Pourim 1979 (10/10)

Le cours

Face A

Face B

Texte Face A

/ Je me rappelle les heures que je passais pour leur apprendre à manger cachère et ensuite ils ne mangeaient plus chez moi parce qu’on n’avait pas la même cacheroute. Quand on est baal teshouvah c’est encore une erreur de la conscience de croire que l’essentiel est de faire des performances.   

Je lui ai dit : tu sais que dans la Torah il y a l’interdiction de faire parler les morts. On a eu le même maitre qui s’appelait Jacob Gordin. Je lui ai dit : « toi tu es en train de citer Monsieur Gordin mort, et c’est interdit de faire parler les morts ! S’il était lui vivant maintenant que te dirait-il ? »  

C’est un exemple en passant, mais c’est toujours cette même attitude.

Un autre dont je tairais le nom m’avais dit : « Tu comprends, si le rav Kook a raison c’est mauvais pour mon maitre ! » C’est parce que son maitre lui avait enseigné le contraire !

Il y a la Torah et le diagnostic des événements. Tous les milieux qui n’avaient pas l’enseignement de la Kabalah ont été incapables de diagnostiquer l’événement du sionisme. Ils ont réagi avec des idées personnelles concernant le diagnostic éventuel de l’événement. Et il y avait de quoi se tromper   puisqu’effectivement le mouvement sioniste en grande majorité est apparu avec un visage ‘hiloni aggressif contre la communauté. Mais ce qu’il fallait comprendre c’est que c’était précisément la seule stratégie possible pour sauver les Juifs. Pour sauver les Juifs, il fallait pour cela détruire la communauté juive. C’est pourquoi je vous ai dit qu’il faut aider les communautés juives… à disparaitre ! Je pense que c’est clair. Mais il faut les aider bien.

Il y a des nuances, c’est un milieu extrêmement diversifié et énormément de gens d’entre-eux regrettent que leurs maitres de la génération précédente les aient mis sur de fausses pistes. Je me rappelle ce raisonnement de beaucoup d’élèves que j’ai eu en France et qui sont passés dans les yeshivot avec cette position anti-israélienne : tu nous a appris à respecter ce que disent les rabbins. Or, les rabbins ne parlent pas comme toi, alors c’est toi qui a tort ! Cela en arrive-là !

Revenons au problème.

D’abord une indication avec Rashi sur la différence entre l’identité père et l’identité fils:

6.2

וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים, אֶל-מֹשֶׁה; וַיֹּאמֶר אֵלָיו, אֲנִי יְהוָה

Elohim adressa la parole à Moïse, en disant: « Je suis Hashem »

C’est dire que le temps de la réalisation a commencé.

C’est le ‘hidoush qui apparait : Elohim dit Ani Hashem !

C’est cela l’explication à la question que pose Moïse dans les versets précédents (5.22-23).

Une des explications que l’on trouve dans le Shlah et que Monsieur Gordin nous citait : jusqu’à ce qu’on arrive à la 26ème génération la proclamation du nom de Dieu ne pouvait pas se faire, et c’est le nom qui est employé dans la dimension de la réalisation. El Shadaï c’est Dieu en tant qu’il promet, Hashem Dieu en tant qu’il réalise.

Dans la Kaballah nous trouvons l’explication suivante : la valeur numérique du Shem Havayah c’est 26, donc c’est à la 26èmegénération que le dévoilement se fera.

Et tout le problème est de savoir où doit se faire le dévoilement : à Sion ou au Sinaï ? Au fond ce sont les deux camps qui s’opposent, ceux de la Torah du Sinaï, la diaspora et ceux de la Torah de Tsion.

Je vous avais cité en passant un enseignement de Judah Halévi : étant donné que la Torah est révélée à Tsion et que finalement elle nous a été donnée au Sinaï, cela signifie que Sinaï fait partie de Tsion.

En général, dans ces milieux-là on considère que le Sinaï appartient au désert, et on met l’accent là-dessus pour dire que la Torah est universelle et qu’elle n’est pas attachée à une terre en particulier. Et que par conséquent, on est sorti d’Egypte et que la Torah a été donnée et qu’il faut la pratiquer partout. Avec Eretz Israel quand le Mashia’h sera venu…

6:3

וָאֵרָא, אֶל-אַבְרָהָם אֶל-יִצְחָק וְאֶל-יַעֲקֹב–בְּאֵל שַׁדָּי; וּשְׁמִי יְהוָה, לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם

Je me suis révélé à Abraham à Isaac et à Jacob en tant que El Shadaï

Cela veut dire “Dieu qui promet”. On traduit par “Tout-puissant”. Les deux explications sont liées: celui qui peut tout est celui qui peut promettre. El she daï lo, le Dieu à qui il y a suffisamment pour pouvoir promettre.

וּשְׁמִי יְהוָה, לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם

Or, Mon Nom de Hashem Je ne me suis pas fait connaître à eux.

C’est-à-dire : Je me suis fais connaitre à eux dans la promesse mais je ne me suis pas fait connaitre à eux par mon nom de Hashem dans la réalisation.

Regardez bien les termes : vaéra : Je me suis révélé à eux avec le contenu d’une promesse Aval Shmi Hashem mais mon nom c’est Hashem ! Il en résulte Lo Nodaati LahemJe ne me suis pas fait connaitre dans le sens de Yediyah au niveau de la réalisation.

Et le Midrash enchaine là-dessus de façon extraordinaire en disant : tous ces Avot je leur ai promis et je ne leur ai rien donné et ils n’ont pas douté ! Et toi, je commence à réaliser et tu commences à douter ?

Dieu dit à Moïse :

« Dommage ceux qui sont partis et ne se trouvent plus-là » (Expression entrée dans la culture juive en général) Plusieurs fois Je me suis révélé à Abraham Isaac et Jacob par la promesse El Shadaï et Je ne leur avais pas fait connaître que Mon Nom est Hashem qui accomplit comme Je te l’ai dit à toi (chapitre 3 : Va leur dire Hashem Eloheinou…) ils n’ont pas douté de mes Midot.

J’ai dit à Abraham : « Lève-toi et traverse le pays en long et en large car c’est a toi que je le donne. Il a voulu enterré Sarah et n’a pas trouvé un endroit pour enterrer Sarah… Il n’a pas douté de moi»

J’ai dit à Isaac : Séjourne dans ce pays et je serais avec toi et je te bénirai car c’est à toi et à ta postérité que je donnerai toutes ces terres. Il a voulu boire de l’eau et ne l’a pas trouvée (dans ces conflits avec les bergers d’Avimelekh et la contestation des puits) et il n’a pas douté de moi.

