FACE A
FACE B
Texte
/ Etude dans le Talmud.
Dans Devarim en fin de Parashah Reeh le verset 16 chapitre 16:
שָׁלוֹשׁ פְּעָמִים בַּשָּׁנָה יֵרָאֶה כָל-זְכוּרְךָ אֶת-פְּנֵי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בַּמָּקוֹם אֲשֶׁר יִבְחָר–בְּחַג הַמַּצּוֹת וּבְחַג הַשָּׁבֻעוֹת, וּבְחַג הַסֻּכּוֹת; וְלֹא יֵרָאֶה אֶת-פְּנֵי יְהוָה, רֵיקָם
Shalosh pe’amim bashanah yera’eh khol-zkhourekha et-peney Adonay Eloheykha bamakom asher yivkhar be’hag haMatsot uve’hag haShavu’ot uve’hag haSoukot velo yera’eh et-peney Adonay reykam.
Trois fois tous les ans, tous vos mâles seront ainsi vus en présence de Dieu votre seigneur dans l’endroit qu’il choisira : sur le festival des Matzahs, sur le festival de Shavuoth, et sur le festival de Sukkoth. [Dans ces périodes] vous n’apparaîtrez pas avant Dieu les mains vides.
Et 2 versets dans Shemot
Chapitre 33 verset 20:
וַיֹּאמֶר, לֹא תוּכַל לִרְאֹת אֶת-פָּנָי: כִּי לֹא-יִרְאַנִי הָאָדָם, וָחָי
Vayomer lo toukhal lir’ot et-panay ki lo-yir’ani ha’adam va’hay.
Dieu alors] a expliqué : « tu ne pourras pas voir ma face car l’homme ne peut pas me voir et vivre ».
C’est un verset très clair de la Paracha de Ki-Tissa qui dit ceci : lorsque Dieu s’adresse à Mosheh qui a demandé que Dieu se révèle à lui face à face et Dieu lui répond.
Je donnerais une manière de l’expliquer : il y a deux types de relation entre le Créateur et la créature. C’est la relation qui s’appelle Panim el panim – face à face. Dans la traditon cela s’appelle Or Yashar. La lumière qui vient directement de la source nous la recevons Panim el panim. C’est quand les relations entre le Créateur et la créature sont en ordre.
Quand les choses sont en ordre en bas, il y a un Tsinor [en hébreu TsiNoR un canal – mêmes lettres que le mot RaTSoN – volonté ] en ordre en haut.
Mais en cas de désordre en bas, il y a désordre en haut. Les grands Kabalistes sont des plombiers des Tsinorot cosmiques. (Cf les lettres du mot “plombier” en hébreu)
Panim El Panim :
C’est la modalité du ‘Hessed : le Créateur donne l’être à la créature et si la créature peut le recevoir en ordre alors tout se passe dans la grâce, tout se passe dans ’Hessed, c’est Panim el panim.
Mais nous sommes depuis longtemps dans un Olam méqoulqal, quelque chose s’est détraqué entre l’en-haut et l’en-bas. Le Méqabel, cette créature qui reçoit, ne sait pas recevoir, alors Celui qui donne donne, mais en bas il y a désordre car ceux qui reçoivent ne savent pas recevoir.
Alors cette modalité-là de la Midat HaDin la mesure de rigueur Panim El A’hor : recevoir en arrière, l’envers de la lumière. La lumière qui se donne nous ne pouvons pas la recevoir, donc nous la recevons quand elle se retire. C’est Midat HaDin. Nous recevons une trace de la lumière qui s’est retirée.
L’essence de l’être c’est la vibration : la vibration c’est se donner et se retirer en même temps.
Si ce n’est pas donné on n’existe pas, mais si ce n’est pas retirée on est écrasé !
Quand on ne peut pas recevoir Panim El Panim, on reçoit Panim El A’hor.
C’est ce que Dieu dit dans notre verset:
כִּי לֹא-יִרְאַנִי הָאָדָם, וָחָי ki lo-yir’ani ha’adam va’hay.
Tu ne pourra pas voir Ma Face, c’est-à-dire comprendre directement, sans vraiment de révélation particulière, mais la Torah nous dit que Dieu s’est adressé à Moïse Panim El A’hor.
C’est un bien que la lumière ne nous soit pas donnée face à face car elle nous détruirait, alors elle nous est donnée en Tsimtsoum, en retrait, pour notre bien.
C’est un peu ce que le verset dit après la faute de Adam:
« et maintenant de peur qu’il ne tende la main et prenne du fruit de l’arbre de vie … »
Si après avoir manger du fruit de l’arbre de la connaissance, Adam avait mangé du fruit de l’arbre de vie, il serait immortel et resterait immortel dans l’état de faute. Pour son bien, il faut l’empêcher de prendre le fruit de l’immortalité tant que le Tiqoun n’est pas fait. Il faut que le Tiqoun de la faute soit fait pour accéder à l’immortalité. Si on accédait à l’éternité dans l’état de faute ce serait la catastrophe.
Nous avons un verset dans notre Parashah qui semble contredire cela.
Parashah Reeh verset 16 chapitre 16.
C’est le verset qui institue la fête de pélerinage 3 fois par an à Pessa’h, Shavouot et Soukot. Ce sont les trois événements fondateurs d’Israël et donc il y a dans la commémoration de ces trois événements une Mitsvah particulière, indépendamment des Mitsvot concernant chacun de ces fêtes qui commémorent l’événement même de la sortie d’Egypte, l’événement de Matan Torah et l’événement de Soukot, les 40 ans du désert. Indépendament du Zékher propre à la fête elle-même, il y a une Mitsvah particulière reliée au fait qu’il s’agit là des événements fondateurs du peuple d’Israël comme nation et où l’on doit refaire l’unité du peuple dans une Mitsvah particulière qui s’appelle la Réiyah.
