Texte
/ Et vous voyez ce qui se passe, le prix à payer pour le salut de la communauté juive : c’est que toutes les royautés (des dynasties légitimes non ursurpées) sont une parcelle de la royauté d’Israël et que lorsque la royauté d’Israël est retrouvée, toutes les royautés s’achèveront, et la Malkhout, la royauté sera rendue à Israël.
Vous remarquerez que depuis la déclaration Balfour toutes les têtes couronnées se découronnent l’une après l’autre. Il y a encore quelques années (1973) c’était déjà spectaculaire. Le fait par exemple que le dernier roi de Grèce a été détrôné à ‘Hanoukah comme par hasard ! Déjà avant, l’événement important a été l’arrêt de la royauté en Italie, et puis finalement cette grande royauté de l’Éthiopie, le roi des rois des rois, a cessé, en même temps le Shah d’Iran… Toutes les têtes se découronnent l’une après l’autre. Il y a un cas particulier pour l’Espagne, c’est juste l’inverse provisoirement. Et la dernière grande royauté qui sera le signe de la fin c’est l’Angleterre.
Il est très frappant que la première mission politique au nom du futur gouvernement d’Israël a été d’envoyer une femme, Golda Méïr, pour négocier avec le roi d’Arabie. Je reprendrais le problème : la royauté a quitté Israël par une femme et elle est donc revenu par une femme.
Mais je vais d’abord reprendre ce thème-là de savoir qui a payé pour le salut de la communauté juive au temps de Esther et Mardochée : c’est que Ester, c’est-à-dire celle qui peut être la reine, Ester Hamalkah dans tous les cas, va quitter Israël pour rentrer chez les Goyim.
Evénement vraiment très spectaculaire : l’arrêt de la dynastie du Shah parce que cela s’est passé exactement ce jour-là à la date prévue par la Kaballah ! Ne vous encombrez pas la tête avec ça. Sachez simplement que ces dates existent.
Un petit Midrash montre qu’il y a une organisation des événements dans la loi des temps. Comment est-il possible qu’il y a une sorte de programme des événements historiques connus par la prophétie et puis d’autre part l’histoire humaine dans son principe de liberté ?
Je vous donne une référence du Yalkout Shimôni sans la commenter. C’est une Midrash sur le Tanakh à propos du chapitre 60 de Isaïe.
Rabbi Its’haq a enseigné : l’année où le messie va se dévoiler tous les rois des nations du monde se disputent l’un l’autre. Le roi de Perse va faire la guerre à un roi arabe. Et le roi d’Arabie ira chez Paran prendre conseil et le roi de Perse met tout le monde entier en danger.
Cf. la guerre entre l’Iran et l’Irak qui s’est déclenchée, les tremblements de l’Arabie Saoudite et l’alliance avec l’Amérique et le monde entier se demande ce qui va arriver, le pétrole…etc.
Et toutes les nations du monde seront en transe, seront affolées, tomberont face à terre, et seront pris comme des douleurs de l’enfantement, et Israël aussi sera pris de transe et d’épouvante, et le Mashia’h leur dit : « mes enfants n’ayez pas peur, tout ce que j’ai fait c’est pour vous. Pourquoi avez-vous peur ? N’ayez pas peur ! Le temps de votre délivrance arrive ! » Et cette dernière délivrance ne sera pas comme la 1ère (celle d’Egypte) car la 1ère délivrance vous avez été encore exilés mais la dernière délivrance vous n’aurez pas de nouveau d’exil.
La fin des royautés :
D’un point de vue historique et sociologique on peut expliquer cet événement par la série des causes et des effets sans aucune allusion à Israël. Mais il n’en reste pas moins que l’événement brutal comme tel c’est qu’au moment où Israël retrouve sa souveraineté nationale, les différentes Malkhouyiout s’arrête. D’un point de vue traditionnel, c’est l’arrêt de la dynastie en Ethiopie qui était un signe très important et surtout celle de Perse. On a encore un compte à régler avec les Anglais. On finira par rappeller Jeanne d’Arc ! C’est un cas particulier je ne veux pas prendre de temps. Cela a été la royauté héritière de l’empire de Rome. L’empire occidental c’était l’empire anglais. Il y a un temps où cela a été l’Espagne. Bien sûr, cela commence en Italie. Il y a eu des annexes. L’empire français, l’empire allemand, la Russie et son problème…etc. Mais finalement l’empire occidental, c’est bien évidemment l’empire anglais. C’est Rome mais dans sa modalité d’Angleterre. Elle a finalement dominé le monde entier puisque c’est leur langue qui est la langue mondiale actuellement. Il est bien évident que la résurrection nationale d’Israël, c’est-à-dire la fin d’exil pour Israël, est corollaire du commencement de l’effondrement de l’empire britannique. Finalement, c’est l’empire britannique qui s’est réclamé de l’identité d’Israël. La Bible c’était à eux. Cf. la diffusion phénoménale de la Bible par les Anglais. Et surtout c’est d’eux que nous avons récupérer Erets Israël.
