Face A
Face B
Texte Face A
/ Nous avons une Parashah très dense et impossible à étudier vraiment si on ne le fait pas à travers le Talmud, et en particulier les trois traités Baba Qamah, Baba Metsiah et Baba Batra qui se basent sur cette Parashah.
J’ai choisi une Mishnah à l’étude sur un des sujets principaux de la Parashah.
La Parashah de Mishpatim est le 1er texte de jurisprudence que l’on va trouver dans la Torah après les 10 commandements dans les grands principes de conduite selon la Torah.
Tout de suite le texte va donner un exemple de la législation propre à la Torah sous forme de jurisprudence, une sorte de jugement porté sur l’état de la société d’Israël au moment de la sortie d’Egypte et qui va lui permettre d’induire les différents cas qui peuvent se produire dans la société où la Torah va légiférer.
Donc cette législation sous forme de jurisprudence s’appelle Mishpatim. Le mot Mishpat signifiant « jugement». C’est très littéralement la manière dont le tribunal juge un problème qui s’est posé dans le quotidien de la société où d’une constitution qui est la Torah.
La Torah est le principe de la constitution de la société d’Israël, et les lois qui sont déduites et induites véhiculées par cette constitution. Ce qui est frappant, c’est de voir que la Torah a jugé nécessaire de les formuler sous forme de jurisprudences.
C’est un très grand principe de la tradition talmudique pharisienne : chaque fois qu’un cas important se pose dans l’histoire de la société il arrive que le cas soit porté devant les tribunaux qui jugent comment il doit être jugé. On retrouve la notion de casuistique. Le problème moral se pose toujours sous forme de cas à résoudre.
La véritable science de la morale, l’éthique, est une philosophie de l’idéal moral, et dans la civilisation contemporaine on a tendance à préférer le terme de « éthique » plutôt que celui de morale pour précisément évacuer la morale.
La véritable difficulté du problème moral dans son application des solutions à trouver dans la vie en société, c’est lorsque deux devoirs sont en conflits. Si cela consistait à choisir entre le mal et le bien ce serait trop simple. Mais s’il faut choisir entre 2 maux ou entre deux biens cela devient difficile. Il faut vraiment une législation modèle. C’est pourquoi j’ai parlé de jurisprudence.
C’est à deux niveaux. La Torah à partir de la sortie d’Egypte formule d’abord les grands principes de la loi – les dix commandements de la Parashah de Yitro – et ensuite ce premier modèle des jugements portés sur l’état de la société d’Israël à cette époque. Dans cette Parashah on est effaré de voir ce que la Torah prévoit comme cas à résoudre.
Pourquoi, alors qu’on se trouve dans les hauteurs de l’idéal des 10 commandements, va-t’on de suite retomber dans le quotidien du problème moral concret tel qu’il doit être résolu dans la casuistique – la science des cas – mais pourquoi en est-il ainsi ?
Enseignement de Rashi sur le 1er verset :
Importance que la Torah va donner aux Mishpatim par rapport aux dix commandements : c’est le fameux thème « Af elou MiSinaï ». Il ne faut pas croire qu’ils soient de dignité différente.
(Rashi sur « VéEleh » : Mah Eilu MiSinai Af Eilu MiSinai)
Terme de casuisitique :
Il faut bien comprendre comment se pose le problème par rapport à la Torah, c’est toujours lorsque deux plaideurs viennent devant le tribunal c’est toujours deux Tsadikim potentiels qui viennent plaider leur querelle. Dans cette législation il s’agit de querelle de Tsadikim. Il y a deux bonnes fois qui se heurtent. La Torah Shebikhtav – la Torah écrite – ne parle que pour des Tsadikim c’est-à-dire des personnes qui acceptent en bonne foi la souveraineté de la loi. C’est cela un Tzaddik, parce qu’il n’y a de faute vraiment que de fautes de Tsadikim, dans la bonne foi du Tzaddik. La Rashah c’est un autre cas, le Rasha est hors la loi. C’est pire. Mais la faute est la faute du Tsadik au niveau de la Torah Shébikhtav.
La Torah shébéalpeh, tient du compte du fait qu’il y a trois catégories de gens dans la société:
ð Tsadikim,
ð Reshaïm,
ð Bénonim.
C’est une des raisons pour laquelle le Talmud est en araméen alors que la Torah est hébreu. En Lashon Haqodesh il n’y a que la bonne foi des Tsadikim.
Et c’est la difficulté du problème : comment deux Tsadikim peuvent être en controverse pour la même vérité de bonne foi. Il est bien évident que dans la Torah Shébikhtav il en est ainsi, c’est dans la Torah shebéalpeh que l’on tient compte de la mauvaise foi éventuelle des plaideurs.
Mais dans la Torah shebikhtav, un Mishpat est toujours un Mishpat entre deux Tsadikim.
Lorsqu’on fait appel à un Din Torah, la règle est que chacun des deux plaideurs choisissent un juge et les 2 juges se mettent d’accord pour choisir un 3ème
En principe on est dans la bonne foi absolue.
Il y a beaucoup de Mishnayot dans le Pirqey Avot qui en parle.
Mishnah : lorsque les plaideurs viennent devant le tribunal, les considérer « kiReshayim », comme des coupables. Il y en a au moins un des deux qui s’est trompé. Mais dans la bonne foi, ils sont persuadés que chacun a raison, sinon il n’y aurait pas de tribunal.
Tous deux « ki reshayim » pour éviter d’ôter le principe de l’égalité devant la justice et pour éviter un préjugé parce que le juge sait apriori qu’un des deux arguments est moins valable que l’autre.