Parashah de Reeh verset 16 chapitre 16
שָׁלוֹשׁ פְּעָמִים בַּשָּׁנָה יֵרָאֶה כָל-זְכוּרְךָ אֶת-פְּנֵי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בַּמָּקוֹם אֲשֶׁר יִבְחָר–בְּחַג הַמַּצּוֹת וּבְחַג הַשָּׁבֻעוֹת, וּבְחַג הַסֻּכּוֹת; וְלֹא יֵרָאֶה אֶת-פְּנֵי יְהוָה, רֵיקָם
Shalosh pe’amim bashanah yera’eh khol-zkhourekha et-peney Adonay Eloheykha bamakom asher yivkhar be’hag haMatsot uve’hag haShavu’ot uve’hag haSoukot velo yera’eh et-peney Adonay reykam.
Trois fois dans l’année, sera vu ta gent mâle à la Face de Dieu votre Dieu dans l’endroit qu’il choisira : à la fête des Matzot, à fête de Shavuoth, et à la fête de Soukkoth. [Dans ces périodes] on ne verra pas – ne sera pas vu – la face de Hashem en vain.
שָׁלוֹשׁ פְּעָמִים בַּשָּׁנָה יֵרָאֶה
Shalosh pe’amim bashanah yera’eh
Trois fois dans l’année, sera vu
Dans cette Mitsvah il s’agit de se voir, on se rencontrait dans la cour du Temple, tous les chefs de familles, pour se voir face à face pendant Shéma Israël et se reconnaitre le visage. C’est un moment important de reconstruction perpétuelle de l’unité de la nation par la connaissance de visage à visage. Puisque le temps fait que les différentes familles, les différentes tribus se déploient, par conséquent, très rapidement les membres d’une même tribu ne se connaissent plus. A partir de la famille fondatrice, 3 ou 4 générations après les gens d’une même famille sont déjà des étrangers sauf dans des cas privilégiés. Ici c’est plus catastrophique, la plupart des familles juives ont été dispersées dans le monde entier suite aux événements de la Shoah… et toutes ces familles sont maintenant des ensembles d’individus dispersés.
Il y a là un thème important de la permance de l’unité d’Israël par la connaissance personnelle des chefs de famille : cela s’appelle la Réiyah : se voir. Il faudrait dire en français « entrevue ».
כָל-זְכוּרְךָ
Kol zekhourekha
Mot inexistant en français pour désigner la gent mâle.
Trois fois par an toute ta gent mâle réalisera cette Mitsvha Réiyah
אֶת-פְּנֵי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ
et-peney Adonay Eloheykha
‘et’ indique l’accusatif.
“year’eh et” ici il y a une difficulté de lecture.
Ton Zékhour c’est un singulier, sera vu « et penei ».
Il faut traduire verra la face de Hashem ton Dieu.
Sinon on traduirait par une approximation : « sera vu en relation avec la révélation de la Face de Hashem Eloheikha… » Ce serait difficile et contredirait le verset de Shémot.
בַּמָּקוֹם אֲשֶׁר יִבְחָר–בְּחַג הַמַּצּוֹת וּבְחַג הַשָּׁבֻעוֹת, וּבְחַג הַסֻּכּוֹת; וְלֹא יֵרָאֶה אֶת-פְּנֵי יְהוָה, רֵיקָם
bamakom asher yivkhar be’hag haMatsot uve’hag haShavu’ot ouve’hag haSoukot velo yera’eh et-peney Adonay reykam.
A l’endroit qu’il choisira à la fête des Matzot, à fête de Shavouoth, et à la fête de Soukot. [Dans ces périodes] on ne verra pas-on ne sera pas vu- la Face de Hashem en vain
La fin du verset révèle un thème pour lui-même très important qui se relie à l’interdiction : on n’invoque pas le nom de Dieu en vain. On ne prend pas rendez-vous pour rien.
Les grands Tsadikim ont peur de prier. Dieu sait ce qu’il fait. Prier c’est de la ’Houtspah (insolence). Ils ont la terreur de changer la volonté de Dieu. Talmud : Dieu prive de tout les Tsadikim pour les obliger à prier (sinon ils ne le feraient pas).
Dieu n’exauce que la prière des Tsadikim. Quand le Tsadik prie Dieu donne ce que le Tsadik demande mais pour tous les autres. Si le Tsadik ne prie pas, le monde entier est privé de tout. Il faut donc priver le Tsadik de tout pour qu’il prie et que les autre aient.
Lorsque l’on demande une prière au Tsadik il faut lui donner une Tsédaqah qui n’est pas le prix à payer pour la prière mais
On ne prie pas à tort et à travers.
Exemple du Talmud sur Rabi ’Haninah ben Dossa.
Il n’avait qu’une gousse d’ail pour se nourrir de vendredi soir en vendredi soir. Il cède à la plainte de sa femme et prie pour obtenir pour lui. Le lendemain dans sa chambre un pied de table en or.
Intrigué il préfère attendre le lendemain pour avoir une réponse en rêve. Il rêve du monde futur où il se voit avec une table à 3 pieds parmis des tables à 4 pieds… Il prie le lendemain pour que le pied remonte. Le Talmud dit que le 2ème miracle est plus fort que le 1er. Il a reçu dans ce monde-ci quelque chose auquel il a droit mais qui lui manquera dans le monde futur.
C’est pourquoi les Tsadikim ont du scrupule à demander à utiliser dans ce monde-ci ce à quoi ils ont droit dans le monde futur.
