Pinhas – série 1993

Le cours

Texte

/Je vais parler un peu des 2 Parashiot précédentes où je n’étais pas là.

Fin de Parshat précédente => on apprend qu’il y a eu un échec faisant suite à la tentative de Bilaam de maudire Israël.

Je reprends les personnages en jeu dans la Parashah : Balak, Bilaam

Je vous signale qu’il y a un étonnement chez les commentateurs : comment se fait-il que l’on ait attribué une Parashah à un personnage aussi néfaste pour Israël que Balak ?

Le thème générale c’est les Parashiot sous le nom d’un personnage exemplaire. On s’attend à ce qu’il s’agissent de Tsadikim. Par exemple Pin’has. Pin’has est petit fils d’Aharon qui est intervenu dans un épisode très grave qui nous est raconté en fin de Parashah précédente lors de l’affaire des filles de Moav.

Balak était le chef d’une coalition des peuples de la région au moment de la sortie d’Egypte des enfants d’Israël, et lorsqu’il a compris que rien ne pouvait vaincre la force mystérieuse de ce peuple d’esclaves sortis des camps de concentrations d’Egypte et qui sème la terreur sur son passage pour entrer en terre de Canaan. Il a compris nous dit le texte Vayar Balak ben Tsipor il a compris que rien ne pouvait vaincre Israël.

Comment se fait-il que ce peuple d’esclaves ait une puissance politique et militaire telle qu’elle sème la panique dans le moyen-orient de l’époque ?

Ce qui se passe actuellement éclaire ce qui s’est passé au temps de la sortie d’Egypte et réciproquement.

Balak est le roi de Moav à l’époque, après usurpation de dynastie, fait appel à un prophète des nations qui s’appelle Bilaam et qui a la capacité de prophétie pour toutes les nations ensemble.

Chaque nation avait son prophète en ce temps-là de la prophétie jusqu’au temps de la sortie d’Egypte, plus exactement jusqu’au Sinaï.

A partir du Sinaï la prophétie cesse chez les Nations et en plus à certaines périodes qui sont des périodes de fin d’exil, il y a un prophète qui a la capacité prophétique de toutes les nations ensemble. C’est Bilaam en ce temps-là. Bilaam est donc convoqué par Balak pour tenter de maudire Israël.

Le raisonnement de Balak est le suivant : l’épisode de la guerre entre les Hébreux et les Emorites (Amoréens) qui est contée juste avant lui fait comprendre qu’il n’y aurait pas de solution militaire, alors il tente une autre stratégie. Il demande à Balak de maudire.

Il y a un sujet important :

Que signifie maudire un peuple ?

Que signifie bénir ?

Comment des paroles peuvent-elles influer sur des problèmes aussi graves ?

Les peuplades qui habitaient le moyen-orient voulaient empêcher Israël de rentrer chez lui. On s’aperçoit que personne n’est capable de l’en empêcher et alors on essaye une autre stratégie que celle de la force militaire qui s’est révélée inefficace jusqu’à présent.

Le sens de maudire ici c’est « dire  le mal de », nous avons vécu depuis la période du nazisme et y compris durant la période actuelle des événements politiques qui reprennent cette statégie de Bilaam et de Balak. C’est le problème de ce que peut faire la propagande pour dénaturer la réputation d’un individu ou d’un peuple. Cela a été inventé par Goebbels au temps du nazisme. C’est toute une technique. La propagande nazie au temps de l’hitlérisme était arrivée à persuader l’humanité entière que les Juifs étaient le diable et que cela allait de soi de faire cette chasse à l’homme et ces meurtres et ces génocides. Surtout que depuis 2000 ans, l’Eglise avait déjà preparé les esprits. L’effet de cette propagande consiste à rendre mauvais.

Lorsque Dieu se révèle à Bilaam, il lui demande de ne pas aller maudire Israël parce qu’Israël est béni. Mais on comprend pas comment Bilaam aurait cette force face à Dieu tout-puissant, de faire que ce que Dieu a béni soit maudit ?

Suivant le principe de liberté des créatures on s’aperçoit effectivement que cette liberté de la parole peut jouer et peut aboutir au fait que ce qui est bien est perçu comme mal.

Nous vivons un événement de ce genre depuis la proclamation de l’Etat d’Israël, non sous la forme de la propagande et de la calomnie sur le peuple juif mais la calomnie de propagande vis-à-vis d’Israël qui arrive à changer la réputation de l’identité d’Israël à travers les mass-media et les chancelleries, c’est le symbole du mal absolu.