Et puis quand ils sortent du tribunal : qu’ils soient à tes yeux des innocents parce qu’ils ont accepté sur eux le principe du jugement.
Objection sur la forme de la Mishnah : « dan et kol haadam le kaf zekhout »
Et juge tout homme du point de vue du mérite d’abord. Du côté du mérite d’abord.
« Ki Reshayim » : comme si .
Comme s’ils étaient des Reshayim => une nuance qui cette fois désigne une bonne foi du juge. Ce Kaf de Ki Reshayaim est le Kaf Zekhout.
La balance du jugement est constitué de deux plateaux – Kaf du mérite et Kaf du démérite.
Il faut juger d’abord en mettant les arguments dans le plateau du mérite. Et si le juge ne trouve pas des excuses du point de vue du mérite pour le cas présenté alors seulement on commence à chercher le mal.
Alors les Mishnayot sont en contradiction. Sauf à considérer ce Kaf Zekhout comme le Kaf de Ki Reshayim.
Je reviens sur cette notion importante de casuistique: la grande sagesse des Dayanim est d’arriver à évaluer suivant le cas considéré parce que cela peut changer si c’est une autre personne, c’est pourquoi c’est très difficile si les tribunaux jugent en généralisant. Hévou metounim badin – « Soyez circonspect dans le jugement » Soyez patients modérés dans le jugement.
Un des commentaires : comprendre comme s’il y avait écrit : toi le juge, juge toi toi-même dans ce jugement : mettez-vous dans le jugement.
Lorsqu’il y a Dinéi Nefashot lorsque la décision du tribunal risque d’être la condamnation à mort, le tribunal devait jeûner avant de siéger pour éviter une erreur judiciaire. Parce que si jamais le Dayan se trompe il est assassin.
J’ai été l’élève d’un grand Rav qui était Dayan fondateur du Beit Din de Paris et qui avait mal au cœur à chaque fois que le téléphone sonnait.
La difficulté de la casuistique c’est la compétition de deux devoirs entre eux. Choisir entre le bien et le mal lorsqu’on est en bonne santé morale cela va de soi.
Une des parties de ces Mishpatim porte sur les dommages que l’objet appartenant à un propriétaire peut causer. Où est la responsabilité et où est la culpabilité du propriétaire ? C’est intentionnellement qu je dis ces deux termes responsabilité et culpabilité. On va trouver des exemple dans la Parashat Mishpatim.
Je lis et traduis la Mishnah rapidement.
נזיקין אבות ארבעה
Il y a 4 principes de dommages.
Le mot de Nezikim signifie le dommage en tant que dommage du côté de l’endommagé et non pas de l’endommageur Mazikim. Ici il ne s’agit pas dupropriétaire qui va causer un dommage mais du fait que le dommage vienne d’un objet qui est la propriété de ce propriétaire.
ð 1- HaShor השור le dommage causé par un animal qui est en ma possession : dans quelle mesure je suis responsable ou coupable en cas de dol. C’est le taureau qui est pris comme exemple : un animal doté de conduite autonome et qui possède des instincts des tendances, des appétits, qui a une autonomie d’identité et qui est la propriété d’un propriétaire… Quel est le niveau de sa responsabilité si jamais le taureau, le bœuf est « Nagar », dont on a témoigné déjà par deux fois qu’il était dangereux, alors la 3ème fois la responsabilité du propriétaire est engagée. Mais en général, le Shor est réputée « Tam » c’est à dire paisible. Il y a là toute une philosophie de la biologie qu’un animal par sa nature est paisible, même les animaux sauvages. Ils sont dangereux mais pas méchants. C’est au contact de l’homme qu’ils le deviennent. C’est au contact de l’homme qu’un Shor n’est plus « Tam » mais peut être « Nagar ». C’est important de découvrir comment la Torah pense ce lien de la responsabilité entre l’animal et son propriétaire : l’animal dépend de son maître. Tel est le maître tel est l’animal. Dans le Talmud : On savait qu’untel était Tsadik parce que son bœuf était très paisible. C’est tout le travail de la domestication qui a été perdu et que les hommes de premières générations maitrisaient. On ne sait plus faire que des animaux de cirque. Cela explique d’ailleurs cette grande prophétie d’Isaie : « le loup dormira avec l’agneau et un petit enfant le conduira ». Le loup ami de l’agneau c’est le chien du troupeau, et il suffit d’un petit enfant pour le conduire. Ce n’est donc pas tellement utopique cette histoire-là. C’est une pastorale que l’on voit tous les jours lorsque le berger est un petit enfant et qu’il conduit un troupeau accompagné par un chien… On voit pourquoi dans la Torah, Dieu cherche celui qui est capable d’être berger depuis son enfance. C’est toute la série depuis les Patriarches jusqu’au roi David. Si on trouve le berger on contracte l’alliance avec lui. Dans le Nouveau Testament on cherche les pêcheurs à la ligne. Dans le Miqra on cherche le berger.
ð HaBor הבור le puits. Un propriétaire a creusé un puits, et il arrive que quelqu’un tombe dedans et en meurt ou se blesse… Alors quels sont les attendus de la responsabilité du propriétaire ? C’est un autre cas, parce que le Shor est vivant, le puits est immobile, inerte et n’a pas d’autonomie. C’est une autre maniére de protection qu’il faut prévoir de la part du propriétaire.
ð Hamavêh המבעה (ce qui endommage). Si un troupeau que j’ai mis au pâturage déborde la haie et va faire des dégâts dans le champ du voisin.