Cela signifie qu’il ne faut jamais faire de diagnostic. Si on se trouve apparement en présence d’un Tsadik qui souffre trop, peut-être est-ce parce qu’il s’agit d’un vrai Tsadik, pour l’obliger à prier…
Une image des ’Hassidim dit que lorsque le Tsadik prie pour la collectivité, il prend un parapluie.
Retour à notre verset :
Je rappelle la difficulté c’est dans le mot « yeraeh …et »
Il faut savoir que ce verset se trouve 2 fois ailleurs dans le livre de Shémot, et avec des différences.
Ici c’est « et peney Adonaï Elohekha »
Dans le verset de Devarim : Sera vu face à Hashem Elohekhah.
Dans le livre de Shémot Parshat Mishpatim au chapitre 23 verset 17
שָׁלֹשׁ פְּעָמִים, בַּשָּׁנָה–יֵרָאֶה, כָּל-זְכוּרְךָ, אֶל-פְּנֵי, הָאָדֹן יְהוָה
Shalosh pe’amim bashanah yera’eh kol-zekhourecha el-peney ha’Adon Adonay.
Trois fois dans l’année sera vu tous les mâles en direction de la face du Seigneur Dieu (HM)
Deux différences dans le 1er verset « et peney » et « Adonaï ».
C’est la seule Mitsvah où Hashem est appelé « HaAdon : le maitre ».
En réalité en hébreu Adon c’est le superlatif de Adam et cela a le sens de « engendreur ». Celui qui fait que des descendants, des Toladot existent. Il est le Adon HaToladot – c’est justement l’expression de la prière – le maitre des engendrements. Adon HaNeshamot, le maitre des âmes.
Adon c’est l’engendreur.
Dans la lecture kabaliste de l’hébreu, le mot de Ed signifie la force qui fait exister Adam (Ed + mem) et la désinence en « on » (vav – noun final) indique le superlatif : Adon : Dieu est le maitre des engendrements.
Cela indique pourquoi ce sont les mâles qui doivent se rassembler pour faire l’unité du visage de la nation d’Israël.
Vous avez une grande différence entre Israël comme nation et les autres nations.
Avant la Pélagah (dispersion) qui a suivi Babel, le principe qui définit une nation était très analogue et pratiquement le même pour toutes les nations, mais à partir de Babel les nations sont dénaturées. N’est resté qu’en Israël la trace de l’identité d’une nation.
Chez tous les peuples du monde on a eu finalement tendance à donner le nom du peuple au pays. Il y a là une dénaturation de l’identité humaine extrêmement grave. Le cas de la France qui est à l’origine le peuple des Francs. Il y a maintenant des français, c’est-à-dire qui sont membres d’une entité géopolitique – la France – et non plus membres du peuple des Francs.
Il y a donc un changement d’identité, non seulement dans la relation de l’individu au social mais pour l’individu lui-même, et c’est vrai pratiquement dans tous les peuples contemporain. La dégradation commence à Babel. Ils deviennent membres d’une entité impersonnel, c’est de l’idolâtrie absolue. Le fait de donner à un pays le nom du peuple fait apparaitre
Le cas particulier c’est Israël.
Israël reste le nom du peuple et le pays s’appelle Erets Israël – la terre d’Israë ; et Israël est le peuple. (Actuellement le pays s’appelle Médinat Israël car on n’a pas encore tout Erets Israël.)
D’autre part, La différence entre Israël comme nation et les autres nations.
Prenons le cas de la France : ce qui fait l’unité de la nation française c’est le fait de société. Au niveau du fait de communauté tous les français sont divisés.
Ce sont 2 termes très important du vocabulaire de la sociologie française.
On fait société autour d’un intérêt et on fait communauté autour d’un idéal.
La socitété française est le rassemblement des français autour de toutes les tâches de défense des intérêts des français. La communauté est autour d’un idéal. Les français sont divisés en ce qui concerne les idéaux mais ce qui les unis sont les intérêts nationaux.
En Israël on s’aperçoit que c’est exactement l’inverse.
En tant que société, les tribus d’Israël tendent à se diviser et se séparer. C’est en tant qu’idéal qu’Israël fait communauté. C’est pourquoi chaque fois que le principe d’unité n’est pas la Torah, l’unité disparait. Chaque fois que l’on cherche l’unité autour de l’intérêt de société, celle-ci disparait. A l’origine toutes les nations étaient de ce type. Il y avait des communautés et la communauté avait un roi qui gérait les intérêts de sa société et c’était la communauté qui primait la société. Tandis qu’aujourd’hui toutes les nations modernes sont des sociétés qui priment la communauté. Et d’ailleurs on sent bien que l’Ètat d’Israël rencontre un problème sur ce sujet.
Est-ce une société ? Cf. les problèmes du gouvernement actuel.
Est-ce une communauté ? A ce moment-là ce serait Malkhout Israël ce qui est une autre histoire.
On s’aperçoit que à travers notre propre histoire tous les individus d’Israël qui quittent la communauté disparaissent. Tous les schismes religieux qui se sont séparés de la Torah ont constitués des entités sociologiques différentes d’Israël. C’est le cas pour le chritianisme qui s’est fondé en religion qui s’est séparée de la Torah et c’est devenu autre chose que le Peuple Juif.
Cette Mitsvah de la Réiyah vient lutter contre ce risque qu’Israël puisse devenir 12 nations puisque chacun des tribus est une nation d’Israël en puissance. Elle risque de se séparer et d’être exclusive des autres et se constituer en un Israël autonome.
Aujourd’hui le phénomène des tribus a disparu mais il est remplacé par le phénomène des communautés, ce qui revient au même. Les 2 phénomènes possédent les mêmes racines géopolitiques. Il y a une différenciation autour de l’ethnie d’Israël, la nation d’Israël s’organisant en société, et pour lutter contre cette dispersion permanente alors les fêtes de pélerinage se raccrochent aux événements fondateurs de la nation pour produire l’unité de l’identité d’Israël.