J’ai dit à Jacob : la terre sur laquelle tu te couches c’est à toi. Je la donne à ta postérité, il a cherche un lieu pour planter sa tente et ne l’a pas trouvé jusqu’à ce qu’il ait acheté l’endroit pour planter sa tente. Et il n’a pas douté de moi.

Et il ne m’a pas demandé « quel est ton nom ? » Comme toi tu me l’as demandé !

Et toi, dès que Je t’ai envoyé au début de la mission que Je t’ai donnée, tu m’as dit : Mah Shemi quel est mon nom ? Et à la fin tu me dis : depuis que je suis allé chez Pharaon pour parler en ton nom, le peuple a du mal… »

C’est pourquoi J’ai dit : Et même Je réaliserais mon alliance qui a été donnée aux pères comme Je leur ai promis que Je leur donne la terre, et quand Je leur ai promis sans leur donner ils n’ont pas douté. Et aussi j’ai entendu la clameur des enfants d’Israël parce qu’eux n’ont pas douté de moi. Et bien que Israël de cette génération ne se conduisait pas bien, J’ai entendu leur voix à cause de l’alliance que J’ai tranché avec leur pères, c’est pourquoi il est écrit : Et Je tiens compte de mon alliance».

Rashi sur Vaera 6.3 :

וָאֵרָא

אֶל הָאָבוֹת בְּאֵל שַׁדָּי הִבְטַחְתִּים הַבְטָחוֹת וּבְכֻלָּן אָמַרְתִּי לָהֶם אֲנִי אֵל שַׁדָּי

Je suis apparu : Aux patriarches « en qél Chaqqaï ».

C’est un Rashi difficile. Quelle est sa question ?

Le verset dit : וָאֵרָא, אֶל-אַבְרָהָם אֶל-יִצְחָק וְאֶל-יַעֲקֹב

Et Rashi commente : El HaAvot !

C’est la même chose !

Rashi commente : en tant qu’ils étaient des pères ! 

C’est typique de la tradition shébe al peh.

Le ‘hidoush de Rashi : il veut nous faire comprendre : Vaera el haavot : cela veut dire je me suis révélé aux pères sous forme de promesses. L’identité père c’est l’identité de la révélation de la promesse. On en verra la preuve dans la suite de ce Rashi.

Je leur ai promis des promesses et chaque fois je leur ai dit : « Je suis qél Chaqqaï ».

Rashi nous relie ces deux notions de Avot et de Havta’ha. Les Avot c’est l’identité de promesse.

Je reviens sur ce Rashi pour vous donner un échantillon des problèmes d’éxégèses sur les commentateurs de Rashi.

Beaucoup de commentateurs ne voyant pas le contenu de ce que transmet Rashi se pose la question de savoir pourquoi Rashi dit Ha-Avot à la place de Avraham, Its’haq et Yaaqov ?

Ils expliquent qu’il faut lire ainsi Rashi : en réalité Rashi explique BeEl Shadaï  et que Vaera El HaAvot est le résumé du verset pour ne pas le recopier. Des commentateurs très sérieux expliquent ce Rashi ainsi. Le Gour Arieh du Maharal explique que si on confronte tous les enseignements de Rashi où apparemment il résume le verset pour expliquer le dernier mot qu’il explique, en réalité il y a à chaque fois une intention particulière. Et ici l’expression Ha-Avot ce n’est pas du tout un résumé mais une explication.  

Q: Pourtant dans Bereshit quand HQBH parle à Avraham il est dit Vayomer Hashem… ?

R: Le texte nous dit que c’est Hashem qui se révèle à Avraham, Its’haq et Yaaqov en tant que El-Shadaï. Et Avraham, Its’haq et Yaaqov savent très bien que Hashem c’est Hashem ! Mais ce n’est pas en tant que Hashem la dimension de la réalisation qu’il s’est révélé à eux, mais en tant que El Shadaï, la dimension préalable de la promesse. C’est pourquoi il est précisé Ani El-Shadaï. Et Avraham connait que le nom de Dieu c’est Hashem, mais ce n’est pas dans cette modalité-là que la révélation s’adresse à lui.

Au temps de Moïse c’est la 26ème génération. Il y a dix génération de Adam à Noa’h, et dix générations de Noa’h à Avraham et 6 générations de Avraham à Moïse. Cela fait 26.

Rashi:

וּשְׁמִי ה’ לֹא נוֹדַעְתִּי וּשְׁמִי ה’ לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם

הוֹדַעְתִּי אֵין כְּתִיב כָּאן אֶלָּא לֹא נוֹדַעְתִּי לֹא נִכַּרְתִּי לָהֶם בְּמִדַּת אֲמִתִּית שֶׁלִּי שֶׁעָלֶיהָ נִקְרָא שְׁמִי ה’ נֶאֱמָן לְאַמֵּת דְּבָרַי שֶׁהֲרֵי הִבְטַחְתִּי וְלֹא קִיַּמְתִּי

Et de mon Nom Hachem je ne me suis pas fait connaître (lo noda’ti) à eux : Le texte ne porte pas : « je n’ai pas fait connaître » (lo hoda’ti), mais : « je ne me suis pas fait connaître » (lo noda’ti). Je n’ai pas été connu d’eux dans mon attribut de vérité, qui fait que je m’appelle Hachem, digne de confiance pour tenir parole. Car je leur ai fait des promesses, mais je ne les ai pas encore exécutées. (Ils ne m’ont connu que comme El Shadaï et pas comme Hashem)

Je reviens encore en arrière pour vous donner une autre dimension de ce même Rashi.

Ne croyez pas qu’on a compris tout ce qu’il y avait dans ce mot de Rashi, « El Ha-Avot ».

Il y a différents niveaux d’approfondissement de la même lecture. Vous avec déjà découvert un niveau important avec El HaAvot, l’idée c’est l’être de promesse. Il y a une autre approche de ce même Rashi radicalement différente mais complémentaire. J’en profite pour vous donner cet exemple pour que vous compreniez ce qu’est l’étude de la Torah ShébéAl Peh.

Le verset lui-même pose un problème énorme :

Vaera, on s’est toujours habitué à traduire « Je me suis révélé à » sans que cela pose problème !