ð Hahévêr ההבער (ce qui incendie) un feu s’est allumé dans mon domaine et va faire des dégâts dans le domaine du voisin…
La Mishnah explique que ce sont 4 catégories différentes. Elle les appelle Avot. Des principes de cas. Cela a le sens logique de Av, ici père signifie ici les principes. Les cas de principe – et puis les cas déduits par déduction, induction ou analogie, s’appellent des Toladot. On voit la cohérence du vocabulaire : Toladot= la progéniture de ces Avot.
Baba Qama 2a
מסכת בבא קמא פרק א
דף ב,א משנה
ארבעה אבות נזיקין השור והבור והמבעה וההבער לא הרי השור כהרי המבעה ולא הרי המבעה כהרי השור ולא זה וזה שיש בהן רוח חיים כהרי האש שאין בו רוח חיים ולא זה וזה שדרכן לילך ולהזיק כהרי הבור שאין דרכו לילך ולהזיק הצד השוה שבהן שדרכן להזיק ושמירתן עליך וכשהזיק חב המזיק לשלם תשלומי נזק במיטב הארץ:
Arbaâ avote néziqim
quatre principes de fauteurs de dommages ;
le chor ou taureau, le bor ou puits, le mav’éh à définir plus tard comme dent ou autre concept, le hévêr à définir plus tard comme incendiaire ou autre concept ;
lo haré ha chor kaharé ha mav’éh
pas semblable au chor ce qui est semblable au mavêh
vé lo haré mav’éh kaharé ha chor
et pas semblable au mav’éh ce qui est semblable au chor
vélo zé vazé, ché yéche bahén roua’h ‘hayim, kaharé
et pas l’un et l’autre qui ont en eux le souffle de vie ce qui est semblable
haéche chééïne ba roua’h ‘hayim ; vélo zé vazé,
au feu qui n’a pas en soi le souffle de vie et pas ceux-là
chédarkane lélékh ouléhaziq , kaharé ha bor chééïne
dont la voie est d’aller et de causer des dommages ce qui est semblable au bor dont n’est pas
darko lélékh ouléhaziq. Hatsad hachavé chébahén
la voie d’aller et de nuire le côté semblable qui est en eux
ché darko léhaziq ouchémiratane âlékha,
est que leur voie est de créer des dommages et s’en garder est un devoir
oukhéchéhiziq
et quand il a causé dommage
‘hav hamaziq léchalém tashloumé nézéq
a l’obligation celui qui nuit de payer les prix du dommage
bémétav haaréts
du meilleur de la terre. »
ché darko léhaziq
Dans leur nature ils sont dangereux (voilà ce qu’il y a de commun dans ces 4 cas)
Et surtout le fait de les surveiller (tu dois les surveiller : on s’adresse au propriétaire)
Et lorsqu’il y a eu dommage, celui qui a causé le dommage (nous avons là le substantif du mot maziq qui renvoie au propriétaire, alors que les Neziquin ne sont pas imputés au propriétaire, mais les Neziquin désigne les dommages qui existent dans le monde parce qu’ils sont causés, quand on parlé de ‘Hav, de la responsabilité, alors on parle du Maziq.
bémétav haaréts au plus haut court : par exemple en évaluant une récolte au plus haut court du marché. Quelque soit l’état des épis de blés il doit lui payer le prix des meilleurs blés sur le marché.
Voilà la Mishna : 4 catégories de Neziquin et on nous a donné les catégories qui les définissent ensemble.
Avant d’aller plus loin dans la Guémara pour étudier la conception de cette question des dommages et de la responsabilité du propriétaire des objets dans un monde où ces objets causent des torts – il faut bien qu’il y ait un responsable on verra comment la Guémara considère le niveau précis de responsabilité, ni plus ni moins.
Sur ce mot de ‘Hav, ce que dit la Guémara.
Tout un niveau d’analyse purement grammaticale : différents dialectes en ce temps-là en Israël, on disait par exemple ‘Hav et non ‘Hayav.
Page 6b Vav Beit de la Guémara :
Il est écrit « ‘hav Hamaziq » il aurait du dire « ‘Hayav hamaziq ».
Rav enseigne : ce Tana qui a enseigné …« ‘hav Hamaziq » c’est un juif de Yeroushalmi. Il enseigne, il formule, il parle bien.
En fait ce qu’il faut comprendre c’est qu’il y a une différence entre responsabilité et culpabilité.
‘Hayav c’est coupable. L’opposé c’est Zakaï – innocent.
Mais en hébreu il y a parallèlement deux autres sens.
‘Hayav a le sens de soumis à une obligation. Ani ‘Hayav non pas « je suis coupable de » mais « je dois accomplir un devoir ». Et tant que je ne l’ai pas accompli, je suis coupable de ne pas l’avoir accompli. Voilà pourquoi on dit « coupable » pour dire « soumis à une obligation ». Coupable de ne pas l’avoir encore accompli… Cela veut dire que je suis responsable mais pas de le sens de culpabilité, je n’ai pas fait de mal. Cela concerne plusieurs disciplines : la pédagogie, la morale la jurisprudence… Très souvent les juifs sont tentés de se considérer comme coupables de crimes qu’ils n’ont pas commis. D’où cela provient-il ? Cela vient d’une erreur, d’un raté de la conscience. Alors qu’on est responsable on n’est pas coupable. Ce sont deux niveaux de la conscience complètement différents.