De la même manière qu’au temps de Hitler « juif » était synonyme de diable, le sionisme est de nos jours synonyme de barbarie. Des juifs mêmes sont pris au piège de cette propagande et pas seulement des juifs, des israéliens, et mêmes des professeurs…

Lorsqu’on s’aperçoit qu’on ne peut rien contre Israël, alors on essaye de le maudire (dire le mal de) afin de dénaturer son identité sans rien connaitre de sa nature ni de son histoire.

Qui est ce Bilaam contemporain ?

Le prophète de toutes les nations, le porte-parole de l’opinion publique des nations, c’est le secrétaire générale de l’ONU. Il est chargé d’enregistrer toutes les dizaines ou centaines de condamnation d’Israël pour faute de sionisme avec l’aval des nations : tout à fait l’histoire de Balak et de Bilaam !

Vous voyez à quel point les choses sont semblables puisqu’analogues.

La nation arabe avec ses 22 pays cherche à en faire un 23ème pour remplacer Israël n’arrive pas à vaincre Israël ce peuple d’esclaves sortis des camps de concentration et des ghettos dans la génération précédente, alors elle le maudit avec l’aide de la propagande et cela prend.

On arrive à habituer les gens que Jérusalem ce n’est pas la capitale d’Israël mais que c’est la capitale de la Palestine…

Jusqu’à la guerre des 6 jours, il y avait un sionisme unique : construire l’Etat d’Israël en Erets Israël. A partir de la guerre des 6 jours apparait chez les Juifs eux-mêmes un second sionisme dont l’objectif est de créer un pays arabe en Palestine.

Cette stratégie de malédiction par Bilaam ayant échoué (voulant dire le mal il est contraint de dire le bien) alors il laisse un conseil à Balak : personne  ne peut vaincre ce peuple car son identité hébraïque est inassassinable. Par conséquent, il faut tenter de corrompre son identité. La stratégie consiste à faire fraterniser les filles de Moav avec les hommes d’Israël.

Les filles de Moav vont se parer et se farder pour séduire Israël dans les tentes et les conduire à l’idole… C’est là le conseil de Bilaam à Balak.

Cela a failli prendre au point que un prince d’Israël nommé Zimri ben Salou alla avec une princesse de Moav nommée Cozbi bat Tsour. Pin’has se révolte et les tue tous deux.

2 questions posées dans le Talmud :

=> pourquoi Moïse n’intervient pas ? il est pris au piège d’avoir épousé une midianite, la fille de Jéthro convertie par le Beit Din de Moïse, malgré la différence totale de nature. Son intervention est impossible car il est dans ce cas bien qu’à un autre niveau. Il est paralysé, personne ne bouge et Pin’has prend alors l’initiative et arrête cette Maguéfah qui conduirait à dénaturer Israël et son droit à entrer en Erets Israël se serait évanoui dans les sables du désert.

On ne refait pas l’histoire, je crois alors que la Torah nous aurait raconté l’histoire d’un autre Israël qui aurait remplacé cet Israël qui aurait échoué… Ce n’est pas le cas. Israël sorti d’Egypte quelques soient les tentations arrivera jusqu’au bout de l’histoire des temps messianiques, et il y a eu à travers les siècles énormément de tentatives de substituer à l’Israël originel, celui de Moïse sortant les Hébreux de l’Egypte, un Israël ertsatz de seconde manière.

Il faut dire que l’histoire de cet Israël n’est pas une histoire simple. On étudie d’autre part pourquoi ces rébellions, pourquoi ce peuple qui est le seul à se dénouer et qui le fait avec une telle délectation ? C’est un autre sujet que je vous signale en passant.

Amos le prophète dit en clair que Dieu lui même dit qu’il voudrait changer ce peuple par un autre mais Il tient sa promesse faite aux Patriarches. Mais Dieu est Dieu et Il ne peut pas changer sa parole. Mais il y a jusque-là un doute. (Et même la moitié d’un doute : ‘Hassidout)

Quoiqu’il en soit voilà la grandeur de Pin’has, nous allons y revenir avec l’aide de Rashi

25:10-11

וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר

Vayedaber Adonay el-Moshe lemor

Et Dieu parla à Moïse en disant

פִּינְחָס בֶּן-אֶלְעָזָר בֶּן-אַהֲרֹן הַכֹּהֵן, הֵשִׁיב אֶת-חֲמָתִי מֵעַל בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, בְּקַנְאוֹ אֶת-קִנְאָתִי, בְּתוֹכָם; וְלֹא-כִלִּיתִי אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, בְּקִנְאָתִי

Pinchas ben-El’azar ben-Aharon hakohen

heshiv et-chamati me’al beney-Yisra’el

 bekan’o et-kin’ati betocham

velo-chiliti et-beney-Yisra’el bekin’ati.

