Texte
/ Lorsque ceux qui avaient la Semikhah jugeaient qu’un Talmid ‘Hakham était digne pour une autre communauté, ils se rassemblaient en public et lui donnaient la Semikhah en plaçant les mains sur sa tête. Les Romains en ont interdit la pratique en punissant de mort tout contrevenant. Donc la Semihkha a été arrêtée. Ce n’est que par réputation que, dans les communauté restées traditionnelles, on savait par qui cela passait sans qu’il n’y ait plus rien ni d’officiel ni de légal depuis des siècles. C’est la raison pour laquelle il y a un tel état de chaos dans l’autorité traditionnelle contemporaine. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de solution mais la difficulté vient de là.
Il y a beaucoup de références.
Dans Baba Qama, en fin du 1er chapitre, l’enseignement sur la bastonnade : la Torah parle de 40 coups de bâton, la tradition dit que c’est 39. Un rabbin fait l’exègèse du verset pour montrer que puisqu’il y a écrit 40 c’est 39 cela va de soi…
Un autre maître le maudit : tu mérites une malédiction car tu préfères un Sefer Torah mort (le rouleau de Torah) à un Sefer Torah vivant (ton maître), moi mon maître m’a dit que c’est 39 !
C’est parce qu’il le sait par une tradition orale qu’il peut le voir dans le texte.
Et s’il ne l’a vu que dans le texte, chacun peut faire dire au texte ce qu’il veut !
Dans chaque livre au moins trois livres : Le livre que celui qui a voulu écrire a écrit, le livre que celui qui lit, lit. Et le livre qui est écrit. Lequel lit-on ?
Il faut apprendre, mais comprendre c’est autre chose. Et distinguer ce qu’on a cru comprendre par soi-même de ce qui nous a été enseigné. Cela n’a rien à voir ! Tant qu’on n’a pas confirmation de vérité d’une opinion, d’une hypothèse, cela reste une opinion, une hypothèse.
Il faut bien entendu apprendre par soi-même mais il ne faut pas mélanger les niveaux d’évidence, les niveaux de certitude. La chose la plus grave pour un Talmid ‘Hakham c’est par inadvertance de prendre une hypothèse d’explication pour une connaissance. L’hypothèse reste une hypothèse, qui peut être brillante, cohérente, mais reste hypothèse tant qu’il n’y a pas confirmation.
Q : Tous les commentaires, par exemple ceux de Rashi, étaient donnés à Moïse du Sinaï ?
R : Dans le principe oui. En son temps on n’avait oublié tellement de chose que son commentaire nous le rappelle. Ne faites pas l’erreur de croire que le commentaire ajoute quelque chose. Il vient nous rappeler quelque chose qu’on a oublié. C’est parce qu’on devient de plus en plus ignorant qu’il nous faut de plus en plus de livres. La nécessité d’un commentaire supplémentaire c’est le signe d’un affaiblissement de la connaissance. Les évidences disparaissent. Lorsque cela ne va plus de soi, il faut le mettre par écrit. Rashi n’avait pas besoin du commentaire de Rashi pour lire chaque verset. Et comment faisait Rashi sans Rashi ? Ils connaissaient ses Juifs et leur a donné Rashi…
***
Retour au sujet :
C’est là que se constitue l’identité qui va devenir juive et qui s’appelle « judéenne » étymologiquement.
Ce sont les deux thèmes fondamentaux que nous avons étudiés dans un cours sur la diaspora.
ð 1ère grande différence : l’arrêt de la prophétie, l’hébreu devient juif et la prophétie disparait
ð 2ème l’identité de dispersion, l’identité mixte.
ð 3ème dimension importante avec la Meguilat Ester : l’atmosphère de clandestinité et de déguisement qui va apparaître. La Méguilat Ester est un livre de la clandestinité.
Qu’est-ce qu’un juif ?
C’est un hébreu qui, par stratégie de survie, va se déguiser en goy !
Le jour de Pourim il se déguise en juif pour se rappeller qu’il est hébreu.
