Reeh – série 1993

Le cours

Face A

Face B

Texte

La Paracha commence au verset 26 du chapitre 11.  

Nous allons reprendre 1 ou 2 passages de la Parashah précédente, en particulier là où la Torah insiste sur le fait qu’il n’y a pas de lien entre l’entrée dans le pays pour le peuple d’Israël, tel qu’il se constitue pendant ces 40 ans du désert à la sortie d’Egypte, et d’autre part un mérite qui serait nécessaire au peuple d’Israël pour posséder le pays.

Cette question doit être remise en évidence parce que notre Paracha va commencer par un enseignement qui, apparement, dit le contraire : c’est-à-dire que la bénédiction ou la malédiction sera donnée à Israël en fonction de la condition expresse d’appliquer les Mitsvot, et si les Mitsvot ne sont pas appliquées il y aurait malédiction.

Le Rav Moskovitch auteur de « Guélilei Zahav » pose la question de cette manière (c’est la question de la majorité des commentateurs mais je choisis sa propre formulation) : il semble y avoir un contraste, une contradiction, entre l’enseignement donné en fin de Parasha précédente selon lequel le lien entre Israël et le pays d’Israël est inconditionnel, parce que l’argument que reprend de manière très précise la Torah, surtout dans les chapitres qui précédent depuis le début du livre de Dévarim, c’est qu’il y a une promesse aux Patriarches à accomplir. Et c’est une promesse qui est un serment – Shvouah – C’est ce terme de Shvouah qui est employé par la Torah lorsque la Torah veut parler de la promesse faite aux Patriarches.

Cela ne veut pas dire que ce serment, cette promesse, soit arbitraire. Que simplement Dieu a choisi ce peuple-là pour cette terre-là, il y a des raisons pour cela. Ce n’est que lorsque le minimum de raisons suffisantes a joué que cette promesse est scellée par un serment.

En tant que nous sommes descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, plus particulièrement d’Isaac, cette terre est la terre d’Israël.

J’ouvre une parenthèse parmi les nombreuses :

C’est ce qui concerne, en bref résumé, la fin de la Parashah Vaét’hanane. Alors que dans Parashat Reeh se trouve l’alternative apparente :

ð  la bénédiction dans la mesure où vous appliquer la Torah

ð  la malédiction si vous n’appliquez pas la Torah.

Vous verrez qu’il y a deux termes différents employé par le texte :

Dans le cas positif de la bénédiction c’est : « dans la mesure où »

tandis que dans le cas de la non-observance c’est « si… ».

L’automaticité n’est plus apparente.

La réalisation de l’entrée dans le pays d’Israël à partir de la sortie d’Egypte est inconditionnelle par rapport à la clause du mérite. Je dis bien par rapport à la clause du mérite. C’est un problème contemporain.

Dans tous les cas, je vais rappeller, en introduction, un enseignement extêmement important : l’histoire d’Israël est l’histoire d’un peuple qui peut être comprise comme l’histoire d’un long exil, entrecoupée de temps de regroupement national sur la terre d’Israël. C’est une manière de lire l’histoire juive : celle des historiens de tendance diasporique, galoutique. (Douvnov, même Graetz)

Il y a aussi toute une école d’historiens du judaïsme qui ont préféré la ligne de lecture de l’histoire juive en tant que l’histoire juive est héritière et continuatrice de l’histoire des hébreux, comme l’histoire d’une dispersion dont le postulat est que l’identité conaturelle à ce peuple, c’est la dispersion et puis c’est entrecoupé de périodes d’occupation nationale sur la terre d’Israël qu’il y aurait à expliquer.

Il faut se souvenir de sa propre expérience de juif de diaspora, qui est une expérience non-achevée. Il y a une sorte de postulat que cela a été imposé par l’antisémitisme de la théologie chrétienne d’ailleurs ; c’est qu’il y a une somme d’évidences que l’histoire du peuple juif est l’histoire d’un exil, d’une dispersion. Par conséquent, l’exception c’est les regroupements de l’identité nationale.

C’est d’autant plus important à étudier ce problème que c’est un problème contemporain.

Il y a encore toute une école de penseurs juifs contemporains pour qui l’identité juive est universaliste et universelle. En réalité, l’apparition de l’état d’Israël dévoile que dans beaucoup de  cas cet universalisme est en réalité du cosmopolitisme et pas de l’universalisme vraiment. Cela reste idéalement de l’universalisme mais en réalité, c’est du cosmopolitisme, puisqu’on est inséré dans une nationalité qui n’est pas la nationalité juive, ni la nationalité hébraïque, suivant les différentes dispersions, tout en se réclamant d’une identité spécifique à l’indice peuple juif, nation juive.

Il y a donc un problème en soi, c’est l’accusation de cosmopolitisme qu’on a adressé au peuple juif. Pendant très longtemps il y a eu une évidence de calomnie dans cette accusation. L’idéal universaliste du peuple juif a toujours été d’une sincérité éperdue. En particulier, je vous signale que c’est une accusation politique grave dans le monde soviétique et marxiste. D’ailleurs, la doctrine marxiste concernant le peuple juif était très gêné par l’existence du peuple d’Israël qui est un démenti à l’identité cosmopolite du peuple juif. Et c’est pourquoi, après cet événement dont les historiens de l’avenir auront des difficultés à rendre compte et à expliquer que c’est la Russie soviétique la 1ère qui a reconnu l’indépendance de l’Etat d’Israël et qui, par son accélation a obligé l’Amérique à la reconnaitre … les autres puissances ayant suivi, l’argument employé pour expliquer cela c’était de dire que les soviétiques voulaient ainsi s’opposer à l’impérialisme anglo-saxon, surtout anglais, dans le cas de la « Palestine » mais ce n’est pas tellement en faveur des Juifs que pour la haine des impérialistes. Et les Russes ne croyaient pas que le vôte de l’O.N.U. serait favorable à Israël. Alors ils ont été pris au piège. Mais assez rapidement, ils ont faits volte-face, avec un seul souci, celui d’agir pour que l’état d’Israël disparaisse. C’était dans l’apparence de l’anti-sionisme mais en réalité l’existence d’Israël gênait la doctrine marxiste concernant le peuple juif selon laquelle tout peuple avait une nationalité sauf ce peuple-là : c’était un peuple qui avait déjà les attributs d’une nation. Léon Trotsky définissait le peuple juif comme un peuple « classe ». Un peuple artificiel conditionné en peuple-classe par l’écononie du capitalisme occidental. Cela le génait considérablement. Quoiqu’il en soit cette accusation de cosmopolitisme contre le peuple juif par les marxistes a été très grave. Cf. le procès des blouses blanches, surtout le procès Slanski.