Ce n’est pas du tout un pélerinage dans le sens religieux habituel, c’est la Réiyah. Il y a bien cette dimension de la montee à pied du mont du Temple, mais l’essentiel est de se reconnaitre. Il y a quelque chose de semblable qui est en train de se reproduire : toutes les synagogues sont des synagogues de communautés séparées par communautés, mais il y a un phénomène de synagogue de type Réyiah où tout le monde se voit. On continue de se diviser pour prier ensemble par communauté mais au moins on se voit ensemble de temps en temps.
J’ai eu le privilège d’assister au 1er rassemblement quand la vieille ville a été prise 1er Tishâ BéAv aprés 67 c’était extraordinaire de voir le peuple refaire quelque chose de l’ordre de la Réyiah.
Cela se passe au kotel chaque fois que vous y aller d’ailleurs.
***
Parshat Reeh verset 16 chapitre 16
שָׁלוֹשׁ פְּעָמִים בַּשָּׁנָה יֵרָאֶה כָל-זְכוּרְךָ אֶת-פְּנֵי יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, בַּמָּקוֹם אֲשֶׁר יִבְחָר–בְּחַג הַמַּצּוֹת וּבְחַג הַשָּׁבֻעוֹת, וּבְחַג הַסֻּכּוֹת; וְלֹא יֵרָאֶה אֶת-פְּנֵי יְהוָה, רֵיקָם
Shalosh pe’amim bashanah yera’eh khol-zkhourekha et-peney Adonay Eloheykha bamakom asher yivkhar be’hag haMatsot uve’hag haShavu’ot uve’hag haSoukot velo yera’eh et-peney Adonay reykam.
Shemot Parshat Mishpatim au chapitre 23 verset 17 :
שָׁלֹשׁ פְּעָמִים, בַּשָּׁנָה–יֵרָאֶה, כָּל-זְכוּרְךָ, אֶל-פְּנֵי, הָאָדֹן יְהוָה
Shalosh pe’amim bashanah yera’eh kol-zekhourekha el-peney ha’Adon Adonay.
Shemot Parshat Kitissa chapitre 34 verset 23:
שָׁלֹשׁ פְּעָמִים, בַּשָּׁנָה–יֵרָאֶה, כָּל-זְכוּרְךָ, אֶת-פְּנֵי הָאָדֹן יְהוָה, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל
Shalosh pe’amim bashanah yera’eh kol-zkhourekha et-peney ha’Adon Adonay Elohey Yisra’el.
Je vous indique la différence entre les 2 versets de Shemot :
אֶת-פְּנֵי הָאָדֹן יְהוָה, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל Et peney haAdon Hashem Elohey Yisra’el
אֶל-פְּנֵי, הָאָדֹן יְהוָה El peney haAdon Hashem
L’un est avant la faute du veau d’or et l’autre est après la faute du veau d’or.
Avant la faute, l’expression employée est אֶת-פְּנֵי et peney “face-à-face”.
Aprés la faute du veau d’or, c’est אֶל-פְּנֵי el peney “en direction de”, et il est précisé :
יְהוָה, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל Hashem Elohei Israël
J’ouvre une parenthèse pour vous indiquer à quoi il faut relier cela.
C’est l’interdiction qu’il y a de voir les Kohanim pendant la bénédiction Birkat Kohanim. La Halakhah du Shoulkhan Aroukh est très stricte. Vous avez remarqué dans les synagogues on ne regarde pas les Kohanim faire la Birkat Kohanim, et il dit : c’est parce que ceux qui regardent risquent d’être aveuglés.
Je vous explique pourquoi c’est cette forme qui est employée dans le Shoukhan Aroukh et bien évidement je vous citerais le cas d’une personne qui a fait l’expérience. On a beau regarder on ne perd pas ses yeux.
C’est l’histoire du grand leader sioniste Max Nordau pour qui le Rav Kook avait beaucoup de considération bien que marié à une Goyah et que cela ne plaisait pas au Rav Kook, mais Max Nordau a toujours refusé les honneurs qui serait dû au rang qu’il devait avoir parce qu’il n’était pas marié avec une juive. Sa femme Marxa Nordau raconte dans ses mémoires que son père lui avait expliqué qu’il ne fallait pas regarder les Kohanim durant la bénédiction pour ne pas devenir aveugle et que sous le Talet il avait regardé et que rien n’était arrivé. L’histoire raconte qu’il est mort aveugle. Je ne sais pas s’il y a un lien entre le deux mais c’est assez impressionnant…
Au temps du temple il y avait une lumière qui passait entre les main des Kohanim et qui était très dangeureuse à regarder. Et effectivement, c’est une lumière très forte : Or haratayir. La lumière qui sortait du Qodesh HaQodashim au moment de la Birkat hakohanim et qui sortait entre les doigts des kohanim .
La signification c’est que cet aveuglement c’est le risque de croire que c’est le Kohen qui bénit.
Le Kohen demande la bénédiction de Dieu. Voir le Kohen pendant Birkat Hakohanim, c’est risquer de croire que c’est le Kohen qui bénit : c’est ce qui est interdit.
De la même manière quand on demande à un Rav ou à un Tsadik une brakhah c’est interdit de le regarder.
Effectivement, il y avait au temps du Temple, une lumière qui passait au moment de Birkat Hakohanim. Nous n’en n’avons plus maintenant qu’un souvenir Cette lumière reviendra lorsque la Shékhinah sera dévoilée sur le mot du Temple.
