Texte
/ Je me rappelle les heures que je passais pour leur apprendre à manger cachère et ensuite ils ne mangeaient plus chez moi parce qu’on n’avait pas la même cacheroute. Quand on est baal teshouvah c’est encore une erreur de la conscience de croire que l’essentiel est de faire des performances.
Je lui ai dit : tu sais que dans la Torah il y a l’interdiction de faire parler les morts. On a eu le même maitre qui s’appelait Jacob Gordin. Je lui ai dit : « toi tu es en train de citer Monsieur Gordin mort, et c’est interdit de faire parler les morts ! S’il était lui vivant maintenant que te dirait-il ? »
C’est un exemple en passant, mais c’est toujours cette même attitude.
Un autre dont je tairais le nom m’avais dit : « Tu comprends, si le rav Kook a raison c’est mauvais pour mon maitre ! » C’est parce que son maitre lui avait enseigné le contraire !
Il y a la Torah et le diagnostic des événements. Tous les milieux qui n’avaient pas l’enseignement de la Kabalah ont été incapables de diagnostiquer l’événement du sionisme. Ils ont réagi avec des idées personnelles concernant le diagnostic éventuel de l’événement. Et il y avait de quoi se tromper puisqu’effectivement le mouvement sioniste en grande majorité est apparu avec un visage ‘hiloni aggressif contre la communauté. Mais ce qu’il fallait comprendre c’est que c’était précisément la seule stratégie possible pour sauver les Juifs. Pour sauver les Juifs, il fallait pour cela détruire la communauté juive. C’est pourquoi je vous ai dit qu’il faut aider les communautés juives… à disparaitre ! Je pense que c’est clair. Mais il faut les aider bien.
Il y a des nuances, c’est un milieu extrêmement diversifié et énormément de gens d’entre-eux regrettent que leurs maitres de la génération précédente les aient mis sur de fausses pistes. Je me rappelle ce raisonnement de beaucoup d’élèves que j’ai eu en France et qui sont passés dans les yeshivot avec cette position anti-israélienne : tu nous a appris à respecter ce que disent les rabbins. Or, les rabbins ne parlent pas comme toi, alors c’est toi qui a tort ! Cela en arrive-là !
Revenons au problème.
D’abord une indication avec Rashi sur la différence entre l’identité père et l’identité fils:
6.2
וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים, אֶל-מֹשֶׁה; וַיֹּאמֶר אֵלָיו, אֲנִי יְהוָה
Elohim adressa la parole à Moïse, en disant: « Je suis Hashem »
C’est dire que le temps de la réalisation a commencé.
C’est le ‘hidoush qui apparait : Elohim dit Ani Hashem !
C’est cela l’explication à la question que pose Moïse dans les versets précédents (5.22-23).
Une des explications que l’on trouve dans le Shlah et que Monsieur Gordin nous citait : jusqu’à ce qu’on arrive à la 26ème génération la proclamation du nom de Dieu ne pouvait pas se faire, et c’est le nom qui est employé dans la dimension de la réalisation. El Shadaï c’est Dieu en tant qu’il promet, Hashem Dieu en tant qu’il réalise.
Dans la Kaballah nous trouvons l’explication suivante : la valeur numérique du Shem Havayah c’est 26, donc c’est à la 26èmegénération que le dévoilement se fera.
Et tout le problème est de savoir où doit se faire le dévoilement : à Sion ou au Sinaï ? Au fond ce sont les deux camps qui s’opposent, ceux de la Torah du Sinaï, la diaspora et ceux de la Torah de Tsion.
Je vous avais cité en passant un enseignement de Judah Halévi : étant donné que la Torah est révélée à Tsion et que finalement elle nous a été donnée au Sinaï, cela signifie que Sinaï fait partie de Tsion.
En général, dans ces milieux-là on considère que le Sinaï appartient au désert, et on met l’accent là-dessus pour dire que la Torah est universelle et qu’elle n’est pas attachée à une terre en particulier. Et que par conséquent, on est sorti d’Egypte et que la Torah a été donnée et qu’il faut la pratiquer partout. Avec Eretz Israel quand le Mashia’h sera venu…
6:3
וָאֵרָא, אֶל-אַבְרָהָם אֶל-יִצְחָק וְאֶל-יַעֲקֹב–בְּאֵל שַׁדָּי; וּשְׁמִי יְהוָה, לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם
Je me suis révélé à Abraham à Isaac et à Jacob en tant que El Shadaï
Cela veut dire “Dieu qui promet”. On traduit par “Tout-puissant”. Les deux explications sont liées: celui qui peut tout est celui qui peut promettre. El she daï lo, le Dieu à qui il y a suffisamment pour pouvoir promettre.