Je referme la parenthèse sur cette histroire de l’ère soviétique qui appartient maintenant à l’ère préhistorique, mais il n’en reste pas moins que dans beaucoup de milieux, l’existence de la nation d‘Israël devenue l’état d’Israël, dévoile qu’il y avait une ambiguité dans l’idéal universaliste juif : ne s’agissait-il pas de cosmopolitisme ?

Ce fut le cas de Nahoum Goldmann qui est l’exemple même du leader juif cosmopolite, citoyen israélien et président de l’agence juive, il était citoyen suisse, il était américain. Il représentait cette identité juive qui englobait l’identité d’Israël dans le cosmos juif.

***

Retour au sujet :

Le retour des hébreux au pays des hébreux à la sortie d’Egypte, est inconditionnelle par rapport au problème de l’alternative mérite ou démérite par rapport à la Torah.

C’était la promesse faite aux Patriarches qui est l’argument essentiel que la Torah emploie pour parler de la raison pour laquelle il y a une mise à part du peuple d’Israël concernant la terre d’Israël.

Et que c’est inconditionnelle : il s’agit d’accomplir la promesse faite aux Patriarches quelque soit le problème du mérite ou du démérite des descendants.

J’ai dit l’importance contemporaine de ce sujet étant donné que dans beaucoup de milieux on se réfère – sous forme d’alibi à mon sens – à cette clause du mérite-démérite pour perpétuer la vie de diaspora. Avec le postulat : « on ne mérite pas suffisamment encore… »

C’est la promesse aux Patriarches mais en particulier le mérite d’Isaac.

A venir une conférence particulière sur Isaac et le droit du peuple d’Israël à Erets Israël. C’est une des trois patriarches qui est souvent sacrifié dans les études : on y parle beaucoup de Abraham et de Jacob mais tellement d’Isaac.

Dans la vie d’Abraham, on voit une double identité. Abraham nait de l’exil et vient en Erets Israël

Dans la vie de Jacob on voit aussi une double identité. Jacob nait en Erets Israël et achève son existence en exil en Egypte. Issac est le seul patriarche qui n’a jamais quitté  Israël, et c’est sur ce fait que s’accroche le droit à Erets Israël pour l’accomplissement de la promesse aux Patriarches, c‘est en tant que fils d’Isaac.

L’enseignement principal de cet argumeent qui est enseigné dans la Hagadah de Pessa’h, c’est que normalement l’exil d’Egypte aurait du durer 400 ans à partir du moment où a commencé la descente de Jacob et de sa famille en Egypte, d’après le verset qui est dit à Abraham, à savoir :

15:13

וַיֹּאמֶר לְאַבְרָם, יָדֹעַ תֵּדַע כִּי-גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם, וַעֲבָדוּם, וְעִנּוּ אֹתָם–אַרְבַּע מֵאוֹת, שָׁנָה

Vayomer le-Avram :

 yadoa teda ki-ger yihyeh zar’acha be’erets lo lahem va’avadum ve’inu otam arba me’ot shanah.

« savoir tu sauras que ta descendance sera dans un pays qui n’est pas le leur, et ils seront esclaves et oppressés 400 ans ».

Mais depuis la descente de Jacob et de sa famille en Egypte jusqu’à la sortie d’Egypte il n’y a que 210 ans. La tradition enseigne que le début de ces 400 ans est compté à la naissance d’Isaac. Il y a 190 ans depuis la naissance d’Isaac à la descente de Jacob en Egypte. 

C’est ce que dit la Hagadah : par le mérite du peuple, l’exil d’Egypte n’aurait pas pu prendre fin.

Qets est la fin de l’exil. Qets hayamim la fin des jours d’exil.

Il n’y a pas suffisamment de mérite pour que l’exil prenne fin, du point de vue du mérite du peuple.

Ce qui a joué c’est la promesse aux Patriarches.

Le Midrash qui enseigne cela est très pessimiste sur les chances de survie dans l’exil.

S’il n’y avait pas une protection particulière, une Hashga’hah particulière, qui attache la Shékhinah en exil pour protéger le peuple d’Israël (c’est aussi un sujet pour lui-même : il faut bien entendre ce qu’on dit : que signifie un monde où la Shékhinah est en exil ? Un monde où il y a une éclipse de la Présence dévoilée de la Shékhinah qui est en exil ? )

Qets a pour valeur numérique 190 :

HaQadosh Baroukh Hou a compté la fin en désignant le commencement 190 ans avant, parce que, dit le Midrash, l’assimililation était telle que vis-à-vis des 50 portes de l’impureté, ils étaient arrivés jusqu’à la 49ème porte et s’ils atteignaient la 50ème , la délivrance était impossible.