Pin’has fils de Eleazar fils de Aharon le Kohen…

Un Rashi explique cette généalogie. Pourquoi faut-il relier cette généalogie à Aharon ?

Un autre personnage qui a donné son nom à une Parashah c’est Qora’h lors de la rebellion contre Moïse. Sa généalogie remonte à Lévi et non pas à Jacob.

הֵשִׁיב אֶת-חֲמָתִי מֵעַל בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל

heshiv et-‘hamati me’al beney-Yisra’el

a fait revenir ma colére de dessus les enfants d’Israël,

 בְּקַנְאוֹ אֶת-קִנְאָתִי, בְּתוֹכָם

bekano et-kinati betokham

lorsqu’il fut pris du zèle de mon zèle au milieu d’eux

Rashi va changer un peu la traduction du vocabulaire, il va dire Nekamah vengeance et Ketsef colère. Regardez bien l’expression : « Il a pris sur lui mon problème »

Personne n’a fait ce que Je souhaitais qu’il soit fait mais que je ne pouvais pas faire…

Question : pourquoi Dieu n’intervient pas, pourquoi attendre que Pin’has intervienne pour mettre fin à ce risque de dénaturation d’Israël ?

A d’autres occasions Dieu intervient mais là Dieu attend, Moise ne peut rien et Pin’has intervient.

וְלֹא-כִלִּיתִי אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, בְּקִנְאָתִי

velo-chiliti et-beney-Yisra’el bekin’ati.

Et Je n’ai pas écrasé-effacé les enfants d’Israël dans ma colère.

Le résultat aurait été l’annulation d‘Israël comme cela aurait été le cas lors de la faute du veau d’or mais là Moïse était intervenu, exigeant de Dieu la suspension de la sanction.

25:12

לָכֵן, אֱמֹר:  הִנְנִי נֹתֵן לוֹ אֶת-בְּרִיתִי, שָׁלוֹם

Lakhen emor

hineni noten lo et-briti shalom

C’est pourquoi tu vas dire

Me voici donnant à lui Mon alliance de paix  

L’alliance de paix est donnée à celui capable de prendre en main la Qinah contre les ennemis d’Israël, contre l’état des choses en Israël .

L’analyse du texte de Yossef Attoun rédigé pour la Parashah, il y pose le problème suivant: N’y a t’il pas une contradiction entre le rôle de Aharon l’homme de paix et le fait que l’alliance de paix soit donnée précisément à celui qui apparait comme l’extrémiste, les kanaïm, les zélotes ?

וְהָיְתָה לּוֹ וּלְזַרְעוֹ אַחֲרָיו, בְּרִית כְּהֻנַּת עוֹלָם–תַּחַת, אֲשֶׁר קִנֵּא לֵאלֹהָיו, וַיְכַפֵּר, עַל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל

Vehayetah lo ulezar’o acharav

brit kehunat olam

tachat asher kine l’Elohav

vayekhaper al-beney Yisra’el

Et cela sera pour lui et sa postérité après lui

une alliance de prêtrise éternelle

Ta’hat à la place de parce qu’il a été pris de zèle pour Son Dieu

et il a assuré la Kaparah l’expiation-pardon sur les enfants d’Israël.

Ensuite on nous dit la grandeur de Pin’has en 2 versets.

Ce n’est pas contre n’importe qui qu’il est intervenu.