Shemot Parshat Mishpatim au chapitre 23 verset 17
שָׁלֹשׁ פְּעָמִים, בַּשָּׁנָה–יֵרָאֶה, כָּל-זְכוּרְךָ, אֶל-פְּנֵי, הָאָדֹן יְהוָה
Shalosh pe’amim bashanah yera’eh kol-zekhourekha el-peney ha’Adon Adonay.
Shemot Parshat Kitissa chapitre 34 verset 23
שָׁלֹשׁ פְּעָמִים, בַּשָּׁנָה–יֵרָאֶה, כָּל-זְכוּרְךָ, אֶת-פְּנֵי הָאָדֹן יְהוָה, אֱלֹהֵי יִשְׂרָאֵל
Shalosh pe’amim bashanah yera’eh kol-zkhourekha et-peney ha’Adon Adonay Elohey Yisra’el.
Pour le temps restant nous allons lire la Guemara…
…/…
Reeh 1995 – Suite & fin.
Commentaire Re’he (1995) 2ème. partie (qualité sonore bonne).
Reeh 1995
…/…
Mishna:
Hakol ‘hayavim baréyiah.
Tous sont soumis à l’obligation de cette Mitsvah de la Réyiah.
Difficulté : Par rapport au verset c’est contradictoire. Le verset dit: Shalosh pe’amim bashanah yera’eh kol-zekhourekha. Et la Mishnah dit hakol ? Quelle est la différence ?
La Mishnah dit « toutes les catégories de personnes », alors que le verset a dit « tous les mâles », les engendreurs, les Zékharim, ceux qui sont dépositaires du Zékher. Et l’identité de ce Zékher qui fait l’identité d’Israël ici est ressourcée à l’événement fondateur des fêtes de pélerinage.
Alors il y a une contradiction absolue apparemment entre la Mishnah et le verset !
Nous avons un grand principe de l’étude talmudique :
« On apprend pas, ne déduit pas, pour la législation sur la Halakhah, des généralités Klalot même dans une Mishnah où il y a sauf ».
Sauf toutes un série de personne, toute une catégorie de personne non soumises au principe de cette obligation.
Ce principe signifie ceci : quand nous rencontrons dans une Mishnah le terme Hakol – tout le monde- il faut comprendre la majeure partie. Roubo Kékoulo. C’est une grande règle du Talmud que « la majorité équivaut à la totalité ».
Par exemple, si on dit que le deuil va durer 12 mois, le 1er jour du 12ème mois c’est déjà le 12ème mois ; et par conséquent, on arrête le deuil le 1er jour du 12ème mois.
Dans une autre communauté on décide que c’est le 1er jour du 11ème mois car sinon un deuil complet considère le défunt comme n’ayant pas assez de mérite pour passer le purgatoire. On a tendance a raccourcir le deuil le plus possible. On commémore des sorties de deuil et non pas des entrées de deuil. L’entrée de deuil c’est la nature mais la Torah nous fait sortir du deuil. Beaucoup de gens croient que la religion et le deuil cela va ensemble. Beaucoup croient que pour faire religieux il faut faire l’endeuillé. C’est tout le contraire.
Hakol cela veut dire qu’on est averti à l’avance que si on a un cas douteux de telle ou telle catégorie de personnes, est-ce qu’il y a un doute qu’elle soit soumise à cette Mitsvah de Réyiah et bien on aura tendance à introduire à la Mitsvah puisqu’il y a Hakol.
Cela ne résoud pas entre difficulté du verset qui dit Zekhourkha !
Rashi : Zekhourkha= zekhour shé bakh : « le zekhour qui est en toi ».
Un commentateur se demande « Zekhour she lakh » quelle est la différence ?
Tous, c’est à dire la majeur partie, et dans les cas litigieux il vaut mieux les inclure que les exclure de la Mistvah, sont soumis à l’obligation de la Mitsvah de la Réyiah. Tous, sauf les catégories de personnes qui ne sont pas soumises à l’obligation des Mitsvot. Shour shoté, qatan, toutoum indifférencié sexuellement, ni mâle ni femelle, androgynos les deux sexes, les femmes (car le verset dit les hommes), les esclaves non encore libérés car celui qui a déjà un Adon ne peut pas se présenter devant HaAdon et n’est donc pas dans le principe de la Mitsvah, le bancal car il s’agit d’y aller à pied, l’aveugle car il s’agit de voir et d’être vu, le malade car il ne peut pas réaliser la Mitsvah tout simplement, le Zaqen celui qui est trop vieux pour la même raison et celui qui ne peut pas y aller à pied.
Ensuite la Mishnah va donner des détails sur ces catégories de personnes.
Tout se passe comme si cette série de personnes équivaut à la différence entre les Zkharim et Hakol.
La Mishnah dit tout le monde, sauf ceux qui ne sont pas Zkharim !
La Mishnah aurait du dire « tout ceux qui » et énumérer les catégorie de personnes qui ne sont pas soumises aux Mitsvot.
Mais la Mishnah dit « tous sont soumis à l’obligation sauf les catégories qui ne sont pas soumises à l’obligation ».
C’est un raisonnement talmudique type.
Le verset semblerait exclure à priori de l’obligation de la Réyiah toute une catégorie de personnes d’Israël. La Mishnah les intégre, et à postériori les rend quitte de l’obligation car ils ne sont pas dans les conditions naturelles de la réalisation de cette Mitsvah.
C’est très différent.
De deux choses l’une, ou bien par nature je ne fais pas partie du Klal de la Mitsvah, ou bien par nature je fais partie du Klal à priori, mais à postéirori il est arrivé ce qui est arrivé qui fait que je ne peux pas. C’est très différent.