En fait, il y a 2 raisons qui ont joué pour que Dieu accélère les événements de la sortie d’Egypte :

Le mérite d’Isaac car il n’a jamais quitté Erets Israël. Il a un lien particulier avec le pays. Il y a la manière d’Abraham d’exister en exil et il s’appelle Abram, il est araméen. Et il y a la manière Abraham d’exister en Erets Israël et il se sépare de Lot (Sodome et Gomorre). Et puis, il y a la manière de Jacob d’exister en exil, la manière de Jacob d’exister en Israël, c’est quand il s’appelle Israël. Isaac reste Isaac. Il a une particularité par rapports aux deux autres patriarches : c’est le seul qui n’a jamais changé de nom. En réalité, c’est un enseignement du Maharal très ample et très important : Isaac est le seul Patriarche qui a un seul nom, une seule femme, une seule terre…

Bein Adam la’havero => une seule femme

Bein Adam lamaqom => un seul Dieu

Bein Adam leatsmo => un seul nom

Donc Isaac est vraiment le patriarche pivot. Il est vraiment le paradigme, le modèle (déguem en hébreu qui vient du grec dougma et qui a donné « dogme » en français), le modèle exemplaire de l’histoire de l’homme. Il est le fils du père et le père du fils, fils d’Abraham et père de Jacob et lui est Isaac. En psychologie élémentaire : il est le fils d’untel ou bien le père d’untel… mais celui dont on  a parlé qui est-il ? On verra (dans la conférence à venir) qu’il est le pivot.

Il faut donc remettre en évidence cet enseignement qui est très abondant et très précis dans la Parashah précédente qui montre que le lien à Erets Israël est inconditionnel. Ce n’est pas arbitraire, les descendants des Patriarches ne sont pas les descendants de n’importe qui. C’est parce que les Patriarches sont ces Hébreux ayant retrouvé l’identité hébraïque, que leurs descendants sont d’Israël et que cette terre qui est la terre des Hébreux leur est liée de manière inconditionnelle.

Le problème historique que nous avons c’est que c’est en même temps la capitale de l’universel humain. La preuve : le monde entier réclame cette terre comme sa « terre sainte ». Pour nous c’est plutôt la « terre enceinte », qui donne les récoltes. Nous verrons d’ailleurs que le fait que la terre donne ses récoltes c’est la définition de la terre. Une terre sans recolte n’est pas une terre mais un désert. Et les clauses des bénédictions sont toujours liées à la clause de la récolte.

(J’ouvre une parenthèse : La relation des Goyim avec Erets comme « terre sainte » c’est : « surtout n’y touchez pas !» ;  il faut en faire un cimetière, c’est la même relation qu’avec la mère : « surtout n’y touchez pas ! » ; il faut qu’elle soit vierge, c’est ce thème-là qui s’étudie en psychanalyse par ailleurs. Enormément de juifs ont ce problème. C’est un problème parallèle : la relation avec leur mère et la relation avec Israël. En général ils meurent célibataires… et ne sont jamais venus en pélerinage en Israël, et à chaque occasion de montée il y a un empêchement : ils attendent le monde à venir pour venir en Erets Israël… alors que du temps où j’étais enfant c’était difficile : il fallait un visa que l’on obtenait pas… Aujourd’hui un simple billet d’El Al mais il y a un empêchement psychologique énorme.)

La terre est en tout cas féconde que lorsqu’Israël est là, c’est par ailleurs une promesse de la Torah. Na’hmanide  a beaucoup enseigné dessus : cette terre ne donne sa récolte que si les Juifs sont là. Si les Juifs ne sont pas là, la récolte est au Liban mais pas ici.

Parashat Vaet’hanane: 

Chapitre 7 Verset 6

כִּי עַם קָדוֹשׁ אַתָּה, לַיהוָה אֱלֹהֶיךָ:  בְּךָ בָּחַר יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, לִהְיוֹת לוֹ לְעַם סְגֻלָּה, מִכֹּל הָעַמִּים, אֲשֶׁר עַל-פְּנֵי הָאֲדָמָה

7:6 Ki am kadosh atah l’Adonay Eloheykha bekha ba’har Adonay Eloheykha liheyot lo le’am sgoulah mikol ha’amim asher al-peney ha’adamah.

Am qadosh ….Am segoulah …

Car tu es un peuple consacré à l’Éternel, ton Dieu: il t’a choisi, l’Éternel, ton Dieu, pour lui être un peuple spécial entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre.

לֹא מֵרֻבְּכֶם מִכָּל-הָעַמִּים, חָשַׁק יְהוָה בָּכֶם–וַיִּבְחַר בָּכֶם:  כִּי-אַתֶּם הַמְעַט, מִכָּל-הָעַמִּים

7:7 Lo merubechem mikol-ha’amim chashak Adonay bachem vayivchar bachem ki-atem hame’at mikol-ha’amim.

Si l’Éternel vous a préférés, vous a distingués, ce n’est pas que vous soyez plus nombreux que les autres peuples, car vous êtes le moindre de tous

Car ce n’est pas parce que vous êtes le peuple le plus nombreux…

Que Dieu vous a choisi…

Il y a un verset encore plus clair qui indique que le peuple d’Israël a été choisi parce qu’il est celui qui a connu les événements de la sortie d’Egypte. C’est-à-dire parce qu’il porte dans son identité le témoignage que la fin de l’exil est possible.

Verset 7 chapitre 7

לֹא מֵרֻבְּכֶם מִכָּל-הָעַמִּים, חָשַׁק יְהוָה בָּכֶם–וַיִּבְחַר בָּכֶם:  כִּי-אַתֶּם הַמְעַט, מִכָּל-הָעַמִּים

Lo meroubechem mikol ha’amim ‘hashak Adonay bachem vayivchar bachem ki-atem hame’at mikol-ha’amim.

Car vous êtes les plus petits de tous les peuples…

Il y a un Diyouk – une petite nuance très précise – le fait que vous soyez le moins nombreux des peuples provient de tous les peuples… qui en sont la cause.

כִּי-אַתֶּם הַמְעַט, מִכָּל-הָעַמִּים

ki-atem hame’at /  mikol-ha’amim.

C’est à cause de tous les peuples que vous êtes les plus petit des peuples…

Pour ne pas qu’on croit que c’est grâce aux Goyim qu’on est Juif.

(Sartre : on est juif par le regard des autres).