25 :14

וְשֵׁם אִישׁ יִשְׂרָאֵל הַמֻּכֶּה, אֲשֶׁר הֻכָּה אֶת-הַמִּדְיָנִית–זִמְרִי, בֶּן-סָלוּא:  נְשִׂיא בֵית-אָב, לַשִּׁמְעֹנִי

Veshem ish Yisra’el hamukeh

asher hukah et-haMidyanit

Zimri ben-Salu nesi veyt-av la-Shim’oni

Et le nom de la personalité d’Israël

qui a été frappé avec la midianite

Zimri ben Salou prince de maison paternelle de la tribu de Shimon,

25 :15

וְשֵׁם הָאִשָּׁה הַמֻּכָּה הַמִּדְיָנִית, כָּזְבִּי בַת-צוּר:  רֹאשׁ אֻמּוֹת בֵּית-אָב בְּמִדְיָן, הוּא

Veshem ha’ishah hamukah haMidyanit

Kozbi vat-Tsur rosh umot beyt-av beMidyan hu.

et le nom de la femme qui a été frappée, la midianite

Kozbi bat Tsour, chef de peuples de maison paternel de Midian…

Le sujet général sur lequel je pense il est important de réfléchir c’est de savoir pourquoi la Torah a tenu à mettre en évidence un certain nombre de personalités des récits historiques de ce temps.

La réponse est simple : elle nous les donne en modèle de profil d’identité d’épisodes de péripéties analogues que nous avons à vivre dans l’histoire d’Israël.

Je vous rappelle le principe, c’est Na’hmanide qui l’a mis à la base de son commentaire. Et à sa suite énormément de commentateurs. J’ai été habitué dans mon étude à suivre la lignée de Judah Halévi continuée par le Maharal et le Rav Kouk à travers le Shla’h et qui nous font comprendre ceci : le peuple d’Israël vit l’histoire dont le projet existe à l’avance. Non pas sa réalisation dans l’existence, dans l’événementiel, mais son programme en essence, dans l’essentiel. Et le 1er modèle qui nous est dévoilé c’est la manière dont la prophétie hébraïque a formulé l’histoire des Pères, celle des Patriarches avant tout. Le principe est le suivant :

kol maassei avot siman labanim

Tout ce qui est arrivé aux Pères est un signe pour les enfants.

C’est-à-dire pour ce qui arrivera aux enfants dans la mesure où ils sont les enfants de ces pères-là, dans la mesure où ils s’y identifient par fidélité réelle. Ce n’est pas de n’importe quel Israël dont il est question. La Torah raconte l’histoire d’un Israël qui est les Banim de ces Avot – la descendance des pères qui ont fait émergés cette identité hébraïque dans l’identité humaine. 

Il faut comprendre que c’est vrai aussi pour toutes les nations. Quand je dis « nation » ce n’est pas n’importe quel groupement politique qui s’intitule du titre d’un pays ou forme le peuple d’une nation. Aujourd’hui il y a un mélange absolu de ce qu’étaient les 70 nations originelles depuis la diaspora de l’humanité de Babel. Quoiqu’il en soit toutes les nations, tant qu’elles avaient leur Sefer Yorassin, leur filiation par généalogie, avaient leurs prophètes qui leur expliquaient le sens de leur histoire ou de leur destinée historique. C’est disparu pour toute les nations sauf pour Israël.

Au moment où Mosheh Rabénou à reçu la Torah, il a demandé comme clause de réception que la prophétie s’arrête sur les nations, plus exactement que la Shékhinah ne réside plus chez les nations

De la même manière qu’il y avait Shekhinah pour Israël il y avait Shekhinah pour les nations. J’appellerais cela providence au 1er degré. Pour les nations, il n’y a plus que providence au 2nd degré. En particulier, cette Providence au 1er degré va être réservée dans le lien entre le Créateur et Israël à partir du Sinaï et demandée par Moïse.

Massekhet Brakhot : l’explication c’est que Israël est la seule nation qui ait accepté que son histoire soit jugée d’après la Torah. Or, il y a des raisons pour lesquelles les autres nations ont refusé.

C’est parce que l’humanité entière a refusé à tour de rôle,, nation après nation, que son histoire de civilisation soit jugée par la Torah, c’est-à-dire par la Loi morale, que finalement Dieu s’est inventé une nation à part qui est Israël, du dedans de l’humanité, qui elle a accepté la Torah. Le sujet est très vaste et très important.

Par rapport à notre problème, je l’expliquerais de la manière suivante : la Torah raconte d’abord en préface de la Loi comme loi, l’histoire de l’universel humain. Et par conséquent, il y a une vision prophétique de l’histoire de chaque nation de cet universel humain. Or, voici que cet universel humain est en compétition avec Israël depuis qu’Israël est ce peuple-là qui est le seul à avoir reçu la Torah. On fini par établir ceci que cet antisémitisme universel contre le peuple juif qui se cristallise contre Israël a ceci pour raison essentielle : nous sommes le peuple du Livre de la Loi.