C’est très important en pédagogie. Très souvent les jeunes parents s’arrangent pour que les enfants se sentent coupables alors qu’ils n’ont rien fait de mal. On devrait les éduquer à être responsables et on les culpabilise ! Et ce sont des maladies très difficiles à soigner après, les enfants grandissent et des traumatismes qui s’avèrent très graves et qui ne se dévoilent que plus tard. Je crois que cela concerne le profil anthropologique des Juifs en particuliers. C’est le résultat de leur longue histoire de l’exil, et de leur longue histoire de l’antisémitisme. Il y a une tendance connaturelle à l’identité juive de la Galout de se considérer comme coupable de choses dont à la limite on est responsable mais pas coupable. Je crois que c’est ce qui s’est passé avec l’assassinat de Its’haq Rabin. Il s’est dévoilé une espèce de profil d’identité « galoutique » en Israël. Je crois que les Français à la mort de Mitterrand ne sont pas arrivés au dixième de ce niveau de complexe de culpabilité. Le deuil des Français pour Mitterrand ont révélé quelque chose d’assez analogue de ce qui s’est passé ici pour Its’haq Rabin. Il faut réfléchir ici à l’origine des mythes. Nous les Juifs nous sommes anti ce mythe…
Retour au sujet :
Il y a là une indication très importante.
Le propriétaire de l’objet qui a causé un dommage est responsable mais en aucun cas il n’est coupable. Cela veut dire qu’il faut pour manier la loi, un peu d’humour.
Ce que dit la Gemara d’autre part: Quand deux Talmidei ‘Hakhamim se rencontrent s’ils ne commencent pas par éclater de rire ils sont passibles de mort. Si on se prend au sérieux avec la loi c’est très dangereux.
Enfant au talmud Torah on étudiait le Shoulkhan Aroukh dans les anciennes éditions d’Amsterdam et la page de garde comportait trois lettres : Alef Tav Shin. Un mystère bibliographique ! Le professeur nous avait enseigné cela veut dire : « Al Téhi Shoté » « Ne sois pas fou ! ».
Ces lettres Alef Tav Shin forment l’acrostiche de « Al Téhi Choté », littéralement « ne sois pas fou ! » : Tu vas ouvrir le code, ne sois pas assez fou pour te prendre au sérieux ! Ne manque pas d’humour ! Parce que sinon c’est la fin du monde. Avec le code on peut assassiner n’importe qui.
***
Je vous donne les références pour les différents cas :
Pour le Shor la référence principale c’est chapitre 21 verset 28.
21:28
וְכִי-יִגַּח שׁוֹר אֶת-אִישׁ אוֹ אֶת-אִשָּׁה, וָמֵת–סָקוֹל יִסָּקֵל הַשּׁוֹר, וְלֹא יֵאָכֵל אֶת-בְּשָׂרוֹ, וּבַעַל הַשּׁוֹר, נָקִי
Si un boeuf heurte un homme ou une femme et qu’ils en meurent, ce boeuf doit être lapidé et il ne sera point permis d’en manger la chair; mais le propriétaire du boeuf sera absous…
Pour le Bôor c’est chapitre 21 verset 33.
21:33
וְכִי-יִפְתַּח אִישׁ בּוֹר, אוֹ כִּי-יִכְרֶה אִישׁ בֹּר–וְלֹא יְכַסֶּנּוּ; וְנָפַל-שָׁמָּה שּׁוֹר, אוֹ חֲמוֹר
Si quelqu’un découvre un puits, ou si, en ayant creusé un, il ne le couvre point et qu’un boeuf ou un âne y tombe
בַּעַל הַבּוֹר יְשַׁלֵּם, כֶּסֶף יָשִׁיב לִבְעָלָיו; וְהַמֵּת, יִהְיֶה-לּוֹ
le propriétaire du puits doit payer: il remboursera la valeur au maître et l’animal mort lui restera.
Je ne résiste pas à vous raconter une blague des Yeshivot sur le début du verset וְכִי-יִפְתַּח אִישׁ בּוֹר
Parce que nous avons un proverbe qui dit: Yifta’h bédoro KiShmouel bédoro.
Cela veut dire Jephté était un Âm Haarets Gamour, un chef de brigands qui s’est retrouvé chef d’Israël. Le verset dit : « Jephté en son temps comme Samuel en son temps ».
Les générations a les leaders qu’elle mérite et les leaders ont les générations qu’ils méritent.
Les rabbins ont les communautés qu’ils méritent et les communautés ont les rabbins qu’elles méritent.
Les juifs ont les Goyims qu’ils méritent et les Goyim ont les juifs qu’ils méritent.
Retour au sujet :
Lorsqu’un étranger vient à la synagogue on le met à côté du rabbin après avoir vérifier s’il avait des question à poser un peu de ‘Hokhmah pour que la conversation soit intéressante… L’étranger a cité ce proverbe Yifta’h bédoro KiShmouel bédoro et le rabbin lui a répondu par notre verset :
Yékhi Yifta’h Ish Bour ?
וְכִי-יִפְתַּח אִישׁ בּוֹר
Est-ce que Jephté était un imbécile ?
Pour le Hamaveh c’est chapitre 22 verset 4 :
22 :4
כִּי יַבְעֶר-אִישׁ, שָׂדֶה אוֹ-כֶרֶם, וְשִׁלַּח אֶת-בְּעִירֹה, וּבִעֵר בִּשְׂדֵה אַחֵר–מֵיטַב שָׂדֵהוּ וּמֵיטַב כַּרְמוֹ, יְשַׁלֵּם
Si un homme fourrage un champ ou un vignoble en faisant pâturer son bétail sur les terres d’autrui, il paiera le dégât du meilleur de son champ ou de sa vigne.
Pour le Hahever le feu, c’est le chapitre 22 verset 5
כִּי-תֵצֵא אֵשׁ וּמָצְאָה קֹצִים, וְנֶאֱכַל גָּדִישׁ, אוֹ הַקָּמָה, אוֹ הַשָּׂדֶה–שַׁלֵּם יְשַׁלֵּם, הַמַּבְעִר אֶת-הַבְּעֵרָה
Si le feu, en s’étendant, gagne des buissons et dévore une meule de blé, ou la moisson ou le champ d’autrui, l’auteur de l’incendie sera tenu de payer.