Une Kavanah des ‘Hassidim dans la prière du matin où l’on bénit Dieu : « Shelo assani goy : qui ne m’a pas fait Goy ! » : les ‘Hassidim comprennent que ce n’est pas le Goï qui nous fait juif : shelo hagoy shéassani. Contre cette idée qu’on serait Juif à cause de l’antisémitisme.

Rashi intervient pour ne pas donner ce mérite aux Goyim d’avoir fait l’identité juive :

« Car vous êtes modestes (vous agissez comme si vous étiez le plus petit des peuples). Vous vous amoindrissez (dans le sens de la modestie) comme par exemple Abraham qui a dit : « je ne suis que poussière et cendres »

Voilà ce que dit Abraham et c’est sérieux. Il se considère comme afar vaeéfer poussière et cendres.

[18 :17 : וְאָנֹכִי עָפָר וָאֵפֶר]

C’est cela אַתֶּם הַמְעַט, מִכָּל-הָעַמִּים atem hame’at mikol-ha’amim dans le Drash de Rashi. Ce n’est pas le Pshat.

Moïse et Aaron disent (16 :7) : וְנַחְנוּ מָה « Vé na’hnou mah ? Et nous que sommes nous ? » en hébreu : nous sommes Mah – nous sommes rien… et d’autres exemples…

7:8

כִּי מֵאַהֲבַת יְהוָה אֶתְכֶם

Car c’est parce que Dieu vous a aimé.

Ce qui en soi est un mystère aux vues de la situation actuelle… Pourquoi Dieu aime les juifs ?

Nous apprenons la raison de Dieu.

«  Je vous aime » à dit Dieu, c’est une déclaration d’amour à Israël et le monde entier lit ces livres-là la Bible… Imaginez la « jalousie » !

[Il y a un très beau Poéme d’A. Chouraqui : la jalousie d’Hélène vis-à-vis de Judith. (La Grèce et Israël).]

Il y a un très beau Midrash sur ce verset enseigné par Chouchani :

Malakhi : « Je vous ai aimé… ! »

Et Israël qui répond : Comment tu nous as aimé ? Avec qui tu nous a aimé ? Avec Hamam ? Avec Torquémada ? avec Hitler ?… etc. C’est les arguments des rescapés de la Shoah.

Le verset continue : « Et J’ai haï Essav » – l’empire romain.

« Et même s’il monte jusqu’au ciel il redescendra… » (Ovadia 1)

Depuis Vatican 2, Rome n’existe plus mais ne le sais pas encore…

C’est cela la suite de Malakhi.

Q. :Vous voulez que Je change avec quelqu’un d’autre ?

R. d’Israël : non, non , surtout ne change pas… même si on ne comprend pas…

וּמִשָּׁמְרוֹ אֶת-הַשְּׁבֻעָה אֲשֶׁר נִשְׁבַּע לַאֲבֹתֵיכֶם

« Et par le fait de préserver garder réaliser le serment Qu’Il a fait à vos pères. Hashem vous a fait sortir du pays d’Egypte…etc… »

Voilà donc ce que le Rav Moskovitch met en évidence d’abord :

Ce récit de récapitulation de Dévarim : la sortie d’Egypte, l’entrée en Erets Israël inconditionnelle par rapport à ce que serait une clause du mérite du peuple, cela vient de la promesse aux  Patriarches, en particulier d’Isaac.

L’identité Abraham et l’identité Jacob travaillent au sein du peuple en tant qu’il est l’identité d’Israël, mais la dimension Isaac assure cette inconditionnalité.

Il y a un parallèle de l’histoire d’Israël comme collectivité avec l’histoire des Patriarches :

=>  L’exil d’Egypte fait vivre à la descendance des Patriarches l’histoire de Abraham. Et on sort d’Egypte avec l’acquis de mérite de la vertu d’Abraham. On sort d’Egypte avec la définition « fils d’Abraham » irréversible.

=>  Ensuite vient le 2ème exil, celui de Babel (pas le Babel de l’antiquité d’où sort Abraham, mais la Babel des Perses et des Irakiens… On y a vécu l’histoire d’Isaac. La mise à l’épreuve d’Israël en tant que fils d’Issac et on et sorti de l’exil de Babel à la fondation du deuxième royaume de Judah avec la vertu d’Isaac et c’est irréversible.

=>  3ème exil c’est l’histoire de Jacob et on sort de l’exil de Rome (Essav) : On a mis 2000 ans pour faire la preuve de la vertu de Jacob et c’est là qu’enfin on reçoit le nom d’Israël. Cela veut dire qu’il n’y aura pas de 4ème exil. Cela veut dire qu’il y a une inconditionnalité de ce programme de la relation entre le peuple d’israël et de la terre d’Israël avec comme profil d’identité l’histoires des Patriarches.

=>  On est sorti d’Egypte avec la Torah Shébikhtav תורה שבכתב donnée à tous le peuple.

=>  On est sorti de Babel avec la Torah Shebéalpéh תורה שבעל פה donnée à tout le peuple.

=>  Et on sort de Edom avec la Kaballah qui est en train d’être donnée à tout le peuple.

C’est là un sujet pour lui même , je donne quelques phrases. Il y a profusion des livres sur la qaballe qui dépasse l’imagination, sans compter la floraison des instituts kabalistiques tous plus fumistes l’un que l’autre – « Qlipah qodemet lapéri – L’écorce précède le fruit »

On doit à G. Sholem, grand professeur historien de la kaballe, mais qui n’est pas kabaliste, la réhabilitation des livres de la kaballe. Son autorité d’historien de la mystique juive a fait que à partir de l’université de Jérusalem ce qui jusque-là était déshonorant (s’occuper de ces textes-là) devint très populaire. On fait des doctorats sur la Kaballe… A ma connaissance tous ces pseudo-instituts de la Kaballe – dont l’institut Berg – sont des impostures et des sectes.  Mais il y a un phénomène énorme.