Des correspondances existent dans le détail le plus précis, mais il suffit de savoir que c’est l’événement dans sa massivité qui compte. On arrive au temps de la décolonisation. Cela commence par l’effondrement de l’empire britannique au même moment que la résurrection nationale d’Israël
Et les royautés s’arrêtent partout.
Bien entenu, un universitaire occidental étudiant l’histoire et la sociologie va juger l’événement du point de vue d’autres critères. Mais comprenez que pour comprendre la relation à la tradition juive il faut inverser les critères de l’évidence.
Je me rappelle un des premiers cours sur la philosophie en début d’année : on s’est habitué depuis l’émancipation à juger de l’histoire d’Israël et de sa tradition du point de vue des critères de la conscience Goï qui est en rivalité avec elle depuis l’origine !
Il faut s’habituer à l’attitude intellectuelle inverse de juger l’histoire universelle du point de vue des critères de la tradition hébraïque. Il n’y a pas de dialogue possible.
Un universitaire occidental appliquant la méthode universitaire et qui serait ignorant de la cohérence de la tradition juive pour elle-même à partir de la Bible, trouverait hermétiques ces cohérence que je vous mets en évidence. Et c’est normal. C’est une autre lecture des mêmes phénomènes. Avec ces règles explicatives et ces initiations. Mais sans arriver jusque-là, la correspondance, la cohérence, la corrélation des événements est tellement massive qu’on ne peut pas ne pas le voir. Il faut savoir que nous avons des sources très anciennes qui prévoient ces événements-là.
On a une fois étudié une Mishna : le moment de la fin de l’exil s’appelle la fin de Shiboud Malkhouyiot la fin de l’impérialisme. Et effectivement, c’est en termes contemporains au temps de la décolonisation que commence le temps de la fin de l’exil. Israël y était tellement relié que cela ne se voit pas. Du point de vue de la tradition juive c’est la libération d’Israël qui est le point de départ de la libération de tous les autres peuples opprimés. Et non pas l’inverse, qu’au moment où la décolonisation s’est faite partout elle se serait faite pour les Juifs. Mais c’est au moment où elle devait se fait pour les juifs que cela se déclenche pour les autres. C’est la déclaration Balfour qui déclenche la décolonisation. C’est d’ailleurs vrai chronologiquement. Celui qui n’est pas familier aux évidences de la tradition ne peut pas voir cela. Si vous lui en parlez, tranquillement il vous dira fou…
Sachez que tous les événements qui se passe aujourd’hui sont dans le Midrash. Il suffit seulement de savoir lire ces événements dans le Midrash pour savoir ce qui se passe réellement dans la réalité. Il y a alors un problème de fond pour savoir où est la liberté de l’histoire si tout est programmé. C’est un autre problème.
Q : inaudible
R : Dans l’Israël contemporain, nous avons une royauté camouflée dans le président de l’état, mais c’est la même chose. Ce qu’on appelle le roi dans les régimes monarchiques c’est le président de l’état dans un régime démocratique. Cela revient au même. Ce n’est pas le Melekh HaMashia’h dévoilé descendant de David, c’est clair, mais la royauté est déjà revenue. Elle est revenue en clandestinité, en miniature, mais elle est revenue. C’est tellement évident qu’on ne le voit pas. C’est la massivité des événements qui donnent sa signification : pendant 2000 ans nous étions un peuple exilé sans souveraineté politique. De notre temps, il y a de nouveau souveraineté politique. Cela veut dire que la Malkhout revient en Israël. Ce n’est pas plus compliqué que cela.
