Face A
Face B
Texte Face A
/ Etude des différentes actions qui ont été faites pour pouvoir construire le Mishqane.
Avec le thème général qui va orienter notre étude.
Q : les Hébreux sont sortis en hâte et pour la construction du Mishqane qui comporte tellement de matériaux, comment ont-ils pu emmener tout cela ?
R : Bonne question sur le sujet qu’elle touche et du point de vue de la méthode : j’ai fait allusion lors de la dernière étude : au fur et à mesure de l’étude du texte de la Torah, on s’aperçoit que différentes questions se posent en particulier de ce genre, parce qu’on a lu un peu plus dans l’ensemble du texte de la Torah. Pour bien comprendre un verset, et telle ou telle question induite par ce verset en particulier, il faut connaître tous les autres versets. A partir du moment où vous avez lu suffisamment de textes déjà, il vous arrivera de vous poser des questions auxquelles vous n’avez pas pensé avant. Ceux qui ont lu l’ensemble du texte de la Torah, les 5 livres du Pentateuque, vous vous rappellez qu’au moment de la sortie d’Egypte, il y a une consigne particulière qui a été donnée à Moïse. Moise devait recommander aux Hébreux de demander à leurs voisins égyptiens des cadeaux avant de repartir d’Egypte !
Effectivement, lorsque dans le Midrash ou le Talmud on se pose ce genre de questions : où s’est-on approvisionné en matériau pour la construction du Mishqane ? La 1ère réponse c’est que pour la majorité des matériaux cela a résulté des « valeurs » matérielles et/ou spirituelles.
Dans ces différentes Parashiot depuis Teroumah jusqu’à Péqoudei, les 3 matériaux de bases sont l’or, l’argent et le cuivre. Tous les commentateurs qui abordent le problème du parallèle de niveau : en haut comme en bas, en bas comme en haut, l’ordre matériel a une correspondance dans le monde spirituelle et réciproquement… Ce sont des études qu’on étudie surtout dans les livres de Kaballah parce qu’il y a des parallèles et des analogies, des relations qui ne sont pas du tout familières à la culture générale du monde occidental moderne gréco-romain alors que les autres traditions y sont plus familières.
Dans ces correspondances-là, les trois grandes valeurs de bases ’Hessed, Din, Ra’hamim correspondent respectivement à Kessef-Argent, Ne’hoshet-Cuivre et Zahav-Or.
Par conséquent, cela implique que dans les intentions les Kavanot des offrandes apportées il y a avait un parallèle : en même temps que le Zahav, il y a la Midah correspondante, en même temps que le Kessef, il y a la Midah correspondante.. etc..
Une autre source du Midrash qui va beaucoup plus loin :
Lorsque Israël a quitté l’Egypte, elle a été vidée de toutes ses richesse (Midrash :« comme un filet sans poissons ») le mot de « richesse » est matériel, il faudrait dire « valeurs ».
[Il y a un paradoxe surtout dans les périodes de fin d’exil, dans l’attitude des nations chez qui les hébreux les juifs sont en exil, qui d’une part ont une attitude très ambivalente vis-à-vis de leur Juifs: une haine et un refus de les laisser partir. C’est très paradoxal. Subitement ce noeud se dénoue et c’est ce que nous avons vécu avec l’exode des Juifs de Russie. Et ceux d’Ethiopie qui ont été moins empêchés. L’empêchement venant beaucoup plus du côté d’Israël que du côté des Éthiopiens Goyim.
C’est surtout en Russie qu’on s’aperçoit d’un déferlement de l’antisémitisme russe corollaire du désir juif de sortir de Russie avec un empêchement des russes à les laisser quitter la Russie. Il peut y avoir des explications à différents niveaux sociologiques.
Il y a un argument irréfutable des Russes : nous avons payé l’éducation de ces Juifs et beaucoup d’entre eux sont des cadres du pays, dont certains ,cadres militaires au courant de secrets russes et qu’on ne peut donc laisser partir… C’est irréfutable ! Que répondre à cela ? Quoiqu’il en soit c’est un des facteurs de tout un ensemble très paradoxale du refus, alors que les Russes avaient interêt à se débarasser de leurs Juifs. Même plus, par rapport à Israël ils avaient intérêt à envoyer une 5ème colonne d’espions soviétique parmi les Juifs. D’ailleurs, ils l’ont fait ! L’état d’Israël était prêt à payer le prix pourvu que les Juifs arrivent, de prendre les autres avec eux, et on s’en arrange… D’ailleurs on l’a fait pour toute les Aliot. Vous n’avez aucune idée du nombre de 5ème colonne qui sont entrées en Israël.]
C’est la 1ère réponse : pour la grande majorité des matériaux ils ont été emportés d’Egypte. Et pas seulement les matériaux matériels et physiques mais aussi tout ce dont les Hébreux se sont imprégnés de la civilisation égyptienne, et qui a été mis à l’abri, premièrement dans la construction du Mishkane et dans tout ce qui va être l’histoire d’Israël post-égyptienne. C’est d’ailleurs quelque chose de très analogue que l’on vit à toutes les fins d’exil. La fin d’exil contemporaine c’est d’abord le fait que les Juifs ont quitté d’abord l’Europe et le monde entier. En quittant l’Europe, ils sont revenus imprégnés des valeurs de la civilisation européenne. Il est bien évident que les fondateurs de la société israélienne revenant comme Juifs ont ramenés avec eux les valeurs ambiantes de la civilisation dans laquelle ils avaient été exilés. C’est une des perspectives de ce projet messianique de ce mouvement : l’aller vers les nations et le retour vers Jérusalem dont je vous ai souvent parlé en vous citant Judah Halévi qui compare Israël au coeur de l’humanité.
Cette image qui est plus qu’une image a été employée de différentes manières. Il faut se méfier d’un israélo-centrisme exagéré et injustifiée. Quoiqu’il en sot, il y a ce mystère d’Israël qui traverse l’histoire de l’humanité, et on peut lire cette histoire à la manière de Judah Halévi, en la voyant comme un organisme unique, un être avec différents organes et fonctions et donc avec un coeur.
Judah Halévi l’explique de la manière suivante : Lorsque chaque organe est atteint d’une sorte d’une Makah quelconque le coeur souffre deux fois. En tant qu’il est le coeur de l’organe et en tant qu’il est le coeur tout court. Le coeur encaisse les coups que le corps reçoit deux fois et par cela il se rattache à un verset d’Isaïe qui fait partie des Haftarot de consolations dans « Na’hamou Na’hamou Ami » : consolez Tsion parce qu’elle a reçu double part de sanctions pour ces fautes : une fois pour elle et une fois pour les autres.