Les sages de la Torah avaient toujours eu les 3 niveaux de la Torah :

=>  A la sortie d’Egypte, la Torah Shébikhtav תורה שבכתב est dévoilée à tout le peuple. 
=>  A la sortie de Babel ce qui est dévoilée en plus de la Torah Shébikhtav תורה שבעל פה à tout le peuple, c’est la Mishnah.
=>  A la sortie d’Edom ce qui est dévoilée en plus à tout le peuple c’est la Kaballah.

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Reeh (1993) Suite & fin.

Commentaire Re’he (1993) 2ème. partie (qualité sonore bonne). 
 

Il y a une grande préface des Tikounei Zohar (ce sont 70 chapitres 70 manières de lire le mot Bereshit) qui donne l’enseignement suivant à propos d’une des Mitsvot de la Torah qui s’appelle le Kan Tsipor. Lorsque en chemin on rencontre un nid d’oiseau et qu’on voit la mère couver sur les petits, on n’a pas le droit de prendre la mère sur les petits, il faut renvoyer la mère et prendre les petits. C’est une Mitsvah difficile. Tous les théologiens qui ont expliqué cette Mitsvah par la miséricorde de Dieu sur le nid de l’oiseau ne savent pas de quoi ils parlent : sinon en cas de vraie miséricorde on ne prendrait ni la mère, ni les petits…

Il y a un verset très caractérisitique. [KiTetsé 22:6-7]

Si tu rencontres un nid d’oiseau où la mère couve les petits et la mère est רֹבֶצֶת robetset est accroupie sur les poussins, renvois, tu renverras la mère et tu prendras les petits….

Il y a trois mots différents : בֵיצִים Betsim  les oeufs – אֶפְרֹחִים Efro’him les poussins – בָּנִים Banim les enfants.

Les Tikounei Zohar disent :

Beitsim sont les Marei Miqra – les enseignants du Miqra.

Efro’him sont les  Marei Mishna– les enseignants de la Mishnah.

Banim sont les Marei Kabalah– les enseignants de la Kabalah.

Cela veut dire : si tu rencontre une mère qui en couvant son nid empêche les poussins, les petits de devenir des Banim, renvois tu renverras la mère et tu prendras les Banim…

Il y a trois niveaux.

Je vous conseille si le sujet vous intéresse de commencer l’étude du commentaire avec Na’hmanide et sa grande controverse avec Maïmonide sur cette Mitsvah. Et alors, je vous dis juste l’essentiel pour notre sujet : à ce propos le Tikounei Zohar disent qu’il n’y aura que 2 exils. Parce que le verset dit : KiTetsé 22:7 :

שַׁלֵּחַ תְּשַׁלַּח אֶת-הָאֵם, וְאֶת-הַבָּנִים תִּקַּח-לָךְ

לְמַעַן יִיטַב לָךְ, וְהַאֲרַכְתָּ יָמִים

Shalea’h teshala’h et-ha’em ve’et-habanim tikah-lakh

lema’an yitav lakh veha’arakhta yamim.

renvoyer, tu renverras la mère et tu prendras les enfants pour toi…

C’est relié surtout aux versets du prophète Jérémie où Dieu parle de l’exil come le renvoi de Knesset Israël. Le renvoi de la mére. Il y aura 2 renvois, et non pas 3 dit le Zohar, Shalea’h Teshala’h:  Bayit Rishon et Bayit Shéni mais le 3ème Bayit il n’y aura pas d’exil.

[Cf. http://ravsharki.org/content/view/158/455/ ]

***

Voilà pourquoi cette remarque du Rav Moskovitch que je vous ai cité est importante car c’est un problème contemporain.

Lorsque j’ai décidé de faire ma Aliyah, j’ai été prendre congé du Rav Rottenberg qui m’a regardé avec admiration stupéfaite : comment as-tu le courage d’aller en Israël ?

Un autre rabbin m’a dit : « Comment ? vous nous quittez ! mais vous êtes un déserteur ! »

Le Rav Rottenberg m’a expliqué ce qu’il voulait dire : Il y a dans le monde une lutte entre le côté du bien et le côté du mal. En dehors d’Israël cette lutte s’effectue avec les Sarim des nations, les génies du mal, mais en Erets Israël même c’est une force du mal colossale – c’est HaSatan lui-même… L’argument c’est le suivant : a-t’on le calibre nécessaire pour vivre en Erets Israël ?

C’est un thème qui existe : c’est vrai que la Qedoushah est telle en Israël que l’anti-Israël est plus forte que partout ailleurs. D’ailleurs on le sent : Le monde entier est antisioniste ! Et s’il n’y avait pas l’aide de Dieu par l’intermédiaire de Tsahal on n’en serait pas là !

C’est pourquoi je voulais vous citer ce Zohar : c’était vrai tant qu’on était dans la dimension « im zakhar  rishéna » : « si vous avez suffisament de mérite, le temps de la fin d’exil Je l’accélère ». « im zakhar  harishéna ». Mais si on est dans la dimension que le temps est arrivé, il n’y a plus de clause du mérite. C’est le problème du temps de la sortie d’Egypte. Le temps est arrivé. C’est inconditionnel. D’où sait-on que le temps est arrivé ? Cela aussi cela s’étudie. Vous pensez bien que les maîtres qui citent ces sources savent de quoi ils parlent !

Dans tous les cas, qu’on le sache ou pas, cela n’a pas de sens de discuter pour savoir si bientôt il va faire jour alors qu’on est en plein midi !

Q : la sortie d’Egypte a été avancé par le mérite d’Isaac et non pas par le mérite des hébreux de ce temps-là ?

R : Il y avait quand même un seuil qui a permis que le mérite d’Isaac joue. Il y a une différence entre le mérite d’acte et le mérite d’être. Je vous cite le Midrash qui le dit clairement : « grâce à 4 choses les hébreux ont mérité de sortir d’Egypte : ils n’ont pas changé leur nom, leur langue, leur vêtement et ils ont gardé la pudeur, en particulier la circoncision, la Tsniout.