Du point de vue de la Halakha les honneurs dus au président de l’état sont les honneurs dûs au roi d’Israël. Vous voyez les problèmes qu’ont les Juifs religieux qui ne reconnaissent pas l’état, ils sont en porte-à-faux avec la Halakha ! D’après la Halakha, même les grands rabbins plus âgés que lui doivent se lever devant le chef de l’état.
Q : inaudible
R : C’est pourquoi je vous ai parlé des dynasties qui ont reçu cette royauté de « droit divin » dans un sens très différent du sens habituel de cette expression.
Je vous donne un exemple : la Halakha implique que lorsqu’un roi Goï passe devant un juif, le Juif doit dire une Brakhah. « …que Dieu a partagé de sa gloire avec des créatures ».
Si on est invité par un roi Goï on doit manger ce qu’il propose à manger (sans souci de cacheroute) !
***
Le prix à payer pour sauver la communauté juive va être finalement celui-ci : celle qui est capable de Malkhout va passer chez les Goyim.
La tribu de Benjamin
On a maintenant un thème très important.
Voyez le premier récit de la Méguila.
וַיְהִי, בִּימֵי אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ
Vayhi…
Chaque occurrence du verbe Vayhi (un futur transformé en passé) annonce un mauvais présage, une catastrophe.
Et on pose comme objection dans la Guémara:
‘’Mais pourtant « וַיְהִי, בִּימֵי אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ Vayhi Bimei A’hashvérosh… » ? Et il est arrivé au temps d’Assuérus ! (que l’on a été sauvé du malheur !)
La Guémara répond : non Esther. C’est ce malheur-là.
Nous allons voir cette dialectique du mérite qui va faire que la communauté sera sauvée. D’une part le rôle d’Esther qui se sacrifie pour sauver la communauté. Et Mordekhaï qui va lui dire.
Mordekhaï accepte ce sacrifice.
Ce qui se joue à l’échelle nationale derrière ces sacrifices individuels c’est que la royauté va quitter Israël pour rentrer chez les Goyim : Ester Hamalka la reine du roi Assuérus !
C’est cette capacité-là qui va être donnée aux Goyim. Finalement, c’est Esther qui devient la matrice de la royauté des rois perses ! Derrière de consensus personnel et familial de Mardochée et Esther il se passe un drame très profond auquel on consent.
On aurait pu décider d’être sioniste, de rentrer en Judée pour refonder la royauté de Judée. Mais on s’installe dans une situation telle qui fait que cette capacité de royauté rentre chez les Goyim. Par la suite, Mardochée va être habillé des habits du roi, mais au titre de la royauté juive de Perse ! Non pas au titre d’Israël ! Mardochée va avoir ici à peu près la place de Joseph. (Joseph et Benjamin sont les enfants de Rachel).
Je vous explique maintenant un thème important concernant l’identité de Benjamin.
Souvenez vous de ce verset par cœur :
Ester 2:5: אִישׁ יְהוּדִי, הָיָה בְּשׁוּשַׁן הַבִּירָה; וּשְׁמוֹ מָרְדֳּכַי, בֶּן יָאִיר בֶּן-שִׁמְעִי בֶּן-קִישׁ–אִישׁ יְמִינִי
Ish Yehoudi Hayah BeShoushan Habirah VeShmo Mordekhaï Ben Yaï Ben Shimii Ben Qish Ish Yemini.
On va apprendre que le juif est le seul juif et seul dignitaire à ne pas se courber devant Haman était Mardochée. Ce que je veux vous faire comprendre c’est en quoi il le tient de Benjamin.
Au moment où Jacob est revenu de chez Lavan pour rencontrer Esaü il s’est prosterné devant Esaü lui et tous ses enfants sauf un qui n’était pas encore né, c’était Benjamin ! Il n’y a pas dans son identité cette espèce d’obséquiosité du juif obligé de se prosterner devant le goï. Benjamin ne se prosterne pas. C’est la descendance de Benjamin qui va relever la tête contre Haman, descendant d’Amaleq et donc d’Essav.
En fait, l’identité de Benjamin a été conçue dans l’exil comme toutes les autres tribus. Jacob a eu tous ses enfants en exil. Il se dévoile que l’identité des Shevatim des tribus sont conçu par l’exil. Aujourd’hi nous ne nous affilions plus en tribu, puisque après la destruction du Bayit Rishone, toutes les tribus se sont mélangées. Il y a encore certaines familles qui savent à quelle tribu elles se rattachent, mais c’est très rare. Des familles ont leur livre généalogique (Sefer Yo’hassin) qui montre très bien de qui la famille descend. Cela se trouve chez les ashkénazim et les séfardim. En général, ce sont les gens de la tribu de Judah en particulier qui ont gardé leur filiation généalogique.