Retour à la Guémara :
Je vais vous traduire la question de la Guémara comme on la traduit habituellement dans les Yeshivot et je poserais ensuite une question de grammaire qui va nous ouvrir d’autres horizons, surtout pour arriver à comprendre quelle est la conception du Talmud donc de la Torah sur ce problème responsabilité-culpabilité.
Je n’ai pas terminé l’analyse grammaticale :
‘Hayav signifie simultanément « coupable » et « soumis à obligation ».
Etre soumis à une obligation que l’on n’a pas encore accompli et dont on est coupable de ne pas avoir accompli… C’est une culpabilité innocente. Il y a là une grande réflexion surtout pour les pédagogues. Beaucoup d’enfants ont été victimes du manque de sérieux des parents ou pédagogues.
Zakaï signifie simultanément : innocent et méritant « avoir un Zkhout – mériter de – être Zakaï ». Une catégorie qui n’existe pas exactement en français. Etre Zakaï signifie avoir un certain mérite.
Texte Face B
/ Ce sont des catégories hébraïques qui impliquent toute une philosophie de ces problèmes. On peut avec cela faire des travaux sur la conception de la jurisprudence et de la légalité d’une façon générale. Le Talmud a une vision très claire du droit qui n’a rien à voir avec le droit romain.
Baba Batra et Baba Metsia comportent des sujets extraordinaires.
Il y a aussi un problème de différence entre responsabilité et culpabilité chez les voleurs. S’il y a vol d’un animal, suivant la catégorie du vol, le dédommagement est différent, il y a des raisons à cela.
Guémara Baba Qama 2a:
דף ב,א גמרא מדקתני אבות מכלל דאיכא תולדות תולדותיהן כיוצא בהן או לאו כיוצא בהן גבי שבת תנן אבות מלאכות ארבעים חסר אחת אבות מכלל דאיכא תולדות תולדותיהן כיוצא בהן לא שנא אב חטאת ולא שנא תולדה חטאת לא שנא אב סקילה ולא שנא תולדה סקילה ומאי איכא בין אב לתולדה נפקא מינה דאילו עביד שתי אבות בהדי הדדי אי נמי שתי תולדות בהדי הדדי מחייב אכל חדא וחדא ואילו עביד אב ותולדה דידיה לא מחייב אלא חדא ולרבי אליעזר דמחייב אתולדה במקום אב אמאי קרי ליה אב ואמאי קרי לה תולדה הך דהוה במשכן חשיבא קרי ליה אב הך דלא הוי במשכן חשיבא קרי לה תולדה גבי טומאות תנן אבות הטומאות השרץ והשכבת זרע
מדקתני אבות מכלל דאיכא תולדות
Mi dékatané Avot miklal déikah Toladot
Je traduis littéralement :
Par le fait qu’il (le Tana) a enseigné le terme de principe (Avot) des dommages, j’apprends de ce fait qu’il y a des Toladot. (puisqu’il a employé le terme Avot-principes cela veut dire qu’il y a des cas déduits, des conséquences Toladot)
תולדותיהן כיוצא בהן או לאו כיוצא בהן
Ces Toladot ont-elles le même statut de dédommagements ou non ?
On prend alors deux exemples de cas connu par ailleurs : violation d’un travail interdit le Shabat et le cas des impuretés.
Est-ce que dans les cas de violation du Shabat les Toladot et les Avot ont la même sanction, ou est-ce que dans les cas des impuretés les Toladot et les Avot ont les mêmes sanctions ?
On va voir que ce sont des cas différents du nôtre.
Voilà ce qu’on va étudier : Pourquoi nous amène-t’on les exemples de Shabat et d’impuretés pour pouvoir éclairer le cas des dommages ? Que cherche-t’on dans cette étude qui va commencer ? On cherche à savoir où est le principe de responsabilité atténuée ? En français c’est le terme de circonstances atténuantes. Responsabilité et non pas culpabilité.
Question de logique de raisonnement : normalement la question dans la Guémara aurait dû dire Tané Avot – il a enseigné Avot. Donc cela implique qu’il y a des Toladot !
Ce n’est pas par le fait qu’il a enseigné Avot qu’il y a des Toladot. Étant donné qu’il a enseigné Avot je sais qu’il y a des Toladot. Mais ce n’est pas parce qu’il a enseigné Avot qu’il y a des Toladot. Logiquement c’est l’inverse : c’est parce qu’il y a des Toladot qu’il y a des Avot. Alors on est bloqué on ne comprend pas ce que la Guémara veut dire : Est-ce que la Guémara ne sait pas raisonner ? Il y a écrit Mi dékatané et non pas Tané.
Je vous donne tout de suite la confimation du fondement de cette question grammaticale.
גבי שבת תנן אבות מלאכות ארבעים חסר אחת אבות מכלל דאיכא תולדות
Concernant Shabat on enseigne :
Avot Melakhot Arbâyim ‘Hasser A’hat – les principes des travaux Shabat sont 40 moins un.
אבות מכלל דאיכא תולדות
Avot Miklal Toladot
Les Avot sont comme les Toladot
On va apprendre que pour les Avot de Shabat les Toladot ont le même statut de sanction que les Avot. Donc il y a le cas de Shabat où cela va de soi que les Toladot sont comme les Avot.
Est-ce que le cas de Neziqin est comme le cas de Shabat ?
Il faut donc découvrir le principe de la faute du travail interdit Shabat qui a été accompli, et quel est le principe du dommage d’un objet dont le propriétaire va être appelé en jugement.