Que signifie Je me suis révélé avec ce mot de Vaera ?

Cela veut dire « Je me suis fait voir » !

C’est difficile, puisque nous avons un verset clair qui dit

Kitissa 33.20:

וַיֹּאמֶר, לֹא תוּכַל לִרְאֹת אֶת-פָּנָי:  כִּי לֹא-יִרְאַנִי הָאָדָם, וָחָי

Vayomer lo tokhal lirot et-panaï

Il dit : Tu ne saurais voir ma face

Ki lo yirani haAdam ve’haï 

Car l’homme ne peut pas me voir et vivre.

Comment alors le verset peut-il nous dire tranquillement ici Vaéra El Avraham, Yits’haq veYaaqov – Je me suis fait voir d’Abraham, d’Isaac, et de Jacob ?

Cela veut dire qu’ils ont vu puisque le mot est employé !

Alors Rashi explique : Vaéra El HaAvot ! C’était des Avot !  Eux peuvent voir, et pas nous !

C’est une toute autre lecture : en tant qu’ils sont des Avot, ils sont à un tout autre niveau que nous. A ce niveau-là il n’y a pas de difficulté. Nous, nous ne pouvons pas, eux le peuvent. Et c’est justement à Moïse lui-même que Moïse dit : Tu ne peux pas me voir !

Et c’est pourquoi Dieu lui dit :

33.21

וַיֹּאמֶר יְהוָה, הִנֵּה מָקוֹם אִתִּי; וְנִצַּבְתָּ, עַל-הַצּוּר

Il est une place près de moi: tu te tiendras sur le rocher

33.22

וְהָיָה בַּעֲבֹר כְּבֹדִי, וְשַׂמְתִּיךָ בְּנִקְרַת הַצּוּר; וְשַׂכֹּתִי כַפִּי עָלֶיךָ, עַד-עָבְרִ

puis, quand passera ma gloire, je te cacherai dans la cavité du roc et je t’abriterai de ma main jusqu’à ce que je sois passé.

33.23

וַהֲסִרֹתִי, אֶת-כַּפִּי, וְרָאִיתָ, אֶת-אֲחֹרָי; וּפָנַי, לֹא יֵרָאוּ

Alors je retirerai ma main et tu me verras par derrière; mais ma face ne peut être vue.

Je te protégerais par le rocher et tu verras mon arrière mais ma face tu ne peux voir…

Or, on ne comprend pas ce que cela veut dire : le Dieu dont parle la Bible se cache derrière un rocher pour éviter que Mosheh soit atteint par sa vision !? On ne sait pas de quoi il s’agit ! On peut l’apprendre, mais c’est 40 ans de Kaballah ! 

En tout cas formellement c’est très clair, on ne comprend pas ce que signifie qu’Abraham et Isaac et Jacob ont vu Dieu ! On ne comprend pas, mais c’est ce que le verset dit. Et Rashi explique : c’est le cas particulier des Avot ! 

Vous voyez que si jamais vous entendez que Rashi est un commentateur populaire et enfantin, il s’agit de gens qui ne savent pas de quoi ils parlent.

l’être-père et l’être fils

C’est la différence entre l’être-père et l’être fils : les Avot ont été créés pour être les pères des enfants d’Israël, et le monde est destiné aux enfants d’Israël. Il y a là une manière d’exister qui nous dépasse absolument qui est un mérite colossal. Cela veut dire exister sans exister dans la réalité : exister sous forme de promesse signifie exister par délégation. Les Avot existent pour les Bnei Israel. Toute la Torah les traverse, elle concerne Daber El Benei Israel

Vous le comprendrez mieux par comparaison quand vous vivrez le retour et que vous aurez des enfants : être père c’est très différent d’être fils. Ce n’est pas une question d’état civil mais une manière d’être qui est radicalement différente. L’être-père est un être de sacrifice. Ils ont d’ailleurs un sacré fils ! C’est très différent.

Je me rappelle moi-même : j’ai commencé à réalisé ce qu’être père signifie avec mon dernier enfant. Avec les premiers, ma femme et moi, on avait l’impression de jouer à la poupée. On avait des petits-frères. Ce n’est vraiment quand on a eu un décalage d’identité très grand, avec ma dernière fille quand elle est né, on s’est senti père. On se sent finalement vraiment père que quand on est grand-père. C’est encore un autre problème. Cela fait un choc d’ailleurs. Cela explique pourquoi la relation avec le petit-fils est beaucoup plus directe affectivement que la relation même entre le père et le fils.

On voit cela dans la famille d’Avraham, l’identité d’Its’haq c’est l’identité la plus difficile. L’identité d’Avraham, c’est évident qu’elle a un sens. C’est lui qui commence. L’identité de Jacob c’est évident qu’elle a un sens. C’est lui qui achève. Mais Isaac c’est l’identité la plus difficile. Parce qu’il n’est ni au commencement, ni à la fin. Il est fils du père Avraham et père du fils Jacob. Mais lui qui est-il pour lui-même ? C’est pourquoi c’est le statut de l’identité d’Isaac qui représente le statut existentiel des individus. Parce que nous sommes tous entre un premier homme et un dernier homme si j’ose dire, c’est-à-dire entre Adam Harishone et le Mashia’h. Et tout ce qui se passe entre, c’est le problème de la destinée individuelle. Il y a deux perspectives très différentes, toutes les deux vraies mais contradictoires. Tous les individus entre le premier et le dernier sont traversés par la vie, mais eux sont étapes dans la première perspective. La deuxième perspective c’est que chacun a une essence pour elle-même. C’est alors le drame de la prise de conscience de chaque personne pour elle-même. Est-ce que je ne suis qu’un maillon d’une vie qui passe entre le premier homme et le dernier ? Ou est-ce que j’existe par moi-même ? Et les deux choses sont vraies. Cela apparait surtout chez Isaac. Parce qu’il est par essence fils du père et père du fils. Laissez de côté tous les mythes chrétiens, quoique profondément ce qu’ils ont voulu dire cela se relie par là. C’est le problème de la différence entre l’être-père et l’être fils.  

On continue pour arriver à l’intitulé de ce programme :

Vaéra 6.4:

וְגַם הֲקִמֹתִי אֶת-בְּרִיתִי אִתָּם, לָתֵת לָהֶם אֶת-אֶרֶץ כְּנָעַן–אֵת אֶרֶץ מְגֻרֵיהֶם, אֲשֶׁר-גָּרוּ בָהּ.