Mais cela n’est plus nécessaire. Selon la Halakha, jusqu’au temps messianique, l’identification par tribu n’a plus force de loi puisqu’il y a eu un grand mélange.
Aujourd’hui il y a quelque chose d’analogue qui a le même statut que la division par tribu, c’est la division en communautés. En hébreu les tribus sont les Shvatim et les communautés sont les Edot. C’est quelque chose de très analogue. Chaque communauté a son type caractéristique – exactement de la même manière que les Shvatim – qui a sa spécificité propre du point de vue des Goyim chez qui elle a été conçue. Toutes les tribus d’Israël sont d’Israël, et chacune des tribus est un Israël différent. Ce sont les différences des Goyim de chez lesquels on sort.
Qu’est-ce qui différencie un juif polonais d’un juif marocain ? Pas le fait qu’ils sont juifs mais le fait que l’un vient du Maroc et l’autre vient de la Pologne ! Donc la différence de deux juifs entre eux c’est la différences des Goyim. C’est cette idée que les Shvatim les tribus-communautés, sont conçues par l’exil. Lorsqu’un juif marocain et une juive polonaise se marient ensemble, qu’est-ce qui se marie ? C’est le Maroc et la Pologne ! Ce n’est pas facile. Seul les Juifs peuvent faire cela. Si vous mettez les Polonais et les Marocains entre eux il n’y aura plus ni Pologne ni Maroc… C’est le problème de la municipalité israélienne de l’humanité qui est une réunification de l’humanité entière par délégation de ses juifs.
J’ai vécu personnellement ce problème puisque ma femme est polonaise. C’est mon expérience personnelle qui m’a mieux fait comprendre ce thème qui est dans les textes.
Fiançés, nous avons eu le problème suivant grave : comment allions nous chanter aux enfants pour les bercer ? En yiddish ou en judéo-arabe ? Ce n’est pas la même chose ! Finalement, on a décidé de chanter en hébreu ! Vous voyez comment cela marche… Il m’est arrivé de la surprendre en train de chanter en yiddish et elle m’a surpris en train de chanter en judéo-arabe, mais c’est en plus.
Ce qu’il y a derrière le yiddish c’est la culture occidentale, ce qu’il y a derrière le judéo-arabe c’est la culture orientale. Rien à voir avec les Juifs ! Mais c’est à travers les Juifs que cela peut se marier ! Ce n’est pas facile, mais les enfants se portent bien grâce à Dieu !
C’est le problème de l’humanité en général qui n’a de chance d’avoir une solution qu’à travers les Juifs de l’humanité. Cela se rattache à ce thème-là. La spécificité des tribus vient du paysage de l’exil. Le sujet comporte énormément de thèmes je vous en donnderais ce qui nous concerne.
Au moment où Jacob à dû s’enfuir de chez Laban, tous les enfants étaient nés sauf Benjamin. Rachel était enceinte de Benjamin. Il est donc conçu dans l’exil, et il nait en arrivant en Eretz Israel.
En particulier pour notre problème, toutes les tribus ont dans leur identité la prosternation devant les Goyim jusqu’à la fin des temps en relation avec cette stratégie du juif de l’exil. Aujourd’hui, on commence un peu à redresser la tête parce qu’Israël existe. L’histoire a montré quelle a été la position du juif chez les Goyim pendant 2000 ans. Il fallait avoir une stratégie de courbettes… Jacob est atteint à la hanche. Là où l’on se courbe. Dès qu’il se redresse il s’appelle Israël ! Mais pendant toute la durée de l’exil, il est atteint à la hanche. Lorsqu’il est guéri, il s’appelle Israël !
Jacob c’est un Israël courbé. Israël c’est un Jacob redressé. Comme on dit dans la Tefilah : Celui qui redresse les courbés. On voit cela dans l’histoire de Jacob qui est obligé de se prosterner devant Esaü, jusqu’à la fin des temps, mais il y a une dernière chance avec Banjamin.
Chaque tribu a sa fonction dans l’histoire d’Israël et voilà que la fonction de Benjamin c’est cette fonction de celui qui ne s’est pas courbé devant Esaü. Mordekhaï est un descendant de Benjamin.