(Et non pas dans le sens du « peuple du livre » comme peuple de libraires… Il faudrait comparer la notion sémantique du terme « livre » et celle de « Sefer »).

Les Nations entrent en compétition avec Israël qui a fort à faire vis-à-vis de ces compétitions. Il n’y a qu’à comprendre ce qui se passe depuis le Sinaï jusqu’à aujourd’hui. Les peuples ne connaissent plus le sens prophétique de leur propre dossier contre Israël et c’est malgré tout très dur pour Israël. Alors si en plus ils avaient l’éclairage prophétique de leurs propres dossiers, où en serions-nous ?

C’est pourquoi Moïse demande à ce que cela leur soit retiré. Qu’ils n’aient pas en plus un avantage

en gardant des prophètes du type Bilaam et Balak.

Il y a deux grandes civilisations qui ont gardé leurs généalogies jusqu’aux Patriarches : l’Eglise à travers Rome et Esaü. Il a fallu Jules Isaac pour mettre les choses au point. Et Ishmaël. Et il a fallu attendre le Maharal pour qu’il éclaire une Guémara des premières pages de la Massekhet Avodah Zara : c’est la Perse.

C’est de notre temps que la Perse aujourd’hui l’Iran, a pris l’étendard de l’Islam contre Israël. De la même manière qu’en Occident c’est l’Eglise, Rome, qui avait pris l’étendard de Esaü contre Israël.

On régle les comptes avec Esaü comme préalables de réglement de compte avec Ishmaël. On vit dans une génération où, grâce à Dieu, on ne s’ennuit pas. Et heureusement, ni l’Eglise ni l’Islam ne savent ce que savent les rabbins de leur dossier contre Israël. C’est ce que Moïse a demandé.

Je reviens à notre sujet.

Le fait qu’il y ait un certain nombres de personnages que la Torah met en évidence comme une sorte de paradigmes, de modèles avec sa signification, de structure de modèles, de ce que nous devons rencontrer dans les péripéties de notre histoire.

Le principe de Na’hmanide : kol mah shirah laavot siman labanim

Tout ce qui arrive aux Pères est un signe pour les fils.

En effet, Israël vit à l’échelle d’une collectivité, un peuple une nation et non pas une religion, mais un peuple, une nation, ce que Abraham Yiitshaq et Yaaqov ont vécu dans leur mise à l’épreuve d’identité: c’est-à-dire la mise en question : « es-tu Israël ? »

En fin de compte Abraham puis Isaac puis Jacob aboutissent à l’identité Israël en Jacob.

C’est cette histoire de mise à l’épreuve d’identité qui est vécue par Israël en tant que nation dans sa traversée de l’histoire des civilisations.

En schématisant beaucoup:

ð  Dans l’exil d’Egypte, nous avons vécu l’histoire d’Abraham. Sortis d’Egypte, nous sommes confirmés commes fils d’Abraham.

ð  Dans l’exil de Babylone qui se termine avec Ezra et Néhémie, nous avons vécu l’histoire d’Isaac. Sortis de Babel, nous sommes confirmés comme fils d’Isaac.

ð  Dans l’histoire de l’exil de Rome qui a duré 2000 ans, nous vivons l’histoire de Jacob aux prises avec Esaü. Sortis de l’exil de Rome nous sommes confirmés comme fils de Jacob avec le nom Israël.

Cela faisant 2000 ans que l’on nous appellait pas Israël !

Il a fallu que nous arrivons aux temps présents pour que le peuple juif reçoivent le nom d’Israël, par la volonté des Juifs qui ont fondé l’Etat d’Israël. Et le Vatican sera finalement obligé de reconnaître que cet état s’appelle Israël parce qu’il a intérêt à renouer des relations avec l’état d’Israël. On arrive bien au terme d’une histoire où effectivement nous sommes confirmés dans l’identité de Jacob recevant le nom d’Israël.

****

Je voudrais opposer 2 de ces personnages : Balak et Yitro.

Ces 2 personnages sont 2 identités des nations qui ont perçu ce que représente Israël ; l’un en a été amené à être pour, c’est Yitro, l’autre en a été amené à être contre, c’est Balak. Nous verront en 3ème position comment Pin’has intervient.