Et aussi j’ai contracté  mon alliance avec eux pour leur donner le pays de Canaan, le pays où ils ont été étrangers…

Erets Megourehem : alors qu’étymologiquement cela voudrait dire le pays où ils ont séjourné. Mais ils y ont séjourné Davka comme étrangers !

Imaginez la situation des Avot. D’une certaine manière, notre génération vit encore un peu cela. C’est dire qu’ils étaient étrangers chez eux. Parce que c’est chez eux du point de vue d’une promesse, mais dans la réalité ils sont encore étrangers. Regardez que le monde entier nous met encore dans cette situation-là. Le seul peuple qui est considéré comme étranger chez lui, c’est Israël. Personne ne dispute que les français sont chez eux en France mais tout le monde sait que les français ont conquis la France. Là il n’y a pas de problème. Comme pour tous les peuples du monde d’ailleurs. S’il y a vraiment un peuple qui pourrait avoir des droit à une terre c’est Israël, et pourtant le monde entier considère que Israël n’est pas chez lui. Vous voyez la position des Avot !

J’ouvre une parenthèse sur le mot Guer.

אֵת אֶרֶץ מְגֻרֵיהֶם, אֲשֶׁר-גָּרוּ בָהּ  

Asher garou bah, le pays où ils ont séjourné.

Mais Asher garou bah, c’est séjourner comme un Guer et non comme un Toshav.

On a appris ce mot de Gar opposé à Do. Ils étaient en situation provisoire.

D’une part, Dieu dit à Moïse : J’ai la promesse aux Avot qu’il faut que Je réalise. Parce qu’eux ils avaient l’alliance de la promesse qui n’a pas encore été réalisée. Et puis maintenant :

6.5

וְגַם אֲנִי שָׁמַעְתִּי, אֶת-נַאֲקַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר מִצְרַיִם, מַעֲבִדִים אֹתָם; וָאֶזְכֹּר, אֶת-בְּרִיתִי

 et enfin, J’ai entendu les angoisses des enfants d’Israël, asservis par les Égyptiens et Je me suis souvenu de mon alliance.

Cela veut dire le moment de tenir compte de cette alliance est arrivé. Ensuite vient le programme en 5 verbes-phases

Texte Face B

/ Il se peut que pour telle vertu un homme x soit supérieur à l’homme y, mais que pour une autre vertu c’est l’homme y qui est supérieur à cet homme x. Et donc pour cette mitsvah-là c’est lui qui est l’élève de cet homme-là et inversément pour l’autre mitsvah.

Retour au sujet :

La question est ainsi : il y a contrainte de la révélation et cette contrainte d’une certaine manière va durer tout le temps où la prophétie était une donnée expérimentale. Quand Dieu se révèle, Israël a accepté la Torah. Où en est le mérite ? C’est d’être celui qui accepte la contrainte de cette Torah !

C’est librement que j’ai accepté cette contrainte. Mais à partir du moment où la révélation se fait, il n’y a plus de liberté. Ce qu’exprime le Midrash (Shabat 88a).

   אם אתם מקבלים התורה מוטב ואם לאו שם תהא קבורתכם

« si vous acceptez la torah  c’est bien sinon ici sera votre tombeau ! »

Parce qu’ici la Torah apparait comme ma carte d’identité. La Torah c’est la Neshamah d’Israël. Alors à partir du moment où c’est moi Israël, soit j’accepte d’être Israël, soit je disparais. Il n’y a pas d’autre châtiment possible. C’est être ou ne pas être. La phrase de Shakespeare, qui fait partie des autres grands hommes dans l’humanité, envoyés dans l’histoire pour être des guides. Shakespeare a écrit toute son œuvre rien que pour dire cela. Et cela suffit ! Maintenant « j’expire » !

Il va se dévoiler qu’effectivement Israël avait profondément accepté cette torah qui lui était imposée au moment de la révélation au temps de Pourim. C’est à Pourim que se dévoile qu’en réalité, au Sinaï, Israël avait librement accepté la Torah puisqu’ils continuent à y être fidèles.

Donc on trouve le verset du chapitre 9 :

Esther 9.27

   קִיְּמוּ וקבל (וְקִבְּלוּ) הַיְּהוּדִים עֲלֵיהֶם וְעַל-זַרְעָם וְעַל כָּל-הַנִּלְוִים עֲלֵיהֶם, וְלֹא יַעֲבוֹר–לִהְיוֹת עֹשִׂים אֵת שְׁנֵי הַיָּמִים הָאֵלֶּה, כִּכְתָבָם וְכִזְמַנָּם: בְּכָל-שָׁנָה, וְשָׁנָה

Les juifs reconnurent et acceptèrent pour eux, pour leurs descendants et pour tous ceux qui se rallieraient à eux l’obligation immuable de fêter ces deux jours-là, suivant la teneur des écrits et à la date fixée, année par année…

Qimou veQuiblou Hayehoudim…

Les Juifs ont réalisé et accepté..

Guémara : Ils ont réalisé ce qu’ils avaient accepté déjà.

Sinon l’ordre du verset aurait dû être l’inverse ! Ils ont accepté et réalisé.

Qu’ont-ils accepté et réalisé ? L’alliance de Pourim ! Et cela dévoile qu’ils avaient vraiment accepté la Torah au Sinaï ! 

En fait cet espèce de contrat au pied du Sinaï n’est pas très clair, car d’après ce midrash Dieu dit à Israël :  « si vous acceptez la torah  c’est bien sinon ici sera votre tombeau ! »

Or, ils ont été enterré dans le désert !

Pourquoi ?

Parce qu’ils n’ont pas voulu entrer en Israël !

Il y a donc là une équation qui apparait et qui est très importante : accepter la torah et rentrer en Israël c’est la même chose !