Dans l’histoire biblique, on voit comment Joseph et Judah se dispute Benjamin. Là où est Benjamin l’avenir d’Israël passe ! Il faut oublier la connotation du français Benjamin le dernier né. On voit en hébreu que c’est la tribu de la dernière chance. On va essayer de diagnostiquer ce qu’est Benjamin aujourd’hui.
Jacob et Benjamin
Jacob est revenu dans le pays de Kenaan après la recontre avec Esaü, dans l’endroit nommé Beit-El, nous avons le texte suivant :
35.16
וַיִּסְעוּ מִבֵּית אֵל, וַיְהִי-עוֹד כִּבְרַת-הָאָרֶץ לָבוֹא אֶפְרָתָה; וַתֵּלֶד רָחֵל, וַתְּקַשׁ בְּלִדְתָּהּ
Ils levèrent le camp de Béthel; il y avait encore un chemin à parcourir pour arriver à Éfrath et Rachel enfata et elle enfanta avec difficulté.
L’enfantement de Benjamin n’est pas simple !
35.17
וַיְהִי בְהַקְשֹׁתָהּ, בְּלִדְתָּהּ; וַתֹּאמֶר לָהּ הַמְיַלֶּדֶת אַל-תִּירְאִי, כִּי-גַם-זֶה לָךְ בֵּן
Il arriva alors qu’elle enfantait avec difficultés, la sage femme lui dit: « N’ait pas peur car celui-ci aussi est pour toi un fils ! ».
35.18
וַיְהִי בְּצֵאת נַפְשָׁהּ, כִּי מֵתָה, וַתִּקְרָא שְׁמוֹ, בֶּן-אוֹנִי; וְאָבִיו, קָרָא-לוֹ בִנְיָמִין
Et il arriva alors que son âme l’a quitté, car elle mourut, elle le nomma Ben-Oni; mais son père l’appela Benjamin.
Rachel est morte en accouchant de Benjamin, les engendrements ont réussi. Lorsque Joseph est né elle avait fait le souhait d’avoir un autre fils. « Que Hashem m’ajoute un autre fils » Elle a vu que ce Joseph premier-né ne serait pas comme Caïn. Un frère supplémentaire ne serait pas en danger comme Abel chez Caïn, alors elle demande que Dieu lui ajoute un autre fils. C’est la rédemption de la faute de Caïn avec Joseph. Effectivement, toute l’histoire de Joseph est l’histoire de celui qui est capable de fraternité. Toute l’histoire de Caïn s’achève. Lorsque Joseph apparait c’est le temps messianique qui commence.
Rachel appelle cet enfant qui nait Ben-Oni fils de ma souffrance.
Le texte rajoute : Son père l’a nommé Benyamin.
Il y a trois explications que cite Rashi en citant le Midrash sur la signification de ces mots: cela permettra de diagnostiquer tout de suite quelle est cette force que représente Benjamin et qui est nécessaire pour que le salut apparaisse contre Amaleq, avec Mordekhâi capable de redresser la tête devant Amaleq, de la même manière que Benjamin, non encore né, représente cette force qui ne s’est pas prosternée devant Esaü…
בֶּן אוֹנִי
בֶּן צַעֲרִי
Ben Oni : Ben Tsaari
Ben-Oni : Fils de ma souffrance (Beréchith raba 82, 9).
בִּנְיָמִין
נִרְאֶה בְּעֵינָי לְפִי שֶׁהוּא לְבַדּוֹ נוֹלָד בְּאֶרֶץ כְּנַעַן שֶׁהִיא בַּנֶּגֶב כְּשֶׁאָדָם בָּא מֵאֲרַם נַהֲרַיִם כְּמוֹ שֶׁכָּתוּב בַּנֶּגֶב בְּאֶרֶץ כְּנָעַן הָלוֹךְ וְנָסוֹעַ הַנֶּגְבָּה
Binyamin : Ce nom, à mon avis, est dû au fait qu’il est le seul à avoir vu le jour en Kena‘an, région située au sud (yemin) pour celui qui vient de Aram Naharayim, ainsi qu’il est écrit : « au sud, dans le pays de Kena‘an » (Bamidbar 33, 40), « allant et se déplaçant vers le sud » (supra 12, 9).