C’est comme cela, c’est la Halakhah.
Tous les jours de l’année c’est interdit, à Pourim c’est une Mitsvah où l’on joue à cette stratégie de déguisement qui a fait l’identité juive. Pourim est la fête « juive » par excellence, opposée à « hébreu ».
Effectivement, dans les communautés traditionnelles, l’habitude de Pourim c’est de se déguiser en juif. Enfant, je me déguisais en juif tunisien pour faire juif, parce que toute l’année j’étais déguisé en juif algérien…
En Israël actuellement à Pourim à Méa Shéarim on peut voir des gosses de ‘Hassidim qui arrivent à se déguiser en ‘Hassidim dans une réussite parfaite. Ils ont gardé la tradition.
Le vêtement juif est un déguisement. A Pourim, on se déguise en juif pour se rappeller qu’on est hébreux. C’est l’humour juif ! La plus grande réussite est d’arriver à se déguiser en juif ! Un juif français par exemple c’est un juif avec la légion d’honneur !
En Algérie pour représenter un français on se déguisait en légionnaire…
Tout juif est déguisé, moi je suis un juif déguisé en européen.
Il n’y a pas de différence.
Vous croyez que les Juifs d’Europe de l’est, ‘hassidim, sont déguisés par rapport à vous mais quand ils vous regardent ils se demandent en quoi vous vous êtes déguisés !
Un juif est un hébreu déguisé en goy dans l’apparence extérieure. Par exemple mon grand-père avait une djelaba, un habit arabe et pas du tout juif.
La seule chose qui nous reste des Hébreux c’est le Talit. Pour le reste on ne le sait pas. On le saura quand la prophétie recommencera. Mais l’important dans l’habit c’est les Tsitsit.
Dans les communautés traditionnelles on a gardé la forme du linceul (en lin seul, le mélange de lin et de laine étant interdit)
C’est dans son identité culturelle même, l’hébreu – le dernier des Hébreux est le Judéen – descendu en exil commence à s’habiller en Perse. Ce juif-là est un hébreu déguisé.
Le déguisemeent de Pourim renvoit à l’identité de déguisement qui est cette identité de clandestinité des Juifs. Dès qu’on va rentrer dans la lecture de la Méguila on rentre dans une atmosphère de clandestinité. Ce sont des Hébreux en résistance. Tout est caché et dans une atmosphère de camouflage d’identité. Le nom d’Israël n’est pas prononcé, le nom de Dieu n’est pas prononcé. Il y a des raisons pour cela. Le nom de Jérusalem n’est prononcé que pour rappeller que Mardochée est un exilé de Jérusalem. Définition déjà confessionnelle, religieuse. On entre tout à fait d’emblée de plein pied dans l’identité juive de la diapsora telle qu’elle va se développer pendant des millénaires.
On est en résistance, en sursis, en clandestinité dans une atmosphère de maquis. Tout est chiffré. On ne peut pas dire la vérité. Le juif se définirait comme perse d’origine judéenne. La capitale c’est Shoushan haBirah, Suse. L’identité juive apparait dans le dernier livre de la Bible. C’est la cloture du temps des Hébreux, on rentre dans le temps juif avec la Meguilat Ester. Tout est caché.
C’est le thème que nous aurons à suivre tout au long de la lecture de la Méguila. Retenez que le thème du déguisement est extrêmement important en relation avec Pourim, parce que c’est l’identité juive qui apparait. Retenez cela que le jour de Pourim on se déguise en juif pour se rappeller qu’on est hébreux !
Je voudrais qu’on étudie ensemble ce dernier tableau pour situer l’événement historique dans lequel cela va commencer.
Je vais vous demander de lire le dernier chapitre de la Bible et la Meguilat Ester.
C’est dans les Chroniques livre 2 chapitre 36.
Comparez la différence d’atmosphère de ces deux contextes : les versets des Chroniques et Meguilat Ester.