וּשְׁמִי יְהוָה, לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם
Or, Mon Nom de Hashem Je ne me suis pas fait connaître à eux.
C’est-à-dire : Je me suis fais connaitre à eux dans la promesse mais je ne me suis pas fait connaitre à eux par mon nom de Hashem dans la réalisation.
Regardez bien les termes : vaéra : Je me suis révélé à eux avec le contenu d’une promesse Aval Shmi Hashem mais mon nom c’est Hashem ! Il en résulte Lo Nodaati Lahem: Je ne me suis pas fait connaitre dans le sens de Yediyah au niveau de la réalisation.
Et le Midrash enchaine là-dessus de façon extraordinaire en disant : tous ces Avot je leur ai promis et je ne leur ai rien donné et ils n’ont pas douté ! Et toi, je commence à réaliser et tu commences à douter ?
Dieu dit à Moïse :
« Dommage ceux qui sont partis et ne se trouvent plus-là » (Expression entrée dans la culture juive en général) Plusieurs fois Je me suis révélé à Abraham Isaac et Jacob par la promesse El Shadaï et Je ne leur avais pas fait connaître que Mon Nom est Hashem qui accomplit comme Je te l’ai dit à toi (chapitre 3 : Va leur dire Hashem Eloheinou…) ils n’ont pas douté de mes Midot.
J’ai dit à Abraham : « Lève-toi et traverse le pays en long et en large car c’est a toi que je le donne. Il a voulu enterré Sarah et n’a pas trouvé un endroit pour enterrer Sarah… Il n’a pas douté de moi»
J’ai dit à Isaac : Séjourne dans ce pays et je serais avec toi et je te bénirai car c’est à toi et à ta postérité que je donnerai toutes ces terres. Il a voulu boire de l’eau et ne l’a pas trouvée (dans ces conflits avec les bergers d’Avimelekh et la contestation des puits) et il n’a pas douté de moi.
J’ai dit à Jacob : la terre sur laquelle tu te couches c’est à toi. Je la donne à ta postérité, il a cherche un lieu pour planter sa tente et ne l’a pas trouvé jusqu’à ce qu’il ait acheté l’endroit pour planter sa tente. Et il n’a pas douté de moi.
Et il ne m’a pas demandé « quel est ton nom ? » Comme toi tu me l’as demandé !
Et toi, dès que Je t’ai envoyé au début de la mission que Je t’ai donnée, tu m’as dit : Mah Shemi quel est mon nom ? Et à la fin tu me dis : depuis que je suis allé chez Pharaon pour parler en ton nom, le peuple a du mal… »
C’est pourquoi J’ai dit : Et même Je réaliserais mon alliance qui a été donnée aux pères comme Je leur ai promis que Je leur donne la terre, et quand Je leur ai promis sans leur donner ils n’ont pas douté. Et aussi j’ai entendu la clameur des enfants d’Israël parce qu’eux n’ont pas douté de moi. Et bien que Israël de cette génération ne se conduisait pas bien, J’ai entendu leur voix à cause de l’alliance que J’ai tranché avec leur pères, c’est pourquoi il est écrit : Et Je tiens compte de mon alliance».
Rashi sur Vaera 6.3 :
וָאֵרָא
אֶל הָאָבוֹת בְּאֵל שַׁדָּי הִבְטַחְתִּים הַבְטָחוֹת וּבְכֻלָּן אָמַרְתִּי לָהֶם אֲנִי אֵל שַׁדָּי
Je suis apparu :… Aux patriarches « en qél Chaqqaï ».
C’est un Rashi difficile. Quelle est sa question ?
Le verset dit : וָאֵרָא, אֶל-אַבְרָהָם אֶל-יִצְחָק וְאֶל-יַעֲקֹב
Et Rashi commente : El HaAvot !
C’est la même chose !
Rashi commente : en tant qu’ils étaient des pères !
C’est typique de la tradition shébe al peh.