Il y a une solidarité absolue entre l’histoire d’Israël et l’histoire des nations. Il faut se refamiliariser avec cette idée qui est une des données essentielles du monothéisme hébreu de la Torah : Israël et les nations sont la même humanité créée par un Dieu Un. Il y a une solidarité de l’histoire universelle avec l’histoire d’Israël et vice versa. Depuis le temps de l’émancipation surtout, les penseurs juifs ont été habitués à lire dans un sens : à comprendre l’influence de l’histoire d’Israel sur l’histoire universelle, comme si l’histoire d’Israël était un appendice de l’histoire de la civilisation. Depuis le ressourcement des études hébraïque on s’habitue à l’idée inverse : voir à quel point c’est l’histoire universelle qui est indexée à l’histoire d’Israël.
Peu de personne sont capables de lire l’histoire de cette manière, c’est-à-dire à partir des intuitions immédiates de la conscience hébraïque lisant l’histoire universelle. Alors que la plupart des intellectuels juifs étaient habitués à la lecture inverse. Lire l’histoire juive à partir des données immédiates de la conscience universitaire, c’est-à-dire la conscience grecque. Je ne sais pas si voyez le renversement à faire pour se réajuster. Cela commence déjà un peu, même en milieu non-juif, bien que dans une élite très restreinte.
Deux exemples tirés de l’analyse d’André Neher:
Les deux grands événements contemporains, ont été Auschwitz et la création de l’Etat d’Israël.
(Hiroshimah doit être indexé à Aushwitch, c’est le même drame). L’un dans un sens négatif et l’autre dans un sens positif.
Au moment de la Shoah le peuple juif a été atteint centralement, dramatiquement, tragiquement, de manière paroxystique parce que l’objectif nazi était l’anéantissement d’Israël. Mais énormément d’autres peuples ont été atteints. La civilisation entière a été secouée, il y a eu 50 millions de victimes pas seulement les 6 millions de Juifs. Seulement il y a une différence : pour les autres c’était des persécutions effoyables et à l’échelle individuelle il y avait des choses analogues mais pour Israël l’objectif était la destruction ad nihilo. Ce qu’on appella « la solution finale ». C’est en même temps que cela arrive : lorsque l’événement touche Israël, il touche également l’humanité.
L’exemple positif : lorsque Israël a retrouvé son indépendance nationale : il l’a retrouvé en même temps que tous les peuples colonisés : c’est un processus qui a commencé en 1917 et la 1ère décolonisation a été celle des Indes. Et cette date de 1917 est très importante pour cet exemple. Et c’est corollaire au fait qu’énormément de peuples ont retrouvé leur indépendance nationale. Mais là encore il y a un indice de paroxysme qui est différent pour Israël : ces peuples-là existaient en tant que nations. Des nations opprimées et colonisées mais qui existaient en tant que nations. Alors que le peuple juif n’existait pas en tant que nation. Il existait en tant que nation dispersée, indexée à d’autres nations étrangères, et la restauration de la nation d’Israël a été un phénomène ex-nihilo au contraire des autres peuples.
Cela va ensemble : 1917 est un date à l’échelle universelle.
C’est la déclaration Balfour mais c’est en même temps le début de la décolonisation. Le début d’une longue période, on est juste au début, où l’empire d’Europe, fondée par Rome il y a 2000 ans avec les différentes succursales qu’il a pu avoir…, cette civilisation là que la tradition appelle Edom est en train de s’achever en tant qu’empire. Un des signes dans le monde spirituel c’est Vatican 2 ou la chrétienté décide qu’elle n’est plus une religion universelle, c’est-à-dire qui s’impose à tous, mais qu’elle tend à redevenir une religion universaliste : c’est-à-dire chacun étant lui-même pour un salut commun.
Ce que je vous dis là est très schématique et très anticipé, seul une élite chrétienne est consciente de cela mais c’est le point de départ de Vatican 2 (la nomination d’évèques d’archevèques de cardinaux noirs, jaunes, rouge, juifs… et pas seulement italiens…)
Le principe est important, il y a un lien très profond que très peu de Juifs perçoivent car habitués à l’équation de ghetto qui était une sorte de protection vis-à-vis d’un monde extérieur plus qu’hostile, et on a perdu le sens de cette unité du genre humain qui passe par Israël.
Alors effectivement, il y a une sorte de prise de conscience sourde mais profonde chez les nations qu’Israël est une sorte de corps étranger, un parasite, mais un parasite grâce auquel la vie est possible.
Une anecdocte :
Dans les pays arabes, lorsque les communautés juives au moment de la fondation de l’état d’Israël ont décidé de rejoindre l’état d’Israël, la réaction pour les populations arabe a été une réaction de deuil, en particulier dans les montagnes de l’Atlas. Il a existé des communautés juives berbères au Sud du Maroc. Les Berbères ont supplié la communauté juive de ne pas quitter leur villages, leurs villes parce que la vie s’en allait avec eux. C’est un peu massif comme exemple mais c’est un peu ce qu’ont ressenti toutes les nations. Si déjà les juifs partent alors il faut qu’ils paient le prix fort parce qu’ils emportent avec eux Touv Haarets le bien du pays. Il faut nuancer, mais c’est un fait qui n’a pas d’exception.
Il y a 2 ans j’ai fait partie d’un pélerinage juif au Maroc et je suis allé dans une petite ville qui était le berceau d’une des branches de ma famille : Debdou, une des villes saintes du Maroc. La ville des Kohanim avec Djerba. On est entré à Debdou à une cinquantaine de Juifs la rumeur s’est répandue. Le maire du village est arrivé quelques minutes après suivis de gens qui portaient des caisses de boissons et de gâteaux… on a visité le quartier juif et on est entré dans une des maisons qu’avait habité une des participantes de ce voyage. L’habitante arabe de la chambre a dit : « depuis que les Juifs sont partis tout est parti avec eux ». C’était sincère.
***
Or, cette consigne que Moïse a reçu de Dieu de demander aux Hébreux qu’ils demandent à leur voisin c’est le miracle : imaginez la haine réciproque de l’Egypte et des Hébreux au moment de la sortie d’Egypte, on l’étudie à propos de Shabat Hagadol, on leur avait préparé la plus grande surpirse qu’ils pouvaient avoir : leur divinité a été préparée pour être abattue pour le sacrifice de Pessa’h. C’est peut-être là l’origine lointaine de l’accusation de meurtre rituel à Pâques.
Les Égyptiens qui avaient une religion astrologique adoraient comme divinité principale la divinité qui représentait le signe du zodiaque dominant du temps. Or, la sortie d’Egypte s’est produite le jour où l’on est sorti du signe du Bélier pour entrer dans le signe du Taureau. On leur annonce que l’on va changer de théologie en sortant du Bélier qui est le 1er né des signes du Zodiaque. On va donc abattre le fils du père. Vous voyez les Chrétiens d’où ils ont pris cela. Il s’est produit un très grand miracle : le miracle du Shabat Hagadol le 10 Nissan où l’on a commencé à préparer l’agneau du sacrifice pour le 14 Nissan. Normalement, les Égyptiens auraient du massacrer les Hébreux à ce moment-là. Frappés de panique la sortie d’Egypte s’est faite. C’est très étonnant et à ce moment-là les Égyptiens ont comblé de cadeaux leurs voisins hébreux.