Je vous dis des choses énormes ! Cela veut dire que ceux qui ne rentrent pas en Israël, c’est le signe qu’ils n’ont pas vraiment accepté la torah ! Ils ont accepté une religion de la torah, mais mutilée. Une religion expurgée de tout ce qui concerne Erets Israël, ce n’est pas la torah authentique. Cela dévoile que ce refus d’entrer en Eretz Israel est encore une incapacité d’être vraiment soi-même. C’est pourquoi ils sont enterrés là-bas, et ils reviennent en guilgoul jusqu’à la fin des temps.  Guilgoulim je ne traduis pas car il faudrait dire « réincarnation », et c’est un tout autre concept. Notre génération c’est le guilgoul de la génération de la sortie d’Egypte, à travers 2000 ans d’histoire. Nous sommes ce peuple-là. On revient autant de fois qu’il faut pour arriver en haut dans le tiqoun. Et on ne perd rien de ce qui a été acquis comme mérite. Cela explique l’inégalité. Chacun commence au stade de son problème, là où il l’avait laissé avant.

Q : Il n’y a pas d’égalité entre les neshamot ?

R: C’est au niveau du stade x de chaque néshamah. Chaque neshamah a toute une évolution à faire qui est de 25 degrés de tiqoun de mérite, avec une infinité de sous-degrés entre chaque degré. Toutes les neshamot ont en principe le même point de départ. Il y a inégalité parce qu’aucune n’est au même stade, mais leur destin est équivalent. Ceci dit, du point de vue de leur essence, les neshamot procèdent de points différents de Adam Harishone. Toutes les neshamot de l’humanité étaient au sein de Adam Harishone. C’est le principe d’égalité de dignité de tous les hommes : tous le même père. C’est cette neshamah qui est en cours d’histoire dans le monde entier. Or, par comparaison il y a différentes cellules du corps, celles du pieds, celle du cœur, de la tête des reins…etc. Au niveau de la neshamah c’est la même chose. Chaque neshamah a son shoresh. Un peuple dont les neshamot sont issues des pieds de Adam n’est la même chose qu’un peuple dont les neshamot sont issues de la tête de Adam. 

Q : Et pour Israël ?

R : Tu devines ! Ce n’est pas néccessaire de poser la question. Cela va de soi.

Mais comprenez bien une chose, c’est que toutes sont nécessaires. Imaginez un homme qui n’aurait que la tête ! Il lui faut des pieds ! Alors les pieds sont très importants. Mais les pieds c’est les pieds, et la tête c’est la tête…

Q : Mais Adam et ‘Havah ont eu des enfants, et leur âmes venaient d’où ?

R : Quand ils les ont engendré, ils leur ont donné une partie de leur âme.

Chacun a un thème d’identité à résoudre. Je vous donne une donnée brute de la kaballah intentionnellement sachant que vous ne la comprendrez pas, je le sais très bien mais je vous la donne : toute la stature de Adam Harishone a déjà son tiqoun. Il reste un point de l’épaule gauche !

Alors tant que ce point de l’épaule gauche n’est pas arrangée, le messie ne peut pas se dévoiler. Vous voyez que ce sont des choses incompréhensibles. Cela veut dire que l’histoire de l’humanité est très avancée, on est presqu’à la fin. Il reste un point de l’épaule gauche. Vous apprendrez ce que cela veut dire dans 40 ans…

Dans tous les peuples, il y avait cette tradition de la destinée des âmes. Cela s’est perdu partout, certains ont gardé un peu, mais approximativement. On trouve donc des enseignemetns dans ces traditions qui ressemblent à cela, à leurs manières, mais finalement il s’agit de la même chose. En Occident la seule tentative cohérente, mais malheureusement c’est plein de charlatans c’est le spiritisme, les églises spirites. Mais il y a des gens authentiques chez eux.

Et finalement, pour la partie de ce sujet qui nous concerne : c’est que cette génération qui était à l’épreuve sur cette épreuve-là : sortir d’Egypte – accepter la Guéoula. Et arriver en Israël est en rejeu d’histoire jusqu’à nous…

Bien sûr, à l’échelle individuelle, nous n’avons rien à voir avec ces hommes qui ont vécu il y a 3000 ans dans le désert, mais c’est notre même thème d’identité, ce qu’il y a derrière avec la neshamah c’est la même chose. C’est pourquoi il n’est pas étonnant de voir que le peuple juif se divise de la même manière sur ces problèmes que ce que la torah nous raconte des problèmes du temps de la sortie d’Egypte. Il y a ceux qui restent en Egypte, ceux qui sortent d’Egypte mais restent dans le désert, et ceux qui rentrent en Eretz Israel. C’est un peu plus compliqué que cela mais vous voyez les grandes divisions. Cette époque éventuelle où l’arrêt de la révélation se ferait est déjà indiquée dans la Torah.

Q : Devarim 30.3 ?

R : Non cela c’est le verset des deux retours. C’est le verset 18 du chapitre 31, vous lirez tout le chapitre:

31.18 :

וְאָנֹכִי, הַסְתֵּר אַסְתִּיר פָּנַי בַּיּוֹם הַהוּא, עַל כָּל-הָרָעָה, אֲשֶׁר עָשָׂה: כִּי פָנָה, אֶל-אֱלֹהִים אֲחֵרִים

Et Moi cacher Je cacherais ma face en ce jour-là, à cause de tout le mal que ce peuple a fait car il s’est tourné vers d’autres dieux.

Vous savez maintenant suffisamment pour comprendre le verset : cela veut dire que si ce peuple quitte Eretz Israël et rentre dans d’autres pays refusant de revenir en Israël, la dispersion a pour résultat l’arrêt de la révélation. Or, aller dans d’autres pays signifie se mettre sous la souveraineté d’autres Dieux. Rappelez-vous la Massekhet Soukot. Cacher sa face signifie arrêt de la révélation parce qu’il a quitté Eretz Israël. 

Comprenez bien que c’est ce que la Torah dit et non pas un rabbin sioniste qui vous parle. C’est la Torah qui le dit ! C’est écrit.   

Aute manière d’expliquer cela : j’arrête la révélation parce que vous devenez des idolâtres adorant des dieux étangers. Adorer des dieux étrangers signifie être sous un autre drapeau, avoir un autre passeport, se prendre pour des français, des américains, des anglais.. etc. C’est la Guémara qui l’explique en clair. Elle nous dit que cela s’est passé au temps de la reine Esther. 

Voilà comment elle pose la question :

Ester min hatorah minayin ?

Où est l’allusion à Esther dans la Torah ?

Dans ce verset Devarim 31.18: וְאָנֹכִי, הַסְתֵּר אַסְתִּיר

Ne croyez pas qu’il s’agit d’un jeu de mot.

Cela veut dire que ce fait que Dieu se cache survient au temps de la reine Esther. Donc ce n’est pas par hasard qu’elle s’appelle Esther. Car au temps de la reine Esther la révélation a cessé. Voyez comment se relie les deux choses.