Le ‘hidoush de Rashi : il veut nous faire comprendre : Vaera el haavot : cela veut dire je me suis révélé aux pères sous forme de promesses. L’identité père c’est l’identité de la révélation de la promesse. On en verra la preuve dans la suite de ce Rashi.
Je leur ai promis des promesses et chaque fois je leur ai dit : « Je suis qél Chaqqaï ».
Rashi nous relie ces deux notions de Avot et de Havta’ha. Les Avot c’est l’identité de promesse.
Je reviens sur ce Rashi pour vous donner un échantillon des problèmes d’éxégèses sur les commentateurs de Rashi.
Beaucoup de commentateurs ne voyant pas le contenu de ce que transmet Rashi se pose la question de savoir pourquoi Rashi dit Ha-Avot à la place de Avraham, Its’haq et Yaaqov ?
Ils expliquent qu’il faut lire ainsi Rashi : en réalité Rashi explique BeEl Shadaï et que Vaera El HaAvot est le résumé du verset pour ne pas le recopier. Des commentateurs très sérieux expliquent ce Rashi ainsi. Le Gour Arieh du Maharal explique que si on confronte tous les enseignements de Rashi où apparemment il résume le verset pour expliquer le dernier mot qu’il explique, en réalité il y a à chaque fois une intention particulière. Et ici l’expression Ha-Avot ce n’est pas du tout un résumé mais une explication.
Q: Pourtant dans Bereshit quand HQBH parle à Avraham il est dit Vayomer Hashem… ?
R: Le texte nous dit que c’est Hashem qui se révèle à Avraham, Its’haq et Yaaqov en tant que El-Shadaï. Et Avraham, Its’haq et Yaaqov savent très bien que Hashem c’est Hashem ! Mais ce n’est pas en tant que Hashem la dimension de la réalisation qu’il s’est révélé à eux, mais en tant que El Shadaï, la dimension préalable de la promesse. C’est pourquoi il est précisé Ani El-Shadaï. Et Avraham connait que le nom de Dieu c’est Hashem, mais ce n’est pas dans cette modalité-là que la révélation s’adresse à lui.
Au temps de Moïse c’est la 26ème génération. Il y a dix génération de Adam à Noa’h, et dix générations de Noa’h à Avraham et 6 générations de Avraham à Moïse. Cela fait 26.
Rashi:
וּשְׁמִי ה’ לֹא נוֹדַעְתִּי וּשְׁמִי ה’ לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם
הוֹדַעְתִּי אֵין כְּתִיב כָּאן אֶלָּא לֹא נוֹדַעְתִּי לֹא נִכַּרְתִּי לָהֶם בְּמִדַּת אֲמִתִּית שֶׁלִּי שֶׁעָלֶיהָ נִקְרָא שְׁמִי ה’ נֶאֱמָן לְאַמֵּת דְּבָרַי שֶׁהֲרֵי הִבְטַחְתִּי וְלֹא קִיַּמְתִּי
Et de mon Nom Hachem je ne me suis pas fait connaître (lo noda’ti) à eux : Le texte ne porte pas : « je n’ai pas fait connaître » (lo hoda’ti), mais : « je ne me suis pas fait connaître » (lo noda’ti). Je n’ai pas été connu d’eux dans mon attribut de vérité, qui fait que je m’appelle Hachem, digne de confiance pour tenir parole. Car je leur ai fait des promesses, mais je ne les ai pas encore exécutées. (Ils ne m’ont connu que comme El Shadaï et pas comme Hashem)
Je reviens encore en arrière pour vous donner une autre dimension de ce même Rashi.
Ne croyez pas qu’on a compris tout ce qu’il y avait dans ce mot de Rashi, « El Ha-Avot ».
Il y a différents niveaux d’approfondissement de la même lecture. Vous avec déjà découvert un niveau important avec El HaAvot, l’idée c’est l’être de promesse. Il y a une autre approche de ce même Rashi radicalement différente mais complémentaire. J’en profite pour vous donner cet exemple pour que vous compreniez ce qu’est l’étude de la Torah ShébéAl Peh.
Le verset lui-même pose un problème énorme :
Vaera, on s’est toujours habitué à traduire « Je me suis révélé à » sans que cela pose problème !
Que signifie Je me suis révélé avec ce mot de Vaera ?