בִּנְיָמִין
בֶּן יָמִין לָשׁוֹן צָפוֹן וְיָמִין אַתָּה בְרָאתָם לְפִיכָךְ הוּא מָלֵא
דָּבָר אַחֵר בִּנְיָמִין בֶּן יָמִים שֶׁנּוֹלָד לְעֵת זִקְנָתוֹ וְנִכְתָב בְּנוּ »ן כְּמוֹ לְקֵץ הַיָּמִין
Binyamin – fils du sud : Même sens que dans : « nord et sud (weyamin), c’est toi qui les a créés » (Tehilim 89, 13). C’est pourquoi le mot est écrit de toutes les lettres qui le composent, avec un yod entre le mèm et le noun. Autre explication du nom Binyamin : « fils des vieux jours (yamim) », à cela près qu’il est écrit avec un Noun au lieu d’un Mem, comme dans : « la fin des jours (hayamin) » (Daniel 12, 13).
Elle enfante avec difficulté cet enfant qui représente la dernière chance d’Israël conçu dans l’exil mais né en arrivant dans le pays. Alors que toutes les autres tribus sont nées dans l’exil et ramènent les différentes dimensions de l’unité d’Israël. Benjamin nait de la plus grande douleur et de la plus grande force et son père complète son nom en l’appelant Benyamin fils de la droite. Dans la disposition géographique par rapport à Israël, c’est le sud. Il est né au sud en descendant du pays de Laban. Parce que c’est l’enfant qu’il a eu à la fin de sa vieillesse. Pourquoi Yamin et pas Yamim ? Et il cite Daniel. Donc, il y a deux indications : que c’est l’enfant qui est la chance d’Israël à la fin des temps. On a donc quatre indications pour identifier Benyamin.
C’est la partie d’Israël qui a été conçue dans l’exil dans la grande douleur et qui devient la plus grande force en étant Israël à la fin des temps de l’exil. Plus exactement, ce sont les fondateurs d’Israël. Vous voyez de quoi s’occupe Rashi !
Joseph et Judah
Il y a là un thème très important que je reprends : Là où est Benyamin c’est là où l’avenir d’Israël passe.
Dès que nous arriverons à l’identification de la famille de Jacob, nous verrons qu’il y a deux tentatives messianiques qui s’opposent. Celle à la manière de Joseph et celle à la manière de Judah. Chacun des deux se dispute Benjamim qui est la dernière chance d’Israël. Benjamin est entre deux types de messianités qui s’affrontent à l’origine et qui ne sont destinés à s’organiser et collaborer qu’à la fin des temps. La messianité de Joseph et la messianité de Judah sont analysables dans la manière dont se produitsent les mariages de Joseph et de Judah. Pour continuer l’identité d’ISraël, il faut trouver une femme quelque part. Joseph va la chercher à l’extérieur d’Israël, alors que Judah va la chercher dans l’antérieur d’Israël. Joseph va en Egypte et il risque de tomber entre les mains de la femme de Poutifar. Judah pour se marier se marie dans Kenaan et finalement il essaie de remonter le plus loin possible dans l’antérieur d’Israël avec la lignée de Shem la plus indifférenciée avec Tamar que le Midrash identifie comme étant la fille de Shem.
La messianité de tout Joseph est de chercher à réaliser la mission d’Israël dans la civilisation extérieure. En termes contemporains, c’est le juif de diaspora, qui est toujours en danger de tomber entre les mains de la femme de Poutifar. Et le récit de la Torah nous montre bien que cette tentative-là mène à l’échec. Tout l’objet du récit de la Torah est de nous montrer que Joseph a essayé de transfigurer l’Egypte et cela aboutit à un échec. Dès que Joseph en fait le diagnostic il demande à ses frères de ramener ses ossements. Première tentative messianique de type Joseph.
La deuxième tentative messianique corollaire est celle de Judah et ses frères :
On a déjà connu cela. Jacob chez Laban ! C’est quand Jospeh est né qu’ils ont quitté l’exil de chez Laban. Joseph était enfant, et il continue le rêve de cette messianité-là : essayer d’aller là où est la civilisation pour la configurer. Il continue ce rêve parce qu’il n’a pas l’expérience de ses frères que c’est un échec. Vous comprenez la cohérence de la Torah à ce niveau.
On apprendra d’autre part que cette tendance là est celle des enfants de Rachel. Alors que la tendance de Judah est celle des enfants de Leah. Et toute notre histoire jusqu’à la fin des temps est une tension entre ces deux tendances.