1er verset Parshat Balak chapitre 22:

22:2

וַיַּרְא בָּלָק, בֶּן-צִפּוֹר, אֵת כָּל-אֲשֶׁר-עָשָׂה יִשְׂרָאֵל, לָאֱמֹרִי

Vayar Balak ben-Tsipor et kol-asher-asah Yisra’el la-Emori

Et Balak fils de Tsipor vit tout ce qu’Israël avait fait à l’amoréen

Cf. le texte précédent où l’on voit la grande victoire d’Israël contre Si’hon Melekh tous ces récits-là et où Balak va s’instaurer comme chef d’une coalition anti-Israël et prend acte du fait que l’on peut rien contre la force d’Israël.

Le verbe ici c’est que Balak a vu. וַיַּרְא בָּלָק Vayar Balak.

 Pour Yitro c’est le verbe entendre.

Yitro 18 :1

וַיִּשְׁמַע יִתְרוֹ כֹהֵן מִדְיָן, חֹתֵן מֹשֶׁה, אֵת כָּל-אֲשֶׁר עָשָׂה אֱלֹהִים לְמֹשֶׁה, וּלְיִשְׂרָאֵל עַמּוֹ:  כִּי-הוֹצִיא יְהוָה אֶת-יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם

Vayishma Yitro khohen Midyan ‘hoten Moshe et kol-asher assah Elohim le-Moshe ule-Yisra’el amo ki-hotsi Adonay et-Yisra’el miMitsrayim.

Et Jethro entendit…

Très rapidement nous allons voir la différence qu’il y a entre ces 2 verbes et pourquoi l’un concerne Yitro et pourquoi l’autre concerne Balak. C’est un sujet important. Je vais vous le résumer.

Il y a 2 manière en hébreu de dire la connaissance en hébreu :

ð  La connaissance par le sens de l’ouïe, par l’écoute, et il y  a des versets qui invitent Israël à la connaissance par l’expression Shema Israël… Ecoute Israël. La fonction de la connaissance qui se réfère à la perception par l’ouïe, c’est l’entendement. Qui désigne, au niveau de l’intellect, la connaissance qui a pour véhicule de perception l’audition, le fait d’entendre.

ð  La 2ème c’est la vue. Nous avons des versets qui invitent Israël à la connaissance par la vision : Réé Israël… Vois Israël.

Le français connait ces 2 méthodes de connaissance. Pour demander à quelqu’un s’il a compris, on dit : Tu vois ? Tu entends ? On ne se rend plus compte de la différence mais cela se réfère à 2 tempéraments différents parmi d’autres d’ailleurs de l’imagination perceptive. Les hommes ont des formes de l’imagination différentes suivant le sens privilégié. 

Par exemple, l’imagination est le véhicule de la pensée. En fait, la pensée authentique est la pensée sans image, au-delà des images. La plupart des gens pensent à travers des images. Ils croient qu’ils pensent mais en réalité ils imaginent.

Lorsqu’on dit un mot, le mot table par exemple.

Si le concept de table apparait sous la forme d’une table c’est qu’il y a imagination visuelle.

Si le concept vous apparait dans la signification de la finalité de la table, c’est l’imagination acoustique.

En général, l’humanité actuelle est en dominante d’imagination visuelle, mais il y a eu un stade où c’était l’imagination acoustique. Il y a eu un stade, qui s’est perdu, c’est celui de l’imagination olfactive. On connaissait en sentant les choses. Aujourd’hui on connait en voyant les choses.

Les instruments scientifiques actuels tendent à privilégier la connaissance par l’acoustique, les instruments qui font entendre les phénomènes plutôt que ceux qui font voir les phénomènes, mais la dominante est dans la visualisation depuis longtemps.

En hébreu pour dire connaître c’est Yadoa (youd-dalet-ayin) en grec c’est oïdah le même mot en grec et en latin c’est video. C’est la même racine et le mot latin de video a donné le mot « idée » en français.

Finalement, les idées par le sens des images conceptuels sont de l’ordre de la connaissance par la vision. La civilisation grecque, puis romaine, puis européenne, a privilégié la vision alors que la civilisation hébraïque a privilégié l’écoute – Shema Israël –  plus dominant que Reeh Israël bien que l’on trouve les deux.

La grande différence c’est que la perception et donc la connaissance à travers la vision mène à l’idolâtrie visuelle et mène au culte des images, des idées, des idoles…

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