Cela veut dire « Je me suis fait voir » !
C’est difficile, puisque nous avons un verset clair qui dit
Kitissa 33.20:
וַיֹּאמֶר, לֹא תוּכַל לִרְאֹת אֶת-פָּנָי: כִּי לֹא-יִרְאַנִי הָאָדָם, וָחָי
Vayomer lo tokhal lirot et-panaï
Il dit : Tu ne saurais voir ma face
Ki lo yirani haAdam ve’haï
Car l’homme ne peut pas me voir et vivre.
Comment alors le verset peut-il nous dire tranquillement ici Vaéra El Avraham, Yits’haq veYaaqov – Je me suis fait voir d’Abraham, d’Isaac, et de Jacob ?
Cela veut dire qu’ils ont vu puisque le mot est employé !
Alors Rashi explique : Vaéra El HaAvot ! C’était des Avot ! Eux peuvent voir, et pas nous !
C’est une toute autre lecture : en tant qu’ils sont des Avot, ils sont à un tout autre niveau que nous. A ce niveau-là il n’y a pas de difficulté. Nous, nous ne pouvons pas, eux le peuvent. Et c’est justement à Moïse lui-même que Moïse dit : Tu ne peux pas me voir !
Et c’est pourquoi Dieu lui dit :
33.21
וַיֹּאמֶר יְהוָה, הִנֵּה מָקוֹם אִתִּי; וְנִצַּבְתָּ, עַל-הַצּוּר
Il est une place près de moi: tu te tiendras sur le rocher
33.22
וְהָיָה בַּעֲבֹר כְּבֹדִי, וְשַׂמְתִּיךָ בְּנִקְרַת הַצּוּר; וְשַׂכֹּתִי כַפִּי עָלֶיךָ, עַד-עָבְרִ
puis, quand passera ma gloire, je te cacherai dans la cavité du roc et je t’abriterai de ma main jusqu’à ce que je sois passé.
33.23
וַהֲסִרֹתִי, אֶת-כַּפִּי, וְרָאִיתָ, אֶת-אֲחֹרָי; וּפָנַי, לֹא יֵרָאוּ
Alors je retirerai ma main et tu me verras par derrière; mais ma face ne peut être vue.
Je te protégerais par le rocher et tu verras mon arrière mais ma face tu ne peux voir…
Or, on ne comprend pas ce que cela veut dire : le Dieu dont parle la Bible se cache derrière un rocher pour éviter que Mosheh soit atteint par sa vision !? On ne sait pas de quoi il s’agit ! On peut l’apprendre, mais c’est 40 ans de Kaballah !
En tout cas formellement c’est très clair, on ne comprend pas ce que signifie qu’Abraham et Isaac et Jacob ont vu Dieu ! On ne comprend pas, mais c’est ce que le verset dit. Et Rashi explique : c’est le cas particulier des Avot !
Vous voyez que si jamais vous entendez que Rashi est un commentateur populaire et enfantin, il s’agit de gens qui ne savent pas de quoi ils parlent.
l’être-père et l’être fils
C’est la différence entre l’être-père et l’être fils : les Avot ont été créés pour être les pères des enfants d’Israël, et le monde est destiné aux enfants d’Israël. Il y a là une manière d’exister qui nous dépasse absolument qui est un mérite colossal. Cela veut dire exister sans exister dans la réalité : exister sous forme de promesse signifie exister par délégation. Les Avot existent pour les Bnei Israel. Toute la Torah les traverse, elle concerne Daber El Benei Israel…
Vous le comprendrez mieux par comparaison quand vous vivrez le retour et que vous aurez des enfants : être père c’est très différent d’être fils. Ce n’est pas une question d’état civil mais une manière d’être qui est radicalement différente. L’être-père est un être de sacrifice. Ils ont d’ailleurs un sacré fils ! C’est très différent.
Je me rappelle moi-même : j’ai commencé à réalisé ce qu’être père signifie avec mon dernier enfant. Avec les premiers, ma femme et moi, on avait l’impression de jouer à la poupée. On avait des petits-frères. Ce n’est vraiment quand on a eu un décalage d’identité très grand, avec ma dernière fille quand elle est né, on s’est senti père. On se sent finalement vraiment père que quand on est grand-père. C’est encore un autre problème. Cela fait un choc d’ailleurs. Cela explique pourquoi la relation avec le petit-fils est beaucoup plus directe affectivement que la relation même entre le père et le fils.