Il faut comparer ces deux cas. Mais en tout cas dans la forme du texte il n’y a pas écrit Mi dékatané avot pour Shabat. Il a dit Tanei Avot ! Plutôt ce qui qui revient au même : Gavei Shabat Tenan : On a enseigné Avot… Et on a enseigné Avot parce qu’on savait déjà qu’il y avait des Toladot. Et ce n’est pas par le fait qu’on a enseigné Avot qu’on apprend qu’il y a des Toladot.
De la même manière en bas de la page :
גבי טומאות תנן אבות הטומאות השרץ והשכבת זרע
וטמא מת
Gavei Toumot Tnan Avot HaToumot HaSérets veHashkavat Zérâ véTamé Met
A propos des problèmes d’impuretés on enseigne les cas de principes d’impuretés le serpent et la pollution nocturne et le contact du cadavre.
תולדותיהן לאו כיוצא בהן
Toladoteihen la Keivatsé Bahen
Mais dans cas les Toladot des Avot n’ont pas le même statut de sanction.
Et Après on va demander, on va le voir tout de suite, et dans notre cas qu’en est-il ?
En filligrane la quesiton : pourquoi nous cite-t’on Shabat et Toumâ ?
Mais je reviens à ma question de logique. On va lire Tossfot pour l’essentiel de ce dont on a besoin pour le raisonnement.
TOSFOT :
Arba’ah Avot Nezikin » il y a 4 principes de dommages. Il y a des cas de formules où la Mishnah n’enseigne pas Hen. La Mishnah n’utilise pas le terme « Hen » (« elle dit : « Arba’ah Avot Nezikin » et non « Arba’ah Avot Nezikin Hen — « 4 principes de Nezikin ce sont ») comme la Mishnah le fait normalement lorsqu’elle liste des cas. De même dans une Guémara ultérieure (4b) qui cite une Beraita de Rabbi Oshiya qui liste 13 Avot Nezikin, et une Beraita de Rabbi ‘Hiya qui liste 24 Avot Nezikin, et chacune de ces 2 Beraitot oublie le mot « Hen ».
C’est apparemment une simple remarque d’érudition.
Et similairement dans la Mishnah qui parle des cas de ceux qui manquent du sacrifice d’expiation avant d’être de nouveau disponibles pour le service au temple. Il s’agit des Kohanim qui s’étaient rendus impurs et qui sont passibles du sacrifice d’expiation. Tans qu’ils ne l’ont pas offert on les appelle les « Me’housrei Kaparah ils leurs manquent la Kaparah »
[Ndr. : Les Rishonim mentionnent que le seul autre endroit où la Mishnah présente une liste sans le mot « Hen » est dans Keritout (8b), où la Mishnah dit qu’il y a « Arba’ah Me’housrei Kaparah » et ne dit pas « Arba’ah Me’housrei Kaparah Hen. »]
C’est un sujet très important : si on n’a pas expié les fautes du passé est-ce qu’on est disponible pour le service de l’avenir ? La Guémara a sa conception des choses qui n’est pas du tout celle du droit romain. Est-ce que le passé handicap l’avenir ?
Et il y a des endroits où le Tana déclare « Hen » comme c’est écrit dans la Mishnah « il y a 4 Shomerin »
Il y a 4 sortes de gardiens, Shomer d’un objet ou d’une propriété. Et s’ils sont endommagés quel est le statut légal du Shomer chez qui survient ce dommage ?
Ou bien similairement une autre Mishnah qui dit il y a « Arbaah Rashei Shanim Hen – 4 commencement de l’année, ce sont… »
C’est la Mishnah de Rosh-Hashanah. Nous aons dit Tossfot et il y a un point il n’explique pas quelle est la différence. Il note d’abord qu’il y a des cas où l’on dit Hen dans la Mishnah et des cas où l’on ne le dit pas. Et nous fait remarquer qu’ici on ne le dit pas ! Qu’est-ce que veut Tossfot ?
Et ensuite vous avez Guilayon les élèves de Tossfot dans la marge, il est notée une discussion dans l’académie des Tossfot pour bien démontrer que ce n’est pas pas hasard qu’il y a Hen ou pas Hen. Mais eux aussi ne disent pas dans quel cas il y a Hen et dans quel cas il n’y a pas…
Cela veut dire que quand nous avons dans la Torah Shebikhtav ou Shébéalpeh quelque chose qui apparemment n’est pas expliqué cela veut dire que c’est aussi évident que 2 et 2 font 4 !
Regardez avec le temps à quel point nous sommes loins de ces évidences.
On va relire notre Guémara avec l’aide de Tossfot et vous me direz si c’est suffisamment clair.
Par le fait qu’il a enseigné Avot et qu’il a pas enseigné Avot Hen je sais qu’il y a d’autre cas que ces quatre-là.
S’il avait dit Hen cela bloque : il y a quatre cas et pas plus. S’il a dit Avot et pas Avoteihen, je sais qu’il y a des Toladot. Vous voyez que c’est uniquement une question de logique ?
Et bien non, je vais vous étonner : ce qu’il y a dans Tossfot c’est une question de Kaballah !
Cela veut dire que pour le côté négatif du monde on n’affirme pas. On ne peut pas dire « il y a » pour du mal. Le mal advient mais il ne fait pas partie de l’être. Donc par définition puisque l’on parle de cette Merkavah – les 4 côtés – du côté du mal, on ne peut pas dire « il y a ». Il y a un grand principe : le mal ne descend pas d’en-haut. C’est quand cela arrive en bas que c’est mal. Mais cela vient d’en-bas. « Eïn râ yored min hashamayim ». Cela veut dire que par définition on ne peut pas dire « Arbâ Nezikin Hen ». Parce que Hen est l’affirmation ontologique. Mais il n’y a pas, cela advient. Vous voyez la différence.