Quelle est l’importance de cette Mitsvah ? et qui est Israël devant Dieu dans la fête de pélerinage qui rappelle la constitution de la nation d’Israël ? Quelles sont les personnes qui sont Israël dans cette Mitsvah ?
La Mishnah veut nous dire qu’en réalité tous, d’après la Torah elle-même sont dans ce cas. Mais voilà que l’histoire des créatures fait qu’il y a des catégories de personnes qui ne sont pas compatibles avec les régles de la Mitsvah. Cela ne veut pas dire qu’elles sont disqualifiées, nous verrons même que c’est le contraire. Cela veut dire qu’elles font partie de cette définition, mais à postériori elles en sont quittes.
Quelle est la différence ?
La différence c’est que si je suis soumis à une obligation et que j’ai un empêchement de la réaliser, alors j’ai le mérite maximum en ne la réalisant pas. Car l’empêchement de la réaliser ne dépend pas de moi. Si je veux faire la Mitsvah mais je ne peux pas, j’ai le mérite maximum. Tandis que celui qui veut et peut il n’a que le mérite de ce qu’il peut. Celui qui ne peut pas a considérablement plus de mérite que celui qui peut.
Cela inverse complétement toutes les mentalités concernant la place des différentes catégories de personnes dans les Mitsvot.
Enseignement ’Hassidique :
Un rav ‘Hassid avait l’habitude avant d’enseigner de prendre le bain rituel.
Un jour, malade, il lui est impossible de prendre la Tévilah qui lui est top dangeureuse. Il commence son enseignement avec une joie énorme. Les élèves ne comprennent pas. Il explique que du fait de son incapacité à accomplir la Mitsvah il en a le mérite maximum, celui du verset. Il est alors crédité de l’action et des Kavanot parfaites…
Il y a souvent des culpabilités inutiles. Si il y a vraiment empêchement, le remord est inutile et vient encombrer inutilement la conscience. Il faut en prendre acte en toute bonne foi. En cas de force majeur on est rendu quitte et on est crédité de la Mitsvah sans la faire. Il faut donc déculpabiliser la conscience, surtout chez les enfants.
Je vous signale, sans entrer dans le détail des versets, qu’il y a une scène au moment de la sortie d’Egypte où il semble y avoir cette même controverse : lorsque le Pharaon va donner à Israël la permission à Israël de quitter l’Egypte : que les hommes s’en aillent et laisser les femmes et le vieillards… Moïse refuse…et veut tout le monde …etc.
Le Pharaon semble parler comme l’a dit la Torah : les Zkharim. La Mishnah parle comme Moïse : tout le monde !
C’est un des mystères de l’étude du Talmud : on sait expliquer comment chaque cas qui est exclu est exclu. Il y a toute une étude bien claire à partir du verset .. tout ce qu’il y a après « ‘Houts » « sauf ». Mais on ne sait pas pourquoi la Mishnah dit Hakol ‘Hayavim les inclus.
Quel est le verset qui va nous permettre de les inclure (dans Israël) pour les exonérer ensuite à posteriori de telle ou telle Mitsvah ?
Ce n’est pas la question de savoir s’ils sont d’Israël. C’est même l’inverse car ils sont dans ce privilège d’être Israël sans risque.
Ce qu’il faut comprendre c’est le sens hébreu du mot hébreu. Par définiton tout Israël fait partie de ce Zékhour.
C’est pourquoi Rashi va dire « hazkhour shé bakh » et non « ha zkhrour shé lakh ».
Et puis est arrivé ce qui est arrivé dans les mystères qui précédent la naissance, cela se distribue dans d’autres catégories de Néfashot. Mais dans le principe tout le monde est dans le Zekher.
Vous voyez pourquoi c’est important parce que ce thème de Réyiah est employée à la convocation du Sinaï : à la convocation du Sinaï tous sont présents et non seule l’élite qu’on appellerait les chefs de familles. En réalité chaque personne est une personne qui fait partie de cette identité. La distribution des taches des mérites fait que c’est compliqué et qu’il y a toute cette série de péripéties… mais cela ne veut pas dire que dans le principe ils ne sont pas dans le cadre de la Misvah.
Guemara :
Pour inclure quoi qui ?
Lorsque la Mishnah dit Hakol c’est pour inclure quelle catégorie ?
Réponse :
C’est pour inclure un cas litigieux, un cas dubitatif.
Un esclave qui avait deux maitres.
2 associés ont un esclave, l’un d’eux vient à mourir, et il y a toute une discussion entre Beit Hillel et Beit Shamaï pour savoir que faire de l’esclave ?
Beit Hillel propose : un jour il travail pour le maitre et un jour il est libre
Beit Shamay : on le libère de force et on écrit une dette pour le maitre resté vivant car à moitié libre à moitié esclave c’est impossible. A moitié-libre il devrait se marier et à moitié-esclave il ne peut pas. Il est libéré de force et on lui fait un contrat de sa dette.
C’est un cas litigieux : est-ce qu’un tel esclave peut être passible de la Réiyah ?
La Mishnah dit Hakol tout le monde pour inclure ce cas limite qui normalement devrait être exclu.
On verra par la suite ici que Beit Hillel a une vision sur la société qui est très différente de celle de Beit Shamaï. C’est la Halakhah de Beit Shamaï qui a prévalu. On le libère tout de même pour lui écrire une dette.
Le principe de la Torah va dans le sens de la libération de tous les cas litigieux du côté de l’asservissement social. La Guémara va dire à Beit Hillel : votre loi favorise le maitre et ne favorise pas l’esclave. Or la Torah, c’est la Torah de la libération des esclaves.
Par conséquent, on a une 1ère hypothèse.
Hakol est pour inclure cette 1ère catégorie de l’esclave.