Des Midrashim racontent comment les femmes égyptiennes suppliaient les femmes hébreux de leur faire l’honneur de porter leur bijoux. Avec les bijoux des hommes on a fait le veau d’or.
D’où cela vient ?
Dans l’histoire d’Abraham, il y a un épisode : Abraham a du intervenir dans une guerre entre les rois du pays parce que son neveu Lot était pris dans cette guerre. Et finalement Abraham sort victorieux de cette guerre. Dialogue entre le roi de Sodome et Abraham au sujet du butin.
Le roi de Sodome dit à Abraham ce verset :
Lekh Lekha 14:21-22
וַיֹּאמֶר מֶלֶךְ-סְדֹם, אֶל-אַבְרָם: תֶּן-לִי הַנֶּפֶשׁ, וְהָרְכֻשׁ קַח-לָךְ
Vayomer melekh Sedom el-Avram
Et dit le roi de Sdom à Avram
ten-li hanefesh veharekhoush ka’h-lakh.
Donne moi l’âme (les prisonniers) et le butin garde-le
וַיֹּאמֶר אַבְרָם, אֶל-מֶלֶךְ סְדֹם: הֲרִמֹתִי יָדִי אֶל-יְהוָה אֵל עֶלְיוֹן, קֹנֵה שָׁמַיִם וָאָרֶץ
Vayomer Avram el-melech Sedom
Avram dit au roi de Sdom
harimoti yadi el-Adonay El Elyon Koneh shamayim va’arets.
J’éléverai ma main vers Dieu Dieu suprême créateur du ciel et de la terre
אִם-מִחוּט וְעַד שְׂרוֹךְ-נַעַל, וְאִם-אֶקַּח מִכָּל-אֲשֶׁר-לָךְ; וְלֹא תֹאמַר, אֲנִי הֶעֱשַׁרְתִּי אֶת-אַבְרָם
Im-mi’hout
Que ce soit d’un fil
ve’ad srokh-na’al
ou d’un cordon de soulier
ve’im-eka’h mikol-asher-lakh
je jure que je ne prendrais rien de tout ce qui t’appartient
velo tomar ani he’esharti et-Avram.
Et tu ne diras pas « moi j’ai enrichi Avram ».
Abraham a entendu du roi de Sodome: donne-moi les personnes. Ces personnes qui étaient prisonniers de guerres et qui auraient pu devenir des prosélytes d’Abraham et le Rekhoush les valeurs. Abraham a tout abandonné. C’est la réaction de la vertu d’Abraham le ’Hessed absolu. Il est intervenu gratuitement, il ne veut être payé en rien, il y a une espèce de négligence qui va être payée très chère. Il va falloir aller dans les civilisations où ces personnes et ces valeurs sont tombées et sont perdues pour aller les récupérer. Effectivement, lorsque Dieu va dévoiler à Abraham l’éventualité de l’exil, Il le fait en ces termes :
Lekh lekha 15 :13-14
וַיֹּאמֶר לְאַבְרָם, יָדֹעַ תֵּדַע כִּי-גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם, וַעֲבָדוּם, וְעִנּוּ אֹתָם–אַרְבַּע מֵאוֹת, שָׁנָה
Vayomer le-Avram
Il dit à Avram
yadoa teda ki-guer yihyeh zar’akha be’erets lo lahem
savoir tu sauras que ta descendance sera étrangère dans un pays qui n’est pas à eux
va’avadoum ve’inou otam arba me’ot shanah.
Ils seront asservis et persécutés 400 ans
וְגַם אֶת-הַגּוֹי אֲשֶׁר יַעֲבֹדוּ, דָּן אָנֹכִי; וְאַחֲרֵי-כֵן יֵצְאוּ, בִּרְכֻשׁ גָּדוֹל
Vegam et-hagoy asher ya’avodou dan anokhi
Et aussi le peuple qui les a persécuté Je la jugerais
ve’a’harey-khen yets’ou birekhoush gadol
et après ils sortiront avec un grand butin.
Alors c’est cette idées de Rikhoush, « les valeurs ».
Quelles valeurs ?
C’est le même mot que dans l’épisode de la guerre d’Araham. Il a abandonné le Rekhoush et il faut aller là où il se trouve pour le sauver. Il s’agit de ces valeurs-là qui primitivement tant du point de vue du Nefesh que du point de vue des Kélim de ce Nefesh fait partie de l’identité d’Israël à priori, c’est une partie qui ne s’est pas rassemblé au moment du rassemblement d’Israël au temps des patriarches, qui est restée dehors et qu’il faut récupérer, ramener, sauver et transfigurer, « kashériser».
[J’ai été frappé par un lien, sans sources précises à vous citer : Rekhoush anagramme Koresh.
Or, Koresh c’est Cyrus qui est le 1er Mashia’h, d’après les prophètes, qui ramène de l’exil d’Israël après l’exil de Babel le deuxième exil. Vous avez qu’il y a eu une déclaration Cyrus comme il y a eu une déclaration Balfour.]
C’est ce Rekhoush en vue duquel Israël est descendu dans la civilisation égyptienne et qu’il n’a pas, lui Israël, été capable de recueillir et c’est miraculeusement que Dieu intervient pour qu’ils le recueille quand même à la fin pour pas que cette histoire n’ait pas de sens.
Vous voyez à quoi cela se rattache. C’est ce que nous avons étudié à Parshat de Bo [10:2] :
וַיֹּאמֶר יְהוָה אֶל-מֹשֶׁה, בֹּא אֶל-פַּרְעֹה: כִּי-אֲנִי הִכְבַּדְתִּי אֶת-לִבּוֹ, וְאֶת-לֵב עֲבָדָיו, לְמַעַן שִׁתִי אֹתֹתַי אֵלֶּה, בְּקִרְבּוֹ
Vayomer Adonay el-Moshe bo el-Par’oh
ki-ani hichbadeti et-libo ve’et-lev avadav
lema’an shiti ototay eleh bekirbo.
L’Éternel dit à Moïse: « Rend-toi chez Pharaon; car moi même j’ai appesanti son cœur et celui de ses serviteurs, afin que Je place Mes signes en son sein…
Il y a aussi une autre fonction de la Galout : éclairer les Égyptiens sur ce qu’est la véritable révélation de Dieu aux hommes, qu’ils n’ont entendu qu’à travers le paganisme astrologique. Et alors la mentalité religieuse de cette civilisation était que la société humaine comme tous les phénomènes dans le monde sont soumis à des structures fatales de fonctionnement des mécanismes de lois naturels. C’était cela la mentalité égyptienne, raison pour laquelle les sages du Pharaon qui étaient des mages n’arrivaient pas à expliquer les rêves que Joseph expliqua. Ce sont des rêves que n’importe quel enfant du talmoud torah, nommé Joseph peut expliquer à Pharaon : un déréglement de l’économie. Cela leur était impensable de penser un dérèglement de l’économie.