Vous allez apprendre deux expressions :

Astarat Panim :

 cela se relie à ce que dit le verset : le fait que la face est voilée : l’occultation de la révélation. On a aussi l’expression correspondante : Ester Panim. C’est le niveau où Israël sait qu’il y a des circonstances qui font que la révélation s’achève. Le mérite de la communauté du temps d’Esther est d’avoir continué l’alliance de la Torah, et cela dévoile qu’au Sinaï c’était bien librement qu’on l’avait accepté.

Ester Betokh Ester :

Maintenant, ce qui risque d’arriver c’est que on soit dans une situation de Ester Panim et on ne sait même pas que c’est Ester Panim. L’habitude du fait que les choses sont cachées (Ester Panim) conduit à l’oubli du fait que les choses soient cachées (double voilement). On tombe dans le désespoir absolu. Quand je ne sais même plus qu’il manque quelque chose. Cela s’appelle Ester Betokh Ester. Au second degré : le fait même que ce soit caché est caché.

C’est ce qui est arrive en ce temps-là, cette catastrophe, car va commencer un temps de rupture où non seulement il y a Ester Panim, mais il y a Ester Betokh Ester. C’est ce que le verset prévoit qu’il y ait un temps d’épreuve où Israël doit faire la preuve de sa fidélité. C’était prévu par la Torah : la révélation cesse, Israël est dispersé, et doit faire la preuve de sa fidélité. C’est Ester Panim. Parce qu’il y aurait une sorte d’injustice à ce que le peuple d’Israël n’ait pas à faire la preuve de sa capacité de foi. En temps de révélation il n’y a pas de problème de foi. Comment savoir si ce peuple a la foi ? En temps de Ester Panim ! Il dira s’il a foi-fidélité ou pas. Ce qu’enseigne le midrash de la guémara de Shabbat 88a. Dès que Ester Panim a commencé, Israël s’est révélé fidèle à la Torah. Comme il s’est révélé fidèle à la Torah, il a accepté effectivement, l’institution de Pourim, comme une sorte de Yom Haatsmaout de l’époque. Reconnaitre que c’est bien Dieu qui a sauvé la communauté.

L’autre réaction, Ester Betokh Ester, de ne pas reconnaitre même cette situation-là et alors c’est la dimension catastrophique. C’est le fait que ce peuple juif commence une histoire de diaspora où il y a le refus du retour. Fidèle à son identité dans la dimension positive, mais que la diaspora refuse le retour c’est la dimension négative. Ces hommes qui ne voient pas qu’il y a quelque chose à voir sont dans la situation décrite par ce verset-là : ils sont dans le Ester Betokh Ester. Ce qui est caché leur est même caché.

Q: Du point de vue historique ceux qui ont compris le Ester Panim sont rentrés en Erets Israël et les autres sont restés ?

R : Baroukh ! Ils sont restés et ne sont même pas rentrés pour le Bayit Shéni. Et c’est cette attitude qui est dès ce moment-là l’attitude du refus du sionisme au nom de la Torah ! Il est bien évident que nous vivons ce même problème qui a éclaté de nouveau !

Le rabbinat ashkénaze dans son ensemble sauf les mékoubalim qui avaient l’enseignement de la kaballah ont refusé le sionisme. Pourquoi ? Parce qu’ils restaient fidèles à la fondation de leur identité de judaïsme de diaspora au temps du bayit rishone ; déjà du temps de Ezra et Néhémie ils ont refusés. C’est cette même tradition qui est continuée. Alors que l’ensemble du rabbinat séfarade a accepté.

La différence entre la communauté achkénaze et la commaunuté séfarade c’est que la communauté achkénaze procède du Galout Bavel qui n’est pas revenu au temps de Ezra et Néhémie. Donc c’est très cohérent comme suite du problème. Alors que la communauté séfarade concerne les exilés du 2èmetemple, qui donc avaient une relation à la torah qui était d’emblée liée à Eretz Israel.

Cela éclaire sur l’état des choses. Il n’y a pas d’exception : tous les rabbins achkénazes qui étaient kabalistes se sont mis à la tête du sionisme. Tous les autres s’y sont opposés. Tous les rabbins séfarades, kabalistes ou pas, se sont mis avec le sionisme. Et tous les séfadim qui ont appris chez les ashkénazim sont devenus antisionistes. Et il n’y a pas d’exception. Ce n’est pas par hasard.

Il faut là-dessus nuancer. Il y a des tas de nuances. Chacun est soi-même à sa manière. Mais c’est grosso-modo l’état du problème.

Or, on apprendra plus tard quelque chose de très important : le fait que le sionisme politique soit sortie des achkénazim est davka la preuve qu’il est authentique ! Par conséquent, nous sommes vraiment dans des événements très importants. C’est du dedans de la communauté achkénaze qu’est venu le sionisme, et c’est donc la preuve qu’il est authentique. Un autre signe c’est que la communauté yéménite est rentrée entière. C’était toutes ces commuanutés-là qui ont refusé de revenir en ces temps-là. Cause de la vulnérabilité du Bayit Shéni. Si le peuple juif dans son ensemble était revenu, le Bayit Shéni aurait été le Bayit Shlishi. Le Bayit Shéni n’est qu’une étape du Bayit Shlishi. Le Bayit Shéni a été détruit et le peuple juif a été condamné à une diaspora de 2000 ans jusqu’à ce qu’il revienne suite à la décision de ceux qui n’étaient pas revenu en ce temps-là : c’est un des signes que le sionisme est cachère. 

La communauté achkénaze vit l’histoire de Jacob chez Esaü. Israël en exil chez Edom, le monde chrétien. L’histoire de la commaunuté séfarade c’est l’histoire de Issac chez Ichmaël.

Il y a une tradition très importante, même dans les textes du Niglei et pas forcément dans la Kaballah, que le Mashia’h Ben Yossef doit venir de Yaaqov. Effectivement, le mouvement sioniste politique est venu des ashkénazim.

C’est le verset du prophète Ovadia 1.18 : « Et la maison de Jacob sera comme un feu, la maison de Joseph sera comme une flamme… qui détruira la maison d’Esaü ».

Et Joseph sort de Jacob, c’est Mashia’h Ben Yossef, le monde achkénaze.