36:22
וּבִשְׁנַת אַחַת, לְכוֹרֶשׁ מֶלֶךְ פָּרַס, לִכְלוֹת דְּבַר-יְהוָה, בְּפִי יִרְמְיָהוּ–הֵעִיר יְהוָה, אֶת-רוּחַ כּוֹרֶשׁ מֶלֶךְ-פָּרַס, וַיַּעֲבֶר-קוֹל בְּכָל-מַלְכוּתוֹ, וְגַם-בְּמִכְתָּב לֵאמֹר
Dans la première année du rêgne de Cyrus, melekh Paras roi de Perse, à la fin de la révélation de la parole de l’Eternel (c’est-à-dire la fin de la prophétie), dans la bouche de Jérémie, l’Eternel éveilla l’esprit de Cyrus roi de Perse; et celui-ci fit proclamer, dans tout son royaume, et même par écrit pour dire :
36:23
כֹּה-אָמַר כּוֹרֶשׁ מֶלֶךְ פָּרַס, כָּל-מַמְלְכוֹת הָאָרֶץ נָתַן לִי יְהוָה אֱלֹהֵי הַשָּׁמַיִם, וְהוּא-פָקַד עָלַי לִבְנוֹת-לוֹ בַיִת, בִּירוּשָׁלִַם אֲשֶׁר בִּיהוּדָה: מִי-בָכֶם מִכָּל-עַמּוֹ, יְהוָה אֱלֹהָיו עִמּוֹ–וְיָעַל
« Ainsi parle Cyrus, roi de Perse: Hashem, Dieu du ciel, m’a mis entre les mains tous les royaumes de la terre, et m’a donné comme consigne de Lui bâtir une maison à Jérusalem, qui est en Judée. Qui parmi vous de tout son peuple, que Hashem, son Dieu, soit avec lui, et qu’il monte (la Aliah). «
On voit que la Aliah c’est le dernier mot du Tanakh.
Nous avons ici un texte où les Judéens en exil sont sortis de la clandestinité par une proclamation de Cyrus qu’on va appeller la proclamation Cyrus. Alors les Judéens ont droit de sortir de la clandestinité. Cyrus est inspiré et puis il le dit lui-même : il donne le feu vert pour les Judéens de remonter à Jérusalem pour construire leur temple. Vous avez une atmosphère de sortie de la clandestinité qui contraste absolument avec l’atmopshère de clandestinité dans la Meguilat Ester.
Suivons sur le tableau historique:
ð En 3390 : déclaration de Cyrus : les Juifs ne bougent pas…
ð En 3392 : Assuérus prend le pouvoir suite à un changement de dynastie…
ð En 3396 : Haman apparait…
Tableau parallèle contemporain :
ð En 5677 : déclaration Balfour…
ð En 5693 : Hitler apparait…
Que se passe-t’il au temps de la Perse ? La déclaration de Cyrus qui donne le feu vert : les Juifs ne bougent pas, alors Haman apparait. Cette communauté a été sauvée parce qu’il y avait la reine Esther. C’est cette histoire que nous lisons dans Meguilat Ester.
De notre temps, nous avons le même rythme : la déclaration Balfour est arrivée en 1917, les Juifs n’ont pas bougé, alors Hitler est arrivé au pouvoir en Allemagne… Et la suite vous la connaissez, seulement il n’y pas eu la reine Esther…
On va prendre la lecture de Méguilat Ester à plusieurs niveaux à la fois.
En particulier, le niveau de la constitution de la communauté juive pour la première fois et dans la relation au monde extérieur qui est l’empire perse. Et nous allons voir là le modèle de la situation du juif dans l’histoire. D’autre part, une lecture dure du fait d’une sorte de complaisance dans cette identité provisoire qui va s’installer en définitive pour des millénaires.
Pour les minutes restantes, je voudrais expliquer le premier point de ce thème-là.
Vous pouvez l’intituler : l’identification socio-politique de l’empire perse dont nous parle la Meguilat Ester. Vous vous appuierez vous-mêmes sur les premiers chapitres de la Méguilat Ester.