Par conséquent, on est dans un monde à responsabilité très atténuée pour l’homme. Je ne suis pas responsable de ce qu’il y a dans les chaos du monde…
Nous avons trois cas.
Le cas du Shabat où les Toladot sont comme les Avot. Je ne vous donne pas trop de détails pour ne pas trop vous encombrer l’esprit. Dans le cas de Shabat, il y a 2 catégories :
– Si je viole un interdit de travail Shabat BéMezig, en sachant ce que je fais : quel est le statut, et est-ce que le Av et la Toladah ont le même statut de sanction.
– Si je viole un interdit de travail le Shabat sans savoir ce que je fais Béshegaga par inadvertance.
Par exemple il entre dans sa chambre et oublie que c’est Shabat ou que c’est interdit d’allumer Shabat et il allume. Il ne l’a pas voulu mais il l’a fait. De toutes les façons il y a une sanction puisque c’est lui qui l’a fait. Même si c’est inconscient c’est son inconscient à lui… Donc il faut marquer le coup, il faut une sanction parce que sinon la loi n’a plus de fondement. Très souvent on s’est rendu coupable de quelque chose non intentionnel, alors il faut que lon soit puni e serait-ce que symboliquement pour empêcher que la loi reste découverte. Il faut prendre les choses au sérieux. Métaphysiquement, c’est important.
Le cas de Touma.
Il y a une grande différence entre ces 2 cas. Touma c’est l’impureté. Ce fait qu’un interdit du Shabat a été violé dépend de moi et de ma volonté. De ma volonté expresse ou « inconciente ». (Cela n’existe pas une volonté inconsciente mais vous comprenez l’idée.)
Dans le cas de Touma, cela fait partie des lois du monde. La structure du monde fait que il y a de l’impureté. Cela ne dépend pas de moi. C’est objectif. Tandis que avoir déchiré un papier pendant Shabat c’est un mal, cela vient de ma volonté. Je créé une situation de violation de la loi qui vient de ma volonté. Cela ne vient pas de la structure du monde et de son fonctionnement.
Alors on va se demander d’où viennent les dommages ?
Est-ce que c’est comme pour Shabat une réalité qui procède de la volonté de l’homme ?
Est-ce que c’est comme Toumâ, une hiérarchie de gravité suivant les niveaux d’être du monde parce qu’il y a des niveaux d’impureté différents ?
Alors on voit tout de suite pourquoi il y a deux cas différents :
Shabat les Toladot sont comme les Avot parce qu’il n’y a pas de différence si c’est Av ou Tolada, c’est moi qui l’ai fait. Tandis que Touma si c’est un Av ou une Tolada il n’y a pas le même degré de gravité. Cela vient de la structure chimique qui est en jeu dans l’impureté en question.
Si c’est l’impureté de contact au reptile ou l’impureté de contact au cadavre ce n’est pas la même.
דף ב,ב גמרא
אמר רב פפא יש מהן כיוצא בהן ויש מהן לאו כיוצא בהן…
Un enseignement de Rav Papa : il y a des cas où Toladot ont le même statut dédommagement que les Avot, et il y a des cas où ils n’ont pas le même statut.
Quels sont ces cas qui n’ont pas le même statut ? Parce qu’à priori par le raisonnement seul, la définition des cas de Toladot est la même que la définition des cas des Avot et il n’y a pas d raison que la sanction ne soit pas la même ! Et on va effectivement par le biais du raisonnement, qui dure sur plusieurs pages, analyser tous les cas de Toladot et de Avot et on s’aperçoit qu’il n’y a pas de place pour une Tolada qui ne serait pas comme son Av dans la sanction. Pourquoi ? Parce que la définition de la sanction est la même !
Par exemple, pour le Shot le Av c’est quand le Shor charge quelqu’un. Mais il arrive que le Shor donne un coup d’épaule ce qui n’est pas la même chose que lorsqu’il charge avec sa tête. C’est une Toladah ! Mais étant donné que c’est la même définition du dommage, alors la sanction est la même !
Cet enseignement de Rav Papa pose tout un problème : Rav Papa sait par tradition qu’il y a des cas où la Toladah est comme le Av et qu’il y a des cas où la Toladah n’est pas comme le Av. Cela ne sort pas du raisonnement mais du maître qui lui a enseigné cela. Et d’où cela vient ? De Torat Mosheh ! On va voir de quoi il s’agit.
Et après ce qu’on vient de lire : יש מהן כיוצא בהן ויש מהן לאו כיוצא בהן, on va se demander où se trouve ces cas qui ne sont pas comme les Avot. Par le raisonnement on ne les trouve pas ! On va étudier tous les cas donnés par la Guémara comme exemple de dommages, et par définition le raisonnement montre que la Toladah est dans le cas du Av et donc qu’il n’y a pas de raison qu’il n’y ait pas la même sanction. Et alors c’est d’autorité que la Torah va enseigner où cela se trouve la responsabilité complétement diminuée.
Nos maitres ont enseigné dans la catégorie du Shor il y a a déjà 3 Avot.
-HaKeren si le dommage est causé par la corne du bœuf.
-Hashen si le dommage est causé par la dent du bœuf.
-Hareguel si le dommage est causé par le pied du bœuf.
C’est un grand principe de Kaballah aussi : la corne, la dent, le pied.
Rashi :
HaKeren la corne pour charger.
Hashen la dent pour manger.
Reguel le pied pour fouler-écraser et casser les cruches.