Alors que le Mashia’h Ben David doit venir de Its’haq, je vous montrerais les textes.

Tout se passe comme si il y a une espèce de programmation qui se met en place : la force nationale d’Israël est venue des Ashkénazim et la force spirituelle d’Israël vient des Séfardim avec la Kaballah. Pourquoi les Séfaradim ? Parce que ce sont eux qui étaient les Hébreux du deuxième temple et qu’ils ont reçu l’enseignement des derniers des prophètes. En quittant Eretz Israël à la destruction du deuxième temple, les Séfardim ont emporté avec eux la tradition de la Kaballah que n’avait pas la communauté de la diaspora, sinon à travers les livres.

Et lorsque les Ashkénazim ont reçu l’enseignement de la Kaballah c’est là qu’ils ont institué le moussar sfar de leurs maitres kabalistes qui étaient des Séfaradim.  

C’est très shématique ce que je vous dis-là.

Mais comprenez bien la cohérence de ces problèmes-là, derrière ces problèmes de doute auxquels on a fait allusion tout à l’heure et les raisons des résistances à de telles évidences : il y a un atavisme d’option qui est colossal derrière.

Une dernière explication :

Pourquoi le monde achkénaze a-t’il refusé le sionisme politique ?

Parce que c’était déjà ce que la communauté de diaspora avait refusé en ce temps-là !

L’état c’est le tyran et l’immoralité. La tentative a échoué. On préfère rester fidèle à la torah en attendant l’état du messie. C’est la position achkénaze antisioniste. Alors que la tradition séfarade est tout à l’opposée : la torah n’a été donnée que pour un état juif ! Si difficile que cela soit, c’est ce qu’on doit faire. Voyez le confit entre ces deux positions qu’on reprendra beaucoup plus en détail.

Ce que la tradition non-sioniste oppose aux sionistes ce n’est pas tant qu’ils soient non pratiquants mais c’est l’idée de l’état juif, et que c’est contradictoire état et juif. Je me rappelle mon maitre : vous vous rendez compte, un état, une police juive…etc, Dieu préserve ! Parce que pendant 2000 ans la police c’était le symbole des goyim ! L’idée de l’état symbolisait toute la méchanceté des goyim contre les juifs.

Il y a vraiment là deux options radicalement différentes mais qui ont une racine historique. De la même manière, toutes les générations qui ont refusé de rentrer en Eretz Israël. Sortir de l’état égyptien pour faire un état juif et devenir comme eux à la juive ? Mieux vaut rester dans la yeshivah du désert à apprendre la torah ! C’est une toute autre religion qui apparait-là.   

Q: Certains voulaient rentrer directement ?

R: Toute cette génération-là sauf un Kalev, Caleb. Je vous ai montré le verset. Parce que Qiblou est au singulier. Tous sauf Josué et Kalev.

Dans les conditions privilégiées pour étudier sans les problèmes économiques avec la manne et le puit d’eau, pas de problème militaire en raison des Ananei Kavod, pendant 40 ans en situation messianique et Mosheh rabénou comme rabbin, ils n’ont pas voulu entrer dans la terre. Mosheh leur a dit qu’ils seraient tous enterrés dans le désert et que leurs enfants entreront. Et c’est ce qui se passe.   

Q: Pourquoi n’a-t’on pas reçu la torah après avoir conquis la terre ?

R: Parce que s’ils étaient vraiment capables de venir sur la terre cela veut dire qu’ils étaient à la hauteur de cette terre-là. Alors il fallait que la Torah les prépare pour entrer sur la terre. Ils ont eu besoin d’un stage préalable. Et puis c’était la première fois que la nation se constituait…

Simplement, il faut découvrir ce qui se passe là. Dans cette petite Agada qu’on a vu dans la Massekhet Shabat vous avez tous les éléments : la même mise à l’épreuve du temps de la sortie d’Egypte a eu lieu au temps de la reine Esther.

Nous reprendrons tous ces problèmes, et avant Pourim j’aimerais qu’on récapitule les grandes mitsvot de Pourim. Il y a tout le problème de la Tsédakah…etc.

interruption

…/…

reprise

Les différents Pourim   

… de chaque communauté.

On trouve le Pourim de Saragosse, le Pourim d’Alger. Dans plusieurs communautés, lorsqu’un événement analogue à celui de Pourim survenait, c’est-à-dire un danger de destruction et qu’il y  a eu une délivrance miraculeuse, alors la communauté institue ce jour-là le Pourim de sa communauté.

Pour Alger, il y a deux Pourim différent. Le plus connu est celui de la bataille de Charles Quint. Lorsque sa flotte a assiégé Alger. La communauté juive était en danger si les chrétiens s’emparaient d’Alger. La flotte a été détruite par une tempête (la nuit du 23 octobre 1541) et la communauté juive a fixé un jour qui est le Pourim d’Alger (3 et 4 ‘Heshvan).  

Il y a eu un deuxième événement que je connais mieux, le Pourim d’Oran, ville dont je suis issu. On a institué un jour de fête avec lecture de la Méguila qui raconte ce qui s’est passé par un rabbin de la ville. C’est un poème en vers plus ou moins long. A la prière, on dans les sidourim un long poème de Judah Halévi Mikhamokha qu’on lit avant Pourim et qui raconte toute l’histoire de Esther en vers. Et dans les communautés séfarades à partir de l’Espagne, le shabat d’avant Pourim après la Torah on lit ce poème. C’est un beau poème où toute l’histoire d’Esther est racontée avec en fin de chaque strophe un verset du tanakh dont l’idée correspond à la strophe. C’était la grande poésie du moyen-âge. Dans chacune de ces villes à la conquête de l’Algérie par les Français, Oran fut conquise et il y eut un bruit parmi les Arabes que les Juifs avaient vendu les clefs de la ville aux Français. Faut dire que ce n’était pas seulement un bruit… Les Juifs ont été assiégés dans leurs maisons par les Arabes. Enfant j’ai vu chez ma grand-mère les blocs de rochers sur la terrasse pour se protéger des attaques arabes. Mystérieusement, durant la nuit où les Français devaient attaquer, les Arabes pris de panique ont quitté la ville… Ainsi la communauté juive a été sauvée. C’est le Pourim d’Oran.

En particulier, à Saragosse en Espagne s’est produit un événement analogue.

Des familles juives de Saragosse ensuite exilées en Tunisie ont continué à commémorer le Pourim de Saragosse qui était une grande fête à Tunis….