« Et pour l’enseignement de Rabi qui avait enseigné : celui qui est a moitié esclave et à moitié libre est quitte de la Réyiah.
Rabi a une autre opinion : Ce Hakol va inclure qui ?
C’est pour inclure celui qui était bancal le 1er jour de fête et son pied s’est détendu le 2ème jour de fëte. Si on n’a pas fait le pélerinage le 1er jour on le peut encore pendant les 7 jours.
Cela est donc pour inclure celui qui le jour même ne pouvait pas mais qui le lendemain est guéri.
« Et cela va très bien pour celui qui enseigne que tous les jours de la fëte se complétent l’un l’autre. »
« Et pour celui qui pense que le 1er jour c’est le jour de la fête, tous les jours ne complétent que le 1er. Et si le 1e n’est pas dans le cas, les autres jours ne peuvent rien pour lui.
Dans ce cas-ci, pourquoi Hakol ?
C’est pour inclure l’aveugle d’un salaire !
D’abord on pourrait dire le borgne mais cas litigieux car la Mishnah exclut les aveugles.
Alors c’est pour inclure celui qui n’est aveugle que d’un oeil.
On voit que ce sont des cas limites : esclave-libre – bancal qui guérit – aveugle d’un seul oeil…
A ce moment-là on n’enseignerait pas comme ce tana Rabbi Yohanane qui a enseigné : « un aveugle d’un seul oeil est quitte de la Mitsvah car il est écrit « yereah / el yereah » – il faut lire yir et il regardera et non seulement il sera vu à la face de Dieu. Et donc c’est comme il vient voir il est vu.
De même que pour voir il faut les deux yeux, de même pour être vu il faut les deux yeux.
Je récapitule:
1ère hypothèse l’esclave moitié-esclave, moitié-libre.
2ème hypothèse bancal le 1er jour qui guérit le 2nd jour.
3ème hypothèse aveugle d’un seul oeil…
Et cela ne marche pas pour ce Tana qui enseigne au nom de rabbi Yehoudah que celui-là ne peut pas être soumis à la Réyiah car il faut être vu dans l’état où l’on voit.
Nous sommes renvoyé à la lecture : « yereah el / yereah et »
La Guémara continue :
Et si tu veux je dirais :
« Dans tous les cas pour tout le monde c’était la 1ère hypothèse.
Et cette objection que tu avais avec Rabina ce n’était pas une objection. Car dans le 1er cas il s’agissait d’une 1ère formulation de la Mishnah et dans le 2ème cas une 2nde formulation de la Mishnah. Parce qu’on enseigne : celui qui est moitié-esclave, moitié-libre travaille pour son maitre survivant un jour et pour lui-même un jour, c’est l’enseignement de Beit Hillel.
Cela arrange le statut de son maitre mais lui-même n’en est pas arrangé.
Se marier avec une servante lui est impossible, épouse une juive il ne peut pas il est esclave, il va disparaitre. Or le monde n’a été créé que pour avoir des enfants. Puisqu’il y a un verset : « Dieu n’a pas créé la terre vide il l’a formé pour être habité ». Mais pour la mise au point du Tikoun HaOlam on oblige son maitre, on le rend libre et on lui fait un contrat sur la moitié de la somme qu’il devait à ses maitres et Beit Hillel a fini par enseigner comme Beit Shamaï.
Donc il en résulte que on devra comprendre Hakol Ha’hayavim dans le sens de la 1ère hypothèse de celui qui est à moitié-esclave et moitié-libre. Alors pourquoi ces raisonnements ?
Pourquoi la Guémara va-t’elle nous donner tout ce dédale de raisonnements ?
Normalement à la Yeshivah on arrête là : on a établit qu’effectivement il y avait une 1ère époque de la Mishnah où il y avait encore cette discussion entre Beit Hillel et Beit Shamaï et par conséquent, pour rendre compte du « Hakol » il falllait d’autres hypothèses, que moitié-esclave, moitié-libre, que celle retenue finalement essentiellement c’est-à-dire moitié-esclave et moitié-libre, mais que en fin de compte la Halakhah est comme Beith Shamaï.
Par conséquent tout cela a été inutile ?
C’est là que la véritable étude de la Guémara commence : qu’est-ce que cela veut nous enseigner ?
Décryptage :
Très rapidement, je vais vous décrypter tout ça et cela servira d’indication de ce qu’est l’étude de la Guémara avec des maitres de la Torah et pas seulement avec des livres. Ce que j’ai appris je l’ai appris de mon maitre et non dans des livres. C’est à dire qu’est-ce qui est en discussion ?
Ce qui est en discussion c’est effectivement l’identité d’Israël pour la Mitsvah la plus importante de la Torah : le rassemblement de l’identité d’Israël au Sinaï.
Et c’est ce rassemblement qui est revécu, 3 fois par an à la fête de pélerinage au moment de la Mitsvah de Réyiah. Israël refait son unité perpétuellement.
On peut tirer une leçon de cela pour la vie dans la famille, dans la ville, dans la société : si on ne se connait pas de visage à visage cela devient impersonnel, indifférencié, anonyme, on est des numéros de cartes d’identité. On n’est plus un peuple, ni une famille.
Ce qui est resté dans le rite ashkénazi : on se regarde le visage et on dit « Shéma Israël » par 3 fois,
Je crois qu’il nous faut adopter ce rite-là : C’est la reconstitution de la vocation d’unité par la reconnaissance. Il y a quelque chose de cette ordre au Kotel : on se voit entre juifs.
Nous avons ces expressions-là des cas limites : est-ce que cela fait partie ou non de la Mitsvah ?
Et ici il s’agit de la Mitsvah de la définition de l’identité d’Israël !
On retrouve très souvent dans la Guémara toute ces catégories des cas limites ambigüs.