J’ai repensé à cela lors des purges des économistes dans l’empire soviétiques parce que les récoltes ne correspondaient pas au plan… Ils avaient une mentalité que par analogie je qualifie de l’orthodoxie marxiste : l’économie est soumise à des lois scientifique et cela ne peut pas bouger. Or, voilà que le Pharaon rêve d’un déréglement de l’économie que seul un hébreu peut expliquer.
La 2ème fonction, indépendament de ce Rekhoush à sauver, était de révéler la véritable signification de l’histoire du monde aux Égyptiens. Ils n’ont pas réussi et donc Dieu demande à Moïse de prendre patience jusqu’à ce qu’Il fasse ce que les hébreux auraient du faire.
Il y a aussi d’autres facteurs de cette fonction de la Galout.
לְמַעַן שִׁתִי אֹתֹתַי אֵלֶּה, בְּקִרְבּוֹ
Lema’an shiti ototay eleh bekirbo.
Afin que Je place mes signes en son sein.
Le témoignage qu’Israël aurait du porter dans la civilisation égyptienne et qu’il n’a pas réussi à porter, ce sera à travers les dix plaies que finalement l’Egypte va découvrir l’existence d’une Providence qui gère l’histoire du monde et non pas les mécanismes fatales des lois astrobiologiques.
Je pense souvent à ces thèmes-là lorsque je pense à ce qui se passe dans la diaspora européenne en particulier que je connais mieux, mais c’est vrai aussi pour la diaspora américaine : la principale justification que les Juifs de la diaspora se donnent, indépendament de la solidarité qui est un autre problème, c’est l’idée de mission chez les nations. C’est un cliché qu’ils utilisent mais qui est sans contenu. Chaque fois que je demande quelle est la nature de cette mission à des autorités que ce soit rabbiniques universitaires, politiques, on ne sait pas me répondre.
Très souvent on me répond naïvement :
1- Apprendre aux Goyim « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Il y a deux réponses : cela fait 2000 ans qu’ils l’ont entendu et ce sont les curés qui s’en occupent et non pas les rabbins.
2- « Enseigner les valeurs de la Torah ». Il y a énormément d’enseignant juifs de très hauts niveaux en Europe en particulier. Mais ils enseignent tout, sauf la Torah, et en général : ils enseignent l’athéisme, « l’athéologie » et non pas la théologie. Imaginez un jour la frustration de ces braves Goyim qui attendent d’Israël chez eux la révélation qui ne vient pas. La frustration de la femme de Poutifar qui veut Joseph mais n’obtient que son déguisement égyptien. Effectivement, sur 100 professeurs juifs d’université, 99 sont athées. Et l’intelligentsia juive prétend être en France pour y enseigner la parole du Dieu vivant…
***
La majeure partie de ces matériaux sont les valeurs de la civilisation égyptienne dont Israël s’est chargé par don de l’Egypte.
Tribu de Lévi :
A travers la tribu de Lévi, beaucoup de ces valeurs sont normalement, organiquement, introduites en Israël. La tribu de Lévi n’a pas participé à l’esclavage d’Egypte. Les Égyptiens ont reconnu dans la tribu de Lévi la tribu des prêtres d’Israël avant la lettre ; et par consèquent, ils n’ont participé aux camps de concentration de l’Egypte. Mais pour les autres tribus c’est miraculeusement par don qu’on a pu emporter ces valeurs de l’Egypte.
En ensuite à travers la suite de l’histoire, cette Egypte a disparu elle est restée dans les bibliothèques, dans les musées, dans le sables de Abou Simbel : Moïse enterra l’égyptien (l’Egypte) dans le sable. Et toutes les valeurs vivantes sont intégrées dans l’identité hébraïque d’Israël qui sort d’Egypte et elles sont hébraïsées.
La 2ème réponse pour ces matériaux :
Le Midrash l’explique en disant que ce sont des réalités qui sont apparues miraculeusement dans le désert en ce temps-là parce qu’on en avait besoin pour le Mishkane. C’est une autre réponse.
En particulier, le Ta’hash animal עֹרֹת תְּחָשִׁים [25:5] que personne ne connait. Le Ta’hash selon le Midrash est un animal mystérieux apparu dans le désert parce qu’on avait besoin de sa peau…
וְעֹרֹת אֵילִם מְאָדָּמִים וְעֹרֹת תְּחָשִׁים, וַעֲצֵי שִׁטִּים
peaux de bélier teintes en rouge, peaux de tahach et bois de chittîm
L’image du Midrash : Israël sortant d’Egypte l’a vidé comme un pécheur vide un étang avec son filet.
***
Q :Vous avez dit que le Rekhoush c’était aussi des personnes ?
R : Non, il y a Reikhoush et Nefesh. Il y a les personnes et il y a les valeurs.
Q : Les personnes c’était le Erev Rav ?
R : Oui, seulement Moïse n’a pas eu le temps de les éduquer. Moïse sait exactement ce qu’il fait lorsqu’il intègre le Erev Rav en Israël. C’est une des fonctions de la Galout-l’exil de ramener le Erev Rav. On voit que Dieu s’y oppose mais en fin de compte Il accepte. En fait, le Erev rav et les Hébreux ont ensemble accepté la Torah au Sinaï. Mais il y a une différence d’essence et de nature entre les deux. Les Hébreux sont les descendants des patriarches et ont eu 6 générations du Derekh Erets des Patriarches : « Qadma Derekh Erets laTorah ». Ils ont été formé à une culture préalable à la Torah qui rend la Torah possible.
Malheureusement cette culture des Hébreux, le Derekh Erets des Patriarches, manquent à la plupart des Juifs eux-mêmes aujourd’hui, parce qu’ils l’ont perdu à travers l’exil. En particulier chez les Juifs pieux c’est le plus grave. Chez les Juifs non pieux, bon, on arrangera tout en même temps.
Mais la Torah sans le Derekh Erets c’est très grave. Je ne parle pas de la politesse mais du Derekh Erets ha-Ivri . Le fait qu’Israël soit sorti de l’identité hébraïque de l’origine, Avraham Ha-Ivri.
C’est cela qu’il faut retrouver.
Le drame de la société israélienne c’est que :
=> une partie qui a le Derekh Erets mais pas la Toah.
=> une partie qui a la Torah mais pas le Derekh Erets.
=> grâce à Dieu il y a aussi ceux qui ont et le Derekh Erets et la Torah.
(il y a même deux genres : Torah et Derekh Erets, Derekh Erets et Torah)
Effectivement, ce n’est pas pour rien que la Mishna insiste là-dessus :
« Yafeh Torah im Derekh Erets »
Ce sont deux niveaux très différents. Par habitude on les croit unifiés mais ce n’est pas la même chose. Il peut exister un Derekh Erets sans Torah et une Torah sans Derekh Erets.
Une autre Mishnah dit : im eïn Derekh Erets eïn Torah ve im eïn Torah eïn Derekh Erets.