On voit cela dans la famille d’Avraham, l’identité d’Its’haq c’est l’identité la plus difficile. L’identité d’Avraham, c’est évident qu’elle a un sens. C’est lui qui commence. L’identité de Jacob c’est évident qu’elle a un sens. C’est lui qui achève. Mais Isaac c’est l’identité la plus difficile. Parce qu’il n’est ni au commencement, ni à la fin. Il est fils du père Avraham et père du fils Jacob. Mais lui qui est-il pour lui-même ? C’est pourquoi c’est le statut de l’identité d’Isaac qui représente le statut existentiel des individus. Parce que nous sommes tous entre un premier homme et un dernier homme si j’ose dire, c’est-à-dire entre Adam Harishone et le Mashia’h. Et tout ce qui se passe entre, c’est le problème de la destinée individuelle. Il y a deux perspectives très différentes, toutes les deux vraies mais contradictoires. Tous les individus entre le premier et le dernier sont traversés par la vie, mais eux sont étapes dans la première perspective. La deuxième perspective c’est que chacun a une essence pour elle-même. C’est alors le drame de la prise de conscience de chaque personne pour elle-même. Est-ce que je ne suis qu’un maillon d’une vie qui passe entre le premier homme et le dernier ? Ou est-ce que j’existe par moi-même ? Et les deux choses sont vraies. Cela apparait surtout chez Isaac. Parce qu’il est par essence fils du père et père du fils. Laissez de côté tous les mythes chrétiens, quoique profondément ce qu’ils ont voulu dire cela se relie par là. C’est le problème de la différence entre l’être-père et l’être fils.
On continue pour arriver à l’intitulé de ce programme :
Vaéra 6.4:
וְגַם הֲקִמֹתִי אֶת-בְּרִיתִי אִתָּם, לָתֵת לָהֶם אֶת-אֶרֶץ כְּנָעַן–אֵת אֶרֶץ מְגֻרֵיהֶם, אֲשֶׁר-גָּרוּ בָהּ.
Et aussi j’ai contracté mon alliance avec eux pour leur donner le pays de Canaan, le pays où ils ont été étrangers…
Erets Megourehem : alors qu’étymologiquement cela voudrait dire le pays où ils ont séjourné. Mais ils y ont séjourné Davka comme étrangers !
Imaginez la situation des Avot. D’une certaine manière, notre génération vit encore un peu cela. C’est dire qu’ils étaient étrangers chez eux. Parce que c’est chez eux du point de vue d’une promesse, mais dans la réalité ils sont encore étrangers. Regardez que le monde entier nous met encore dans cette situation-là. Le seul peuple qui est considéré comme étranger chez lui, c’est Israël. Personne ne dispute que les français sont chez eux en France mais tout le monde sait que les français ont conquis la France. Là il n’y a pas de problème. Comme pour tous les peuples du monde d’ailleurs. S’il y a vraiment un peuple qui pourrait avoir des droit à une terre c’est Israël, et pourtant le monde entier considère que Israël n’est pas chez lui. Vous voyez la position des Avot !
J’ouvre une parenthèse sur le mot Guer.
אֵת אֶרֶץ מְגֻרֵיהֶם, אֲשֶׁר-גָּרוּ בָהּ
Asher garou bah, le pays où ils ont séjourné.
Mais Asher garou bah, c’est séjourner comme un Guer et non comme un Toshav.
On a appris ce mot de Gar opposé à Do. Ils étaient en situation provisoire.
D’une part, Dieu dit à Moïse : J’ai la promesse aux Avot qu’il faut que Je réalise. Parce qu’eux ils avaient l’alliance de la promesse qui n’a pas encore été réalisée. Et puis maintenant :
6.5
וְגַם אֲנִי שָׁמַעְתִּי, אֶת-נַאֲקַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר מִצְרַיִם, מַעֲבִדִים אֹתָם; וָאֶזְכֹּר, אֶת-בְּרִיתִי
et enfin, J’ai entendu les angoisses des enfants d’Israël, asservis par les Égyptiens et Je me suis souvenu de mon alliance.
Cela veut dire le moment de tenir compte de cette alliance est arrivé. Ensuite vient le programme en 5 verbes-phases.