Cet empire perse rassemblait 127 provinces dit le texte, en réalité 127 royaumes. C’était un empire colossale, la civilisation perse de l’antiquité était une civilisation prestigieuse, qui rassemblait pratiquement tout le royaume « civilisé » de la civilisation de ce temps. Dans le texte « MéHodou ve ad Koush : depuis l’Inde jusqu’à l’Ethiopie » en faisant le tour de toute l’Asie. C’était un empire très libéral. Chaque province avait une autonimie réelle, et de gouvernement, et de culture, et de langue. Vous trouverez les détails dans le texte.
Et dans cet empire, il y a 2 cas particuliers.
Nous choisirons comme modèle de référence pour l’identifier clairement l’exemple de l’empire soviétique qui a officiellement une constitution extrêmement libérale. Chaque république soviétique est autonome, chacune avec sa langue.
Il y a deux cas particulier dans l’empire Perse : les Amalécites et les Juifs.
ð Amalek donc les descendant d’Esaü.
ð Et les Judéens.
Que représente le cas particulier dans le statut de l’empire ? Dans le statut de l’empire tout peuple a son territoire. C’est une province qui rassemble dans la même cohérence le territoire, le peuple du territoire avec sa langue, sa culture, sa religion…etc. Et il y a une fédération. Cela ressemble beaucoup à l’empire soviétique.
Il y a un cas particulier des Juifs qui n’ont pas de territoire dans ce pays puisque leur territoire c’est la Judée. Par conséquent, ils sont en dispersion, greffés sur les autres peuplades de l’empire.
Et en particulier d’ailleurs, ils se trouvent surtout dans les grandes villes exactement comme les Juifs. Cela commence à cet époque-là. Voyez, cet espéce de dimension qui va de suite être en bute à l’accusation de cosmopolitisme à l’intérieur d’un empire de constitution très libérale.
Et d’autre part une autre peuplade rivale des Juifs, les Amalécites, avec Haman à leur tête, qui sont au pouvoir. Ils forment le parti à l’intérieur du régime.
Il y a donc trois dimensions :
ð les nations de cet empire,
ð le parti
ð et les Juifs.
On voit à quel point c’est très parallèlle à ce qui se passe en Russie.
On a les peuples de la Russie, chacun avec son territoire, la constitution officielle c’est évidemment l’autonomie des provinces. Et il y a deux cas particuliers, le parti communiste et les Juifs.
Le parti dans l’état et les Juifs.
C’était la même chose dans l’Egypte du Pharaon : il y a les différents peuples asservis par cet empire, avec comme province principale les Egyptiens de l’Egypte. De la même manière qu’en russie soviétique il y a les russes blancs et les autres… Et il y a les serviteurs du Pharaon : le parti au pouvoir. Et il y a les Hébreux.
Nous retrouvons cette même structure dans cette civilisation de la Perse d’Assuérus qui n’est pas totalitaire, en tout cas légalement, comme l’Egypte du Pharaon, qui est vraiment un empire très libéral qui a à résoudre un problème des Juifs. Il le résoud dans une rivalité avec les Amalécites.
Pour prendre un pays comme la France, on peut la voir comme un empire résultat d’une fédération de provinces. avec une constitution très libérale. Il y a deux cas particuliers : les Juifs qui bien que citoyens d’un pays n’ont pas de territoire à eux, ne sont pas partie du terroir. Et le parti fasciste quelqu’il soit. C’est la même chose à chaque fois. On voit à quel point c’est parallèle avec ce qu’on a vu dans la russie soviétique… C’est la même situation socio-politique des Juifs dans les nations. De notre temps se dévoile un exemple très clair : c’est la Russie soviétique.
La 1ère scène qui nous est racontée dans le récit du 1er chapitre est la tentation des Juifs à l’assimilation. Les Juifs sont mis à l’épreuve de l’assimilation. Et comme précisément ils ne vont pas résisté, alors Haman va intervenir…
(interruption)
…/…
(reprise)
… Nous allons voir un événement très analogue dans l’histoire des Hébreux en Egypte où il y a aussi eu un changement de dynastie qui explique un certain nombre d’épisodes qui se passent pour les Hébreux en Egypte.