Ce n’est pas un problème simple.
Or, quel Derekh Erets ?
C’est celui d’Erets Israël !
Un petit ‘Hidoush sur ce que dit le Talmud :
Qadma Derekh Erets laTorah al panim shanah : il faut le lire comme c’est raconté dans la Torah :
Qadma Derekh Erets Israël laTorah.
La preuve ? C’est le Lekh Lekha pour Abraham. Ce que Dieu dit à Abraham : il a fallu 2000 ans pour que cela se réalise. Lekh Lekha Erets Israël, et là-bas on a rendez-vous pour la Torah…
Qadma Derekh Erets Israël laTorah.
Autre exemple dans la Parashah de Beshala’h:
Beshala’h 13 :17
וַיְהִי, בְּשַׁלַּח פַּרְעֹה אֶת-הָעָם, וְלֹא-נָחָם אֱלֹהִים דֶּרֶךְ אֶרֶץ פְּלִשְׁתִּים, כִּי קָרוֹב הוּא: כִּי אָמַר אֱלֹהִים, פֶּן-יִנָּחֵם הָעָם בִּרְאֹתָם מִלְחָמָה–וְשָׁבוּ מִצְרָיְמָה
Vayehi beshalach Par’oh et-ha’am velo-nacham Elohim derekh erets Plishtim ki karov hou ki amar Elohim pen-yinachem ha’am bir’otam milchamah veshavu Mitsraymah.
Et il arriva lorsque Paro voulut renvoyer le peuple Dieu ne les a pas conduit par le chemin du pays des Phillistins parce qu’il était trop proche car Dieu s’était dit de peur que le peuple ne regrette d’être sortie d’Egypte en voyant la guerre et qu’ils retrounent en Egypte.
Autre lecture :
Et Dieu ne les a pas conduit par le Derekh Erets des Philistins parce que lui est proche d’eux
C’est dire qu’il y a un Derekh Erets Israël et le Derekh Erets Pélishtim.
C’est d’ailleurs notre problème aujourd’hui : soit les israéliens, soit les palestiniens ! C’est-à-dire ou Israël ou les Pelishtim. Et cela se produit précisèment à Gaza qui est le chemin en question.
Derekh Erets Pelishtim c’est Goush Qatif.
Vous voyez on est rassuré, c’est bien de nous qu’il s’agit dans ces textes-là !
***
La différence entre le Erev Rav et Israël au Sinaï n’est pas d’accepter ou refuser la Torah, mais l’approche à la Torah est radicalement différente. Et lorsque Moïse a tardé à redescendre de la montagne, il s’est avéré que le Erev Rav avait divinisé Moïse comme médiateur et c‘est pourquoi ils ont demandé un symbole religieux – l’idole du veau d’or – pour remplacer Moïse en retard selon leur calcul. D’une certaine manière c’est déjà du christianisme avant la lettre. L’adoration de Moïse par le Erev Rav c’est déjà la théologie chrétienne.
Texte Face B
/ La différence de mentalité entre Erev Rav et Israël à travers ces différences de Derekh Erets, c’est la capacité d’accepter la Torah à cause de la clause de la Teshouvah.
Ce qui caractérise le Erev Rav dans ce contexte c’est son incapacité à comprendre que la Teshouvah est possible. Alors il ne peut pas accepter la Torah comme les Juifs l’acceptent, c’est-à-dire les Mistvot à pratiquer. Et ils ont une approche païenne de la Torah. D’une façon générale, pratiquer la Torah en esprit, cela c’est le paganisme.
Cette fameuse expression « Âm Q’sheh Oref » (עַם־קְשֵׁה־ערֶף) est dite la 1ère fois pour le Erev Rav.
Et « Am Qesheh Oref « veut dire dans le sens traditionnel du terme : « le peuple à la comprehénsion difficile ». Oref, c’est le même mot en arabe : connaître en arabe = âraf.
Oref a aussi ce sens de compréhension en hébreu aussi.
Verset de Devarim – Haazinou 32.2:
יַעֲרֹף כַּמָּטָר לִקְחִי
Ya’arof kamatar liq’hi..
« Que ma leçon soit reçue comme on reçoit la pluie,
Que mon enseignement s’épande comme la pluie »
Et on reçoit la pluie sur la nuque…
Lorsque Dieu s’adresse à Moïse et dit : « J’ai vu ce peuple et voici Âm Qesheh Oref, Je vais le détruire ». Il s’agit du Erev Rav. On sait par ailleurs qu’aucune faute ne résiste au repentir. Pourquoi donc cette précipitation de sanction à détruire ce peuple sans lui donner l’occasion de se repentir ?
C’est ce que dit le verset : « Je les sais incapables du repentir, donc Je vais les détruire… »
C’est cela l’expression « Am Qsheh Oref »
KiTissa 32.9:
וַיֹּאמֶר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה: רָאִיתִי אֶת-הָעָם הַזֶּה, וְהִנֵּה עַם-קְשֵׁה-עֹרֶף הוּא
Vayomer Adonay el-Moshe ra’iti et-ha’am hazeh vehineh am-qsheh-oref hou.
L’Éternel dit à Moïse: « J’ai vu ce peuple et voici c’est un peuple à la nuque raide.
Rashi sur Âm Qsheh Oref explique : lorsqu’on leur fait de la morale, ils tournent leur nuque à celui qui leur parle de telle sorte qu’il n’y a aucun espoir qu’ils fassent Téshouvah.
Un ami, grand Rabbin d’une ville de France, qui le soir de Kipour devait s’expliquer avec le président de sa communauté. Il fit son sermon, rpépétant plusieurs fois : « … et ne croyez pas que je parle à quelqu’un d’autre, c’est à vous que je parle… » Le président est venu le voir après son sermon pour le féliciter : « qu’est-ce que vous leur avez mis… !»
Am Q’sheh Oref : Rashi explique: quand on leur fait la morale, ils se retournent pour voir à qui on parle… Ils tournent la nuque.
Et lorsque Dieu a exaucé la prière de Moïse de suspendre la sanction de la destruction du Erev Rav, le Erev Rav est introduit en Israël et Dieu prévient Israël : attention car maintenant que le Erev Rav est entré chez vous, vous êtes vous devenus un peuple à la nuque raide…
Et c’est ce qu’on dit dans les prières du jour de Kipour, on demande le pardon et on demande à Dieu de se souvenir « Am Qasheh Oref Anakhnou ki ka’h hi midatenou »
C’est notre manière d’être que d’être Qsheh Oref et lorsqu’on se réfère au récit de la Torah dans le livre de Shemot on s’aperçoit que c’est depuis que le Erev Rav est entré en Israël.
La grande différence c’est cela : cette idée d’entêtement qu’il y a dans Qsheh Oraf.
Cela s’appelle en hébreu la Meshouvah, le contraire de la Teshouvah
C’est la même racine : Shouv qui veut dire revenir.
Teshouvah = revenir sur un mal commis pour le réparer.