Ce sont trois principes de dommages différents qui vont être définis par la Guémara de la manière suivante :
Keren c’est lorsqu’il y a intention de faire du mal. On va caractériser trois cas différents lorsque l’animal cause un dommage on peut savoir par témoignage des gens qui ont assisté au dommage si l’animal on discerne en lui la « volonté » de faire le mal. L’animal d’après la Torah est paisible par nature, mais il peut se déclencher en lui des hormones de la méchanceté. L’animal n’est pas méchant, il est mauvais. Cela n’a rien à voir. Il est Râ et non pas Rashâ. Il est dangereux mais non pas méchant. Quand l’animal est méchant c’est qu’il y a une pulsion à l’irritation des hommes. C’est ce que la Guémara va nous découvrir d’autre part.
Shen cela s’appelle Ana léhazig : il cause du dommage par jouissance, en vue dejouir de quelque chose. C’est très différent. Faire du mal pour sa satisfaction personnelle.
Et puis Reguel : « hézeiko matsouï » cela veut dire qu’il faut savoir que le pied le dommage qu’il peut causé se trouve dans son existence… il marche et il écrase.
Et c’est précisément là que l’on va déceler des Toladot qui ne sont pas comme les Avot. Parce que cela dépend des lois de la balistique et non pas du tout de la responsabilité du propriétaire.
Voilà je vous ai résumé un peu le raisonnement.
Effectivement, ici je vous ai cité la page 6 :
Voilà comment on enseigne après qu’on n’a démontré dans tous les cas par le raisonnement que l’on ne toruve pas le cas particulier de Rav Papa, des Toladot qui ne sont pas comme les Avot, la Guémara va dire qu’il s’agit de ‘Hatsi Nezeq Tserorot : les cas où l’on va payer la moitié du dommage parce qu’il s’agit du Tsérorot les éclats de pierre que le sabot de l’animal va faire éclater et qui vont casser la cruche. Qui est responsable ? La responsabilité va donc être atténuée parce que cela dépend des « lois de la balistiques ». Cela fait partie du fonctionnement du monde et le propriétaire a beau être responsable de tous les cas possibles qu’il doit prévoir, celui-ci il ne peut pas le prévoir. Alors sa responsabilité est mise en congé.
Vous voyez quel est le principe qui apparait ici et qui est très important. Quelle est la différence entre coupable et responsable ? C’est quand cela est à ma portée ou hors de ma portée. Si cela vient du fonctionnement du monde il n’y a aucune culpabilité. Mais si cela ne vient pas du fonctionnement du monde, si j’ai moi-même créé une situation, intentionnelle ou non intentionnelle, j’en suis responsable à part entière. Si cela vient des « lois de la balistique », je n’en suis pas responsable à part entière.
Voilà le ‘Hidoush de la Guémara : en droit romain il n’y a pas de différence. Et le raisonnement de la Guémara le démontre, nous avons un principe : Dieu a créé le monde de la nature et puis Il a donné la loi qui concerne ma volonté.
A l’échelle de la Halakhah cela se traduit ainsi : pour la Halakhah il n’y avait que deux sanctions : la bastonnade ou le fait d’être transformé en esclave – Eved – chez celui chez lequel a été commis un dol. Il n’y avait pas de prison. J’ai beaucoup discuté de cela avec les aumoniers des prisons ici. C’est un sytème épouvantable. La Torah ne prévoit pas du tout la prison. C’est la prison qui fabrique les criminels. Vous connaissez le problème. C’est un système copié sur les anglo-saxons protestants, les Américains et c’est vraiment épouvantable. Quand la Torah aura force de loi cela s’arrangera.
Quoiqu’il en soit, il y a la bastonnade parce que l’on considère que si l’individu en question était libre de sa volonté il n’aurait pas fait cela. Il est dans le cas d’avoir besoin d’un électrochoc. C’est ce cas là : il y a des gens qu’on soigne par électrochoc. C’est pourquoi il faut mesurer le nombre de coup de bâton à la capacité du récipiendaire. Et la Torah a donné le terme de « A’hikha » : il est et reste ton frère même s’il est passible de la bastonnade. Et après un électrochoc on est guéri.
Maintenant si c’est la volonté qui est atteinte, c’est irrémédiable et irréversible c’est la peine de mort.
Et la Guémara va dire de suite : un tribunal qui condamne une fois en 70 ans à la peine de mort est un tribunal d’assassins. Pourquoi ? Parce que le niveau de moralité n’est plus celui où de temps en temps il y avait un cas de peine de mort. Si c’est tous les jours qu’il faut condamner à mort alors on ne condamne plus à mort ! Ce n’est pas par progrès de la moralité, c’est l’inverse. C’est par chute de la moralité.
Beaucoup de gens croient que les sociétés modernes n’ont pas la peine de mort. C’est tous le contraire c’est que dans ces sociétés modernes le mal est tellement répandu qu’on ne peut plus appliquer la peine de mort.
Exemple en pédagogie : les gosses ont besoin d’une raclée par an sinon cela leur manque.
Et effectivement, c’est un grand-père qui vous parle, il y a des gossses qui réclament leur raclée. Mais dans le cas d’une famille où il y a une raclée tous les jours, c’est les parents qu’il faut soigner… !
Voilà le principe que je voulais indiquer : la Torah a une science très exacte des niveaux de responsabilité. Pour ceux qui suivent un peu les concepts de la Kaballah c’est très riche mais je vous indique simplement que c’est le principe des Tossfot : on ne peut pas dire « Hen » donc il y a des Toladot.
Maintenant, oubliez tout cela et rappelez-vous que c’est très important de faire de la Guémara.