Tant que le souvenir de Joseph en Egypte était suffisamment fort, les Hébreux étaient respectés ; et puis à partir du changement de dynastie on n’a plus tenu compte de l’importance et du prestige de Joseph dans l’histoire de l’Egypte et la persécution a commencé.
C’est l’élément d’analogie qui nous explique la suite. Ce changement de dynastie – avec Assuérus comme nouveau roi – va faire venir le parti des Amalécites au pouvoir de la Perse.
Je vous donne le verset dans le livre de Shemot pour ce qui concerne l’Egypte.
Shemot 1.8:
וַיָּקָם מֶלֶךְ-חָדָשׁ, עַל-מִצְרָיִם, אֲשֶׁר לֹא-יָדַע, אֶת-יוֹסֵף
Vayakom melekh-‘hadash al-Mitsrayim asher lo-yada et-Yossef.
Un nouveau roi s’est levé sur l’Egypte qui n’avait pas connu Joseph
Le Midrash explique qu’il faisait semblant de ne pas le connaître…
Aucun roi de l’époque n’aurait pu ne pas connaître l’importance de Joseph pour l’Egypte.
Quelque chose d’analogue est annoncé dès le 1er verset de Meguilat Ester:
וַיְהִי, בִּימֵי אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ: הוּא אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ, הַמֹּלֵךְ מֵהֹדּוּ וְעַד-כּוּשׁ–שֶׁבַע וְעֶשְׂרִים וּמֵאָה, מְדִינָה
« Tout cela est arrivé et ce fut au temps de Assuérus, ce même Assuérus qui régnait depuis l’Inde jusqu’à l’Ethiopie-Soudan (Koush), 127 provinces ».
בַּיָּמִים, הָהֵם–כְּשֶׁבֶת הַמֶּלֶךְ אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ, עַל כִּסֵּא מַלְכוּתוֹ, אֲשֶׁר, בְּשׁוּשַׁן הַבִּירָה
En ces temps-là, lorsque le roi Assuérus a voulu affermir son trône qui se trouve à Suse la capitale,
בִּשְׁנַת שָׁלוֹשׁ, לְמָלְכוֹ, עָשָׂה מִשְׁתֶּה, לְכָל-שָׂרָיו וַעֲבָדָיו:
à la 3ème année de son rêgne il a fait un festin à tous ses princes et ses serviteurs.
Affermir son trône… Cela est de nouveau lié à un changement de dynastie, et lorsqu’il a finalement installé son régime.
Ses serviteurs… Il y a une indication comme au temps de l’Egypte – Avdei Paro – il y a un parti de la cour qui est au pouvoir.
Le jour où il a jugé que son gouvernement était suffisamment stable, il a fait un grand festin pour inaugurer cela.
חֵיל פָּרַס וּמָדַי, הַפַּרְתְּמִים וְשָׂרֵי הַמְּדִינוֹת–לְפָנָיו
« Et il s’agit de l’armée de Paras ouMadaï de la Perse et de la Médée, HaPartemim (un mot dérivé du Persan, c’est-à-dire les satrappes, les gouverneurs des provinces), et les princes des royaumes devant lui. »
Il a convoqué par conséquent tous les représentants des peuples qu’il gouverne.
Tout de suite on est averti d’un problème : comment les Juifs entrent-ils dans ce système ?