Meshouvah = revenir sur un mal commis pour le refaire.
Meshouvah c’est l’entêtement, c’est le substantif du mot Shovav = rebelle. Turbulent en hébreu moderne.
Le verset est (Jérémie 3 :14) : « שׁוּבוּ בָנִים שׁוֹבָבִים Shouvou Banim Shovavim » : Revenez enfants rebelles ». Faites Teshouvah !
On s’aperçoit que la grande différence entre le judaïsme et le christianisme est que le judaïsme accepte la Torah pour la pratiquer parce qu’il sait que la Teshouvah est possible, alors que le christianisme a une panique devant la loi. Si on accepte la loi on est perdu…
Si on interroge leur théologie au sujet de la clause du repentir ils ne comprennent pas. On a la clause du repentir pour les fautes vénielles mêmes pour les péchés mortels, mais le salut rien à voir…
C’est vraiment une religion du Erev Rav qui se prétend Israël.
Q :
R : une des fonctions d’Israël est d’aller sauver le Erev Rav. Si le Erev Rav est détruit, Israël doit revenir en exil, alors pour sauver Israël il faut pardonner le Erev Rav mais cela handicape Israël. En prenant avec lui Erev Rav Israël prend sur lui les défauts du monde entier. Ne vous trompez pas. Le Erev Rav ne sont pas les convertis d’aujourd’hui. Le Erev Rav se sont introduit à Israël sans la préparation de Guyiour KaHalakhah. La formule employée par les commentateurs c’est que Moïse les a converti mais sans passer par le Beit Din. Il y a une précipitation, on n’a pas eu le temps de les former mais il fallait les prendre. C’est pourquoi le Midrash explique que la sanction de la faute du Erev Rav va être distribuée jusqu’à la fin des temps…
Je reviens à mon verset d’Isaïe : Chaque fois qu’Israël paie pour une faute, il paie pour la faute et pour la faute du Erev Rav. Moïse sait que le plan de Dieu est de prendre le Erev Rav. Mais il faut le prendre KaHalakha. Dieu interdit. Mais Moïse n’a pas eu le temps, les prend quand même, et se porte garant que cela réussira un jour…
Moïse ne rentrera en Erets Israël que lorsqu’il aura ramené cette génération-là. Il se dévoilera. Moïse s’est donné comme garant de les intégrer. Il se dévoilera quand on aura fini de les éduquer.
Q : Pourquoi faut-il les intégrer absolument ?
R : Parce qu’il y a en dehors d’Israël une partie de l’âme d’Israël qui s’est perdu à la périphérie et à l’extérieur. Il faut les réintégrer à l’intérieur pour qu’Israël soit Shalem. Le monde ne peut pas fonctionner avec un coeur atrophié, donc il faut réparer le coeur au moyen du Erev Rav. Vous apprendrez si vous étudiez ces questions que le Erev Rav ramène un niveau de Torah qu’Israël n’aurait pas sans lui. Les convertis amènent en Israël une partie du Nefesh d’Israël, une partie de la terre d’Israël, une partie de la Torah d’Israël, qu’on aurait pas sans eux.
Exemple : Une Halakhah sur laquelle le Maharal insiste beaucoup et qui est très peu pratiquée parce qu’on ne la comprend pas : on doit s’adresser à un Guer en l’appelant Rabbi même s’il n’est pas Rabbin, surtout s’il n’est pas Rabbin. La réponse d’un de mes maîtres : Parce que le Guer pour venir en Israël est soit fou soit sage. Alors on fait un pari : on lui dit « Rabbi » !
Q : Ceux qui se manifestent en tant que Erev Rav nous causent pas mal d’ennui et risquent de nous emmener à
R : il faut pas identifier les filiations. Qui est par exemple Amaleq aujourd’hui ? Ce ne sont pas les descendants d’Amaleq, mais des sociétés qui ont la fonction de Amaleq. Alors il y a des Juifs authentiquement juifs (né de mères juives ou convertis au judaïsme) qui ne sont pas Erev Rav. Quoiqu’il en soit il y a à l’intérieur d’Israël la tendance au Erev Rav. On aurait des surprises si on interrogeait nos sources pour savoir qui sont le Erev Rav, pas toujours ceux qu’on croit, c’est parfois l’inverse…
Q : Dieu a-t’il voulu compenser la servitude des Hébreux par les cadeaux donnés par les Égyptiens ?
R : ça c’est l’événement. Pour savoir la signification de l’événement il faut se reporter à la source qui parle d’Abraham. A ce moment-là Dieu dit à Moïse : demande aux hçHébreux qu’ils s’adressent aux Egyptiens pour avoir tous ces cadeaux dont J’ai parlé, et Moïse ne s’occupe que d’aller chercher les ossements de Joseph. Moïse ne pouvait quitter l’Egypte que s’il ramenait avec lui les ossements de Joseph. Sinon cela disqualifiait l’initiative et l’histoire de Joseph qui avait fondé cette diaspora d’Egypte. Et alors un relai est pris, et Moïse a réussi à retrouver le sarcophage de Joseph pour l’emmener avec lui.
“Aleh Shor – monte taureau” Shor c’est le totem de Joseph. En français on disait « Allez sort ! »
Midrash : Dieu dit à Moïse : « qu’on ne dise pas que Je n’ai pas accompli la promesse que J’ai faite à Abraham quand J’ai dit : Lekh Lekha 15.14:
וְגַם אֶת-הַגּוֹי אֲשֶׁר יַעֲבֹדוּ, דָּן אָנֹכִי; וְאַחֲרֵי-כֵן יֵצְאוּ, בִּרְכֻשׁ גָּדוֹל
ve’a’harey-khen yets’ou birekhoush gadol
…et après ils sortiront avec un grand butin.
L’événement superficiel serait une sorte de dédommagement avec intérêt.
Mais c’est plus important que cela : pour qu’Israël ait le feu vert de quitter l’Egypte, il faut que cela se réalise ce pour quoi il était en Egypte : ramener ces valeurs-là !
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38.21:
אֵלֶּה פְקוּדֵי הַמִּשְׁכָּן מִשְׁכַּן הָעֵדֻת, אֲשֶׁר פֻּקַּד עַל-פִּי מֹשֶׁה: עֲבֹדַת, הַלְוִיִּם, בְּיַד אִיתָמָר, בֶּן-אַהֲרֹן הַכֹּהֵן
La notion de Pekoudim est difficile : il n’y a pas d’équivalent précis en français. La racine Pakod a énormément de sens. Par rapport au contexte cela signifie le bilan des matériaux utilisés pour la construction du Mishkane et à travers lesquels nous est racontée la mise sur pied de ce Mishkane.
Une indication importante dans toutes ces Parashiot concernant le Mishkane est la notion de Miqshah (mem qouf shin hé) il fallait qu’il y ait une unité et que toutes les pièces soient solidaires. Une unité totale de l’ensemble dans chacun des Kélim et dans le Mishkane en lui-même. C’est une notion extrêmement importante de tout l’enseignement de la Torah : chaque partie n’a sa valeur que s’il fait partie d’un tout un. Chaque partie est unique mais fait partie d’un ensemble un.