Ce sont des critères nationaux avant que la Torah ne soit donnée, qui proviennent des Patriarches et Matriarches. Il y avait donc un seuil de mérite d’être. C’est leur identité d’hébreu. Ce sont des critères nationaux : la circoncision est venue d’Abraham, la Tsniout de Sarah…

Il y avait quand même un seuil de mérite d’être.

Q : A notre époque nous aussi peut-on se considérer sans ce mérite ?

R : On ne peut plus raisonner ainsi après la création de l’état d’Israël. Sinon c’est discuter pour savoir si bientôt il va faire jour alors qu’on est en plein jour !

Alors que la catégorie concernée ici est celle de l’inconditionnalité. A partir du moment, où l’enfant est né, il est né. L’inconditionnalité c’est-à-dire la relation entre le peuple d’Israël et la terre d’Israël. Il y a des hauts et des bas, qui sont les stratégies de la Providence et qui dépendent de notre mérite des actes, mais le fait même de la sortie d’Egypte, et donc de la sortie d’Europe, et le lien entre le peuple d’Israël et la terre d’Israël est irréversible. Et alors nous avons des clins d’oeil de la Providence.

Je me rappelle de l’enseignement du Rav Kouk lorsqu’il nous parlait de Dieu qui agit incognito avec un accent yiddish. Il lisait le français sans le parler pour avoir été retenu en Suisse avec son père lors de la déclaration de la 1ère guerre mondiale. Le rav Kouk a pu s’échapper de Suisse pour aller à Londres au moment des tractations de la déclaration Balfour. C’est parce que le Rav Kouk était à Londres que la déclaration Balfour a été signée parce que l’immense majorité de rabbanim était contre. Par miracle il était à Londres, alors la déclaration Balfour a été signée ! Parce que les synagogues orthodoxe de Londres avaient fait des pétitions pour empêcher que l’Angleterre signe la déclaration.

En tout cas pour refermer la parenthèse, c’est à ce niveau là que c’est inconditionnel. Comment cela se passe t’il ? Quel est le prix à payer ? Bien sûr, là, la clause du mérite joue. Il y a une différence de niveau.

Q : le mérite d’Isaac ? on en parle peu.

R : On en parle abondamment mais on fait l’impasse sur lui car tant qu’on pas pas étudié dans la Kaballah, on n’a pas compris l’identité des 3 Patriarches. On connait du point de vue Pshat qu’ils étaient des Tsadikim. En quoi ce devait être ces trois-là, cela s’étudie dans la Kaballah. On étudie Abraham et Jacob plus facilement parce qu’ils sont le commencement et la réussite de l’identité d’Israël. Mais Isaac c’est le drame de celui qui est fils du père et père du fils. Or c’est de lui que cela dépend. C’est de lui que la Torah nous fait dire : « rira bien qui rira le dernier ! » On l’étudiera avec les textes du Talmud.

Q : Sur la Parasha Reeh pourquoi le texte dit-il Reeh et non pas Shéma ?

R : J’allais y venir.

Parashat Ree (11:26) :

רְאֵה, אָנֹכִי נֹתֵן לִפְנֵיכֶם–הַיּוֹם:  בְּרָכָה, וּקְלָלָה

Reeh Anokhi noten lifneykhem hayom berakhah ouqlalah.

Entretemps j’ai appris un diyouk – une précision – d’un de mes anciens élèves d’Orsay, Georges Vaïs, dentiste à Jérusalem (docteur ès-crocs). Parashat Vaét’hanane, avant la promulgation des 10 commandements, on trouve surtout « Reeh Israël… »  Juste après les 10 commandements, on trouve surtout « Shéma Israël… ». Tentez de trouver la réponse pour vous.

On a étudié une fois qu’il y a les deux interpellations de consigne. Il y a deux manière de connaitre pour l’homme dans l’enseignement de la Torah.

Il y a deux manière de connaitre l’évidence. Il y a l’expérience qui se formule par le voir. « Tu vois »  « c’est aussi vrai que je te vois » l’évidence par la vision Reiyah.

Et puis l’évidence par l’entendement. Tu entends – Tu comprends.

On se réfère là à 2 expériences, l’une est la preuve par la vision.

En français moderne on parle de « preuve » pour parler d’un raisonnement, Mais la preuve se prouve et s’éprouve par l’expérience et non par le raisonnement. C’est de l’ordre de la vision. Dans l’expérience expérimentale, l’expérience que les savants appelle l’expérience cruciale c’est ce qu’on voit dans l’expérience qui confirme ou infirme l’hypothèse.

Tandis qu’employer le terme de « preuve » pour parler d’une évidence par le raisonnement est inapproprié. Pourtant, on parle de « preuve de l’existence de Dieu », ce qui est inexact. La « preuve de l’existence de Dieu », il s’agit de la révélation, l’événement historique de la révélation. Le raisonnement va nous exposer la preuve, mais aucun raisonnement n’a jamais constitué de preuve. Parce qu’il ne peut convaincre que les persuadés, c’est-à-dire ceux qui admettent les postulats et les premisses du raisonnement. Si j’admet les premisses du raisonnement, la conclusion me convient. Mais si je n’admets pas les premisses, le raisonnement a beau être exact, il n’est pas convaincant si je ne suis pas déjà persuadé.  Le raisonnement sert à l’exposition de la connaissance par la preuve.

Vous voyez l’excellence de la connaissance par la vue sur la connaissance par l’ouïe. Cela semble paradoxal car la dominante pour la Torah c’est Shéma et non pas Reeh !

D’autre part, Reeh – les raisonnements, c’est ce qui me permet de comprendre ce que j’ai vu.

Shéma Israël : tu entends, tu as compris, c’est quelqu’un qui explique ce que j’ai vu mais que je n’ai pas compris.

Finalement, l’important c’est ce qu’on a vu mais qui s’est caché. Cela s’est révélé mais cela s’est caché et on explique ce que j’ai vu. Au Sinaï, on a vu. Et pourtant le verset dit : « vous n’avez rien vu, vous n’avez vu que la voix…. » Alors quelqu’un va venir expliquer ce qu’on était censé voir.