בְּהַרְאֹתוֹ, אֶת-עֹשֶׁר כְּבוֹד מַלְכוּתוֹ, וְאֶת-יְקָר, תִּפְאֶרֶת גְּדוּלָּתוֹ; יָמִים רַבִּים, שְׁמוֹנִים וּמְאַת יוֹם
« son propos était de dévoiler la richesse de la gloire de son royaume, et le prix de la magnificience de sa grandeur, de nombreux jours, puisque c’était 180 jours de festins. »
וּבִמְלוֹאת הַיָּמִים הָאֵלֶּה, עָשָׂה הַמֶּלֶךְ לְכָל-הָעָם הַנִּמְצְאִים בְּשׁוּשַׁן הַבִּירָה לְמִגָּדוֹל וְעַד-קָטָן מִשְׁתֶּה–שִׁבְעַת יָמִים: בַּחֲצַר, גִּנַּת בִּיתַן הַמֶּלֶךְ
« Et à la fin de cette période, le roi a fait pour tout le peuple qui se trouvait à Suse la capitale, depuis le plus grand jusqu’au plus petit, un festin de 7 jours. Dans la cour du jardin du palais du roi. Tout était décoré en tentures blanches, vertes et bleues, tenues par des cordons de soie et pourpre sur des colonnes d’argent et des colonnette de marbres et des lits d’or et d’argent, sur des planchers de porphyre et de marbre, de granit…etc. »
Cela dévoile la richesse de ce royaume par une telle débauche de magnificence.
L’étude détaillée renvoie à des structures de la création du monde lui-même.
C’est une civilisation d’une grande richesse, pleine de valeurs, donc fascinante, attirante, favorisant l’assimilation. Après cette grande épreuve des Hébreux dans la civilisation de l’Egypte, voilà que les Judéens qui sont les rescapés des Hébreux vont être confrontés à cette épreuve à un niveau, je pense différent, ce n’était pas le même type de civilisation, mais à un niveau aussi grave de danger…
C’est intentionnellement que le texte montre le type de civilisation auquel les Judéens vont être soumis à l’épreuve de l’assimilation.
Verset 7 :
וְהַשְׁקוֹת בִּכְלֵי זָהָב, וְכֵלִים מִכֵּלִים שׁוֹנִים; וְיֵין מַלְכוּת רָב, כְּיַד הַמֶּלֶךְ
« Et on servait à boire dans des ustensiles d’or, et les kelim étaient de différentes sortes. Et le vin du royaume était nombreux selon la main du roi keyad hamelekh »
Il y avait abondance et chacun pouvait choisir selon son choix.
keyad hamelekh – royal
verset 8
וְהַשְּׁתִיָּה כַדָּת, אֵין אֹנֵס: כִּי-כֵן יִסַּד הַמֶּלֶךְ, עַל כָּל-רַב בֵּיתוֹ–לַעֲשׂוֹת, כִּרְצוֹן אִישׁ-וָאִישׁ
« et la boisson kadat selon la règle éditée par le roi, sans contrainte car ainsi, avait insitué le roi, sur tout celui qui avait un pouvoir dans sa maison, de faire selon la volonté de chacun ».
C’est une civilisation extrêmement attirante, et cependant selon la constitution officielle il y a liberté absolue. Cette communauté judéenne est située tout de suite à l’intérieur en relation à un empire, qui va lui poser le problème de sa fidélité à elle-même ou de l’assimilation. Les Judéens avaient donc en principe le droit d’être judéens.
Le Midrash sur ces derniers versets va dire :
Chacun fut invité à trinquer à la santé du roi, mais on était libre de boire ou pas. Les Juifs ont succombé à l’épreuve et ont bu.
Cela a l’air anodin, mais c’est cela qui nous est raconté pour justifier les catastrophes qui vont menacer cette communauté. Il y a dans ces versets une atmosphère de liberté absolue et donc de mise à l’épreuve. Pour toutes les traditions en général, mais plus particulièrement dans la tradition de la Kaballah, c’est le vin qui est le signe de la sagesse.
Dinim :
Il y a plusieurs rites importants à Pourim. L’un des plus important est celui du vin. La communauté est mise à l’épreuve du vin, et le sens c’est l’épreuve de l’assimilation. C’est un sujet important : dans les grands étapes de l’histoire que nous raconte la Torah à chaque fois il y a l’épreuve du vin.
L’histoire du 1er homme : un des Midrashim nous dit que ce fruit c’était la vigne.