אֵלֶּה פְקוּדֵי הַמִּשְׁכָּן מִשְׁכַּן הָעֵדֻת, אֲשֶׁר פֻּקַּד עַל-פִּי מֹשֶׁה: עֲבֹדַת, הַלְוִיִּם, בְּיַד אִיתָמָר, בֶּן-אַהֲרֹן הַכֹּהֵן
Eleh fekoudey haMishkan
Voici les comptes du tabernacle
Mishkan ha’edout
tabernacle du témoignage
asher poukad al-pi Moshe
qui a été ‘mis en compte’ par Moïse
avodat haLevi’im
c’est l’oeuvre des Leviim
beyad Itamar ben-Aharon hakohen.
Par l’entremise de Itamar fis d’Aaron le prêtre.
On va étudier l’expression : haMishkan Mishkan
Quelle est la raison du redoublement du terme ?
Mishkan ha’edout
Quelle est la nuance de sens de ce qualificatif de Mishkane HaEdout ?
Rashi sur Eleh Pekoudei:
אלה פקודי:
בְּפָרָשָׁה זוֹ נִמְנוּ כָּל מִשְׁקְּלֵי נִדְבַת הַמִּשְׁכָּן לַכֶּסֶף וְלַזָּהָב וְלַנְּחֹשֶׁת וְנִמְנוּ כָּל כֵּלָיו לְכָל עֲבוֹדָתוֹ
Dans cette Parashah ont été compté toutes les quantités de l’offrande qui a permis la construction du Mishkane en argent en or et en cuivre, ont été décomptés tous ces ustensiles pour toutes les fonctions de chacun d’entre eux pour le Mishkane.
Rashu sur haMishkan Mishkan :
המשכן משכן:
שְׁנֵי פְּעָמִים רֶמֶז לַמִּקְדָּשׁ שֶׁנִּתְמַשְׁכֵּן בִּשְׁנֵי חוּרְבָּנִין עַל עֲוֹנוֹתֵיהֶן שֶׁל יִשְׂרָאֵל
Il y a par deux fois une allusion au sanctuaire (Miqdash) et à sa prise en gage (mashkan), lors des deux destructions à cause des fautes d’Israël.
Je vous rappelle la différence entre Mishkane et Miqdash. C’est dans le verset de Teroumah 25.8:
וְעָשׂוּ לִי, מִקְדָּשׁ; וְשָׁכַנְתִּי, בְּתוֹכָם
Veassou li Miqdash veshalhanti betokham
Ils Me feront un sanctuaire et je résiderai parmi eux.
Or le mot de Mishkane est construit sur la racine de Véshakhanti. C’est-à-dire que Mishkane est le lieu de la résidence de la présence dévoilée de Dieu dans Son monde qu’on appelle la Shekhinah. Le Miqdash c’est le sanctuaire lui-même. Or, le Miqdash ne sera vraiment Beit Hamiqdash que à Jérusalem. Le Mishkane est une sorte de préfiguration pendant les 40 ans du désert de ce que sera le Beit Hamiqdash à Jérusalem. Beaucoup de sources dans le Midrash en particulier sur ce problème de savoir qu’il y a eu un exercice à l’avance de la construction du temple en dehors d’Israël pour se préparer à la construction du Temple en Israël. Cela aussi est une des fonctions de l’exil. Israël est la seule société qui reçoit sa constitution avant que son histoire ne commence. Dans toutes les autres sociétés, il y a d’abord une histoire qui induit en fin de compte une constitution et les instruments de cette constitution. Alors qu’Israël a une sorte de préhistoire où se prépare son histoire. Malheureusement, les temps de cette préhistoire ont été beaucoup plus long que le temps lui-même. Ce qui fait que beaucoup de Juifs ont fini par être persuadés que leur identité naturelle était une identité de préparation et non pas une identité de réalisation. Cette identité de réalisation apparaissant comme une sorte de traitrise à la fidélité à l’identité de préparation.
C’est d’ailleurs un grand débat dans le monde religieux juif : ceux qui s’en tiennent au temps de l’espérance et ceux qui sont au-delà de l’espérance, c’est-à-dire déjà au temps de la réalisation. Les pères et les fils.
C’est un thème de Pessa’h : le temps des pères (temps de la promesse) et le temps des fils (temps de la réalisation). Et je crois que le grand débat entre Israël et la diaspora c’est que la diaspora est à l’indice du temps des pères, et que Israël est à l’indice du temps des fils. Or, la Tora a été donnée non pas aux pères d’Israël mais aux fils d’Israël : Daber el Bnei Israël…
La révélation a traversé les pères comme une promesse et concerne les fils.
J’ai l’habitude ici de citer un verset de Jérémie [31:16] qui est extrêmement important :
וְשָׁבוּ בָנִים, לִגְבוּלָם
Véshavou Banim légoulam.
Et tes fils rentreront dans leur domaine.
Et les pères ?
Il y a un judaïsme de la fidelité à la promesse, c’est le judaïsme de diaspora, et le judaïsme de la réalisation de la promesse, c’est le judaïsme israélien. C’est le grand conflit de la génération contemporaine. Or, il y a des des israéliens en diaspora. Des Juifs qui se préparent. Et en Israël beaucoup de Juifs qui vivent encore la dimension de la promesse. Vous les trouverez surtout à Bnei Braq.
[Le soir du Séder on en parle d’ailleurs.
Une anecdocte du Seder à Bnei Brak : qu’est-ce que c’est que ces élèves qui disent à leur maitres avec ‘Houtspah le temps est venu de dire le Qriat Shéma shéShaarit ? De quoi je me mèle ? Les plus grands maîtres d’Israël étaient en train de discuter de leur propre sortie d’Egypte. C’était l’état major de la résistance contre les Romains. Ils étaient donc cachés dans une caverne et leurs élèves faisaient le guet et puis les élèves ont vu à l’horizon pointer Qriat Shéma shéShaarit et sont venus dire à leurs maitres : c’est déjà le temps du Qriat Shéma du matin… ! Eza ‘houtspah ?
La réponse est très simple : il ne faut pas s’étonner ce sont des élèves de Bnei Braq !]
Ce sont là les Juifs dans l’état d’Israël. Il y a aussi beaucoup d’israélien en puissance chez les Juifs de diaspora. Je répète pour que ce soit clair : il y a ceux qui se préparent en vue de faire et il y a ceux qui se préparent tout court. Ceux-là sont les pères. Et puis il y a les fils. Les fils c’est :
וְשָׁבוּ בָנִים, לִגְבוּלָם
Véshavou Banim légoulam
C’est tellement important que c’est le problème de Eliyahou Hanavi : réconcilier les pères et les fils.
