible pour pourvoir donner le plus possible.
Ce qui fait que les deux tendances qui nous constituent, l’altruïsme et l’égoïsme, sont toutes les deux satisfaites. Mais dans l’ordre. Il faut recevoir pour donner.
Donner pour recevoir, c’est la morale naturelle. La formule latine est do ut des « je donne en vue que tu donnes » : c’est le contrat de la morale naturelle. 3 kilo de Psaumes en échange d’une place au paradis….
C’est ce que le Rav Ashlag enseigne que l’ordre est de recevoir en vue de donner. C’est pourquoi il y a dans le tempérament juif, la volonté de recevoir. Mais si celle-ci s’arrête en chemin, il s’agit d’un matérialisme grossier. Mais c’est en vue de donner.
Très souvent dans les accusations antisémites se retrouve la moitié du diagnostic : c’est vrai que les Juifs ont un appétit de recevoir. Mais parce que c’est le commencmeent de l’appétit de donner.
Retour au sujet :
C’est la scène de la famille de Lot rescapé de la destruction de Sodome et Gomhorre.
Verset 27 chapitre 19
C’est le récit des 2 filles de Lot avec leur père. Ils sont rescapés. Les récits montrent un progrès de la moralité chez Abraham et une caricature de moralité d’Abraham chez Lot.
Il y a ici une scène messianique à l’envers, c’est tragique. C’est une tentative de sauver l’humanité et ses engendrements alors qu’on croit que toute l’humanité a disparu et qu’ils ne restent que Lot et ses filles. Il y a alors une initiative des filles de Lot pour sauver l’avenir de l’humanité en ayant des enfants avec leur père. C’est une scène messianique dans la défigure.
En étudiant l’histoire en détail on s’aperçoit que les 2 filles de Lot n’ont pas la même conduite du point de vue de la morale. L’une c’est vraiment en vue de sauver l’humanité, l’autre c’est la luxure pure et simple et c’est le différence entre Moav et Ammon. Va naitre une lignée de la famille d’Abraham (Lot est le fils du frère d’Abraham, cette famille sortie d’Our-Qasdim) qui va caricaturer les identités d’Israël : les Ammonites et les Moabites et qui seront en rivalité messianique pendant tout le temps de la Bible contre Israël. Cette rivalité n’est pas achevée.
La région des Ammonites c’est la Jordanie. Aman s’appelle Rabat-Amon « la capitale de Ammon ».
Et effectivement, la rivalité messianique sur la propriété de Erets Israël c’est un problème que nous avons avec les Jordaniens. Je résume tout ce qui se passe actuellement.
Lot imite Abraham mais dans la défigure, dans le mal. L’hospitalité d’Abraham est la vertu dans le bien, celle de Lot est l’hospitalité dans la débauche : Donner ses filles à l’étranger…etc.
Juste après, progrès de la moralité chez Abraham, et de nouveau cette scène du patriarche qui dit de sa femme qu’elle est sa soeur. On voit le contraste entre l’échec de la moralité chez Lot et sa réussite chez Abraham.
Cette même capacité anthropologique de « l’être frère » : ce qui se cherchait dans la famille d’Abraham qui est précisément capable d’être frère. Il y a alors le vrai frère et le faux-frére : Etre frère dans l’immoralité, c’est l’option de Loth. Etre frère dans la moralité c’est l’option d’Abraham.
Voilà le déroulement de ce récit. Le point de départ c’est le fait que Abraham va réaliser l’alliance de la circoncision et cela va cristaliser l’accélération de tous ces événements. Tout se déclenche. Alors la promesse de la naissance du fils d’Abraham va s’accomplir. Jugement de Sodome et Gomhorre, séparation définitive entre Loth et Abraham… etc.
***
Q : De Lot va naître le Mashia’h ?
R : C’est trop résumé. De Loth va naître Ruth, l’ancêtre de David.
Loth n’est pas n’importe qui : c’est une étincelle de la famile d’Abraham qui est enfouie sous une écorce d’impureté. A relier au fait qu’Abraham s’était déjà séparé de Loth, mais il va protéger Loth de loin car il protège cette chance de l’âme de Ruth qui est dans la lignée de Lot et qu’il faut sauver. C’est pour sauver cet âme qu’Abraham va intervenir.
C’est ce qui était le plus près qui est devenu le plus loin. Dans ce plus loin, il y a toujours la trace du plus près de l’origine. Ruth c’est celle qui revient du plus loin et qui ramène avec elle tous les autres car c’est elle qui était la partie de l’identité d’Israël qui s’était perdue avant le commencement de son histoire. Cette lignée de Loth aurait dû être dans Abraham. Elle s’en est séparée en portant une étincelle de sainteté qui est dans l’écorce d’impureté de la débauche. « Enfouie sous la cendre », l’âme de Ruth ! Alors Abraham va protéger l’âme de loin pour sauver cette âme de Ruth qui en fin de compte va revenir.
Ruth est le modèle des convertis mais ce n’est pas n’importe quel converti : celle qui revient dans la famille d’Abraham. Elle revient du plus loin et ramène avec elle toutes les autres. Alors elle est le modèle de toutes les femmes converties. Nous avons dans une autre dimension la même chose avec Jethro. Ruth a une place très grande dans la tradition puisque le livre est lu à Shavouot lorsque la Torah est donnée. La Torah est donnée à Israël et on parle de ceux qui reviennent en Israël du plus loin où ils étaient partis. C’est Ruth qui sera l’ancêtre du Mashia’h parce que c’est le Mashia’h qui assure la rédemption de l’universel humain. Mais en tant que l’ancêtre du Mashia’h, elle est fille d’Abraham rentrée à la maison. Ce n’est pas visible parce que c’est un thème d’identité profonde à travers l’histoire. La question commence ainsi: Pourquoi Abraham protège-t’il Loth ? Ce n’est pas Loth qu’il protège mais ce qu’il y a dedans.
Yitro – Rout – Torah c’est à peu près les mêmes lettres : Torah sans le Hé donne Rout et en ajoutant le Youd donne Yitro.
Q : Laquelle des deux filles ?
R : Celle qui a pris l’initiative la première c’est en bonne part Lishmah. La deuxième c’est en mauvaise part Lo lishmah. Vérifier dans le texte. Talmud: le même comportement peut être au niveau du jugement de valeur soit Tsadik soit Rashâ. Dans un cas c’est pour sauver l’humanité et dans un autre cas c’est pour avoir un plaisir supplémentaire avant la catastrophe. Il faut voir cette scène dans son tragique même : c’est une fin de monde, on croit que le monde a disparu. Comment faire pour continuer les engendrements ?
Du temps de l’occupation romaine, il y avait ce qu’on appelle dans le Talmud les matrones – matronita – les tenancières de cabarets. Beaucoup de Ba’hourim Yeshivah étaient séduits par les filles, un Ba’hour yeshivah se laisse tenter et va passer à l’acte. En se déshabillant son tsitsit lui a frappé le visage. Il se réhabille en vitesse et sort du cabaret. La fille le poursuis et demande des explications : ne suis-je pas assez belle pour toi ? Non, il y a un maitre plus fort que toi. Elle lui dit : Tu ne sors pas d’ici sans m’expliquer ce qui t’es arrivé.. qui est plus fort que moi ? Elle a été voir le maître et subjuguée, s’est convertie. Après la conversion elle a demandé au rabbi une bénédiction…