Si on commence par la vue, on tombe dans l’idolatrie. Un idolâtre c’est quelqu’un qui voit, qui a des visions.

Si on a entendu – ie. compris – ce qu’on a vu, alors on est appelé, après l’entendement, à voir sans être idolâtre. 

Nous avons deux formules de l’invitation à la connaissance :

=>  Tashma : signifie viens comprendre ce que tu as vu et puis,

=>  Ta’haze : viens voir ce que tu as compris.

Pour la Halakah c’est clair : la connaissance par la vision est plus forte que la connaissance par l’entendement. Mais si on n’a pas commencé, par la connaissance par l’entendement on tombe dans le délire. C’est voir des choses que l’on ne comprend pas. Combien de gens sont persuadés que le Messie est là parce qu’ils ont trouvé une paquerette à 5 feuilles…  Les gens qui déchiffrent des symboles… etc.

On a été appellé à voir et puis la vision s’est cachée. Alors il faut entendre de quoi il s’agit et ce n’est que lorsqu’on sera appelé à voir ce qu’on a compris qu’on aura vu. Dans la prière : « et que nos yeux voient… » parce qu’ils ont des yeux et ne voient pas… on demande alors que les yeux voient.

Pour la Halakhah un témoignage visuel et plus fort qu’un témoignage au second degré par Shemiyah.

L’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours… Mais c’est celui qui a vu l’ours qui a vu. L’autre n’a vu que l’homme…

Il y a ici une expérience par la vue de la sortie d’Egypte. Ils ont vu ce qu’était la Brakhah et ils ont vu ce qu’était la Qlalah.

« Reeh – vois je donne devant toi aujourd’hui la bénédiction et la malédiction »

C’est l’expérience de la génération de la sortie d’Egypte. Ils ont vu de quoi il s’agit.

L’alternative au début de la Parashah c’est Brakhah ou Qlalah.

Ce n’est pas annoncé de la même manière, on va l’étudier. L’histoire d’Israël est telle qu’elle ne peut pas être neutre – Parvé – ni l’un ni l’autre.

Nous sommes appellés à une destinée telle que c’est soit la bénédiction soit la malédiction !

On a vu par expérience :

Reeh Anokhi…

C’est Moi qui te donne…

A la fin de la Parashah vous verrez qu’il ne reste plus que la Brakhah.

Après le rappel des 3 fêtes de pélerinage il n’y a plus que la bénédiction qui nous permet de faire des dons à la Torah.

Chapitre 16 verset 17:

Après le rappel des liturgies de Pess’ah Shavouot et Soukot, les 3 fêtes de pélerinages

16:17

אִישׁ, כְּמַתְּנַת יָדוֹ, כְּבִרְכַּת יְהוָה אֱלֹהֶיךָ, אֲשֶׁר נָתַן-לָךְ

Ish kematena yado

Chacun selon le don de sa main

kevirkat Adonay Eloheykha asher natanlakh.

D’aprés la bénédiction d’Hashem ton Dieu qu’il t’a donnée .

Il s’agit des dons que l’on apportait au temple.

Malgré tout la Brakha et la Qlalah sont introduite de manière différente.

רְאֵה, אָנֹכִי נֹתֵן לִפְנֵיכֶם–הַיּוֹם:  בְּרָכָה, וּקְלָלָה

אֶת-הַבְּרָכָה–אֲשֶׁר תִּשְׁמְעוּ, אֶל-מִצְו‍ֹת יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם, הַיּוֹם

Reeh Anokhi noten lifneykhem hayom berakhah ouqlalah.

Voyez, je donne devant vous en ce jour, la bénédiction et la malédiction

Et-haberakhah asher tishme’u el-mitsvot Adonay Eloheykhem asher anokhi metsaveh etkhem hayom

La bénédiction asher en ce que vous écoutez les Mitsvot de Hashem votre Dieu que je vous prescris aujourd’hui…

On verra ce que dit Rashi sur ce terme ‘Asher’

Pour la Qlalah :

וְהַקְּלָלָה, אִם-לֹא תִשְׁמְעוּ אֶל-מִצְו‍ֹת יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, וְסַרְתֶּם מִן-הַדֶּרֶךְ, אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם הַיּוֹם:  לָלֶכֶת, אַחֲרֵי אֱלֹהִים אֲחֵרִים–אֲשֶׁר לֹא-יְדַעְתֶּם

 Vehakelalah im-lo tishme’u el-mitsvot Adonay Eloheychem

vesartem min-haderech asher anochi metsaveh etkhem hayom lalekhet acharey elohim a’herim asher lo-yedatem.

Et la malédiction si vous n’écoutez les Mitsvot de Hashem votre Dieu

et que vous vous écartez du chemin que je vous prescris aujourd’hui pour suivre d’autres dieux

que vous ne connaissez pas…

Ici, il y a un enseignement important sur la fin du verset : le fait de ne pas pratiquer la Torah met sur le chemin de l’idolâtrie. Le Talmud a un enseignement extrêmement clair :

« Celui qui renie l’idolâtrie équivaut à celui qui accomplit toute la Torah »

Il y a deux enseignement comme celui-ci :

Une Mitsvah négative : celui qui renie l’idolâtrie.

Une Mitsvah positive : celui qui pratique le Shabat.

Quel est le problème ici ?

D’une part on apprend qu’il n’y a pas de condition, c’est inconditionnel.

D’autre part on apprend qu’il y a une alternative :

Vous accomplissez et il y aura bénédiction, vous n’accomplissez pas et il y aura malédiction.

La réponse est très simple finalement et il n’y a pas de contradiction.

Rashi :   

« Et haberakhah » al ménat asher tishmeou.

Rashi semble dire tout à fait autre chose que le texte. Le texte semble dire : par le fait que vous appliquez vous aurez la Brakhah. Rashi lit : la Brakhah est donnée en vue de ce que vous accomplissiez mais si vous n’accomplissez pas vous aurez la Qlalah. Les commentateurs nous font lire le texte. Sans Rashi on aurait traversé ce texte sans rien voir.