Il y a avait le Pourim de Worms…etc. L’histoire juive a été riche et compliquée. A travers les siècles chaque communauté avait cette tradition.

Or, le Pourim d’Oran tombe dans la période de deuil qui va du 1erAv au 9 Av. Entre le 17 Tamouz et le 9 Av il y a une période de deuil qui devient beaucoup plus intense depuis Rosh ‘Hodesh Av jusqu’au 9 Av qui est la destruction du temple. On n’a pas le droit de manger de viande ni de vin ce sont les règles du deuil.

Le Pourim est tellement fort que la règle du deuil est levée ce jour-là et on fait une fête en pleine période de deuil !

Ce n’est pas un Pourim Qatan c’est le Pourim de chaque communauté, mais Pourim Qatan est le 14 Adar quand il y a vé-Adar.  Parce que chaque année c’est le 14 du mois de Adar, mais s’il y a un deuxième mois de Vé-Adar, alors pour marquer la date du 14 Adar dans le calendrier avec la qualité de Pourim, alors il y a un Pourim Qatan, et on le commémore par un repas qui ressemble au mishei de Pourim.  Et on ne lit pas dans la prière Ta’hanoun parce que c’est jour de fête.

C’est à étudier au niveau des détails des minhaguim de chaque communauté.

Chacun doit retrouver le rite de sa famille, le rite de sa communauté.

En cas de mariage mixte, le rite est le rite du père qui indique l’origine de la tribu. On est juif par la mère, mais le moussaf c’est par le père.

***

On a vu un certains nombres de thèmes.

-la situation de la méguila dans le temps.

-l’identification socio-politique de l’empire Perse.

-Mordekhaï et la tribu de Benyamin. L’identité de Benyamin à travers Yossef et Yehoudah.

-le rite du vin

Retour sur le verset de Devarim :

31.18 :

וְאָנֹכִי, הַסְתֵּר אַסְתִּיר פָּנַי בַּיּוֹם הַהוּא, עַל כָּל-הָרָעָה, אֲשֶׁר עָשָׂה: כִּי פָנָה, אֶל-אֱלֹהִים אֲחֵרִים

Et Moi, cacher, Je cacherais ma face en ce jour-là, à cause de tout le mal que ce peuple a fait car il s’est détourné vers d’autres dieux.

Cela veut dire que lorsqu’arrive le temps de la revélation il y a deux éventualités.

פָנָה, אֶל-אֱלֹהִים אֲחֵרִים  

Un drash sur l’expression de Elohim A’herim.

Quand le mot de Elohim désigne le vrai Dieu, pour désigner que c’est un mot Qadosh on le prononce « Elokim ». Mais s’il s’agit de faux dieux, on prononce « Elohim ».

פָנָה, אֶל-אֱלֹהִים אֲחֵרִים

Le pshat signifie des « dieux autres ».

Mais au niveau drash on peut lire : « les dieux des autres » à l’état construit.

C’est une notion que l’on trouve souvent dans le Tanakh : il y a Dieu et les autres dieux.

Par exemple dans les 10 commandements :

Shemot 20.2:

לֹא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹהִים אֲחֵרִים, עַל-פָּנָי

« Lo Yihyeh Lekha Elohim A’herim Al Panaï – Tu n’auras pas d’autres dieux devant Ma face.”

A partir du moment où le peuple d’Israël se détache d’Eretz Israël, le texte dit qu’il s’est tourné vers d’autres dieux.

La fin de la révélation a deux causes, premièrement la destruction du royaume du nord et deuxièmement la dispersion.

L’idée donnée dans la forme même du texte est très précise : se détourner du Dieu d’Israël pour se tourner vers d’autres dieux, cela correspond au fait de se détourner d’Eretz Israël.

Il faut de toute manière revenir au principe important du monothéisme absolu : il y a un Dieu unique qui dirige l’humanité toute entière. Dans la notion de Providence, il y a un privilège pour Israël et une alliance particulière avec Israël, mais il n’y a pas de privilège fondamental que Dieu ne s’occuperait que du peuple Israël. Il est le Dieu unique créateur de tous les univers, et par conséquent, ce qui concerne l’histoire de l’humanité c’est le même Dieu, celui que nous reconnaissons, qui est Providence des autres peuples aussi. Pas au même niveau peut-être, puisqu’il y  aune alliance particulière avec Israël. Mais n’oubliez jamais, et je sais par expérience que ce n’est pas facile de retrouver cette notion qu’on a perdu avec le temps, lorsqu’on s’est assimilé à d’autres cultures : on pense le Dieu unique à la manière d’une monolâtrie ! Comme le Dieu tribal d’Israël ! Pas du tout ! La Torah nous parle du Dieu unique comme étant universel, providence de l’ensemble de l’humanité. Et c’est la médiation particulière de ce Dieu unique entre tel ou tel peuple qui est appelée « Elohim A’herim – les autres dieux ».

Il y a la multiplicité des peuples et le Dieu unique. Apparaissent des visages multiples du Dieu unique qui correspondent à l’identité de chaque peuple. Le cas particulier d’Israël est qu’il n’y a pas ce niveau de médiation. Israël est relié à l’unité de Dieu dans son universalité. Et c’est pourquoi il n’y a aucune image. Parce que ces images multiples sont la projection de l’identité de chaque peuple sur l’unité de Dieu. Il se produit donc une sorte de diaphragme qui fait apparaitre ce que nous appelons les faux Dieux. Dieux vraiment mais faux vraiment. Entre l’unité de Dieu informulable, inexprimable, sans forme sans nom, sinon le nom un, et la multiplicité des peuples, il y a ces réalités qui sont les médiations entre le Dieu unique et l’histoire de chaque peuple.

Et par conséquent, lorsqu’Israël se range dans tellle ou telle caegorie d’identité, tout se passe comme si il détourne du Dieu unique pour se ranger parmi les adorateurs de tel ou tel Dieu partiel.

Cela veut dire que tant que le mythe de chaque identité partielle qui fait que le polythéisme (« les dieux ») est vivant, il y a une réalité divine qui est réelle dans le sens de Dieu vers l’homme (ce sont toutes les hiérarchies qui à la limite concerne chaque individu) mais qui pour Israël reste interdit dans le sens de l’homme vers Dieu. La définition de l’idolâtrie est précisément que chaque idolâtre s’adresse à ce visage particulier.

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