Mais attention à l’ordre : [Malakhi 3:24]
וְהֵשִׁיב לֵב-אָבוֹת עַל-בָּנִים, וְלֵב בָּנִים עַל-אֲבוֹתָם
Il ramènera le cœur des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères
Il faut que les pères se réconcilient avec les fils alors les fils de réconcilieront avec les pères. Mais actuellement il y a rupture. Je ne sais pas si voyez les implications sociopolitiques de tout cela dans les problèmes contemporains.
Rashi sur Hamishqane mishqane :
המשכן משכן: שני פעמים, רמז למקדש שנתמשכן בשני חורבנין על עונותיהן של ישראל:
Il y a deux allusions au Miqdash (le sanctuaire lui-même le temple de Jérusalem) qui sera reconstitué deux fois après 2 destructions bishnei ‘hourbanim à cause des fautes d’Israël. [Les temples ont été pris comme collateraux des fautes d’Israël. Quand Israël se repentira complétement, le 3ème Temple sera construit. -[Midrash Tanchuma 2, Exod. Rabbah 51:3]
’Hourban en hébreu signifie une destruction que l’on peut reconstruire. Alors que Shoah est une destruction que l’on ne peut pas reconstruire.
Après la guerre il y a une hésitation pour désigner cette catastrophe qu’on découvrait : certains ont commencé par l’appeller du terme de ‘Hourban mais rapidement les rabbins nous ont dit qu’ils fallaient employer le terme de Shoah. C’est une différence de fond. ’Hourban est cette notion de ruine sur laquelle on peut reconstruire : il y a ’Hourban Beit Hamiqdash. Le 1er temple, le 2nd temple a été détruit et sera reconstruit… Shoah on ne peut pas reconstruire. Dans les ghettos de diasporas on joue à faire semblant de refaire ce qui avait été détruit à la Shoah. C’est un jeu. Tout se passe comme si.. Mais c’est du comme si… On joue à refaire la Roumanie la Pologne l’Allemagne d’avant la Shoah…
La répétition du terme fait allusion aux deux temples, deux Miqdashim, qui ont été détruits à cause de leur faute d’Israël.
On va surtout approfondir le Rashi suivant.
Rashi sur Mishkan haEdout :
Pourquoi l’appelle-t’on le Mishqane ?
C’est-à-dire le fait qu’avant qu’il y ait un Miqdash à Jérusalem il y a quand même eu un Mishkane dans le désert pour cette génération qui finalement ne devait pas entrer dans Israël et ne devait pas connaître le Miqdash, malgré tout on lui a donné un Mishkane. Alors pourquoi ce Mishkane s’appelle-t’il Mishkane haEdout ? Témoignage de quoi ?
Rashi sur Mishkan haEdout :
משכן העדת:
עֵדוּת לְיִשְׂרָאֵל שֶׁוִּתֵּר לָהֶם הַקָּבָּ »ה עַל מַעֲשֶׂה הָעֵגֶל שֶׁהֲרֵי הִשְׁרָה שְׁכִינָתוֹ בֵּינֵיהֶם
C’est un témoignage pour Israël que Dieu leur a pardonné la faute du veau d’or, puisqu’Il a fait résider sa Présence Shékhinah parmi eux (dans le Mishkane). [Midrash Tan’humah 2]
Bien que disqualifiés par rapport au Miqdash, ils ont eu quand même un Mishkane pour témoigner qu’ils ne sont pas abandonnés et qu’ils sont dignes de la présence de Dieu quand même mais dans ce provisoire du désert.
Q : D’où vient le mot de Shoah ? dans quel propos ?
R : De Ezéchiel, à propos du risque de destruction dans la mesure où Israël n’est plus fidèle à son identité. C’est un terme biblique et c’est surtout Ezéchiel qui l’emploie. [Iyyov 38:27 –Mishlei Proverbs 1:27, and Yekhezqel, ou Ezekiel 38:9]. Si vous voulez vraiment écouter les implications des prophètes sur la responsabilité d’Israël face aux malheurs qui lui arrivent il faut lire Ezéchiel. Et là Dieu parle en clair. Nous sommes les derniers rescapés de cette génération, après nous on en parlera comme d’une préhistoire. Il y a un grand malaise dans le judaïsme de diaspora surtout, et aussi dans le judaïsme israélien imprégné de la mentalité de la culture européenne par rapport à la Shoah. Il y a quelques années on a étudié cela un peu au fond, et puis ensuite j’y ai renoncé parce que on est trop contemporain et c’est un peu indécent d’en parler parce que trop contemporains.
Une image qui me frappe souvent : finalement c’est un problème trianguaire qui met en jeu, les Allemands, les Juifs et Dieu. On n’ose pas prendre au sérieux la culpabilité des Allemands qu’on dénonce parce que la prendre au sérieux c’est mettre en question la civilisation européenne occidentale et on n’ose pas la mettre en question. La Shoah est à l’évidence l’échec de la civilisation occidentale ! On n’ose pas mettre cela en question et on pardonne à l’Allemagne et on se réconcilie avec l’Allemagne et on négocie les réparations… Les Allemands profitent du fait que les Juifs n’osent pas prendre au sérieux leur responsabilité parce que cela risquerait de mettre en question la civilisation européenne gréco-romaine toute entière. Et on a peur de toucher à cela, alors les Allemands réssucitent.
Il reste donc Dieu et les Juifs. N’osant pas parler de la culpabilité des Juifs, on culpabilise Dieu lui-même. Voilà le problème. C’est extrêmement délicat comme sujet.
Je vais vous dire quelle est la Halakhah à ce sujet.
Il est évident que tous ceux qui sont morts de la Shoah de près ou de loin, il y a encore des conséquences aujourd’hui avec des gens victimes de la Shoah encore aujourd’hui, on les définit comme des Qédoshim : ils sont morts léKidoush Hashem.
Ce ne sont pas les Juifs qui sont responsables mais ceux qui ont trompés les Juifs et les ont fait prendre dans un piège. C’est à ce niveau-là qu’il faut penser les choses. Or, déjà au temps des Hébreux les prophètes craignaient ces pièges qui se referment : 6 millions ne sont pas sauvés de ce piège. Le piège s’est refermé.
C’est à ce propos que le terme de Shoah est employé par Ezéchiel. C’est un grave problème parce que cela continue : les mêmes responsablités qui consistent à enfermer dans les pièges les mêmes Juifs irresponsables. Cela continue.
Aujourd’hui c’est le 50ème anniversaire de la fondation du CRIF. C’est l’organisme central du judaïsme français qui s’est fondé pendant la résistance. J’ai entendu le bilan du président du Crif à la radio ce matin: un des fleuron de son bilan c’est de s’occuper des déshérités européens avec bien sur cette solidarité vis-à-vis d’Israël ! Cette espèce d’irresponsabilité. Le président du Crif est un grand juif pour lequel j’ai personnellement énormément de considération. Il ne s’agit pas de cela mais de ce qu’induit sa fonction. Et alors donc cela continue et cela recommence. Et pendant ce temps on a des problèmes israéliens …