Il y a ici un thème important indiqué par de nombreux commentateurs que je voudrais mettre en évidence. Nous avons une régle : tout est donné à l’avance, si on mérite c’est confirmé, et si on démérite c’est repris.

Je vous cite-là en le résumant l’enseignement de Na’hmanide sur la raison pour laquelle des récits incompréhensibles à 1ère lecture, précédent les Mistvot de la Torah. Nahmanide précise : ce n’est pas seulement le premier chapitre comme on pourrait le croire avec Rashi qui se demande pourquoi ce premier chapitre est mis par écrit puisqu’on ne le comprend à la lecture.

Massekhet ‘Haguigah : 1er chapitre de la Torah ne doit pas être étudié en public alors pourquoi est-ce dans la Torah écrite ?

Na’hmanide va encore plus loin et dit : tous les récits depuis le récit de la création jusqu’au récit de la sortie d’Egypte, on ne comprend pas. Si quelqu’un ne nous dit pas ce que cela signifie on lit cela comme un conte de fée. La Bible comme mythe comme l’Hyliade et l’Odyssée…

Na’hmanide nous dit que tous ces récits nous ont été racontés car ils ont le même sens immédiatement perceptible. Par exemple l’histoire du paradis : tout était donné. L’homme n’a pas mérité et est expulsé. Erets Israël est donné mais sans mérite c’est l’expulsion…

Rattachez cela avec ce qu’on a étudié jusqu’à présent dans la dimension de la clause du mérite. Mais à la fin du 3ème exil  c’est définitif et irréversible, il n’y a plus aucune clause de mérite.

Vous voyez que la Brakhah est donnée à l’avance : si elle est méritée elle est confirmée, si elle est imméritée c’est la Qlalah, l’inverse de la Brakhah.

Brakha => c’est la fécondité densité, intensité  d’être => Baro = intensifier.

Qlalah => l’être devient fantômatique => Qal = léger.

Le signe de la bénédiction c’est l’enfant qui nait sur les genoux de la mère. C’est pourquoi « genoux » se dit Berekh même racine que Brakhah et non à cause de la génuflexion de l’adoubement des chevaliers pour recevoir la bénédiction.

Mais parce que le Pérou Ourbou qui est plus que l’abondance c’est cela la bénédiction.. 

Un verset le démontre en clair : verset 14 chapitre 7 :

בָּרוּךְ תִּהְיֶה, מִכָּל-הָעַמִּים:  לֹא-יִהְיֶה בְךָ עָקָר וַעֲקָרָה, וּבִבְהֶמְתֶּךָ

Baroukh tihyeh mikol-ha’amim lo-yihyeh vekha akar va’akarah óuvivehemtecha.

Tu sera bénis plus que tous les peuples et il n’y aura pas parmi toi et ton bétail d’homme stérile

Baroukh=> absence de Akarout stérilité : Baroukh c’est la fécondité.

J’arrête-là, j’explique juste pourquoi à partir du moment où la Torah rappelle [chapitre 16] la comémoration des 3 fêtes de pélerinage qui sont les événements fondateurs de l’histoire d’Israël et qui se rattachent d’ailleurs dans l’enseignement du Midrash aux 3 Patriarches.

=>  à Pessa’h nous vivons l’histoire d’Abraham,

=>  à Shavouot nous vivons l’histoire de Jacob,

=>  à Soukot, nous vivons l’histoire de Isaac.

Il faut étudier la raison de cet ordre. Abraham doit mener à Jacob et quand Jacob n’arrive pas à être Israël, on revient avec Isaac qui aide Jacob à devenir Israël.

A ce moment-là lorsqu’on s’est réidentifié comme descendants des Patriarches, par Pessa’h-Shavouot-Soukot où l’on vit les événements fondateurs de l’histoires d’Israël comme descendants des Patriarches, alors il n’y a plus que la Berakah.

***

Q : tout est donné à l’avance

R : on l’apprend par rapport à la naissance où l’être nous est donné avant qu’on le mérite. La naissance c’est la preuve que la Berakhah est donnée avant. On passe toute sa vie à essayer de mériter d’être né. Et si on a mérité on est re-né pour le monde à venir.

Q :

R : tout ceux qui naissent estropiés, les maladies héréditaires qui mettent en échec l’idée d’une égalité des chances pour ceux qui sont nés, c’est un autre problème et il faut passer par les Gilgoulim et la question passe par le livre de Job. J’ai en tête cette contradiction apparente. Il faut d’abord comprendre le problème à l’échelle de la destinée humaine. L’histoire de l’humanité a ce profil-là dans l’enseignement du Talmud, c’est indiqué en clair à profusion : tout est donné à l’avance. Tu mérites c’est confirmé, si tu démérites tu recommences. Ce n’est pas pour rien que Dieu t’a créé. Il a voulu que tu sois, donc les échec ne sont que provisoires. On finira par réussir l’examen de passage qu’on le veuille ou pas. Pessa’h c’est l’examen de passage, il y a Pessa’h Shéni. Dans tous les cas, Dieu sait ce qu’il fait, il nous a créé. On finira par y arriver, soit directement, soit par le coup de pied au coeur.

Chaque fois qu’on recommence tout l’acquis est préservé. Cela explique en partie les inégalités à la naissance. Cela concerne le mystère des Guilgoulim mais la question reste centrale.

Cela ne contredit pas la thèse générale : la vie est donnée à l’avance et c’est à postériori qu’elle est méritée. Si elle est mal méritée, elle est malheureuse. Si elle est bien méritée elle est bienheureuse.

Nous arriverons là-haut chacun notre tour. Méfiez-vous, il y a des gens qui espérent qu’il n’y a rien après la mort. N’y comptez pas, c’est inéchappable !

Dieu à Job : Tu veux te sauver de Moi ? Même dans la tombe Je t’attends ! Il ne fallait pas accepter de naître, maintenant c’est irréversible…

 Fin

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