Plus loin dans la Mishnah :
Celui qui est sourd n’est pas dans le cadre de cette mitsvah.
Et s’il est sourd d’une oreille seulement ?
Laquelle ? droite ou gauche ?
Les gens qui étudient cela peuvent se demander de quoi s’occupe finalement le Talmud ?
En réalité c’est important. Il y a toute la dialectique de sauver les pères dans la Guémara.
Est-ce un sourd de naissance qui est muet ou est-ce un sourd non-muet de naissance qui l’est devenu car dans ce cas il est capable, a été capable, de connaissance mais il l’a perdu.
Il y a deux choses : recevoir et donner la connaissance. Si on est capable de recevoir mais pas de la donner on est pas dans le cas d’avoir à accéder à la connaissance. Si on n’est capable que de donner et pas de recevoir… Si on entend que d’une oreille : si on n’entend la Torah que du côté gauche ou que du côté droit, ce n’est pas la Torah.
Tout cela est très important à savoir. Est-il sourd d’un seul côté, lequel ?
S’il entend que de gauche ou que de droite, ce n’est pas la Torah qu’il entend.
Puis les gens qui parlent et parlent mais n’écoutent pas. Et puis tous ces gens qui écoutent mais ne parlent pas… Alors ce n’est pas la connaissance.
Toutes ces questions que se pose la Guémara sont très fines : « qui est dans le cas de ? »
On a dans l’histoire des patriarches une illustration de ces profils :
Moitié-esclave, moitié-libre c’est ainsi qu’Abraham parle de lui au moment de l’achat de la caverne de Ma’hpelah, il y a une expression trés importante d’Abraham qui dit [Gn. 23:4] :
גֵּר-וְתוֹשָׁב אָנֹכִי, עִמָּכֶם
« guer vetoshav anokhi imakhem »
Je suis étranger-séjournant parmi vous.
Il faudrait 2 heures pour vous parler de cela.
C‘est l’identité d’Israël dans le monde : à la fois étranger et séjournant. A la fois libre et aliéné : moitié-esclave et moitié-libre.
Nous avons été dans notre histoire à la fois exilé et chez nous.
Il y a un sentiment existentiel d’Abraham qu’il est dans le monde « גֵּר-וְתוֹשָׁב guer vetoshav ». Chez lui sans être chez lui.
Beaucoup de poète goyim ont pressenti cela. C’est le sentiment existentiel du juif. Chez soi et pas chez soi. D’ailleurs , et pourtant d’ici. C’est un sentiment existentiel absolu pour l’hébreu. Abraham le dit de lui.
Est-on dans le cas de se présenter devant le maitre, on est asservi. Non on est dans le cas à moitié-asservi à moitié-libéré. Est-ce que cela nous permet d’être dans la Mitsvah ou en dehors de la Mitsvah ?
Explication :
Si effectivement, c’est en tant que fils d’Abraham que l’on a une situation qui nous empêche d’être totalement libre, alors bien qu’aliéné, on est dans ce cas d’être fils d’Abraham.
J’ai trouvé dans Judah Halévi, l’expression à lui qui éclaire bien ce sentiment existentiel d’Abraham se déclarant « גֵּר-וְתוֹשָׁב guer vetoshav »
Enseignement ‘hassidique :
Dieu dit à Israël : « vous êtres des étrangers séjournant avec Moi »
« Si vous vous considérez comme chez vous, Je suis étranger, si vous vous considérez comme étrangers, Je Suis chez Moi. »
Quand on s’est cru chez nous chez les autres, on ne s’est pas rendu compte que la punition c’est qu’on nous dit qu’on est chez les autres quand on est chez nous !
Les Juifs en France qui se disent français quand il viennent en Israël on leur dit qu’ils sont chez les Arabes. Punition : midah kenegued midah ! Je l’ai dit une fois au grand rabbin de France qui l’a compris d’ailleurs.
Il y a dans l’histoire d’Israël quelque chose qui est inexplicable autrement : Judah Halévi dit ceci dans un poéme de Roshashanah :
« comme un étranger séjournant, je suis sur la face de la terre, et pourtant je sais que mon héritage sera en elle, dans la tombe » On est simultanément d’ailleurs et d’ici, libres et asservis. Peut-on dans ces conditions être Israël ?
En d’autres termes :
Dans notre âme on est d’ailleurs, dans notre corps on est asservi, alors il y a une libération permanente à faire. Est-ce qu’on peut être appelé à la Réyiah ?
La Guémara répond oui :
Car il s’agit d’un cas ambigü pour lequel on peut séparer le positif et le négatif.
En tant que fils d’Abraham, on est en situation d’empêchement d’être Israël de la Torah.
Et puis, nous avons dans l’histoire de Jacob la lutte avec l’ange qui l’a blessé et rendu bancal.
Si en tant que fils de Jacob tu es empêché alors tu es quand même fils d’Israël.
3ème cas : Isaac, à la fin de sa vie, ne voit plus rien du tout et ne sait pas qui est Jacob et qui est Esaü.
Le raisonnement est le suivant :
Tout le monde en tant que fils d’Abraham.
Si ce n’est pas le cas : en tant que fils de Jacob.
Et puis si ce n’est pas le cas : en tant que fils d’Isaac.
Et dans tous les cas en tant que fils d’Abraham parce que tous sont fils d’Abraham !
Voilà le décryptage du raisonnement et c’est ce qu’il faut suivre dans la signification de la Mitsvah.
C’est ce qu’on appelle la
qui commence à définir de quoi on parle en parlant de cette Mitsvah.
Tout le Talmud est ainsi, une simplicité dont on ne comprend rien. Il faut l’étudier en hébreu et avec des maitres.
Fin
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